Voilà voilà ! J'ai écrit ce chapitre en environ 1 an xD J'aime toujours autant écrire et surtout pour cette fanfiction, mais je prends beaucoup moins le temps de le faire.

Disclaimer: Tous les personnages à Eiichiro Oda. Mes OCs sont Akuma et Judith.

Nda: Qu'arrive-t-il à Robin ? La suite... Maintenant !

Ce chapitre est très long xD J'ai hésité à le couper en deux, mais par soucis d'une unité de sens et de rythme, bah, vous en avez pour vos yeux :D

Et je remercie Mizo-pin qui a mis en ligne ce chapitre, parce que, tête en l'air que je suis, j'avais oublié de le faire juste avant de partir loin d'internet. Sankyuu !


.

CHAPITRE 6

.

Robin ouvrit les yeux.

La petite ressentait le calme qui la berçait. Elle se sentait apaisée par cette pièce emplie de la lumière du jour. Le silence comblait sa petite tête vide, elle n'entendait que sa douce respiration. C'était régulier, agréable d'inspirer, puis d'expirer, et ainsi de suite. Ses paupières s'abaissaient et se relevaient docilement. Elle leva les yeux et observa le plafond un instant. Puis, elle tourna lourdement la tête. Elle était allongée.

Il y avait quatre cloisons de barreaux en bois beige qui l'entouraient. Derrière se trouvaient un matelas, posé à même le sol, et une couverture, puis, le mur. La couverture se soulevait et s'abaissait de façon cadencée. Quelqu'un dormait.

Détendue par cette vue, Robin plongea de nouveau dans les bras de Morphée.

XxX

Lorsqu'elle se réveilla, la première vue qu'eut la petite brune furent de longs cheveux blancs. Pas d'un blanc vieux et abîmé, mais doux et agréable à regarder. Robin leva sa petite main au dessus d'elle, écartant les doigts, et rit. Son rire était candide, plein d'innocence. Une grande paume entoura sa main. Elle tourna la tête et vit un livre ouvert, qui lui semblait familier. La personne qui le tenait fit un geste que la petite ne comprit pas, et rangea une feuille imprimée de symboles dans la couverture.

Robin était dans les bras d'une femme. La brune ne distinguait pas les traits de son visage. C'était comme si ses yeux se couvraient d'une épaisse brume quand elle essayait de la regarder. Peu importait. Elle savait qui elle était.

« Ma chérie. »

La jeune femme aux cheveux blancs n'avait pas prononcé un mot. Pourtant, Robin l'avait comprise. Sans même entendre le son de sa voix. La brunette était aux aguets. Olvia avait toute son attention.

« Je t'aime. »

La petite pleura à chaudes larmes.

« Ne l'oublie jamais. »

Et tout devint sombre.

XxX

Robin émergea doucement de son rêve. Elle eut du mal à ouvrir les yeux, ses paupières retombant chaque fois qu'elle essayait. La lumière qui s'immisçait jusque dans ses pupilles l'agressait un peu. La petite fronçait les sourcils en essayant de voir ce qu'il y avait autour d'elle. Sa tête battait légèrement.

La brune se redressa pour s'asseoir, ce qui réveilla une faible douleur dans ses côtes. Elle fit une petite grimace, puis saisit les draps blancs dans lesquels elle était enveloppée pour découvrir ses jambes. Elle portait une robe orange sans motif. Ce n'était pas la sienne. La petite s'installa sur le bord du lit et observa la pièce dans laquelle elle se trouvait.

Il n'y avait pas grand chose : un autre lit, un rideau blanc et un petit placard gris sur lequel étaient entreposés quelques flacons colorés. Un petit cadre en bois, clouté au mur, attira son attention. A l'intérieur, il y avait une peinture représentant un large bateau, tout recouvert de métal, sur lequel se tenait un homme en tenue de marin, appuyé contre la rambarde, qui saluait vivement une jeune femme restée sur le quai. Elle portait une longue robe jeune pâle qui flottait avec le vent.

Un homme fit irruption dans la pièce. Robin ne l'avait pas entendu entrer car la porte était déjà ouverte. Mais elle notifia sa présence. La petite brune se tourna vers lui et attendit qu'il agisse. C'était un vieil homme avec des cheveux poivre et sel.

« Tu te réveilles enfin, commença-t-il d'un ton calme. Tu dois avoir faim, non ? »

Robin cligna des yeux. Elle devina à la blouse blanche de son vis-à-vis qu'il s'agissait d'un médecin. La petite remarqua qu'il s'appuyait sur une cane. Elle releva les yeux vers lui. Il était très grand.

« Depuis quand suis-je... »

La petite brune se ravisa en se rendant compte qu'elle ne posait pas la bonne question. Elle baissa les yeux, réfléchissant. Le docteur la regardait, pensant sûrement qu'elle était intimidée. Robin recommença.

« Que m'est-il arrivé ? »

L'homme s'assit sur le lit, près d'elle. Il retira les lunettes rectangulaires postées sur son nez arrondi et les fit glisser dans la poche de sa blouse.

« Les enfants qui jouaient sur la plage t'ont vue perdre pied dans l'eau. Ils t'ont ramenée sur le rivage et, comme tu n'ouvrais pas les yeux, ils t'ont emmenée jusqu'ici. Quand j'ai retiré tes vêtements pour te sécher, j'ai vu que tu avais une ecchymose et deux côtes contusionnées, alors je me suis occupé de toi. »

Le médecin fit une pause, comme s'il attendait une réaction à sa dernière phrase. Il était à peu près certain que la brunette lui donnerait une explication, mais elle n'en fit rien. Au lieu de cela, elle lui demanda combien de temps elle avait été alitée.

« Deux jours, lui répondit-il. On t'a amenée hier matin et nous sommes samedi soir. »

Robin jeta un œil à la seule fenêtre que comptait l'endroit : le soleil se couchait. Le docteur reprit :

« Tu devrais manger, je t'apporte quelque chose. »

La petite fille acquiesça. L'homme quitta la pièce. Robin suivait sa cane du regard. Elle faisait un petit bruit sourd chaque fois qu'elle touchait le sol.

Bien vite, le médecin revint, un sachet dans la main. Il le tendit à Robin qui le posa sur ses genoux. La petite lui sourit.

« Merci de vous être occupé de moi. Je m'excuse de ne pas l'avoir dit plus tôt. Mais je vous suis sincèrement reconnaissante. »

L'homme paraissait circonspect. Mais il finit par sourire aussi.

« Ça ne fait rien. Tu feras attention la prochaine fois. Vous ne devriez pas jouer aussi près de l'eau. Tu le diras à tes camarades. »

Robin ne comprit pas immédiatement ce qu'il voulait dire.

« Mange, repose-toi ensuite. Tes vêtements sont secs, tu pourras partir demain matin. Mais essaie de ne pas trop t'agiter pendant une semaine, le temps que tu sois bien rétablie. »

La petite brune opina doucement. Elle avait peur qu'il lui demande où habitaient ses parents ou qui était son tuteur. Mais il n'ajouta rien et se retira, refermant la porte derrière lui.

Robin ouvrit le sachet de nourriture. Elle en sortit un bento. A l'intérieur, il y avait du riz blanc, des légumes et du poisson cuit. Elle saisit deux baguettes et mangea avec appétit : elle ne s'était pas rendue compte qu'elle avait vraiment faim.

En avalant une bouchée, elle saisit ce que le médecin entendait en parlant de ses "camarades" : il pensait qu'elle était une gamine des rues, tout simplement. Ce qui expliquait pourquoi il n'avait pas parlé de ses parents. Robin prit une petite bouteille et bu un peu d'eau, et elle se dit que de toute manière, c'était bien mieux ainsi. Autrement, elle n'aurait sûrement pas pu répondre à ses questions et se serait retrouvée dans une situation embarrassante.

Il restait dans le sachet un petit pot de yaourt à la pêche. C'était la première fois que Robin y goûtait. Ou du moins, si elle l'avait déjà fait, elle ne s'en souvenait plus. Elle le trouva très bon, quoiqu'un peu trop sucré. Dans tous les cas, elle était rassasiée.

Robin se rallongea et tira la couverture sur elle. Elle sentait encore la pression contre ses côtes, mais ça n'était pas trop douloureux. Elle en était surtout gênée. Bercée par sa respiration, la petite fille ferma les yeux et se laissa porter par un sommeil léger et somptueux. Et, avant que sa pensée ne s'éteigne complètement, elle se promit dans le fond de son cœur que plus jamais elle ne perdrait le contrôle d'elle-même à ce point. Elle savait parfaitement qu'elle n'était pas fautive. Ce n'était pas à elle de s'infliger tant de peine.

XxX

Le lendemain matin, le soleil n'était pas encore apparu que Robin levait déjà les paupières. Elle ne bougea pas de sa place, décidée à attendre que le vieil homme vienne la voir. En patientant, elle fixait le plafond, laissant ses pensées défiler.

Elle n'avait pas rêvé, cette nuit. Elle n'avait fait que dormir. C'était comme si son cerveau s'était éteint, l'espace de quelques heures. Mais la nuit précédente, la petite se souvenait vaguement d'avoir fait un long songe. Les cheveux blancs lui revinrent en mémoire, puis, le beau livre, la feuille de symboles, et enfin la muette voix qui disait l'aimer. « Je t'aime ». Voilà ce qu'elle lui avait dit. Ces mots la réchauffaient au plus profond d'elle. « Je t'aime »... Des mots si abstraits et pourtant remplis de sens. Mais elle n'en saisissait pas encore les subtilités. C'était doux. C'était inconnu.

On frappa à la porte. Les rayons du soleil touchaient le sol de la salle, laissant apparaître de fines particules flottant dans l'air. Robin avait toujours trouvé cela fascinant. Quelques fois, dans le grenier de l'orphelinat, elle s'asseyait devant ces pans de lumière orangée et regardait les petites poussières s'affoler à cause de sa respiration.

Robin se redressa et s'assit. Le médecin entra. La petite sourit et dit poliment :

« Bonjour monsieur. »

Le vieil homme pencha légèrement la tête en avant, en pinçant un peu les lèvres, sans quitter la petite du regard. Il s'avança, s'assit sur le lit et fit signe à Robin de s'approcher. Le médecin lui expliqua alors qu'il allait lui faire passer un petit examen, pour vérifier qu'elle se portait bien. Ensuite, elle prendrait son petit déjeuner et pourrait s'en aller. Robin hocha la tête. L'homme lui demanda de la suivre. Elle le suivit hors de la pièce, ils traversèrent un petit couloir et débouchèrent sur une autre salle. Tout était très blanc.

Robin fut pesée, mesurée, auscultée. Le vieil homme prit quelques notes. Il lui annonça qu'elle était un peu plus grande que la moyenne, et un peu plus légère aussi. Il lui donna des nombres que la petite oublia aussitôt. Peu importaient son poids ou sa taille.

« Au fait, comment t'appelles-tu ?

- Robin. »

Sur le moment, la gamine regretta un peu d'avoir donné son prénom aussi facilement, mais le médecin ne l'employa pas une seule fois.

Enfin, l'homme lui apporta un petit-déjeuner. Du lait chocolaté, des biscottes, de la confiture. Le vieil homme lui recommanda de bien s'alimenter. Elle trouva cela trivial.

Quand elle eut terminé, la petite remercia le médecin. Celui-ci lui rendit ses vêtements. Robin se changea, le remercia encore. Le vieil homme sourit un peu tristement. Elle s'en alla.

Une fois à l'extérieur, la petite brune se retrouva face à la mer. Une petite route l'en séparait. Elle la traversa, marcha sur le sable et s'éloigna un peu en longeant l'étendue d'eau.

Robin n'avait pas l'intention de retourner à l'orphelinat. Pas tant qu'elle ne se serait pas totalement rétablie. De toute manière, Akuma la frapperait à son retour. Alors quelques jours de plus ne changeraient plus grand chose.

Quand elle reconnut son chemin, la brunette prit la direction de la bibliothèque. Neufs coups de cloche sonnèrent. Les habitants commençaient à arpenter les rues. Des enfants jouaient déjà dans les coins d'herbe. L'île se réveillait sous le joug du soleil étincelant. Robin décida de traverser le parc où elle avait rencontré Franky. Le souvenir lui mit le sourire aux lèvres. Il faisait bon. La bibliothèque apparut.

En entrant dans le bâtiment, elle se demanda ce qu'elle pourrait lire cette fois-ci. La petite erra un peu à travers les rayons d'étagères. Elle passa devant la section poésie, les romans policiers, les contes philosophiques et s'arrêta devant les livres d'histoire. La brune se mit alors à la recherche de bouquins qu'elle n'avait pas encore lus. Elle détailla chacun des titres. Au bout d'un moment, Robin aperçut un livre extrêmement fin, coincé entre deux autres plus gros. Il prenait si peu de place qu'on ne pouvait le voir sans s'approcher. Il n'y avait rien d'écrit au dos.

L'enfant s'en saisit : il n'y avait pas de titre sur la couverture non-plus. Robin l'ouvrit. Elle put alors y lire les mots « Le Rio Poneglyphe : clé du Siècle Inconnu ». La petite se souvint avoir lu, quelques temps auparavant, un livre qui portait sur le même sujet. En gardant le livre avec elle, la brunette chercha d'autres œuvres traitant des Poneglyphes ou du Siècle Inconnu. Après un quart d'heure, elle n'en avait trouvé aucune, excepté ce livre qu'elle avait déjà lu. Elle se rendit alors à une table de son coin favori. Une jeune femme était installée sur une chaise un peu plus loin.

Robin commença par feuilleter le livre qu'elle connaissait déjà. Elle y retrouva quelques photos de Poneglyphes. Les symboles lui parurent étrangement familiers. Il lui semblait en avoir vu de similaires très récemment. Mais elle n'arrivait pas à se souvenir de l'endroit où elle les avait lus.

La petite eut un sentiment sombre en se rappelant qu'elle était sûrement la seule à savoir lire ces symboles. Cela l'avait d'abord rendue très fière, mais, à présent, elle se posait des questions. Si elle était la seule, qu'était-il arrivé aux autres ? Elle avait le pressentiment que c'était une terrible histoire, et elle n'avait aucune envie de la connaître. Pour le moment.

Pendant presque une heure et demi, Robin étudia ses livres, assise tranquillement sur sa chaise. Mais le propos des auteurs restait très hypothétique et elle ne put en apprendre beaucoup. La petite se demanda alors comment sa mère avait réussi à se procurer des informations sur ce Siècle Inconnu qui cachait bien ses secrets. C'était une femme très intelligente, elle en était certaine. En y repensant, elle aurait voulu se rappeler son visage. Mais elle n'y arrivait pas. Le seul souvenir qu'il lui restait de sa mère était ses longs cheveux blancs. Elle n'avait même pas de photos d'elle. Robin se rendit alors compte d'à quel point cela la rendait triste. Il n'y avait aucune trace du visage de sa mère. Nul part. C'était injuste. Mais il lui restait son livre. Son bien le plus précieux. Il était à l'abri dans sa chambre. Akuma n'y montait jamais.

Robin plongea de nouveau dans sa lecture, alors que la femme assise à une autre table de la section se levait avec ses livres. Elle passa derrière la petite et sourit en la voyant balancer légèrement les jambes sous sa chaise. Ses yeux se posèrent sur le livre que la brunette lisait. Son sourire retomba immédiatement tandis que ses yeux devinrent tout ronds. Elle lança un regard sur sa droite, puis sur sa gauche, pour ensuite contourner rapidement la table, tirer la chaise face à Robin et s'asseoir avec un grand empressement.

La petite leva la tête alors que la femme posait sa pile de livres près d'elle. Celle-ci, dans un geste enfantin, colla ses deux coudes contre la table et se tint le visage entre les mains. Elle fixa Robin et lui sourit.

La brunette lui rendit un petit sourire pincé, ne comprenant pas ce que cette femme pouvait bien lui vouloir. Elle était assez surprise de sa coupe de cheveux : ils étaient très longs et lisses, tout teints de mauve clair, et un côté de sa tête était rasé. C'était peu commun sur cette île de croiser des personnes de ce genre. Mais Robin la trouvait très belle. Ses yeux marrons, un peu en amande, étaient surlignés de noir, et elle portait un rouge à lèvre foncé. Enfin, son oreille visible était percée à deux reprises sur le dessus et un anneau avec une boule noire y était inséré.

« Dis petite, pourquoi lis-tu ce livre ? »

L'inconnue posa sa question à voix basse. Robin cessa de sourire. Elle prit peur. Les recherches sur le Siècle Inconnu étaient interdites par le gouvernement. Cette femme allait lui attirer des ennuis. Mais elle n'était qu'une enfant, il lui suffisait de dire qu'elle l'avait trouvé par hasard.

« Tu sais que c'est dangereux ? »

Robin n'arrivait pas à répondre. Et si c'était Akuma qui avait envoyé cette femme ? Puisqu'elle avait déjà provoqué la mort de sa mère, peut-être était-ce son tour. La petite clignait des yeux et respirait par à-coups. Pourquoi cette inconnue s'intéressait-elle tout à coup à elle ?

La femme approcha un peu son visage du sien, scrutant les yeux bleus de la petite. Il y eut quelques secondes de silence avant qu'elle ne dise doucement :

« Tu as des yeux... magnifiques. »

Elle se recula et sourit.

« Je m'appelle Judith. Et toi ? »

Robin ne quitta pas la femme du regard. Comme elle ne répondait pas, Judith ajouta vivement :

« Je ne te veux pas de mal, ne t'en fais pas. Moi aussi je lisais. Regarde. »

Et elle prit un livre dans sa pile pour le montrer à Robin. Il s'agissait d' « Alice à travers le miroir » de Lewis Caroll.

« Depuis toute petite, j'adore cette histoire. Je ne fais que la lire, encore et encore, et je ne m'en lasse jamais. Vraiment, j'aurais aimé vivre ce genre d'aventures... Mais ma vie à moi n'est pas mal non-plus. »

Judith sourit de nouveau alors que Robin se détendait un peu. La femme reposa son livre et observa la petite quelques instants. Puis elle reprit en croisant les bras :

« Bon. Puisque tu ne veux pas me dire ton prénom, je vais le deviner. Si j'en crois le "R" sur tes chaussures, ça pourrait être Rena, Riko, ou peut-être Romy ? »

Robin sourit en secouant lentement la tête. Cette jeune femme était vraiment pleine de vie. La petite ne pouvait s'empêcher de l'admirer, même si elle se méfiait encore.

Judith se tut et se redressa, observant la brunette d'un air malicieux.

« Robin alors ? »

La petite fille fronça un peu les sourcils, certaine que la jeune femme n'avait pas trouvé son nom par hasard. Elle baissa les yeux et prononça doucement :

« Oui, Robin.

- Tu es le portrait craché de ta mère. »

Le cœur de la brune s'emballa brusquement. Elle releva les yeux vers Judith. Le regard de cette dernière s'était tourné vers les mains de la petite. Elle ajouta :

« Elle était incroyable, Olvia. »

La femme leva les yeux et bascula un peu sa chaise en arrière, passant une main dans ses cheveux colorés.

« Oui, incroyable. »

Elle reporta son attention sur Robin qui ne bougeait plus. La brunette ne savait plus quoi penser. Judith se leva et murmura :

« Je vais te montrer quelque chose. »

Elle retourna à la table où elle s'était assise et attrapa un sac au pied d'une chaise avant de revenir s'asseoir face à Robin. Elle ouvrit le sac, fouilla un peu et en sortit un livre. La petite l'observait. Judith lui tendit l'œuvre et elle s'en saisit.

« C'est elle qui me l'a donné. »

Robin détailla la couverture violette : une jeune fille en robe bleue et un lapin blanc y étaient dessinés. « Alice aux pays des merveilles » y était inscrit en lettres dorées.

« Ouvre-le. »

La petite regarda Judith qui fit un bref mouvement de la tête, lui indiquant le livre. Robin l'ouvrit alors et lut un message écrit à la main sur le revers de la couverture : « Pour Judith, va jusqu'au bout de ce rêve. -Olvia. ».

Robin demeura immobile. Elle fixait ce nom. Elle le relisait encore et encore. Elle le répétait dans sa tête, comme pour que son esprit s'en imprègne. Ce message pouvait être un faux. Mais elle sentait, elle savait pertinemment que ça n'était pas le cas. Quelques années auparavant, sa mère avait tenu ce livre dans ses mains, y avait écrit ces simples mots, et l'avait donné à cette femme. A Judith. Ce n'était rien de bien extraordinaire et pourtant, pourtant la petite avait envie de pleurer.

Judith ne bougeait pas non-plus et fixait la gamine, toute attendrie, avec un peu de peine dans le regard. Au bout d'un long moment, Robin leva doucement les yeux. L'air un peu indécise, elle se mordilla légèrement la lèvre avant de regarder Judith. Elle murmura alors :

« Comment était-elle ? Ma mère ? »

Judith sourit. La petite lui adressait enfin la parole.

« Elle avait ton visage, très fin. Elle laissait ses cheveux pousser. Ils étaient tout blancs. Ces yeux étaient semblables aux tiens. Par contre, ils étaient violets. C'était la première chose que j'avais remarqué chez elle : elle avait les plus beaux yeux du monde. Et elle te les a donnés. »

Robin n'avait jamais écouté quelqu'un avec une aussi grande attention. Elle avalait chaque mot que Judith prononçait et les incrustait à tout jamais dans sa mémoire. Elle essayait de s'imaginer le visage de sa mère comme le décrivait la jeune femme, mais il était difficile de le visualiser réellement.

« Et si on allait chez moi ? Je pense qu'on a beaucoup de choses à se dire toutes les deux. On pourrait parler autour d'un thé et de gâteaux anglais. J'adore les gâteaux anglais ! »

La petite n'était pas très sûre de son choix, mais elle accepta. Toutes deux sortirent de la bibliothèque après avoir préalablement rangé leurs livres. Une fois dehors, Judith saisit la main de Robin d'un geste tout à fait naturel et sourit alors que les rayons du soleil encadraient son visage. Puis elle se retourna et marcha d'un pas vif à travers les rues, entraînant la petite à sa suite.

Durant le trajet, Robin observa la jeune femme, impressionnée. Elle ne pouvait détacher son regard, et le sourire lui montait aux lèvres. Si bien qu'elle ne fit aucunement attention au chemin qu'elle prenait. Ce n'est que lorsque Judith s'arrêta qu'elle prit conscience d'où elle était : derrière l'église, dans une grande allée occupée par des maisons. La jeune femme s'approcha de l'une d'elle, sortit une petite clé de sa poche et ouvrit la porte. Robin trembla alors que Judith l'invitait à entrer : la peur de l'inconnu, de ce qui se cachait derrière cette porte. Mais elle n'eut pas le temps d'y penser que déjà elle était à l'intérieur. C'était terrifiant et excitant à la fois.

L'intérieur de la maison n'avait rien d'extraordinaire. Il était peu décoré mais très meublé. Un léger désordre régnait dans la pièce principale.

« Viens par là. »

Robin suivit Judith qui s'avançait vers le centre de la pièce. Elle souleva le grand tapis noir, dévoilant ainsi une trappe dans le sol. La petite observa la jeune femme. Celle-ci mit un doigt sur ses lèvres et fit un clin d'oeil.

Judith saisit le cadenas encastré dans la trappe et sortit une minuscule clé d'on ne sait où. Bientôt, le petit pan de sol s'ouvrit. La jeune femme s'engouffra dans le passage. Robin fit de même.

Après qu'elles ont descendu quelques marches, la lumière s'alluma. La brunette fut un peu éblouie. Quand elle s'en remit, elle découvrit une modeste pièce où trônaient une table basse ronde et un simple canapé. Les trois murs disponibles étaient remplis d'étagères, elles-même recouvertes d'un grand nombre de livres.

« Installe-toi ici, je vais chercher de quoi goûter. »

Robin trouva singulier de prendre un goûter à seulement onze heures. Judith lui sourit et remonta.

La petite s'assit tranquillement. Elle observait la bibliothèque face à elle. Il y avait des livres de toutes les tailles et de toutes les couleurs. Certains étaient rangés les uns sur les autres, d'autres à la file, et d'autres encore formaient une pile indescriptible. Cette myriade de bouquins semblait presque trop lourde pour les pauvres planches de bois qui les supportaient. Mais quelque chose n'allait pas.

Robin était un peu mal à l'aise face à ces livres. Quelque chose la dérangeait. Elle se leva et s'en approcha. La petite les fixa un instant.

Il n'y avait aucune inscription sur le dos des livres.

La petite en choisit un au hasard et l'ouvrit. Pas de titre non-plus. En le feuilletant, elle comprit qu'il traitait du Siècle Inconnu. Il y avait beaucoup de noms de grands marines et de références à des événements réels. Robin ouvrit un autre livre, puis encore un autre. Eux-aussi étaient au sujet du Siècle Inconnu. La brune en prit un nouveau. Celui-ci parlait des Poneglyphes.

« Alors ? »

Robin sursauta. Judith arrivait avec des tasses de thé et des biscuits. La petite ferma brusquement le livre et se retourna. La jeune femme s'asseyait. Le thé fumait devant elle.

« Qu'est-ce que tu en penses ? »

La petite fille ne cernait pas la question. Parlait-elle du thé, de la salle, ou des livres ? Alors elle répondit calmement :

« Qu'est-ce que je devrais en penser ? »

Judith rit un peu et leva les bras pour s'étirer.

« Que je suis susceptible de passer le reste de ma vie en prison si jamais on trouve ces livres. »

Un silence se fit. L a jeune femme trempa un biscuit dans son thé et le mordit avidement.

« Viens donc t'asseoir, j'ai beaucoup de choses à te raconter. »

Robin acquiesça, posa son livre et partit s'asseoir près d'elle. Celle-ci lui désigna les biscuits avec un air d'interrogation. La petite en prit un et le plongea dans sa tasse. Elle observa Judith en mangeant.

La jeune femme commença à parler. Elle expliqua qu'auparavant, elle faisait partie d'un groupe d'archéologues qui étudiaient secrètement le Siècle Inconnu. Tout au long de leurs recherches, ils communiquaient avec des lettres codées. Elle, entretenait une relation particulière avec la mère de la petite. Olvia était très impliquée dans son travail. Judith, plus jeune qu'elle, l'admirait beaucoup. Les deux femmes, étaient très différentes, et pourtant elles devinrent très proches.

XxX

Un jour, Judith reçut une lettre différente des autres. Olvia souhaitait la rencontrer. La jeune femme accepta avec plaisir, et emprunta un bateau dès le lendemain. Quelques jours plus tard, elle arriva au lieu de rendez-vous. Olvia n'arriva que le jour suivant.

La première chose qui la frappa lorsqu'elle la vit sur le quai fut son regard. Elle avait des yeux extraordinaires. Leur couleur était celle des améthystes. Judith se souvint avoir pensé qu'ils étaient les plus beaux yeux du monde. Lorsqu'Olvia arriva devant elle, tout sourire, Judith ne sut que dire. Les deux femmes s'observèrent longuement, en silence. Autour d'elles, l'agitation était au maximum. Le soleil était au plus haut dans le ciel.

Enfin, Olvia prononça les premiers mots :

« Bonjour. »

Et le flux de paroles ne s'arrêta ensuite que tard dans la soirée.

XxX

Judith fit une pause. Ses yeux s'attardèrent sur le visage de Robin. La jeune femme arborait un léger sourire très pincé. Elle présentait tout à coup des yeux fatigués. Ils contrastaient avec sa personne si vivante.

XxX

Le lendemain matin, Olvia offrit à son amie le livre de Caroll Lewis. Judith la prit dans ses bras. Elle remarqua la taille fébrile de la mère de la petite et lui en demanda la raison.

« Je suis enceinte, lui répondit-elle. »

Judith eut un temps de latence avant de comprendre. Elle lui demanda depuis combien de temps. L'archéologue l'avait appris environ cinq mois auparavant. La plus jeune ouvrit des yeux tout ronds.

« Comment ? Tu ne peux pas être enceinte de cinq mois ! Tu n'as que la peau sur les os ! Enfin , non, mais quand même ! »

Olvia eut un petit rire en éclats. On aurait dit qu'elle mangeait des morceaux de lune. Mais il s'estompa bien vite. Elle saisit doucement les mains de Judith et lui parla d'un calme intrigant.

« Dès le moment où cette enfant verra le jour, elle sera en danger. Personne ne sait que je suis enceinte. Personne ne doit le savoir. »

L'archéologue aimait cette promesse de vie qui grandissait en elle. Elle y tenait plus qu'à sa propre vie. Mais elle savait que tant que son enfant resterait près d'elle, il ne serait pas en sécurité. Judith lui demanda ce qu'il en était du père. Mais la jeune femme lui répondit que c'était compliqué.

« Tu as une idée pour son nom ? »

Olvia sourit et répondit immédiatement :

« Robin. »

Judith se mit à rire. C'était une réponse pleine de convictions.

« Pourquoi ce rire jeune fille ? demanda Olvia, amusée.

- C'est juste que, ça semblait être une évidence quand tu l'as dit.

- C'en est une. Et tu sais pourquoi ? »

Judith haussa les épaules, attendant la suite.

« Une vieille légende raconte que dans l'antiquité, un groupe de garçons avait inventé un jeu. Chaque semaine, ils choisissaient une fille au hasard, la faisaient s'asseoir sur le sol et lui tournaient autour en chantant " Finira-t-elle femme ou prostituée ? Sera-t-elle soumise et silencieuse ? Les Dieux le savent mais elle ne le sait pas. ". Ils posaient ensuite la main sur sa tête, tour à tour, et murmuraient " femme ". La jeune fille retournait ensuite chez elle, et tout le monde dans la cité trouvait ce jeu absolument naturel. Puis, un jour, ce fut au tour de la petite Robin d'être choisie. Quand les garçons terminèrent leur chanson, elle se leva et dit " Si, je le sais. Je serai une femme savante. Je connaîtrai la politique, la philosophie et les sciences. " Les enfants la battirent, ses parents la battirent aussi. Elle s'enfuit de chez elle, se travestit , et devint le savant le plus respecté de son époque. »

Judith resta bouche-bée. Ses yeux restaient plantés sur Olvia qui ajouta :

« Et puis aussi, Robin c'est très joli. »

Et les deux femmes éclatèrent de rire ensemble. Olvia était certaine qu'elle attendait une fille. Elle le sentait.

De nouveau, la journée défila avec de grandes discussions et quelques repas. Lorsque la lune brilla à l'horizon et que les deux femmes furent installées dans un lit improvisé, des chuchotements continuaient.

« Judith, j'ai besoin que tu me rendes un service. »

Olvia était allongée sur le dos, observant le plafond. La plus jeune se redressa un peu et retint sa tête de la paume de sa main, regardant la femme aux cheveux blancs.

« Oui ? »

La mère de Robin se redressa à son tour. Elle planta son regard dans celui de son amie.

« J'ai besoin que tu t'assures de l'avenir de Robin. »

Judith fronça les sourcils.

« Comment ça ? »

Olvia se releva complètement pour s'asseoir. Elle était dos à la jeune femme.

« Je vais mourir, Judith. Et cette enfant se retrouvera seule. »

Judith écarquilla les yeux.

« P-Pourquoi ? »

Sa vois était teintée d'une angoisse diffuse.

« Le gouvernement mondial en a après moi. Et tu sais parfaitement ce que cela veut dire. Je ne peux pas me cacher.

- Comment ?

- Là n'est pas la question. Je veux que Robin ait un bel avenir. Qu'elle soit en sécurité.

- Non, attends ! Tu peux rester avec moi !

- Et te mettre en danger, en plus ? Judith, je veux seulement qu'après ma mort, tu t'assures que ma fille se retrouve entre de bonnes mains.

- Mais, ça ne peut pas...

- Judith. »

Les deux femmes se turent. Judith se sentit mal. Elle regarda ses mains alors que des larmes y tombaient.

« Non... »

Olvia se retourna et vit la jeune femme en pleurs. Elle s'approcha et l'entoura de ses bras.

« Tu sais. Je ne peux faire confiance qu'à toi. Je suis fière de te connaître. Tu es quelqu'un de bien. »

Elles restèrent ainsi enlacées longtemps dans la pénombre alors que les pleurs de Judith résonnaient dans la pièce.

XxX

« Ta mère et moi correspondions toujours avec des lettres. Elle me tenait informée de l'avancement de sa grossesse. C'était dingue, cette volonté qu'elle avait de faire son enfant toute seule. Jusqu'à son accouchement, elle n'avait absolument pas grossi. Elle me l'a dit. Elle me disait aussi à quel point tu étais belle. Elle passait ses journées à t'admirer. Puis, au bout d'un moment, je ne recevais plus de lettres. Je suis alors venue ici. Je me suis sentie si mal quand j'ai vu ce qu'il s'était passé que je me souviens avoir dormi pendant toute une journée. Ensuite, je me suis relevée, et je me suis rendue chez le maire pour te voir. Tu étais si petite, et pourtant, tes yeux étaient gigantesques et brillaient de la même étincelle que ceux de ta mère. Je ne l'ai vue qu'une fois, mais son regard restera à jamais gravé dans ma mémoire. J'ai parlé longuement avec le maire, c'est un homme bien. Je lui ai remis le livre que j'avais trouvé dans les décombres chez ta mère. Et je suis repartie en le priant de me donner des nouvelles de toi. Après ça, je fus en mission un peu partout dans Grand Line. Au bout d'un an et demi, il avait arrêté de m'envoyer du courrier. Je voulais revenir te voir, mais on me confiait toujours quelque chose à faire à l'autre bout du monde. Mais, à présent, je travaille seule, alors je voulais être près de toi. »

Robin se taisait. C'était la première fois qu'on lui parlait autant de sa mère. Elle avait peur de réagir. La petite avait l'impression d'avoir assimilé trop d'informations d'un coup, si bien que son cerveau ne pouvait lui dire ce qu'elle devait en penser.

« Est-ce que tout va bien avec le maire ? »

Robin finit d'avaler son biscuit, observant ses pieds.

« Je ne vis plus chez lui. »

Judith se pencha un peu en avant, l'air contrariée.

« Comment ça ?

- C'est un homme très gentil, mais très occupé. Maintenant, je vis à l'orphelinat. Avec mademoiselle Akuma. »

La voix de la petite s'affaiblissait à mesure qu'elle parlait. Ses derniers mots avaient presque été murmurés.

« Qui est cette femme ?

- Une ex-marine. »

La jeune femme faillit recracher son thé.

« Est-ce qu'elle s'occupe bien de toi ? »

Robin resta figée, le regard dans le vide. Dans la situation où elle se trouvait, cette question était la plus difficile qui lui ait été donné d'entendre. Des centaines de choses lui passèrent par la tête. Le crime d'Akuma, sa violence, les doigts de Tom, le grenier, le livre, l'école, Franky. Elle voulait revoir Franky. Elle voulait le voir très vite.

« Robin ? »

La brunette leva les yeux vers Judith. Elle ne voulait pas mentir à cette femme en qui elle avait confiance autant que sa mère. Mais elle ne voulait sûrement pas lui attirer des soucis. Si elle lui disait la vérité maintenant, elle ne pourrait plus revenir en arrière.

« Oui. »

Judith observa la petite d'un air perplexe.

« Tu es sûre? »

Robin hocha la tête en souriant.

« Oui. »

La jeune femme soupira.

« Si tu as le moindre problème, préviens-moi, d'accord? »

La petite acquiesça.

« Tu peux rester ici aussi longtemps que tu le veux.

- Merci. »

Robin hésita un instant un instant, puis finit par dire :

« Je voudrais aller voir un ami. »

La petite ne l'avait pas formulé de cette manière mais elle en demandait la permission. Judith eut l'air un peu surprise.

« Bien sûr. Tu sais ce que tu fais ma grande. Fais attention à toi. »

Judith passa une main dans les cheveux de la petite.

XxX

Robin était devant le quartier de Water Seven. L'après-midi arrivait lentement. Sur le pallier de la maison, ce fut Kokoro qui lui ouvrit. Tom travaillait sur le chantier avec Iceberg, et Franky était parti en ville. Robin ne put s'empêcher de se sentir un peu déçu. Elle discuta avec la blonde, heureuse de la revoir. Celle-ci lui offrit moult jus et pâtisseries, enjouée comme à son habitude.

Les deux demoiselles se rendirent ensuite sur le chantier. Elles trouvèrent Iceberg, assis sur un tas de bois, lisant attentivement un plan. Il avait un crayon coincé derrière l'oreille et ses cheveux étaient retenus en arrière avec son bandeau blanc. Le soleil coulait le long de ses tempes. Le jeune homme tourna la tête pour saluer les nouvelles venues. Robin rougit en se rendant compte qu'elle le regardait un peu trop fixement.

Iceberg abandonna ses papiers pour les rejoindre. Face à Robin, il se baissa un peu pour poser un baiser rapide sur son front.

« Désolé, je transpire un peu. »

Le garçon eut un léger sourire crispé, alors que Robin rougissait encore plus. Elle secoua un peu la tête et demanda en pointant les plans :

« Qu'est-ce que tu fais ? »

Iceberg se retourna pour prendre ses feuilles et les montra à Robin. Kokoro y jeta aussi un coup d'oeil en souriant.

« Tom, Franky et moi, on travaille sur un gros projet, dit-il avec enthousiasme. C'est le Train des Mers. Ça promet d'être long et compliqué, mais ça sera génial ! Imagine être à bord d'un train qui se déplace sur l'eau. Mais le premier problème, ce sont les rails : il faut que le train puisse rouler même lorsque la mer est agitée. »

Sur le papier se trouvaient plusieurs croquis de rails avec des tailles et des formes différentes, ainsi que des légendes avec des noms de matériaux.

« Je suis sûre que ça sera formidable ! »

Robin sourit à Iceberg.

Tom vit le petit groupe de loin et se joint à lui. Il était aussi très heureux de voir la petite.

Un peu plus tard, tous étaient retournés dans la petite maison. Robin parlait peu, mais parlait tout de même. Elle se tenait sur les genoux de Kokoro qui avait insisté pour la coiffer. La blonde au grand sourire passait ses mains habiles de coquette aguerrie dans les cheveux ébènes de la petite. Quand elle eut terminé, elle emmena Robin dans la salle de bain pour lui montrer le résultat. Sa tête était ornée d'un mignon petit chignon tressé, et deux mèches ondulées encadraient son visage. Robin sourit en remerciant Kokoro. Celle-ci posa ses mains sur les épaules de la petite et lui fit un clin d'oeil.

Robin se sentait bien. Elle aimait cette maison conviviale. C'était comme être dans une bulle coupant l'accès au reste du monde. Elle était touchée par l'attention qu'on lui portait. Et, surtout, la petite trouvait si agréable de voir toutes ces personnes parler, se chamailler, vivre et l'inclure dans leur vie. Elle avait l'impression d'être à sa place. Elle ne pensait pas à ce qu'elle avait appris. Elle ne pensait pas à " après ". Ou du moins, elle essayait. Son cœur était tout chaud de l'amour qui se trouvait dans la pièce.

Alors que tout ce petit monde s'extasiait autour de la nouvelle coiffure de la petite, la porte d'entrée s'ouvrit d'un coup brusque.

« Je suis de retour ! »

Kokoro, Iceberg et Tom souhaitèrent la bienvenue à Franky. Celui-ci fit un grand sourire à son public et s'avança dans la pièce pour rejoindre un des fauteuils. Il s'y laissa choir lourdement et se servit un verre de jus d'orange qu'il sirota bruyamment. Le gamin aux cheveux bleus observa les autres, se demandant pourquoi aucune ne parlait. Le son de la boisson qu'il avalait s'arrêta net alors que son regard se stoppait sur Robin. La petite lui sourit un peu, les mains liées derrière le dos. Ses joues étaient légèrement teintées.

Une seconde passa, seconde pendant laquelle Franky ne put s'empêcher de trouver Robin vraiment mignonne. La seconde d'après, le garçon crachait son jus d'orange.

« Ro-Robin ? Salut ! »

La petite fit un signe de la main en guise de réponse. Iceberg était plié en deux alors que Tom tapait du poing en demandant au garçon de tout nettoyer en vitesse. Celui-ci s'exécuta. Puis, de retour à sa place, il demanda avec un beau sourire :

« Comment tu vas ?

- Très bien. Et toi ?

- Carrément ! »

Les deux enfants se regardaient dans les yeux, ne sachant qu'ajouter. Kokoro leur proposa alors de faire un tour à l'extérieur. Ils sortirent en compagnie d'Iceberg.

« On pourrait aller voir les oiseaux arc-en-ciel ? »

Robin posa la question au plus grand.

« Bien sûr. »

Les trois se rendirent dans le grand espace vert au pied de l'arbre, mais aucun oiseau ne se montrait.

« Ils sont sûrement à la recherche de nourriture, expliqua Iceberg. »

Les enfants s'étaient assis contre l'arbre, observant la nature autour d'eux. Robin était entre les deux garçons. Le silence qui régnait ne les gênait pas.

Franky s'étira et se tourna vers la brunette.

« Dis, ça a avancé tes pouvoirs ? »

Robin fut un peu surprise. Elle avait presque oublié.

« J'ai réussi à l'utiliser. Une fois.

- Et si tu réessayais, avec nous? »

Ce fut Iceberg qui fit cette proposition. Ça n'était pas une mauvaise idée. Robin ferma les yeux. Elle se souvint des fleurs qu'elle avait imaginées. Elle en inventa une dans son esprit. Une rose blanche, pure. La plante se mouvait lentement au gré du vent. Robin entendait le son de l'air passant sur ses pétales. Du bout du doigt, elle toucha la tête de la fleur. La rose se métamorphosa. C'était à présent un bras.

« Robin, regarde ! »

On prononça ces mots tout bas. La petite ouvrit doucement les yeux, de peur de perdre le contact avec le bras qu'elle avait créé. Mais lorsqu'elle le vit devant elle, Robin se rendit compte qu'il était exactement comme elle le voyait en pensées. Elle bougea un doigt, et le même mouvement se répéta sur l'autre main. La petite sourit. Elle fit un mouvement ample de tout son bras. L'autre s'exécuta.

« C'est génial ! »

Franky s'extasiait devant le membre qui bougeait. Iceberg était aussi intrigué. Il s'approcha du bras.

« Je peux ? »

Robin acquiesça, ne perdant elle-même pas une miette de ce qu'il se passait. Son cœur battait la chamade. Iceberg passa un doigt le long du bras.

« C'est incroyable. On dirait un vrai. »

La petite ressentait son toucher. Cela la chatouillait un peu, et elle ne put réprimer un petit rire. Franky croisa son regard. Il avait un air de chien battu. Robin lui dit alors :

« Vas-y. »

Et le garçon fit un énorme sourire avant de s'approcher du bras à son tour. Il en saisit doucement la main, et Robin eut le réflexe de refermer la sienne. Mais le membre disparut dans une traînée de pétales roses.

Il y eut un instant de latence pendant lequel les trois enfants restèrent immobiles, fixant les petits pétales. Le moment prit fin quand Franky cria :

« Mais... c'est... trop... SUUPER ! »

Le garçon prit sa pose, ne pouvant contenir son enthousiasme. Il s'assit face à Robin et parla à une vitesse incroyable.

« Je suis sûr que tu vas pouvoir faire plein d'autres choses ! Tu pourras même t'en servir pour faire plein de trucs en même temps ! Et si ça se trouve, tu peux faire apparaître des pieds ou des yeux ! Ça serait trop... »

Le garçon fut coupé alors que Robin fit apparaître un nouveau bras qui lui chatouillait les côtes. Franky tomba à la renverse avec un rire frénétique.

« Non ! Pitié ! Je ne supporte pas ça ! Ah ! »

Iceberg rit à son tour et rejoint la petite pour torturer le garçon aux cheveux bleus. Le bras disparut bientôt et Robin prit le relais elle-même. La petite souriait malicieusement.

Franky réussit à se libérer de l'étreinte des deux enfants et se précipita à travers le grand terrain. Les regards de Robin et d'Iceberg se croisèrent et, d'un accord tacite, ils coururent à sa suite.

La petite brune s'arrêta brusquement en sentant une douleur aux côtes. Elle ne devrait pas s'agiter de la sorte. Robin inspira un grand coup et releva la tête. Les garçons l'avaient devancée.

Franky fit demi-tour et aperçut la petite qui ne bougeait plus.

« Hé Robin ! Ça va ? »

La brunette lui fit un signe, et cria à son tour en reprenant sa course :

« J'arrive! »


Alors ? Dis-moi tout ;) Je sais que cette review te brûle le bout des doigts !