Auteur : sesheta_66

Ecrit pour : _hibiscus

Traduction : ReachingforHeaven

Titre : A Time to Move On

Résumé : Tentant de mettre la guerre et leurs blessures toujours à vif derrière eux, les élèves de Poudlard essaient de découvrir ce que leur réserve l'avenir - et peut-être de retrouver au passage un peu de leur enfance perdue.

Rating : PG-13/PG-15

Prend l'épilogue en compte ? Le tome 7 est pris en compte, jusqu'à la fin de la bataille. Ne suit pas l'épilogue.

Note de la traductrice : Hello there ! Je sais, ça fait longtemps. Depuis, euh - Noël ? … So, sorry d'avoir mis autant de temps à revenir (surtout que je n'ai pas répondu aux reviews ni aux MP depuis un bon moment, ah ah), mais j'ai eu un certain nombre de problèmes médicaux, sans parler du fait que j'ai découvert/redécouvert une foule de fandoms géniaux et fantastiques et merveilleux et totally awesome : Sherlock (la série de la BBC), Doctor Who,Torchwood… Breeef ! Me revoilà avec une nouvelle traduction ! Il s'agit d'un one-shot, mais étant donné que la VF fait environ 20 000 mots, je pense la publier en quatre chapitres, à raison d'un tous les deux jours. Merci à mon adorable beta-reader, qui comme à son habitude m'a bien aidée, et merci à vous, lectrices et lecteurs ! J'espère que cette traduction vous plaira !

(And now je vais aller répondre à tous les messages que j'ai reçus. Lalala ~)


A Time to Move On


2 mai 1998


Harry, Ron et Hermione quittèrent le bureau de la Directrice - Ron marmonnait toujours quelque chose au sujet de la Baguette de Sureau.

« Partez devant, tous les deux », dit Harry à ses deux amis. « Il y a quelque chose que j'aimerais faire. »

« Mais c'était ton idée de retourner d'abord à la tour de Gryffondor », fit remarquer Ron. Il avait encore l'air assez choqué - l'une des raisons pour lesquelles Harry voulait retourner le plus vite possible dans leurs dortoirs, afin de se reposer. Il pensait que Ron aurait besoin d'un peu de temps pour enregistrer tout ce qui venait de se passer avant d'avoir à faire face à…

« On va venir avec toi », suggéra Hermione.

« Non ! Je veux dire… Je n'en ai que pour quelques minutes. Je vous retrouve dans la salle commune. »

Déterminé, Harry s'éloigna dans le couloir, tout en se préparant à devoir affronter une fois de plus la foule qui l'attendait. Il avait désespérément besoin de dormir, il voulait être seul, mais il craignait de ne jamais plus avoir l'occasion de faire ce qu'il souhaitait faire. Il craignait qu'ils ne partent avant qu'il ne puisse leur parler. Etrange, comme idée. Il avait toujours su que d'autres l'aideraient à accomplir sa tâche - il ne s'était juste pas attendu à ce que… eh bien. Il se devait de leur dire au moins quelque chose.

Harry atteignit finalement la Grande Salle. Ils étaient là, toujours au même endroit que lorsqu'il avait quitté le hall un peu plus tôt. Sa décision prise, Harry se dirigea droit vers les Malfoy.

« Malfoy. » Il jeta un coup d'œil à l'autre adolescent qui, comme lui, avait l'expression de quelqu'un qui en a vu beaucoup trop, à un âge bien trop jeune. « Est-ce qu'on pourrait discuter ? »

« Vous êtes ici pour nous enfoncer, Potter ? » cracha Lucius dans sa direction. « Comme si cela ne suffisait pas que nous soyons déjà - »

« Lucius ! » l'interrompit Narcissa Malfoy. Harry continua de les regarder tous les trois ; leur fils sembla se voûter un peu, comme s'il espérait que le sol s'ouvre sous ses pieds et qu'il puisse disparaître.

« Peut-être qu'on devrait discuter un autre jour », fit-il en s'adressant à Draco. Un léger hochement de tête fut la seule réponse qu'il réussit à obtenir.

Se retournant vers Lucius, Harry fit de son mieux pour ne pas faire exactement ce que l'autre homme attendait de lui, même si c'était on ne peut plus tentant. « Lucius », dit-il, remarquant à sa grande satisfaction que son interlocuteur avait lui aussi noté la familiarité avec laquelle il s'adressait à lui. « Je n'ai aucune envie de vous enfoncer, comme vous le suggérez. Je suis sûr qu'il y aura suffisamment de temps - et suffisamment de gens - pour s'en occuper dans un futur proche. Je n'ai pas l'intention d'en faire partie. »

Lucius plissa les yeux, comme s'il voulait le jauger. « L'avenir nous le dira, Mr Potter. »

« En effet. »

Il se tourna vers Narcissa. « Mrs Malfoy, je voulais vous dire - »

Ses yeux écarquillés lui indiquèrent de s'interrompre. Oh. Elle n'avait visiblement pas parlé à son mari et à son fils de ce qu'elle avait fait. Elle n'avait pas dû leur dire que ce n'était pas une erreur, dans la Forêt interdite. Très bien.

« Je voulais vous dire - je vous ai mal jugée. »

Une sorte de panique déforma ses traits pendant un court instant ; mais quand son mari se retourna vers elle, elle avait retrouvé son attitude calme et sereine.

« Il est clair pour moi que vous aimez beaucoup votre fils. Je… pas que mon opinion ait une grande importance pour vous, mais… eh bien, je pense que Draco a de la chance de vous avoir. »

Les trois Malfoy le regardèrent, bouche bée. L'expression de choc de Lucius se transforma bientôt en incrédulité méfiante - ce qui n'était pas vraiment une surprise, bien sûr. Draco baissa les yeux. Qui pouvait bien deviner ce à quoi il pensait en cet instant ? Narcissa eut un sourire. Harry réalisa que c'était la première fois qu'il la voyait réellement sourire ; cette expression lui allait bien. Elle devrait songer à l'adopter plus souvent. Cela dit, étant donné qu'elle vivait avec Lucius…

« Merci », dit-elle. « En effet, j'aime beaucoup mon fils. » Elle fixa Harry droit dans les yeux, soutenant son regard pendant un moment avant de continuer. « Et je suis sûre que votre mère vous aimait. »

Eh bien. C'était au tour de Harry d'être surpris.

Ne voulant pas laisser l'émotion l'empêcher de continuer, il se tourna vers Draco. « Je t'enverrai un hibou. »

Alors que Harry quittait la Grande Salle, il vit que Ron n'était pas allé dans la salle commune, mais l'attendait au contraire juste à côté de la grande porte d'entrée. Il s'appuyait contre le mur, comme s'il avait besoin d'un soutien tangible pour ne pas s'effondrer - à cause de la peur, de l'angoisse ou de la fatigue, Harry n'aurait su le dire. Il supposait qu'il s'agissait d'un peu des trois, et les pierres du mur était tout ce qui lui permettait de rester debout.

« Qu'est-ce que tu faisais ? » demanda son ami.

« Rien. Je voulais juste parler à Malfoy, c'est tout. »

Ron prit une expression irritée. « De quoi est-ce que tu avais besoin de parler avec la fouine ? »

Intérieurement, Harry ne put s'empêcher de soupirer. Il s'agissait précisément de la dispute qu'il avait voulu éviter. Comment pourrait-il expliquer à Ron ce qu'il pensait ? Comment pourrait-il décrire ce que cela faisait, de mourir ? Ce que c'était d'accepter la fin de sa propre vie, juste avant d'être à nouveau replongé en plein milieu d'une guerre. De vouloir désespérément la paix que, même si cela n'avait été que pendant un fugace instant, la mort lui avait apportée. Il ne voulait pas mourir, mais… il ne pouvait pas se contenter de recommencer à vivre de la même façon qu'avant.

« Ron, laisse tomber, d'accord ? C'est fini. La guerre, les Mangemorts, tout est fini. Est-ce qu'on ne peut pas juste - », il fit un brusque geste de la main, « - je ne sais pas. Aller de l'avant ? »

Ron serra la mâchoire et se pencha vers lui. « Aller de l'avant ? » siffla-t-il, l'air clairement incrédule. « Mon frère est mort. » Il indiqua d'un geste violent sa famille en deuil et le cadavre de son frère - le cadavre de Fred. « Au cas où tu n'aurais pas remarqué. Il n'est même pas encore dans sa tombe, et tu veux que j'aille de l'avant ? »

« Désolé, vieux. J'ai été un peu… insensible. »

« Bordel, ouais ! » s'énerva Ron, le visage écarlate.

« Mais… eh bien… juste, je… je sais pas. Je suis fatigué, Ron. Tu n'es pas fatigué, toi ? » Il regarda le visage accablé de son meilleur ami, souhaitant de toutes ses forces qu'il le comprenne. « Je suis fatigué de tout ça. Juste, je… je veux… Je ne sais pas ce que je veux. Tout ce que je sais, c'est que je ne veux pas revenir à la vie que j'avais avant. Plus jamais. … Je sais que Fred est mort, mais on ne peut rien y changer. Comme pour Remus et Tonks et… tous ces gens. » Harry se passa les mains sur le visage, clignant des yeux pour essayer de refouler le picotement des larmes qui menaçaient de couler. « Je veux juste regarder en avant, pas en arrière. »

Il jeta un coup d'œil au visage de Ron, qui n'avait pas l'air d'avoir changé d'avis. « Je veux juste… » Sa voix s'évanouit alors qu'il abandonnait l'idée de trouver les mots dont il avait besoin. Il se demanda brièvement si, lorsqu'il avait frôlé la mort, son cerveau n'avait pas été dramatiquement endommagé.

Son ami lui jeta un regard noir, puis lança un coup d'œil à sa famille réunie autour du corps de Fred. Il se retourna vers Harry. « Vas-y, tu n'as qu'à faire ça. Moi, je vais aller rejoindre ma famille. »

Le brun regarda son meilleur ami s'éloigner de lui et rejoindre les Weasley. Mrs Weasley le serra si fort dans ses bras que Harry fut surpris de ne pas entendre Ron pousser un cri de protestation. Mr Weasley lui donna une tape dans le dos et dit quelque chose, avant de poser la main sur l'épaule de son fils. Ginny s'effondra contre Ron et ce dernier la serra dans ses bras, passa une main dans ses cheveux. Les autres membres de leur famille restèrent assis, le regard vide, sans un mot, leur choc clairement lisible sur leurs visages. Aucun d'entre eux ne leva les yeux vers Harry.

Même s'il les considérait comme sa famille, Harry savait que ce n'était pas le cas. Il ne pouvait pas pleurer auprès d'eux. Il n'était pas l'un d'entre eux, peu importe combien il voulait désespérément faire partie d'une famille. Sans un mot, il quitta la Grande Salle et le carnage derrière lui. Oubliant le lit qui l'attendait dans la tour de Gryffondor, il ouvrit la double porte d'entrée du seul foyer qu'il avait jamais connu et sortit dans la lumière du jour. Espérant que personne ne le suivrait, Harry transplana à Godric's Hollow, là où tout avait commencé.

Déguisé, tout comme la dernière fois qu'il y était venu, Harry se dirigea vers son ancienne maison. Maintenant, il n'avait plus rien à craindre. Il pouvait prendre son temps. Il pouvait pleurer ses parents et sa vie perdue, ce qu'il n'avait encore jamais fait.

Le cottage était toujours là, exactement semblable à ce qu'il avait été plusieurs mois auparavant - en partie effondré et envahi par le lierre, toute l'aile droite du premier étage complètement détruite. Il n'y avait pas de neige cette fois, et il pouvait voir complètement l'étendue des dégâts. Hermione avait eu raison ; la maison n'avait pas l'air très sûre. Mais Harry devait y rentrer, même si c'était uniquement pour dire au revoir.

Lorsqu'il poussa le portail rouillé, un panneau s'éleva une fois de plus du sol.

En ce lieu, dans la nuit du 31 octobre 1981, Lily et James Potter perdirent la vie. Leur fils, Harry, demeure le seul sorcier qui n'ait jamais survécu au sortilège de la Mort. Cette maison, invisible aux Moldus, a été laissée dans son état de ruine comme un monument à la mémoire des Potter et pour rappeler la violence qui a déchiré cette famille.

~ Deathly Hallows, Chapitre 17, Le secret de Bathilda.


7 mai 1998


« Alors, de quoi est-ce que tu voulais me parler, Potter ? »

Harry leva les yeux de la table. Il n'avait pas vu Malfoy entrer au Chaudron Baveur. « Assieds-toi. »

Son interlocuteur fronça les sourcils. « Et pourquoi ? »

« Pour qu'on puisse avoir une conversation civilisée sans que tu ne fasses une scène, en restant debout là à me fixer, l'air furieux. »

Malfoy jeta un coup d'œil autour de lui. Bien entendu, des gens avaient commencé à le suivre des yeux. Il leur jeta un regard noir avant de s'asseoir. « Voilà. Je suis assis. Qu'est-ce que tu veux ? »

« Je pense que je vais prendre une tourte à la viande, en fait. »

« Tu veux manger ? » Malfoy avait l'air incrédule. « D'abord tu suggères qu'on ait une conversation civilisée - et je me dois te faire remarquer qu'il s'agit de quelque chose qu'en sept ans, nous n'avons jamais réussi à faire - et maintenant tu veux qu'on déjeune ensemble ? »

Harry eut un sourire. « Mm-hmm. »

« C'est ridicule ! » Malfoy se leva.

« Rassieds-toi », murmura le brun. « Je voulais de parler, et étant donné que, comme tu l'as fait remarqué, on n'a jamais eu de véritable conversation, toi et moi, j'ai pensé qu'on pourrait essayer en déjeunant ensemble. »

« Très bien. » Malfoy lui jeta un coup d'œil sceptique, mais reprit place sur sa chaise. « Mais pour ton information, ça ne va pas marcher. »

« De quoi ? »

« Je ne te donnerai aucune information qui pourrait aider à faire condamner mon père. »

Harry éclata de rire. « Tu penses que c'est de ça dont il s'agit ? »

« Eh bien… ce n'est pas le cas ? »

La serveuse se présenta pour prendre leurs commandes, laissant à Harry le temps d'assimiler ce que Malfoy venait de lui dire. Quand elle repartit, ils restèrent assis dans un silence inconfortable, chacun évitant de croiser le regard de l'autre.

Après ce qui parut une éternité, Malfoy s'éclaircit la gorge et braqua les yeux sur lui. « Tu disais ? »

Harry remua nerveusement dans sa chaise, essayant de trouver quelle serait la meilleure façon de commencer. Il décida de dire la vérité. « Le Ministère n'a pas vraiment besoin de moi - ou de qui que ce soit, d'ailleurs - pour réunir des preuves contre ton père. Lucius est un Mangemort évadé, et il y avait déjà assez de charges contre lui avec ça pour l'envoyer une première fois à Azkaban. » Harry observa Malfoy avec attention ; ce dernier avait baissé les yeux vers la table, et paraissait assimiler ce qu'il lui disait. « Et au cas où ça t'aurait échappé, le Manoir Malfoy a été utilisé comme quartier général des Mangemorts. »

Malfoy releva brusquement la tête et lui lança un regard noir. « Non, ça ne m'a pas échappé, Potter. » Il avait presque craché ces derniers mots. Son regard était devenu hostile, et ses mains agrippaient le bord de la table avec tant de force que les articulations de ses doigts en étaient presque blanches.

« Merde. » Le brun se passa une main dans les cheveux. « Je suis désolé. »

L'expression de Malfoy devint presque confuse lorsqu'il l'entendit s'excuser. « Quoi ? »

« J'ai dit que j'étais désolé. Je voulais pas… Je n'ai pas pensé… Je n'aurais pas dû dire ça. Bien sûr que tu ne l'as pas oublié. Je t'ai vu… quand Voldemort - » Malfoy tressaillit. « Peu importe. »

« Ecoute, Potter », répondit le blond, ses doigts relâchant leur prise sur la table. « Comme je te l'ai dit, c'était une mauvaise idée. Je vais juste m'en aller - »

Alors qu'il se levait pour partir, Harry lui agrippa le poignet. « Ne t'en va pas. Je suis désolé. On a qu'à essayer encore une fois. Et on ne parlera plus de la guerre. »

Il le relâcha alors que la serveuse revenait avec leurs commandes. Malfoy reprit sa place, et ils commencèrent à manger leur repas en silence. « Donc », fit Harry, jouant avec sa fourchette ; il fallait qu'il essaie au moins de sauver les meubles. « Comment va ta mère ? »

Le blond finit sa bouchée, prit une gorgée d'eau, puis leva les yeux vers lui. « Voyons voir… Il y a quelques jours - seulement vingt-quatre heures après que nous soyons rentrés chez nous - tes grands amis, les Aurors, sont passés nous rendre une petite visite et ont emmené de force à Azkaban l'homme avec lequel elle est mariée depuis vingt ans. A ton avis, comment va-t-elle ? »

« Je suis désolé - »

« Non, c'est faux. Ne fais pas comme si le sort de mon père t'intéressait - »

« Je ne voulais pas… » Harry se passa à nouveau une main dans les cheveux. Rien ne se déroulait comme il l'avait prévu. Enfin, 'prévu' était peut-être un bien grand mot. « S'il y a quoi que ce soit que je puisse faire… si toi ou ta mère, vous avez besoin de quelque chose… »

« Mais pas mon père. »

Harry se raidit visiblement, et il regarda son interlocuteur droit dans les yeux. Malfoy arborait un regard de défi - et lui-même devait présenter une expression semblable. « Non. Pas ton père. »

« Très bien. » Il repoussa son assiette. « Je vais y aller. »

« Attends », dit-il, se penchant à nouveau par-dessus la table pour empêcher Malfoy de se lever. « Accorde-moi encore juste quelque minutes. S'il te plaît. »

Malfoy baissa les yeux vers la main de Harry qui le retenait par le bras. Il se dégagea, mais ne se leva pas pour autant. « S'il te plaît, Potter ? Ca doit être un record. Tu t'es excusé, tu m'as offert ton aide - et à ma mère, aussi -, et tu m'as dit 's'il te plait'. La fin du monde tel que nous le connaissons ne va sûrement pas tarder. »

« Eh bien, le monde qu'on connaissait a disparu tu sais. La guerre est finie. »

« Elle n'est pas finie pour tout le monde. »

« Bien sûr. » Harry n'y avait pas pensé. En fait, il n'avait jamais eu pour habitude de réfléchir avant d'ouvrir la bouche ou de se lancer dans la bataille. Sauf que cette fois… eh bien, sa technique habituelle n'avait pas vraiment l'air de marcher. « Je suis déso- »

« Si tu dis 'je suis désolé' une fois de plus, je vais certainement partir. Moi, vois-tu, je ne suis pas du tout désolé que tu aies gagné la guerre. La mort de Face-de-Serpent me remplit de joie, à vrai dire. Je ne suis pas très heureux de voir comment les choses ont tourné pour ma famille, mais je suppose… » Il lança un regard à Harry et haussa les épaules. « Je suppose que mon père a fait ses propres choix, et il ne peux pas s'attendre à ce que quelqu'un vienne le tirer du bourbier dans lequel il s'est mis tout seul. »

« Merci. »

Malfoy le fixa, incrédule. « Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de Harry Potter ? » Il jeta un coup d'œil à sa montre. « Ca va faire bientôt une heure que je suis là, et tu es arrivé avant moi. Si tu avais pris du Polynectar, les effets se seraient sûrement dissipés maintenant. »

Harry eut un sourire. Un vrai sourire. « C'est vraiment moi, Malfoy. Je suis juste… fatigué. Je suis fatigué d'avoir toujours à me battre. Depuis que j'ai onze ans et que j'ai appris que je suis un sorcier, je - »

« Attends. Attends. Quoi ? Tu as découvert que tu étais un sorcier seulement quand tu avais onze ans ? »

« Tu ne savais pas ? »

Le sourire ironique que lui renvoya Malfoy était presque réconfortant, tant il lui semblait familier.

« Ah oui, c'est vrai - on n'a jamais eu de véritable conversation avant. » Le blond leva les yeux au ciel. « J'ai été élevé par mon oncle et ma tante moldus qui détestaient la magie, et refusaient ne serait-ce que l'on en parle dans leur maison. Ils espéraient que s'ils faisaient comme si de rien était » - ou s'ils me maltraitaient - « je deviendrais normal. »

Malfoy plissa les yeux. Harry ne parvint pas à déterminer s'il était perplexe, incrédule ou irrité.

« Quand ma lettre de Poudlard est arrivée, ils l'ont prise, ils ne voulaient pas que la lise. Pour résumer, Hagrid me l'a remise en main propre et m'a dit que j'étais un sorcier. Le jour de mon onzième anniversaire. »

« Mais… Mais tu ne t'étais jamais douté de quelque chose ? Il n'y a jamais eu de phénomènes magiques intempestifs quand tu étais enfant ? »

« Je suppose que si. Mais seulement si j'étais particulièrement en colère, bouleversé ou effrayé. J'avais des ennuis à chaque fois, mais je ne savais pas pourquoi. Je ne réalisais pas que c'était à cause de moi que ce genre de choses arrivait. »

« Pourquoi est-ce que tu n'as jamais demandé d'explications ? »

« Je n'avais pas le droit. » Harry commençait à se sentir vraiment mal à l'aise. Comment en était-il arrivé à parler de ce sujet ? « Bref, mon but n'était pas de te raconter mon enfance. Je voulais juste te dire que depuis que j'ai appris que j'étais un sorcier, j'ai dû me battre. Me battre contre Voldemort, me battre contre la Gazette, me battre contre le Ministère… Me battre contre toi. »

Malfoy avait l'air irrité, comme s'il lui en voulait d'avoir changé de sujet - comme si le passé de Harry l'intéressait vraiment.

« Comme je te l'ai dit, je suis fatigué, Malfoy. Fatigué d'avoir à me battre. Fatigué d'avoir toujours à penser à la prochaine bataille. Je suis… eh bien, j'ai décidé que j'en avais fini avec tout ça. »

Le blond éclata de rire. Harry en fut stupéfait. Il n'avait jamais vu Malfoy rire sincèrement depuis qu'il le connaissait.

« Toi ? » dit-il, toujours hilare. « Tu n'auras jamais fini de te battre, Potter. » Il essuya une larme. Harry n'était pas vraiment sûr de comprendre ce qu'il y avait de si drôle.

« Dis-moi… qu'est-ce que tu as l'intention de faire de ta vie ? »

Harry fronça les sourcils. « Je vais probablement devenir Auror. »

Malfoy s'éclaircit la gorge, et se força à prendre une expression faussement sérieuse. « Bien sûr. Un métier très tranquille. »

Harry ne put retenir un sourire. Il sentit également le rouge lui monter aux joues. « Ferme-la. »

« Oooh. Quelle répartie impressionnante. »

Le brun leva les yeux au ciel. « D'accord. Laisse-moi reformuler. Je suis fatigué d'avoir à me battre tout le temps. Il est possible que ça finisse par faire partie de mon travail, mais j'aimerais bien… je sais pas… juste profiter de la vie pendant un moment. »

« Et tu voudrais commencer avec moi ? »

« Pourquoi pas ? »

« Parce que c'est ton boulot, Potter, que tu le veuilles ou non. »

« Mon boulot ? Tu veux dire, me battre contre toi ? »

« Te battre contre les méchants. »

« Tu ne fais pas partie des méchants. »

« Si. »

« Plus maintenant », argumenta Harry. Ses pensées se tournèrent vers les images du visage de Malfoy - vues au travers des yeux de Voldemort - alors qu'il était forcé de torturer des innocents. Il dévisagea avec attention le jeune homme assis en face de lui, et réalisa quelque chose qui le surprit. « En fait, je ne sais pas si tu en as fait partie un jour. »

« Là, tu te montres juste stupide. »

« Peu importe. Je sais ce que j'ai vu. »

« Qu'est-ce que tu veux dire par ce que tu as vu ? »

Maintenant qu'ils réussissaient à parler, Harry ne voulait pas s'engager dans une discussion au sujet de la guerre. « Je t'en parlerai un autre jour. »

Il fouilla dans une poche de sa cape et en sortit un petit paquet, ignorant le tressaillement qu'avait eu Malfoy lorsqu'il l'avait vu faire. Il supposait qu'il se passerait pas mal de temps avant que l'un d'entre eux ne réagisse pas de cette manière à un geste aussi soudain. Il jeta un sortilège pour rentre au paquet sa taille originelle et le donna à Malfoy.

Harry le regarda écarquiller les yeux. « Est-ce que c'est… ? » Il tendit une main hésitante vers l'objet.

« Ta baguette, oui. »

Malfoy ouvrit le paquet et en sortit sa baguette qu'il posa sur la paume de sa main, comme s'il cherchait à la soupeser. Harry remarqua l'air de contentement qui envahit son visage. Il pouvait presque sentir la chaleur que lui procurait sa baguette chaque fois qu'il la tenait entre ses doigts. Il se souvint du jour où il l'avait achetée, et comment elle lui avait parue être exactement à sa place dans sa main.

Malfoy fronça les sourcils et leva les yeux vers lui. « Merci. » Sa voix était si basse, presque un murmure, et Harry n'était pas sûr que son interlocuteur avait voulu qu'il l'entende.

« Tu vois ? » dit-il avec un grand sourire. « Ce n'est pas si difficile, non ? »

« Connard », répondit Malfoy, l'ombre d'un sourire aux lèvres. « Ca me fait presque mal d'avoir à te remercier, tu sais. »

Harry leva les yeux au ciel. « Merci, Malfoy. Et remercie aussi ta mère. Vous m'avez tous les deux aidé, et je n'aurais jamais survécu à cette bataille sans vous. »

Le blond eut l'air perplexe. « Je sais ce qu'a fait ma mère, Potter. Mais je n'ai absolument rien fait pour t'aider. »

« Oh si. » Il baissa les yeux vers la baguette que Draco tenait toujours avec précaution. « Même si ce n'était pas ton intention. »

Malfoy suivit son regard. « Ma baguette ? Tu me l'as prise. Je ne te l'ai pas donnée, pour l'amour de Merlin. »

« Mais tu ne nous as pas dénoncés au Manoir. Et tu as empêché Crabbe de me tuer. Que tu le veuilles ou non, Malfoy, tu as aidé. »

Le blond pris une expression irritée. « Peu importe. »

Harry fit signe à la serveuse, et laissa quelques Gallions sur la table. « Prends soin de toi, Malfoy. Et dit merci à ta mère de ma part. »

« Tu devrais lui dire toi-même. »

« Je sais. Et je le ferai. Juste… juste, dis-lui, d'accord ? »

« D'accord. »


Septembre, 1998


« Harry ! »

Soupirant intérieurement, Harry reconnut la voix qui venait de l'appeler. Ginny. Il avait espéré pouvoir l'éviter au moins jusqu'à ce qu'ils atteignent l'école, mais apparemment le destin refusait de lui accorder ces quelques heures de paix.

« Ginny. »

Elle s'approcha de lui, traînant sa propre valise derrière elle. Elle se pencha vers lui et l'embrassa sur la joue. « On peut discuter ? » demanda-t-elle.

« Ca ne peut pas attendre - »

« Non, Harry, ça ne peut pas attendre. »

« Ecoute, Gin, il faut qu'on monte dans le train. »

« Il part dans douze minutes. Je ne t'en demande que cinq. Et encore. » Elle avait l'air si déterminée qu'il sut immédiatement qu'il serait inutile de chercher à argumenter.

« Très bien », soupira-t-il. « De quoi est-ce que tu veux qu'on parle ? »

« Pas ici », dit-elle. « Par là-bas. » Elle indiqua du doigt une salle d'attente déserte, la plupart des gens sur le quai étant occupés à charger leurs bagages dans le train.

Dès qu'ils furent entrés dans la salle, Ginny agita sa baguette pour fermer la porte, avant de lancer un Assurdiato. Harry était de plus en plus nerveux, surtout lorsqu'il vit le regard qu'elle lui lança.

« Alors ? » demanda-t-il. « De quoi est-ce que tu voulais qu'on parle ? »

« De nous. »

« Comment ça, de nous ? »

Elle leva les yeux au ciel, poussa un soupir et se laissa tomber sur sa valise. « Oh, je ne sais pas, Harry. Peut-être du fait qu'il n'y a pas de 'nous'. »

Harry fronça les sourcils et lui lança un regard confus.

« Je ne suis pas une petite fleur délicate qui a besoin qu'on la protège, et je ne suis pas stupide, Harry, et je… Je ne pense juste pas que tu t'en rendes compte. Je pense que tout ce que tu vois en moi, c'est la petite sœur de Ron. »

« Non, Ginny, je - »

« Si, Harry. » Elle se releva, la main qu'elle venait de poser sur sa poitrine indiquant à Harry qu'il valait mieux qu'il n'ouvre pas la bouche. Elle le regarda droit dans les yeux, avant de baisser la tête vers sa propre main - qui commença bientôt à trembler, et elle recula immédiatement d'un pas.

Se détournant pour faire face au mur opposé, elle continua. « Mais ce n'est pas grave, tu sais. » Sa voix se brisa, et elle s'éclaircit la gorge. « Je t'ai attendu, Harry. J'ai attendu longtemps pour que tu réalises ce que tu ressentais pour moi. Et quand tu t'en es enfin rendu compte, j'étais tellement heureuse. »

Elle se retourna vers lui, l'air tout sauf heureuse. Elle cligna des yeux avant de détourner à nouveau le regard et d'enrouler ses bras autour de sa poitrine.

« Mais maintenant… Je ne sais pas si tu voulais vraiment sortir avec moi, ou si tu voulais juste que je t'accorde à nouveau toute mon attention. »

Harry tressaillit en entendant ce qu'elle venait de dire. Il détestait qu'on lui prête attention, et elle le savait. « Ginny, tu sais que je - »

« C'est justement ça, Harry, je ne sais pas. Je ne suis pas sûre de te connaître vraiment. Pendant des années j'ai cru que je t'aimais, mais honnêtement, je n'en suis plus si sûre maintenant. »

Harry essaya de ne pas se vexer, mais il ne put s'empêcher de froncer les sourcils en entendant sa remarque.

« Je t'en prie, ne prends pas mal ce que j'essaie de te dire. Je t'aime beaucoup… C'est juste que je ne sais pas si je suis amoureuse de toi. »

Est-ce que c'est censé avoir un sens ? Harry la soupçonna d'avoir longuement discuté avec Hermione durant l'été. Tout ce qu'il réussit à répondre fut, « Oh. »

« Allez, Harry, reconnais-le. Tu n'es pas amoureux de moi ; tu ne l'as jamais été. Tu étais tellement occupé à combattre les Mangemorts que tu m'as à peine accordé ton attention. » Elle avait l'air triste, mais déterminée. « Je pense que j'avais l'attrait d'une nouveauté pour toi, la petite sœur de ton meilleur ami qui ne cessait de t'admirer. C'est plutôt embarrassant maintenant que j'envisage les choses sous cet angle, mais je ne peux pas changer le passé, n'est-ce pas ? J'ai beaucoup grandi, Harry, et j'ai eu toute l'année dernière pour penser à notre couple. »

Oui, eh bien, désolé d'avoir été un peu préoccupé pendant ce temps-là. « Et ? »

Elle fit quelques pas, nerveuse, et se joignit les elle regarda Harry, il crut qu'elle allait commencer à pleurer. Mais finalement, elle ferma les yeux et prit une profonde inspiration.

« Et je pense que nous avons vécu quelque chose ensemble, mais maintenant, c'est fini. » Elle s'interrompit. Harry se demanda s'il ne devait pas dire quelque chose. Avant qu'il n'en ait la chance, elle continua. « Tu es le héros que tout le monde admire, moi y compris. »

Elle ne peut pas avoir dit ça. Oh, ça, c'est définitivement signé Hermione. Il sentit sa colère ressurgir alors qu'elle continuait sur sa lancée.

« Tu étais aussi l'ami de mon grand frère, le garçon que mes parents ont accueuilli comme s'il faisait partie de la famille. Moi, j'étais la gamine amoureuse de toi depuis le début et qui a brusquement commencé à sortir avec d'autres garçons, et tu as réalisé, finalement, que j'étais une fille. Sortir ensemble, c'était pratique ; c'était facile. »

« Je préfère penser qu'il y avait plus que ça entre nous. »

Elle posa la main sur son bras. Harry eut l'impression que ce geste était plus condescendant qu'autre chose. « Bien sûr qu'il y avait plus que ça. Je résume juste les choses. Cela dit, si on prend vraiment le temps d'y réfléchir, tu ne m'as jamais considérée comme ton égale. Tu étais le héros qui devait partir à la recherche des Horcruxes et tuer Voldemort. »

« Je n'étais pas tout seul. »

« Je sais, et c'est justement ça le problème. Tu es parti avec Ron et Hermione. »

« Ce sont mes meilleurs amis. »

« Exactement. Et pas moi. Je ne l'ai jamais été, et je ne le serai jamais. Je pense que tu me verras toujours comme une petite sœur, celle à protéger et à mettre en sécurité. »

Harry ouvrit la bouche, prêt à dire quelque chose - mais il réalisa brusquement qu'elle avait probablement raison, et la referma.

« Même si ça peut paraître assez flatteur comme conception de moi, Harry, ce n'est pas moi. J'ai l'impression que tu m'as mise de côté, que tu m'as poussée hors de ton chemin pendant que les plus grands partaient jouer. Au cas où tu ne t'en serais toujours pas rendu compte, ce n'est pas moi. J'en ai assez d'être dans ton ombre. Je ne veux être dans l'ombre de personne. »

« Donc c'est fini, c'est ça ? » demanda Harry.

« Je pense, oui. »

« Très bien. » Vraiment, que pouvait-il répondre d'autre ? Elle n'avait peut-être pas raison sur tous les plans, mais Harry se devait de reconnaître qu'il avait su lui aussi que tout était fini entre eux avant même qu'ils n'aient cette discussion.

Ginny eut un sourire et le prit dans ses bras, l'embrassant chastement sur les lèvres avant de reculer de quelques pas. « Si tu avais été amoureux de moi, tu te serais bien plus battu. »

Harry sourit à son tour, et serra ses mains dans les siennes. « Oui. Je pense que tu as raison. »

« Au revoir, Harry. »

« Salut, Ginny. »

Harry suivit son ex-petite amie des yeux alors qu'elle quittait la pièce et se dirigeait vers le Poudlard Express. Aussi étrange que cela puisse paraître, il se sentait plus léger, plus libre que depuis un long moment - peut-être même plus que jamais auparavant. Souriant à l'idée du véritable prodige que pouvait être Ginny Weasley, il tira sa valise derrière lui et monta à bord du train, en route pour sa dernière année d'école.


TO BE CONTINUED