Salut...

Bon, j'ouvre discrètement la porte, ni Harry Potter, ni Narnia n'étant des fandoms connus - c'est ma toute première publication ici (le reste étant majoritairement concentré sur d'autres fandoms...). Je plonge sans savoir sur quoi je tombe, et directement CrossOver. Yeah.

Je vous laisse donc découvrir Chilblain :) Bonne lecture !


Titre: Chilblain (en anglais, engelure)
Auteur: Rori H. Nemuri
Rating: M
Genres: Action/Aventure (beaucoup), Angst (à peine de quoi hurler), Humour (sarcastique ?), Mystère (beaucoup aussi), et Slash (Edmund/Harry).
Disclaimer: Harry Potter et Le Monde de Narnia appartiennent à leurs propriétaires respectifs, J.K Rowling et C.S Lewis.

Synopsis: L'hiver était terrible, cette année là. Inégalé. Provoqué par une armoire magique dont un garçon est sorti. Normal.

Spoilers! Sixième Tome d'HP, sinon, ayez vu Narnia, le chapitre un.


L'hiver écossais était l'antithèse la plus parfaite de ce que pouvait être l'Enfer à son apogée. Pas une cheminée à Hogwarts n'était éteinte, des sorts de chauffage étaient chuchotés à tout va par les élèves les uns sur les autres, et personne ne quittait son écharpe et ses gants en dehors des cours. Seules les salles communes semblaient être épargnées par ce fléau qu'était l'hiver écossais. Les sorties à Pré-au-lard avaient même été suspendues sur ordre de Dumbledore après la découverte de trois Deuxièmes Années de Poufsouffle en hypothermie dans le parc, près des serres surchauffées de Chourave qui ne ménageait pas ses efforts pour garder ses chéries en vie. De fait, son cours était devenu particulièrement apprécié des élèves, et ce malgré la longue et difficile marche qu'il fallait faire pour s'y rendre.

Passées les deux premières semaines de Janvier et l'histoire des congelés de Poufsouffle dont les Serpentards avaient fait une chanson, le froid était devenu banal et même les Premières Années les plus mauvais savaient lancer un basique sort de chauffage – du fait d'Hermione qui avait convoqué une assemblée exceptionnelle, histoire de décider des mesures à prendre.

« Hé, Ron, bouffe pas toute la marmelade ! »

Seamus s'était ensuite magnifiquement jeté en travers de la table pour récupérer le plat jalousement gardé par Ron dont l'appétit légendaire était parfois des plus effrayants.

C'était à peu près par là qu'Harry s'était réveillé. Après la mort de Sirius, tout avait semblé si subsidiaire qu'il ne s'était intéressé à rien. Rien n'avait de sens. Rien n'était utile. Tout était morne et sans vie. Le désespoir le gagnait et sa victoire face à Voldemort lui semblait un peu plus impossible à chaque nouvelle attaque sanglante étalée à la Une de la Gazette. L'homme était un véritable démon et la guerre n'épargnait personne. Le pire était sans doute qu'on s'attendait à ce que Harry la gagne.

Ah ha ha.

Quelle bonne blague.

Les gens s'en foutaient bien de ce qu'il pensait, tout ce qu'ils voyaient en lui c'était un putain de sauveur du monde sorcier sans identité propre, sans blessures autres que celles qu'on lui prêtait, comme s'il y avait une hiérarchie de la douleur et que l'assassinat de ses parents et de milliers d'autres inconnus par Voldemort était un mal plus grand que la mort de son parrain, ce sale traître échappé d'Azkaban. Pour Harry l'inverse était bien pire, mais les gens ne voyaient que ce qu'ils voulaient voir. Comme si le fils Potter à lui seul représentait toutes leurs souffrances, pauvre gosse isolé dont on se souciait de loin pour se donner bonne conscience mais qu'on envoyait à la mort parce qu'une pauvre conne totalement éméchée qui voyait l'avenir dans du thé et dans des boules transparentes au travers de ses lunettes sales et crasseuses l'avait décidé.

Oh mais il y avait bien pire.

Des choses qu'Harry auraient préférées ne pas remarquer. Mais depuis peu, ses sens s'étaient faits étrangement coopératifs et il avait soudain vu des choses invisibles jusque là. Certaines étaient totalement dénuées d'intérêt – comme Ron et Hermione batifolant sans même s'en rendre compte à table, tandis que d'autres, plus discrètes et mystérieuses, se faufilaient sous le nez du Survivant comme de la poussière emportée par des courants d'airs. Et il éternuait.

Depuis le Voile et le Ministère en fin de Cinquième Année, il n'arrivait plus à croire le Directeur et ses brillants yeux bleus. Un instinct sans doute, mais Harry avait le sentiment que le vieil homme leur cachait trop de choses. Il était protecteur, certes, et c'était peut-être là qu'était le principal problème… Harry n'était sûr de rien, et préférait ne pas faire de conclusions hâtives, mais dès qu'il croisait Dumbledore dans les couloirs il lui était impossible de réprimer ce frisson, le long de son échine, cette impression de n'être qu'un jouet entre les mains des puissants.

Bref, la vie d'Harry Potter avait pris un drôle de tournant.

« Hey, Harry écoute ça !

A la façon dont il s'agitait et au vu du torchon qu'il tenait entre ses doigts couverts de la graisse des pilons de poulets qu'ils avaient pour le déjeuner, Harry en déduisit avec consternation que le fils Weasley s'apprêtait à lui lire le dernier article de Skeeter.

Hilarant, vraiment.

- Ron, le réprimanda spontanément Hermione en lui arrachant la Gazette des mains.

- Quoi ? Répliqua le rouquin en se tournant vers elle, agacé par son attitude.

- Ne lui lis pas ça, enfin ! Chuchota-t-elle sur un ton plus qu'outré.

Ron s'apprêtait à répliquer, mais Hermione le coupa en lui jetant un regard significatif agrémenté d'un signe de tête peu discret envers Harry qui était assis en face d'eux. Une fois son collègue calmé, la préfète déplia le papier toilette à sa gauche, loin des paluches de Ron qui se remit à manger en grommelant contre elle.

Hermione offrit un sourire de façade à Harry et plissa la couverture aux photographies mouvantes d'un geste nerveux. Nul doute qu'elle irait lire la serpillère dans le dos du concerné juste par pure curiosité.

Faux-culs.

Toujours à parler comme s'il n'était pas là. C'était lassant au bout d'un moment – pratique pour espionner les conversations, mais d'un intérêt moindre quand ça concernait votre vie totalement romancée par une femme sans doute sexuellement frustrée et dotée d'une imagination à mettre en cage d'urgence.

- Ah d'ailleurs, on n'a pas un essai à rendre pour Flitwick demain ? Baragouina Ron en crachotant des morceaux de nourriture à chaque mot.

Hermione soupira lourdement, fatiguée, et se massa les tempes pour tenter de canaliser son agacement.

Harry eut un discret sourire narquois. Les petites histoires d'adolescents infoutus de faire leurs devoirs, ça allait deux secondes – Hermione pouvait bien jouer les filles sérieuses, strictes et faire la préfète à cheval sur le règlement, elle finirait par lui filer son parchemin.

Hogwarts le lassait. Vraiment. En fait, plus que le château en lui-même c'était les personnes dedans qui se rendaient ennuyeuses à chaque fois qu'elles ouvraient la bouche. Il était le Survivant, le sauveur du monde sorcier, non ? Pourquoi ne pas lui apprendre l'art du Duel ou des rudiments de combats plutôt que de le laisser en classe à apprendre comment couper des intestins de rat la veille d'une pleine lune pour que l'émulsion d'une potion inutile se fasse mieux ?

Le banc grinça horriblement et la voix bourrue de Ron l'appela depuis l'autre côté de la table.

- Allez vieux, on a Potions. On va enfin savoir si découper Guizmo nous aura rapporté autre chose que des couinements dégueus… »

Guizmo. Le sobriquet que Ron avait donné à sa victime de la veille. La pauvre bestiole avait fini avec une pate en moins et des cicatrices partout sur le ventre sous les yeux horrifiés d'Hermione qui avait très professionnellement terminé leur travail en voyant le massacre que son très probable futur mari avait perpétré sur cet innocent rat.

De l'avis de Harry c'était juste ridiculement drôle.

Ils se levèrent et rejoignirent les cachots pour le cours de Potions du morse en costume trois pièces. Ah, ça, c'était un grand moment de comédie. Le vieux Professeur Slughorn était un snobinard qui pensait s'élever dans la société en côtoyant des gens d'un rang élevé ou extrêmement populaires, ainsi qu'en faisant partager à ses élèves les plus prometteurs son vaste réseau. Et malheureusement pour ses soirées de libres, ça incluait Harry qui était cordialement invité au Club du cachalot échoué à chaque sauterie minable d'organisée.

Et au-delà de ça, il faisait froid. Et si pour tous les autres c'était comme l'apocalypse en avance, pour Harry cet hiver-là sonnait comme un éveil longtemps attendu. Tout lui semblait clair, et pourtant tellement obscur à la fois que l'envie d'en savoir plus lui vrillait les entrailles. C'était comme être un gosse qui apprenait à lire, déchiffrant avec difficulté l'épais brouillard des paragraphes alignés les uns à la suite des autres dans un livre sans images : au début on ne comprenait rien mais au final tout faisait sens.

« Harry ? »

La voix inquiète d'Hermione sonna à ses oreilles comme un rappel à l'ordre.

Ses yeux avaient vagabondé jusqu'aux larges et hautes fenêtres vitrées du Grand Hall, les dernières visibles avant de commencer la descente jusqu'à l'antre de Slughorn. Le ciel était d'un bleu si clair qu'il imitait presque la blancheur immaculée de la neige par endroits.

« Je viens, répondit-il avec lassitude.

- Dépêche-toi, on risque d'être en retard. » Lui dit-elle en se remettant à marcher, Ron sur ses talons.

Harry sortit de sa rêverie et les suivit distraitement jusqu'à la salle de cours.

Il neigeait depuis presque un mois sans interruption. C'était début Février et les élèves espérait que le temps soit plus clément dans les semaines à venir.

« J'espère que ça va vite s'arrêter, se plaignit Hermione en resserrant son écharpe rouge et or autour de son cou. Mes parents m'ont dit qu'à Londres ça avait été la même chose de la mi-novembre jusqu'au Nouvel An… Tous les transports étaient bloqués…

- Ouais, mon père m'a dit la même chose, approuva vigoureusement Ron, les mains dans les poches. Paraît que ça c'est arrêté tout d'un coup y a trois, quatre semaines.

- C'est quand même étrange… Marmonna Hermione en fronçant les sourcils.

- T'en fais pas, va, lui lança-t-il d'un ton bourru. On est en Février, ça va durer encore une semaine ou deux et puis ça va s'arrêter… Je crois même que ça s'appelle l'hiver, plaisanta-t-il.

- J'espère que tu as, répondit la préfète en souriant. Allez Harry, haut les cœurs ! »

Elle se saisit de son bras et l'entraîna avec elle à pas rapides dans les escaliers. Ils descendirent, Ron à leur suite, jusqu'à atteindre la pénombre froide et désagréable des cachots où enseignait Slughorn.

Harry se laissa traîner jusqu'à la porte où quelques élèves de Gryffondor et de Serpentard s'attardaient sans entrer. La porte était fermée et une petite note avait été placardée dessus à l'intention des élèves qui discutaient bruyamment les uns avec les autres, entre membres d'une même Maison. Draco Malfoy leur jeta un regard de travers qu'Harry ne remarqua pas, ses yeux posés sur le papier accroché à la porte.

« Qu'est-ce qui se passe ? Entendit-il Hermione demander.

- Le cours est annulé, lui répondit Parvati sur un ton satisfait. J'attendais Lavande pour lui dire, mais elle n'est pas arrivée… Vous ne l'avez pas vue en sortant de la Grande Salle ?

- Non… Pas depuis le cours de Sortilèges de ce matin.

- Pas grave… Merci quand même Hermy. »

Parvati s'éloigna dans la direction de la Grande Salle tandis que Ron et Hermione se questionnaient sur l'absence plutôt étonnante de Slughorn tout en faisant demi-tour pour se rendre vers la Salle Commune de Gryffondor.

« Encore quelque chose de bizarre… Ça commence à faire beaucoup, vous ne trouvez pas ? Leur dit-elle sur un ton suspicieux. D'abord la neige, puis l'absence de Slughorn… Il était là dans la Grande Salle, tout à l'heure ? Se demanda-t-elle tout d'un coup.

- J'crois pas, non… Faudrait demander aux autres pour être sûr.

Hermione hocha la tête en silence.

Harry les observa discuter, se demandant combien de temps ses amis tourneraient autour du pot avant de trouver la bonne réponse. Il n'était pas là.

- Je vais faire des recherches sur les possibles causes magiques d'un hiver plus long, les informa brusquement Hermione en bifurquant dans un couloir pour se rendre à la Bibliothèque. On se retrouve en Métamorphose !

- A tout' ! » Lui répondit Ron en se dirigeant vers la tour.

La plupart des autres Sixième Années de Gryffondor étaient déjà remontés dans la Salle Commune. Dean et Seamus s'aidaient de quelques livres de Sortilèges avancés pour parfaire leur essai tandis que Neville lisait tranquillement dans un coin. Cependant, ce fut Ginny qui vint à leur rencontre.

« Tu n'as pas cours ? S'étonna Ron en endossant le rôle du grand frère sévère.

Sa petite sœur lui sourit, amusée.

- Bonjour Harry, le salua-t-elle avant de répondre à son frère. Non, Chourave a eu des problèmes avec ses plantes… Le sortilège de chaleur qui chauffait les serres s'est affaibli durant la nuit, du coup tout a gelé ! Leur raconta-t-elle en riant.

- Bizarre… » Marmonna Ron en la dépassant pour aller se jeter sur un fauteuil, jambes en travers des accoudoirs.

Ginny le suivit du regard, intriguée par sa réaction.

« Quelque chose s'est passé ? »

Harry ne lui répondit pas et monta dans son dortoir.

Son essai de Sortilèges était terminé depuis une semaine, contrairement à celui de Ron qui trainait négligemment sur sa table de chevet, raturé et couvert de tâches d'encre. Harry soupira en se laissant tomber sur son lit.

Et maintenant ? Se demanda-t-il, confortablement calé contre son oreiller moelleux.

La question revenait régulièrement. Depuis le décès encore douloureux de son parrain, Harry se sentait désemparé. Sa solitude lui avait apporté du réconfort, un endroit où il se sentait finalement lui-même, loin des attentes des autres, mais il ne pourrait pas y rester caché éternellement. Dumbledore viendrait l'en déloger, et si ce n'était pas lui ce serait Ron ou Hermione qui s'en chargeraient.

Foutue vie, s'énerva-t-il en tapant du poing contre son matelas.

Voldemort pouvait pas finir le travail correctement, hein ? Il fallait qu'un gamin survive et le mette au tapis sans raison, forcément. Et pourquoi pas Harry Potter, le fils de James et Lily Potter, les fantastiques membres de l'Ordre du Phénix si beaux et si parfaits ?

L'album photo à la reliure de cuir que lui avait remis Hagrid en fin de Première Année était à l'abri dans son énorme valise, sous son lit. Harry ouvrit la malle et l'en sortit, puis se mit à regarder ses parents bouger. Observer les images mouvantes des Potter ne lui apportait plus aucun réconfort depuis des années, et plus il tournait les pages, plus Harry sentait tout cet univers intangible dans lequel avait vécu ses parents devenir creux. Regarder un poisson tourner dans son bocal ne lui aurait pas fait plus d'effet. Les photographies étaient devenues lourdes de platitude. Elles ne signifiaient rien, comme si James et Lily riant face à l'objectif n'étaient que deux inconnus ayant pris la pose pour satisfaire à l'idée qu'on se faisait d'eux.

Je suis tout seul, réalisa Harry avec cynisme, je crèverais tout seul.

« Harry ? Appela la voix de Ron depuis la Salle Commune.

Il avait crié si fort que le reste des Sixième et Cinquième Années devaient être sourds.

Charmant.

Des pas lourds résonnèrent dans l'escalier et la porte fut brusquement ouverte par Ron, qui était essoufflé par sa montée trop rapide des marches.

« Hermione a trouvé quelque chose, descend, vite ! »

Harry suivit Ron qui était déjà redescendu lorsqu'il arriva dans la Salle Commune.

La préfète attendait à l'entrée du portrait, tapant nerveusement du pied et les pressant du regard avant de sortir de la Salle Commune. Ron se précipita après elle, entraînant Harry dans son sillage.

« J'ai trouvé quelque chose ! S'agita Hermione en courant presque dans les couloirs.

Elle regardait derrière et devant elle, même si le château était vide à cette heure de l'après-midi. Ils arrivèrent bientôt devant la tapisserie de Barnabas Le Follet, devant laquelle Hermione passa jusqu'à ce que la porte de la Salle sur Demande se révèle à eux.

- Dépêchez-vous ! Les pressa-t-elle encore en ouvrant prestement la porte.

Ron poussa Harry à l'intérieur, suivit de près par Hermione.

La Salle sur Demande avait pris une forme semblable à celle de la Salle Commune de Gryffondor, rien de plus n'était notable. Hermione s'installa sur un large tapis rouge, dos au feu, et y déballa son sac, renversant sans y prendre garde plumes, parchemins et livres. Elle rangea par la suite ses effets un par un, sauf deux livres, les exemplaires de la Gazette du Sorcier datant du mois dernier et un parchemin sur lequel elle avait déjà griffonnés quelques notes.

Logique, très logique, nota Harry narquoisement.

- Mrs Pince ne m'a pas été d'une grande aide, mais j'ai réussi à trouver quelque chose : plusieurs articles de la Gazette font référence aux intempéries de Londres qui se sont mystérieusement arrêtées il y a environ une semaine ou deux.

Elle étala les exemplaires par ordre chronologique devant elle, du plus ancien au plus récent. Ron en prit un de même que Harry qui jeta un coup d'œil distrait aux pages cornées par Hermione et où des articles étaient annotés.

- J'ai marqué les pages et entouré les dates, leur précisa Hermione. Si vous faîtes bien attention, la neige s'est déplacée.

- Hein ? S'écria Ron avec un air ahuri.

- Ron, s'il te plaît enfin ! S'énerva la préfète. C'est évident !

Elle attrapa un de ses parchemins sur lequel une grossière carte de la Grande-Bretagne était dessinée. Une flèche serpentait d'un point appelé Londres jusqu'à un autre nommé Hogwarts, et un flocon de neige avait été dessiné au dessus des deux villes.

- Là, la neige a remonté le pays du Sud jusqu'au Nord, exactement selon l'axe du Hogwarts Express !

- Tu veux dire que quelque chose fait tomber la neige ?

Harry regardait distraitement les articles annotés.

- Je pense que oui, répondit Hermione à Ron en se mordant la lèvre, peu rassurée. Quelque chose qui est venu par le train en même temps que les élèves après Noël… Dumbledore l'a sans doute fait déplacer de Londres jusqu'ici afin de faire cesser la neige, ou je ne sais quoi…

- Tu n'as rien trouvé sur les causes magiques de neige ? L'interrogea Ron en voyant les livres.

- Quelques détails, mais rien de probant, avoua Hermione en triturant une de ses mèches de cheveux. La plupart des sorts sont mineurs et destinés à faire de mauvaises blagues. Il a neigé sur la totalité de Londres, Ron. C'est plus qu'une simple blague… C'est très sérieux, déclara Hermione solennellement.

Ronald haussa les épaules.

- Encore un mystère…

- Laissons Dumbledore s'en charger, trancha la préfète. Si rien ne se passe d'ici deux semaines, nous irons aux nouvelles. D'accord ?

- Okay. Il nous reste combien de temps avant le prochain cours ?

- Presque une heure, répondit Hermione en jetant un coup d'œil à la pendule accrochée au dessus de la cheminée.

- On va grignoter quelque chose aux cuisines ? » Proposa spontanément Ron en se relevant vivement.

Hermione soupira, lassée par l'attitude puérile de celui-ci. Elle en profita d'ailleurs pour le réprimander copieusement tandis qu'ils sortaient de la Salle sur Demande, se dirigeant malgré les réprobations d'Hermione vers les cuisines.

Harry ne parlait plus depuis des mois. Il acquiesçait de temps à autre, mais se balader avec lui dans les couloirs du château c'était comme promener son chien. Vous faisiez la conversation tout seul et le toutou vous suivait sans rien faire d'autre qu'agiter la queue gaiement…

Harry se serait plus qualifié de légume. Comme une courgette par exemple. La courgette était un légume plutôt bon qu'il avait redécouvert grâce aux fameux ragoûts et autres plats en sauce de Molly Weasley. Chez les Dursley, les légumes se limitaient aux épluchures choyant dans la poubelle et aux coupures qu'il s'était faîtes lors de ses débuts dans la cuisine de Tante Pétunia. Harry était donc une sorte de courgette en laisse que Ron et Hermione promenaient dans le château. Ils faisaient parfois la conversation à leur courgette de compagnie et d'autres fois la posaient dans un coin sans y prêter davantage attention. Néanmoins, ils l'emmenaient toujours partout avec eux, car en leur fort intérieur les deux préfets de Gryffondor étaient persuadés que la courgette les entendait et tentait, à sa manière, de communiquer.

Ron parlant à un légume.

Hilare, Harry dût camoufler son ricanement derrière une quinte de toux discrète. L'idée était très utopique, quand on savait que le fils Weasley ne connaissait que la pomme de terre et ses déclinaisons graisseuses nommées frite, purée ou chips.

« Harry, ça va ? S'enquit Hermione en posant délicatement ses doigts sur le bras de son ami.

- C'est rien, il a dû attraper froid quand on est sortis tout à l'heure, brailla Ron en continuant d'avancer.

- Ronald Weasley, un peu de compassion ! Ton estomac peut attendre, on sort de table ! S'énerva la préfète.

- Raah, mais j'ai faim ! Magne-toi au lieu de le regarder tousser comme un crétin, j'suis sûr qu'il a rien de toute façon ! S'agaça à son tour le préfet de Gryffondor en partant d'un pas rageur vers les cuisines, ses oreilles ridiculement rougies par sa colère enfantine.

Hermione soupira bruyamment mais ne suivit pas son homologue, restant en compagnie d'Harry dont elle resserra l'écharpe, essuya les lunettes et recoiffa.

Poupée courgette Harry, exemplaire unique vendu avec son kit comprenant : sa paire de lunettes, son éclair de feu, son écharpe et sa baguette en plume de cul de Phénix.

- Bon, autant le laisser tout seul et aller à la Bibliothèque, décida Hermione rageusement en se mettant en route. Il reviendra quand il sera calmé, cet estomac sur pattes. »

Ce qu'il y avait de bien avec la préfète de Gryffondor, c'est que même énervée elle ne disait jamais une injure. Non, là où les gens disaient Saloperie, ou Fait chier, Hermione Granger disait Nom d'un chien, Mercredi, Crotte de bique, ce genre d'expressions vieillottes.

La cape était dans son sac et Harry aurait pu aisément disparaître si la préfète ne vérifiait pas sans arrêt qu'il était bien derrière elle et non pas perdu quelque part à regarder par une fenêtre ou à se morfondre dans une salle de classe vide entre deux bureaux.

Charmant, songea-t-il.

La plupart de ses camarades de maison le regardaient parfois comme s'il allait fondre en larmes dans la minute. La plupart du temps, Harry les ignorait ou disparaissait sous la cape de son père – auquel cas les choses se corsaient un peu, puisque Ron et Hermione bloquaient les issues et contrôlaient les entrées et sorties de la Salle Commune en attendant qu'il sorte de sa cachette.

Hermione se dirigeait vers la Bibliothèque, probablement pour effectuer des recherches complémentaires sur sa découverte. Le cours de Métamorphose ne commençait que dans trois-quarts d'heure, aussi Harry décida-t-il de courageusement prendre sur lui et de travailler – du moins, c'est à ça que les choses ressembleraient, extérieurement. Ayant péniblement appris à lire durant ses jeunes années, privé de tout savoir et toute lecture, Harry appréciait les livres mais n'avait jamais songé à en ouvrir un seul avant de débarquer dans le monde des Sorciers. Ces épais objets reliés de cuir ne lui inspiraient pas plus d'empathie que de rejet, car à l'époque où il avait commencé à aller à l'école, en lire un n'aurait pas rendu sa vie meilleure et Tante Pétunia l'aurait privé de manger si elle l'avait surpris avec un des livres d'images de Dudley entre les doigts; s'il avait le malheur de ramener un livre de la Bibliothèque de l'école primaire, Oncle Vernon le traitait de sale voyou, de petit voleur minable ne valant pas plus que ses parents.

Alors non, lire n'était pas l'un des passe-temps favori d'Harry. En rencontrant Hermione, il avait d'ailleurs eu du mal à comprendre d'où lui venait ce frénétique besoin d'étudier et de comprendre, de savoir toujours plus de choses dont l'utilité se révélait limitée au quotidien.

Et puis récemment, Harry avait compris que seul l'enseignement d'Hogwarts ne lui suffisait pas. L'ennui qu'il éprouvait pendant les cours était différent de l'ennui de Ron, ou de Seamus, car contrairement à eux Harry comprenait les cours, exécutait les sorts, peut-être mal au début, mais correctement ensuite, puis s'ennuyait. Apprendre était facile, ça l'avait toujours été, mais écrire des essais sur les propriétés de tel sort ou telle potion, c'était une perte de temps; du temps qu'il aurait pu passer à s'entraîner à l'art du Duel, entre autre.

« Tu veux que je te ramène un livre en particulier ? Proposa Hermione tandis qu'ils s'asseyaient à une table libre de la Bibliothèque.

Harry acquiesça distraitement. Les seuls livres qu'il voulait lire pour l'instant étaient emmitouflés dans sa cape d'invisibilité, à l'abri des regards indiscrets que ses camarades de chambrée.

- Métamorphose, tu avais l'air d'avoir du mal l'autre jour… »

La préfète marmonna autre chose pour elle-même puis disparut dans les larges rayonnages de la Bibliothèque.

Harry avait découvert bien mieux que la Métamorphose basique de McGonagall, aux alentours d'Octobre. Il y avait dans la Réserve tout un rayon contenant des manuels étrangers retranscrits en anglais; la plupart provenaient de Beaux Bâtons, mais quelques uns avaient été rapportés de Durmstrang et traitaient de sujets à peine effleurés dans le cursus d'Hogwarts. D'autres encore étaient des manuels d'Universités Sorcières dont Harry ignorait jusqu'au nom, mais tous ces livres redonnaient à Harry l'envie de lire, avec toute cette masse de savoir qu'ils contenaient. L'un d'eux donnait par exemple la liste détaillée des étapes à suivre pour devenir Animagus, tandis que d'autres proposaient des cours théoriques sur le Duel. Ce dernier livre, un manuel de Première Année de Durmstrang, donnait de petites consignes qui pouvaient sembler ridicules – comme par exemple agir silencieusement, ne pas faire de gestes inutiles ou encore être endurant – mais qui, mises les unes à la suite des autres, prenaient tout leur sens.

« Voilà pour toi ! Annonça tout bas en Hermione en posant un énorme volume relié devant lui. Ça reprend les basiques des sortilèges d'Apparition et de Disparition, pour t'apprendre à lancer celui de Désillusion parfaitement ! »

Enchantée, elle s'assit face à lui et se mit à lire son propre livre, intitulé Sortilèges Curatifs : Comment éviter une Mort Sûre. Harry ouvrit le manuel qu'elle lui avait rapporté et se mit à tourner lentement les pages pour donner l'impression qu'il lisait.

Les livres de la Réserve étaient protégés par un Sort empêchant leur copie, si bien qu'Harry devait les rapporter régulièrement pour s'assurer que personne ne se rende compte de leur disparition. Il ignorait comment briser ce sort-ci, et c'était le cadet de ses soucis : avoir les originaux le poussait à davantage de prudence, prudence qu'il négligerait avec de simples copies. Si quelqu'un découvrait son curieux passe-temps, les rumeurs se mettraient alors à circuler dans sa maison, puis iraient jusqu'aux oreilles de McGonagall qui s'empresserait de le rapporter à Dumbledore.

Potter étudie la Magie Noire, Albus ! Ciel, qu'allons-nous faire ?

Quelques élans hystériques plus tard, Harry serait convoqué dans le bureau du Directeur pour quelques explications. Mais comment expliquer à un vieux dingue que son aide est la chose la plus pourrie que vous ayez jamais reçue de sa part ? Qu'à cause de sa soi-disant bonne volonté, il avait vécu des années avec des personnages infâmes pourtant de sa famille, qui le privaient de manger, le faisaient dormir dans un placard et lui racontaient que ses parents n'étaient que des ivrognes passant leurs journées à boire ?

« Harry ! Harry ! Appela derechef Hermione en lui secouant vigoureusement l'épaule.

Surpris, celui-ci la regarda, perdu.

- Perdu dans tes lectures, hm ? Je savais que tu finirais par apprécier, s'enthousiasma-t-elle. Mais il est l'heure d'y retourner, le cours commence dans une dizaine de minutes.

- Je te suis. » Répondit Harry en se relevant.

Qu'il daigne parler n'était pas surprenant, ça arrivait de temps à autre même si la plupart du temps le Survivant restait enfermé dans son mutisme. Hermione comprenait à quel point la perte d'un être cher pouvait être douloureuse, mais selon elle, rien ne justifiait qu'on se laisse dépérir sous prétexte du chagrin. Sirius était le parrain d'Harry, certes, mais le pauvre homme avait été détruit par sa décennie à Azkaban et présentait, selon le Professeur McGonagall, les mêmes symptômes de folie furieuse qu'elle avait déjà vue chez d'autres membres de la famille Black, Bellatrix en étant la plus illustre représentante. Il n'aurait pas pu s'occuper de son filleul correctement, même après la guerre, Hermione en était convaincue même si elle respectait profondément l'ancien Maraudeur dont l'emprisonnement avait été injuste. Par-dessous tout, Harry avait besoin d'un soutien solide que seuls ses amis pouvaient lui apporter, pas d'un chien fou le prenant pour James Potter.

« Tu vas bien ? » Risqua-t-elle tandis qu'ils sortaient de la Bibliothèque.

Elle avait emprunté pour lui le livre de Métamorphose et le lui avait glissé dans son sac alors qu'ils sortaient dans le couloir. Harry acquiesça, perdu dans ses pensées mais parfaitement attentif à celles d'Hermione.

La Légilimencie devenait très facile à pratiquer lorsqu'on avait un lien puissant avec Lord Voldemort, lui-même un Legilimens expérimenté. Quelques livres de Beaux Bâtons expliquaient un peu la théorie, mais rien de plus détaillé qu'une simple ligne ou deux par-ci par-là. Avec un peu d'entraînement et quelques heures de méditation régulières, Harry réussissait parfois à entendre les pensées de ses camarades – malheureusement l'expérience s'arrêtait là, il lui était impossible de contrôler quoique ce soit. Par moments, il entendait Ron songer au prochain match de Quidditch, ou Ginny qui pensait à lui sans arrêt; à d'autres moments encore c'était Hermione et sa constante inquiétude pour lui, ou, comme à l'instant, sa pseudo-compassion pour le Survivant et cette horripilante assurance qu'elle et Ron l'aideraient mieux que n'importe qui.

Harry la Courgette, légume passif dont tout le monde cherche à maîtriser la vie. Prenez un ticket.

Qu'en savait-elle, Hermione, de ce qu'il avait vécu ? Des Dursley ? Elle avait toujours connu une famille aimante et n'avait jamais dormi dans un placard. Elle n'était pas traitée comme un elfe de maison par sa propre famille, n'avait sans doute jamais été privée de repas et ne portait pas les vêtements trop grands d'un cousin digne d'un porc. Souffrir à cause de la perte d'être cher ? Laissez-moi rire… La seule perte douloureuse qu'Hermione avait connue dans sa vie, c'était la mort de Bubulle, son poisson rouge.

« Nous y voilà… »

La plupart des élèves de Sixième Année de Gryffondor étaient déjà installés à l'intérieur de la salle et attendaient que McGonagall arrive. Les Serpentards étaient lascivement adossés au mur à l'extérieur, de part et d'autre de la porte en zieutant méchamment les allées et venues des lions.

« Ron n'est pas là ? Demanda Hermione à Dean.

- Non, pas vu… D'ailleurs Parvati, t'as pas retrouvé Lavande ?

Deux rangs devant, la concernée se retourna vivement avec un air inquiet.

- Toujours pas, fit-elle d'un ton plaintif. J'ai demandé à tout le monde si quelqu'un ne l'avait pas vue, mais personne n'a été capable de répondre…

Dean se retourna vers Hermione et haussa les épaules.

- C'est bizarre, fit la préfète en fronçant les sourcils.

- Jeunes gens, asseyez-vous s'il vous plaît ! » Tonna McGonagall en entrant à pas vifs dans la salle de classe.

Les Serpentards entrèrent à sa suite et allèrent s'asseoir sans un mot. Hermione rejoignit Parvati tandis que derrière elle Harry s'installait à côté de Neville, lequel semblait inquiet à propos de l'absence de Ron et Lavande – il se mit d'ailleurs à chercher les possibles raisons de leur absence en compagnie de Dean et Seamus qui avaient commencé une liste.

L'avantage avec les cours de McGonagall, c'est qu'ils ne semblaient jamais durer plus longtemps que l'une et demie leur étant allouée – l'antithèse parfaite étant l'Histoire de la magie, où les cours semblaient fréquemment durer un mois ou deux avant que ce ne soit finalement terminé. Les Gryffondors restèrent cependant après la fin du cours pour expliquer à leur Directrice de Maison la subite et inexplicable disparition de leurs deux camarades dont on avait perdu toute trace depuis le début de l'après-midi.

« Vous êtes certains que Miss Brown et Mr Weasley ne séchaient pas tout simplement mon cours ? Leur fit-elle remarquer en pinçant ses lèvres ridées.

- Non, Ron pensait juste aller aux cuisines chercher à manger… En temps que préfet il montre l'exemple, Professeur, le défendit Hermione.

- Et Lavande a disparut depuis le cours de Sortilèges de ce matin, intervint Parvati. Elle n'était pas là au déjeuner et je ne l'ai pas trouvée dans la Salle Commune, ni ailleurs dans le château… J'ai pourtant fouillé tous les endroits où elle aurait pu être, bredouilla sa meilleure amie, déjà larmoyante.

McGonagall sembla se radoucir.

- Certes, c'est inquiétant, approuva-t-elle. Continuez à chercher Miss Brown et Mr Weasley de votre côté, et informez-moi de toute autre disparition qui aurait pu survenir entre temps. Je serais dans mon bureau jusqu'à l'heure du dîner. » Leur dit-elle en quittant la salle de cours.

Ses élèves acquiescèrent puis se répartirent les endroits du château où Parvati n'était pas allée.

Hermione se retrouva avec Harry dont elle prit vivement le sac lorsqu'ils furent à l'abri des regards indiscrets; farfouillant à la recherche de la Carte du Maraudeur, elle mit la besace sans dessus dessous jusqu'à trouver le vieux morceau de parchemin. Y posant sa baguette, elle récita la formule puis tenta de trouver les petits points indiquant le nom de Ron ou de Lavande.

« Bon sang ! Ils n'ont pas pu disparaître complètement, quand même ! » S'agaça-t-elle en dépliant et repliant nerveusement la carte.

Harry bailla, contenant son amusement du mieux qu'il le pouvait. Il savait parfaitement où étaient Ron et Lavande et pourquoi; en expliquer tout le détail à Hermione… Na, trop facile. Qu'elle cherche un peu, la si maligne petite Gryffondor.

« Trouvés ! S'écria-t-elle enfin, victorieuse.

Son hurlement strident résonna dans tout le couloir et fit se retourner plusieurs autres élèves qui l'observèrent d'un œil mécontent, comme si elle était complètement folle – la plupart des gens en profitèrent d'ailleurs pour chuchoter ou songer plus ou moins discrètement à sa façon d'être très agaçante et beaucoup trop lèche-botte.

- On dirait qu'ils sont dans le parc… Pourtant il neige trop pour sortir et Ronald est trop frileux pour s'aventurer dehors…

Des Serpentards de la bande de Malfoy passèrent non loin et se mirent à ricaner en voyant Miss je-sais-tout et Potter chercher désespérément la belette et Brown. Hermione leur jeta un regard noir avant de ranger la carte redevenue un morceau de parchemin dans la besace d'Harry.

Puis la préfète sembla capter ce que son cher ami le Survivant avait déjà compris depuis des lustres.

« Ce sont eux, souffla Hermione, horrifiée. Les Serpentards ! Ils ont coincé Ron et Lavande dehors ! »

Puis elle se mit à courir dans le couloir, repartant en sens inverse pour rattraper McGonagall.

Harry sourit narquoisement. Il allait pouvoir ramener ses emprunts à la Bibliothèque avant le dîner.

Parfait.

. : : .

Ce qui s'avérait être une mauvaise blague de Malfoy et sa bande aurait pu très mal tourner : Lavande, dehors depuis plus longtemps que Ron, avait les lèvres bleuies par le froid et le corps tellement pâle que sa peau commençait à virer vers le bleu. Ils avaient tout deux des engelures un peu partout et plus de baguette, pas plus que leurs affaires de cours, et avaient été victime d'un Stupéfix puis transportés à l'extérieur par des élèves sous sortilège de Désillusion – chacun séparément, mais déposés au même endroit.

Pomfresh avait décidé de les garder tout la nuit à l'infirmerie mais Ron pourrait sortir le lendemain matin et aller en cours, moins touché que Brown dont les claquements de dents le tiendraient éveillé un bon bout de la soirée. Pas totalement remis, ses doigts tremblaient encore mais les décoctions de Pomfresh feraient effet durant la nuit; Ron irait mieux d'ici quelques heures. Les baguettes et les sacs de cours avaient été retrouvés par Rusard dans les toilettes de Mimi Geignarde et restitués à leurs propriétaires après le dîner, tandis que McGonagall écoutait les histoires de ses deux élèves, incapables de dire qui les avait attaqués, mais qui étaient évidemment très soupçonneux à l'égard des Serpentards. Mais comme leur avait signalé leur Directrice de Maison, il n'y avait pas grand-chose à faire pour arrêter les coupables...

Hermione et Harry lui rendaient visite, accompagnés par Ginny et quelques Sixième Années. La mère de Lavande Brown pleurnichait auprès de sa fille, Molly était déjà passée avant de rapidement repartir – les affaires de l'Ordre, visiblement.

« Je crains que sans preuves je ne puisse rien faire, Mr Weasley, singeait Ron en répétant les paroles de McGonagall devant son public. Vous m'en voyez navrée, mais si personne n'a rien vu, et si personne ne vient se dénoncer, je ne puis accuser arbitrairement Messieurs Malfoy, Crabbe et Goyle.

Ron fit un « pfff » retentissant et croisa les bras d'un air dédaigneux sous le regard réprobateur de sa mère.

- Tu parles, elle sait très bien qui a fait ça ! S'énerva-t-il.

- Du calme, Ron. Elle a raison et tu le sais, lui lança Hermione en tentant d'arrondir les angles. Il nous faut des preuves. Peut-être que les fantômes ou les tableaux ont vu quelque chose ?

- C'est ça, autant demander à Trelawney si elle se pique à la farine, râla-t-il.

- Ne sois pas si obtus, on trouvera quelque chose, lui promit Hermione d'une voix douce.

- J'espère bien… Ces petits cons nous cherchent des noises depuis des années impunément… »

Ron continua de pester, encore et encore.

Harry planifiait sa sortie de ce soir. Il avait pu rapporter ses livres avant le dîner, alors que la moitié de sa maison était partie chercher Ron et Lavande perdus en plein blizzard. Les pensées de Ginny lui renvoyaient sa propre image de jeune homme pensif et trop maigre au gout de la rouquine qui était même capable de dire ce qu'il avait mangé au dîner et dans quelles exactes proportions. Harry capta les bribes d'une conversation qu'elle avait eu avec Dumbledore, mais les barrières d'Occlumencie posées autour de ce souvenir l'empêchaient d'en entendre davantage. Le fil des pensées de Ginny diminua puis disparut complètement, cessant de polluer l'esprit d'Harry qui attendait patiemment que Ron ait fini de compter son exploit héroïque pour qu'ils puissent enfin aller tous se coucher – il n'y avait d'ailleurs rien d'héroïque dans le fait d'être attaqué dans le dos, mais puisque Ron en était convaincu, pourquoi l'écarter du droit chemin de ses pensées ?

« Jeunes gens, le couvre-feu ne va pas tarder. Vous devriez partir, Mr Weasley et Miss Brown ont besoin de repos, intervint Pomfresh d'un ton maternel mais ferme. Allez, ouste ! »

Les Gryffondors abandonnèrent leurs camarades tremblotants et regagnèrent leurs dortoirs.

Sans un mot pour Hermione, Harry grimpa directement se coucher. Neville resta en bas pour avancer son devoir de botanique, tandis que Dean et Seamus se lançaient dans une partie de bataille explosive.

Les heures passaient comme des minutes lorsqu'Harry attendait que ses derniers camarades de dortoir remontent se coucher. Hermione ou Ron guettaient constamment les portes s'ouvrant toutes seules ou les courants d'air suspects, il devait donc attendre que ces deux-là soient couchés avant de tenter une sortie. Tous les éléments semblant réunis, Harry sortit discrètement du dortoir, caché sous sa cape, armé de sa baguette, guidé par la Carte du Maraudeur.

« Enfin… Siffla-t-il en sortant de l'atmosphère étouffante de la Salle Commune.

Harry murmura un Lumos.

- Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises… » Récita-t-il avec un sourire mauvais.

La Carte prit forme sous ses yeux. Immédiatement, Harry la déplia jusqu'à retrouver l'endroit où ses professeurs avaient emporté l'objet de sa curiosité. A sa propre surprise, il retrouva assez vite son chemin; la partie du château était assez vétuste, mais Harry se souvenait être déjà venu ici pour quelques cours durant sa Seconde ou Troisième Année. Aucun maléfice ne protégeait la salle qu'il cherchait à atteindre, et quoique surprenant, c'était agréable de ne pas se faire attaquer par un cerbère géant dès qu'on ouvrait une porte donnant sur un « secret » pas si secret. D'ailleurs, la porte qui intéressait Harry n'était pas non plus protégée par un gardien, ni aucun verrou. Par prudence, Harry jeta un Finite Incantatem qui ne sembla couper aucun sort de détection puis murmura « Nox », afin d'éteindre sa baguette. Lentement, il tourna la poignée puis poussa le battant de bois qui grinça horriblement fort en pivotant sur ses gonds.

Elle était encore là.

L'armoire.

Elle semblait immense, ainsi posée au milieu de l'estrade de pierre, parfaitement face à la porte, son bois sombre et ciré brillait à la lueur morne de la lune. Harry risqua un regard par l'une des larges fenêtres de la pièce. Il neigeait encore.

Difficile de croire que tout ça vient de l'armoire, pas vrai ? Se dit Harry en se remémorant les paroles de McGonagall alors qu'elle et d'autres professeurs déplaçaient l'imposant meuble à travers le château la nuit dernière. Harry avait croisé leur route par hasard en revenant de la Bibliothèque, où il avait passé sa soirée à lire sans voir le temps passer, directement assis au milieu des livres à même le carrelage froid de la Réserve. Il était sur le chemin du retour et se déplaçait aussi discrètement et silencieusement que possible à travers les couloirs endormis du château pour regagner sa Salle Commune et ne pas attirer l'attention. Au milieu d'un couloir vide du Troisième Etage, il avait vu McGonagall, Flitwick et Slughorn - escortés par Rusard et Miss Teigne - déplacer l'armoire et par curiosité, il les avait suivis jusqu'à une salle de classe vide et poussiéreuse dans laquelle ils avaient déposé l'imposant meuble avant de refermer les portes avec des sorts basiques. L'aile du château où était située cette salle n'était pas inconnue à Harry, ni même à la plupart des élèves dont certains avaient cours deux ou trois salles plus loin quotidiennement, mais le côté très précautionneux et officiel de l'opération lui rappelait la façon dont Dumbledore avait fait déplacer le Miroir du Risèd dans le château, cinq années auparavant.

La carte lui avait permis de revenir ce soir, afin de percer le mystère entourant l'armoire. Harry referma la porte derrière lui, puis s'approcha, profondément curieux de ce mystérieux objet que ses professeurs avaient rapporté.

« Que caches-tu donc ? » Murmura-t-il en posant ses doigts sur le bois sculpté.

C'était froid, mais pas glacial. La sensation rappela à Harry le réfrigérateur des Dursley.

Peut-être qu'en l'ouvrant…

Ses doigts se tendirent vers la petite poignée ronde en bois gravée de petites arabesques très semblables à des branches. Harry prit une profonde inspiration puis tourna, lentement, pour finalement se rendre compte que le battant de l'armoire ne bougerait pas. La porte était verrouillée, pourtant il n'y avait ni serrure ni clé; peut-être était-elle fermée de l'intérieur ? Mais comment ?

Harry sortit sa baguette et lança un Alohomora rageur sur la porte qui ne bougea pas d'un pouce. Il essaya divers sorts de crochetage de sa connaissance, mais toujours rien. L'armoire restait hermétique à toute intrusion.

« Putain ! » S'énerva-t-il en frappant rageusement du poing contre le bois sculpté.

Des scènes aux allures mystiques étaient représentées dans des carrés ou des rectangles, dans lesquels l'image d'un lion, d'arbres et du soleil revenaient régulièrement. Il y en avait trois sur la porte de l'armoire, disposés de haut en bas. Un arbre en était la figure centrale, ses branches larges et hautes, pleines de feuilles épaisses et quelques fruits semblables à des pommes pendaient ici et là. En dessous, le soleil se levait, écrasant de lumière, sur une terre qu'Harry ne reconnut pas. Au dessus par contre, le bois était davantage poli, l'image moins visible; la forme d'une couronne était cependant reconnaissable.

Allez, merde…

La porte ne bougea pas plus qu'une minute auparavant. Laissant tomber, Harry réajusta sa cape et disparut de la salle d'un pas rageur. Forcément, dès le grand Harry Potter s'intéressait à une armoire pas très nette, il fallait qu'elle redevienne normale dans la seconde.

Profondément énervé par son échec, Harry retourna dans son dortoir sans se retourner. Si c'était comme ça, autant oublier l'armoire et tout ce qu'elle pouvait bien contenir; si c'était enfermé, ça devait être définitivement très ennuyeux.

Ou très précieux. Quoiqu'il fasse, Harry était incapable de se sortir ce meuble magique de la tête – il voulait découvrir son secret. Pourquoi de la neige, pourquoi pas du soleil ? Pourquoi maintenant et pas dix ans auparavant ? Pourquoi cette putain de porte était-elle fermée ?

Pourquoi Hogwarts ?

Dumbledore l'avait faite venir ici, sans doute pour dépanner un vieil ami… L'idée que la dissimulation de l'armoire provoquât les mêmes événements que ceux de la Pierre Philosophale traversa l'esprit d'Harry qui déglutit difficilement. Si Voldemort voulait récupérer cette armoire, il avait toutes les chances d'y parvenir – Harry n'était pas prêt. Sûrement pas.

Si Voldemort attaquait le château, il fuirait sans se poser de questions.

. : : .

Rogue était dans un de ses bons jours, lorsque le lendemain matin Gryffondors et Serpentards de Sixième Année pénétrèrent dans sa salle de cours pour avoir Défense Contre les Forces du Mal. Les élèves par contre étaient dans un état esprit radicalement différent : les premiers avançaient en rangs serrés, jetaient des regards noirs aux seconds qui ricanaient doucement dans leur coin, fiers de leur petite blague de la veille dont ils avaient gardé des souvenirs.

Harry ne fit pas attention à eux et alla s'asseoir, se figeant sur place en remarquant quelque chose qui n'aurait pas dû être là, avec eux, dans cette salle.

L'armoire.

Elle semblait agitée de curieux tremblements et le bois grinça soudain, faisant sursauter la plupart des élèves qui discutaient entre eux en attendant que le cours commence. Harry fronça les sourcils, tordu par l'excitation mais aussi curieux que le meuble soit ici – Rogue comptait-il leur faire étudier quoique ce soit ayant un rapport avec cette armoire ?

« Si la plupart d'entre vous croient maîtriser les sorts les plus simples, j'ai pu constater en lisant vos essais de la semaine passée que ce n'était pas le cas, lâcha Rogue d'un ton sec. Vous me ferez donc, en plus de l'essai que je vous ai donné au cours précédent, un récapitulatif détaillé de tous les sorts enseignés ces trois précédentes années en cours de Défense Contre les Forces du Mal pour le cours de mardi prochain.

Les oreilles de Ron rougirent soudain de façon ridicule, chose qui n'échappa ni aux Gryffondors, ni au Professeur.

- Des protestations à faire, Mr Weasley ? L'interrogea Rogue en se tournant vers l'ensemble des Gryffondors.

Les poings du préfet se serrèrent sous son bureau mais il ne dit rien. Satisfait, Rogue se mit à arpenter l'espace vide devant les pupitres de ses élèves en expliquant sur quoi allait être la leçon d'aujourd'hui.

- Aujourd'hui, vous me rangerez vos baguettes. Nous n'allons pas faire de pratique… Du moins pas vous, pour qui agiter une baguette se résume à créer de gentillet petits feux d'artifices pour amuser la galerie, nota-t-il avec mesquinerie en se tournant vers les anciens membres de l'Armée de Dumbledore présents dans la salle. Non, en ce matin de Février, nous allons étudier… Un maléfice.

Il tournoya puis d'un coup de baguette approcha l'armoire qu'Harry n'avait pas quittée des yeux depuis le début du cours.

- Qui peut me dire ce qu'est précisément un maléfice ? Interrogea-t-il en se tournant spontannément vers les Serpentards.

Hermione avait déjà la main bien haute, mais ce fut Malfoy, chuchotant la réponse à une Pansy gloussant comme une dinde, qui permit à Serpentard de remporter dix précieux points.

- C'est un sort souvent de magie noire utilisé majoritairement pour maudire les intrus, dit-elle sur un ton ridiculement fier, son torse bombé et son menton bien haut.

- Bien, Miss Parkinson. Très bien même, fit Rogue avec circonspection.

- Professeur, qu'y a-t-il dans cette armoire ? Demanda Milicent dont l'ennui semblait être à son paroxysme.

La plupart des Serpentards assis au dernier rang se mirent à déblatérer sur la fabrication très « moldue » du meuble en plissant le nez d'un air dégoûté.

- Souhaitez-vous faire cours à ma place, Miss Bulstrode ? Si c'est le cas, je vous suggère de prendre ma place sans plus tarder, j'ai des choses plus intéressantes à étudier qu'un groupe d'élèves encore endormis et aussi peu avides de connaissances que vous l'êtes.

Milicent bégaya des excuses et se tassa au fond de son siège.

- Bien. Dans cette armoire se trouve une espèce très particulière d'épouvantard. Qui peut me dire de quoi il s'agit ?

Derechef, ce fut un Serpentard qui rafla la mise grâce aux précieux chuchotis de Draco Malfoy dont l'horripilant sourire faisant penser toutes sortes de choses à Ron – vraiment grotesques, ces techniques de torture, songea Harry en voyant des chaussettes sales étouffer Malfoy. Aucune imagination.

- C'est une créature magique se cachant dans les vieux placards. Ils représentent notre plus grande peur, aboya Goyle de sa grosse voix.

- Magnifique, siffla Rogue avec ironie. Maintenant utilisez ce qui vous sert de cervelles et dîtes-moi s'il est possible d'augmenter les pouvoirs d'un épouvantard et si oui de quelle façon ?

Hermione sembla si surprise par la question que Rogue lui envoya un commentaire désobligeant immédiatement après avoir remarqué qu'elle ne levait pas la main.

Harry aurait spontanément dit oui. Un épouvantard avait pour seul but de terrifier, alors plus la peur était grande, plus l'épouvantard était puissant – mais qu'est-ce que cette histoire d'épouvantard avait à voir avec l'armoire ?

- Personne ? Pitoyable, fit Rogue. Effectivement, il est possible d'augmenter la puissance d'un épouvantard, mais il peut évoluer de manière totalement incontrôlable et produire des hallucinations, de la peur sur toute une zone s'il croise un jour la route d'un froussard de premier ordre. »

Rogue continua à parler des épouvantards, mais les Gryffondors ne l'écoutaient plus; Ron commença à raconter encore son aventure à Dean et Seamus qui firent quelques blagues, visiblement lassés de ce qui était surtout une fameuse défaite tandis que Weasley se mettait à décriez une énième fois comment il avait héroïquement résisté aux lâches attaques des Serpentards; sinon, Parvati feuilletait un magasine sous son livre de cours, Neville et Hermione prenaient des notes, et Harry réfléchissait.

Dumbledore pensait vraiment qu'un épouvantard génétiquement modifié produisait ce froid sur demande au lieu d'une peur irraisonnée ? Très dubitatif sur ce point, Harry n'avait pourtant pas d'autre explication à proposer. L'armoire lui faisait l'effet d'un réfrigérateur, le froid provenait donc de l'intérieur et se répandait jusqu'au dehors, ça ne faisait aucun doute… Quant à ce qui pouvait produire ça, il avait simplement pensé que la réponse se trouverait à l'intérieur de l'armoire.

Puis l'armoire commença à bouger, violemment même. Au lieu de furieux grincements, elle semblait tanguer d'avant en arrière, ses pieds en bois heurtant violemment le sol de pierre de la salle de classe. Rogue le remarqua, mais ne fit pas un geste pour intervenir – un petit air sournois se peignit sur son visage alors qu'il cherchait quel élève de Gryffondor envoyer au devant de l'épouvantard.

« Londubat, peut-être voulez-vous tenter votre chance ? »

Neville rentra sa tête dans ses épaules, incapable de se faire un geste pour accepter ou refuser la proposition de Rogue qui semblait se réjouir d'avance, comme la majorité des Serpentards, de l'humiliation qu'il allait faire subir à Neville.

Hermione l'encouragea silencieusement à agir, mais rien n'y fit. Puis il y eut un bruyant cliquetis semblable à celui d'un verrou qui fit se retourner tout le monde vers l'armoire.

« Et bien, on dirait que notre ami a très envie de sortir, contrairement à Mr Londubat. » Nota narquoisement Rogue.

Puis, soudain, la porte de l'armoire s'ouvrit à la volée et une bourrasque glacée fit s'envoler les parchemins tandis qu'un garçon sautait au travers de l'ouverture, roula à travers la salle jusqu'à finalement se relever. Désorienté, il remarqua cependant le battant encore ouvert et se précipita dessus, le refermant d'un coup d'épaule. Arc-bouté contre le sol pour maintenir le battant bien fermé, le garçon fit tourner la poignée dont le mécanisme claqua bruyamment. L'agitation retomba tout d'un coup. Ahuris, les élèves ne réagirent pas, pas plus que Rogue qui observait le nouveau venu avec circonspection et même une pointe de surprise.

Le garçon sorti de l'armoire semblait avoir leur âge, peut-être un peu plus. Mais les traits de son visage, son apparente maturité ainsi que son attitude droite et fière le vieillissaient, lui donnait l'air d'un adulte au charisme remarquable. Pourtant, ses vêtements d'adolescent londonien d'après-guerre couverts de neige lui donnaient l'air d'un collégien sorti d'une autre époque. Il avait les cheveux très noirs et trempés, sa peau était pâle et il semblait plutôt grand, mais de là où il était Harry ne pouvait pas en voir davantage. Rogue finit par revenir à la vie et aboya des ordres aux Préfets qui se chargèrent d'escorter leurs camarades jusqu'aux Salles Communes, tandis qu'il emmenait prestement le garçon sortit de l'armoire avec lui jusqu'au bureau de Dumbledore.

Harry resta les bras ballants sur sa chaise jusqu'à ce que Ron l'attrape par l'épaule et le conduise hors de la salle de classe. Hermione se chargea d'escorter leurs camarades jusqu'à la Salle Commune, menant la marche alors que Ron et Harry étaient les derniers de la file. Tout le monde chuchotait à voix basse, le cœur encore battant de ce qui venait de se passer, cherchant à mi-voix des explications toutes plus improbables les unes que les autres. Personne n'arrivait à comprendre ce qui avait bien pu se passer.

Un garçon était sorti d'une armoire. Une armoire censée contenir un épouvantard.

« Une idée de ce qui a bien pu se passer ? » Marmonna Ron à son ami sans lâcher l'épaule de ce dernier.

Harry ne répondit pas. Un fin sourire étira ses lèvres tandis que Weasley l'emmenait jusqu'à la Salle Commune de Gryffondor.

Cette armoire était décidément bien plus spéciale que ce qu'il pensait…