Bonjour à tous. Voici le dernier chapitre de ma deuxième fic. J'espère qu'il vous plaira ! Je suis déjà en train d'en écrire une autre (jamais deux sans trois ^^) qui s'appellera « la morsure du serpent ». Donc à bientôt et merci à tous ceux qui m'ont suivis J

CHAPITRE XIX : Entre Deux Mondes

« Karin… »

« J'ai mal. »

« Je sais. C'était stupide de ta part. »

« Je sais. »

« Alors tu vas bêtement mourir, comme ça ? »

« Faut croire. »

« … »

« Mais qui es-tu ? »

« Quelqu'un qui aimerait bien te voir combattre. »

« Pourquoi faire… je n'ai plus rien. Je suis seule. »

« Non, c'est faux moi je suis là. »

« Qui es-tu ? Et pourquoi je t'entends ? »

« Je suis celle qui pourrait t'accompagner à travers tes combats Karin. Et je te parle depuis longtemps mais il est difficile d'entendre lorsque des idiots faiblards viennent encombrer ton esprit avec leurs paroles débiles… »

« Ils m'ont pourtant soutenus. »

« Si tu le dis. Il n'empêche que tu es en train de crever. Et moi aussi au passage…. »

« Qui es-tu… »

« Ecoute bien, Karin. Je m'appelle…

A l'annonce de l'état de sa sœur, Kurosaki Ichigo s'était emporté comme un dément et avait saccagé une bonne partie de la première division.

Le Commandant-Capitaine n'avait rien fait pour l'arrêter, pensant qu'il se calmerait plus vite en évacuant sa colère et sa frustration. Et il avait raison. Après avoir hurlé contre lui, frappé tous les murs qui se trouvaient à sa portée, le jeune homme s'était assis, les yeux dans le vide.

Inversement, Isshin attendait dans un coin, l'air calme et serein. Cependant, il brulait de l'intérieur. Il savait pourtant que si lui aussi s'était mis à démolir tout ce qui tombait sous sa main, son fils aurait été entrainé dans sa rage et n'aurait pas su s'arrêter. Or, ce n'était pas la guerre que le père souhaitait déclencher.

Il voulait simplement revoir sa fille. Sa petite fille si têtue, si téméraire. Il ne pouvait pas croire ce que le vieil homme lui avait annoncé. Comment Karin, si forte, si passionnée, aurait pu se laisser sombrer de la sorte ? Avait-elle perdue tout espoir de les revoir ?

_Nous avons trop traîné, murmura Ichigo dans un souffle. Si j'avais été plus rapide, si j'avais trouvé Amaya plus tôt et si…

_Et si tu arrêtais de t'affliger et de te lapider, continua Isshin, peut-être pourrions-nous aller voir ta sœur avant qu'elle ne nous quitte ? Qu'en penses-tu ?

Cette phrase fut comme un coup de poing pour le shinigami remplaçant. Il en avait presqu'oublié qu'elle n'était pas encore morte et qu'il pouvait la serrer encore une fois dans ses bras. Il pensa également que si elle entendait le son de leur voix, elle se battrait et se réveillerait pour rire de nouveau auprès d'eux !

_Mais avant d'y aller, demanda-t-il au Commandant-Capitaine, qu'allez-vous faire de Tôshirô ?

Le vieil homme soupira. C'était comme revivre éternellement les mêmes situations depuis le début de la journée.

_Il est condamné pour trahison. Il sera exécuté en fin de semaine.

Ichigo et Isshin se regardèrent. Ils semblaient se comprendre sans même avoir à se parler.

_Mais, reprit Yamamoto, je te connais Kurosaki Ichigo. Tu as déjà ébranlé tout le Seireitei pour sauver Kuchiki Rukia quand tu trouvais nos lois injustes alors, je me doute que pour le jeune Capitaine qui a fait chavirer le cœur impétueux de ta chère cadette, tu ne sauras pas t'abstenir de déclencher les hostilités. Je me trompe ?

Ichigo sourit. Il devait reconnaître que tout le monde pouvait deviner ses intentions à mille lieux à la ronde. En ça, il ressemblait à Karin. Trop téméraire, impulsif, exacerbé.

_Ne pensez-vous pas que vos lois ne sont pas toujours juste ?

_Effectivement, je le pense. Mais les lois sont là non pas pour gérer une seule personne et à chaque cas son règlement. Ce sont des centaines, voire des milliers d'hommes qui y sont soumis. Je ne peux pas aller contre. Cependant…

Le vieil homme fit une pause, comme s'il se parlait à lui-même. Comme s'il exposait à haute voix une réflexion personnelle.

_Cependant ? Reprit Isshin, pressé de revoir sa fille.

_Cependant, nous vous devons beaucoup pour tout ce que vous avez fait pour le Seireitei et sans toi Ichigo, bon nombre de nos combats auraient été perdu si tu n'avais pas sacrifié ta vie pour les morts. Alors, si jamais il te venait l'envie de nous demander une récompense pour ses services rendus…

_Une récompense ?

_Oui. Comme demander qu'on gracie Hitsugaya Taïcho, par exemple. Je ne pourrais pas aller à l'encontre de cette demande… ce serait une insulte à nos principes. Après tout, nous te devons tous la vie, si je puis dire…

Et sur ses mots, Yamamoto Genryuusai disparut.

Ichigo passa une main tremblante dans ses cheveux. Il ne savait pas très bien s'il voulait éclater la tronche de ce petit con qui avait osé toucher à sa sœur ou s'il voulait lui sauver la peau parce qu'elle l'avait aimé.

_Que faisons-nous maintenant ? Demanda-t-il.

_Allons parler à Karin, répondit son père. Elle est dans un mauvais état mais avec un peu de chance, elle entendra nos voix et nous pourrons l'aider à s'en sortir…

« Je n'entends pas… pourquoi ? Je ne t'entends pas ! »

« Parce que tu ne te concentre pas. »

« Est-ce que c'était eux ? Vraiment ? Ou alors je deviens complètement folle et j'entends ces putains de voix… »

« Que crois-tu Karin ? »

« Je ne sais pas trop. Je pense que c'est complètement dingue ! Pourquoi tout-à-coup, mon père et mon frère se manifesteraient alors que je les attends depuis des mois ? Et cette histoire avec ma chasseuse d'art… je crois que mon esprit me joue des tours et que je mélange ce que m'a raconté le vieux Yamamoto et ma vie d'avant ! Voilà ce que je crois ! »

« Alors, c'est que tu ne veux plus vivre. »

« … »

« Karin, lorsqu'on se refuse à écouter son cœur, ça ne sert plus à rien d'essayer. Autant crever. »

« J'aimerai tellement… »

« Quoi ? Qu'est-ce que tu aimerais ? Une preuve ? Mais atterris ma belle. Dans ton état, la seule chose qu'il te reste, c'est la foi ! »

« La foi ? Putain, j'ai l'impression d'être le perso principale d'une série à deux balles… »

« Idiote ! »

« Tu peux parler. Tu m'es complètement inutile… »

« Si tu entendais mon nom, sale gosse, je pourrai te prêter mes pouvoirs. Et alors, nous pourrions nous en sortir toi et moi. Alors écoute et concentre-toi ! »

« Mais ils me parlent encore ! »

« Oublie-les Karin. Au moins quelques temps. Ecoute. Je me nomme… »

Cela faisait deux jours que Tôshirô fixait le mur de sa cellule. Il n'y avait plus rien dans ses yeux. Il semblait éteint, perdu, complètement inanimé.

Il ne pensait pas à son exécution. Non. Il s'en moquait totalement. La date lui paraissait même trop éloignée. Il aurait souhaité se désagréger là, instantanément sans aucun retour possible.

Blessée Hinamori pendant leur combat contre Aizen avait déjà été un supplice, mais oublier celle pour qui il avait bravé les règles du Seireitei, lui qui ne sortait jamais des sentiers battus ! C'était plus qu'impardonnable et pour ça, il se serait détruit immédiatement.

Il se rappelait de tout. Des jeux, des caresses furtives, des interrogations quand il la regardait à son insu. Il se revoyait tourner dans son bureau, incapable de travailler car elle lui manquait. Il revivait intensément ce baiser qu'il lui avait volé quelques années seulement auparavant. Et son corps nu sous ses mains, son odeur épicée lorsqu'il glissait ses lèvres dans son cou et la chaleur qu'elle dégageait en lui à chaque mot, chaque geste, chaque vivifiante action qu'elle entreprenait pour lui, et uniquement pour lui.

Et la dernière fois que Tôshirô l'avait tenu dans ses bras, il avait simplement refusé de lui dire qu'il l'aimait. Jamais il ne l'avait fait mais toujours il le ressentait ardemment au fond de son être. Mais lui dire seulement : « Je ne peux pas », ces quatre putains de mots au lieu de « je t'aime » alors qu'elle n'attendait que ça pour lui dire « adieu », c'était monstrueux. Elle allait sombrer à jamais avec pour seul écho de sa vie avec lui un « je ne peux pas ».

Atroce. Effroyable. Inhumain. Aucune parole n'était assez forte pour exprimer son désarroi.

_Chiro-chan…

Il entendit Hinamori l'appeler mais il ne bougea pas. C'était, pour lui, une erreur de plus à son actif. Il abandonnait Karin, Matsumoto, ses hommes et les deux personnes qui s'étaient occupées de son enfance : Momo-chan et sa grand-mère.

_Chiro-chan, reprit-elle. Kurosaki Ichigo a demandé que toutes les charges soient abandonnées contre toi. La chambre des 46 a accepté sa demande. Tu es libre. Tu entends Tôshirô ? Tu es libre !

Il ne réagit pas. Il ne voulait pas être libre. Il voulait juste disparaître.

_Chiro-chan…

_Pousses-toi de là ! Cria une voix familière.

Ichigo bouscula la jeune femme et ouvrit la cellule, non sans peine tant ses mains tremblaient. Il pénétra brutalement dans la salle et plein de fureur, il agrippa le jeune Capitaine par le cou, le forçant à se relever et à lui faire face.

_Je suis désolé, murmura Tôshirô.

_Tu es… putain ! Hurla le frère de Karin.

Il frappa au visage Tôshirô qui ne trébucha pas, toujours amorphe.

_Ma sœur se laisse crever parce qu'elle t'aime ! Et c'est parce qu'elle t'aime que j'ai demandé à ce que tu sois libéré. Jamais ma petite sœur n'aurait voulu te voir exécuté alors bouge-toi le cul !

L'amant se libéra mollement de l'emprise de son assaillant. Il enferma son visage dans ses mains. Ces mêmes mains qui avaient autrefois caressées la peau diaphane de celle qu'il adorait.

_Pourquoi ? Murmura-t-il. Pourquoi je dois vivre alors qu'elle est morte...

Ichigo resta sans voix. Lorsqu'il avait pensé à toute cette histoire, il ne s'imaginait pas trouver ce gamin si désemparé. Comment avait-il pu passer à côté de cet amour ?

_Elle n'est pas morte crétin, reprit-il. Elle n'en est pas loin mais son rythme cardiaque réagit encore au son de nos voix.

Tôshirô releva brusquement la tête pour fixer les yeux du shinigami remplaçant. Il ne trouva aucune forme de mensonge dans l'intensité de ce regard. Le même regard déterminé que Karin…

_Elle est encore en vie ?

_Tout juste. Alors bouge ton cul de ce lit et viens avec moi parler à Karin. Aide-nous à la sauver, je t'en prie…

Ichigo tendit une main solide vers celui qu'il respectait plus qu'il ne le pensait, pour l'accompagner vers le lieu où tous leurs espoirs se regroupaient…

« Je ne les entends plus… »

« Ils sont peut-être allé faire un tour. »

« Je ne les entends plus… »

« Karin ! Concentres-toi ! Concentres-toi sur moi ! Par pitié, oublie-les quelques minutes ! »

« Pardon. »

« Ce n'est rien. Tu es forte. Je le sais. »

« Parle-moi de toi. »

« Que veux-tu savoir ? »

« Je ne te vois pas. A quoi ressembles-tu ? »

« … »

« Pourquoi tu n'dis rien ? »

« C'est amusant. Pour me voir, il te suffirait simplement de m'écouter. Quel est mon nom Karin ? »

Lorsque Tôshirô pénétra dans la chambre de la quatrième division, il ne vit en premier lieu que le père de son amante, debout, surplombant le lit de sa grande taille.

Ce-dernier sourit et se dirigea vers la sortie avec son fils. Au passage, il posa une main réconfortante sur l'épaule du jeune homme.

_Laissons-les, murmura Isshin à Ichigo.

Au moment où la porte claqua, il observa dans le silence le petit être frêle et amaigris qui semblait dormir profondément. Elle avait beau s'éteindre, elle n'en paraissait pas moins resplendissante à ses yeux.

Ses longs cheveux noirs étaient relevés et tombaient sur le rebord du matelas comme si quelqu'un les y avait placés pour qu'elle ne soit pas gênée dans son sommeil. Sa bouche entre-ouverte était pâle et tremblante et sa poitrine se soulevait de façon irrégulière.

Tôshirô s'assit sur le bord du lit. Pouvait-il la toucher encore une fois ? En avait-il le droit, lui qui l'avait laissé sombrer seule dans cette misère ?

Alors cet homme se sentit redevenir un enfant. Lui, si pudique avec ses émotions laissa couler ses larmes comme un torrent trop longtemps contenu.

_Pardonne-moi Karin, supplia-t-il. Pardonne-moi, je t'en prie !

« … »

_Je suis l'être le plus abjecte de ce monde ! Tout est de ma faute ! Si j'avais su me résoudre à ne plus te revoir, rien de tout ça se serait passé !

« Ne dis pas ça… »

_Je voudrai remonter le temps et ne plus jamais te faire souffrir !

« Arrête de dire des conneries ! »

_Je ne veux pas que tu meures Karin. Qu'est-ce que je dois faire bordel ! Qu'est-ce que je dois faire !

« … »

Il attrapa la main fraîche de la jeune fille, enlaçant ses doigts fins avec une infinie douceur.

_Je t'aime, murmura-t-il dans un sanglot. J'aurai dû te le dire plus tôt. Et merde ! Je t'aime et je veux te revoir me sourire. Je veux t'entendre te moquer de moi encore une fois. Je veux t'entendre me dire que je suis un idiot. Un bloc de glace. Que je ne sais pas me comporter en société parce que j'ai l'air d'un nabot boudeur.

Il se mit à rire timidement en repensant à la gamine qui lui tapait sur les nerfs quand il descendait à Karakura.

« … »

_Je veux, Karin, je veux que tu m'enlace encore contre toi. Je veux sentir tes lèvres contre les miennes, ton étreinte sur moi, tes yeux me gronder comme tu le fais lorsque je t'empêche d'agir sur un coup de tête ! Je te veux toi, encore une dernière fois. Une dernière fois, me séquestrer dans tes bras… Comment veux-tu que je vive si toi, tu n'es plus là…

« Tôshirô… »

Le Capitaine plongea son visage dans la paume qu'il tenait fermement. Il respirait à grande bouffée le parfum de sa peau.

« Tôshirô… que dois-je faire ? »

« Tu le sais, Karin. Tu sais très bien ce que tu dois faire. Invoque-moi. »

Soudain, la porte s'ouvrit, laissant apparaitre Isshin et Ichigo sur le seuil.

_A-t-elle réagit ? Demanda le père.

Il fit signe que non, essuyant discrètement les traces de son désespoir.

_Alors, sortons. Le Capitaine Unohana veut l'examiner.

_On ne peut rien faire d'autre ? Demanda Ichigo, inconsolable.

_Malheureusement non. C'est trop tard.

Tôshirô se releva et déposa furtivement un baiser sur la joue de la jeune fille.

Tout-à-coup, ce fut comme une explosion. Une onde de choc propulsa les trois hommes contre le mur et une déferlante de reïatsu envahit le Seireitei sur une dizaine de kilomètre. Un reïatsu pur, sans défaut.

Il était quasiment impossible pour le jeune Capitaine de se relever tant la force de cette énergie était puissante. Cependant, alors qu'il se rapprochait du corps de Karin, bravant au mieux les vents déchainés, il entendit une voix familière chuchoter :

_Habukurage…

Le temps pouvait passer très vite. Comme la vie.

Il faisait beau et la lumière traversait les rideaux dans la salle où ils dormaient.

La chambre était petite et austère.

Sur les murs, il n'y avait absolument rien. Ils étaient d'une blancheur parfaite. Un seul tableau était accroché en face de l'entrée. Il représentait deux jeunes personnes en pleine étreinte, leurs lèvres collées l'une contre l'autre.

Au centre de la pièce reposait un futon. Il semblait avoir subis un combat à mort.

Des draps posés en bataille sur le corps nue d'une jeune fille aux longs cheveux brun glissèrent vers le sol, entrainés par la main d'un homme. Il prit soin d'effleurer délicatement la peau de sa compagne au passage.

Elle frissonna. Il ne faisait pas particulièrement froid mais ce contact alluma chez elle un désir incontrôlable.

_Tu m'as réveillé, râla-t-elle en se lovant contre lui.

_Il va falloir que je retourne travailler, répondit-il en souriant.

_Hors de question.

_Je n'ai pas le choix. De toute façon, tes cours reprennent dans une heure, je crois.

Elle enserra ses bras autours de son cou.

_Ils m'attendront, railla-t-elle.

Sa poitrine collée contre le torse de son amant eût l'effet escompté. Il brûlait d'envie de gouter une nouvelle fois à sa bouche et à son corps.

_Dis Tôshirô, lui murmura-t-elle au creux de l'oreille. Je t'aime.

Il sourit, plein de tendresse et entraina sa belle cavalière dans une danse sans fin.

Et tandis que les minutes s'écoulaient, les deux amants commencèrent leur nouvelle journée, de la même façon qu'ils allaient attaquer leur nouvelle vie ensemble…