Titre : une semaine de toi 3
Source : Gundam Wing AC
Auteur(e) : Lysanea
Genre : yaoi, romance, UA.
Disclamer : aucun des personnages ne m'appartient sauf Terrence Carrere et Nohlan Jefferson.
Pairing : 1x2
Personnages : Heero Yuy Lowe, Duo Maxwell, Wufei Chang
Notes : bonjour et merci à vous qui êtes encore là pour lire et suivre cette histoire. Merci également à ceux d'entre vous qui prennent le temps (qu'on a pas toujours) pour me laisser vos impressions, à ceux qui m'ajoutent dans leurs listes, je pense avoir répondu à tout le monde. Un nouvel os aujourd'hui avec pour personnages centraux Duo et Wufei dont j'adore développer et écrire sur leur amitié. J'espère qu'il vous plaira.
Une pensée à ma chère Claire également, "parce que c'est toi" ^^
Bonne lecture à tous !
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« Parce que c'est lui, parce que c'est moi. »
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Tribunal de Grande Instance de Sank , Salle des Pas perdus,
Début décembre 205
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- Encore une fois, bravo et merci, Maître Chang, c'était de l'excellent travail, du début à la fin. Un sans-faute absolument admirable !
Wufei s'incline légèrement.
- Merci, Monsieur Carrere… mais est-ce que par hasard, vous doutiez de ma capacité à gagner cette affaire ?
- Absolument pas ! le rassure le grand homme avec un chaleureux sourire. Vous m'avez été fortement recommandé par Duncan, j'avais donc dès le départ l'assurance que nous avions toute nos chances. J'avoue cependant avoir grandement apprécié vous voir à l'œuvre, j'adore votre façon de travailler ! Vous êtes sans pitié dans une salle d'audience, et quelle verve !
- Sachez que de mon côté, j'ai également été ravi et honoré de travailler pour et avec vous, Monsieur Carrere, répond Wufei en s'inclinant à nouveau. Si je peux vous être utile à l'avenir, n'hésitez surtout pas à faire appel à moi.
- Avec joie, c'était déjà l'une de mes résolutions ! Ah ! je vois notre ami commun sans qui notre collaboration n'aurait sans doute jamais été possible… Duncan ! Duncan, cher ami !
Duo, habitué à être interpellé par son prénom au Tribunal, se retourne pour voir si c'est bien de lui dont il s'agit.
Avisant Wufei en compagnie d'un homme qui lui fait un signe et qu'il reconnaît, il les rejoint avec un grand sourire.
- Terrence, Wufei, bonjour ! les salue-t-il en les embrassant.
- Maxwell.
- Bonjour, Duncan. Nous avons parlé de toi rapidement i peine quelques secondes, tu auras une longue vie !
- Vous disiez que du bien, sûrement, mes oreilles n'ont pas sifflé !
- Evidemment ! Je remerciais Maître Chang pour son travail et lui assurais que j'étais confiant puisque c'est toi qui me l'as recommandé, explique-t-il en tapotant familièrement l'épaule de Duo.
- C'est vrai que c'était aujourd'hui, la dernière audience ! Alors, verdict ?
- Comment oses-tu poser cette question, Maxwell ?
- Simple politesse… Félicitations ! Je savais que ce serait dans la poche, assure Duo en serrant la main de Terrence Carrere, puis en donnant une brève accolade à Wufei. J'allais déjeuner, vous avez peut-être le temps de prendre un verre pour fêter ça ?
- Ma femme et mes fils m'attendent dans la voiture, s'excuse Terrence. Mais je comptais déjà vous inviter pour vous remercier, Maître Chang.
- Ce n'est pas nécessaire, Monsieur Carrere, je n'ai fait que mon travail.
- J'insiste ! Je vous téléphonerai rapidement pour convenir d'un rendez-vous. Duncan, Heero et vous serez aussi les bienvenus.
- C'est très gentil, Terrence. Si nous pouvons nous libérer, ce sera avec plaisir, évidemment.
- Parfait ! Encore merci, Maître Chang, et à très bientôt, conclut-il en serrant la main de Wufei. Duncan, au plaisir, également.
- A bientôt, oui, salue Evangeline et les enfants pour moi, répond-il en serrant sa main à son tour.
- Je n'y manquerai pas !
Wufei et Duo suivent l'homme d'affaires des yeux, alors qu'il quitte le tribunal d'un pas léger et le sourire aux lèvres, s'arrêtant parfois pour saluer les personnes croisées.
-Tu as marqué des points, 'Fei ! se réjouit Duo. Je ne donne pas deux jours avant que tout le monde ne soit au courant de ta victoire dans cette affaire... Profites-en pour enrichir ton carnet d'adresses, c'est l'occasion !
- C'est prévu. Merci pour ton aide.
- C'est normal, réplique Duo en lui faisant face. On est amis, non ?
- Certes. Mais tu prends quand même des risques en me recommandant à des personnes si influentes et haut placées.
- J'ai confiance en toi, Wufei, je sais que t'es un excellent avocat. Ce serait injuste de priver les gens de tes capacités sous prétexte qu'il y a des trous dans ton parcours.
- Effectivement.
- Et puis tu me donnes raison, t'as bien vu la satisfaction de Terrence… C'est une des grandes fortunes de Sank, mine de rien ! Et un ami de l'adjoint du procureur. Même s'il paraît très ouvert et gentil, il est aussi et surtout très exigeant.
- J'ai pu le constater.
- Tu vas voir, je ne vais bientôt plus avoir à te recommander, les gens viendront d'eux-mêmes !
- Ce serait une belle victoire, la plus significative de toutes.
- Ca ne saurait tarder, je te le dis ! Mais si tu veux m'offrir le déjeuner en guise de remerciement pour ma contribution, je ne dis pas non !
Wufei soupire.
- Je pourrais sérieusement me demander si c'est ton estomac ou ton portefeuille qui parle, mais vu ton salaire, je pencherai plutôt pour l'estomac.
- C'est juste pour marquer le coup, se défend Duo. Un verre en ville suffira, tu sais, si t'as pas le temps de déjeuner… ou si tu as déjà prévu de voir quelqu'un…
- Ce n'est pas le cas.
- Ah bon ?
- Pourquoi sembles-tu si étonné ?
- Je t'ai pas mal vu ici, ces derniers temps, et plusieurs fois en fin de matinée... alors que tu rejoignais Treize.
Wufei lève un sourcil.
- Pourquoi ne t'es-tu jamais manifesté ?
- Je voulais pas déranger !
- Shazi…
- Hey ! je m'attendais plutôt à un « merci » ! proteste-t-il, les poings sur les hanches.
- C'est sûr que je suis quelque peu surpris que tu ne sois pas venu mettre ton grain de sel au moins une seule fois.
- J'avoue que ça m'a démangé une paire de fois...
- Je n'en doute pas. Tu aurais vraiment pu nous rejoindre et nous aurions déjeuné ensemble.
- Si Heero avait pu être avec moi, je l'aurais sûrement fait, mais il était souvent occupé ou alors on se retrouvait plus tard.
- Je sais que tu trouveras toujours quelqu'un avec qui déjeuner, Maxwell, mais la prochaine fois que tu nous voies et si tu en as envie, n'hésites pas à te joindre à nous.
- D'accord, je note !
- Pour aujourd'hui, Treize est occupé, reprend-il en rangeant son dossier dans sa sacoche, cadeau de Duo pour son retour dans la profession. Donc si tu peux te contenter de ma simple présence et d'un repas rapide à la cafétéria, car j'ai moins d'une heure, je veux bien t'inviter.
- Cool, ça me va ! J'ai une reprise d'audience dans une heure et quart, je comptais pas trop m'éloigner…
- Allons-y, dans ce cas.
Une dizaine de minutes plus tard, attablés dans l'un des coins les plus tranquilles de la cafétéria du Tribunal, Duo finit par poser la question qui lui brûle les lèvres depuis quelques jours, déjà.
- Alors, ça avance entre Treize et toi ?
- Qu'entends-tu exactement par « avancer », Maxwell ? répond Wufei d'un ton égal.
Connaissant Duo, il savait qu'il y aurait droit, un jour ou l'autre.
- Vous en êtes où ? A nouveau ensemble ou pas encore?
- Non.
Duo grimace en reposant sa fourchette.
- Ca fait plusieurs semaines, depuis que vous vous êtes revus pour la première fois…. Et d'après ce que j'ai pu observer et ce que tu as laissé échapper certains jours de chance, vous avez continué à vous revoir souvent… non ?
- Nous nous voyons beaucoup, en effet, confirme-t-il.
- Mais… ?
- Mais en toute amitié.
- Vous n'êtes pas amis, 'Fei, conteste Duo avec un petit rire. Et inutile d'essayer de me faire croire que c'est ce que tu veux, je te connais.
- Si c'est la seule relation que Treize souhaite avoir avec moi, à présent, je n'ai d'autres choix que de respecter le sien.
- Il t'a dit qu'il voulait que vous soyez juste amis ? demande Duo en leur servant à boire. Ou alors tu as interprété quelques chose qu'il a dit ?
- Il a quelqu'un dans sa vie, Maxwell, il n'y a qu'une interprétation possible.
La moitié de la carafe de jus de fruits manque de peu de se retrouver sur la table.
- Quoi ? s'indigne presque Duo. Tu plaisantes ?
Wufei ne répond rien et continue de manger, ce qui, en soit, constitue la réponse attendue par Duo.
- Je suis désolé, 'Fei… soupire-t-il sincèrement en reposant enfin la carafe. J'aurais pas tant insisté pour que vous vous revoyez, si j'avais su…
- Je n'en doute pas.
- Et… c'est sérieux, tu penses ?
- Apparemment.
- Tu le connais ? C'est un mec ?
- Non et oui. C'est un reporter qui est souvent à l'étranger, c'est pourquoi ni Yuy, ni toi n'avez eu l'occasion de le rencontrer et ne le connaissez pas non plus.
- Shit…
- Maxwell, pas à table, le réprimande-t-il en fronçant les sourcils.
- Désolé, mais ça me fait vraiment… ça m'embête vraiment… se reprend-il.
- Tu n'es pas responsable. Dois-je te rappeler que c'est par hasard que Treize et moi nous nous sommes revus au Tribunal ? Cela devait arriver. Comme on dit chez nous : on peut guérir d'une maladie, on ne peut changer un mandat du Ciel.
- Oui, mais j'ai pas arrêté d'imaginer des occasions de vous réunir, alors si le hasard ou Dieu déguisé en hasard n'avait pas bien fait les choses, je m'en serais occupé ! J'aurais vraiment tout fait pour vous permettre de vous revoir… et de vous retrouver.
- Je sais. Lorsque tu te donnes une mission, tu as cette force qui te fait l'accomplir, quels que soient les obstacles.
- Parce que ça en vaut la peine ! Je ne me bats pas contre des moulins à vent…
- Cela aussi, j'ai pu le constater. Pour une raison qui t'honore, je le reconnais, tu as décidé que ton objectif serait Treize et moi. Même avec toute la volonté du monde, je n'aurais su t'en dissuader.
- C'est aussi parce que tu le voulais, 'Fei. J'aurais rien fait, sinon.
- Evidemment, cela aurait été dans mon intérêt que tu réussisses. Et tu aurais sûrement fini par nous permettre de nous revoir, c'est une possibilité. Seulement cela n'a pas été le cas, tu n'y es pour rien dans nos retrouvailles.
- Mouais… grommelle Duo, peu convaincu.
- Ne te sens pas responsable de tout, c'est prétentieux. Et tu ne l'es définitivement pas.
Duo soupire mais décide de clore le sujet de sa responsabilité réelle ou supposée.
- Et tu vas donc te contenter de cette relation purement amicale ?
- A ton avis ?
- Le Wufei que je connais se battrait pour le reconquérir.
- Le Wufei que tu connais est toujours présent.
- Ah ! ça me rassure, quelque part. Ce que tu m'as dit au début m'a un peu perturbé…
- Je t'ai présenté la situation actuelle, à savoir que nous nous fréquentons en amis.
- T'as aussi dit que si c'était ce que Treize voulait, tu le respecterais… lui rappelle Duo.
- C'est ce qu'il semble vouloir pour l'instant, mais je ne lui ai pas encore donné d'éléments qui pourraient l'inciter à désirer autre chose.
- Mais toi, tu le veux vraiment, hein, 'Fei ? J'en mettrai ma main à couper, mais tu ne l'as jamais dit clairement. Je sais que c'est pas ton genre de le faire, sauf avec quelques-uns, dont j'ai l'honneur de faire partie. C'est pour ça que je te pose la question directement…
- C'est bon, Maxwell, soupire-t-il en reposant ses couverts. Je n'ai jamais cessé de le vouloir, effectivement, avoue-t-il sans chercher à fuir le regard perçant de Duo. Mais je l'ai profondément blessé. Alors je garde à l'esprit qu'il pourrait vouloir maintenir notre relation telle qu'elle est, actuellement.
- Ca se comprend, il en a bavé… Tu sais ce qu'on dit, « chat échaudé craint l'eau froide ».
- Nous disons plutôt : « Qui a été mordu par un serpent craint même une corde. » réplique Wufei en reprenant son repas.
- C'est la même idée…
- Je n'ai pas besoin d'emprunter un proverbe à d'autres cultures, puisque mes ancêtres en ont déjà fait l'expérience et en ont tiré leur propre leçon résumée et transmise ainsi.
- Oui, oui, oui…
Wufei lui lance un regard noir par-dessus son assiette.
- On s'est compris, 'Fei, c'est le principal ! Treize est prudent et ça se justifie. D'ailleurs, à ce sujet, tu t'es bien excusé ?
- Excusé ? répète-t-il en levant un sourcil.
- Oui ! Je me souviens, au tout début de votre relation, tu lui avais fait tout un foin à propos d'une offense qu'il t'avait faite ou je ne sais plus trop quoi... Bref, il s'était pas excusé et tu l'avais presque quitté pour ça… entre autres… Tu vois de quoi je parle ?
- Parfaitement, répond Wufei dans un filet de voix, cependant.
- Donc tu t'es certainement excusé… non ?
Cette fois, Wufei détourne le regard.
- 'Fei ?
- Je ne crois pas.
- Tu ne crois pas ? répète Duo, catastrophé. Bon sang, c'est pas une réponse, ça !
- J'y ai pas pensé ! se défend-il en terminant son plat. Vraiment…
Duo pousse un long et profond soupir.
- Il aurait peut-être fallu commencer par-là, tu crois pas ?
- Cela n'aurait rien changé au fait qu'il ne soit pas libre.
- Certes, mais ça aurait peut-être permis que les choses évoluent plus vite.
- Possible.
- Et tu le lui dois, en plus...
- Certes.
Duo repousse son assiette vide en soupirant une nouvelle fois.
- Tu sais que si tu avais été un personnage de n'importe quelle série ou film romantique, tu m'aurais planté là sans cérémonie pour courir rejoindre Treize ?
- Heureusement pour nous, ce n'est pas une fiction mais bien la vie réelle. Je ne quitterai la cafétéria qu'une fois mon repas entièrement terminé.
- Je sais à quel point tu aimes la cuisine italienne, mais je ne pensais pas que tu irais jusqu'à faire passer un plat de pâtes avant Treize…
- Ce n'est pas un vulgaire plat de pâtes, Maxwell, mes lasagnes sont certainement bien meilleures que ton… gratin, réplique-t-il avec un regard dédaigneux pour l'assiette pourtant vide de Duo, à présent.
- N'insulte pas mon gratin dauphinois, il était excellent !
- Tu es celui qui a commencé.
- Tu m'as choqué ! Un plat, n'importe lequel, ne passera jamais avant Heero. Même pas le tajine de poulet aux pruneaux de la sœur de Quatre, c'est dire !
- Ce n'est pas pour le goût des lasagnes que je ne cours pas rejoindre Treize, Maxwell, soupire Wufei. C'est uniquement par principe. Cela ne se fait pas.
Duo lui adresse un grand sourire.
- Je sais bien, je te taquine… Te connaissant, tu vas sûrement attendre le bon moment.
- Il vaut mieux.
Duo allait dire quelque chose mais il se ravise, car un collègue s'approche de leur table.
- Juge Maxwell, Maître Chang, bonjour.
- Bonjour, Nohlan, l'accueille Duo en souriant poliment.
- Jefferson, le salue Wufei.
- Je viens d'apprendre que vous aviez remporté l'affaire Carrere haut la main, c'est pourquoi je suis venu vous féliciter.
- Je vous remercie de cette attention.
- Ce n'était pas un cas facile, j'en connais qui ont tôt fait de se trouver une autre affaire pour éviter d'avoir à s'en charger ! Monsieur Carrere ne savait plus à quel Saint se vouer, jusqu'à ce qu'il souvienne de vous, Monsieur le Juge et de vos nombreuses connaissances extérieures au Tribunal pour enfants. C'était une sacrée chance.
- Le nom de Wufei Chang aurait été évoqué à un moment ou un autre, Nohlan, ça a juste été plus rapide en passant par moi.
Le regard gris comme un ciel de neige revient s'ancrer à celui si sombre et profond de Wufei.
- C'est vrai qu'on commence à sérieusement entendre parler de vous dans les couloirs des tribunaux, Maître Chang. Ayant assisté à plusieurs de vos plaidoyers, je ne peux qu'approuver. C'est une chance que vous soyez de retour et j'espère que c'est définitif. Le système judiciaire a clairement besoin de personnes telles que vous.
- Encore une fois, merci, Jefferson.
- Je n'ai pas pour habitude de faire du zèle, je pense sincèrement tout ce que j'ai dit.
- On n'aurait pas idée de mettre la parole d'un greffier en doute ! intervient Duo avec un petit rire.
L'homme sourit sans quitter Wufei des yeux.
- J'espère qu'un jour, vous accepterez mon invitation à prendre un verre, Maître Chang. J'aimerais vraiment pouvoir discuter avec vous en dehors du Tribunal.
- Je suis désolé de ne pouvoir donner une réponse favorable à chacune de votre invitation, Jefferson. Et je n'ai pas pour habitude d'entretenir l'espoir de ce qui ne peut être espéré. Je vous serai gré de ne pas insister.
- Un homme tel que vous ne peut qu'être déjà engagé, mais je ne désespère pas, quoi que vous en disiez. Pour l'heure, je ne vous importune pas davantage et vous laisse à votre déjeuner. Bon après-midi, Monsieur le Juge, Maître Chang.
- A vous aussi, Nolhan.
Wufei se contente d'un signe de tête.
- Je comprends mieux pourquoi tu t'affiches si souvent ici en compagnie de Treize, ces derniers temps, remarque Duo en regardant le greffier s'éloigner.
- Je ne me sers pas de lui, proteste Wufei. Mais je reconnais que sa présence met certaines choses au point. Seuls quelques-uns insistent lourdement. C'était déjà le cas, avant mon départ, et tout recommence depuis mon retour, malgré les trois années qui se sont écoulées.
- Tu ne peux pas leur reprocher ! Même en tirant une tête de trois pieds de long, tu restes très attirant.
Wufei émet un son témoignant clairement de ce qu'il pense à ce sujet, tout en fusillant Duo du regard.
Ce qui le fait rire plus qu'autre chose.
- Et puis tu sais, ceux qui insistent sont souvent ceux qui voient une confirmation de ta bisexualité dans le fait que tu sois si souvent en compagne de Treize.
- Tous des idiots sans intérêt. Je suis souvent avec toi, que vont-ils en conclure ?
- Rien, parce qu'ils connaissent presque tous Heero, depuis le temps. Et quiconque nous a vu ensemble ne peut imaginer un seul instant que je puisse ne serait-ce que flirter avec un autre.
- Je te l'accorde.
- En tout cas, reprend Duo, j'espère vraiment que ça va marcher avec Treize et que vous allez vous remettre ensemble. Même si ça implique qu'il doive quitter son mec. Je suis sûr qu'il serait mieux avec toi, de toute façon.
- Tu manques clairement d'objectivité.
- N'importe qui vous ayant connu à cette époque, vous ayant même simplement vu ensemble, juste quelques instants, penserait la même chose que moi, assure Duo en levant les yeux de sa crème au chocolat qu'il vient tout juste d'entamer. Vous étiez heureux ensemble, 'Fei, ça crevait les yeux.
- Je l'ai profondément blessé.
- Tu répètes souvent ça, remarque Duo. C'est vrai que ça peut le rendre méfiant et faire que votre relation soit un peu fragile, mais… ça vaut le coup d'essayer, non ?
- Crois-moi, Maxwell, je le sais.
- Tant mieux ! Tu sais, 'Fei, au risque de me répéter, si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là, n'hésite surtout pas !
- Tu as déjà fait tout ce qui était possible et je t'en remercie encore, Maxwell. A présent, c'est à moi de mener mon propre combat.
- Avec une telle détermination, Treize n'a qu'à bien se tenir !
- Ou pas.
Duo éclate de rire.
- Ou pas, répète-t-il en échangeant un regard et un sourire entendus avec Wufei.
Ils terminent leurs desserts dans un silence confortable, mais de courte durée, car une autre question taraude Duo.
- Et sinon, 'Fei, c'est pas trop difficile de voir Treize comme ça, juste en ami ?
- Ca l'est.
- Tu devrais peut-être moins le voir, alors… non ?
- Je ne peux pas.
- Ce sera sûrement difficile, et tu vas sûrement me dire que si tu ne le vois pas, tu ne pourras pas le reconquérir…
- Ce n'est pas ça, réplique Wufei alors qu'ils se lèvent, ayant terminés leur déjeuner et l'heure tournant inévitablement.
- Alors quoi ?
Wufei attend qu'ils aient quitté la cafétéria pour répondre.
- Je ne peux envisager de ne plus le voir.
- 'Fei…
- C'est difficile d'être auprès de lui en sachant qu'un autre se dresse entre nous, sans compter les évènements de ces dernières années, continue-t-il sans tenir compte de l'intervention de Duo. Mais ne plus le voir le serait davantage. Je ne peux m'y résoudre, Maxwell. Vraiment pas.
- Je comprends. Quand on a dû se séparer, Heero et moi, tu te souviens, je te disais souvent que s'il n'avait pas mis autant de terre et d'eau entre nous, ça aurait été trop dur de ne pas le voir… Etre dans la même ville que lui mais m'interdire de l'approcher, de le voir, de l'entendre… L'idée seule me rendait dingue !
- C'est exactement ça.
- On a été séparé et dans la même ville qu'une dizaine de jours, et c'était affreux, même si j'avais mes exams et que j'étais concentré dessus… Donc je comprends ce que tu me dis. Mais encore une fois, j'espère que tout ça aura la meilleure issue possible pour vous deux, quel que soit le temps que ça prendra.
- Je te remercie à nouveau de ta sollicitude et de ton amitié, Duo.
- You're welcome ! répond-il avec un grand sourire. Moi, je te remercie pour le déjeuner ! J'avais bien besoin de cette coupure…
- C'est normal. Tu es sur une affaire difficile ?
- Assez, oui. T'en as entendu parler, le gamin Hogins qui a tué son oncle pour éviter qu'il ne touche son petit frère, vu que lui-même était devenu trop grand ?
- On ne parlait que de ça, il y a une dizaine de jours, se souvient Wufei en réprimant la colère froide qu'il sent monter en lui pour ce type d'individus qui détruisent l'innocence des enfants.
- Et pour cause… C'est l'exemple même du cas bien sordide étant donné que les détails les plus abjects sont présentés par le gosse lui-même, qui avait à l'époque seulement 13 ans.
- Et au moment où son bras vengeur s'est abattu sur le bourreau, quel âge avait-il ?
- Il venait d'avoir seize ans, c'était en août dernier. Il n'avait pas l'intention de se venger, mais quand il a découvert que son frère de 11 ans allait passer des vacances chez son oncle et qu'il ne pourrait l'éviter, il n'a pas hésité.
- C'est compréhensible, mais très compliqué au regard de la loi.
- Tout à fait.
- S'il a 16 ans, ce n'est pas forcément au Tribunal pour enfants de juger l'affaire, remarque Wufei, pragmatique. Et cela relève du pénal, non du civil.
- Oui, mais on ne peut pas ignorer les circonstances qui ont conduit à cet acte, à savoir le viol répété qu'il a subit lorsqu'il était mineur. Vu les circonstances et le contexte, et mon expérience aussi, j'ai pu récupérer l'affaire en demandant directement au procureur.
- Carrément.
Duo hoche vigoureusement la tête.
- J'y tenais vraiment, tu sais. Mais je te dis pas comment je marche sur des œufs… J'ai déjà eu des affaires délicates, mais je crois que celle-là tient la Palme !
- Je n'ai aucun mal à le croire. Tu me raconteras, à l'occasion.
- Ca t'intéresse vraiment ?
- Evidemment. Je ne ressens pas le besoin d'être poli avec toi, Maxwell, si je te demande, c'est que j'y tiens.
- Alors ce sera avec plaisir ! Enfin, façon de parler…
- J'ai compris. Bien, je dois y aller, à présent.
- Oui, l'heure tourne… C'est dommage que tu ne sois pas disponible, tu aurais pu assister à l'audience de cette après-midi.
- Elle n'est pas à huis clos ?
- Bien sûr que si ! Surtout que l'affaire a déjà été suffisamment médiatisée. Mais tu n'es pas un public lambda et c'est moi le juge, j'ai tous les droits durant l'audience.
- Alors je te demanderai d'en abuser une autre fois. Te voir te démener avec cet imbroglio judiciaire sera certainement un moment plus que récréatif.
- Si je peux t'offrir un peu de divertissement, je dis pas non, même si c'est à mes dépens !
Wufei s'arrête car il juge qu'ils sont approximativement au centre de la Salle des Pas perdus.
- Je vais bien, Maxwell, cesse de t'inquiéter ainsi.
- Tu vas mieux, mais tu ne vas pas encore vraiment bien, Wufei. C'est pas en mon pouvoir de te faire arriver à ce résultat, mais chaque fois que je peux te rendre tes journées un peu moins grises, je suis content de pouvoir le faire. Ce serait bien qu'on puisse se voir plus souvent, mais bon, c'est mieux si tu passes tes heures de libre avec Treize. C'est le plus important.
- Le reste l'est aussi.
- Pas autant. Mais je t'accorde qu'arriver à l'heure est primordial et je pense que tu vas devoir presser le pas, ajoute-t-il en regardant sa montre.
Wufei ne jette même pas un œil à la sienne, pas plus qu'à la grande horloge suspendue au-dessus de la statue représentant la Justice, imposante femme aux yeux bandés soutenant la balance.
Il sait exactement l'heure qu'il est et combien de temps il lui reste avant d'être réellement en retard.
- En effet. Je n'ai plus qu'à te souhaiter une excellente après-midi, Maxwell.
- A toi aussi, 'Fei ! répond-il alors qu'ils s'embrassent, incertains qu'ils sont de se recroiser dans la journée. Et n'oublie pas d'aller t'excuser !
Wufei hoche simplement la tête avant de s'enfoncer dans l'un des nombreux couloirs du Tribunal.
Duo reste pensif un court instant, puis se fait arracher à ses pensées par les vibrations de son portable.
C'est avec un grand sourire qu'il répond.
- Hello, you…
- Oyaho, Duo-kun.
-Tout va bien ?
- Hn. Je ne te dérange pas ?
- Non, jamais, tu sais bien. J'ai fini ma pause déj', je reprends dans 10 minutes.
- Tout se passe bien, pour le moment ?
Duo soupire tout en reprenant sa marche d'un pas lent.
- C'est aussi difficile que je l'avais prévu ! Mais on y arrivera, j'en suis sûr. Il le faut, pour les gamins.
- Ils s'en sortiront, grâce à toi.
- Merci pour ton soutien, mon Hee-chan.
- J'aurais vraiment voulu pouvoir déjeuner avec toi, mais il était impossible que je me libère à temps.
- Je sais. Ne t'inquiète pas, j'ai mangé à la cafétéria avec Wufei, ça m'a changé les idées.
- De quelle façon ?
- Pas aussi efficace que la tienne, promis ! rit-il face au ton légèrement jaloux d'Heero. Mais je suis content parce que j'ai enfin pu passer un peu de temps avec lui.
- Et avoir tes réponses.
- Entre autres, oui… Ils ne sont qu'amis, pour l'instant. Treize a quelqu'un et ça a l'air sérieux.
- Vraiment ?
- Oui ! D'ailleurs, t'étais pas censé te renseigner à ce sujet avant la soirée d'anniversaire ?
- Tu m'as demandé de m'assurer que cela ne leur poserait pas de problèmes de se retrouver face à face, c'est ce que j'ai demandé à Treize. Je n'allais pas directement l'interroger sur son statut amoureux, alors que tu m'as dit et répété d'être discret et diplomate.
- C'est pas faux… reconnaît Duo.
- Je suis désolé, tenshi.
- Tu pouvais pas savoir. J'aurais dû penser à Trowa. Si quelqu'un est au courant, c'est sûrement lui. Etant le beau-frère du meilleur ami de Treize, il a sûrement rencontré son mec à un moment ou un autre, ou alors il en aura entendu parler.
- C'était à moi d'y penser.
- Pas grave, mon Heero. Ca n'aurait rien changé, de toute façon, puisque Wufei et Treize auraient été amenés à se revoir et à discuter, fatalement. Même si j'avais eu cette info, je ne suis pas certain que j'aurais eu le temps de prévenir Wufei.
- Est-ce qu'il pensait pouvoir reprendre sa relation avec Treize dès à présent ?
- Non, il se sent encore bien trop coupable pour ça. Il ne pense même pas mériter l'amitié de Treize, mais il ne peut s'empêcher de le voir et d'être auprès de lui.
- Ca se comprend.
- Bien sûr. Mais il y a quand même une part de lui qui espère convaincre Treize de lui redonner une chance. Je reconnais le Wufei combatif, prêt à la mission : Reconquête, mais je le sens aussi fragilisé par ses doutes.
- De quoi doute-t-il ?
- De la légitimité de ses prétentions, je dirais.
- Je ne crois pas qu'il ait de problèmes avec l'idée de séduire le petit-ami d'un autre homme.
Duo sourit : les années passent, Heero n'oublie pas jamais de lui rappeler que Wufei était tout à fait prêt à le remplacer au moment de leur séparation.
- Encore une fois, c'est plutôt le fait de ne pas mériter le pardon de Treize et une nouvelle chance qui le bloquent un peu. Il se sent terriblement coupable, tu sais. C'est étrange de le voir comme ça.
- Il n'y a guère que toi qui le vois parfaitement ainsi, Duo-kun. Pour nous autres, il reste égal à lui-même. Je ne sens sa souffrance et sa culpabilité qu'à travers toi et parce que tu m'en parles. Au quotidien, Wufei a l'air aussi sombre, distant et solitaire qu'il l'a toujours été.
- Possible…
- Certain. J'espère qu'il t'a offert le déjeuner.
- Oui, mais je ne vois pas le rapport ! reconnaît Duo en riant une nouvelle fois.
- Pourquoi t'a-t-il invité ?
- Pour me remercier parce que je l'ai recommandé à Terrence Carrere, qu'il a impressionné, au passage, et du coup, ça va lui permettre de se faire encore plus connaître.
- Voilà le rapport, Duo-kun. L'amitié et le soutien que tu lui offres. Ca n'a pas de prix.
- Ok, là, je comprends mieux. Mais il le mérite, tu sais, Hee-chan, quoi que tu en penses…
- Je suis d'accord avec toi. Si j'ai toujours… redouté ton lien avec Wufei, c'est bien parce que je reconnais sa valeur.
- Il n'en aura jamais autant que toi, à mes yeux.
- Je sais. Mais je serai encore plus rassuré s'il retrouvait définitivement sa place auprès de Treize. Ou d'un autre, tant que ce n'est pas toi.
- Idiot ! Moi, j'espère vraiment que ce sera Treize.
- Tu feras tout pour. Mais reste prudent, Duo-kun.
- Promis ! Je vais devoir y aller, même si j'aurais voulu parler encore avec toi…
- Moi aussi, mais on a pas le choix. D'autres personnes ont besoin de toi.
- Oui ! Ca m'a fait du bien de te parler, merci d'avoir appelé. Je t'aime, honey.
- Je t'aime aussi, tenshi no. Bon courage et à ce soir.
- Oui, bon appétit, bonne après-midi et à ce soir.
Duo coupe et range son portable, avant de se rendre à son bureau pour récupérer quelques dossiers et enfiler sa robe.
Il regagne ensuite la salle d'audience accompagné de ses deux assesseurs, qui discutent durant le court trajet qui la sépare du bureau.
Mais bien qu'il soit attentif à la conversation, son esprit reste essentiellement tourné vers Wufei et Treize, qu'il aimerait tellement revoir ensemble…
Mais ce n'est apparemment pas gagné, à moins d'un miracle de Noël…
Il ne lui reste que quelques jours pour convaincre le Seigneur et il ne compte pas ménager ses efforts, quitte à prendre lui-même les devants pour, comme il le dit si bien et si souvent, donner un coup de pouce au Destin.
Et il est prêt à tout pour aider Wufei et Treize avec le leur, maintenant qu'ils ont une nouvelle chance.
…
Note : Le titre de cet os « Parce que c'est lui, parce que c'est moi » est une citation de Montaigne évoquant son amitié avec La Boétie. Je trouvais ce titre approprié puisqu'il peut faire référence à l'amitié de Duo et de Wufei, mais on peut aussi la rapprocher des couples Wufei/Treize et même Heero/Duo. L'amitié comme l'amour ne s'expliquent pas vraiment, on ne peut pas toujours répondre au pourquoi on aime une personne en particulier. Cette réponse de Montaigne est, à mon avis, la plus juste et la plus belle qui soit, même si elle est très simple.
Merci d'avoir lu cet os. J'essaierai d'en penser un autre avant la fin de l'année mais je ne promets rien ! Merci de votre patience et de votre présence, et au cas où, excellentes fêtes de fin d'année !
Lysanea