Aloha ! Enfin nous arrivons au chapitre 10 : le procès de Tony Stark contre le SHIELD, après qu'il ait délibérément laisser partir Loki lors de sa dernière visite dans leur succursale new-yorkaise.

Pour ceux qui ont vu le film « Avengers », vous êtes donc au courant que l'agent Coulson meurt au milieu de l'histoire, ce qui permet d'ailleurs l'alliance de nos chers super-héros. Eh bien au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, tous les fans ont décidé d'ignorer ce « détail » : Coulson n'a fait que semblant de mourir en fait. C'est également le cas dans cette fiction, qui se situe environ 3 ans après les évènements du film. Ne soyez donc pas étonnés de revoir l'agent s'infiltrer au cours des paragraphes ;)

Bonne lecture !

.

.

Off the Record : chapitre 10

.

.

Pour contrer la fureur, eh bien, de Fury face à la libération imprévue de Loki, il fallut l'effort conjoint de Pepper Potts et du colonel James Rhodes ainsi qu'une semaine et demie entière pour faire libérer Tony de sa captivité au SHIELD. Pour Tony, cela aurait très bien pu avoir été l'équivalent d'une année. D'habitude, ses représentants légaux arrivaient à le récupérer en quelques heures partout dans le monde.

Pas cette fois. Nick Fury avait en effet augmenté la pression, mais pas parce que des causes légales l'exigeaient. Il s'agissait du SHIELD ils ne devaient répondre à personne, à l'exception du Conseil Mondial de la Sécurité. Un groupe de l'ombre, selon l'estimation de Tony, et une raison de plus pour laisser son sort entre les mains de Fury. En fin de compte, ce ne fut que grâce à des persuasions et des promesses à l'ancienne qu'il fut relâché, et même Rhodey ne voulut pas lui dire ce dont ils avaient discutés. Mais ses yeux en disaient suffisamment : Tony lui était extrêmement redevable.

Lorsque sa libération lui fut finalement accordée, ce fut avec des conditions. Des conditions qui brûlèrent dans l'intestin de Tony comme du charbon, mais il allait devoir les supporter. Il le fallait.

Il fut assigné à résidence. Sauf que cette fois-ci, même le quartier général Avengers lui fut interdit, et le SHIELD l'escorta directement vers ses appartements dans la Tour Stark. Ils emportèrent également chaque pièce d'équipement électronique. Ils débattirent même pour savoir s'ils devaient prendre son micro-onde et son grille-pain, ce que Tony aurait pu trouver amusant s'il n'était pas globalement en train de regarder les murs se refermer autour de lui.

Jarvis vit son cœur d'intelligence artificielle retiré de la Tour Stark. Ses fonctions automatiques restaient tout de même en service pour réguler le courant, et la sécurité n'était pas compromise, mais Tony ne pouvait plus lui parler. Non, ce n'était pas exact Jarvis ne pouvait plus l'entendre à présent. Le sursaut de panique quand il réalisa cela fut surprenant, mais son visage resta de marbre lorsqu'il observa Rhodey suivre les agents du SHIELD avec les panneaux à couches du cœur de Jarvis tenus précautionneusement entre eux.

- « C'est seulement jusqu'au procès » lui avaient murmuré Pepper lorsqu'il les regarda partir, glissant une main chaleureuse dans la sienne. « Nous allons réussir à traverser tout cela, Tony. D'une manière ou d'une autre ».

Il ne se tourna pas vers elle.

- « Ouais ».

La porte qui se referma derrière eux sonnait comme le glas.

Les visites étaient inenvisageables elles aussi. En tant que son avocate, Pepper avait droit à une visite hebdomadaire, mais pas plus d'une heure. Sous escorte armée, comme si, même sans sa technologie, sans ses outils, Tony Stark allait tout de même réussir à mettre à terre le garde posté devant sa porte et détaler. Comme s'il y avait encore un lieu où s'enfuir de toute façon.

Puis il y avait Steve. Steve Rogers. Capitaine America. Tony n'était plus vraiment sûr de la manière dont il devait l'appeler à présent. Non pas qu'il puisse l'appeler de quelque manière que ce soit d'ailleurs. Après que Tony ait été appréhendé dans la cellule de Loki, après qu'ils l'aient collé dans une des cellules disponibles, Steve s'était simplement tenu dans le couloir et l'avait regardé.

Tony s'était attendu à une déception lasse. Il s'était attendu à des engueulades dignes d'un bien-pensant. Peut-être même à quelques jurons. Mais Steve n'avait été que silencieuse et amère résignation et ses yeux étaient bien sombres lorsqu'il claqua la porte entre eux. Il n'y avait rien à dire Tony avait bien compris ce que cela signifiait dans son intégralité. Il n'aurait pas droit à des visites de son vieux pote Steve.

Il se sentait presque nostalgique d'en être ainsi réduit à ses deux plus anciens et meilleurs amis, et pendant un moment Tony se dit que cela aurait peut-être du rester ainsi. Il n'était clairement pas fait pour jouer en équipe. Il ne consultait pas les gens avant d'agir, il faisait des choses incroyablement stupides, sans aucune garantie de réussite. Les Avengers avaient été amusant pendant quelques années, bien sûr. Mais même s'il pouvait un jour revenir en arrière, Tony n'était pas sûr de le refaire. Peut-être était-ce mieux pour tout le monde s'il s'éloignait complètement d'eux.

Il tuait ses journées en solitaire sur son balcon, la plupart du temps, regardant la ville vaquer à ses occupations quotidiennes. Quand il ne pouvait plus le supporter plus longtemps, il lisait ou regardait les infos pour se tenir informé de toute activité criminelle. Pepper avait veillé à ce que les médias soient maintenus dans l'ignorance concernant la disparition soudaine de Tony de l'équipe, citant des réunions de développement d'affaires et une focalisation nouvelle sur les Industries Stark. Que tout le monde la croie était une preuve éloquente des années d'expertise de Pepper quand il s'agissait de mettre de l'ordre dans son bordel.

Son procès se profilait à l'horizon ; une sombre promesse du SHIELD que la libération non autorisée d'un de leurs prisonniers les plus précieux et les plus dangereux n'allait pas rester impunie. Tony se dit pour lui-même que la seule raison pour laquelle ils ne lui avaient pas mis une balle dans la tête ce jour-là était parce qu'il était une personnalité publique importante. Parce que cela aurait suscité des questions. C'était l'éclat violent dans l'œil de Fury, si Tony l'avait correctement déchiffré.

Tony essayait de ne pas penser à l'absence continue de Loki. Après que le Deadlock ait été désactivé, Loki avait disparu et n'était pas revenu. Un mois s'était écoulé. Qu'il se soit enfuit à l'autre bout de l'univers pour panser ses blessures ou qu'il ait commencé à poursuivre Amora ne changeait rien pour lui. En fait, non. Ce n'était pas tout à fait vrai -retrouver l'âme de Thor restait toujours la priorité absolue pour chacun d'eux. Mais compte tenu des circonstances personnelles de Tony, ce que Loki faisait n'avait pas vraiment d'importance. Tout ce merdier, c'était de sa faute.

Une fois que le SHIELD aurait rassemblé ses preuves et les aurait présentées, Tony pourrait s'attendre à une peine de prison à perpétuité. Avec un huis clos, ils pourraient même jeter la clé et personne n'oserait ouvrir sa putain de bouche à ce sujet. Tout ceci n'était qu'une vaste blague un simple spectacle bon marché, en guise de bonne foi, pour que des gens comme Steve Rogers ne crient pas au scandale lorsqu'il serait jeté dans la fosse la plus profonde que le SHIELD pourrait lui trouver avec à peine un uniforme de prison et une barre de savon. Et même le meilleur avocat de la planète ne pourrait pas prétendre que Tony ne savait pas exactement ce qu'il faisait lorsqu'il avait laissé partir Loki. La surveillance avait tout enregistré.

Mais Tony savait qu'une chose au moins était assurée. Avec ou sans Thor, que Loki soit toujours ou non porté disparu, même avec des tonnes de preuve rabâchées dans ses oreilles, Tony allait sacrément bien compliquer la tâche de Nicholas J. Fury pour l'enfermer.

Et si tout le reste échouait, eh bien.

Enfermer Tony Stark ne tournait généralement pas très bien pour ses ravisseurs.

.

.

C'était un jeudi soir et Tony relisait la convocation du tribunal que Pepper lui avait apportée lorsque Natasha Romanov passa une jambe toute de noir vêtue par-dessus la balustrade de son balcon.

Tony la regarda prendre appui et se hisser à la force des bras, laissant tomber sur le sol en pierre un sac estampillé SHIELD contenant des fringues et un assortiment de dispositifs d'infiltration. Ses cheveux étaient roux et humides en contraste avec son costume noir et, lorsqu'elle ôta ses lunettes, ses yeux étaient du vert le plus impassible que Tony ait jamais vu.

- « Non » dit-elle avant même que Tony ne puisse ouvrir la bouche. « J'ai pris l'ascenseur jusqu'à dix étages plus bas et je suis montée à partir de là ».

- « Et quels sont… »

- « Des réponses. Je suis venue pour avoir des réponses ».

Les coins des lèvres de Tony se rehaussèrent.

- « Toi ? Ou Steve ? Je suppose que c'est lui qui t'a envoyé ici. Ou était-ce Fury ? De toute évidence tu te plies encore à ses exigences, donc lequel des deux ? »

Natasha plissa les yeux, mais elle ne sembla pas intimidée, déroulant simplement une longue corde de son sac. Tony sortit et l'observa la fixer à la balustrade, la tirant quelques fois avec force pour s'assurer qu'elle était stable. Puis elle la lança, la laissant courir le long du bâtiment.

- « Je suis venu pour moi-même » répondit-elle posément, replaçant ses mitaines jusqu'au niveau du poignet. Une fois la corde bien sécurisée, elle se retourna et s'appuya contre la balustrade, les bras croisés sur sa poitrine. « Je connais le prix à payer lorsqu'on commet des actes terribles pour une cause plus grand. J'ai déjà donné auparavant ».

- « Et moi aussi » rajouta une voix tendue sous le balcon, et Tony vit avec surprise Clint Barton se hisser grâce à la corde, passant par-dessus la balustrade avec beaucoup moins de grâce que Natasha. Barton lui sourit en tentant de reprendre son souffle. « Tu fais vraiment une putain de Raiponce très laide, permets-moi de te le dire ».

Tony l'observa.

- « Je pourrais en être offensé, mais je suis trop occupé à me demander où tu caches ton carquois dans ce tout petit costume tout serré ».

Il reçut en réponse un sourire de toutes ses dents.

- « Je l'ai laissé chez moi. Trop voyant. Et en ce qui concerne Steve, il pense que Nat et moi sommes en rendez-vous ».

Tony leva un sourcil, mais son observation du visage de Natasha ne lui apprit rien de plus.

- « Alors, pourquoi êtes-vous ici ? Des réponses ? Pour quoi faire ? »

Clint fit la grimace, passant les doigts dans ses cheveux.

- « A propos de Loki. De toi et de Loki ». Il s'arrêta, avec la même expression sur le visage que s'il venait de manger un citron trempé dans de la merde, puis il se reprit. « Vous avez couché ensemble, pas vrai ? Mais tu ne l'as pas laissé partir pour cette raison. Tu crois qu'il va le faire, n'est-ce pas ? »

Tony lança un regard vers Natasha, qui retirait la corde et la repliait en accordéon entre sa paume et son coude. Sa bouche généreuse était pincée sous la réflexion, mais ses yeux brillants l'étudiaient attentivement. Il commença à réaliser qu'il avait peut-être plus d'alliés qu'il ne l'avait supposé à la base.

- « Allez à l'intérieur », dit-il en hochant la tête en direction de la lumière accueillante de la salle de séjour. « Mais ne vous attendez pas à des trucs de fou. Même moi, je ne sais pas ce qu'il s'est passé ».

- « Simplement, ne dis pas que tu t'es trompé » entendit Tony marmonner Barton derrière lui, mais le frottement de leurs pieds sur la pierre indiquait qu'ils le suivaient à l'intérieur.

C'était... C'était une bonne chose, estima Tony, un peu surpris par le nœud dans sa poitrine. Ainsi, les Avengers ne l'avaient pas juste jeté en pâture aux bureaucrates. Enfin, pas tous. Mais avec Hawkeye et Black Widow dans son équipe, le dynamique duo du SHIELD, couplé avec Pepper et Rhodey, eh bien. Peut-être que Tony n'avait pas besoin de Steve Rogers après tout.

Mais avec le papier qu'il tenait en main l'informant que son procès allait avoir lieu dans une semaine, seul l'avenir pourrait le lui dire -et bientôt.

- « Avant de commencer, j'ai une question » déclara Natasha alors qu'ils entraient dans la salle de séjour, déposant son sac à côté d'un des canapés.

- « D'accord, mais si c'est une question sexuelle, tu peux te la garder ».

Natasha lui lança un regard noir -et ne répondit rien. Elle tira toutefois cinquante dollars de son fourreau qu'elle donna à Clint, qui avait l'air de jubiler.

Pour une fois, Tony se dit qu'il ferait mieux de ne pas poser de question.

.

.

Les salles d'audience du SHIELD étaient glaciales, avec une odeur de bois laqué et de métal poli. Assis dans la tribune d'interrogation, Tony était à la place idéale pour voir exactement qui le SHIELD avait autorisé à venir, cochant mentalement les gens qui arrivaient. Il avait besoin de s'en rappeler, au cas où tout partirait en sucette.

La double porte à l'arrière de la salle divisait le public en deux via un large couloir jusqu'à l'endroit où Tony était assis. Du côté qu'il avait désigné comme étant 'son' côté de la salle, Pepper et Rhodey étaient assis ensemble, parcourant des documents d'un air tendu. Derrière se trouvait Bruce Banner, qui avait revêtu un costume approprié pour l'occasion mais qui semblait vouloir être ailleurs.

Clint et Natasha étaient assis derrière un indéchiffrable agent Coulson, qui utilisait sans aucun doute une tablette afin d'examiner les preuves qui lui échoueraient. Un assortiment d'autres agents du SHIELD étaient présents, et quelques autres personnes en costumes qu'il ne reconnut pas, mais il y avait en tout et pour tout une trentaine de personnes seulement pour assister à la procédure.

Tony laissa son regard se promener sur la salle, mais il ne put voir aucune tête blonde familière dans la galerie. Sa bouche se tordit. Il s'était probablement démerder pour être de service de sorte qu'il n'ait pas besoin d'être présent ?

Son attention se détourna lorsque Fury rejoignit le centre de la pièce, son manteau s'évasant tandis qu'il se dirigeait vers Tony. Il n'y avait rien à lire sur son visage, mais tout dans son attitude laissait penser qu'il ne plaisantait pas. Il frappa de deux doigts le micro accroché à son revers, le mettant en marche.

- « Anthony Edward Stark, vous êtes accusé de complicité dans l'évasion de Loki Laufeyson durant sa captivité au SHIELD. Que plaidez-vous ? »

Fury ne tenait pas à perdre son temps, observa Tony. Il n'y avait rien à faire, alors. Il se pencha en avant jusqu'à être à portée du micro.

- « L'amusement ».

Dans la salle, Pepper et Rhodey se raidirent. Bruce se prit la tête entre ses mains. Tony sourit simplement tandis que Fury exhalait longuement par le nez, jetant un coup d'œil à ses agents.

- « Entrez un plaidoyer valide, M. Stark ».

- « Pourquoi ? » contesta Tony, détachant le microphone et l'emportant avec lui tandis qu'il se penchait en arrière dans le fauteuil. « Tout dans cette audience est invalide, vos accusations sont invalides et comme tout le monde connaît déjà la décision finale de toute façon, pourquoi donc auriez-vous besoin d'un plaidoyer ? »

L'expression de Fury aurait pu être taillée dans la pierre.

- « Que l'enregistrement prenne note du fait que le défendeur a renoncé à son droit de plaider. Ainsi, les peines maximales pour toutes les accusions pourront être appliquées selon l'issue du procès ».

Les lèvres de Tony se retroussèrent lorsqu'il croisa l'œil unique et vigilant de Fury.

- « Vous ne pourriez pas me garder même si vous essayez. Mais bon, vous pouvez quand même essayer. Je suis ouvert à tout. En fait, je vais vous faire une faveur et aller droit au but ». Tony éleva la voix pour que chacun puisse l'entendre. « Je confesse avoir désactivé le double Deadlock ».

La salle éclata en une cacophonie de voix parlant toutes en même temps. Quelque part derrière lui, Tony entendit jurer Rhodey haut et fort. Pepper avait l'air d'être sur le point d'avoir un anévrisme. En face de Tony, le visage de Nick Fury s'était défait sous la surprise. S'il avait prévu qu'il y ait quoi que ce soit qui sorte de la bouche de Tony, ce n'était apparemment pas cela.

Lorsque la salle se calma et que les protestations se turent, Tony se leva et se pencha par-dessus le banc.

- « Agent Coulson ! Dites-moi quelque chose. Quand est-ce que le SHIELD peut dire qu'il garde un prisonnier en détention ? »

- « M. Stark » dit Fury catégoriquement, levant une main préventive pour faire taire Coulson, « ne vous adressez pas à la salle lorsque vous êtes au banc des accusés ».

Tony plissa les yeux. Joue avec la foule, Stark.

- « Alors, à vous de me répondre, Directeur -vous avez toutes les réponses, n'est-ce pas ? Voici donc une devinette pour vous : quand est-ce qu'un prisonnier du SHIELD n'est pas un prisonnier du SHIELD ? Pourriez-vous me répondre à celle-là ? »

Fury souffla sous la colère. Eh bien, estima Tony sans pitié, s'il ne voulait pas que ses procédures judiciaires à la légalité suspecte soient détournées, il n'aurait pas du mettre Tony Stark derrière ce putain de banc.

- « C'est moi qui pose les questions ici… »

- « Je vais vous dire quand. Un prisonnier du SHIELD n'est pas un prisonnier du SHIELD quand il est détenu par une technologie non-déposée, non-testée et non-approuvée par le gouvernement provenant des Industries Stark. Directeur, je suis désolé, mais vous n'avez jamais eu l'autorisation de prendre ce qui est ma propriété et de l'utiliser. En tant que tel, Loki Laufeyson n'a jamais été retenu prisonnier par vous ».

Fury devint tout à fait silencieux. Ainsi que chaque agent du SHIELD dans la salle. Derrière l'épaule de Pepper, un Bruce Banner tout sourire semblait être sur le point de jeter son soutien-gorge à Tony. Mais il n'en avait pas encore terminé.

- « A partir de ce moment-là, le double Deadlock reste ma propriété et j'étais donc dans mon droit de le désactiver afin d'en interdire toute utilisation non autorisée. Pour la sécurité de vos agents, bien entendu -Dieu sait ce que vous pourriez obtenir pour ce que vous avez payer, de nos jours. Ou -non, je suis désolé, je vais vous donner le bénéfice du doute ici, m'avez-vous payé pour la phase bêta du double Deadlock ? Mlle Potts, avons-nous un contrat de vente ? »

Pepper attrapa la balle au bond, ses doigts pianotant sur son ordinateur portable avec aisance. Son expression était polie et neutre, mais ses yeux brillaient d'un plaisir féroce.

- « La recherche ne révèle pas de contrat de vente enregistré entre Anthony E. Stark, ses entreprises ou son équipe d'intervention affiliées au gouvernement, à savoir, l'initiative Avengers, et le SHI… »

- « Très bien, ça suffit » aboya Fury. « Vous avez prouvé votre argumentaire ».

Pepper lui offrit simplement un sourire béat et referma son ordinateur portable d'un simple clic.

Sur le banc, Tony parcourut des yeux les agents postés aux côtés de Fury dans la salle. Ils avaient tous l'air un peu nerveux -tous sauf Coulson, qui devait être sous médicament pour garder en permanence cet air posé- mais il aperçut le léger signe de tête de Natasha avant de se retourner vers Fury.

À vous de jouer, le provoqua silencieusement Tony, les yeux fixés sur lui. Le commerce et ses aspects juridiques étaient aussi ennuyeux que possible et si on lui laissait le choix, il préférait largement travailler sur un nouveau projet, mais cela ne voulait pas dire qu'il n'avait pas les connaissances théoriques des affaires et du droit fédéral pour pouvoir bloquer Fury jusqu'au jour du jugement dernier.

Et Fury le savait.

- « Ok Stark, je pense que vous m'avez eu ».

Fury écarta les mains de dépit. Du coin de l'œil, Tony vit Natasha et Clint se regarder avec consternation. Devant lui, les yeux de Rhodey s'étrécirent. A ses côtés, les doigts de Pepper se faufilèrent dans une mallette.

Tony eut soudain un très mauvais pressentiment.

- « Vous voyez, le procès n'était là que pour me donner bonne conscience ». Fury sourit légèrement. « La vérité, Stark, c'est que j'aurais pu vous coffrer dès le moment où vous avez désactivé votre petit appareil. Mais je ne l'ai pas fait parce que, nos personnalités opposées mises à part, vous faites du bon boulot. Donc j'ai pensé que je devrais d'abord effacer toute trace de doute que la cour pourrait avoir concernant votre culpabilité dans cette affaire ». Se penchant en avant, Fury inclina légèrement la tête, comme pour le saluer. « Merci d'avoir confessé dès le début de cette audience. Vraiment, c'est tout ce que j'avais besoin d'entendre ».

La réalisation se fit sur les visages de ses amis dans la salle, drainant le sang et effaçant les sourires des visages bien-aimés. La légalité. Qui en avaient besoin lorsque votre organisation toute entière était au-dessus de la loi ?

Couillonné par Nick Fury, pensa Tony avec désobligeance. Eh bien, c'était insultant.

- « Le procès n'était que pour me faire venir ici, n'est-ce pas ? »

- « Et me donner le temps de me préparer si un de vos amis décidait de faire quelque chose de stupide » agréa Fury. « Vous nous avez perdu notre unique monnaie d'échange en cas d'attaque d'Asgard contre nous, Stark. A toutes fins utiles, Thor est mort. Mais nous avions Loki. Dans le cas où l'interrogatoire tournait mal, comme la dernière fois, si vous ne pouviez raisonner avec lui, Laufeyson était notre billet gagnant pour échapper à la guerre. Jusqu'à ce que vous le laissiez partir ». Frappant ses mains contre la balustrade entre eux, Fury observa Tony de haut en bas. « Alors dans ce cas, j'estime extrêmement justifié d'ignorer une procédure régulière et j'ai décidé de vous jeter dans une cellule jusqu'à ce que je me sente mieux face à l'état du monde. Avez-vous une idée du temps que cela pourrait prendre ? Parce que moi pas ».

Au-dessus de l'épaule de Fury, Tony vit Bruce Banner sauter sur ses pieds.

- « Excusez-moi mais… »

Fury se retourna brusquement.

- « Docteur Banner, si vous pensez ne serait-ce qu'une seule seconde à repeindre la ville en vert, je préfère vous faire savoir que j'ai une petite équipe positionnée à proximité de la résidence privée d'une certaine Elizabeth Ross [1]. Soyez assurés que vos actions d'aujourd'hui détermineront si sa journée sera bonne, ou extrêmement mauvaise ».

Bruce devint immobiles et silencieux, la mâchoire crispée tandis qu'il jetait un coup d'œil à Tony. Il se rassit, mais ses yeux étaient inhumainement verts et bouillonnant de rage.

- « Avez-vous l'intention de tuer ou de menacer quiconque est en désaccord avec vous ? » demanda fermement Rhodey. Ses yeux étaient froids comme l'acier. « Parce que j'ai un rendez-vous à trois heures qu'il me faudra peut-être annuler ».

Oh, Tony connaissait bien cette voix. Ce n'était pas une bonne voix. Elle sembla déclencher quelque chose chez Fury aussi, parce qu'il tressaillit et se tint un peu plus droit là où il se trouvait. Son sourire était aussi rassurant que celui d'un requin.

- « Calmez-vous, colonel Rhodes, personne ne va mourir aujourd'hui. Tony Stark envisage de se tenir tranquillement par amour pour ses proches ». Fury se retourna vers lui. « N'est-ce pas ? »

Des mains discrètes se déplacèrent jusqu'à de discrètes armes de poing lorsque les agents du SHIELD semblèrent collectivement se tendre d'une manière identique. Bruce avait l'air de calculer mentalement s'il pouvait arracher la rate Fde ury avant qu'il ne demande à son 'équipe' d'entrer en action. Pepper et Rhodey semblait envoyer furieusement des SMS en dessous de la table, comme si tout type d'appareil électronique pouvait encore envoyer des données depuis cette pièce.

Ils l'avaient eu, pensa Tony d'un air hébété, sentant cette révélation le pénétrer jusqu'aux os. Il était obligé de les laisser l'emmener. Il n'y avait pas moyen de s'en sortir cette fois-ci. Natasha et Clint avait fait de leur mieux pour lui trouver des échappatoires, ils avaient retiré toute surveillance pour lui et lui avaient même donné un passe-partout pour les menottes qui pouvaient éventuellement lui être mises avant l'audience. Pepper et Rhodey avait compilé argument après argument pour sa défense, en convoquant quiconque pouvait mettre suffisamment de pression sur le SHIELD pour le libérer. Et tout cela en vain. Il ne pouvait pas mettre en danger ses amis.

Tony se pencha lentement, mettant ses mains en évidence pour les inévitables restrictions.

Il n'y aurait pas de miracle aujourd'hui.

L'unique œil de Fury brillait de satisfaction.

- «Que l'enregistrement montre que Tony Stark a finalement fait preuve d'un peu de bon sens. Agent Coulson, s'il vous plaît, organisez une escorte pour… »

Les portes doubles à l'arrière de la pièce s'ouvrirent brusquement.

Tony cligna des yeux face à la lumière, mais il n'avait aucun doute sur cette silhouette.

Le cuir noir avait été déchiré, les reflets verts en dessous étaient tachés de sang. De l'or teinté de rouge brillait à sa gorge, sur sa poitrine et aux poignets. Avec un bâton courbé dans une main et un sac en toile dans l'autre, Loki s'avança dans l'allée, ne prenant pas la peine de jeter un coup d'œil aux agents du SHIELD qui se bousculaient pour dégainer leurs armes. Il prit cependant la peine d'accorder à Fury quelques mots bien choisis.

- « Un cadeau pour vous, directeur ». Il lança le sac dans sa main à travers la pièce jusqu'à ce qu'il atteigne les pieds bottés de Fury dans un bruit sourd. « Ou peut-être une promesse. Un témoignage de ce qui arrive à ceux qui croisent mon chemin ».

Le sac se défit aux coutures, une lumière verte brûlant à travers la toile pour en révéler le contenu.

Pepper laissa échapper un cri étouffé. Tous les autres regardèrent fixement, en état de choc, jusqu'à ce que Clint Barton laisse échapper un éclat de rire étrangement aigu.

Fury se pencha simplement et ramassa la tête de Skurge par sa colonne vertébrale sectionnée, la retournant entre ses mains. Il eut soudain l'air un peu pâle.

- « Oh, elle est complètement authentique » lui dit Loki, ses dents se découvrant en quelque chose qui tenait plus de la grimace que du sourire. « Maintenant, écartez-vous de mon chemin avant que je ne ruine mon emploi du temps et le vôtre en même temps ».

Ouvrir la bouche pour répondre au lieu d'obéir sembla être une mauvaise décision venant de Fury. Faisant tourner son bâton, Loki frappa brutalement avec l'extrémité émoussée entre les côtes de Fury, le poussant suffisamment loin pour que l'autre extrémité du bâton ne déchire directement sa paupière et son cache-oeil en même temps, mettant à nu la balafre blanche en-dessous. Le sang coula de la peau déchirée, et Loki fit un féroce pas en avant dans sa direction pour mettre ses menaces à exécution.

- « As-tu retrouvé Amora ? » laissa échapper Tony, incapable de se retenir. Il devait savoir. « Est-ce la raison pour laquelle tu es de retour ? »

Loki se tourna vers lui juste assez longtemps pour qu'un idiot derrière lui ne tente de lui tirer dessus, la balle le frappant à l'arrière de la tête et ricochant simplement dans la salle.

Pepper hurla de nouveau, sous la surprise.

L'intérieur de Tony se glaça à la vue de l'afflux de sang sur la manche de son chemisier en soie. Juste une éraflure, pensa-t-il, ébahit, en regardant Rhodey se précipiter et appuyer fermement, la balle ne l'a pas pénétrée.

Loki se retourna tranquillement pour faire sauter le malheureux agent en plein de morceaux de viande, son bâton imbibé de sang envoyant une décharge de magie verdoyante en plein -et à travers- la poitrine du gars. L'explosion de sang résultant envoya à terre cinq agents haletant.

- « Oh, c'était cathartique » murmura Loki avec un mince sourire. Il parcourut des yeux la foule paniquée. « Si vous tenez à votre insignifiante vie, veuillez déposer vos armes directement ».

Le bruit de multiples armes sur le sol était sans équivoque. Sur le banc, Fury se débattait avec ce qui devait être quelques côtes cassées ou un sternum fissuré, la moitié de son visage recouverte de sang.

- « Êtes-vous ici pour vous venger ? » souffla Fury.

L'expression de Loki passa de la joie sauvage à la rage noire et vice-versa si vite que Tony faillit se faire le coup du lapin en sursautant. Quelque chose s'était brisé dans le dieu des malices, quelque chose d'important. Ou peut-être était-ce seulement ce à quoi ressemblait la soif de sang.

- « Plus ou moins. Mais vous avez d'abord quelque chose dont j'ai besoin ».

Ses yeux verts brillèrent comme des étoiles, bouillonnant de magie et d'intelligence lorsqu'il se retourna finalement pour accorder à Tony toute son attention.

- « Je l'ai fait courir si vite qu'elle n'a eu ni le temps ni l'envie de toucher à son âme » répondit Loki, plantant ses paumes sur le bois laqué entre eux. Avec une telle proximité, Tony pouvait voir que les traces rouges sur ses accoutrements habituellement dorés étaient en effet du sang. Il dégoulinait sur lui, mais ne lui appartenait pas. « Skurge est mort et Victor reste ici. Elle est seule et désespérée, mais sa magie lui permet de continuer à courir. Bien que je lui ai autrefois échappé, c'est elle à présent qui me fuit ».

Le pli de ses lèvres laissait parfaitement entendre ce qu'il pensait de cela, mais Tony fut distrait par la longueur de ses ongles tachés de noir, par la finesse de son visage et par ses cheveux noirs qui avaient gagnés en longueur dans son dos.

Où donc avait bien pu aller Loki ?

Et pendant combien de temps ?

Tony cligna des yeux et sortit de ses pensées.

- « Tu veux le double Deadlock ».

- « Non ». Soulevant son bâton, Loki le fit claquer de toute sa longueur sur le banc. Des cheveux et des morceaux de peau étaient encore accrochés au bout pointu. « Je veux que tu fasses en sorte que ceci le soit ».

Tony n'était pas du genre à rester bouche bée devant n'importe quoi. Non, le cynisme réservé était plus son style lorsqu'il faisait face à des demandes impossibles. Mais il n'en fut pas loin lorsqu'il se rendit compte que Loki avait mis en pause sa traque d'Amora pour obtenir de Tony qu'il modifie son bâton magique afin qu'il tire un rayon anti-magie sur un ennemi en mouvement. Comme si c'était quelque chose qu'il pouvait faire et -et n'était-il pas sur la liste des emmerdeurs [2] de Loki avec Fury et ses copains en costume ? Quand diable cela avait-il changé ?

- « Monsieur ? Faut-il lui tirer dessus ? » demanda doucement Barton quelque part dans la galerie. « Je veux dire, ce n'est pas comme si nous avions besoin de la technologie de Tony pour capturer un dieu psychotique tout puissant avec une dent contre nous, n'est-ce pas ? »

Fury était sur pieds, s'appuyant sur Coulson. Son œil balafré était en sang, mais l'autre était aussi clair que d'habitude lorsqu'il regarda Tony et Loki, son esprit tournant au ralenti.

Loki se retourna vers l'homme blessé.

- « Vous n'avez jamais eu la moindre chance contre moi sans vos Avengers, directeur ». Son mince sourire trahissait son amusement. « Combien en reste-t-il encore à vos côtés ? Le capitaine est absent et votre Hulk est tout aussi susceptible de vous déchirer en morceaux qu'il ne l'est de m'attaquer. L'essence de Thor siège dans un sommeil trouble, à plusieurs dimensions de distance. Vos assassins qualifiés ne peuvent s'empêcher de sentir votre sang dans l'air ».

S'approchant de Fury, laissant le bâton à Tony, les yeux de Loki se déplacèrent de Coulson à Fury comme s'il ne savait pas lequel des deux tuer en premier. Profitant de la distraction, Rhodey sauta par-dessus la balustrade en bois entre la galerie et le banc, se dépêchant de rejoindre Tony.

- « Si tu le laisses tuer le directeur du SHIELD, tu vas provoquer un merdier politique pour tout le monde, Tony » murmura farouchement Rhodey. « Demande-lui de s'arrêter ! »

- « Comment ? » murmura-t-il en réponse. « Au cas où tu n'aurais pas remarqué, il est dingue ! »

- « Je n'en sais rien ! Montre-lui tes chevilles ! »

- « Mont... Qu'est-ce que ça veut bien vouloir dire ? Je ne suis pas une vieille veuve victorienne, Rhodey… »

- « Ecoute, je suis énervé contre eux comme tu n'en as pas la moindre putain d'idée, Tony, mais j'ai besoin de toi sur ce coup ou bien nous allons tous patauger dans le sang. Règle tes comptes avec Fury plus tard, mais tu dois lui passer la muselière » [3]. Il pointa du doigt la direction de Loki, qui avait encerclé Fury, sous l'œil tendu du meilleur et du plus brillant agent du SHIELD. « De préférence avant que Banner ne perde tout contrôle ».

Par-dessus l'épaule de Rhodey, Bruce Banner avait l'air d'avoir de sérieux problèmes de tension artérielle.

Bordel.

- « Ils m'ont presque eu, Rhodey » déclara Tony à travers ses dents serrées. « Mais ils ont bel et bien eu Loki. Ils l'ont gardé pendant trois semaines. Et tu veux que je lui dise d'arrêter ? Comme s'il allait m'écouter de toute façon ? »

Rhodey le regarda sans rien dire pendant un moment, déchiffrant dans ses yeux tout ce qu'il ne disait pas tout haut. Même Tony ne savait pas ce que cela signifiait, mais il était sûr d'une chose…

Son train de pensée s'interrompit au moment où Rhodey sortit un pistolet et en coinça le canon contre la tempe de Tony.

- « Loki, arrêtez tout de suite vos conneries, ou je fais sauter la tête de mon meilleur ami ».

Loki se raidit, se retournant lentement pour faire face à Tony. Dire qu'il avait l'air mécontent était un euphémisme, décida Tony alors que Rhodey plaçait son avant-bras sous son menton pour le caler fermement.

- « Ah. Alors ainsi, le bien commun triomphe des liens d'amitié ». Loki se détacha de Fury et de Coulson, qui suait à grosses gouttes, mais qui autrement était resté impassible. Aux côtés de Tony, Rhodey marchait sur la corde raide. Quel con. Qu'est-ce que c'était que ce plan d'action.

- « Trucider ceux qui vous ont mis sur les rails. Pas de problème. Je m'en fiche un peu » dit Rhodey, sa voix ne trahissant rien d'autre qu'une détermination en acier. « Mais si Fury et le SHIELD restent entiers, vous pourrez avoir Tony. Attaquez-les, et je tirerai une balle dans le seul gars capable de vous aider ».

- « Je te retire de ma liste de cartes de Noël » grogna Tony lorsque Rhodey le fit se redresser, utilisant en partie son corps comme bouclier contre Loki qui s'avançait vers lui. Ses doigts brillaient sous l'effet d'une sorte d'énergie verte et noire.

Oh, bon sang...

- « Si tu le tues, je ne t'aiderai pas » dit Tony d'une voix âpre, parce que Thor pouvait aller se faire foutre si cela signifiait que Rhodey devenait un dommage collatéral dans le processus.

Loki s'arrêta net.

- « Il menace de te tuer, Stark ».

Son incrédulité était palpable.

- « Tout le monde menace de me tuer. Rhodey a juste une raison de plus que la plupart des gens ». Tony tira son avant-bras vers le bas pour qu'il puisse mieux respirer. « Accepte le marché, Loki, et nous pourrons passer à la construction de ton bâton ».

Pour un moment, tout le monde dans la salle retint son souffle, attendant que le mythique sorcier extrêmement sanguinaire et incroyablement puissant utilise ses capacités de raisonnement et fasse le bon choix.

Ce fut sans doute le moment le plus long de la vie de Tony.

La rage tordait les traits de Loki, mais c'était l'instinct émotionnel d'un animal sauvage qui se retrouvait dans une cage. Tony savait qu'ils avaient gagné rien qu'à la position de ses épaules. Puis les étincelles sur le bout des doigts de Loki s'évaporèrent.

- « J'accepte vos conditions » dit-il lentement, chaque mot s'échappant d'entre ses dents serrées. « Soyez tous maudits ».

cela sonnait comme le sentiment le plus honnête que Loki ait jamais exprimé, décida Tony lorsque Rhodey le relâcha, le pistolet disparaissant à nouveau dans sa ceinture.

- « Je pense que je dois changer de pantalon » entendit Tony murmurer son ami derrière lui. Il renifla.

- « Heureusement qu'il ne te connaît pas au-delà de ta réputation, ou il aurait su à quel point ton marché était une connerie ». Tony s'arrêta. « Qu'est-il arrivé à ton déploiement à l'étranger, de toute façon ? »

- « Congés spéciaux pour te sauver les miches, bien entendu. Je suppose que les galonnés ont encore l'espoir de décrocher un nouveau contrat avec Stark Industries ».

- « Lèches-culs ». Tony ramassa le bâton des deux mains, ignorant précautionneusement le sang et les morceaux de Skurge à l'extrémité. Comment Loki avait-il réussi à passer à travers son cou de taureau avec ceci ? « Un bâton magique anti-magie. Je dois être fou. Comment peut-on isoler… »

- « Tu le découvriras bien tôt ou tard » dit laconiquement Loki. « Pour l'instant, nous retournons à ton atelier ». La main qu'il tendait avait clairement pour but de les téléporter tous les deux là-bas. Tony se sentit très mal à l'aise face à l'idée d'un transport via magie.

- « Il ne peut pas y aller » déclara Bruce avec résignation. Il était toujours assis dans la galerie, mais ses yeux avaient repris leur teinte familière de brun. « Tous ses accès ont été révoqués et toute sa technologie confisquée. Même Jarvis. Cela va prendre au moins 24 heures pour tout récupérer et que tout fonctionne à nouveau ».

Tony ne comprit pas le regard aiguisé que Loki lui lança, mais il n'eut pas le temps de le déchiffrer car une autre voix résonna à l'arrière de la salle.

- « Je peux rétablir tous ses accès ».

Steve Rogers avait l'air fatigué mais résolu lorsqu'il traversa la salle jusqu'au fond, en contournant les fusils abandonnés et une tache de sang qui se propageait. Il vit la tête de Skurge au sol et sa mâchoire trembla, mais il ne dit rien jusqu'à ce qu'il se tienne en face de Tony.

Il glissa une carte d'accès blanche sur le bureau. Le «A» rouge gravé sur l'avant était sans ambiguïté. Quand le QG des Avengers avait officiellement ouvert ses portes et que les passes avaient été remis, Steve avait déclaré qu'il était ridiculement évident de deviner à quoi ils servaient. Tony avait simplement ri à l'époque, répondant que si quelqu'un arrivait à contourner la sécurité du domaine, il aurait bien mérité de rejoindre l'équipe. Il avait l'impression que cela s'était passé il y a cent ans.

- « Je vais tout récupérer dans la chambre forte » tenta Steve alors que le silence se prolongeait, ses yeux bleus fixés sur Tony.

- « Pas besoin » répondit-il rapidement, repoussant la carte vers lui. « Je travaillerai mieux dans les niveaux R&D de la Tour Stark. Il te suffit juste de relâcher Jarvis et toute ma technologie. Je les récupèrerai dans la matinée ».

Steve cligna des yeux.

- « Je- ok, je vais veiller à ce que cela soit fait » répondit-il, blessé. Tony ignora son regard et se tourna vers Loki, qui avait observé l'échange avec des yeux perçants. Il n'était pas prêt à faire face à Steve pour le moment.

- « Peux-tu transporter des marchandises vivantes sans les endommager pendant le voyage ? Je ne veux pas arriver sans mes jambes ».

- « Tu vas découvrir que j'ai appris un truc ou deux pendant mon absence » répondit simplement Loki, tendant la main vers Tony une fois de plus. « La Tour Stark, alors ».

Tony hésita, jetant un regard au reste de la pièce. Pepper serrait son bras blessé et chuchotait frénétiquement à Bruce, qui prenait des notes pour elle. Clint et Natasha récupéraient les armes au sol, lui lançant des regards satisfaits, malgré les dents éparpillées par terre lorsqu'ils se déplaçaient.

Nick Fury le regardait, la mâchoire serrée et du sang séché sur le visage, mais sa colère semblait être retombée après coup, tandis qu'il les observait tous les quatre. Lorsqu'il croisa le regard de Tony, il inclina la tête une fois de plus. Une reddition digne, sans doute, à mettre dans les livres d'histoire du SHIELD. Tony prenait tout ce qui était bon à prendre.

Se retournant vers Loki, qui l'observait avec des yeux plissés, il ne put pas s'empêcher de penser à la maxime disant qu'il valait mieux aller en terrain connu. Dans tous les cas, intentionnellement ou non, Loki venait de lui sauver la mise. Et tout ce qu'il voulait en échange était une arme pour pouvoir récupérer l'âme de son frère. Cela lui semblait un juste prix à payer, tout bien considéré.

S'étirant, Tony attrapa la pâle main qui lui était tendue, sachant que même si cela n'était qu'une trêve, Loki était bel et bien de retour. Que ce soit en tant qu'ennemi, ami ou allié précaire, sa réapparition signifiait que le pari de Tony avait payé en totalité.

Cela signifiait aussi que Thor avait à présent une réelle chance de s'en sortir. Avec sa technologie et la magie de Loki combinées, il n'y aurait plus un seul coin sombre du cosmos où Amora pourrait se cacher.

Ainsi, même si le regard brûlant de Loki promettait encore une vengeance quand tout serait fini, même si la courbe de ses doigts sur ceux de Tony lui resserra l'intérieur de la poitrine, ils avaient un objectif commun sur lequel se concentrer, et pour le moment c'était largement suffisant pour lui.

Il espérait juste que ce serait suffisant pour Thor.

.

.

Notes de traduction :

[1] « Elizabeth Ross » : mieux connue sous le surnom de « Betty », il s'agit de la fiancée de Bruce Banner. Je pense que le contexte laissait suffisamment entendre qu'il tient à elle, mais un petit rappel au cas où ne fait jamais de mal.

[2] « Liste des emmerdeurs » : j'ai traduit comme je le pouvais l'expression qui n'a pas d'équivalent en français. En fait, une « shit list », c'est une liste des gens qui vous ont ennuyé récemment.

[3] « Tu dois lui passer la muselière » : la phrase originale (« you've gotta stick a muzzle on that ») veut plutôt dire « tu dois étouffer cette affaire », mais je pense que l'auteur a voulu ici faire une référence à la dernière scène du film Avengers, lorsque Loki est menotté et muselé. C'est pour cela que j'ai voulu garder le sens premier du verbe « muzzle », même si ça fait moins 'joli' du coup. Que ne ferait-on pas pour le lol ?

.

.

Et voilà, chers lecteurs (enfin… j'imagine que c'est surtout « chères lectrices », mais sait-on jamais), vous en êtes arrivés au même point que les anglophones. Je ne peux pas vous dire quand sortira la prochaine update de « Off the record ». Mais je peux vous assurer que vous aurez la traduction aussi vite que possible quand elle sera publiée.

Soyez patients et n'hésitez pas à consulter le Tumblr de Hella (goddamnhella . tumblr . com) ou DeviantArt si vous voulez voir des fanarts de cette histoire.

De mon côté, je vais sûrement me diriger du côté des fanfics de Sherlock (la version BBC) pour ma prochaine traduction. J'en ai plusieurs en vue, je dois encore faire mon choix.

Si ce fandom vous intéresse, je vous conseille plus que vivement « Alone on the water » de MadLori, disponible ici sur FanFiction, si ce n'est déjà fait, et sa version française « Seul sur l'eau » par EnAttendantGodot.

Dans tous les cas, je vous remercie vivement pour votre patience, vos encouragements et votre fidélité dans votre lecture. On se revoit bientôt.