Nuit de folie XXI

Peut-être devrait-elle avoir les nerfs à vif, l'esprit sens dessus-dessous mais cela est loin d'être le cas. Vraiment très loin. Elle se sent au contraire parfaitement sereine. Elle a l'assurance de celle qui a bien fait, qui a eu raison. Sa conscience apaisée est débarrassée de tous ces spectres qui la polluaient jusqu'alors. Tous les regrets, les scrupules… Effacés. Il n'y a plus ce vacarme assourdissant qui l'empêchait de s'écouter. Elle est toute seule dorénavant. Sa voix intérieure est claire, assurée. Hermione sourit. Elle note avec un plaisir étrange que c'est au moment où sa situation atteint un point critique qu'elle se sent grandie. Etonnant n'est-ce pas ? La jeune fille plie les jambes, et se retrouve le menton sur les genoux, ses mains jouent avec ses pieds. Elle goûte le silence environnant avec délice, peut se concentrer sur chaque inspiration, chaque expiration. Elle soupire doucement, longuement. Cet instant arraché au nez et à la barbe de la foule empressée et curieuse est tout simplement parfait. Oh ! Hermione reste honnête envers elle-même même si elle est sûre de son choix, elle ne se sent pas la force de l'expliquer ou de le justifier. Elle n'a pas envie encore de tomber sur Ron et de gentiment l'écouter égrener toutes les injures qu'il lui aura réservées.

En revanche, elle est grandement soulagée et heureuse du soutien dont ont fait montre Harry et Ginny. Elle ignore comment elle aurait pu gérer leur méfiance et leur désapprobation mais elle ne doute pas un instant qu'elle aurait tout tenté pour – si ce n'est les rallier à sa cause – au moins préserver un minimum d'entente entre eux. Parce que, comme elle l'a déjà dit à Ginny, il est absolument hors de question de renoncer à ce qu'elle a découvert, ce qu'elle est devenue. Non, elle est bien trop heureuse… Jamais elle ne s'est sentie aussi bien, aussi en phase avec elle-même. Elle en a le droit. Elle a le droit de vivre.

Quelle sensation enivrante ! Elle ne savait pas que cela existait. Plutôt, elle ne pensait pas qu'elle aussi un jour, aurait droit à un tel bonheur. Elle avait toujours pensé que Ron partageant ses sentiments se rapprocherait le plus de l'idée qu'elle se faisait du bonheur. Manifestement, elle avait tort. Oui, l'intelligente, surhumaine Hermione Granger s'est trompée. Et cette erreur est probablement la meilleure chose qui lui est arrivée depuis son entrée à Poudlard et sa découverte de la magie. Pourquoi ? Parce qu'elle a souhaité de toutes ses forces, devenir enfin une femme. Etre fidèle à elle-même, à ses sensations. Oh ! Elle n'en est pas à parler de sentiments encore elle en a un peu peur. Elle en a si peu l'expérience ! Mais cela ne lui semble plus une tare. Elle fera comme toujours, elle apprendra. Elle apprendra à écouter ses envies, ses désirs. Elle apprendra à apprivoiser son corps, ses sens. Elle apprendra à apprendre à deux. A discuter, se confier. A dire ce quelle pense réellement sans garde-fou et sans le besoin obsessionnel de ménager autrui.

Comme avec Drago. Comme avec celui qu'elle surnommait, il y a quelques semaines, avec toute l'affection qu'il lui inspirait, la fouine. Le cancrelat. Ou encore immonde ordure. Amusant comme la situation a évolué. Un rire gai lui secoue les épaules et Hermione finit par s'allonger de tout son long sur l'immense lit à baldaquin, recouvert de draps frais au parfum de printemps. Drago Malefoy, prince de Serpentard. Ron Weasley, meilleur ami de celui-qui-a-survécu.

L'un a la beauté froide et irréelle de la statuaire grecque et l'autre le charme champêtre des cottages anglais. L'un est fier, arrogant, imbus de sa personne. Méprisant. L'autre manque de confiance en lui, s'accroche désespérément à son amitié avec le célébrissime Harry Potter pour ne pas disparaître, noyé par sa fratrie bruyante et brillante. Pour exister. L'un ne doute jamais, ne renonce ni ne recule tandis que l'autre ne bouge pas de crainte de renoncer à son petit confort. L'un lui parle en faisant fi des conventions, se moquant de la bienséance tandis que l'autre ne daigne pas être honnête avec elle, se protégeant en l'accusant de tous les torts. L'un fait vibrer son corps, de la pointe de ses cheveux à ses orteils, l'autre fait se raidir ses membres. Les lèvres de l'un sur les siennes et ses mains sur elle étaient juste parfaites, les lèvres et les mains de l'autre sur elle ne devaient tout simplement pas être.

Dans ce match à couteaux tirés, les deux adversaires ont autant de défauts l'un que l'autre. Et pour Drago, des défauts qu'elle a déjà eu l'occasion d'identifier chez Harry. Ensuite… Drago déteste Ron. Premièrement parce qu'il est l'ami de saint Potter, deuxièmement parce qu'il est de Gryffondor et enfin pour ce qu'il lui a fait, à elle. L'ordre est-il le bon ? Hum… Elle aimerait bien être en mesure de le vérifier.

Ron quant à lui, voue une haine sans borne à l'égard de Drago. Premièrement parce qu'il est de Serpentard, deuxièmement parce qu'il est riche et troisièmement pour ce qu'il lui a fait à elle. Et là, elle ne doute pas un instant de l'ordre des priorités du jeune homme. Jamais il n'a fait grand cas de ses sentiments. S'agissait-il d'une comédie ? A-t-il jamais éprouvé quelque chose pour elle ? Peut-être. Mais il n'a jamais eu le courage de l'affronter. C'est vers la maison Poufsouffle que le choixpeau magique aurait du le pousser. Aucun cran au moment de faire face. En revanche, lorsqu'il s'agit de se plaindre… Hermione renifle sa désapprobation. Aucun cran et aucune classe.

Jamais il n'a eu un geste tendre et aimant pour elle. Jamais il n'a pris le temps de s'asseoir auprès d'elle, d'écouter réellement ce qu'elle avait à lui dire. Hier soir encore, Ron a fait montre de sa bêtise. Se battre ainsi avec Drago, qu'espérait-il ? L'écraser complètement et l'obliger à se ranger à son côté ? Nier sa personnalité à elle ? Nier ses choix ? Comment a-t-il pu faire quelque chose d'aussi grotesque et stupide ? Comment a-t-il pu présumer à ce point d'elle ? De quel droit s'est-il permis de la haranguer, de l'insulter ? Comment peut-il être si égoïste ? Comme si elle lui appartenait ! Comme si elle n'était rien d'autre qu'un objet, une machine tenue de lui obéir en tous points. Une enfant. Mais Ron se trompe. Si une personne s'est montrée capricieuse, un monstre d'égoïsme, c'est bien lui.

Lui, toujours envieux de la réussite et du succès des autres. Lui, si jaloux de l'aura de son meilleur ami, plus férocement jaloux encore de ce que Drago représente. De ce qu'il est et de ce qu'il possède. Elle l'a toujours senti. Toujours compris. Cette zone d'ombre qu'il tente de dissimuler mais qui ne fait que s'étendre comme une tache d'huile, et qui est clairement apparue lors du Tournoi des Trois Sorciers. Cette rage qu'il porte en temps ordinaire à l'encontre de Drago, tournée cette fois vers Harry. Son meilleur ami. Elle a assisté impuissante aux scènes qu'il a faites à Harry, à sa colère. A sa violence. Elle a essayé de lui parler, de lui expliquer qu'il fallait croire leur ami, qu'il ne leur mentirait jamais. Et que jamais, volontairement, il se mettrait ainsi en avant. C'était tellement évident !

Mais Ron ne pouvait pas l'entendre, ne pouvait pas comprendre ses supplications. Parce que lui, à la place de Harry, c'est ce qu'il aurait fait. Il reprochait au jeune homme ses propres travers. Ron a tellement besoin de se sentir spécial, tellement besoin de se sentir valorisé ! Mais sa soif de reconnaissance est bien trop avide à présent. C'est pour cela qu'il ne pouvait pas se satisfaire de ce qu'elle lui offrait. Bien sûr. Le voilà le nœud du problème. Elle, Hermione Granger. Même si elle lui plaît dans le fond, son statut n'est pas assez intéressant. Elle n'était ni assez belle ni assez populaire. Avec un rat de bibliothèque à son bras, personne ne l'envierait. Comme le regard des autres l'emprisonne ! Comme elle, avant. Oui, elle était comme lui. Elle regardait Ron comme elle se regardait dans tous les miroirs. En le voyant grandir, se métamorphoser, elle s'est dit que cela était à sa portée également. Et que ce serait plus simple s'ils formaient un couple. Tous les deux, ils se seraient mutuellement entraidés, se tirant vers les sommets. C'est ce qu'elle fantasmait. Mais elle sait à présent qu'en pensant ainsi, elle aussi cédait à la facilité. Parce qu'ils auraient été l'un pour l'autre, une gêne.

Handicapés tous les deux de la même manière, perclus de complexes, quel genre de couple auraient-ils formé ? Quel genre d'amour auraient-ils partagé ? Si aujourd'hui elle n'est pas débarrassée de tous ses complexes, elle se sent pourtant davantage maîtresse d'elle, de ses actes. De sa vie en règle générale. Elle avait toujours cru être à la traîne, derrière Harry et Ron. Cela est faux. Celui qui se mentait, qui mentait aux autres, c'est Ron.

Aujourd'hui, ce n'est plus lui qu'elle veut. Ce n'est plus à lui qu'elle veut consacrer ses rêves, ses pensées, son cœur. Hermione ferme les yeux et place son bras en travers de son visage. Que de temps, que de larmes pour en arriver là ! Quel chemin parcouru… Elle se sent un peu étrange, trop légère de ce poids dont elle est parvenue à se défaire. La vie a-t-elle toujours été si simple ? Est-ce elle seulement qui se la compliquait ? Peut-être. Mais ce temps est révolu. A présent que le calme s'est fait en elle, elle sait quelle attitude emprunter à l'égard de Ron. Elle ne l'aime plus et ne peut donc plus rien lui reprocher. Elle n'a à lui offrir, que son amitié. Si le jeune homme qu'il est devenu n'émeut pas celle qu'elle est devenue, il continue à être important pour la fillette de onze ans qui les yeux grand ouverts, découvrait un monde plus vaste que ses rêves les plus fous. Elle ne peut renoncer, et ne renoncera pas à cela. Elle laissera à Ron, le temps de l'accepter. Lorsque ce jour arrivera, elle sera encore là, fidèle à l'attendre. Elle prendra sa main dans la sienne comme elle le ferait avec Harry. Et ils redeviendront des amis. Oh ! Elle ne se fait pas d'illusions. Cela ne se réalisera certainement pas en un jour. Mais quand Ron l'acceptera, elle sera de nouveau là pour lui.

En attendant, elle a encore du ménage à faire dans ses pensées. Oui, envers et contre tout, elle a choisi Drago. Cela ne la renseigne pas véritablement sur les sentiments qu'elle peut avoir pour lui. Oh ! Il l'attire. Il éveille en elle de délicieuses flammes de passion charnelle. Il lui a fait découvrir des sensations inédites et déroutantes. Il lui a fait prendre conscience de sa sexualité. Hermione a envie de le toucher, de le sentir contre elle, de sentir son parfum. Elle a envie de découvrir plus avec lui. Cela est-il de l'amour ? On peut faire l'amour avec une personne sans avoir de sentiments pour elle. Et elle n'est pas convaincue d'aimer Drago. Elle ne peut pas l'aimer. Parce qu'elle ne le connaît pas. Elle ignore tout de lui hormis les tours pendables qu'il a pu lui jouer, ses railleries incessantes. Même si elle reconnaît avoir plus qu'apprécié le temps qu'il a consacré à l'écouter, à la bercer, la vérité est qu'elle a passé bien plus de temps à le détester et le maudire, qu'autre chose. Parler d'amour entre eux serait par trop absurde.

Cependant… Elle veut bien essayer. Discuter encore avec lui et vérifier s'il n'affole que ses hormones. Elle veut prendre son temps dorénavant, mais au grand jour, sans se mentir. Sans faux-semblants. Elle a besoin de repères, de certitudes d'émotions partagées. De réciprocité. Elle veut simplement faire ce dont elle a envie au moment où elle en a envie. Sans se refréner ou se contenir. Alors si demain, il lui venait l'envie de faire l'amour avec Drago, oui, elle le ferait sans la moindre hésitation. Elle n'est pas de ces romantiques qui veulent absolument rencontrer le grand amour avant de céder à l'appel de la chair. Pour elle, il y a encore quelques semaines, Ron était son grand amour. Mais cette chimère n'est plus. Elle ne veut plus s'économiser en vue d'un hypothétique avenir. Elle veut vivre, jouir de la vie et de ce qu'elle lui apporte. Ensuite, ce sera à elle de gérer les éventuelles déconvenues, elle n'aura personne à blâmer.

Hermione a une vie entre les mains et à compter de ce jour elle est bien décidée à en faire ce qu'elle veut sans avoir à prendre en considération ce que les uns et les autres attendent et espèrent d'elle. C'est ainsi qu'elle a fonctionné jusque-là et on ne peut pas dire que cela lui a réussi. Libre à elle dorénavant de s'affranchir de toutes les règles qu'elle s'était imposées croyant bien faire. Elle ne veut plus croire, elle veut agir. Elle doit au moins cela à Drago. Grâce à lui, elle a été obligée de faire le point. Il faudra qu'elle le lui dise…

En attendant, elle meurt de faim. Elle n'a même pas pu prendre son petit déjeuner, car à peine était elle réveillée qu'elle a du affronter les questions sans répit, les regards curieux ou même envieux des filles partageant sa chambre. Elle ignore comment mais d'une manière ou d'un autre, tous les résidents de Gryffondor ont appris l'altercation virile entre Drago et Ron. Plus encore, ils ont eu connaissance des raisons de cette altercation. Hermione se demande qui a bien pu se charger ainsi de jouer les paparazzis. Franchement, l'expression sur les visages des filles ce matin ! Elle n'est pas fâchée que la nouvelle se soit répandue. Ainsi, elle n'aura pas la tentation, la prétention de faire comme si rien ne s'était produit. Elle se trouve au pied du mur ou plutôt à bord du train.

Un sourire de satisfaction se dessine sur ses lèvres. Ginny ! Il faut qu'elle parle à la jeune fille. Hermione souhaite que la jeune fille soit la première personne à entendre ce qu'elle a à dire. Ensuite, viendra le tour de Harry. Quant au reste de l'école, ses actions devraient être suffisamment explicites. Mais pour commencer, elle doit prendre des forces. La jeune fille se décide enfin à quitter l'abri de la salle sur demande et le plus discrètement possible, se cachant derrière la cape d'invisibilité gagne les cuisines où comme à leur habitude, les elfes de maison s'affairent. A nouveau, elle leur demande de quoi se nourrir, et bientôt la voici attablée à déguster le déjeuner que ses camarades doivent être en train de dévorer dans la grande salle. Une fois repue, la jeune fille pousse un soupir de satisfaction, remercie les elfes de maison pour leur concours. Bien, à présent elle doit se rendre à la bibliothèque, elle a convenu la veille avec Ginny de s'y retrouver après le déjeuner afin de pouvoir discuter tranquillement. Hermione quitte les cuisines et toujours dissimulée sous la cape d'Harry, progresse dans les couloirs du château.


Bien qu'invisible, elle fait de son mieux pour ne frôler personne et retient son souffle lorsqu'elle vient à croiser Lavande Brown. Celle-ci a l'air extraordinairement contrariée, ses lèvres pincées blanchissent à vue d'œil. Tout le monde murmure sur son passage, certains Serpentards vont même jusqu'à glousser. Lavande est furieuse, elle marche raide comme la justice, les jumelles Patil à sa suite. Celles-ci, les yeux brillants, font des messes basses. Hermione n'a aucune difficulté à deviner de quoi il peut s'agir. De toute évidence, Lavande n'apprécie pas que Ron, officiellement son petit mai, se soit battu contre Drago pour les beaux yeux d'une autre. La jeune fille se demande de quelle manière Ron a expliqué son geste. Non, elle se doute bien qu'il aura agi comme il sait si bien le faire. Comme un lâche ! Donc, il ne lui aura rien dit. Et une fois encore ce serait à elle de faire le ménage derrière lui ? Hors de question !

Hermione accélère le pas et pénètre dans la bibliothèque désertée à une heure pareille. Elle n'a pas de mal à retrouver Ginny, la jeune fille s'est installée dans un coin tranquille, et même si un livre est ouvert devant elle, son attention est ailleurs. Son regard fixe le vide. Un vide apparemment plaisant, ses pommettes sont roses, ses lèvres entrouvertes. Oh ! D'ici peu, il est possible que Ron crie au scandale, à l'assassinat !

- Ginny !

Le murmure d'Hermione près d'elle fait presque bondir la jeune fille de sa chaise. La jolie rousse se reprend vite et les yeux plissés comme si elle essayait de voir quelque chose d'invisible, elle tire la chaise à côté d'elle, invitant son amie à prendre place.

- Harry m'avait prévenu, mais c'est quand même quelque chose. Hermione ! Tout Poudlard est en effervescence depuis ce matin. On peut dire que tu ne fais pas les choses à moitié.

Ginny parle à voix basse également, son large sourire donne envie à Hermione de rire. Elle se déleste de la cape d'invisibilité et retourne son sourire à son amie.

- Que veux-tu ? Lorsque je fais quelque chose, j'aime le faire bien !

- Bon, il faut que tu me racontes absolument tout. Ton mec canon était donc Drago ! Hum… Je comprends ton choix, il est quand même l'un des plus beaux spécimens de l'école. Après Harry tout de même…

- Je te l'avais bien dit qu'il ne s'agissait ni de Crabbe ou Goyle.

- En effet. Drago Malefoy… Bon, je suis un peu surprise tout de même. Depuis le temps que vous vous insultez avec passion ! Dans mes fantasmes, je vous voyais soit vous entretuer soit vous rendre à la chambre la plus proche. Tu sais ce que l'on dit ? Quand un garçon est méchant avec une fille c'est pour dissimuler des sentiments inavouables !

Hermione rit doucement avec son amie.

- Je suis d'accord avec toi. Je ne comprends pas non plus comment nous en sommes arrivés là. Ce qui importe est que nous y sommes. Je suis désolée Ginny…

- Et pourquoi donc ? Parce que tu t'es entichée d'un Serpentard ? Parce que sa famille n'est pas recommandable ? Parce qu'il est une ordure ? Le rival de ton meilleur ami ? Ou parce que Ron a découvert trop tard ce qui se passait ?

Ginny lui parle doucement et se faisant prend sa main dans la sienne. Hermione sent une boule gonfler dans sa gorge. Elle ne peut pas répondre et se contente d'un hochement de tête.

- Hermione… Ne te soucie surtout pas du quand dira-t-on. Drago n'est pas le seul à avoir des défauts. Harry par exemple… Sa famille ? Regarde les Dursley ! Ce ne sont peut-être pas des mangemorts mais ils sont quand même loin d'être sympathiques et à Harry aussi, il arrive de se comporter comme la dernière des têtes de lard ! Les hommes ne sont pas des anges, et aucun de nous n'a choisit la famille dans laquelle il est né. Pour ce qui est de Ron… Je ne vais pas te mentir, j'aurais été plus qu'heureuse de te voir rejoindre notre famille, tu serais devenue ma grande sœur. Mais je n'ai pas besoin de ça, je n'ai pas à t'imposer quoi que ce soit. Et même s'il est écrit qu'il ne se passera jamais rien entre toi et mon frère, je t'aime quand même. Tu restes ma meilleure amie. Et ce ne sont pas les erreurs de mon frère qui y changeront quelque chose.

Hermione aimerait remercier Ginny, au lieu de cela de stupides larmes s'amassent à ses paupières.

- Evidemment, me faire à la présence de Drago à tes côtés ne sera pas une mince affaire, mais j'espère grandement que ton caractère déteindra sur le sien. Car il faut être honnête, la beauté de Drago est inversement proportionnelle à son capital sympathie. L'espoir faisant vivre, je te fais confiance Hermione, pour lui mettre du plomb dans la cervelle. Il s'en sort bien finalement. Dommage que je ne puisse pas en dire autant de Ron ! Lavande est aussi intéressante qu'un troll des montagnes !

Hermione rit doucement en s'essuyant les yeux du revers de la main.

- Oh ! Ginny. Tu n'es pas gentille avec ton frère. Mais tu as tout à fait raison.

Ginny presse son épaule contre celle de son amie et garde sa main dans la sienne. La chaleur de la jeune fille s'infiltre dans ses veines, dans les fibres de son cœur.

- Mais tu sais… En ce qui concerne Drago… Je ne suis pas sûre de moi. Je veux dire… Je ne suis plus amoureuse de Ron mais je ne le suis pas non plus de Drago. C'est trop rapide !

- Hum ! Ce n'est pas surprenant. Tu as partagé infiniment plus de choses avec Ron qu'avec Drago. Tu ne peux pas te servir de ce que tu as connu avec mon frère et comparer cette expérience avec ce que tu vis aujourd'hui. C'est bien trop différent. C'est comme si je comparais Dean à Harry. L'énoncé est juste impossible !

- Tu as raison. Pour être honnête, Drago m'attire énormément. Physiquement je veux dire. Lorsque je me trouve près de lui, c'est comme si… je recevais des coups de jus ?

- Des coups de jus ? Qu'est-ce que c'est ? Un truc de Moldu ?

- Ah ! Oui. Ce serait comme si des dizaines de feux d'artifice explosaient en même temps dans mon corps et ma tête. Plein d'étincelles…

- Des feux d'artifice ?

Le visage de Ginny se fait songeur.

- Je crois comprendre. Quand je suis avec Harry – seule je veux dire – mon estomac remue dans tous les sens, mon cœur gonfle, gonfle… Et boum ! J'éclate de partout et mes jambes ont la tremblote. Un feu d'artifice ? Oui. Ça y ressemble assez je trouve.

Les deux jeunes filles se sourient, complices.

- Penses-tu qu'il peut se passer quelque chose entre Drago et moi ?

- Pourquoi pas ? Personnellement, je trouve les interdits très excitants. Peut-être aussi est-ce ce qui rend Harry si attirant à mes yeux. Le goût du fruit défendu. Je veux dire en plus de ses superbes yeux verts, de son petit fessier musclé, de sa bouche si…

Les yeux de Ginny se mettent à briller ardemment et la voir se mordiller la lèvre inférieure fait s'interroger Hermione.

- Dis donc, Ginny ! En parlant de fruit défendu, quel goût ont les lèvres d'Harry ?

La rousse se met à glousser de plaisir et son visage vire carmin.

- Eh bien ! Un goût exquis je dirais. Tout à fait exquis.

- Raconte ! Comment cela s'est-il passé ? Enfin !

L'excitation palpable d'Hermione fait rire son amie.

- Hier… Après que Ron a quitté le terrain de Quidditch. Harry a voulu le suivre et je lui ai emboîté le pas. Tu comprends, je ne voulais pas gâcher ce moment ultra-romantique entre Drago et toi. Mais comment dire… Ron n'était déjà pas en mesure de parler à qui que ce soit. Oh ! Il ne criait pas. Mais tout dans son attitude disait : « le premier qui m'adresse la parole… » Bon, un truc de garçon en somme. Tu connais Harry, plein de bons sentiments il pensait que laisser Ron tout seul –malgré sa bêtise- ne serait vraiment pas la chose à faire. Mais mon frère lui a lancé son regard…

- Ah ! Tu veux dire ce regard accusateur qui sous-entend qu'il l'a trahi, qu'il ne comprend pas comment il a pu faire une telle chose à lui son meilleur ami etc etc…

- Exactement. Alors j'ai fait ce qu'il y avait de mieux.

- Tu t'es chargée de consoler Harry ? Alors, la suite ?

- Bon. J'ai emmené Harry à la salle sur demande. Tu comprends, pour avoir un peu d'intimité.

Hermione acquiesce avec enthousiasme. Quel bijou d'ingéniosité que cette salle sur demande !

- Là, je lui ai parlé. Je lui ai dit ce que je pensais, à savoir qu'il avait bien agi. Qu'être à tes côtés et t'encourager était ce qu'il y avait de mieux à faire ! Comme j'ai vu que mes paroles avaient du mal à l'atteindre, j'ai comme qui dirait pris le taureau par les cornes.

- Tu l'as embrassé ?

- Exactement. Tu aurais vu sa tête !

- Il ne t'a pas repoussé j'espère ?

- Hum ! J'imagine qu'il a du y penser pendant au moins une seconde. Mais non, il m'a pris dans ses bras et m'a embrassée à son tour.

- Oh ! Ça devait être d'un torride !

Ginny opine du chef et replace une mèche de cheveux derrière son oreille.

- Lorsque nous nous sommes éloignés l'un de l'autre – pour reprendre notre souffle – ses lunettes étaient de travers et ses verres couverts de buée…

- Alors ? Qu'a-t-il fait après ce baiser d'anthologie ?

- Bah ! Ce n'est pas évident ? Il a recommencé bien sûr.

- Vantarde !

- Mais j'en ai le droit ! Cela faisait tellement longtemps que j'en rêvais, tellement longtemps que je le désirais ! Hermione, grâce à toi Harry m'a avoué que je lui plais.

Hermione ouvre de grands yeux. Son ami est allé au-delà de ses espérances !

- Mais c'est génial !

- Oui. Et j'ai réussi à lui faire comprendre que je me moquais comme d'une guigne de ce que Ron peut penser. Il s'agit de ma vie, de notre vie. Pas de celle de mon frère. Tout comme tu t'es émancipée, Harry doit en faire de même.

- Waouh ! Ron n'a pas fini de faire la tête je pense…

- Mais ça, c'est son problème ! Ne t'inquiète pas Hermione. Harry n'est pas emballé par Drago bien sûr, mais il est de ton côté. Il n'y a que ça qui compte en définitive.

- Il faut que je lui parle.

- Hum… Attends un peu dans ce cas. Je crois qu'il est allé s'expliquer avec Ron justement. Il viendra à toi dès que ce sera fait. Alors ? Qu'en est-il de Drago et toi finalement ? Couple ?

- Je ne suis pas sûre. Je sais juste… que je vais être honnête envers moi-même. Je dois lui parler à lui aussi. Après ça, je serais en mesure de répondre à ta question.

Ginny la considère un instant puis hoche la tête. Oui, maintenant elle doit mettre les choses au clair avec Drago Malefoy…


La carte du Maraudeur lui montre le jeune homme, immobile au pied du grand escalier, après que le professeur McGonagall, Pansy Parkinson, les jumelles Patil et d'autres l'ont laissé seul. Les sourcils froncés, Hermione réfléchit à ce curieux rassemblement elle se demande ce qui a pu se passer. Sans faire un bruit, elle avance à la rencontre du jeune homme. Il est à la même place, la main droite sur la rampe de l'escalier, la tête baissée. Curieusement, il se dégage de lui une impression de vulnérabilité. Il est nu de cette arrogance qu'il affiche à tout bout de champ et il lui donne envie de le prendre dans ses bras et de le bercer doucement, tendrement. Son cœur se serre dans sa poitrine elle a l'impression de voir son vrai visage. Celui qu'il cache derrière son habituel petit sourire. Oui, elle ne connaît rien de lui mais… Pourquoi le voit-elle sous ce jour à présent ? Pourquoi arrive-t-il à l'émouvoir ? Cela reste un mystère pour elle, et elle n'a pas envie de répondre à cette question dans l'immédiat. Ce qu'elle veut tout de suite, c'est le toucher et se presser contre lui, le réconforter. Lui rendre ce qu'il lui a déjà offert. Toute autre pensée la quitte et elle entreprend de descendre le grand escalier à la rencontre du jeune homme.

- Drago !

Lorsqu'il entend sa voix, la tête du jeune homme se redresse aussitôt, sur son visage, des émotions intenses et fugitives qui font battre son cœur un peu plus vite.

- Hermione…

Sa voix est basse, suave… Des frissons courent le long de son dos. Comment fait-il ? Comment s'y prend-il pour lui faire cet effet ? Drago lâche la rampe de l'escalier, elle parcourt encore quelques marches pour arriver à son niveau. Plus elle s'approche de lui, plus son cœur bat fort. Elle force sa respiration à rester égale. Drago lui tend sa main, elle la prend aussitôt et leurs doigts se mêlent intimement. Elle lui sourit naturellement, le jeune homme vient poser ses lèvres sur son front. Elle ferme les yeux sous cette caresse aérienne.

- Comment vas-tu aujourd'hui ?

Sa voix est pleine d'intérêt, oui il ne semble pas feindre d'être concerné.

- Bien, grâce à toi. Drago… Je suis désolée. C'est de ma faute si…

Elle ne termine pas sa phrase et de la main gauche dépose des caresses légères sur son visage, ses lèvres abîmées et ses ecchymoses. Son beau visage… Et dire qu'il a fait tout cela pour elle ! Il lui sourit.

- Non, ne t'en fais pas. Je suis assez fier de ces marques en fait. Tu es ma belle princesse en détresse, je ne pouvais pas ne pas venir à ta rescousse.

Hermione sourit.

- Tu es donc mon Prince Charmant ? Soit. Je pense pouvoir me faire à cette idée. Plus sérieusement. C'est la première fois que je me trouve dans ce genre de situation, et je ne sais donc pas comment je devrais me comporter.

- Reste-toi même surtout. Je n'ai besoin de rien d'autre.

La réponse a fusé, claire, simple. Oui, Drago lui fait ressentir de vraiment drôles de choses. Pourquoi ses yeux la démangent-elle de larmes ? Parce qu'il lui donne l'impression de vraiment accepter qui elle est ? De la comprendre ? Un assez long moment de silence les baigne, un silence qui n'est pas lourd ni désagréable. C'est un silence qui lui permet de donner forme à ses idées pendant que la main de Drago tient doucement la sienne, la caresse avec une délicatesse rare.

- Je vais essayer. Je risque d'être maladroite dans mes gestes, je ne suis pas douée encore en relations humaines. Mais je suis encore moins douée pour exprimer ce que je ressens alors…

D'un coup, elle se penche vers lui, et pose les lèvres sur les siennes. La réaction de Drago, qui semble être l'étonnement la fait se reculer mais elle n'en a pas le temps, car de ses deux mains, il vient entourer son visage et la maintient contre lui. Il sépare la dernière marche qui les sépare et la serre fort contre lui, une main autour de sa taille, l'autre sur sa nuque. Elle ne peut s'empêcher de gémir dans son étreinte. Son cœur bat de plus en plus fort, ses jambes sont prises de tremblements. Drago l'embrasse avec ferveur, une ferveur qui la fait se sentir toute chose, une ferveur qu'elle tente de lui retourner et pendant ce temps, son cœur gonfle, gonfle…