Blabla d'auteur : Bonjour/Bonsoir, pour commencer, merci d'avoir cliqué, et de potentiellement lire ma fic. Si vous êtes pressés, vous avez le droit de zapper tout mon blabla d'auteur. C'est pas intéressant (enfin, assez peu) et c'est long pour rien. ^^

Pour commencer, je vous demanderais de ne pas être indulgent avec moi. C'est la première fois que je publie, parce que c'est la première fois que j'arrive à aller au bout de quelque chose. Mais c'est pas la première fois que j'écris, donc toutes critiques, du moment qu'elles sont construites et motivées, sont bonnes à prendre. Si ce n'est que de la méchanceté gratuite, passez votre chemin. Et si vous n'aimez vraiment pas, y'a toujours la croix rouge en haut à droite. Je ne vous oblige pas à lire.

J'écris pour mon plaisir, et je publie pour le votre. En échange, je ne vous demande que de la courtoisie.

Sinon, je ne suis qu'une pauvre auteure qui ne contrôle pas ses personnages. Ils ne font strictement rien comme je veux T-T . En cinq minutes de conceptualisation (je n'avais pas écrit un mot, même sur mon brouillon, je ne faisais que penser.), je voulais prendre un contre pied à ce qu'on trouve habituellement dans les fics : il apparait trop logique qu'Arthur n'aime pas la neige, et Merlin l'adore. J'ai voulu faire l'inverse. J'ai pas eu le temps de l'écrire qu'Arthur s'est rebellé et a changé de point de vue. Ce qui devait être un truc court s'est transformé en machin super long, et croyez le bien, c'est pas de ma faute. Mes persos refusent de se plier à ma volonté.

Infos sur l'histoire : Homophobes, s'abstenir. Ça devait être du Merthur léger, gentillet et court, pas prise de tête, parce que j'adore l'Arwen dans la série, mais dans mes fantasmes, Arthur et Merlin ont une excellente dynamique pour aller ensemble. Sauf que je suis incapable d'être hors canon, donc je suis partie comme base la fin de la dernière saison. SPOILERS intégralité saison 4 donc. Et comme Arthur est marié, l'a fallu que je me dépatouille avec ça. Et comme c'était pas gagné d'avance, ce n'est plus léger, ce n'est plus gentillet, et ce n'est plus court. Au 2/3, j'en suis environ à 40 000 mots. Ça fera une dizaine de chapitre, en gros. Et ce sera triste. Enfin, pas de gros happy end merveilleux où-tout-le-monde-il-est-beau-tout-le-monde-il-est-content. Ne comptez pas la dessus. D'ailleurs fondamentalement, tout le monde va souffrir, en fait. Je suis une sadique avec mes persos, s'ils sont heureux trop vite, ça ne me va pas. Et puis selon les chapitres, y'a aussi de l'Arwen. J'arrive pas à faire souffrir à ce point Guenièvre.

Chacun de mes chapitres fait environ 5 000 ou 6 000 mots, ce qui est assez long (parfois jusqu'à 7 000). Du coup, je pense publier en séparant en deux chaque chap. Ce qui fait que vous aurez : chap 1 part 1, chap 1 par 2, chap 2 part 1… etc. Niveau publication, un demi chapitre toutes les semaines. Plus rapide si je pars en vacances, et que je n'ai pas accès à Internet pdt 2 semaines. Et ce sera fini pour le début de la diffusion de la saison 5 en Angleterre, forcément, même si je prends vraiment beaucoup de retard. Y'aura p't'être un ralentissement fin juin début juillet, quand je serai en retard dans l'écriture de mon rapport de stage et que j'arrêterai de dormir pour le rédiger -_- Je le prévois déjà, parce que ça me fatigue d'avance ^^

Cela dit, j'ai de l'avance dans l'écriture et j'ai le plan détaillé. S'ils acceptent de se plier à mes désirs, ça devrait aller.

Le début est assez lent, et le Merthur pas spécialement évident. Je mets un temps fou à poser mes décors, navrée.

Je ne suis pas infaillible, et je me relis moi-même, n'ayant pas de bêta sur Merlin. S'il reste des fautes, j'en suis navrée. Vous avez le droit de me le signaler )

Ah, et puis j'écris les noms en anglais, n'ayant vu la série que dans cette langue (ou presque. La VO, saylebien). Sauf Gwen, qui s'appelle Guinevere en anglais, mais qui n'est pas naturel à écrire pour moi. Autant Morgana, Percival et Gwaine coulent de source sous mes doigts, autant Guenièvre est plus fluide. Je ne suis pas conséquente dans mes actes, désolée. Mais c'est comme ça, na ^^

Disclaimer : Merlin et Arthur m'appartiennent intégralement. Enfin, quand je serai riche et que je pourrais les acheter à leurs créateurs, et assouvir mes fantasmes. D'ici là, ils appartiennent à la BBC. Ce qui fort dommage, surtout pour moi ^^

RATING : Il n'est pas là pour faire joli, donc à lire :

NC-17 / -18 ans / Lemon / M sur qql chapitres (deux, a priori)

NC-13 / - 12 ans / Lime ou rien / K+ ou T sur les autres, pour causes de thèmes abordés, et du fait qu'Arthur et Merlin prennent un malin plaisir à s'embrasser dans tous les coins .

J'aurais aimé faire du tout public, si on excepte les lemons, mais j'y suis pas arrivé.

Bonne lecture !

CHAPITRE 1 PARTIE 1 : Où il neige à Camelot

Fait exceptionnel, il neigeait au royaume de Camelot. Bien sûr, le pays avait déjà connu des hivers rudes et glacés, il était aussi arrivé que quelques flocons fassent leur apparition, mais la lourde neige blanche qui recouvrait la terre, ralentissait les déplacements, insinuait le froid partout, c'était quelque chose de rare.

Face à la neige, tout le monde n'avait pas les mêmes réactions, et celles-ci tenaient grandement à l'âge de la personne.

En effet, les enfants étaient ravis de la neige. Pour eux, ce n'était qu'un terrain de jeu un peu plus vaste. Rien n'était semblable, recouvert de blanc, aussi avaient-ils l'impression qu'ils s'étaient couchés dans un monde, et réveillés dans un différent. Les possibilités de jeu avec la neige n'étaient certes pas infinies, mais leur inventivité les renouvelait sans cesse. Il y avait tant de variations possibles entre bataille, bonhomme de neige et glissade !

Tous les enfants bien sûr, n'étaient pas extatiques de la même manière. Les nobles se délectaient de la poudreuse durant toute la journée, car ils étaient chaudement habillés, et une fois leurs vêtements détrempés par l'humidité, ils savaient qu'ils rentreraient dans un appartement bien chauffé, se prélasseraient devant un feu ronflant et prendraient un bain brûlant.

Pour les plus pauvres d'entre eux, la neige est synonyme de plaisir les deux premières heures. Après, leur manteau peu épais et leur maison glaciale leur rappelaient douloureusement leur condition. Les plus chanceux auraient un feu devant lequel se poster, mais la plupart ne pourront se contenter que de serviettes rugueuses dans lesquelles ils s'emmitoufleraient en frottant leurs membres transis pour activer leur flux sanguin et se réchauffer. Et pourtant, ils retourneraient le lendemain se rouler dans la neige, parce que c'était si drôle ! Si pur ! Et c'était l'un des rares moments où les enfants de nobles se joignaient à eux pour jouer. Plus on était nombreux pour une bataille, plus c'était amusant. Tous les enfants, quelque soit leur classe sociale, l'avait bien compris, et c'est pourquoi ils jouaient ensemble sous les flocons.

A l'inverse, les adultes détestaient la neige. Ils n'avaient que trop conscience des conséquences désastreuses que celle-ci pouvait provoquer. Pour les paysans, elle gelait la terre, leur faisant craindre pour les récoltes futures. Elle gênait les déplacements, et de fait les informations des frontières du pays, ainsi que les chevaliers.

La neige pouvait provoquer la fin du royaume s'il venait à être attaqué, et les adultes savaient bien que l'ordre des chevaliers d'Arthur, aussi puissant et noble soit-il, n'était pas de taille face aux intempéries. Si un pays voisin, ou Morgana venait à se décider d'attaquer, les chevaliers auraient du mal à se défendre, empêtrés jusqu'aux genoux dans l'étendue blanche.

Bien sur, l'avantage était que les royaumes voisins se trouvaient dans la même situation et on était alors en mesure d'espérer qu'une trêve tacite s'installerait en attendant la fonte des glaces. De toute manière, à l'approche du solstice d'hiver, il était rare qu'on craigne une bataille. Le solstice* marquait le milieu (et donc le moment le plus froid) de l'hiver, et le début du réveil de la Terre vers des températures plus clémentes. Tous les souverains alentours respectaient cette tradition, consciemment ou non, et c'est pourquoi le roi Arthur pensait (à tort) qu'il était tranquille pour le reste de la semaine au moins. Passé le solstice, qui arrivait dans une semaine, il lui faudrait reprendre l'entraînement de ses chevaliers plus assidûment.

Le principe général « les enfants aiment la neige, les adultes la détestent » connaissait deux exceptions. Il existait en effet un adulte qui adorait la blancheur immaculé du paysage, et un enfant qui avait jadis haï la neige, et continuait de le faire une fois devenu adulte.

Cet enfant était Arthur, bien entendu. Endoctriné par les principes de son père, celui-ci n'ayant eu de cesse de répéter comme un mantra sa haine à l'encontre de la neige durant le seul hiver de l'enfance d'Arthur où elle était tombée l'enfant l'avait fièrement répété, même s'il ne comprenait pas comment on pouvait nourrir de la haine à l'encontre d'un élément naturel. Âgé de huit ans à peine, le petit Prince aurait pu comprendre de la colère, de l'agacement, à la limite. Mais de la haine ? Personne ne pouvait rien contre la neige, ça ne servait à rien de la détester. Mais Arthur n'était qu'un enfant, et déjà à l'époque, il souhaitait voir briller dans les yeux de son père un éclat de fierté, alors répétait-il obligeamment qu'il n'aimait pas la neige, et ne mettait pas les pieds hors du château.

De toute manière, il n'aurait pas apprécié beaucoup plus la poudreuse si on lui avait le libre choix de sa pensée, puisqu'il n'en tirait aucun des amusements propres aux enfants. Son père refusait qu'il aille jouer avec les autres gamins du château, lui rappelant que sa condition l'élevait au dessus de ça, qu'il était le futur roi, et qu'il devait se comporter comme tel. Et si Arthur pouvait compter sur Morgana pour s'amuser durant ses habituels instants de liberté, les jours de neige, la jeune fille était intraitable : hors de question pour elle d'être avec Arthur.

Morgana adorait la neige, parce qu'elle faisait miroiter sa peau blanche et ressortir ses cheveux corbeau. Elle retirait de la fierté d'être plus belle encore les jours de neige. De plus, elle aimait le silence glacial de la forêt enneigée et durant l'hiver enneigé de la jeunesse d'Arthur, elle n'avait eu de cesse de partir en promenade à cheval se repaître du calme hivernal, allant fréquemment sur la tombe de son père, récemment décédé. Supporter Arthur, le bruit lourd de ses pas et ses occupations masculines toutes plus bruyantes les unes que les autres, non merci, pas pour elle.

Uther, inquiet pour sa pupille, l'avait faite étroitement surveiller en rabâchant qu'avec cette neige, il était facile de se perdre, et que l'enfant déjà têtue qu'était Morgana prenait trop de risque. Du coup, il en avait oublié son propre fils. Arthur s'était donc mis à détester la neige. En plus « c'était mouillé et froid », avait-il déclaré. Si seulement la neige n'avait pas été aussi glaciale et humide, elle aurait peut-être eu une chance d'entrer dans les bonnes grâces du Prince envers et contre tout, malheureusement, tout royal qu'il était, Arthur ne commandait pas aux éléments.

Devenu adulte, Arthur s'inquiétait de la neige avec des arguments beaucoup plus rationnels. Il avait eu beau tenté d'entraîner ses chevaliers, il avait reçu en réponse leur mauvaise humeur, des plaintes sur les orteils gelés, et avait risqué déjà trois accidents à cause de mouvements de lames imprécis dû à des doigts engourdis.

Tout en contemplant par la fenêtre de sa chambre le paysage de son royaume blanchi, Arthur s'inquiétait pour son pays. Depuis la dernière attaque de Morgana, rien de grandiose n'était arrivé : les attaques habituels de sorciers, de créatures fantastiques et de brigands dont les motivations exactes étaient floues –honnêtement, s'attaquer à quatre quidams au château, cela relevait de la pure folie, rien d'autre. A part le plaisir de mourir dans l'honneur du combat, le jeune Roi ne voyait pas l'intérêt de le défier– avaient eu lieu, mais rien d'exceptionnel.

Guenièvre et Merlin avait raconté au souverain comment Morgana avait disparue la dernière fois, et Merlin lui avait confié qu'il ne pensait pas la sorcière morte, aussi Arthur était inquiet. Morgana aimait l'hiver, elle saurait que les protections du château seraient amoindries, il avait donc toutes les raisons du monde de craindre une bataille prochaine.

Merlin était inquiet aussi, alors qu'il courait en dérapant vers la chambre de son maître. Il était en retard. Vraiment en retard. Encore plus que d'habitude. Arthur était déjà de mauvaise humeur ces derniers temps, et ne pas déjeuner le rendrait plus irascible encore pour le reste de la journée. Aussi Merlin se hâtait-il de porter le repas matinal de son maître.

Il croisa Guenièvre qui pouffa quand elle le vit se presser de la sorte. Il ne ralentit pas pour autant. Guenièvre avait beau être reine, elle n'en demeurait pas moins attachée au fait de se débrouiller seule, sans servante à ses côtés. Arthur avait vainement tenté de la faire changer d'avis, mais Guenièvre avait eu un argument choc « Tu imagines une servante aussi incompétente que Merlin ? Aussi en retard que lui tous les matins ? Les deux ensembles ? » Merlin savait que ce n'était qu'une plaisanterie. Guenièvre n'avait besoin de personne, et Arthur avait trop besoin de Merlin pour le partager.

Arthur avait admis en riant qu'un seul serviteur incompétent suffisait, et Guenièvre se débrouillait donc seule. Merlin savait aussi que ce matin, Guenièvre avait une entrevue avec les dames de la cour, que son nouveau statut la rendait terriblement nerveuse, même après plusieurs mois, et qu'elle n'aurait rien pu avaler. C'est pour ça qu'il ne s'arrêta pas une seule seconde vers son amie, même lorsqu'elle lui souhaita en criant dans son dos bonne chance, parce que son époux s'était levé du pied gauche. Merlin allait se prendre un savon.

Toujours perdu dans la contemplation silencieuse de la citadelle à ses pieds, Arthur entendit le fracas de la porte qui s'ouvrait violemment, puis le bruit du plateau déposé sur sa table. Même s'il ne l'admettrait jamais, il admirait l'aptitude de Merlin à courir dans tout le château, portant en équilibre son fragile repas sans jamais rien renverser.

– Tu n'as donc jamais appris à être à l'heure, et moins bruyant ? demanda-t-il en se retournant vers son serviteur.

Merlin ânonna une réponse inintelligible du fait de son souffle coupé par sa course. Comme la question n'appelait de toute manière aucune réponse, n'étant qu'un constat amical qu'Arthur faisait un matin sur trois, celui-ci s'attabla et commença son repas. Merlin reprenait peu à peu son souffle, une main sur le cœur, se tenant de l'autre à la table.

– Ton excuse du jour ? s'enquit Arthur sans lever les yeux de son repas.

Merlin avait inventé toutes sortes d'excuses bancales et irrationnelles ses derniers temps pour justifier ses retards, aussi la question d'Arthur était devenu leur rituel du matin, et il se prépara à l'invraisemblable réponse qui allait suivre, et qui ne manquait jamais de le faire sourire, tant son serviteur préféré avait de l'imagination. La dernière trouvaille en date était un troll dans les cachots !* Non mais vraiment !

Arthur ignorait que la moitié de ce que racontait Merlin, notamment lorsque cela incluait du magique, était vrai. Et Merlin tenait à ce que ça continue. Sauver le royal postérieur de son ami n'avait pas été de tout repos ces derniers temps, contrairement à ce que sa royale majesté pensait. Merlin ignorait pourquoi les créatures magiques et les sorciers alentours avaient tous récemment décidé de s'attaquer à Camelot.

Le pauvre n'en dormait plus de la nuit ! Il ressentait la moindre magie à des kilomètres de distance, se réveillait en sursaut toutes les trois heures. Il se doutait que la dernière attaque de Morgana, qu'il avait contré en absorbant les pouvoirs de la sorcière avait eu un terrible impact sur les siens. Il avouait qu'il s'en serait volontiers passé.

Maintenant, dès que le moindre évènement magique se produisait, il le ressentait, et inquiet pour son roi, il agissait immédiatement pour éliminer la menace potentielle… au détriment de son sommeil. A part la nuit dernière, où il avait extrêmement bien dormi, mieux que les deux dernières semaines.

– Neige… souffla Merlin en guise d'explications de son retard. Il neige, répéta-t-il en souriant d'air béat.

Oui, Merlin était l'adulte qui aimait la neige. Et cela désespérait Arthur, qui leva les yeux au ciel, amusé cependant.

– Cela fait une semaine qu'il neige Merlin ! Ce n'est plus une nouveauté ! Et ça n'a rien d'amusant, ou seulement pour les enfants !

– Ah si ! se défendit Merlin, vexé qu'Arthur considère son amour pour la neige comme une gaminerie. C'est magique, la neige, bougonna-t-il en croisant ses bras sur sa poitrine.

– Magique ? répéta Arthur en riant. N'importe quoi !

– Vous ne connaissez rien aux plaisirs de la neige, voila pourquoi vous ne l'aimez pas, déclara Merlin d'un air docte, en souriant largement malgré tout.

Arthur regarda son serviteur lui sourire, et se prit à penser, comme d'habitude, à quel point il pouvait être beau lorsqu'il proférait des absurdités tout en gardant son sérieux comme ça. Mais en regardant plus loin, Arthur vit aussi la fatigue de Merlin, et sa maigreur extrême. Il n'avait jamais été bien épais, mais ces derniers temps, c'était pire que tout.

Arthur s'en voulut de ne pas avoir remarqué l'état de délabrement dans lequel se trouvait son ami plus tôt, trop absorbé dans ses fonctions de monarque et les soucis incombant à sa charge. Il avait conscience d'avoir été odieux ces derniers jours avec Merlin. Voire même avec Guenièvre.

D'habitude, l'un et l'autre le remettaient à sa place comme il fallait. Mais depuis qu'elle était reine, Guenièvre partageait ses royales inquiétudes, et ne lui répondait plus comme avant.

Quant à Merlin, Arthur réalisa soudainement qu'il devait être simplement trop fatigué pour faire de l'esprit.

– Vous voulez quelque chose, Sire ? s'enquit Merlin d'une voix inquiète, coupant Arthur dans ses réflexions.

Réalisant qu'il détaillait son serviteur avec insistance, Arthur rougit.

– Range la chambre, prépare un bain pour mon retour de l'entraînement, fais préparer le repas de ce midi pour Guenièvre et moi dans la grande salle, assure toi de l'état des écuries, et polis mon armure, énonça-t-il pour se donner une constance.

Merlin hocha la tête pour assurer qu'il avait tout compris et retenu. Puis il sourit malicieusement et poussa un profond soupir. Arthur savait qu'il ne faisait ça rien que pour l'embêter, mais ça marchait à chaque fois quand même. Alors il demanda :

– Qu'est-ce qu'il y a encore ?

– Vous êtes sûr de vouloir vous entraîner avec les chevaliers aujourd'hui ? demanda-t-il d'une voix plaintive. Ils vont encore avoir froid, je vais entendre Gwaine râler toute l'après midi dans le château qu'il ne peut même pas aller à la taverne se réchauffer, et vous, vous allez rentrer gelé, vous plaindre que votre bain n'est pas assez chaud, qu'il n'y a pas assez de bois dans la cheminée, que vos vêtements sont froids…

– Stop ! le coupa Arthur. Il faut bien qu'ils soient préparés à se battre, même dans des conditions extrêmes ! Et d'ailleurs, tout ça c'est la faute de chère neige magique !

Merlin, très digne, accusa la pique que lui lançait son seigneur. Et sans se laisser démonter répondit :

– Ma neige magique a au moins le mérite d'empêcher Gwaine de se rendre à la taverne, parce qu'il a trop froid pour patauger dans la neige jusqu'au bourg. Vous voyez, elle fait des miracles !

Arthur éclata de rire. Ça, c'était le Merlin qu'il aimait. Souriant à son roi, Merlin commença à s'affairer dans la chambre pour tenter d'y mettre un semblant d'ordre. Arthur le regarda s'agiter autour de ses affaires –refaisant le lit, ramassant les vêtements – d'un air absent tout en finissant son repas. Il n'aimait pas l'air qu'avait pris Merlin. Il ne connaissait que trop bien ce visage souriant, qui indiquait que le jeune homme avait trouvé une nouvelle idée pour embêter Arthur. Ce dernier devait bien reconnaître que Merlin faisait preuve d'inventivité pour le dérider et chasser sa mauvaise humeur et ses inquiétudes. Chacune de ses piques de ces dernières semaines l'avaient fait réagir ou oublier ses soucis un instant.

Il attendit, mais rien ne vint. Merlin travaillait en silence. Puis ce dernier prit le plateau, qu'Arthur venait de terminer, et recula vers la porte. C'est au moment de la franchir qu'il lança, tout innocemment :

– Au fait, votre bain, pour une ou deux personnes ?

Arthur rougit. Et lança le premier pot qui lui tomba sous la main sur le jeune sorcier, qui avait déguerpi sans demander son reste.

– MERLIN ! s'époumona Arthur en passant la tête par la porte pour voir son serviteur s'enfuir à toutes jambes. Pour la peine, tu viendras à l'entraînement !

Il espérait que Merlin avait entendu, et qu'il obéirait sans quoi il irait lui-même le chercher et le ramènerait par la peau du cou s'il le fallait. Il savait que dans l'ordre des punitions-qui-n'en-étaient-pas, c'est-à-dire des activités banales, mais que Merlin détestait, donc l'obliger à y assister était une punition l'entraînement arrivait en deuxième position. Malheureusement, la chasse qui était en tête de liste était une activité proscrite vu le temps qu'il faisait.

Et si Arthur punissait Merlin, c'est parce qu'il ne supportait plus les remarques anodines de son serviteur sur sa vie privée avec Guenièvre. Ça faisait plusieurs mois que ça durait maintenant. A chaque fois qu'il croyait que Merlin avait oublié cet épisode horriblement gênant, le jeune garçon rappelait au bon souvenir de son maître ce dont il avait été témoin. C'était totalement de la faute de Merlin en plus ! Arthur était jeune marié, ivre de bonheur, et batifolait avec sa femme au matin dans son lit. Et bien sûr, c'était ce jour que Merlin avait choisi pour arriver à l'heure, entrer dans la chambre sans frapper et ouvrir en grand les rideaux… pour découvrir Guenièvre, écarlate, remontant prestement les draps sur sa poitrine, et Arthur, tout aussi rouge, torse nu et un air particulièrement idiot sur le visage.

Merlin s'était aussitôt couvert les yeux avec ses mains, et était sorti de la chambre en aveugle, heurtant au passage la moitié des meubles et râlant de l'imbécile qui avait disposé la table et les chaises sur le trajet fenêtre-porte. La sortie de Merlin ne s'était pas faite dans le silence. Passé le moment de surprise, Arthur avait retrouvé sa voix et avait hurlé autant d'insanités que de promesses de corvées futures à l'intention de son serviteur.

Merlin avait souffert de ses punitions pendant une semaine complète, mais avait laissé son roi tranquille pendant deux semaines. Et puis après, il avait lâché d'un ton badin que toute la cour murmurait sur l'empressement d'Arthur à donner un héritier à la couronne. A ce moment là, Arthur dinait seul avec son serviteur dans sa chambre et avait recraché son vin sur la table. Ce qui lui avait valu une remarque concernant son hygiène et son éducation d'un Merlin inspectant ses ongles comme s'il s'agissait de la chose la plus fascinante au monde et comme s'il n'était pas du tout responsable de la réaction du roi.

Alors qu'Arthur se gonflait de colère et s'apprêtait à punir Merlin de ne pas avoir tenu sa langue (« es-tu à ce point incapable de garder un secret même si ta vie en dépendait ? »), celui répliqua à juste titre, d'une voix faussement innocente, que personne ne lui avait clairement annoncé que c'était un secret, et que de toute manière, c'était la faute aux manières de rustres d'Arthur qui en s'époumonant de si bon matin, avait mis la puce à l'oreille de la cour.

Puis Merlin avait filé sans attendre une réponse et Arthur en avait été pour ses frais. C'est vrai qu'en sortant à moitié débraillé de sa chambre en cherchant à attraper son valet et en criant que celui-ci devrait apprendre à être plus respectueux de l'intimité des autres, il avait sans le vouloir attiré l'attention sur lui.

FIN CHAP 1 PART 1

* Oui , le solstice n'est pas défini comme le notre. Chez nous, c'est environ vers le 21 Décembre. Ici, je le situe plus proche du printemps, vers mi-février, plutôt. Je ne crois pas qu'ils avaient une notion de mois comme nous, donc je ne préciserais rien à ce niveau là. Simplement le jeu des saisons qui passent. D'une manière générale, je suis pas spécialiste du moyen-âge, donc il se peut qu'il y ait des incohérences. Autant que faire se peut, j'essaye de les éviter. Si vous en voyez, signalez-le et j'essaierais de corriger.

** Un cookie virtuel à chaque personne qui trouve la référence ! C'est pas bien dur, hein ^^

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