Partie 1
Bellatrix Lestrange regarda la femme aux cheveux roux, cette sale Weasley, cette sale traître à son sang, s'avancer devant elle, sa baguette brandit, les yeux brillants. Elle éclata de rire à la vue de son nouvel adversaire : comment pouvait-elle penser avoir une chance contre elle? Elle était Bellatrix Lestrange, par Merlin ! Elle était la servante la plus fidèle du Seigneur des Ténèbres, celle qui lui était la plus proche ! Il lui avait appris la magie noire, elle avait été sa parfaite élève, elle connaissait des sortilèges d'une telle puissance qu'elle pourrait détruire tout le château si elle le voulait.
- Qu'arrivera-t-il à tes enfants quand je t'aurai tuée? s'exclama-t-elle, hilare. Quand maman sera partie de la même manière que le petit Freddie?
Elle vit la colère s'emparer du visage de Molly Weasley alors qu'elle dansait pour éviter les sortilèges.
- Tu ne toucheras plus jamais à nos enfants ! rugit-elle.
Bellatrix éclata de rire; comment cette femme pouvait-elle être aussi naïve? Comment pouvait-elle croire que...
Le sortilège de Molly Weasley passa sous son bras tendu et la frappa en pleine poitrine. Sous le choc, sa tête fut projetée en arrière et le plafond magique de la Grande Salle apparut dans son champ de vision. Et soudain, tout lui revint.
Le canapé près de la cheminée dans la salle commune. Les rires. Les rêves. Narcissa. Cherie. Non, pensa-t-elle. Non, ce n'était pas juste. Elle ne pouvait pas mourir, pas maintenant, pas comme cela. Elle devait encore retrouver sa sœur cadette, la supplier de lui pardonner. Elle devait aller retrouver Cherie – car, bien sûr, Cherie n'était pas morte. Elle n'avait pas pu la tuer. Elle ne lui aurait jamais fait de mal. N'est-ce pas ?
Elle aperçut le visage du Seigneur des Ténèbres tourné vers elle; le visage de serpent. Et elle comprit. Ça ne valait pas le coup. Ça n'avait jamais valu le coup. Elle s'était jetée à la poursuite de la gloire, sacrifiant tout sur son passage. Elle avait couru après un rêve comme un aveugle veut croire qu'il peut voir une image. Elle sentit son corps heurter le sol et le noir s'emparer de ses sens. Non, elle ne voulait pas mourir. Ça ne valait pas le coup.
Partie 2
Andromeda Tonks écarta légèrement les rideaux de la fenêtre de sa chambre. Elle regarda, immobile, la silhouette de son mari qu'elle devinait plus sombre parmi les ombres; elle le vit refermer la barrière derrière lui, rajustant sa capuche pour mieux dissimuler son visage. Andromeda, les yeux brillants de larmes, le regarda marcher sur quelques mètres puis transplaner, avec un léger pop qu'elle devina plus qu'elle n'entendit. Elle eut l'impression qu'une partie de son cœur l'avait quittée en même temps que lui, mais elle leva les yeux vers le plafond, empêchant ainsi ses larmes de couler. Elle savait que c'était la meilleure solution pour son mari, Ted : il était de sang moldu après tout et il s'il ne prenait pas la fuite maintenant le Ministère – Voldemort – viendrait le chercher ; et alors il n'y aurait plus que la mort pour lui. Elle laissa retomber les rideaux et marcha jusqu'à sa chambre, s'asseyant sur son lit – lit qu'elle ne partagerait plus à présent. Et là, les mains agrippées à la couette, la respiration saccadée, elle se mit à penser à ses sœurs.
Elle sentit tout d'abord la colère s'emparer d'elle alors que les visages de Bellatrix et de Narcissa lui revinrent en mémoire : elle ne pouvait pas s'empêcher de penser que, quelque part, elles étaient responsables de la fuite de son mari. Puis, soudain, elle fut envahie par la pitié et la tendresse. Peu importe ce qui arriverait, Bellatrix et Narcissa resteraient ses sœurs, sa grande et petite sœur, et elle éprouverait toujours pour elles un amour infini, ravivé sans cesse par les souvenirs du passé. Elle repensa à Narcissa, si fière de son mariage avec un sang-pur – un sang-pur qu'elle aimait plus que tout, d'un amour aveugle qui lui faisait accepter les pires choses. C'était un peu la même chose pour Bellatrix, pensa-t-elle. On ne pouvait pas leur en vouloir.
Elle s'allongea sur le lit, calant sa tête contre l'oreiller de Ted Tonks. Elle se voilait la face sur leur compte, elle le savait, mais penser cela lui était moins difficile. Elle ferma les yeux, respirant profondément l'odeur de son mari et essayant de trouver le sommeil. Gardant les visages de Bella et de Cissy dans un coin de son esprit elle pensa à sa fille, Nymphadora, à son mari en fuite, à sa future petite fille et elle s'endormit, le cœur réchauffé par tous ses souvenirs heureux.
Partie 3
Lorsque Narcissa Malefoy referma ses doigts pâles et fins sur le poignet de son fils, elle fut enfin capable de respirer normalement. Elle sentit les pulsations de la vie, violentes, régulières, et dût se faire violence pour dissimuler un sourire d'une certaine façon, malgré la terreur, la douleur, le goût du sang et les larmes qui menaçaient de quitter ses yeux d'une seconde à l'autre, elle se sentait légère. Elle sentait qu'enfin elle avait réussi à tirer une victoire d'une bataille violente et injuste.
Elle regarda alors que Lord Voldemort riait –tiens donc, cet homme pouvait rire – et elle ne put cette fois-ci retenir un sourire. Quel imbécile ! Qu'il se délecte donc, qu'il profite de ces quelques minutes d'illusion – elle savait que le garçon allait bientôt se manifester.
- A la première occasion, on quitte cet endroit maudit, murmura-t-elle à l'oreille de Drago.
Elle le vit hocher imperceptiblement la tête et le sentit serrer sa main en signe d'assentiment. Satisfaite, elle redressa la tête et croisa le regard de son mari. Elle identifia la peur dans ses yeux gris, tristes, détruits, mais elle était certaine qu'il la comprenait. Devant eux Lord Voldemort éclata encore une fois de rire lorsque l'un des élèves de Poudlard se détacha de la foule et s'avança vers lui en trébuchant. Et se mit à parler.
Le dernier regard de Narcissa fut pour sa sœur aînée, perchée sur un tas de débris, plus proche de son maître que tous les autres. Elle la regarda et ne ressentit que de la haine et de la colère envers cette femme, cette sorcière folle et inconsciente qui n'avait plus rien de la Bellatrix qu'elle avait tant aimée. Puis tout s'anima : le garçon tira du vieux chapeau sale et troué qu'il tenait une épée brillante et argentée, Potter sauta des bras du demi-géant, bien vivant grâce à elle, et Narcissa, tirant son fils par le bras, tourna les talons, sans aucune pitié, sans aucun regard en arrière. Elle n'entendit ni le cri de rage de Voldemort ni sa sœur qui l'appelait.
Lucius Malefoy n'hésita qu'une seule seconde, détachant avec crainte ses yeux de la scène qui se passait devant lui. Il savait ce que Narcissa faisait, et pourquoi elle le faisait. Elle mettait enfin une fin à une erreur qu'il avait commise il y a si longtemps. Cette guerre n'avait jamais été la leur. Alors qu'il s'élançait à la poursuite de sa femme et de son fils, la seule chose à laquelle il pouvait penser était que tous ces combats, tous ces morts, rien n'en valait la peine. Rien n'en avait jamais valu la peine.
Les gens, c'est la FIN ! Je crois que je ne serais pas capable de vous dire à quel point je vous adore tous pour tous les reviews que vous m'avez laissés (LadyNobleSong, Talissa, mais aussi 06Caprica que j'ai trop souvent oublié, pardonne moi :'( ) et tous les autres qui m'ont laissé vos avis, je vous suis éternellement reconnaissante !
Pour tout vous avouer, il y avait un passage (quand Lucius devient Mangemort et l'épisode avec Wyatt) qui n'était pas encore écrit (et oui, j'ai rédigé cette fic à l'époque où j'écrivais des histoires sans jamais les achever). Et c'est vraiment grâce à vos encouragements que j'ai trouvé l'envie de finir une histoire que j'avais laissée tomber il y a longtemps.
Enfin bref, je suis ravie d'avoir partagé avec vous cette histoire. Je sais que mes personnages sont (un peu) une bande de sadiques (enfin, pas tous, mais la plus gentille meurt à la fin donc…), mais je m'y suis vraiment attachée (surtout à Bellatrix en fait). Et au fait, je viens d'apprendre que J.K. Rowling publie un nouveau livre en septembre ! OMG je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas être au courant plus tôt ! Enfin bref, ça n'a rien à voir mais je suis tellement contente qu'il faut que je le dise à tout le monde (quoique, je dois être la seule fan d'Harry Potter à l'avoir appris que récemment. '-)
Je vous fais à tous de très, très gros bisous, et encore merci ! Sarah. xx