CHAPITRE 1 : We were strangers

We were strangers

Nous ne nous connaissions pas

Starting out on a journey

Et nous embarquions dans un voyage

Never dreaming what we'd have to go through

N'ayant jamais rêvé des aventures qu'on vivrait

Now here we are

Maintenant, nous voilà

And I'm suddenly standing

Et je me tiens, tout d'un coup

At the beginning with you

A tes côtés, au début de tout

Cela faisait des années qu'elle attendait ça, et cela arrivait enfin : Elena entrait en première année à Poudlard. Bien sûr, comme tous les enfants issus de parents sorciers, elle avait été bercée depuis sa tendre enfance par les exploits des quatre fondateurs de Poudlard, et rêvait depuis aussi longtemps d'y entrer. Bien que La fontaine de la bonne fortune ou le Conte des trois frères aient été ses contes favoris, elle aimait tout autant les contes moldus, tels que Cendrillon ou le Petit Chaperon Rouge. Car Elena avait beau avoir un père sorcier, Isaac Grape, sa mère, Marilyne Grape était une moldue. Cette dernière tenait une librairie dans Londres, tandis que son père travaillait pour le Quidditch Mag au ministère.

Elena avait aussi une grand frère, Aaron, qui travaillait depuis peu dans une réserve de dragons en Roumanie. Elle savait que ce job faisait le bonheur de son frère, mais son absence lui pesait de plus en plus, surtout que ce n'était vraiment pas la porte à côté.

Elena boucla sa valise en y rajoutant sa trousse de toilette et pu enfin la fermer. Elle prit sa veste sur son porte manteau et se regarda une dernière fois dans le miroir de sa chambre. Elle n'avait jamais été superficielle, mais le regard des gens lui importait beaucoup. Puis sa rentrée à Poudlard était l'occasion de partir sur de nouvelles bases, où elle aurait peut-être plus confiance en elle. Bien qu'elle ne se l'avouait pas, Elena n'était pas du tout moche. Elle avait de longs cheveux bruns qui lui descendaient jusqu'au milieu du dos, mais qu'elle trouvait « sans coupe ». Elle avait ensuite des yeux marrons foncés, qu'elle jugeait « trop communs », puis enfin une morphologie qu'elle trouvait banale, sans forme, de taille moyenne. D'un autre côté, à onze ans, on ne peut pas tellement avoir la taille d'un mannequin et les formes d'une jeune femme.

Elena mit sa veste en jean et souffla. Son frère ne serait même pas là pour sa première rentrée. Elle avait tellement attendu ce jour, que maintenant elle en avait peur. Son frère n'était même pas là pour la réconforter, son père stressait pour un rien, de peur que sa fille chérie oublie quelque chose, et sa mère finissait de préparer un sac de « secours ». Chaque année, cela avait été la même chose pour son frère. Elle s'obstinait à préparer un sac de secours, qui apparemment ne servait à rien. Il comportait des pansements, des médicaments… Cela aurait été utile s'ils étaient des moldus, mais l'infirmière avait tout ce qu'il fallait. Aaron n'avait donc jamais ouvert ce fameux sac de secours.

« Elena, cria Isaac Grape, dépêche toi ma puce, la Poudlard Express ne va pas t'attendre »

Elle quitta son reflet et prit sa valise qui, il fallait l'avouer, pesait une tonne. Son père n'avait pas encore eu le temps de lancer un sort d'allègement. Elle descendit les escaliers en traînant sa malle derrière elle lorsqu'elle eut un flash : Archimède.

« PAPA », hurla-t-elle.

Elle sauta les quelques marches qui lui restaient et rejoignit ses parents dans le salon en courant. Elle ne partirait pas sans Archimède, non, il était hors de question qu'elle parte sans son chat adoré.

« Papa ! Papa, dit elle en reprenant sa respiration. Archimède, je ne sais pas où il est !

_Il n'a pas dormi avec toi cette nuit ?

_Non ! Je voulais qu'il profite une dernière fois du jardin donc je ne l'ai pas fait rentré hier soir …

_Et tu crois qu'on a le temps de chercher ton stupide chat, coupa sa mère. »

Archimède n'était pas un stupide chat !

« Je ne pars pas sans lui, continua leur fille.

_Nous n'avons pas le temps Elena », voulut conclure sa mère.

La concernée allongea sa malle et s'assit dessus en regardant sa mère : non elle ne partirait pas sans son chat.

« Et tu crois qu'en restant assise sur ta malle il va revenir, questionna son père. Tu te dépêches de le trouver dans le jardin pendant qu'on charge la voiture. »

Comme si cela avait été un top départ, elle courut dans le jardin en hurlant le nom de son animal. Et comme prévu, il ne vint pas. Elle voulut pleurer, mais elle avait beaucoup trop de fierté pour ça. Elle cria à nouveau le nom de son chat dans tout le jardin mais elle se rendit à l'évidence, elle irait à Poudlard sans lui.

« Elena ! »

C'était la voix de son père, il fallait sûrement partir pour ne pas arriver en retard. Elle rejoignit l'entrée de la maison en traînant les pieds. Toute joie avait quitté son visage. Aaron en Roumanie, Archimède perdu dans la nature, la journée commençait vraiment mal.

« Regarde qui j'ai trouvé caché sous la voiture, lança sa mère avec sourire, une grosse boule de poils dans les bras. »

Sale bête, il se cachait, mais en vrai, il rêvait d'aller à Poudlard. Aaron avait dit à sa sœur que l'école était un coin rêvé pour les souris. Le chat avait dut l'entendre, ses yeux pétillaient en regardant les photos de son maître.

Glissée entre son chat et son sac-de-secours-qui-ne-servait-à-rien, Elena repensa au moment où elle avait reçu sa lettre. Elle n'était pas particulièrement surprise à vrai dire, car d'après sa famille, elle avait fait pousser un bec de canard à son frère quand celui ci lui avait volé son mini balai. Elle eut à peine le temps de sourire que sa mère avait arrêté la voiture sur le parking de la gare. D'un côté, la maison des Grape n'était pas très loin de celle ci.

« Ma puce, indiqua son père, tu restes bien près de nous d'accord ?

_Chéri, continua sa mère, je me demande lequel de vous deux est le plus stressé ? »

Isaac lança a regard complice à sa fille et pressa la pas pour passer à la voie 9 ¾. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, la petite famille se trouva devant la locomotive flamboyante. L'horloge indiquait qu'elle n'allait pas tarder à partir et que par conséquent, Elena devait dire au revoir à ses parents.

« Tu fais bien attention à toi d'accord ? »

Elle était sûre d'entendre cette phrase chaque année, à chaque départ. Mais d'après son frère, tous les parents étaient comme ça.

Elle chercha un compartiment, mais ils étaient pratiquement tous plein. Heureusement, elle arriva à l'un des compartiments du fond, et trouva un occupé par uniquement une personne. C'était un garçon, de première année si elle tenait compte qu'il ne portait pas de cravate de couleur, et il ne se retourna même pas lorsqu'elle ouvrit la porte pour s'installer.

XXXX

La banlieue de Londres était l'endroit idéal pour de jeunes sorciers s'épanouir. Dans un quartier sans histoire, Teddy Daniel Ambrosius reçut un hibou. L'oiseau était arrivé un samedi matin, aux aurores. Peu ravi d'être réveillé de bonne heure, le garçon s'était traîné en maugréant jusqu'à la fenêtre. Sa colère disparut cependant lorsqu'il lut le message et l'excitation déferla dans ses veines.

« Maman ! Papa ! »

A onze ans, Teddy était un peu petit pour son âge, un peu trop frêle également. Tout comme sa mère, il avait le teint légèrement mat et les cheveux châtains sombres, courts qui bouclaient légèrement sur la nuque et qui, en fonction de la lumière, pouvaient paraître bruns ou noirs. Ses yeux étaient d'un marron très sombre également, d'une couleur uniforme et parfaitement unie, des yeux qui sondaient.

Le parchemin à la main, Teddy laissa la fenêtre grande ouverte et se précipita dans les escaliers, criant à la volée qu'il venait de recevoir sa lettre d'admission à Poudlard la fameuse école de sorcellerie. Ses parents n'en furent pas particulièrement étonnés. A l'âge de six ans, Teddy avait métamorphosé leur chien Boulou en une espèce de crapaud géant et il avait fallut à son père toute son adresse et toutes ses connaissances en métamorphose pour redonner à l'animal son apparence originelle. En tant que confectionneur de balais de courses, Carl Ambrosius était plutôt doué en sortilèges.

La mère, Eleanore, fut plus réservée sur l'admission de son fils cadet dans le prestigieux internat. Jacob, son aîné, était déjà en troisième année. En tant que moldue et mère au foyer, elle avait toujours émis quelques réserves quant à la magie. Elle ne niait pas qu'il y avait là quelque intérêt – et quelque côté pratique par la même occasion – mais la magie lui enlevait ses garçons et elle craignait de se sentir bien seule.

Quoi qu'il en soit, Teddy était plus que ravi.

« A Serpentard, ânonna Jacob en mâchant son toast au petit déjeuner, on a le professeur Rogue comme directeur. »

Teddy ne se lassait pas d'écouter son frère. Jacob avait toujours été pour lui un modèle, bien piètre il fallait l'avouer, et bien peu recommandable surtout. Il était l'image même de celui qui savait et qui montrait la voie, il était le frère qui avait tout accompli et qui connaissait tout, le protecteur et le mentor à la fois. Les deux enfants s'entendaient à merveille, parfois même trop bien, et il arrivait qu'au cours de leurs chahuts, quelque drame se produise.

Les courses sur le chemin de traverse furent particulièrement compliquées cette année-là entre Teddy qui cherchait désespérément le meilleur matériel possible et Jacob qui voulait ce qu'il y avait de plus inutile.

Le retour à Londres se fit donc dans la bonne humeur et ce soir-là, Teddy alla se coucher, épuisé et pressé d'utiliser ses nouveaux instruments d'étude. Mais avant que le sommeil ne l'emporte, Jacob se glissa dans sa chambre.

« Psssst. Teddy ! Tu dors ? »

Le grognement qui lui répondit l'assura que son jeune frère n'était pas encore plongé dans le sommeil, ou pas tout à fait.

« L'école c'est dans trois jours. Tu vas aller à Poudlard.

_ Ouais. (l'enfant se dressa sur les coudes.) Dis, Jack. La répartition, c'est quelque chose de douloureux ? »

L'aîné ne répondit pas immédiatement. Dans son esprit, bien des envies peu recommandables devaient tourner.

« Tu verras. Faut que tu ailles à Serpentard.

_ Mais si c'est pas possible ?

_ Débrouille-toi ! »

Jack fit mine de quitter la chambre, Teddy le retint par la manche de son pyjama.

« Et si j'y arrive pas ? Tu m'en voudras. »

Son frère le dévisagea, lui envoya un grand sourire et quitta la pièce sans lui répondre. Pendant les jours qui suivirent, Teddy eut bien des difficultés à trouver le repos ou la sérénité. Les paroles que lui avait dites son frère au retour du Chemin de Traverse tournaient et retournaient sans cesse dans son esprit si bien qu'au matin du premier septembre, il n'était plus sûr de savoir s'il était heureux ou non d'entrer à Poudlard.

Dans la voiture moldue qui l'emmena jusqu'à la gare de King's Cross, il se rongea les ongles d'angoisse tandis que Jack ne cessait de parler de ses amis, des cours et de l'équipe de Quidditch qui allait tenté d'intégrer cette année, comme toutes les autres années, en vain.

Arrivé sur le quai de gare, Teddy sentit la nausée lui monter à la gorge. Il était maintenant convaincu qu'il ne pourrait jamais aller à Serpentard et que son frère ne lui adresserait plus jamais le moindre mot de toute sa vie. Mais au moment de lui en toucher un mot, Jack saisit les poignées de son chariot couvert de bagages et passa à toute allure le passage entre les voies neuf et dix.

Teddy hésita, déglutit et le suivit, ses parents sur les talons. Sur le quai, l'Express attendait le départ. Jack, lui, était déjà hors de vue.

Il suivit ses parents, la gorge sèche et les larmes aux yeux. Quitter ses parents n'était pas une mince affaire non plus et il n'était pas sûr du tout de savoir s'il voulait continuer ou faire demi-tour. D'un côté, il estimait idiot d'abandonner maintenant sa vie de sorcier.

Sa mère l'embrassa sur la joue en essuyant une larme et son père lui posa une main sur l'épaule, le visage rayonnant de fierté. Alors Teddy les salua et au coup de sifflet, monta dans le train. Il traîna sa lourde valise derrière lui, avisa une fille aux cheveux en broussaille accompagnée d'un garçon au visage rond et d'une rousse qui avait l'air perdue et entra dans un compartiment vide. Incapable de lever la valise jusqu'au porte-bagages, il décida de la laisser là, à moitié dans le chemin puis il appuya le nez contre la vitre et chercha ses parents des yeux.

Lorsque, quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit, il ne se retourna même pas.

XXXX

Un peu vexée que le garçon ne se donne même pas le peine de la saluer, ne serait-ce que par politesse, Elena se racla la gorge. Déjà qu'il avait laissé sa valise traîner entre les sièges, ce qui signifiait qu'elle allait, en plus, devoir manœuvrer pour atteindre une place assise. Elle eut bien envie de changer de compartiment mais non seulement le train était bondé mais encore en plus l'énorme locomotive rouge se mettait déjà en branle, secouant le wagon et manquant de peu de la faire tomber.

Entendant son raclement de gorge suivit d'une chute, Teddy se retourna et regarda la personne qui venait d'entrer dans le wagon. Une énorme malle la suivait, et il se rendit compte que la sienne était en plein milieu. Il se leva pour la déplacer, il n'avait vraiment pas envie de se faire des ennemis dès le premier jour. La jeune fille se releva timidement, remit son t-shirt droit et le regarda de haut en bas. Teddy rougit alors qu'Elena afficha un grand sourire :

« Elena Maryline Cassiopée Grape ! Enchantée. »

Il tendit timidement la main. Teddy avait toujours eu un côté un peu timide. Mais en regardant l'adolescente qui se trouvait face à lui, il se dit qu'elle ne devait pas être plus assurée que lui.

« Teddy Daniel Ambrosius, répondit-il sur le même ton. Tu veux un coup de main pour ta malle ? »

Elle se retourna pour regarder l'objet en question et acquiesça. A eux deux, ils parvinrent avec bien des difficultés à hisser les deux énormes valises dans les portes-bagages puis, alors que le train quittait la banlieue de Londres pour s'enfoncer dans la lande, ils se laissèrent tomber sur les banquettes.

Elena se rendit alors compte que son sac de secours était à côté d'elle, et que son chat était toujours dans sa caisse. Elle se leva et rougit quand elle se rendit compte que Teddy regardait ce fameux sac. Elle n'avait pas du tout envie de lui expliquer, il allait croire que sa mère la prenait pour un bébé. Elle parvint difficilement à le ranger dans sa malle et sortit son chat de sa caisse de transport

Heureux d'être enfin en liberté, le chat sauta directement sur la banquette d'en face, et ainsi se rapprocha de Teddy.

« Oh non ! Eloigne-le », s'exclama-t-il.

Elena ouvrit de grands yeux ébahis. Recroquevillé sur la banquette devant elle, Teddy donnait l'impression d'avoir un fantôme assis sur le genoux. Il était si crispé que ses phalanges blanchissaient sur le rebord de son siège.

« Ne me dis pas que tu n'aimes pas les chats ! »

Pour Elena c'était complètement impensable. Le garçon déglutit, incapable de quitter Archimède des yeux. Par acquis de conscience, des fois qu'il aurait des réactions violentes et parce qu'il avait vraiment l'air mal à l'aise, elle attrapa l'animal par la peau du cou et le posa sur ses genoux. Teddy sembla alors se détendre immédiatement.

« Comment peux-tu avoir peur d'une bête aussi adorable que Archimède Grape, s'étonna-t-elle en grattant le cou de l'animal. Il ne ferait pas de mal à une mouche tu sais. Par contre une souris, je ne saurai pas te dire. »

Teddy déglutit en voyant le regard de l'animal se poser sur lui. Il se sentit un peu bête en pensant que le chat paraissait inoffensif, et que par conséquent il ne risquait rien, mais il avait lu que les chats issus du monde sorcier étaient différents, qu'ils ressentaient les sentiments humains, et voyaient les différences entre les sorciers. Archimède avait-il donc sentit que Teddy avait peur des chats ? Saleté d'animal.

C'était tout de même pas de chance. La première personne qu'il rencontrait avait un chat pour animal de compagnie. Qu'aurait donc la prochaine ? Une araignée géante ? Maintenant c'était sûr, Elena allait se moquer de lui. Tentant de faire comme s'il était plus détendu, il fit mine de regarder dehors.

« Tu entres en première année ? »

L'adolescente lui envoya un grand sourire et sans cesser de caresser l'animal, répondit :

« Première année oui. J'ai trop hâte de passer sous le Choixpeau et de découvrir ma future maison. Et l'année prochaine, je veux entrer dans l'équipe de Quidditch pour être gardienne. »

Elle leva des yeux rêveurs vers le plafond.

« Ce sera trop bien. »

Ce poste, Elena en rêvait depuis des années. En fait, depuis que Damien Righter fut sélectionné gardien des Flaquemares très exactement, ce qui remontait à maintenant trois ans. Son frère s'était moqué d'elle en disant que c'était du fanatisme, mais quand elle le menaça de révéler la cachette des photos des joueuses des Harpies, photos normalement interdites pour son âge, à ses parents, il changea de couleurs et d'avis, et la laissa monter sur son vrai balai, un balai comme les grands. Elena sourit en repensant à ce souvenir et se permit de poser la même question à Teddy.

« Oui, moi aussi je rentre en première année, par contre le quidditch ne m'intéresse pas plus que ça. »

Cette fois, Elena ne tint plus.

« Tu n'aimes pas les chats, tu n'aimes le Quidditch, mais y a rien qui t'intéresse en fait. »

Teddy rougit si violemment qu'elle éclata de rire. Il bafouilla :

« Si… j'aime bien… euh… je sais pas. La botanique.

_ La botanique c'est pas une activité, c'est une matière.

_ J'en sais rien. Je fais des tas de trucs.

_ Comme quoi ? »

Il ouvrit la bouche sans prononcer le moindre mot, se demandant ce qu'il allait vraiment pouvoir répondre. Lorsqu'un cri provenant du couloir lui sauva la mise.

« Hééééé ! Y a une voiture volante dehors ! »