LE PARFUM DE LA VENGEANCE
Auteur : Elehyn
Disclaimer : Les lieux, personnages, ainsi que l'histoire de Harry Potter appartiennent à J. K. Rowling. Pas à moi et je ne fais pas de profits en publiant cette histoire.
Warning : Slash de rating M entre Harry Potter et Severus Snape. Univers alternatif.
Traduction : The Quibbler : Le Chicaneur
Explications : Eurydice : Prénom grec qui signifie « La justice ou la vengeance illimitée »
Ulysiane : Prénom d'origine grecque qui signifie « Qui garde rancune »
NdA : Coucou !
Tout d'abord, j'adresse un grand merci à Falx Italica, LadySade, Gotye11, Ishtar205, Krix27, Kisis, ShadowSaphir, Lycos, Schaeffer, Harmonie-Dream, Gwenfahendel, Elkei, Stormtrooper2, Bloody dawn, Cecilinou, Nat-kun, Myshka01, Hanako Hayashi, Elisect32, Fuhatsu, Lilywen, Holybleu, Djianara, Lamatadora, Yamia, Loveless1305, Michoc's, Syriel12, Angel et Kaolamanga pour vos reviews. Elles m'ont fait très plaisir et m'ont énormément encouragé à écrire. Je craignais que mon histoire ne soit pas beaucoup appréciée parce qu'elle se passe dans un autre temps et, de ce fait, qu'elle aborde un univers alternatif ce qui ne plait pas à tout le monde, mais vous m'avez démontré le contraire. Alors, je vous dédie ce second chapitre pour vous remercier et j'espère qu'il sera à la hauteur de vos espérances.
Vous pourrez constater que j'ai écrit une « petite scène non innocente qui fait s'élever la température corporelle et augmenter la production des glandes salivaires » mais je tiens à ajouter que Harry garde sa vertu et sa naïveté et que, de la part de Severus, ce n'était absolument pas prémédité… Je sais bien que vous ne me croyez pas quand je dis ça… mais je vous garantie que si, Severus n'avait pas venu venir le coup comme il ne pouvait pas prédire les paroles et les actes de Harry. Et je rajouterai même : Vive l'équitation ! Vous me comprendrez mieux quand vous aurez lu la scène en question.
De plus, je voulais vous informer que je ferai relativement rapidement passer les années de Harry au collège parce qu'en règle générale, il ne se passera rien à part qu'il suivra ses cours. Bien entendu, par contre, je vous raconterai les scènes marquantes et les impressions générales pendant l'année qui passe, en gardant l'harmonie et la cohérence du texte. La septième année de Harry sera plus longuement relatée comme Snape sera son professeur de potions et que Harry aura 17 ans (et que j'ai dit à la fin du chapitre précédent qu'il se passait quelque chose d'important entre eux à la fête de son dix-septième anniversaire). C'est aussi l'âge de son entrée dans le monde, guidé par Sirius, et l'âge de sa majorité donc Severus pourra se frotter les mains à partir de là mais pas avant.
Aussi, je parlerai de ce qu'il est arrivé à Severus, Sirius, Remus et Tonks dans un prochain chapitre.
Angel : Pour te répondre, effectivement, Draco apparaîtra dans cette fic. Tu pourras d'ailleurs le voir dans ce chapitre mais il n'aura jamais un rôle déterminant.
LE PARFUM DE LA VENGEANCE
Chapitre 2 : L'apprenti du Pr Slughorn
Pré-au-lard, 1857
« Combien nous reste-t-il ? » demanda Ron en entrant dans le salon fané du manoir, sa voix faisant écho dans la pièce pratiquement vide.
« Un gallion, trente sept mornilles et neuf noises ! » lui répondit Harry en soupirant.
Hermione qui était assise près de lui à la table lui prit la main.
« La situation va s'arranger, Harry. Nous devons recevoir une rentrée d'argent pour la vente des écailles du magyar à pointes. Charlie a promis de nous ramener les serpents dans deux jours et tu sais bien qu'il le fera. Je toucherai mon salaire à la fin de la semaine et nous venons d'aller au marché. Nous pourrons manger à notre faim pendant quelques jours… tout en se restreignant toujours un peu quand même » ajouta-t-elle en lançant un regard désolé à son mari qui lui répondit avec un sourire triste.
« Et de mon côté, je vais aussi ramener mon salaire ! » répondit celui-ci avec un enthousiasme feint.
Ronald était grand et faisait un travail de force mais il ne se plaignait jamais oralement de sa faim alors qu'il était visible pour tout le monde qu'il en souffrait plus que les deux autres. Ce mois-ci, il avait encore maigri. Cela se voyait sur son visage et sa silhouette.
Tout comme Harry, il avait dû abandonner sa formation d'Auror. Cependant, lui était resté plus d'une année supplémentaire. Il avait toutefois été contraint au départ un an et demi après avoir commencée son apprentissage.
En effet, Harry avait été forcé de quitter la formation – bien que la raison officielle de son départ eut été sa propre décision comme il se serait trompé de voie.
Et, le ministère - ayant eu connaissance de la forte amitié fraternelle qui liait les deux hommes -, avait fait vivre un véritable enfer à Ron, lui faisant payer sa loyauté envers le Garçon-Qui-Avait-Survécu à Voldemort quand les autres n'y avaient pas réussi. De guerre lasse et prêt à lancer des sorts à quiconque le malmènerait encore ou se moquerait méchamment de son ami, le rouquin avait décidé de déclarer forfait.
De plus, il savait que son père, Arthur, et l'un de ses frères, Perceval, travaillaient au ministère et qu'eux-mêmes subissaient des brimades mais il ne souhaitait pas leur faire perdre leur travail à cause de lui.
Ronald avait donc quitté son apprentissage, l'esprit à la fois tourmenté de ne pas pouvoir exercer le métier qu'il avait voulu et très en colère contre le ministère et les sorciers qui ne s'étaient pas privés de vilipender sur le compte de Harry Potter, leur sauveur, par peur et par jalousie.
Deux mois après, par chance, il avait trouvé un travail à la boutique Ollivander qui fabriquait des baguettes. Son emploi était de trouver les composants qui constitueraient les dites baguettes. Sa tâche aurait été milles fois plus aisée s'il avait eu un cheval mais la famille Weasley puis Harry et Hermione – lorsqu'il était venu vivre avec eux – n'avaient pu se permettre cette dépense et Ollivander n'avait pas l'utilité d'en posséder un. Ron traversait donc les campagnes à pied et par tous les temps pour récolter, couper et transporter les différents bois dont Ollivander avait besoin. Il allait chercher les crins de licorne, les plumes de phénix et les ventricules de dragons mais il allait aussi quérir d'autres composants, ce qui l'exposait parfois à de grands dangers, afin que le fabriquant puisse tester d'autres éléments pour la création de ses baguettes.
Chaque semaine, Ron ramenait un maigre salaire comme il était rémunéré à ce qu'il rapportait et non pas à l'heure. Il aurait pu se faire beaucoup plus d'argent s'il avait pu chevaucher au lieu de marcher pour aller d'un endroit à un autre. Bien entendu, il pouvait parfois transplaner mais d'autre fois, il était impossible de le faire comme certaines créatures magiques n'appréciaient que peu le très bruyant « Crac ! » que produisait le transplanage. De plus, pour transplaner, il fallait visualiser le lieu de destination et Ron ne les connaissait pas toujours, ne s'y étant jamais rendu, ce qui le contraignait à user de ses jambes plutôt que de la magie. De plus, Harry et Hermione avaient été obligés de vendre leur balai, un Cirrus 7 pour Harry et un Cumulonimbus 2 pour Hermione.
« Nous pouvons peut-être demander à ma famille de nous prêter un peu… » commença Ron avant de se faire couper fermement la parole par Harry.
« Il est hors de question que tu demandes de l'argent à tes parents ou à tes frères ! Tu sais aussi bien que moi qu'ils ont beaucoup de mal – eux aussi – à s'acheter le nécessaire vital. De plus, ils doivent absolument constituer la dot de Ginny sinon elle ne pourra jamais trouver de mari. »
Une expression misérable peinte sur le visage, Ron savait que son ami disait vrai.
Intérieurement, il avait toujours espéré que Harry demanderait la main de sa sœur, ce que le jeune homme avait prévu de faire lorsqu'il aurait atteint sa dix-neuvième année pour suivre les convenances et parce qu'il ne voyait pas quelle autre jeune fille il aurait pu courtiser, mais la vie en avait décidé autrement. Pourtant, il avait eu ses rêves. Ginny était son amie, elle était gentille, loyale et intelligente. Il avait toujours apprécié les conversations qu'il avait eues avec elle et il aimait beaucoup sa famille. A cette époque, il avait pensé qu'un mariage entre eux aiderait les Weasley tout en ôtant de ses épaules la pression que la société faisait peser sur les célibataires. Harry s'était également dit que l'amour viendrait certainement avec le temps.
« Je peux peut-être demander une avance au professeur Dumbledore pour mon salaire de la semaine prochaine ? » suggéra Hermione, connaissant déjà la réponse de Harry.
« Tu ne peux pas ! Tu lui en as déjà demandé une la dernière fois et l'avant-dernière et encore l'avant-… »
« Oui, il est inutile de me le rappeler » fit la jeune femme, désespérée.
Hermione avait également pâti de son amitié avec Harry et n'avait réussi à trouver qu'un emploi de bibliothécaire à mi-temps à Poudlard. Tous savaient qu'ils étaient redevables de cet emploi au professeur Dumbledore qui résistait comme il pouvait à la pression qu'exerçait le ministère sur son école. Madame Pince, la bibliothécaire attitrée du collège, n'avait en effet aucun besoin de l'aide d'Hermione mais le directeur l'avait engagé par gentillesse, prétextant qu'il souhaitait que les élèves puissent être davantage assistés dans leurs recherches et qu'il ne voulait pas surcharger Madame Pince de travail.
Régulièrement, Hermione ramenait même quelques plats déjà préparés de l'école, ceux que Dumbledore lui avait dit d'emporter comme ils se perdraient s'ils n'étaient pas mangés. Tous étaient également bien conscients qu'il s'agissait-là d'un mensonge mais le trio affamé était heureux de pouvoir accepter ces dons. Les premières fois, lorsqu'ils avaient protesté, se sentant affreusement honteux devant le vieux mage, celui-ci les avait arrêtés, leur expliquant qu'il détestait voir la nourriture se gâter et que c'était une compensation pour l'aide apportée au collège par les trois elfes de maison des Potter qui avaient dû rejoindre les cuisines de Poudlard comme Harry était incapable de les nourrir.
Ce jour-là, Dumbledore lui avait dit, « Il ne faut jamais perdre espoir dans l'adversité. Souvenez-vous-en tous les jours. Dobby, Winky et Lyvvie rejoignent peut-être Poudlard aujourd'hui mais ils appartiennent toujours à la famille Potter et demain pourrait bien être un jour plus faste et ainsi les voir retourner au manoir. »
Tous les matins, Harry attendait ce jour plus faste qui ne venait pas.
Lui, n'avait pas trouvé de travail depuis que le ministère l'avait jeté dehors, lui interdisant de poursuivre la formation d'Auror qu'il avait commencé trois mois auparavant. Ils avaient formellement exigé son départ un mois, jour pour jour, après l'assassinat de ses parents et le meurtre qu'il avait commis sur le sorcier auto-nommé Lord Voldemort.
Bien évidemment, depuis, il avait été frapper à toutes les portes pour trouver un emploi et avait réussi pratiquement toujours – au début – à trouver un poste… jusqu'au lendemain où ses employeurs s'étaient toujours nerveusement rétractés, lui annonçant que finalement, ils n'avaient plus besoin de mains d'œuvres.
Cela faisait presque quatre ans que cela durait.
Les premières fois, il avait été surpris mais avait accepté ce brutal retournement de situation, croyant le motif de ce soudain revirement.
Mais petit à petit, voyant que ce scénario se répétait encore et toujours, il avait posé des questions.
La première fois où il avait laissé éclater sa colère, son employeur qui ne l'avait définitivement pas recruté lui avait expliqué, l'air bouleversé et rempli de regrets, « Ils m'ont menacé ! J'ai appris hier soir qu'ils nous menaçaient tous si nous vous engagions ! Ils m'ont dit qu'ils me prendraient mon entreprise, qu'ils me discréditeraient auprès des acheteurs et que je n'aurais plus de clients ! Ils m'ont dit que je devrais fermer, mettre tous mes employés dehors et que mon nom serait traîné dans la boue jusqu'à ce que même mes ex-commis se retournent contre moi. Je n'avais pas le choix ! »
« Mais qui ? Qui vous menace ? » s'était écrié Harry, gonflé de rage.
« Le ministère ! Ordonné par le ministre en personne ! »
« Cornélius Fudge ! » avait craché le Survivant, écœuré et haineux envers cet odieux personnage. Il s'était alors souvenu de toutes les histoires que lui avait racontées son père à propos de Fudge et aucune d'elles n'avait été très glorieuse et élogieuse pour le ministre.
« Lui-même ! » avait répondu le directeur de magasins en frissonnant.
En quatre ans, quelques sorciers plus courageux, rebelles ou un peu plus fous avaient accepté de lui donner un travail mais le ministère les avait rattrapés et ils avaient eu des ennuis qui avait contraint Harry à quitter ses emplois pour faire cesser les menaces et autres représailles.
Le jeune homme avait donc dû accepter de rester au manoir mais il avait toujours refusé d'être entretenu par ses amis.
Peu à peu, il avait donc été contraint de vendre tout ce qu'il avait pu : en premier lieu, certains meubles et son balai. Il avait aussi été obligé de congédier à regret John Flint, le palefrenier et ami de ses parents depuis toujours. Il s'était ensuite séparé de son piano, d'autres meubles et de certains livres. Puis, il avait vendu les autres livres. Et lorsqu'à nouveau, le manque d'argent s'était fait sentir, il avait vendu tous les meubles pour en acheter d'autres plus modestes et peu chers, ainsi que la belle vaisselle et l'argenterie. Tous ses vêtements luxueux avaient suivi et Hermione lui avait aussi demandé de vendre ses belles robes et son balai pour essayer de garder les chevaux.
Mais l'entretien du manoir, la nourriture qui manquait de plus en plus et les soins diverses avaient eu raison de ses dernières réticences et ils avaient dû se séparer de Lys, Maraudeur, Nimbus et Eclair. Harry en avait pleuré seul dans son lit pendant des mois.
Mais lorsque l'argent avait recommencé à manquer, ils n'avaient plus rien à vendre. Son argent et les bijoux des Potter avaient été confisqués par le ministère et il n'avait plus de droit d'accès à la banque Gringott's.
Cette époque-là avait aussi marqué l'arrivée de Ron au manoir comme il avait épousé Hermione et que la demeure était assez grande pour accueillir le jeune homme. Cela avait également évité que le nouveau couple ne loge dans la petite maison des Weasley, leur laissant une plus grande intimité.
La venue de Ron avait été une source de joie pour Hermione et pour Harry comme l'ancien Gryffondor avait énormément d'humour et avait apporté sa bonne humeur et ses rires en même temps que sa présence dans la bâtisse appauvrie. De plus, il ne représentait aucunement une charge financière supplémentaire. Au contraire, il participait aux dépenses autant qu'il le pouvait.
Cela faisait, à présent, plus d'un an que le plus jeune fils Weasley habitait le manoir Potter. C'était aussi lui qui avait dissuadé Harry, un jour où il était particulièrement démoralisé, de vendre la demeure familiale au profit d'une autre plus modeste.
Harry était reconnaissant à son ami de l'avoir empêché de vendre la maison de son enfance, même si son entretien était parfois une source de grandes dépenses.
Vendre le manoir aurait été la flèche de trop dans le cœur de Harry et aurait certainement marqué une importante victoire du ministère dans sa lutte contre lui.
« N'avons-nous pas récolté plus de fruits et de légumes cette année ? » demanda Hermione en fixant Harry d'un regard empathique. « Il me semblait que tu nous avais dit que le jardin avait mieux donné que l'année dernière. »
« En effet ! » répondit-il, redressant un peu les épaules comme si cette nouvelle ôtait un certain poids de ses épaules. Comme il restait au manoir, sans travail à l'extérieur, Harry s'occupait du jardin. « Il a été plus prolifique que les deux dernières années, fort heureusement pour nous. J'ai commencé à faire des conserves et j'ai espoir que nous pourrons vendre quelques pommes et peut-être des poires. »
« Ah c'est une bonne nouvelle ! » lança Hermione en accentuant son enthousiasme. Elle se faisait beaucoup de soucis pour le jeune homme qu'elle considérait comme son petit frère.
« Oui, c'est une bonne nouvelle ! » répéta Ron en souriant plus largement qu'il ne l'aurait fait dans d'autres circonstances.
« Ron ? » appela brusquement Harry en se tournant vers lui et en changeant complètement de sujet. « Tu as du nouveau sur les projets de Fudge ? »
Le rouquin acquiesça de la tête et lui relata les dernières nouvelles. Il savait que son ami souhaitait connaître les moindres faits et gestes du ministère pour essayer d'avoir une longueur d'avance.
A raison, Harry pensait que le ministre préparait encore plus de pièges et d'obstacles à son encontre dans le but de lui faire quitter le pays. Sans parents, sans travail ni nourriture et en l'obligeant à penser qu'il causerait la ruine de ses amis, Fudge devait très certainement croire que le sorcier dont il avait le plus peur vendrait le manoir et partirait de Grande-Bretagne. Mais Harry avait d'autres projets et Fudge ne pourrait rien contre eux comme il n'en saurait rien.
En effet, il s'était mis à travailler au manoir. Il fabriquait des potions – comme il avait toujours été doué en cette matière – et les vendaient grâce à des intermédiaires qui n'étaient autres que Fred et George Weasley, sous un pseudonyme. Ses potions n'étaient pas toujours d'une légalité exemplaire mais ne nuisaient jamais à autrui. Il fabriquait par exemple une potion qui réfrénait l'appétit bestiale des loups-garous pendant la pleine lune et qui était totalement illicite comme les lycanthropes avaient été bannis du pays et étaient pourchassés par les Aurors en vu d'être tués.
Xenophilius Lovegood, un de ses anciens employeurs qui avait eu des ennuis à cause de lui, et père de Luna – une amie qu'il s'était fait à Poudlard – était propriétaire d'un journal, The Quibbler, et Harry y postait ses annonces commerciales. Les Lovegood savaient pertinemment quelle identité se cachait sous le nom féminin d'Eurydice Ulysiane mais ils savaient garder le secret.
Bien sûr, Harry savait qu'il aurait eu plus de clients si son annonce paraissait également dans la Gazette du Sorcier mais il n'osait pour l'instant pas publier son annonce plébiscitant sa toute nouvelle affaire dans ce journal tenu par le ministère, ne souhaitant pas une enquête sur son pseudonyme.
Harry ne voulait pas non plus que le ministère ait connaissance du fait qu'il n'était pas sorti sans séquelle du meurtre du célèbre mage noir.
Près de quatre ans plus tôt, Hermione, Ron et lui avaient commencé des recherches pour comprendre pourquoi il pouvait désormais parler aux serpents alors que cette faculté ne lui appartenait pas avant ce drame funeste. Ils avaient trouvé la réponse à la bibliothèque de Poudlard, dans un très vieil ouvrage appartenant à la réserve et qui expliquait que, très rarement, lorsque deux puissants sorciers s'affrontaient, que certains éléments étaient placés entre eux, que la haine et la vengeance les animaient et que la lune était rousse, celui qui tuait l'autre arrivait inconsciemment à extraire un des pouvoirs du sorcier mourant et se l'appropriait. Cela s'appelait le sortilège Miroir ou l'effet Miroir. Pour Harry, cette extraction involontaire l'avait fait devenir un Fourchelang.
Et ce dernier profitait actuellement de son nouveau talent pour demander aux serpents, qu'ils soient courants ou rares, de lui donner du venin ou la peau de leurs mues afin de les vendre ou de créer des potions.
Charlie les aidait aussi en les amenant dans certains lieux où il s'occupait d'animaux magiques pour qu'ils puissent récupérer d'autres ingrédients comme les écailles de Magyar à pointes qu'ils avaient récoltées.
Ils avaient compris depuis longtemps que s'ils voulaient survivre, ils devaient être aussi sournois, menteurs et manipulateurs que le ministère et ne devaient rien révéler de leurs activités, qu'elles soient légales ou non.
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Pré-au-lard, 1850
Harry embrassait très fortement sa mère, ou plutôt, Lily ne souhaitait pas se détacher des bras de son fils comme elle lui disait au revoir en ce premier jour de septembre.
« Tu vas nous manquer à ton papa et à moi » lui dit-elle en contenant ses larmes. « Nous t'écrirons tous les weekends comme l'année dernière, ainsi tu pourras nous raconter ta semaine. Et tu reviendras à toutes les vacances. N'oublie pas que tu peux nous contacter par réseaux de cheminées si tu as besoin. Et fais bien attention à toi. Je sais que sous la direction de Dumbledore, tu ne crains rien mais ton père et moi avons entendu dire que Voldemort recrutait davantage et qu'il menait des campagnes plus virulentes. Sois prudent, veille sur Hermione et tout ira bien. »
« Oui, maman » lui répondit Harry en l'embrassant rapidement sur la joue.
Le jeune homme était terriblement conscient que Severus l'attendait au bas d'Eclair et qu'Hermione patientait sur Nimbus, Lily l'ayant déjà longuement prise dans ses bras en lui donnant ses recommandations avant d'étreindre son fils.
« N'oublie pas de nous écrire » repartit Lily en s'accrochant désespérément à l'adolescent. « J'espère que nous nous croiserons lors des weekends organisés à Pré-au-lard. Tu nous donneras les dates lorsque tu les connaîtras ainsi nous pourrons nous voir un petit peu. Et n'oublie pas de bien te comporter à l'école, comme toujours. Tu dois nous rendre fiers, même si nous le sommes déjà tellement. Et n'oublie pas… »
« Lily ! Hermione et Severus attendent Harry ! » lui fit remarquer son mari, en réprimant un sourire amusé.
« Oui » répondit sa femme en serrant encore plus fort son fils dans ses bras. « Je t'aime Harry. Je penserais à toi tous les jours. »
« Je t'aime aussi maman et ne t'inquiète pas pour Hermione et moi. Tout se passera bien à l'école et je vous écrirai aussi chaque weekend. »
« Très bien ! Nous attendrons Hedwige avec impatience… »
« En cet instant, d'autres personnes sont impatientes Lily ! » lui remémora James en se mordant les lèvres pour ne pas rire.
Tous les ans, cette scène se reproduisait… et même plusieurs fois par an comme Harry et Hermione revenaient pour les vacances et donc repartaient après.
« Oui » répliqua la sorcière rousse en caressant les cheveux de son fils. « Tu vas beaucoup nous manquer. Mais heureusement que Remus est professeur au collège. Il pourra vous surveiller, Hermione et toi, et vous protéger si besoin. Et puis, maintenant il y aura Severus aussi. Et il y a Dumbledore… »
« Lily ! »
« Oui ! » fit-elle en lâchant enfin son fils qui se dirigea vers son cheval, en évitant de regarder le palefrenier.
En un geste vif et souple, Harry monta sur Eclair et fut rapidement imité par le lad qui devait également se rendre à Poudlard pour la rentrée scolaire et qui ne possédait pas d'étalon en propre. Il ne pouvait pas non plus emprunter Lys ou Maraudeur comme Lily et James en auraient besoin le lendemain pour aller travailler.
« Je vous aime tous les deux ! » lança Lily à Harry et à Hermione, qu'elle considérait comme sa fille, tandis qu'ils faisaient faire demi-tour à leurs montures pour pouvoir sortir du domaine.
« Nous vous aimons aussi ! » lui répondirent les deux étudiants qui saluaient James et Lily de la main.
« Au revoir vous trois et filez vite avant que Lily ne vous rattrape ! » leur dit James avant qu'ils ne s'éloignent, en s'esclaffant et en recevant une petite tape sur l'épaule de la part de sa femme. Puis, il s'arrêta de rire et se rapprocha lentement d'elle, prêt à la consoler, comme il savait qu'une fois que les chevaux emportant leurs enfants seraient hors de son champ de vision, elle fondrait aussitôt en larmes.
OoO
Comme toujours ces derniers temps, Harry se tenait très raide sur Eclair pour éviter que son dos ne soit totalement en contact avec le torse de Severus mais, comme toujours, le palefrenier semblait épouser son corps du sien, ses cuisses écartées plaquées contre le haut des siennes, son entrejambe très près de ses fesses, le bras gauche entourant étroitement sa taille et le bras droit posé familièrement sur sa cuisse comme pour pouvoir rattraper les rênes si Harry venait à les lâcher brusquement.
Ce dernier se contracta davantage en sentant le souffle chaud de Snape dans son cou, faisant danser ses cheveux au rythme régulier de sa respiration.
Pendant un instant, Harry essaya d'ignorer le malaise mêlé à une autre chose qu'il n'arrivait pas à identifier mais qui lui faisait monter le rouge aux joues, toutefois il n'y parvint pas.
« Que faites-vous ? » murmura-t-il soudain en essayant de garder une voix basse, malgré son état de choc, afin qu'Hermione ne l'entende pas.
« Que voulez-vous dire ? » demanda Snape d'une voix encore plus basse et traînante.
Harry ne savait quoi lui répondre. Etait-ce son imagination où l'homme tentait bien de humer le parfum de sa peau ? Etait-ce une impression où Snape caressait légèrement ses cheveux de ses lèvres ? Ou peut-être était-il tellement nerveux qu'il s'inventait des choses qui n'étaient pas ?
« Je – Je… non, ce n'est rien ! » répondit son interlocuteur, toujours en proie aux doutes et ne pouvant se voir lui poser les questions qui le taraudaient.
Il sentit plus qu'il ne vit le sourire du palefrenier et il fronça les sourcils, s'interrogeant davantage.
Harry lança un regard à Hermione et vit qu'elle les observait attentivement de son côté. Montée sur Nimbus en amazone, elle détaillait particulièrement la posture de Severus et fronçait également les sourcils.
Lorsque celui-ci croisa son regard, la jeune femme le maintint fermement et Harry sentit avec soulagement le jeune homme se redresser dans son dos, décollant légèrement son corps du sien.
Harry s'en trouva donc conforter dans ses suspicions. Snape espérait-il le provoquer ? Mais pour quelle raison ?
Harry savait qu'il existait des sorciers qui se complaisaient à provoquer les autres en duel pour l'amour du combat, par folie suicidaire ou encore par ennui mais Snape n'avait pas l'air de faire partie de ceux-là. S'il l'avait été, il ne se serait pas attaqué à un adolescent encore dans son apprentissage de la magie et, officiellement interdit de pratiquer en dehors des murs de l'école jusqu'au passage de ces premiers examens. Il se serait en effet plus intéressé à son père qui était réputé pour ses talents de duelliste. De plus, aucun sorcier ne poussait une provocation en touchant tendrement, en murmurant chaudement à l'oreille ou en humant l'odeur de quelqu'un d'autre. Peut-être que Snape avait tout simplement besoin de contact humain comme il en avait cruellement manqué dans sa vie et qu'il voyait Harry comme une sorte de frère ?
Cette révélation frappa le Gryffondor qui se surprit à sourire. Il se revoyait se jeter dans les bras de Sirius, riant aux éclats avec lui, roulant avec lui dans l'herbe quand il se transformait en chien ou se chamaillant gentiment avec lui dans le lac les jours d'été. Son sourire s'agrandit lorsqu'il se remémora le nombre de fois où ils avaient joué ensemble, se chatouillant à en perdre le souffle, se cherchant constamment, puis les instants de tendresse toute fraternelle lorsqu'ils s'étreignaient ou lorsque Harry se pelotonnait contre lui lorsqu'il était sur ses genoux et qu'il était épuisé par leur journée de jeux.
En y repensant, Harry ne pouvait réfuter que ces deux-là se touchaient beaucoup. Et lorsque son père se mêlait à la partie, c'était même pire.
Harry vit alors d'une autre manière la main qui était posée sur sa cuisse et il sourit encore.
Comment refuser à Severus ce qu'il obtenait de Sirius ?
D'un mouvement vif, il transféra correctement les rênes afin qu'elles ne tiennent que dans une main, s'assura que Hermione ne le regardait pas - comme elle lui avait recommandé de se tenir à distance du lad - et attrapa les doigts pâles qui contrastaient sur son pantalon noir.
Harry entendit le souffle surpris de Severus contre son oreille tandis qu'il pressait sa main dans la sienne. Il se tourna lentement sur le côté, un sourire doux aux lèvres et avisa que le visage du palefrenier était très proche de lui. Il se força pourtant à ne pas reculer, sinon son mouvement de retrait pourrait être pris de la pire des manières et il souhaitait montrer à Severus qu'il l'acceptait.
Il sentit la main du palefrenier prendre à son tour la sienne et ses doigts s'infiltrer entre les siens pour les presser fermement.
Harry souffla, « Je comprends ! »
Espérant que le serviteur saisirait le message, Harry fixa ses yeux noirs interloqués qui s'assombrissaient progressivement et qui étaient plongés dans les siens. Il vit son regard perdre sa stupéfaction avant de descendre furtivement sur sa bouche, et son souffle se faire plus court tandis que son torse revenait se plaquer étroitement contre son dos et que son bras gauche enserrait plus fermement sa taille.
Severus devait être sous le choc de son acceptation, pensa Harry intérieurement amusé et ravi. C'était même peut-être la première fois que quelqu'un l'acceptait comme son frère.
Toute à sa joie, il ne vit pas les lèvres de Severus frémir et, avec hésitation, s'abaisser légèrement vers les siennes avant qu'il ne se ravise et ne jette un coup d'œil à Hermione.
Repensant à la jeune fille, Harry reprit les rênes des deux mains et tourna sa tête vers elle mais avisa qu'elle était en train d'épousseter sa robe d'une main tout en contrôlant l'avancée de sa jument de l'autre.
Regardant de nouveau devant lui, Harry focalisa son attention sur l'école qu'il pouvait voir à présent et il sentit une douce chaleur l'envahir en réalisant que Severus n'avait pas desserré son étreinte. Il semblait même s'être rapproché et Harry se laissa aller contre lui.
Il se sentait bien contre le nouvel apprenti, se trouvant confortablement maintenu et en sécurité. Il avait aussi le cœur léger de quelqu'un qui venait de se faire un nouvel et véritable ami. Harry se demanda brièvement si Severus pouvait aussi se métamorphoser en animal comme Sirius ? Et en quel animal se transformerait-il ? Harry s'imagina tout à coup roulant dans l'herbe avec un gros chien noir et un petit koala comme il avait pu en apercevoir un dans un article de journal récemment.
Harry sourit encore, l'esprit heureux et en paix. La seule chose qui gênait son bien-être était l'objet dur qu'il sentait pressé contre ses fesses et qui devait appartenir au jeune lad. Il n'avait pas vu toutes les affaires qu'il avait emportées avec lui mais Harry aurait préféré qu'il les dispose autrement que dans ses poches.
« Parlez-moi ! » ordonna brusquement Snape derrière lui d'une voix très rauque que Harry eut du mal à reconnaître.
« Quoi ? » fit son interlocuteur, soudainement décontenancé par la joue et le visage qui se pressaient avidement contre ses cheveux et son nez qui le humait. Il sentit quelques baisers être déposés sur son crâne et dans son cou.
Surpris, Harry se tendit avant de se laisser de nouveau aller devant la démonstration d'affection de Severus.
« Dites-moi quelque chose ! N'importe quoi ! Juste… parlez-moi ! » lui répondit Severus en crispant sa main sur sa cuisse et en serrant plus fortement son bras contre sa taille.
« D'accord ! » balbutia le Gryffondor, toujours déconcerté, en réfléchissant à ce qu'il pourrait bien lui dire. « Je suis heureux pour vous que vous ayez trouvé cet apprentissage à Poudlard, ainsi nous pourrons toujours vous voir et une place honnête et valorisante vous sera finalement offerte au bout de ces trois années d'enseignements… Je sais que les maîtres en potions sont très recherchés… »
Confus, Harry sentait la main de Snape se crisper tellement sur sa cuisse qu'il en avait presque mal et il préféra l'agripper pour la forcer à desserrer sa poigne. Les doigts blancs enserrèrent immédiatement sa main et, dans ce geste, Harry constata avec stupeur combien l'homme avait besoin d'attention et de chaleur humaine. Le lad se pressait également puissamment dans son dos et l'objet dur contre ses fesses creusait son volume dans sa chair et mouvait au rythme de la marche rapide d'Eclair.
« Encore… parlez-moi ! » requerra le palefrenier d'une voix essoufflée, perturbant le jeune homme qui était dans ses bras.
« Euh, oui… Je sais que vous êtes déjà venu au château quand vous étiez vous-même étudiant mais vous aurez certainement une vision des choses différentes à présent que vous serez le professeur des plus jeunes… Qu'y a-t-il ? Vous souffrez ? » ajouta-t-il, légèrement inquiet en entendant les petits gémissement poussés derrière lui.
La réponse fut rapide et basse, « Non ! »
« Ah ! » fit Harry, complètement perdu dans sa stupéfaction tandis qu'il entendait le souffle court du jeune homme. « Vous êtes sûr que vous vous sentez bien ? Parce que l'on pourrait croire le contraire en entendant votre respiration laborieuse… »
« N-Non… je… vais… bien ! »
« Ah ! »
« Parlez… moi… encore ! »
« T-Très bien !... Je suis… content de pouvoir revenir à l'école… Bien sûr, j'aime aussi être avec mes parents au manoir cependant,… j'ai toujours aimé apprendre… en particulier les sortilèges et… la défense… contre les forces du mal… Je… Je… »
Déjà hésitant, Harry se tut tout à fait en sentant l'homme frissonner derrière lui et émettre un léger râle de gorge, le visage enfoui dans son cou.
« Qu'y a-t-il ? » redemanda Harry, ne sachant que penser. « Vous me dîtes aller bien mais… »
« Ce n'est rien ! » haleta Severus derrière lui.
Harry l'entendit marmonner une sorte d'incantation et le sentit bouger derrière lui. L'objet dur contre ses fesses avait disparu, déplacé par le palefrenier, et il en soupira de soulagement.
« Juste un coup de chaleur… » expliqua le lad en regardant droit devant lui.
Harry lui lança un bref coup d'œil et nota la rougeur de ses joues, contraste saisissant avec la blancheur d'albâtre du reste de son visage.
« Effectivement, il fait très chaud ! » acquiesça Harry qui ressentait aussi l'intensité du soleil sur sa peau. « Cela va-t-il, Hermione ? »
« Très bien ! » répondit la jeune fille en lui souriant. « J'ai tout de même hâte d'arriver. Cette chaleur est épuisante. »
Harry acquiesça. Ils étaient tout proches de l'entrée du domaine du collège à présent. Ils pouvaient d'ailleurs apercevoir au loin Hagrid, le demi-géant gardien des clés et des lieux de Poudlard mais également professeur de Soins aux créatures magiques.
« Harry ? » l'appela Severus, d'une voix douce où transperçait une pointe d'incertitude.
« Oui ? »
« Qu'entendiez-vous tout à l'heure quand vous me disiez que… vous compreniez ? »
'Comment lui expliquer sans le vexer et en toute diplomatie ?', s'interrogea Harry fébrilement.
« Avant que mes parents recueillent Hermione, j'étais leur seul enfant… Et avant mon entrée à Poudlard, je n'avais jamais véritablement côtoyé de personnes de mon âge comme j'ai étudié avec un précepteur. Ronald Weasley que vous avez pu voir certaines fois cet été a été mon premier ami… »
Harry jeta un coup d'œil au palefrenier et vit que celui-ci avait haussé un sourcil, paraissant ne pas comprendre où il voulait en venir. Il poursuivit.
« Quelques fois, j'ai souffert de ce manque même si mes parents étaient présents et qu'ils ont tout fait pour que je rencontre des enfants et même des adultes. Ils ont toujours pensé qu'un homme ou une femme accompli devait avoir une certaine éducation et une vaste culture. Ils m'ont toujours dit que l'ignorance était l'arme des politiciens… Je suis allé visiter tous les musées de Londres, ai été à Paris, ai appris le Français et à jouer du piano en plus de cours traditionnels et des leçons de maintien. Ma mère m'a appris l'art de recevoir les convives, l'intendance et le protocole en toutes occasions, et mon père m'a appris à chasser avec ma baguette, à voler sur un balai et les différentes tactiques des jeux de cartes et d'échecs. Tout pour faire de moi un homme du monde… un homme qui pourrait se présenter à mes dix-sept ans pour faire mon entrée dans la société sans subir les ragots et autres humiliations des bonnes gens qui aiment critiquer les manières qu'ils n'ont pas eux-mêmes… »
Harry remarqua que Snape le regardait attentivement, avec un vif intérêt pour ses propos, mais que son sourcil interrogateur était toujours levé.
« Je me rends bien compte que j'ai eu énormément de chance d'avoir des parents tels que les miens. J'ai toujours bénéficié d'une grande liberté et, alors que les étudiants non diplômés ne peuvent pas pratiquer de magie en dehors de l'école, je n'ai jamais eu à lutter ou à me cacher d'eux pour me servir de ma baguette. Au contraire, ils m'ont enseigné énormément de techniques, de sortilèges et de potions ce qui fait qu'à mon arrivée au collège, j'en connaissais plus que certains septième année… J'ai, toutefois, longtemps déploré le fait d'être fils unique. J'étais pratiquement toujours entouré par des adultes et, bien que je trouvais leurs discussions intéressantes, j'aurais voulu avoir des frères et sœurs, comme ceux de la famille Weasley… Mais heureusement, j'avais Sirius… »
A cette mention, le sourcil s'abaissa et son regard sombre se plissa. Il resserra également son bras autour de la taille de Harry mais celui-ci n'y prêta pas attention. Il regardait toujours devant lui et manœuvrait Eclair de sorte que le cheval s'arrête à la hauteur du demi-géant.
« Bonjour Hagrid ! » saluèrent Hermione et Harry en même temps, répondant au large sourire du gardien des clés.
« Bonjour Hermione ! Bonjour Harry ! Bonjour… M'sieur ? » dit-il avec son accent familier et prononcé.
« Severus Snape !... Bonjour ! » répondit Severus d'un ton neutre, le visage impassible.
« Oh oui ! » répliqua Hagrid, en souriant toujours amicalement. « Dumbledore m'a parlé de vous ! Vous êtes le nouvel apprenti d'Horace Slughorn, n'est-ce pas ? »
« En effet ! » acquiesça Severus, le regard toujours insondable.
« Je m'appelle Rubeus Hagrid et suis un de vos collègues » se présenta aimablement le demi-géant en ouvrant le portail du collège avant de les regarder de nouveau tous à tour de rôle et d'ajouter, « Alors je vous dis bienvenue à tous les trois ! Vous verrez que vous n'êtes pas les premiers arrivés, même si j'attends encore les élèves arrivant du Poudlard Express… Je viens juste d'ouvrir la porte à Draco Malfoy et Gregory Goyle ! »
A ces mots, Hermione grimaça et Harry poussa un grognement qu'entendit Severus qui le regarda avec un intérêt calculateur.
Les trois jeunes gens pénétrèrent dans l'enceinte du domaine dirigé par le professeur Dumbledore et se dirigèrent vers les écuries.
N'oubliant pas que Harry n'avait pas terminé son explication, il reprit, « Comme je vous le disais un instant plus tôt, heureusement que j'avais Sirius ! Et c'est pour cette raison que je comprends combien un être humain peut avoir besoin d'attention et d'affection, à tout âge… d'avoir besoin d'un frère, même s'il n'est pas du même sang que vous… »
Le regard de Harry s'attarda avec insistance sur l'expression de Severus pour attester de la compréhension de l'homme mais son visage était et demeurait impassible. Il poursuivit alors.
« Mon père, Remus et lui se sont rencontrés lorsqu'ils étaient étudiants ici-même et sont rapidement devenus amis. Ils s'étaient aussi liés à un autre jeune homme qui se nomme Peter Pettigrew mais nous ne le voyons que très rarement maintenant. Apparemment, il s'occupe de sa mère malade… Je connais donc Sirius depuis toujours. Il est mon parrain et je l'ai toujours considéré comme le frère que je n'ai jamais eu. »
Le bras qui entourait sa taille se desserra légèrement et il entendit Severus le questionner.
« Et… est-ce que… Sirius vous considère de la même manière que vous ? »
« Oh, Sirius me voit comme il voit mon père je suppose ! Il me traite de la même manière qu'il traite mon père… »
« Pourtant votre père ne monte pas sur ses genoux ! »
A ses mots, Harry éclata de rire.
« Certes ! » répondit-il en riant toujours. « C'est parce que je suis toujours monté sur ses genoux depuis petit et que nous n'avons pas perdu cette habitude. Je crois qu'il n'a pas très envie que je grandisse et que je devienne un homme. Il m'a déjà dit qu'il aimerait que le temps s'arrête afin que nous puissions toujours jouer comme nous le faisons depuis toujours. Ma mère nous dit toujours que Sirius n'a jamais grandi dans sa tête… Il est insouciant comme il l'était lorsqu'ils étaient tous étudiants. Il aime cette vie-là. »
Harry haussa les épaules comme pour justifier l'attitude de son parrain et que ce fait était à prendre ainsi.
« Est-il également fils unique ? »
« Non ! Il avait un frère… Regulus… »
« Regulus Black ? » s'étonna brusquement Severus.
Harry fut non moins stupéfait que lui devant cette interjection.
« Effectivement ! Vous le connaissiez ? »
Snape parut hésiter avant de répondre, « Nous nous sommes déjà rencontrés avant son… décès. »
A la mention de sa mort, le Gryffondor comprit aussitôt comment le palefrenier avait pu rencontrer le frère de Sirius. En effet, n'avaient-ils pas tous les deux été mangemorts avant de vouloir quitter ce groupe de partisans ?
Ayant conscience d'avoir abordé malgré lui un point délicat, Harry n'ajouta rien et changea de sujet avec tact, « Sirius n'a jamais réellement apprécié son frère… ni même le reste de sa famille et c'est pour cette raison qu'il a passé énormément de temps avec mon père, que mes grands-parents paternels avaient logé à partir de sa quatrième année à Poudlard. Papa est comme son frère… et par extension, je suis un peu comme son frère aussi. »
Revenant sur un point qui le démangeait furieusement, Severus lui lança, « Vous devriez tout de même vous méfiez, Harry ! Si quelqu'un d'autre que vos proches vous voyait monter sur les genoux de Monsieur Black à votre âge… ou vous coller à lui, l'étreindre, l'embrasser ou vous chamailler avec lui comme vous le faites, cela pourrait être terriblement mal vu par la société. »
Harry acquiesça, « Oui, maman me l'a déjà signalé ! »
« En quels termes vous en a-t-elle parlé ? »
« Elle m'a dit que la société aimait la retenue et les bonnes manières, bien entendu, et que les gens pourraient se méprendre sur mon affection envers Sirius en pensant que ma relation avec lui n'est pas convenable. »
« Et vous a-t-elle exprimé en quel sens la société pourrait se méprendre ? »
« Oui ! » répondit Harry, le regard trahissant son innocence. « Elle m'a dit que les gens pourraient penser que Sirius et moi souhaiterions vivre ensemble et se faire des bisous sur la bouche comme mes parents se le font. »
Harry le regarda avec un sourire amusé et rétorqua, l'air mi-ébahi, mi-ironique, « Comme un couple marié ! Un homme marié avec un homme ! N'est-ce pas ridicule ? Quand maman m'a énoncé cela, j'ai cru mourir tant je riais. Comment les gens peuvent imaginer un homme s'unissant à un autre homme ? Et puis, pour quelle raison ? Un jour, un pasteur est venu à Pré-au-lard et il a dit que le mariage était réalisé dans le but de procréer… mais l'on sait qu'un homme ne peut pas porter un enfant donc il est impossible de penser que deux hommes puissent vouloir se marier, n'est-ce pas ? Cette seule pensée m'amuse encore ! »
Les yeux dans le vide, Snape ne rétorqua rien mais Harry ne s'en formalisa pas comme ils étaient arrivés aux écuries.
Là-bas, ils furent le témoin des commentaires désobligeants que Draco proférait envers son palefrenier qui était arrivé cinq minutes après lui comme il avait dû venir à pied du manoir Malfoy. D'après ce que Harry pouvait entendre, l'homme était parti deux jours auparavant pour réussir à faire le chemin sans faire attendre son jeune maître.
« Je suis désolé, Monsieur Malfoy ! » s'excusait l'homme au visage rouge et ruisselant de sueur d'avoir tant marché.
Harry grogna de mécontentement et décida de mettre un terme à l'humiliation du pauvre lad.
« Je vois que tu n'as pas profité des vacances pour réfléchir ne serait-ce que légèrement sur ta personne, Malfoy ! »
Blême de rage et sa cravache frémissante toujours à la main, Draco se tourna instantanément vers Harry et, avec un évident dégoût, regarda également Hermione que Severus aidait à descendre de Nimbus. Il redonna toute son attention au Gryffondor avant de lui répondre avec son arrogance habituelle.
« Et pourquoi réfléchirais-je sur moi-même, Potter ? Tu crois peut-être que j'ai quelque chose à t'envier ? En tout cas, je ne jalouserais certainement pas ta… compagnie ! » cracha-t-il avec un dédain absolu en détaillant Hermione.
Harry serra les dents et rétorqua avec sarcasme en montrant Goyle d'un signe de tête, « Evidemment ! Tout le monde a de quoi jalouser la tienne ! »
Le port de tête altier du blond se redressa un peu plus et il grimaça de mépris en ironisant, « Je vois que papa et maman t'ont finalement acheté un cheval ! Mais maman n'a pas eu trop peur pour son fiston qu'il ne se torde le pied en le plaçant dans l'étrier ? »
Harry entendit Goyle ricaner, à l'instar de sa Némésis et il grimaça à son tour de dégoût. Il regrettait que le Serpentard ait entendu sa conversation avec Ron lorsqu'il lui avait parlé de sa première et dernière folle chevauchée avec Prongs - cavalcade qui avait terriblement angoissé sa mère.
« Et toi ? » contra Harry, la bouche remplie de morgue en descendant d'Eclair. « Ta mère n'a pas eu peur que ta tête enflée ne te fasse basculer de cheval ? Parce que lorsque l'on te voit chevaucher ton cheval, on se dit que soit tu devrais dégonfler de beaucoup ton égo pour la pauvre bête, soit tu devrais prendre des cours supplémentaires d'équitation pour améliorer un talent inexistant ! »
Draco rougit violemment sous les insultes mais ne put rétorquer quoi que ce soit comme des dizaines d'étalons arrivaient, montrant que les élèves du Poudlard Express étaient enfin arrivés à l'école.
Harry se détourna de lui en sentant que quelqu'un lui prenait les rênes des mains et se retourna pour voir que Severus, le regard brillant, lui adressait un léger sourire sarcastique prouvant qu'il n'avait pas perdu une seule parole de cette joute verbale. Brusquement honteux, l'adolescent rougit mais lâcha les rênes tandis que Severus incitait Eclair à le suivre dans un box.
Harry se dirigea vers Hermione qui semblait contrariée et il lui tendit le bras qu'elle prit afin qu'ils se dirigent vers le château.
Ils entendirent encore Malfoy donner des ordres secs à son palefrenier comme « N'oubliez pas que Salazar ne supporte pas de boire dans la même abreuvoir que les autres canassons ! » ou « J'exige que Salazar ait la stalle la plus large et qu'il ne soit pas placé à côté de la bestiole de Potter ! ».
Furieux, Harry grinça des dents mais Hermione lui caressa le bras en lui disant, « Laisse-le dire ! C'est Malfoy ! »
D'un mouvement sec de la tête, Harry acquiesça tout en sachant qu'elle disait vrai : Draco Malfoy n'avait pas changé depuis qu'ils le connaissaient et rien de ce qu'ils avaient pu lui dire n'avait fait mouche.
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Assis sur un des bancs de la table des Gryffondor, Harry regarda Severus s'asseoir à côté de Horace Slughorn à la table des professeurs.
L'apprenti ne l'avait pas encore remarqué et Harry le vit détailler les autres professeurs. Brusquement, Harry pensa qu'il avait oublié de demander à Severus dans quelle Maison il avait été réparti lorsqu'il était étudiant et il se demanda si le jeune homme savait que lui-même était à Gryffondor.
'Peut-être était-il aussi à Gryffondor ?', se dit-il en imaginant un étudiant au teint blafard et aux cheveux aussi noirs que ses yeux assis dans l'un des fauteuils confortables de la salle commune rouge et or, un livre de potions à la main.
Harry vit que le lad avait terminé de détailler ses collègues et venait de transporter son regard vers la table des Serpentard.
Il semblait chercher quelqu'un.
Harry vit ses yeux stopper un instant leur analyse sur Draco Malfoy qu'il fixa d'un air insondable avant qu'ils ne reprennent leur mouvement.
'Me cherche-t-il ?' se demanda l'adolescent en pensant que si son attention s'était portée de prime abord sur la table des Serpentard, c'était parce qu'il avait été un étudiant de cette Maison. Assurément, si lui revenait un jour en tant que professeur à Poudlard, il aurait envie de voir son ami dans les rangs de Gryffondor. Harry se sentit alors déçu comme il ne connaissait aucun individu sympathique parmi les Serpentard.
Sans surprise, Harry vit les yeux sombres glisser vers la table des Serdaigle qu'il détaillait à présent. En effet, les élèves que les Serpentard arrivaient le mieux à souffrir étaient les Serdaigle, même si pour eux, aucune des autres Maisons existantes n'avait d'équivalence à la leur. Ils détestaient tout particulièrement les Gryffondor, leur rivaux ancestraux mais ceux qu'ils méprisaient le plus – ce que ne comprenaient pas les autres Maisons – étaient les Poufsouffle, dont les valeurs de travail et de loyauté n'étaient apparemment pas du tout les leurs. Gryffondor n'était pourtant pas loin devant.
Amusé, Harry vit Severus froncer les sourcils tandis que son analyse des Serdaigle terminait et qu'il n'y avait pas trouvé le jeune homme. Ses iris volèrent alors vers la table des Gryffondor et Harry nota sa progression, passant progressivement de visage inconnu en visage inconnu jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent sur celui de Hermione. Il dût alors deviner que Harry n'était pas loin comme son regard vint vivement se poser sur lui et plongea intensément dans ses yeux émeraude.
Harry lui adressa un sourire amusé, ses prunelles et son visage révélant qu'il avait assisté au balayage des deux autres tables avant qu'il ne le trouve, et Severus lui répondit avec un bref sourire ironique soulevant un coin de ses lèvres.
Ses yeux noirs semblaient lui dire 'Personne n'est parfait !'
Le professeur Dumbledore arriva sur ses entrefaites et Harry reporta son attention sur le vieux mage.
Comme à l'accoutumée, il les accueillit chaleureusement et, avant de procéder à la répartition des première année, il rappela les règlements de l'école, vivement encouragé par Monsieur Rusard, le concierge.
Puis, la répartition se déroula et Harry acclama les douze élèves qui firent grossir les rangs de leur Maison.
Ennuyé, Harry savait ce qu'il allait s'en suivre après et jeta donc un coup d'œil à Draco Malfoy qu'il vit se trémousser avec excitation sur son banc.
Un sourire moqueur étira les lèvres de Harry qui écouta la dernière demande de Dumbledore avant que les plats n'arrivent - ce qui mettrait un terme à la souffrance de Ron qui ne cessait de répéter à quel point il avait faim.
« Comme chaque année, une liste passera parmi vous dès demain matin sur laquelle vous pourrez inscrire votre nom pour nous faire partager votre talent musical. Pour les première année qui n'ont pas connaissance de nos coutumes, je vous expliquerai que tous les ans, chaque samedi et dimanche soirs, un de nos élèves – de n'importe quelle année – vient nous jouer un air de piano, de violon, de flûte ou d'un autre instrument qui lui est familier. Les étudiants qui nous font le plaisir d'égayer nos oreilles… »
« Pour le fait d'égayer nos oreilles, cela dépend du joueur ! » souffla Seamus Finnegan en riant à côté de Harry qui sourit en pensant la même chose.
« … sont tous des volontaires qui s'inscrivent sur la liste dont je viens de faire mention. Et ces volontaires passeront à tour de rôle, dans leur ordre d'inscription, durant l'année. Si le nombre d'inscrits est inférieur au nombre de journées de fin de semaine, la liste reprendra du début jusqu'à atteindre la fin juin. »
« Et comme il n'y aura jamais assez d'inscrits » commenta Ron à ses camarades, « Nous devrons subir les dramatiques sonorités de Justin Finch-Fletchley et son maudit violoncelle plusieurs fois dans l'année ! Et nous devrons aussi subir les airs plus arrogants que jamais de Draco Malfoy au piano ! Heureusement que Harry joue mieux que lui et qu'il pourra lui faire repenser son égo !... Et nous sommes évidemment chanceux d'avoir Hermione qui nous enchante chaque année lors de ses passages à la flûte traversière. »
Hermione rougit de plaisir et regarda Ron tendrement sous ses cils.
« Oh non, je l'aurais parié ! » s'exclama rapidement Dean Thomas qui faisait face à Seamus Finnegan et qui était à côté de Ron. « Il n'a pas perdu de temps celui-là ! »
Curieux, Harry lança un regard dans la même direction de Dean et vit que Draco s'était levé, le port de tête toujours aussi fier, se dirigeant vers le piano. Tous les ans, Malfoy s'agitait sur son siège, attendant avec impatience le moment où Dumbledore demanderait qui souhaitait leur jouer une musique pour ce jour de rentrée. Et tous les ans, le jeune arrogant manifestait son désir ardent de montrer que lui savait jouer quand d'autres n'avaient pas les moyens de se payer des cours et encore moins un instrument. Bien entendu, tous les 1er septembre, il était choisi et pouvait ensuite se pavaner tout en revendiquant la possession de deux pianos chez lui, ainsi que les autres instruments dont il pouvait jouer mais qui n'avait pas sa préférence.
Ron disait toujours qu'en fait, Draco ne savait jouer que du piano et qu'il avait été trop paresseux pour en apprendre un autre, malgré ses dires.
Le piano du collège était accessible à tous mais aucun élève qui ne savait pas jouer ne s'en approchait par peur d'être vu près des touches et d'être ridiculisé. Le bel instrument noir se tenait sur un côté de la Grande Salle, près de la table des professeurs. Ainsi le pianiste pouvait conter sa mélodie devant chaque paire d'yeux attentifs.
S'asseyant avec raideur sur le petit tabouret qui, du fait de son ancienneté, avait connu des jours meilleurs, Draco commença à jouer. Il n'avait pas réellement choisi un morceau très compliqué à interpréter mais il pensait certainement que personne ne le saurait du fait de leur ignorance en matière musicale et qu'il saurait tout de même impressionner ses camarades.
Harry leva les yeux au ciel en pensant que son choix n'était pas judicieux comme l'air était relativement morose et contrastait avec la volonté de bien accueillir les nouveaux arrivants. Le Gryffondor sourit méchamment en entendant le blond glisser maladroitement sur une note, bien que sa maladresse ne pouvait être perçue que par des oreilles entraînées. Draco jouait certes très correctement mais il avait encore manifestement de gros progrès à faire et n'atteindrait probablement jamais le niveau actuel de Harry.
Ce dernier regarda les visages tantôt impressionnés, tantôt envieux, tantôt haineux, tantôt ennuyés des autres élèves qui étaient tournés vers le pianiste puis ses yeux se reportèrent vers Severus qui paraissait absorbé par la musique.
Harry en fut étrangement contrarié.
Son visage cireux était impassible mais son regard était rivé sur Draco. Et bien que ses prunelles n'étaient pas aussi intenses que lorsqu'il contemplait Harry, elles étaient intéressées au morceau ce qui déplut fortement au Gryffondor.
Si Severus était passionné par la musique, Harry préférait qu'il écoute la sienne qui était plus vivante et vibrante que celle du suffisant Serpentard.
Lorsque Draco retourna à sa place, l'air plus gonflé et hautain que jamais, et que Dumbledore fit cesser les applaudissements pour demander s'il y avait un autre volontaire pour ce jour de rentrée, Harry n'hésita pas.
Habituellement, seul Malfoy jouait en cette soirée mais cette fois-ci, Harry décida qu'il perdrait très rapidement l'expression importante qui figeait son visage en pointe.
En soutenant le regard gris et narquois qui le provoquait, paraissant lui dire, 'J'espère que tu as bien noté les progrès vertigineux que j'ai faits et regarde combien je suis adulé !', Harry leva la main et Dumbledore montra aussitôt son ravissement tandis que Malfoy perdait aussitôt de sa superbe.
« Très volontiers, Monsieur Potter ! » affirma le directeur, l'invitant à se lever.
Harry s'exécuta immédiatement, sous les regards étonnés mais jubilants de ses amis de Gryffondor.
Le jeune homme prit la place que Draco venait de quitter et approcha ses mains des touches, décidé à interpréter l'une des nouvelles partitions qu'il avait reçues pour son anniversaire et la seule qu'il connaissait absolument par cœur. Il s'agissait d'un morceau assez difficile mais par chance, il le maîtrisait bien. Et la joie ainsi que la légèreté de la mélodie seraient davantage de circonstance en ce jour heureux de rentrée.
Harry était d'autant plus ravi qu'elle contrasterait de manière drastique avec le choix de son ennemi assis à la table des Serpentard.
Sentant son cœur s'imprégner des émotions qu'il avait ressenties en apprenant ce morceau et, déterminé à impressionner son palefrenier, il commença à laisser ses doigts glisser sur les touches noires et blanches en un rythme fluide et harmonieux.
Il avait l'âme d'un peintre dessinant sa première toile. Fébrile mais aussi impatient de laisser les lignes de son pinceau créer peu à peu son chef d'œuvre.
Il était le sculpteur modelant la terre brute, taillant ou caressant l'argile afin qu'elle réalise l'image née de son imagination.
Il était enfin le musicien sentant les notes battre dans son sang comme si l'écho de la mélodie était celui de son propre cœur.
Il était littéralement habité par la musique et lorsque ses doigts se figèrent marquant la fin du morceau, il rouvrit lentement les paupières qu'il n'avait pas réalisé avoir fermées et découvrit à travers le voile flou de ses yeux humides, le visage de centaines d'autres élèves qu'il avait oubliés.
Autour de lui, comme après chacune de ses interprétations, un silence assourdissant régnait, semblable à la seconde de calme qui précédait toujours un brusque chaos.
Ce chaos arriva enfin sous la forme de centaines d'applaudissements plus enthousiastes et plus sincères que ceux que Draco avait reçus.
Confus, et en ayant l'impression de sortir d'un rêve, Harry se leva et rencontra le regard intense et, un bref instant, bouleversé de son lad. Ses yeux verts s'accrochèrent à cette intensité avant qu'il ne retourne à sa place, sentant à la fois les prunelles vibrantes de Severus dans son dos et à la fois le regard haineux de Malfoy à sa table.
Dumbledore remercia avec chaleur celui qu'il appela leur prodige et Harry s'installa au centre de ses amis qui le félicitèrent également avec allègrement.
Encore une fois, Harry s'étonna de sa parfaite prestation et sourit en pensant que c'était à Severus qu'il devait tout cela.
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Les premières semaines de cours passèrent très vite et Harry comprit pourquoi la cinquième année étaient réputée difficile tandis qu'il passait quasiment toutes ses soirées à la bibliothèque avec Ron et Hermione ou alors dans la salle commune des Gryffondor à faire ses devoirs.
Début novembre, une visite à Pré-au-lard eut lieu et il put rencontrer ses parents avec qui il but un verre de bièraubeurre aux Trois balais avec Hermione, Ron, Neville et Luna.
Il leur écrivait tous les weekends, comme il le leur avait promis et leur racontait ses journées de cours, ses nombreuses recherches pour ses devoirs, les quelques lectures qu'il arrivait à faire autrement, les matchs de quidditch étant donné qu'il était l'attrapeur de l'équipe de Gryffondor, les entrevues éparses qu'il avait avec Remus, ainsi que les rares séances d'équitation qu'il avait pu avoir avec Severus ou parfois Hagrid lorsque le jeune apprenti n'était pas disponible pour pouvoir l'accompagner lors d'une promenade non prévue.
En effet, Harry ne croisait Snape que dans les couloirs où il continuait à lui lancer des regards toujours aussi intenses, lors des repas dans la Grande Salle où il le fixait fréquemment mais avec moins d'insistance et parfois dans les écuries lorsqu'il s'occupait d'Eclair et de Nimbus. En deux mois, Severus s'était promené avec Harry sur Eclair seulement cinq fois et il avait semblé faire plus attention à son maintien sur le cheval, ne se plaquant plus contre le jeune homme. Une fois, il avait même marché à côté de l'étalon, le tenant quelque fois par la bride et d'autres fois laissant Harry contrôler seul la marche et le petit trot de son animal.
Décembre passa encore plus rapidement que novembre et bientôt, il fut temps pour Hermione, Harry et Severus de rentrer au manoir Potter afin d'y passer les vacances de noël.
« Harry ! Hermione ! » s'écria Lily en les voyant entrer dans le domaine, James à sa suite venant les accueillir.
Les deux interpelés sautèrent vivement de leur cheval respectif, laissant Severus les guider jusqu'à l'écurie, et accoururent dans les bras des deux adultes.
Ils étaient encore dehors, subissant la morsure de l'air froid, lorsque la neige se mit à tomber.
Ravi, Harry éleva son visage et vit de gros flocons descendre à toute vitesse sur eux. Heureux, il éclata de rire, bien vite imité par les trois autres membres de sa famille, et Lily ne réussit à le persuader de rentrer au manoir qu'avec la promesse qu'il aurait droit à boire un chocolat chaud à l'intérieur.
Sept ans plus tard, il n'y avait plus de chocolat chaud qui l'attendait.
Et il n'y avait plus ses parents.
Lily et James qui avaient fait confiance à la mauvaise personne.
Aidé de Hermione, Harry était en train de repiquer des salades dans le jardin lorsque Ron apparut dans leur champ de vision, essoufflé, agité et l'air bouleversé.
Alertés, le frère et la sœur d'adoption se relevèrent rapidement et se précipitèrent vers l'employé d'Ollivander.
Arrivée près de son mari, Hermione demanda vivement, « Ron, que se passe-t-il ? »
Mais Ron regardait Harry avec une expression inquiète et fébrile.
Il lança tout de go, « Harry, je viens d'apprendre une nouvelle terrible qui ne va pas du tout te plaire ! »
Fronçant les sourcils et sentant l'angoisse l'assaillir, le jeune homme questionna, « Qu'as-tu appris ? »
« C'est Snape ! Snape est de retour ! »
A suivre…