Salut, gens !

Il y a longtemps, très longtemps, des années, même, je papotais avec Aria, et on parlait de faire une parodie d'un dessin animé version KuroFye. J'ai donc entamé cette parodie de Shrek... Et voilà ce que ça a donné. (Je l'ai pas encore finie, je compte sur vos coups de pieds au cul pour me donner la motivation.)

Titre : Ouske c'est un conte ou presque
Rating : T
Disclaimer : Kuro et Fye, Saku et Shao, Ashura et Tomoyo et les autres aux Clamp. Subaru et Hokuto aux Clamp. Nunnally et Lelouch au réalisateur de Code Geass (et un peu aux Clamp..) L'idée générale, à Shrek. Les modifications et l'adaptation, à votre serviteur.
Pairing : Kuro x Fye mainly.
Warning : débilité intense !

That aside, bonne lecture ! ^_^


Moi, dans la vie, ma devise, c'est : il faut pas me faire chier. Je vis peinard dans ma petite bicoque, près de la forêt, et celui à qui ça plaît pas, il a qu'à se barrer. En supposant qu'il soit dans le coin déjà, parce que j'aime pas trop qu'on vienne rôder par chez moi. Après tout, là où je vis, c'est assez éloigné de la ville pour qu'on m'y laisse tranquille, et dans les cas contraires, mon ami le katana est toujours avec moi, alors les gens du coin se sont vite passé le mot.

C'est dans cet état d'esprit que j'ai passé ici toutes ces dernières années, et j'ai pas l'intention que ça change.

Sauf que quand je me lève ce matin, il y a quatre tentes installées sur mon terrain, et une quinzaine de personnes en train de papoter avec animation dans la lumière matinale. Non mais je rêve ! C'est qui, cette bande d'inconscients ? J'ai déjà eu des chieurs par chez moi, mais jamais autant d'un coup...

- Hé ! Je peux savoir ce que vous foutez sur mon terrain ?

D'un coup, quand ils me voient sortir de ma maison, le katana à la main, et me précipiter vers eux, ils arrêtent tous de piailler et se regroupent les uns contre les autres comme un troupeau de moutons effrayés. Eh ben, je vais leur donner des raisons d'avoir peur, moi.

- C'est pas une rave-party, ici, c'est chez moi, alors vous allez me faire le plaisir de lever le camp tout de suite !

Ils me fixent tous avec des yeux façon Bambi, et je me rends compte qu'ils forment un groupe vraiment hétéroclite ; enfants rachitiques, vieillards, femmes visiblement malades, un jeune homme apparemment borgne... Pas un seul homme d'âge mûr, par contre.

- Ne nous chassez pas, s'il vous plaît, murmure une enfant aux longs cheveux blond foncé et aux yeux fermés, assise dans un fauteuil roulant. Nous ne savons pas où aller...

- Comment ça ? je ne peux pas m'empêcher de grogner,

C'est pas une raison pour venir squatter chez moi après tout, y'a plein d'autres endroits où se poser, dans le coin... Mais avant que j'aie pu ajouter quelque chose, la femme qui tient le fauteuil roulant de la fillette, une brune avec un uniforme de servante, prend la parole.

- C'est le roi Ashura, ils nous a chassés de la capitale.

- Ashura ? je m'étonne. Pourquoi ?

- Parce que nous ne correspondons pas à son peuple idéal, reprend la fillette. Moi, je suis aveugle et paralysée. Sayoko-san est pauvre. Subaru-kun ne voit que d'un œil depuis une blessure... Himawari-chan est atteinte de trisomie 21... Tchii est autiste...

- Il vous a virés pour ça ? je demande, dubitatif.

- Il a adopté un nouveau slogan qu'il veut mettre en pratique, explique un vieil homme si courbé que sa tête m'arrive au nombril. "Ensemble, sans les faibles, les malades, les infirmes, les vieillards, les poilus, les homosexuels, les unijambistes, les roux, les lilliputiens, les pauvres, les rebelles, les étrangers, les séropositifs, les yaoistes, les arriérés, les moches, les becs-de-lièvre, les juifs, les Pascal Obispo, [...] tout devient possible".

- Charmant...

J'ai toujours pensé que ce roi était un imbécile, mais là, ça dépasse mon champ d'imagination.

- Alors nous sommes venus ici, parce que c'est assez loin de la capitale pour qu'il ne nous fasse pas de mal... Vous n'allez pas nous rejeter ? demande la fillette paralysée avec une expression suppliante.

- Euh...

D'un coup, c'est moins facile de les virer sans concession. D'un autre côté, s'ils restent ici, dans une semaine, mon terrain sera devenu une décharge publique, et ça, c'est hors de question. Sans compter que moi, je veux être seul, seul ! Pas envie de me farcir une bande de lourdauds du matin au soir. C'est juste pas possible.

- Écoutez, je reprends. Désolé, mais c'est non. Il y a une clairière toute sympa plus loin par là, vous n'avez qu'à aller vous y installer, je suis certain que vous y serez très bien.

Ils ont l'air partagés entre la déception et l'intérêt, mais finalement, la fillette hoche la tête (j'aimerais bien savoir pourquoi c'est elle qui a l'air d'être le leader du groupe, malgré son âge), et répond :

- Je comprends. Désolée de vous avoir dérangé...

Je hausse les épaules et ils commencent à ranger leurs affaires d'un air morose, pendant que la fillette continue à me parler :

- Quoi qu'il en soit, je vous souhaite bon courage pour la suite.

- Pourquoi tu me dis ça ?

Pas besoin de courage pour vivre tranquillement dans son coin de campagne...

- Parce que le roi est en train de rameuter tous les hommes jeunes et forts du pays.

- Comment tu sais que je suis jeune et fort ? Tu es aveugle, non ?

- Je l'entends au son de votre voix, elle répond avec un demi-sourire. Pas besoin de vous voir pour le savoir.

Je reste dubitatif, mais bon, question cécité, c'est elle qui est la plus expérimentée de nous deux, alors bon... Elle reprend de sa voix fluette:

- Apparemment, il fait venir des guerriers dans la capitale pour leur proposer un défi, d'après ce que j'ai entendu dire.

- Un défi ? Quel défi ?

- Un tournoi, je crois. Je n'en sais pas plus. Mais vous allez peut-être bientôt recevoir un courrier comme quoi vous êtes sommé de vous rendre au château.

- Et si je refuse ?

- Il ne fait pas bon d'avoir le roi en ennemi, remarque-t-elle simplement.

S'il ne s'agissait que de lui, encore, ça serait du gâteau, mais c'est surtout le nombre de ses gardes qui pourrait causer problème si je voulais me rebeller. Donc je suis plutôt d'accord avec la petite.

- Dis-moi, c'est quoi ton nom, gamine ?

- Nunnally, dit-elle d'une voix douce.

- Nunnally...

J'ai la vague impression d'avoir déjà entendu ce nom quelque part.

- N-Nunnally, de la famille royale ? La petite sœur d'Ashura ?

- C'est ça, répond-elle paisiblement.

La nouvelle me sidère, et je la contemple, bouche bée.

- Ton frère t'a viré du château ?

- J'étais faible, murmure-t-elle doucement.

- Oui enfin quand même, il y a des limites à la cruauté !

Même moi, qui ne suis pourtant pas tout ce qu'il y a de plus gentil au monde, je n'aurais pas viré ma propre sœur de mon château – enfin, si j'avais eu l'un ou l'autre.

- Mais tu as d'autres frères, non ? Et d'autres sœurs ? Où sont-ils ?

- La plupart sont restés au château... Ils sont jeunes et forts, et ils savent se battre. Mais moi je ne sers à rien.

- Et ils t'ont laissée partir sans rien dire ?

- Non, mon grand frère Lelouch a dit qu'il allait me rejoindre dès qu'il le pourrait. Ashura ne voulait pas le laisser partir parce que c'est un génie de la stratégie, mais il m'a dit qu'il s'enfuirait dès que possible. C'est aussi lui qui m'a dit de conduire tout le monde ici, sur votre terrain.

- Ah bon ? je dis, piqué. Et en quel honneur ?

- Il a dit que vous étiez un combattant courageux et loyal et qu'avec vous, je serais en sécurité.

D'un coup, je me sens extrêmement mal à l'aise, mais je réponds tout de même :

- Ben, désolé, mais je ne pense pas être utile à grand-chose.

Nunnally ne répond pas, mais au moins, elle ne prend pas un air accusateur. Elle fait un petit sourire paisible et hoche la tête d'un air de dire que ça n'a pas d'importance. Elle n'a pas l'air d'être une gamine hystérique, et ça me plaît. Du coup, avec le fait qu'en plus elle appartienne à la famille royale, je me sens encore plus coupable de les virer de chez moi.

- Quel est votre nom ? demande-t-elle de sa voix douce.

- Kurogane.

- Ah, c'est donc vous, Kurogane, répète-t-elle d'un air songeur. J'ai déjà entendu parler de vous.

- De moi ? Par qui ?

Et dire que je pensais vivre tranquillement incognito dans mon bout de forêt... Si les gens des palais royaux se mettent à me connaître, ça s'annonce bien, tiens.

- Par ma cousine, la princesse Tomoyo.

Ah oui. Tomoyo. J'ai l'impression que c'était hier le jour où elle m'a viré du château où j'assurais sa protection pour m'envoyer faire le tour du monde pour me rendre "fort", soi-disant. Je ne vois toujours pas à quoi ça a servi, mais bon... Et quand j'ai voulu revenir au château, elle m'a dit d'un air plein de mystère que si je restais à son service, je ne rencontrerais jamais ma "personne destinée", et qu'il valait mieux que j'aille habiter une maison dans le pays voisin, celui d'Ashura. Ce à quoi j'ai rétorqué que je n'en avais rien à foutre de ma "personne destinée", mais elle n'a rien voulu entendre, et elle m'a envoyé ici avec son "ho! ho! ho!" si agaçant, celui capable de donner sur-le-champ à la personne la plus douce du monde des envies de meurtre avec une heure de torture en cadeau bonus.

- Ah bon, Tomoyo, c'est ta cousine ? Je ne t'ai jamais vue dans son château.

- C'est parce que je n'y suis jamais allée. Je suis restée cloîtrée dans le château de mon frère Ashura depuis mon enfance.

- Je vois...

Je la regarde attentivement ; elle est vraiment chétive. Ses poignets sont tout fins, et ses jambes, j'ai l'impression que je pourrais les briser rien qu'en leur donnant une pichenette. Elle a l'air fatiguée, aussi, elle a des cernes sous les yeux.

- Bon, je marmonne dans ma barbe, pas la peine de partir. Vous pouvez rester.

Nunnally lève le visage vers moi, la bouche arrondie en un "O" de surprise, puis elle se tourne vers les autres, qui, trop occupés à tout empaqueter, ne nous écoutaient pas.

- Vous avez entendu ? s'exclame-t-elle. Kurogane-san nous autorise à rester ici !

Tout le monde se tourne vers nous d'un air stupéfait, puis ils poussent soudain des cris de joie qui me transpercent les oreilles – et qui manquent de me faire reprendre ma parole illico.

- Super !

- Merci, Kurogane-san !

- Il aurait pu dire ça avant qu'on ait remballé les tentes, grommelle tout de même un beau gosse brun avec un œil vert et un œil blanc.

- Ne sois pas rabat-joie, Subaru, répond une fille qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau, les cheveux un peu plus longs. C'est déjà super qu'il ait accepté qu'on reste là !

- Pourquoi tu t'es fait virer, toi ? je demande à la fille.

- Moi ? Parce que je ne suis bonne à rien, tout bêtement, dit-elle avec un grand sourire (ça n'a pas l'air de lui faire grand-chose d'être bonne à rien). Et ça tombait bien, je ne voulais pas laisser mon frère tout seul.

- Je vois...

- On peut vraiment rester ? demande une fille aux deux longues couettes noires et bouclées qui me fixe d'un air aussi hébété que si j'étais un alien (je pense que c'est elle, l'attardée mentale).

- Oui, c'est bon... Mais vous avez intérêt à pas faire de bordel, parce que sinon ça risque de très mal se passer, c'est bien compris ?

Ils hochent la tête d'un air craintif, et retournent déballer à nouveau leurs tentes, pendant que je me rends compte que le soleil est maintenant bien plus haut dans le ciel et que j'ai toujours pas petit-déjeuné. Mais au moment où je m'en retourne vers ma piaule, Nunnally tourne la tête vers la gauche et annonce :

- Il y a un cheval qui arrive.

Elle a une fabuleuse ouïe, parce que moi, j'entends rien du tout... Et le pire, c'est qu'elle a raison. Deux minutes plus tard, un messager en uniforme blanc à liserés dorés pose pied à terre devant moi, tandis que son cheval piaffe d'impatience.

- C'est vous, Kurogane ?

- On dit "monsieur Kurogane", je rétorque.

- Voici un message de la part du roi, dit-il, pas perturbé par mon ton menaçant.

Il me tend ledit message, et je déroule le parchemin tout en me demandant pourquoi ce mégalo de roi n'a pas utilisé du papier normal :

- "Oyez, oyez, par ordre de Sa Majesté Ashura, tout combattant de mérite sera tenu de venir participer à la joute organisée par sa Majesté, qui aura lieu le lendemain du jour de la prochaine pleine lune. Le gagnant se verra récompensé par une quête inédite qui lui assurera le succès et la gloire pour le restant de ses jours."

Le messager me scrute d'un air hautain, et Nunnally reste silencieuse.

- Votre réponse ? demande l'homme.

- J'irai pas.

- Comment ! s'exclame le messager. Mais c'est une grave offense à sa Majesté !

- M'en fous. J'lui ai rien demandé, moi, et j'ai certainement pas envie d'aller me casser le cul à faire cette joute stupide.

- Sa Majesté vous punira de votre insolence !

- Faudrait pouvoir, déjà ...

- Kurogane-san, intervient Nunnally d'une voix douce. Dans cette joute, je suis sûre qu'il y aura des tas d'adversaires plus intéressants les uns que les autres. Tomoyo m'a dit que vous étiez parti voyager pour devenir plus fort ? Ne pensez-vous pas que ce serait une bonne occasion de tester votre force ?

Je la fixe, mais son visage est impénétrable. Même si je pense savoir pourquoi elle dit ça ; elle n'a pas envie que le roi en ait après moi – et donc, par conséquent, après leur petit groupe...

Aah, punaise – fait chier…

- Très bien, j'irai.

Elle sourit, et je soupire. C'est fou qu'une gamine comme elle puisse se montrer aussi convaincante.

.oOo.

Tain. J'ai vraiment pas envie d'y aller. Même la perspective d'aller me battre ne me réjouit pas. Quelques années plus tôt, j'aurais bondi d'excitation ; maintenant, ça me fait hausser les épaules. Je suis devenu vieux.

Nunnally a absolument tenu à venir avec moi à la capitale, et comme j'ai absolument refusé de pousser son fauteuil (et puis quoi encore ?), nous faisons la route à trois, avec la domestique, Sayoko, pendant que le reste du groupe est chargé de surveiller et protéger mon territoire. C'est sûr que c'est pas la demeurée avec les couettes noires qui pourra faire quelque chose si quelqu'un se pointe en mon absence, mais par exemple, l'autre gamin là, Subaru, il ne m'a pas l'air aussi manchot que le roi a l'air de le croire – m'est avis qu'il pourrait être d'une certaine utilité.

On arrive à la capitale trois jours plus tard, en fin d'après-midi. La pleine lune a lieu ce soir, et demain, ça sera la joute. Sauf que je ne sais absolument pas où tout ça a lieu... La ville est grande, et tout le monde s'affaire dans tous les sens. Heureusement que mon royal guide est là, dans son fauteuil roulant, sinon j'aurais été paumé. En plus, toutes les portes s'ouvrent devant elle quand elle prononce son nom – même virée de la ville, elle garde un certain pouvoir, la môme. On échoue ainsi dans ses anciens appartements dans le château, avec le concours de quelques gardes dévoués, et en toute illégalité, et quelques minutes après, une fille aux longs cheveux noirs fait irruption dans la pièce où on se repose.

- Tomoyo ! je bondis. Qu'est-ce que tu fous ici ?

Derrière Tomoyo, son fidèle toutou nommé Sôma m'admoneste comme elle en avait l'habitude dans le temps :

- Sois plus poli avec la princesse, Kurogane !

- C'est bon, Sôma, sourit la brune. Kurogane, je suis contente de te revoir.

- Je peux savoir pourquoi t'es là ?

- Parce que j'ai entendu dire que tu y serais, évidemment !

Et là, elle lance son terrifiant "ho! ho! ho!" qui me court sur le haricot. Je me retiens de grincer des dents.

- Je suis contente de voir que Nunnally t'a convaincu de venir.

- Ah bon ? Je sens déjà que je vais m'emmerder comme un rat mort.

- Je ne crois pas, dit Tomoyo avec son mystérieux et agaçant sourire. N'oublie pas que je suis une prêtresse, et que je peux lire dans l'avenir.

- Bon, alors dis-moi ce qui va se passer, ça m'aidera peut-être à tenir le coup.

- C'est-un-se-cret ! s'exclame-t-elle sur un ton d'adolescente énamourée qui me donne envie de la bâillonner. Nunnally, je suis contente de te voir, ajoute-t-elle. Ça faisait longtemps...

- C'est vrai, répond Nunnally en souriant calmement.

- Au fait, j'ai croisé Lelouch dans les couloirs, s'exclame Tomoyo. C'est fou ce qu'il est devenu beau gosse !

- Mon frère est là ? s'exclame la fillette sur un ton qui me donne à penser qu'elle est victime d'un puissant brother complex. Je vais le voir !

Façon de parler, j'imagine, considérant son infirmité... Elle sort aussitôt, suivie de Sayoko, et je me retrouve seul avec Tomoyo et Sôma.

- C'est toi qui lui as dit de me convaincre de venir ici ?

- Ce n'était qu'une petite allusion au détour d'un rêve, mais elle a très bien lu entre les lignes, glousse Tomoyo.

Je soupire. Elle n'a pas changé, celle-là... Toujours aussi intrigante.

- Et à part ça ? Les amours ? demande-t-elle d'un ton désinvolte.

- Je peux savoir en quoi c'est tes oignons ?

Elle se mit à rire et dit :

- De toute façon, j'ai mon idée sur la question.

Je ne vois pas comment elle pourrait l'avoir vu que je n'ai personne dans ma vie et qu'il n'est pas prévu que ça change – mais bon, si ça lui fait plaisir, je ne vais pas la contrarier. A la place, je m'apprête à lui proposer de revenir la protéger au château, mais juste au moment où je veux aborder le sujet, un garde de Sa Grandissime Majesté entre dans la pièce et m'interpelle.

- Kurogane ?

- C'est "monsieur Kurogane".

- Vous devez rejoindre les quartiers de combattants de la joute.

- Ah bon, je réponds, dépité.

C'est pile-poil ce qu'il me fallait... Une interruption pendant la conversation avec ma princesse que je n'ai pas vue depuis longtemps, un garde qui se croit plus fort que tout le monde parce qu'il est au service de Môssieu Ashura, un endroit où tout le stress de la joute sera concentré et où il faudra faire attention de ne pas se faire assassiner pendant la nuit... Et pour finir, le comble de l'horreur : un uniforme hideux, que le garde tient dans ses mains.

- C'est quoi ce truc horrible ?

- C'est ce qu'il vous faudra mettre pour demain.

- Alors là, tu rêves, mon grand. Rembarque ça où tu l'as trouvé, je me défendrai avec mes vieilles frusques, comme à mon habitude.

- C'est un ordre du roi, me rembarre le garde.

- Eh bien son ordre, il peut se le mettre où je p...

- Kurogane ! m'interrompt Tomoyo, qui cache à grand peine son fou rire. Ne sois pas vulgaire.

Elle prend l'uniforme des mains du garde et l'observe avec un grand sourire.

- Ce jaune canari, ça t'ira très bien.

- N'y pense même pas, je grince. Si le roi veut que je mette ça, il peut toujours courir.

- Sa Majesté vous punira de votre insolence !

- Bon, c'est la seule phrase que vous savez dire, vous les gardes, ou quoi ? Il va pas mourir parce que j'ai pas mis son truc, pas la peine de piquer une crise.

Le garde semble stupéfait de tant d'insolence, et je hausse les épaules. Finalement, il tente de reprendre contenance, et dit :

- Quoi qu'il en soit, vous devez vous rendre dans les quartiers des combattants. Suivez-moi.

Il ne me laisse pas le choix et commence déjà à partir. Il faut que je le suive si je ne veux pas me paumer encore – je suis un chef pour ça.

- Kurogane, je serai ta supporter demain ! sourit Tomoyo alors que je m'éloigne.

- Te sens pas obligée, surtout...

- Bien sûr que si ! Tu dois gagner ! s'exclame-t-elle.

Je ne comprends pas pourquoi elle prend ça tellement à cœur, mais bon, si c'est ce qu'elle veut... De toute façon, c'est juste inconcevable que je perde. Pas besoin d'encouragements.

.oOo.

- Vainqueur : Kurogane, annonce une voix dans le mégaphone.

Je bous dans mes fringues noires, après plus de deux heures d'exercice en plein soleil. Je me demande si la combinaison jaune canari qu'Ashura nous a filée était anti-transpirante... Quoi qu'il en soit, j'ai gagné. Avec un soupir blasé, je lève un peu de sable du bout des pieds pendant que la foule qui a assisté à la joute m'applaudit – et j'entends surtout une voix perçante qui crie "Kurogane, kyaaaah!" et il n'y a qu'une personne au monde pour crier si fort et sur un ton si aigu. Je l'ignore royalement : la notion de "support" de mon ancienne princesse me semble légèrement exagérée.

- Avance, me dit alors Ashura, qui est assis sur son trône, en hauteur, d'où part une bannière qui étale ses couleurs.

Je m'avance près de son trône. C'est la première fois que j'ai l'occasion de le voir de si près. Ses cheveux sont très noirs, et parfaitement brushés ; il n'y en a pas un seul qui dépasse. Ses vêtements sont impeccablement pliés, sa peau est lisse, et à voir ses mains, il a du faire une manucure ce matin. S'il y a une chose que je déteste, c'est bien les mecs obsédés par leur apparence comme ce roi. Pendant qu'il passe deux heures à se regarder dans le miroir chaque jour, tout le pays part à vau-l'eau…

Avec un sourire colgate, il m'annonce :

- Tu es le vainqueur de cette joute. Par conséquent, tu as gagné le droit d'accomplir une quête spéciale.

- M'en fous de votre quête, je réponds aussitôt. Laissez-moi partir et on est quittes.

Il pâlit, et toute la foule pousse un "ooooh!" de stupéfaction. J'ai dû l'offenser.

- Est-ce que tu es en train de dire que tu te moques de la récompense que je suis en train de t'offrir ?

- Vous pigez vite, le roi.

Cette fois, il rougit de colère, et murmure d'une voix contenue :

- Donne-moi une bonne raison pour que je ne lance pas mes gardes sur toi à l'instant.

- Réponse : parce que je pourrais les battre les mains dans les poches ?

Il me considère d'un œil furieux, mais je sais que ma réflexion fait du chemin dans sa tête, puisqu'il se redresse, prend un visage plus calme, et dit :

- Soit. Je vais être bon prince.

- Vous êtes roi, pas prince…

- Silence, manant ! tonne-t-il. J'accepte de ne pas te tuer ; en échange, toi, tu acceptes ma quête.

- C'est quel genre, votre quête ?

- Une princesse à aller récupérer au fond d'un donjon.

- Ah, oui. C'est fou ce que c'est original. Mais dites voir, c'est pas aux princes de faire cette besogne, d'habitude ?

- Oui, mais comme tu l'as dit toi-même, je suis roi, alors ça ne compte pas pour moi.

A mon avis, c'est complètement tordu, mais bon, si je réplique, on n'a pas fini.

- Et vous voulez que ce soit moi qui aille la chercher, votre princesse ?

- Oui, et tu me la ramèneras au château pour que je puisse l'épouser.

Pas flemmard, ce roi…

- Je refuse.

- Comment !

- Je n'accepte pas les ordres d'un roi qui vire de sa ville les gens qui ne lui plaisent pas… surtout quand les gens en question viennent s'installer sur mon terrain. Alors soit vous les faites revenir, vite fait bien fait, et je m'occupe de votre quête, soit vous ne faites rien et vous dites adieu à votre princesse.

Ses sourcils se froncent.

- Je ne crois pas que tu aies le pouvoir de me poser un tel ultimatum, dit-il d'un air hautain.

- C'est vous qui voyez, je hausse les épaules. Bye bye la princesse...

- Très bien, gronde-t-il finalement. J'accepte. Va chercher la princesse, et quand vous serez revenus, je rendrai le droit de cité à tes amis.

- On est d'accord. Alors, elle est où, ta princesse ?

.oOo.


Et voilà les choupinous ! Dites-moi si elle vaut la peine que je la continue. :3

Des bisous !