"I'm leaving you behind with the past, no I won't look back [...] And try, try to understand me. Try to understand what I say when I say I can't stay" Running Away by Midnight Hour.
Le soleil était couché depuis bien longtemps déjà, la nuit étant bien avancée. Les bureaux du CBI étaient vides, silencieux et pratiquement plongés dans l'obscurité. Seul le bureau de l'agent Teresa Lisbon demeurait éclairé.
Cette dernière se tenait debout devant une des fenêtres, contemplant les lueurs de la ville qui se détachaient dans l'obscurité de la nuit. Elle n'avait jamais pris le temps de regarder au dehors, ne s'était même jamais aperçue qu'il y avait quelque chose à voir d'ici. La jeune femme resta immobile encore quelques minutes, le regard perdu, ses pensées demeurant muettes. Le silence était reposant.
Puis elle se rappela qu'il lui restait des choses à faire, et que le temps était compté. Elle revint derrière son bureau, rangea ses tiroirs. Elle en sortit un vieux dossier qu'elle déposa sur la pile soigneusement constituée à côté de son ordinateur et, alors qu'elle s'apprêtait à le refermer, aperçue un vieux souvenir rester là. Elle sourit d'abord, en saisissant la grenouille en papier entre ses doigts, aplatie par le dossier qui l'avait recouvert toutes ces années. Puis la douleur survint, telle une fissure naissant au creux de sa poitrine, et son sourire se tordit en quelque chose de plus sombre. Ce n'était pas le moment pour ça, il était trop tard maintenant…
Elle jeta l'origami dans la boîte en carton devant elle, qui était déjà bien remplit, et referma le tiroir d'un coup sec. Elle jeta un coup d'œil circulaire à travers la pièce, vérifiant n'avoir rien oublié. Son bureau étant totalement vide, elle estima que c'était bon. Après avoir enfilée sa veste, Teresa saisit le carton à deux mains et se dirigea vers la porte où elle se stoppa. « Avait-elle prit sa tasse à café ? ». Un bref regard dans le carton suffit à la rassurer. Elle éteignit l'interrupteur avec son coude et referma la porte par le même procédé, refusant de céder à la facilité en déposant ses affaires. Et puis, si jamais elle les lâchait, aurait-elle toujours la force de les emporter ?
Là encore, elle balaya l'open space des yeux. Quelques heures plus tôt, elle et son équipe dévoraient la fameuse pizza de fin d'enquête, riant la bouche pleine en se remémorant les anecdotes de l'affaires, Rigsby s'étant vu dans l'obligation de se faire vacciner contre la rage suite à son agression par un rottweiler. Ses trois agents en riaient encore lorsqu'ils étaient partis vers l'ascenseur, lui souhaitant bonne nuit et l'habituel « à demain ».
La culpabilité creusa la fissure encore plus profondément, elle détourna son attention vers sa pauvre boîte en carton en soupirant. A son tour, elle prit la direction des ascenseurs.
Après avoir réussi à appuyer sur le bouton d'appel grâce à une pression de l'auriculaire, l'agent s'autorisa un dernier regard vers l'escalier derrière elle qui menait au grenier. Pendant un instant, elle s'imagina monter ses marches et dire à Jane ce qu'elle aurait aimée avoir le courage de lui dire depuis plus d'une semaine. Mais les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et la jeune femme se détourna, le regret emplissant ses traits. Elle s'engouffra à l'intérieur, expirant lentement alors que les portes se refermaient sur une partie de sa vie.
Elle n'avait jamais aimée dire au revoir.
TBC