« Euripide a dit : les amours, quand ils fondent sur eux avec trop de violence, n'apportent ni bonheur, ni vertu aux hommes ». Esprit criminel.

Chapitre 3 :

Je te vis pour la première fois, un lundi de mars dans la matinée, accompagnant mon ami. Luffy avait décidé qu'il était enfin temps pour nous tous de faire ta connaissance, cette rencontre avait eu lieu plusieurs mois après qu'on avait appris que vous sortiez ensemble. On était tous impatients de te rencontrer, d'autant plus que tu avais été gardé secret pendant si longtemps : quatre mois, c'était quand même long pour que Luffy se décide à te montrer.

On exultait donc littéralement à l'approche de ta rencontre et, en réalité, moi plus que les autres. Luffy m'avait tellement parlé de toi que j'avais l'impression de déjà te connaître, alors te rencontrer en chair et en os, mettre un visage précis sur le personnage, ne pouvait que me mettre en joie. Je savais déjà que ta personnalité me plaisait énormément, alors je voulais te rencontrer dans la réalité. A cette idée, étrangement, mon cœur battait plus vite, je mis cela sur le compte de la curiosité mélangée à l'impatience.

Et je fus subjugué.

Subjugué par toi. Jamais je n'aurais pu imaginer que tu étais si... si fascinant et attirant. Les mots que j'emploie ne sauraient décrire avec suffisamment de justesse la réalité, ils ne peuvent exprimer que le quart de ta beauté. Et puis, comment dépeindre l'or de tes cheveux et le bleu de tes yeux avec objectivité quand je ne pouvais que me sentir troublé et attiré par ta présence ? Et comment représenter la grâce et la souplesse de ta démarche, la sveltesse de ton corps empaqueté dans un jean taille basse, une chemise simple unie et une veste noire cintrée. Et le déhanché harmonieux de tes hanches ? Comment ne pas être hypnotisé par ce mouvement envoûtant ? Dans mes pensées, je ne t'avais jamais imaginé aussi sublime, je dois dire que la réalité n'était pas décevante sur ce coup-là.

Je l'avoue, dès que je t'ai vu, j'ai de suite eu une poussée de désir envers toi, j'avais envie que tu sois mien. Je ne pense pas qu'il s'agissait là "d'amour", ni même de "coup de foudre" – même si, au début, c'est ce que j'avais naïvement pensé - mais uniquement un désir qui ne demandait qu'à être comblé. En réalité, l'amour est venu plus tard, mais il fut si violent, farouche et égoïste entre nous que je ne suis pas encore sûr que "amour" soit un mot convenable. A ce moment-là, je fus néanmoins tellement honteux de mes pensées, qui étaient tout à fait ignobles vis-à-vis de Luffy, que je baissai immédiatement la tête. N'écoutant que vaguement les présentations de Luffy, je fus très surpris en voyant ta main blanche se tendre vers moi. Pendant un certain temps, je ne réagis pas, admirant la finesse de tes doigts, la délicatesse de ta peau, et une nouvelle idée saugrenue s'insinua dans mon esprit sur tout ce que tu pourrais faire de tes mains. De nouveau, je me maudis d'avoir de telles idées vis-à-vis de l'amant de mon ami et, ne pouvant faire face stoïquement, je ne répondis pas au geste amical du blond qui l'interpréta sûrement mal, tout comme le reste de mes amis. Ma gène étant à son comble, je pris le parti de fuir courageusement et fis demi-tour comme si de rien n'était. Je me souviens encore du cri de Luffy me sommant de revenir et, implicitement, de lui donner quelques explications.

Durant le cours de philo, Luffy tenta de m'extirper des justifications de mon comportement, que je ne pouvais lui donner. Comment lui expliquer que je ressentais beaucoup de désir envers SON petit-ami ? Cela ne se faisait certainement pas. Et, surtout, je ne voulais pas risquer de perdre mon meilleur ami pour ces semblants de sentiments. Je me résolus donc à me taire, laissant mon ami dans l'incompréhension la plus totale. Seul problème dans mon plan de mutisme: à la fin de la journée, Luffy vint me trouver (je n'avais pas réussit à l'éviter), la mine triste, pour me demander si je détestais son amant, si quelque chose chez lui me révulsait. Je ne pouvais tout simplement pas lui dire la vérité, j'avais bien essayé de m'obstiner dans mon silence, mais les yeux attristés de Luffy, façon cocker battu, me firent changer d'avis, je lui sortis donc un mensonge créé de toute pièces :

- Non Luffy, ce n'est pas ça. La vérité c'est qu'il me fait penser à une personne que je n'apprécie pas. Je suis désolé, sans le vouloir j'ai mis les deux en parallèle. C'est stupide mais je n'ai pas pu m'empêcher. Je te rassure, ça n'a rien avoir avec ton petit ami. Il m'a l'air très gentil.

- Alors, tu es d'accord pour le revoir et lui parler un peu ? Je demande ça parce qu'il pense sincèrement que tu lui en veux pour quelque chose, je pense qu'il vaudrait mieux que vous puissiez vous expliquer tous les deux, proposa mon ami, un grand sourire plaqué sur les lèvres.

Celle-là, je ne l'avais pas vue venir, moi qui pensais naïvement qu'il me laisserait tranquille après cette fausse déclaration.

- Euh, bien sûr, oui c'est...sûrement la meilleure chose à faire.

- Super, je te propose qu'on se voit samedi tous les trois, et puis on aura qu'à se faire un ciné. Y a Hunger games qui sort cette semaine, il a l'air pas mal. En fait, ça parle d'un jeu télévisé qui prend le nom du film et qui consiste à prendre des enfants de...

Je ne l'écoutais déjà plus, l'idée de revoir l'autre et de sortir en ville avec lui ne me rassurait pas du tout et mon cœur ne voulait pas m'écouter quand je lui ordonnais de battre moins vite à l'idée de cette rencontre. Des tonnes de questions m'assaillaient la tête sur comment faire, que dire, quelle excuse je devrais trouver pour annuler cette sortie, comment allais-je réagir à l'encontre du blond si je ne réussissais pas à annuler, etc...

- Eh Zorro, tu m'écoutes oui ? S'exclama-t-il, puis voyant que je tournais la tête vers lui... Je disais donc, dans le 12ème district ils avaient choisis Primerose au départ, mais tu vois y a sa sœur Katniss qui ...

- Samedi tu as dis ? Ah, je suis désolé, je suis pris ce jour-là, dis-je rapidement en l'interrompant dans sa tirade.

C'est ce qu'on peut appeler la réponse du lâche, j'avais pas réfléchi à plus élaboré comme mensonge. A ma décharge, je n'avais pas l'habitude de mentir à mon meilleur ami.

- Ah bon, quoi donc ?

Et celle-là, celle du curieux...

- Euh... une présentation de kendo ! Inventai-je rapidement. Il se trouve que le club recrute, enfin, essaye d'avoir de nouveaux élèves, et donc ils ont décidé de faire une présentation de kendo au public, pour attirer des gens quoi, de plus cela pourrait nous rapporter des fonds car le club espère trouver des sponsors grâce à cette journée.

- Mais on pourra venir te voir alors ! Ca serait génial que Sanji puisse voir ça, t'es tellement cool quand tu fais du kendo.

OK, c'était pas le bon mensonge à utiliser.

Je bredouillai à Luffy une excuse comme quoi le fait de les y voir me déconcentrerait et me perturberait durant la prestation et que, par conséquent, je préférais qu'ils ne viennent pas. Luffy, toujours compréhensif, me proposa de nous voir après la présentation, ce à quoi je répondis que je serais trop fatigué pour vouloir sortir ou quoique ce soit d'autre. Au final, j'obtins un répit jusqu'à la semaine suivante, du fait qu'aucun de nous deux ne puisse sortir en semaine, volonté parentale oblige, ce dont je les remerciai grandement pour une fois. C'était déjà ça de pris, pour trouver une autre excuse foireuse.

Je passai le samedi matin tranquille, assis dans mon fauteuil à regarder les quelques émissions pas trop ennuyeuses diffusées à la télé, quand je fus dérangé par ma mère qui me demandait d'aller faire des courses pour le repas de midi. Ne pouvant me dérober de cette obligation, j'enfilai un pantalon, un débardeur blanc et une veste noire souple, récupérai en maugréant l'argent que me tendait ma mère et partis à pied au supermarché du coin.

En choisissant mes légumes, j'entendis une voix au timbre grave prononcer mon nom. Le temps de me dire que je ne connaissais pas cette voix, je me retournai. Très sincèrement, je faillis avoir une crise cardiaque en voyant que mon interlocuteur n'était autre que la personne que je ne désirais PAS rencontrer. Non pas qu'il me déplaisait , bien au contraire. Effectivement, le blond aux yeux toujours aussi profonds se tenait face à moi.

- Ah, je me disais bien que je t'avais reconnu. Euh, je...bah en fait, je t'ai vu et j'ai voulu te parler. Euh, je ne veux pas t'embêter hein, c'est juste que...

Sa mine timide associée à son sourire gêné me retourna le cœur le temps de quelques instants. Le jeune homme était tout simplement adorable avec ses yeux baissés et le voile doré léger qui les recouvrait. Très vite, il reprit contenance et redressa fièrement la tête vers moi, changement brusque qui me surprit fortement.

- Voilà, Luffy m'a dit que tu m'avais ignoré lundi parce que je te fais penser à quelqu'un que tu n'aimes pas, annonça-t-il clairement, mais je ne suis pas cette personne. Zorro, j'aimerais qu'on fasse connaissance, mais pas sur de mauvais souvenirs. Alors, je recommence : je m'appelle Sanji et je suis enchanté de te connaître. Luffy m'a énormément parlé de toi, tu es pour lui son meilleur ami et c'est pourquoi j'espère que l'on s'entendra bien dans l'avenir.

Je ne pouvais tout de même pas l'ignorer une seconde fois, je répondis donc à sa présentation, mais de manière bien moins assurée que lui. Nous parlâmes du pourquoi nous étions là, conversation banale pour ainsi dire, j'appris d'ailleurs à cette occasion que Sanji vivait presque à deux pas de chez moi. Après quoi, le blond remarqua mes légumes judicieusement choisis pour me signaler que je les avais mal choisis.

- Regarde, tes tomates sont bien trop vertes pour un plat qui doit être préparé pour ce midi, tu devrais plutôt prendre celles-ci, et tu vois pour les poivrons, en fait...

Sanji continua de m'expliquer la meilleure manière de choisir les légumes en fonction des circonstances, et au fur de ses explications il se rapprocha doucement de moi, tellement il était pris dans son "travail de conseilleur en produits frais", me tendant régulièrement des tomates, ou des salades en fonction de ses dires, mais je perdis rapidement le fil de ses mots pour ne me concentrer -malgré moi- plus que sur son corps qui se rapprochait lentement me plongeant dans une certaine torpeur. A un moment, voyant que je ne l'écoutais plus, il me toucha le bras histoire de me reconnecter à la réalité, ce geste me fit avoir une réaction démesurée se traduisant par un brusque écart de sa personne, je me sentais électrisé par ce simple contact. Le blond enleva rapidement sa main de mon bras comme blessé. Par la suite, je m'excusai de deux choses : de l'avoir repoussé si violemment et de ne pas l'avoir écouté. Il ne s'en offusqua pas et m'accorda même que ses explications devenaient souvent ennuyeuses pour les autres. Je ne répondis rien à cela, non pas que je fus en accord avec lui mais surtout pour ne pas avoir à expliquer que ce n'était pas ses conseils sur les légumes qui m'avaient fortement déconcentré mais une toute autre chose, comme son torse qui était posé contre mon dos quand il me tendait des navets, me laissant deviner la finesse de sa silhouette.

En passant au niveau des CDs, je me dirigeai inconsciemment vers les disques de rock afin de voir quelles nouveautés m'attendaient, voyant que j'appréciais le genre, Sanji me lança sur ce sujet qui continua jusqu'à notre arrivée en caisse. J'avoue sans mentir que j'ai particulièrement aimé cette discussion entre nous sur un sujet qui me passionnait tant. A la fin de cette corvée pour ma mère qui, en la compagnie du blond, n'en était plus une, Sanji me proposa de prendre un verre quelques minutes. J'avoue que mon esprit fut fortement tiraillé à cet instant précis . J'avais réellement envie de prendre un verre avec lui et de continuer à discuter, mais en même temps une petite voix dans ma tête exigeait que je parte au plus vite car un désir contenu envers lui se pressait dans mon corps. Fort heureusement pour moi, c'est cette dernière qui remporta la partie et, prétextant que ma mère avait très vite besoin de moi, je partis loin de cet être qui m'attirait irrémédiablement.

La personne qui m'avait mis au monde fut grandement étonnée quand je rentrai, tout d'abord pour l'air rouge et essoufflé que j'arborais mais surtout parce que, pour une fois, j'avais très bien choisi mes légumes.

L'après midi, n'ayant rien de particulier à faire, je décidai de dormir tout simplement, de toute façon je ne pouvais pas sortir, de peur de tomber sur le blond ou Luffy. Le problème se présenta quand je commençai à fermer les yeux. Dès que mes paupières s'affaissaient, la silhouette et le visage du blond m'apparaissaient. Mon cerveau retraçait sans aucune difficulté les traits fins et clairs, la bouche rosée, les yeux océans et le soleil éclatant des cheveux du blond. Il parait ensuite ce personnage de mimiques allant du sourire timide au regard aguicheur en passant par la bouche qui appelait aux baisers. En continuant ce manège, mon organe de réflexion mit en scène un blond qui se déshabillait au rythme d'une musique inexistante sous mes yeux, se déhanchait entre mes jambes pour finir entièrement nu contre mon corps. La suite logique à cela nous entraina dans de folles étreintes fantasmagoriques qui se traduisirent dans la réalité par une forte réaction au niveau de mon entre-jambe. La douleur de cette envie fut telle que je n'eus d'autre choix que de me servir de ma main pour évacuer la tension. C'est ensuite, honteux, que j'allai me laver dans la salle de bain. Comment pouvais-je avoir de telles envies vis-à-vis du copain de Luffy, de son PREMIER amour ? C'était tout bonnement inadmissible !

Il fallait que je trouve une solution pour palier à cette ignominie. Peut-être que cette attirance pour le blondinet était due au fait que j'étais seul et que des besoins naturels se montraient après tant d'abstinence. Il est vrai que cela faisait trois bons mois que je n'avais pas eu de relations sexuelles avec un autre homme. Jusqu'à présent, cela ne s'était pas trop fait remarquer dans mon corps, c'était sûrement de voir mon meilleur ami avec un amant qui avait réveillé de tels désirs en moi. Oui, ça ne pouvait être que cela, il fallait que ce soit cela. Car ça signifierait que je n'étais PAS attiré par le blond mais juste en manque. Et que le problème serait rapidement résolu. Pitié, faites que ce soit cela !

Pour vérifier cette théorie, il n'y avait qu'une seule et unique solution. Il fallait que je me trouve quelqu'un, non pas forcément pour rester ensemble, juste pour évacuer certaines exigences sexuelles. Je n'avais pas l'habitude de faire une telle chose, pour ainsi dire je respectais trop les autres pour ne vouloir qu'une seule nuit en leur compagnie, mais là je n'avais pas le choix. Au nom de la science et de mon amitié envers Luffy, je devais confirmer mon hypothèse salvatrice.

C'est avec cette résolution en tête que je partis en boîte le soir-même.

Pour l'occasion, je me vêtu d'un jean straight qui moulait particulièrement mon fessier dont je n'étais pas peu fier, de fines tennis noires, d'un tee-shirt col en V blanc et d'une veste cintrée noire pour une allure décontractée qui restait classe. J'agrémentai cette tenue d'une chaîne en argent autour de mon cou et de ma gourmette au poignet pour un effet plus tape à l'œil. Pour finir, je coiffai mes cheveux à l'aide d'un pot de gel, histoire de redonner un peu de volume à mes cheveux. J'enfournai mes sous dans ma poche arrière et partis en direction du Drunken Night*. Dans cette ville imposante, il s'agissait de la discothèque la plus connue et la plus appréciée pour plusieurs raisons : la décoration était superbe dans un style rétro élégant, aux couleurs rouge et noir de la passion et du désir, le Dj diffusait les dernières tendances telles que International Love de Pitbull (feat Chris Brown), Party Rock de LMFAO et tous autres chanteurs en vogue, l'alcool y coulait à foison, chaque personne était bien habillée sans pour autant se prétendre mieux que les autres, conférant ainsi à cette salle une ambiance très agréable. Bref, c'était LA discothèque la plus cotée de la ville qui laissait ses conquérants avec bien peu de clients.

En m'approchant de la boîte, j'entendais déjà les bruits sourds des basses de la salle et je me sentis rapidement imprégné de l'ambiance. En entrant, la musique sonna clairement dans ma tête, les basses résonnant en moi dans le but d'annihiler toute forme de pensée. J'adorais le sentiment d'exaltation que je ressentais à l'instant où je pénétrais dans la boîte, que la musique m'assaillait les oreilles, que je voyais les gens se presser à la billetterie pour acheter leur entrée, que j'entendais les rires des personnes qui m'entouraient, mon cœur battant au rythme des basses, et l'idée de passer une bonne soirée. C'est simple, j'adorais sortir en boîte, j'adorais l'ambiance qui y régnait, de danser avec d'autres personnes que ce soit filles ou garçons et de goûter aux liquides alcoolisés.

Généralement, à première vue, personne ne se doutait de mon adoration pour ces soirées, on me pensait plus du genre enfermé chez moi, surtout quand on savait que j'étais un sacré dormeur, à écouter de la musique en m'entraînant au kendo. Mon envie de devenir le meilleur dans cette discipline ne m'avait jamais passé, je la ressentais toujours comme une promesse faite à Kuina. Mais le fait de sortir danser me procurait une telle joie. J'aimais qu'un corps se presse contre le mien dans la foule qui régnait alors, sans ressentir pour autant un désir envers cette personne, j'aimais juste danser, mais pas seul.

Après avoir passé l'accueil et déposé ma veste, j'entrai dans la salle de la boîte où mon regard fut vite attiré par les silhouettes qui se déhanchaient sur la piste au rythme de Good Feeling de Flo Rida, j'essayai de juger dans cette masse de gens de potentiels amants pour cette nuit. Même si je n'avais pas l'habitude de recourir à la pratique du coup d'un soir, je savais très bien comment draguer une personne et lui donner envie de moi, je savais donc très bien comment faire venir un homme dans mon lit. Le problème ne se posait pas là, il fallait juste que j'en trouve un qui me plaise.

Je commençai la fête en allant me chercher un bon verre de whiskey-coca, rien de mieux qu'une gorgée du liquide ambré pour se mettre dans un climat gai. J'avalai ma boisson d'un trait et me levai pour me diriger vers la piste. De là, tel un mouton, je suivis l'agitation de la foule et amorçai des mouvements de hanches. Plus rapidement que je ne l'avais pensé, un homme se colla à mon dos, bougeant ses hanches en cadence avec les miennes, j'acceptai gracieusement la danse. A la fin, je me retournai afin de voir à quoi ressemblait mon coéquipier, la vue ne me déplut pas. L'individu était grand, brun aux yeux sombres, de puissants muscles se dessinaient sous son Marcel, il abordait un petit sourire en coin en me dévisageant, sûrement que je ne lui déplaisais pas. J'aurais bien essayé de regarder plus bas et plus dans son dos mais les danseurs autour de nous limitaient chacun de nos gestes. Le bel éphèbe me proposa de boire un verre ce que j'acceptai sans hésitation. En parlant avec lui, il se révéla que son caractère me déplut, il était trop vaniteux et bien trop sûr de lui. Ce genre d'état d'esprit ne me donnait qu'une seule envie : le faire tomber de son pied d'estale. L'homme croyait pouvoir se taper qui il voulait, je lui prouvai le contraire en refusant toutes les propositions qu'il me fit et en partant vite trouver meilleure compagnie.

Mon second danseur se trouva être une danseuse qui, poussée par ses amies, me demanda de danser avec elle, ce que je lui accordai facilement. Même si j'étais cent pour cent gay, danser avec une fille ne m'avait jamais répugné. Bien au contraire, j'aimais bien bouger avec elles, une fille se laissait toujours guider tandis qu'avec un homme chacun essayait de prendre le contrôle de la danse, ce qui à la fin relevait plus du combat qu'autre chose. C'était pour ainsi dire reposant de danser avec ces êtres, le seul inconvénient que je pouvais y trouver était leur manie de coller leur poitrine contre mon torse.

La soirée se poursuivit par plusieurs danses avec toutes sortes de personnes, autant hommes que femmes, je pouvais dire sans mentir ni me vanter que j'avais du succès, mais personne ne me convenait vraiment et il était déjà quatre heure du matin. La boîte fermerait donc deux heures plus tard, je commençai à penser que je ne trouverai personne pour partager ma nuit quand un jus non identifié atterrit dans mes cheveux. Je me relevai brusquement en poussant un cri , comme si j'avais été brûlé et me retournai vers la source du fluide. En face de moi se tenait un rouquin de mon âge environ, aux yeux étranges, d'un bleu-vert que je n'avais jamais vu auparavant, il tenait à la main un verre qui avait sûrement été plein avant que la moitié n'atterrisse sur ma tête. A l'odeur, je devinai que le liquide était en fait de la vodka, chose qui m'énerva profondément. Alors non seulement je n'avais pas trouvé chaussure à mon pied, mais en plus un abruti me renversait un digestif sur la tête, c'était le comble de la soirée !

J'allais l'engueuler bien comme il faut, quand brusquement toute ma frustration accumulée se mit à remonter dans ma tête : ce blond que je désirais mais que je ne pouvais avoir, ma honte envers Luffy, le fait de n'avoir trouvé personne durant cette soirée, de m'être fait dragué par un prétentieux petit c**, qu'on renverse un verre sur ma tête... Incapable de raisonner convenablement ni même de penser à ce que je faisais, je fondis sur ses lèvres. Le plus troublant à cela était que je ne voyais pas le rouquin en face de moi, mais le blond. J'embrassais farouchement les douces lèvres de Sanji, je glissais ma main dans ses cheveux or, à la limite de les lui tirer, je caressais et griffais en même temps la fine joue de l'objet de mes désirs, je goutais à sa langue et la dévorais goulûment. Et il me répondait, aussi fougueusement que moi. Son torse se colla contre le mien, ses mains glissèrent sous mon tee-shirt. Il était mû par le même désir que moi, aussi longtemps que je fermais les yeux.

Hélas, j'eus le malheur de les rouvrir. Sanji disparu pour laisser place à un roux que je ne connaissais pas, qui n'était pas laid, même beau, mais que je ne voulais pas connaître ni glisser dans mon lit. Et ce même si mon sexe me faisait souffrir du fantasme que je venais d'imaginer. Aussi vite que je le pu, je m'écartai de lui et partis sans plus de préambule. Sincèrement, j'étais troublé par mon comportement. Mes sentiments s'avéraient confus, je ressentais de la frustration, de la honte, du désir, une certaine hébétude, de l'énervement et de la lassitude, j'avais l'impression que mon cœur se serrait, que ma respiration s'alourdissait. Je rentrai, fatigué par mes émotions, et m'endormais aussitôt d'un sommeil sans rêve.

Le lendemain, je me réveillai avec un sentiment de malaise. J'avais l'impression que les choses ne s'arrangeraient pas mais, surtout, je détestais m'avouer que seul le blond m'attirait. Que je ne désirais que lui. Évidemment, je devais brider mes sentiments et n'en rien laisser paraître. Je ne pouvais quand même pas faire de peine à mon meilleur ami, depuis le temps qu'il me soutenait à chaque fois que je me sentais triste, qu'il me faisait rire et me rendait heureux et surtout, chose qui comptait le plus pour moi, qu'il me consolait à chaque date anniversaire de Kuina et m'encourageait à chaque compétition de kendo. Mais... j'avais du mal, beaucoup de mal, à ne pas penser à Sanji.

Ce matin-là, je restai dans mon lit, non pas pour m'adonner à des cochonneries, juste pour méditer sur ma situation, mon état d'esprit. Je passai tellement de temps dans mes pensées que j'en oubliai de me lever. Si bien qu'à l'heure du déjeuner, ma mère fut très surprise de me voir sagement allongé dans mon lit, immobile, les yeux ouverts mais le regard vide, la tête dans les nuages. A son cri, je compris bien vite qu'elle m'avait cru évanoui et me redressai instantanément pour la rassurer.

- Oh, bon sang Zoro ! Tu m'as fait peur, j'ai cru que... que...

- Ce n'est rien Mam', j'étais juste dans mes pensées.

- Dis-moi, c'est rare de te voir si calme, ou du moins pas quand tu n'es pas devant la télé, il se passe quelque chose... dont tu voudrais me parler ?

- Non Mam', c'est rien. Hum je suis préoccupé par... par le bac blanc qui débute la semaine prochaine. C'est que... c'est quasiment les seules notes du deuxième trimestre donc...

- ... Si tu le dis mon fils. Bon en attendant : A TABLE !

Ah ! Fin de chapitre de m**** hein ? Mais j'avoue que ça m'a amusé de couper là ^^, je plaide coupable... En espérant que ça vous a tout de même plu. Laissez des reviews please ." .
(avoue Low', t'avais faim quand t'as écrit cette fin de chap' x'P )