Bonjour à tous, je suis vraiment désolée pour ce retard! Pour tous ceux qui me l'ont demandé je promets de traduire cette histoire jusqu'à la fin, mais je ne peux dire quand ce sera! Le plus vite possible, je vais faire de mon mieux puisqu'il ne doit rester que 4 ou 5 chapitres. Ce chapitre était prêt depuis près d'un mois mais je me suis retrouvée sans connexion internet...

Voilà, je vous laisse lire et n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez! :)


Darcy était assis dans un fauteuil au bord de la table de la salle à manger, les cheveux en désordre et le menton recouvert d'un tapis noir puisqu'il ne s'était pas rasé le matin. Il s'était levé très tard après avoir veillé longtemps pour réfléchir et sa faim l'avait poussé à venir dans la salle à manger en espérant y trouver quelque chose à manger.

Il savait qu'il y serait seul, Bingley était parti pour Netherfield le vendredi précédent, pour raccompagner Miss Bennet jusque chez elle. Il avait décliné l'invitation de Bingley de se joindre à lui mais avait promis qu'il se déplacerait pour le mariage de son ami. À la place, Darcy était resté à Londres, essayant de faire passer comme il le faisait depuis plusieurs semaines.

Les jours semblaient passer dans un opaque brouillard et s'éterniser dans des nuits arrosées de brandy. Plusieurs connaissances de Darcy avaient remarqué son attitude inhabituelle mais il avait toujours été une telle énigme pour chacun d'eux que la plupart ne s'en soucia pas, supposant que ce devait être un problème d'argent, de famille ou d'amour. Il leur importait peu lequel.

Darcy avait lui-même cru qu'il parviendrait à boire assez pour que son cerveau fasse abstraction de ses problèmes. Il avait espéré se débarrasser des grands yeux brillants d'Élisabeth et de la douceur de sa peau qui envahissaient ses rêves. Sa douce odeur semblait trouver sa route jusqu'à ses narines où qu'il soit et quoi qu'il fasse, elle le suivait partout telle l'ombre d'une tentation.

Quitter Élisabeth avait été la chose la plus difficile qu'il eut jamais eu à faire. Si son cœur seulement avait été mis en jeu il l'aurait vécu avec beaucoup moins d'embarras mais il était persuadé lorsqu'il se souvenait de la chaleur qui avait paru émaner de son corps, des flammes dans ses yeux alors qu'il l'avait poussée contre le mur ce jour-là, qu'elle ne lui était pas indifférente comme elle l'avait un jour affirmé.

Cela avait rendu la séparation encore plus éprouvante. Il avait l'impression de dériver au gré des courants de ses pensées, inconscient de tout ce qui pouvait bien se passer autour de lui, sauf cette douleur lancinante dans son cœur et qui se répendait dans tout son être.

Il était allé jusqu'à la table plusieurs fois, essayant de manger mais, malgré sa faim, rien de ce qu'il ne mangeait ne le satisfaisait. À tel point qu'il finit par abandonner, préférant prendre une tasse de café et le journal qu'un serviteur de Bingley avait posé sur la table à côté de son assiette.

Il y avait plusieurs invitations de notables londoniens qui demandaient l'honneur de sa présence à de nombreux bals et autres dîners. Il les mit de côté d'un air désintéressé et continua de parcourir sa correspondance. Il en remarqua quelques-unes qu'il savait être de son intendant mais il n'avait pas la tête à réfléchir à ses affaires de Pemberley pour l'instant. Il les mit de côtés elles aussi pour l'instant. C'est alors qu'il en vit une dont il ne reconnaissait pas l'écriture. Il l'ouvrit immédiatement et regarda le bas de la page pour identifier le nom de l'expéditeur. Ses yeux noirs s'agrandirent lorsqu'ils se posèrent sur le nom « Edward Bennet ».

Il se frotta les yeux avec ses poings comme pour faire disparaître la fatigue qui les embrumaient avant de lire la courte lettre du père d'Élisabeth.

Mr Darcy,

Pardonnez mon audace de vous écrire Monsieur, mais Mr Bingley a été assez aimable pour me fournir votre adresse et m'assurer que cette correspondance serait la bienvenue.

Il m'a aussi assuré que je serais toujours le bienvenu dans sa maison en ville dès que je le désirais. Bien que je pense que son invitation était plus pour l'envie de plaire à son futur beau-père je l'ai surpris en acceptant aussitôt. J'arriverai en ville mardi matin et j'attends avec impatience un entretien privé avec vous-même Monsieur, dès qu'il vous sera possible.

Votre cordialement,

Edward Bennet.

« Mardi ? Mardi ? »

Darcy bondit de sa chaise et couru vers les escaliers qu'il monta quatre à quatre.

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Mr Darcy descendait lentement les escaliers, finissant nerveusement de nouer sa cravate lorsqu'il entendit quelqu'un frapper à la porte d'entrée. Le temps que Darcy atteigne la dernière marche des escaliers, le majordome de Bingley avait déjà fait entrer le visiteur qui enlevait maintenant son manteau.

Mr Bennet n'avait pas encore remarqué la présence de Darcy qui prit une profond respiration avant de s'avancer et de saluer son invité.

- Bonjour Mr Bennet. J'espère que vous avez fait bon voyage ? demanda poliment Darcy.

- Oui, oui, grommela-t-il encore occupé à essayer extirper son bras de la manche de son manteau. Cette tâche finalement accomplie il se retourna vers Darcy pour ajouter : temps correct et état des routes passables. Maintenant assez de plaisanteries Mr Darcy, je ne suis pas venu jusqu'ici pour parler de mon voyage. Si vous vouliez bien me montrer le chemin, je serai ravi de pouvoir discuter avec vous dans un endroit où nous ne pourrons être dérangés.

- Bien sûr monsieur, puis-je suggérer le bureau de Mr Bingley ? dit Mr Darcy en montrant de la main la porte ouverte sur sa droite. Mr Bennet acquiesça et le suivit dans la pièce.

- Puis-je vous offrir un verre de vin, ou préféreriez-vous un brandy ?

- Du vin serait parfait je vous remercie.

Mr Darcy servit deux verres et en tendit un à Mr Bennet. Il gardait les yeux fixés sur son verre, le tourment qui régnait en lui lui rappelant qu'il était encore en léger état d'ébriété.

Mr Bennet avait bu une gorgée de son verre puis s'était assis sur le fauteuil près de la cheminée sans dire un mot. Darcy aurait préféré s'assoir mais il se sentait plus fort pour affronter le père d'Élisabeth en étant debout, sa position lui donnait au moins l'avantage de la hauteur.

Mr Bennet ne s'était pas attendu à ce que Mr Darcy se comporte avec un quelconque différence qui l'aurait obligé à revoir le jugement qu'il avait formé lorsque celui-ci était en Hertfordshire. Cependant il ne pouvait nier une évidente dissemblance entre l'homme fier et indifférent et celui qu'il voyait maintenant, ne pouvant s'empêcher de penser qu'il aurait été parfait pour sa fille. Mr Darcy ressemblait plus à un petit garçon pris en flagrant délit alors qu'il mangeait des sucreries que l'homme désagréable qu'il avait toujours été jusque-là.

- Mr Darcy, dit enfin Mr Bennet rompant ainsi le pesant silence, où est ma fille ?

- Où monsieur ?

- Oui Mr Darcy, où ? Puisqu'elle n'est surement pas là où elle est supposée l'être c'est-à-dire chez elle à Longbourne.

- Je vous demande pardon Mr Bennet, mais votre fille est actuellement, comme je suis sûr que vous le savez, l'invitée de ma sœur et qu'elle réside donc avec son époux à Grosvenor Square. La dernière fois que je l'ai vue elle n'a rien dit qui laissa entendre qu'elle était retenue contre sa volonté. Darcy s'en voulu quelques instant du ton qu'il avait pris, sachant que ce n'était pas de cette manière qu'il se ferait bien voir de Mr Bennet.

Ce dernier ne prit pas offense du ton sarcastique de Darcy mais lui sourit à la place, content de s'apercevoir qu'il avait plus d'esprit qu'il ne l'avait cru.

- Peut-être cela est-il vrai Mr Darcy, et si c'est le cas je vous remercie vous et votre sœur pour votre hospitalité envers ma Lizzy mais sa place est avec sa famille.

- Vous devez me pardonner de nouveau Mr Bennet pour mon obstination, mais pourquoi me dîtes-vous cela à moi ? Je suis sûre que si vous parliez à Lizz… Mrs Collins, se corrigea-t-il rapidement, elle serait en capacité d'expliquer son absence.

- Et je vous pardonne votre obstination, particulièrement lorsque cela est en rapport avec ma fille, puisque vous n'avez pas eu l'occasion de faire face à son caractère de nombreuse fois contrairement à moi. Laissez-moi vous assurer qu'une opposition de front ne mènerait à rien d'autre qu'à un débat inutile, particulièrement lorsqu'elle pense avoir raison.

- Oui, répondit Mr Darcy un sourire aux lèvres à la pensée du fort caractère d'Élisabeth, c'est une de ses plus grandes qualités.

Mr Bennet resta encore plus confus par les paroles de Mr Darcy. Le même homme qui, quelques mois auparavant, avait déclaré sa fille assez indigne pour ne même pas l'inviter à danser se tenait désormais devant lui le sourire aux lèvres énumérant les qualités d'Élisabeth.

- Peut-être vous ai-je sous-estimé Mr Darcy. Il semblerait que vous connaissez ma fille bien mieux que je ne l'aurait cru et que vous partagez mon avis lorsque vous déclarez que sa force de caractère est une de ses qualités et non de ses défauts.

C'est alors que Darcy réalisa qu'il en avait dit bien plus qu'il ne l'aurait voulu, et désigna intérieurement l'alcool pour responsable. Il ne répondit rien de peur de se trahir à nouveau.

- J'admire moi aussi le caractère de ma fille bien que j'aimerais parfois la voir parfois obéir plus facilement.

- Vous pouvez difficilement vous plaindre de son manque d'obéissance Monsieur quand tout ce qu'elle a fait, ce qui l'a mené dans son actuel état de misère et de solitude, est dû à son obéissance à vous-même, son père ! L'homme qui était censé la protéger et l'aimer mais qui l'a jeté aux lions ! lâcha un Darcy incapable de se retenir plus longtemps. L'injustice des mots de Mr Bennet avait mis feu à la colère et la déception et, pour la première fois depuis de nombreux mois, il avait quelqu'un à qui en vouloir, bien qu'il sache qu'il était le plus coupable.

Mr Bennet s'enfonça un peu plus dans le fauteuil buvant doucement son vin alors qu'il comprenait peu à peu son interlocuteur. Mais il voulait être sûr de ses suppositions avant de les exposer directement. Il pouvait encore voir les flammes glacées danser dans les yeux de Darcy et, tel un chat avec sa souris, il décida de s'amuser encore un peu de sa proie.

- Allions, allons Mr Darcy. Je ne vous laisserais pas appeler mon neveu… Pardonnez-moi, mon gendre, un lion ! Un âne peut-être mais un lion ça non !

-Vous vous moquez des souffrances de votre fille et pourtant vous en êtes la cause !

-Vous avez raison Mr Darcy, répondit-il contrit. L'unique occasion pour laquelle j'aurais aimé qu'Élisabeth soit moins obéissante fut aussi celle qu'elle accepta sans se révolter. Aujourd'hui en regardant en arrière et à la vue de l'évolution de sa situation vous pouvez me croire lorsque je dis que j'aurais aimé ne pas être aussi persuasif. Comment étais-je supposé savoir que le vieil homme que je suis survivrais ce jeune imbécile.

- Vous oubliez que ce « jeune imbécile » est encore en vie monsieur, dit Mr Darcy avant d'ajourter dans un soupir, et c'est peut-être le plus grand problème.

- Pour vous ou pour ma fille Mr Darcy ? demanda alors Mr Bennet dont les yeux voyaient plus que Darcy ne l'aurait souhaité, cependant ce dernier n'avait plus la force de cacher plus longtemps ses sentiments.

- J'ai fait, et je continuerai à faire, tout ce qui est en mon pouvoir pour aider Élisabeth. Si j'étais capable d'en faire plus, Mr Bennet, vous pouvez être sûr que je le ferais !

- Et bien, cela apaise ma conscience considérablement Mr Darcy. Penser que tous ces mois je me suis reproché la triste situation de Lizzie, mais maintenant il semblerait que nous partagions les torts!

La fierté et la force de Darcy semblèrent s'évaporer en une seconde, ses épaules s'affaissèrent et sa voix tremblante répondit :

- Ce n'est rien de moins que ce que je mérite Mr Bennet. Si je n'avais pas été aussi stupide, obstiné et fier… mais non, même alors elle ne m'aurait pas accepté.

- Mr Darcy, si vous n'aviez pas été aussi stupide, obstiné et fier, vous auriez été précisément le genre d'homme qu'Élisabeth aurait respecté et admiré. Et, malgré les premières impressions, je crois que vous êtes un aimable gentleman et je suis heureuse de savoir que ma Lizzy a d'aussi bons amis.

-Je comprends votre désire que votre fille rentre chez elle, mais ma sœur et Mrs Collins sont devenues très proches et je crois qu'Élisabeth est heureuse. Je vous supplie de la laissez demeurer à Londres pour l'instant. Ma sœur et moi-même nous assurerons qu'elle ne manque de rien.

- Et ma fille a-t-elle connaissance des sentiments que vous avez pour elle ? demande Mr Bennet.

- Oui, répondit Darcy après avoir hésité quelques secondes.

- Oui ? Comment ? Mr Bennet releva brusquement la tête, alarmé.

- Je les lui ai déclarés. C'était un soir à Hunsford, votre fille n'avait pas accompagné son époux à un diner à Rosings affirmant qu'elle était malade. Je me suis rendu au presbytère pour m'enquérir de sa santé et savoir si quoi que ce soit pouvait être fait pour qu'elle aille mieux. Mais j'ai peur que ma présence n'ait eu l'effet inverse et que nous ne nous soyons disputé.

- Oui, si je me souviens, il semble que vous ayez eu le même effet sur ma fille lors de votre séjour en Hertfordshire.

Darcy sourit en se souvenant de fois plus innocentes et heureuses avant de poursuivre ses explications.

- Peut-être, mais cette fois-là j'ai perdu mon sang froid et j'ai laissé ma passion prendre le dessus. Avant de le savoir je m'étais déclaré à Élisabeth, une femme mariée, finit-il en respirant difficilement.

- Et sa réaction à votre déclaration a été, je l'imagine, particulièrement sèche ?

- Sa réaction ne fut rien de moins que ce que je méritais. Non seulement j'avais déclaré mon amour à la femme d'un autre homme, mais j'avais aussi fait tout ce qui était en mon pouvoir pour qu'elle me déteste et fut cependant surpris de son refus.

Il posa son verre sur la table et commença à marcher le long de la pièce soudain submergé par les souvenirs de cette terrible soirée. Mr Bennet vit la tristesse qui se lisait sur le visage du jeune homme et prit conscience de toute la pitié qu'il éprouvait envers lui. Quelques minutes passèrent avant que Darcy soit de nouveau maître de ses émotions.

- Cependant, ces dernières semaines, elle a appris à me connaître et je crois qu'elle m'a pardonné mon insolence et mon indélicatesse. Et bien que je sache que je ne pourrais jamais avoir plus que son amitié, je garderai précieusement tout ce qu'elle voudra bien me donner.

- Et sa réputation Mr Darcy ? Qui la protégera ? Pardonnez-moi si je dis qu'aux vues des circonstances, et malgré le fait que je crois vos intentions honorables, vous n'êtes pas la première personne que je choisirais pour protéger sa réputation. Elle est, après tout, comme vous l'avez dit une « femme mariée » et je ne suis pas certain que vous soyez capable de rester désintéressé en sa présence puisque vous n'en êtes pas capable en la mienne.

- Je comprends vos doutes Monsieur, et c'est précisément pour cela que je me suis retiré de ma maison et de sa compagnie et que je me suis installé chez Mr Bingley. Je ne ferai rien qui puisse blesser Élisabeth.

- Évidemment, ma fille a déjà pris sa décision de rester à Londres en dépit de mes demandes. Cependant si je m'aperçois qu'elle est, comme vous le dite, heureuse ici, je repartirai l'esprit tranquille sachant que vous prenez soin d'elle.

Sur ces mots Mr Bennet se leva de sa chaise et s'avança vers Mr Darcy la main tendue. Ce dernier la pris avec plaisir et par cette poignée de main il tenta de faire passer toute la reconnaissance qu'il éprouvait sachant que le père d'Élisabeth savait la vérité et lui faisait malgré tout confiance pour prendre soin de sa fille. Il réalisa qu'il ne pourrait jamais entièrement pardonner Mr Bennet (tout comme il ne pourrait jamais entièrement se pardonner), mais les deux hommes pouvaient partager la responsabilité du destin d'Élisabeth et ainsi trouver un point commun dans leurs caractères si différents.

- Maintenant Mr Darcy, j'aimerai parler à Élisabeth et je vous serai reconnaissant de me montrer le chemin.

Darcy déglutit, il n'avait pas vu Élisabeth depuis près de deux semaines, hormis chaque nuit dans ses rêves…