CHAPITRE XII ; sweet dreams are made of this
PROCOL HARUM ; a whiter shade of pale
Je me tourne sur le côté, enfonçant mon nez sur une surface inconnue, lisse, douce, mais dure ; ce n'est pas mon oreiller, ça. Péniblement, j'ouvre les yeux. Le soleil filtre à travers les rideaux, qui sont mal fermés, et je me demande pourquoi ça m'a pas réveillée plus tôt. J'ai toujours été une grosse dormeuse, mais quand même... Je me tourne pour identifier le truc sur lequel ma tête reposait tout à l'heure, et découvre Potter endormi à côté de moi. Je sursaute et ne peux retenir un hurlement de terreur, qui fait sursauter à leur tour tous les gens présents dans la pièce, ce qui a comme effet de me calmer. J'ai cru qu'un de mes pires cauchemars était arrivé et que je m'étais endormie dans les bras de Potter, toute seule ; mais c'est bon, il y a d'autres gens... que, pour le coup, j'ai réveillé.
- Mince, désolée tout le monde, fausse alerte, rendormez vous !
Honteuse, je me lève en m'efforçant de ne croiser le regard de personne, marmonnant des "pardon, excuse moi, oups, désolée, attention les cheveux, bonjour, rendors toi, pardon, excusez moi...". Le couloir m'apparaît comme une sorte de libération. Je pousse un gros soupir, avant de descendre dans le salon, où je me retrouve toute seule. Je décide de m'affaler sur le canapé, étonnamment squatté par personne, pour pouvoir finir ma nuit. J'ai beau avoir l'habitude des dortoirs, pour moi, rien ne vaut une bonne petite sieste tranquille.
Dommage pour aujourd'hui, je me dis alors en sentant un poids sur mon ventre. En rouvrant les yeux, je vois Sirius Black et son sourire de gamin, qui vient tout simplement de me sauter sur le bide comme un sauvage. J'ai à peine le temps d'émettre un "arglfukdégage" qu'il commence tout de suite à parler, avec un entrain déstabilisant. Il est jamais fatigué, ce gars, ou quoi ?
- C'est toi qu'as crié ?
Je fronce le nez, mal à l'aise. Bordel, il a dormi dans une chambre de l'autre côté de la maison, et il m'a quand même entendue. Enfin, je crois, en fait j'en sais rien, il est parti de son côté avec Rosa, alors comme je sais que c'est sûrement pas pour jouer à la dînette, je les ai pas suivis. Je marmonne dans ma barbe, tandis qu'il se relève pour se diriger vers la cuisine.
- Tu lui as fait un beau cadeau ; il enchaîne.
Je le regarde, puis fronce les sourcils.
- De quoi tu parles ?
Il hausse les épaules, un léger sourire aux lèvres.
- Bah, de James. Tu sais, il a beau vivre dans un château, il reste quand même le genre de type qui se contente de pas grand chose ; alors le fait que t'aies été cool avec lui durant toute la soirée, ça compte énormément pour lui.
J'hoche la tête, surprise. C'est vrai que la soirée d'hier s'est plutôt bien passée. On a dansé sans problèmes, même si j'étais un peu gênée au début ; et après on a discuté quelques fois, tout en allant voir d'autres gens quand on le voulait. Il a pas cherché à tout prix à vouloir passer la nuit avec moi. Faut dire qu'à 17 ans, c'est clair qu'il est temps pour lui qu'il devienne un peu plus mature.
Je souris à Sirius. Lui et moi, on a été amis, avant, il y a longtemps. Durant nos deux premières années, surtout. Quand ça a commencé à aller de moins en moins bien chez lui, il s'est plutôt confié à James ; et comme les deux commençaient à se prendre pour le trou du cul du monde, ça m'a vite lassée et j'ai arrêté de venir vers lui. Mais même depuis que Potter est hyper-lourd avec moi, nos rapports ont réussi à rester cordiaux ; même si des fois il me fait vraiment péter des câbles. Laine n'a pas toujours tort, il est lourd, des fois. Et puis il a une façon de traiter les filles un peu trop spéciale à mon goût.
C'est quand Rosa me demande comment j'ai fait pour atterrir dans les bras de Potter que je me pose réellement la question. Je n'ai pas pour habitude de boire beaucoup, contrairement à Rosa qui a empilé pas mal. J'ai d'ailleurs cru que Sirius en avait marre de lui courir après, puisqu'il est venu se taper la discute pendant une bonne demi-heure, avant qu'on soit obligé d'aller chercher Esteban pour s'occuper de Rosa. Elle s'était mise à parler en espagnol et à rire toute seule, sans qu'on comprenne ce que ça voulait dire.
Je lui jette un coup d'oeil. Elle s'est douchée et maquillée, et semble ne pas avoir subi les effets de l'alcool. Elle se tourne soudainement vers moi, l'air déterminée et légèrement conspiratrice.
- Il faut que je maquille Joanna.
- Tu vas te faire détruire, je réplique.
Elle me regarde avec un grand sourire de psychopathe.
- T'inquiète pas, elle sera pas en possibilité de bouger.
- Elle dort encore, essaie peut-être maintenant ? On a pas le droit d'utiliser de magie, encore...
Elle grimace, et se renfonce dans le canapé. Je sais que, pour le coup, elle avait oublié. Je ne peux m'empêcher de rire. Puis elle se tourne vers moi, se lève, et me sourit de nouveau.
- Viens, on va t'habiller.
J'ai soudainement envie de me barrer en courant et de crier dans toute la baraque, mais ça serait la deuxième fois en une journée, et je pense qu'il vaut mieux éviter. Et puis, si ça peut lui faire plaisir...
Quand on revient, je suis toute détendue et toute pomponnée. Faut avouer que ça fait du bien, quand quelqu'un d'autre prend soin de nous. Rosa m'a fait un massage, sous prétexte que j'étais trop tendue - ça l'a fait rire, que ça soit elle qui me stresse. Elle m'a expliqué qu'elle revenait cette année à Poudlard, parce qu'en fait, elle avait rien d'autre à faire. On a pas parlé d'Evandro, au contraire de ses lettres. Il y a comme un non-dit bizarre, entre nous. Comme si la Rosa des lettres était une honte que la Rosa de la fête cachait au plus profond d'elle-même, qu'elle s'interdisait de faire ressortir en public. Le pire, c'est que je crois qu'elle ne s'en rend pas compte.
Je marche pied nu dans la demeure des Potter. Je ne sais pas où sont passés ses parents, mais sa mère a disparut en milieu de soirée. Quand on revient dans le salon, pratiquement tout le monde est levé, dont Potter-fils, et je détourne les yeux lorsque je sens son regard sur moi, mal à l'aise. Après avoir été gentille avec lui pendant toute une soirée, je me vois mal lui parler comme avant. Enfin, surtout si il continue d'être comme ça, tellement moins lourd - et moins con, soyons clair - qu'avant.
La plupart des gens sont affalés dans le salon, certains doivent avoir une gueule de bois trop puissante puisqu'ils disparaissent sous un torchon humide. Rosa a immédiatement sauté sur Joanna pour essayer de la convaincre gentiment de la maquiller, mais étant donné que le dernier argument qu'elle vient de lui sortir est "comme ça, t'aura plus de chances de te faire mon cousin" ; je doute que ça marche. Sirius est parfaitement éveillé et saute sur presque tout le monde, surtout ceux qui sont mal en point, en fait ; et sur Remus, qui à l'air habitué à ce traitement de faveur puisqu'il ne fait que soupirer de lassitude toutes les cinq minutes.
Voilà, un chapitre un peu plus cours que les précédents, mais je ne compte pas m'éterniser sur la fête, plutôt faire avancer l'histoire dans le temps par la suite ; j'espère tout de même que ça vous aura plus ;)
et pour ceux qui ne me suivent pas, mais qui aiment bien mon style, j'ai commencé l'écriture d'une nouvelle fic, beaucoup moins légère que celle-ci et un peu moins tout-public (selon moi, après chacun son avis, bien sûr). Donc allez voir dans mon profil, elle s'appelle the Lion's Roar :).