Encore une traduction, oui, et encore une fois de Children of the Shadows ! Cette fois-ci, je change de registre pour aller dans un ton plus léger (quoique, par moments...), mais c'est une fic qui vaut tout autant la peine qu'Exister.

Disclaimer : L'univers et les personnages appartiennent à J.K. Rowling. L'histoire appartient à Children of the Shadows. Je ne suis que l'humble traductrice.

Chapitre Un : L'amour sur les genoux du Père Noël

« Oh non, il est encore là. » gémit Lily tandis qu'elle pénètre dans la tente à la recherche d'une cachette. Sa hanche osseuse cogne directement l'entrejambe de Remus, le faisant se plier avec une exclamation douloureuse. « J'y crois pas. » continue-t-elle, jetant à peine un regard curieux vers la main qui protège les précieux bijoux de famille – et essaie d'endormir la douleur ; le seul signe qu'elle prête un tant soit peu attention à la souffrance de Remus. « Chaque année, ces deux-là ! Je ne comprends pas pourquoi papa ne les bannit pas tout simplement du centre commercial. »

« Mais de qui tu parles, bon Dieu ? » rétorque Remus, ne prenant même pas la peine de jeter un coup d'œil hors de la tente. Le centre commercial est bondé à ce moment-ci de l'année et plus encore dans le coin où ils se trouvent. Sa douleur à l'entrejambe, ajoutée à sa migraine – résultat de cris et pleurs d'enfants toute la journée pour toute la durée des vacances – font qu'il n'est pas dans la meilleur des formes. Remus peut déjà sentir son amour pour les enfants fondre comme neige au soleil.

« De lui ! » pointe Lily à l'extérieur de façon plus que vague (une part sexiste de Remus fait remarquer que les femmes ne sont pas très douées pour cibler les choses et qu'elles n'ont en plus pas le sens de l'orientation, mais il est assez sage pour taire ce fait). Pourtant, à la minute où Remus jette un coup d'œil au-dehors, il sait de qui elle parle. Il est difficile à rater. Il y a, après tout, un homme adulte sur les genoux du Père Noël.

« Il y a un homme adulte assis sur les genoux du Père Noël. » fait remarquer Remus de façon plus qu'évidente. Il tait le fait que ce soit un adulte vraiment canon ; parce que Lily le réprimande toujours pour son mauvais goût en matière de mecs. Bon, celui-là n'est pas tant un homme qu'il ne doit avoir que dix-huit ans. Mais il est définitivement beau : des cheveux raides coupés juste pour qu'ils retombent dans ses yeux ; des yeux couleur argent entourés de cils impossiblement noirs et un sourire assez diabolique pour faire chavirer n'importe qui. Remus n'a jamais songé dans sa courte vie de dix-sept années qu'il voudrait un jour désespérément être le Père Noël. Il se demande ce que dirait sa mère sur ce nouveau choix de carrière.

« J'arrive pas à croire que tu lorgnes ce type bizarre sur les genoux du Père Noël. » s'écrie Lily, indignée. « Remus, tes goûts sont tout simplement... »

« Épouvantables. » finit Remus en roulant des yeux. « Oui, tu me l'as déjà fait remarquer plusieurs fois. Je le trouve mignon. » Il ne prend pas la peine de regarder la tête que Lily doit tirer. Il la connaît depuis qu'il est né et il ne devine que trop bien l'expression de pure désapprobation qu'elle affiche présent. Elle est trop semblable à celle de sa mère pour que ce soit naturel. Peut-être que c'est pour ça qu'elle est la première et seule fille qui l'ait jamais attiré. Il y a après tout une loi perverse quelque part qui dit que les garçons recherchent toujours une part de leur mère dans les femmes avec qui ils sont en couple. « Et je pense qu'on est mal placés pour parler. C'est nous qui portons des costumes d'elfes. »

« Tu ressembles plus à un loup-garou qu'à un elfe. » le taquine Lily. « Ces oreilles ne te vont vraiment pas. J'arrive pas à croire que papa t'ait laissé être un aide du Père Noël, tu fais plus d'un mètre quatre-vingt-quinze ! » Lily elle-même est petite, elle fait à peine un mètre cinquante-huit et on dirait souvent qu'elle pourrait être mangée vivante par Remus. Mais son tempérament explosif compense plus que largement cet handicap vertical.

Remus affiche un sourire mutin – Lily lui a déjà dit que ce sourire ne collait pas du tout avec son visage de garçon doux et banal. Remus déteste son visage ; ses traits juvéniles sont la raison pour laquelle il boit seul au bar chaque week-end. C'est aussi la raison pour laquelle des vieux types bizarres le pelotent toujours dans le métro ou lui offrent des bonbons. Sa taille conséquente ne fait rien pour aider. « Aux grands maux, les grands remèdes. Combien de personnes de petite taille peux-tu trouver dans cette ville de merde, à la dernière minute, qui est plus est ? » Remus passe la tête pour jeter un coup d'œil à nouveau et se fige sur place quand une paire d'yeux gris lui rend son regard.

Le Père Noël ajuste sa position, ayant à l'évidence mal aux jambes. Remus imagine qu'il doit être bien soulagé d'être enfin débarrassé de l'homme sur ses genoux. Remus aurait volontiers proposé de prendre sa place.

« Bonjour. » le salue l'homme, apparu si soudainement devant Remus que celui-ci laisse échapper un cri très peu viril et tombe en arrière. Il atterrit de manière spectaculaire sur les fesses et songe que c'est la pire façon de rencontrer ce qui est probablement le mec le plus séduisant qu'il ait jamais vu. Il rougit furieusement quand l'homme éclate de rire et lui tend la main. « Ça va ? »

Lily souffle d'indignation mais Remus l'ignore. « Merci. » dit-il, tenant sa main quelques secondes de trop tandis qu'il se redresse.

« Je voulais pas te faire peur. » s'excuse-t-il, et Remus ne peut s'empêcher d'admirer le timbre de sa voix – profond et éraillé, presque comme un grognement. « Écoute, euh... » il regarde Lily avec hésitation. « ...je pourrais te parler une seconde ? »

« Il lui reste cinq minutes de service. » ajoute Lily de façon glaciale, dardant du regard l'autre garçon. Remus l'adore, mais là, il aimerait juste qu'elle aille ailleurs.

« Je peux te payer un café ? » propose-t-il, et Remus se retient à peine de trépigner d'excitation. Il repense à toutes les fois où il a souhaité qu'un mec attirant comme celui-là lui proposerait un rencard. A toutes les fois où il s'est morfondu parce qu'il avait encore une fois été rejeté à cause de sa banalité. Aujourd'hui, pense-t-il, est le plus beau jour de sa vie.

« Un chocolat chaud, plutôt. » répond Remus, le suivant déjà, malgré l'air renfrogné et furieux de Lily. Il lui lance un clin d'œil et un sourire désolé avant de retourner sa totale attention à l'homme ridiculement magnifique derrière lui. Il tousse et détourne le regard rapidement quand il se rend compte qu'il agit comme une fille. Il voit ce qui est probablement "l'autre mec chiant" (selon Lily) lever les deux pouces (1) dans leur direction. L'horrible chemise à carreaux qu'il porte hurle son hétérosexualité.

« Je m'appelle Remus, au fait. »

« Sirius. » (2)

« Mais non, c'est vrai ! » s'exclame Remus. « C'est un nom horrible, je sais, mais... »

« Je m'appelle Sirius. » corrige l'autre avec un rire. « Sirius Black. »

« Oh. » Remus rougit, se demandant s'il existe une seule autre façon de s'humilier un peu plus. Au lieu de quoi, il commande un chocolat chaud au petit café et fait semblant de s'y noyer. Il n'ouvre pas la bouche, de peur de dire quelque chose d'extrêmement embarrassant et maladroit.

« Écoute. » commence Sirius, buvant une gorgée de café. « Je voulais te parler à cause de mon ami, James. » Il ne semble pas remarquer le froncement de sourcils de Remus. « Tu vois, il est raide dingue de ta pote, la nana aux cheveux roux. »

Remus peut déjà sentir son estomac se retourner quand il réalise où mène cette discussion. « Lily... »

« Personnellement, je crois qu'elle est folle mais James essaie de lui demander de sortir avec lui depuis trois ans, maintenant. » Sirius roule des yeux, clairement peu amusé par les efforts de James. « Et maintenant, il s'est mis en tête que si je sortais avec toi, il pourrait peut-être arranger un double rencard avec elle. Et je ne peux franchement pas lui expliquer que juste parce que je suis gay et que tu es gay, on n'est pas automatiquement gay ensemble. »

« Non. » Remus laisse échapper un faible rire. « Bien sûr que non. » Il ne sait même pas comment, mais il a réussi à s'humilier encore une fois, sans même essayer. Il est un elfe stupidement grand, rejeté en plein milieu d'un centre commercial avec ce qui est sans aucun doute une moustache de lait sur sa lèvre supérieure. Aujourd'hui, pense-t-il, est le pire jour de sa vie.

« Très franchement, tu n'es vraiment pas mon genre. Mais, là, je suis prêt à faire n'importe quoi pour qu'il la ferme à son sujet. C'est un putain de mec bien, si elle lui laissait sa chance. » Sirius se tourne vers lui, lui lançant à nouveau ce foutu sourire charmeur. « Alors, t'en dis quoi ? Est-ce qu'on peut faire semblant de sortir ensemble juste pour qu'ils s'y mettent ? »

Remus devrait vraiment dire non. Il devrait vraiment, vraiment dire non.


« J'arrive pas à croire que tu m'aies entraînée là-dedans. » râle Lily tandis qu'elle entre dans le petit café désuet, ignorant totalement les salutations qu'elle reçoit à l'entrée. « Je veux dire, c'est une chose d'accepter un rencard d'un con fini mais en plus, m'embarquer dedans...Tu as de la chance que je t'aime autant, Remus Lupin, parce que sinon je t'aurais tué. »

Remus ne dit rien. Il connaît Lily, depuis le temps, et ne sait que trop bien qu'ouvrir la bouche ne fera que la mettre un peu plus en colère. Le serveur, quant à lui, lui jette un regard compatissant. Comme toujours, on les prend pour un couple ; Lily, en tant que petite-amie tyrannique et Remus, comme son compagnon malchanceux.

Leur relation est peu commune, Remus doit l'avouer. Ils sont amis depuis aussi longtemps que Remus peut s'en rappeler ; leurs parents eux-mêmes sont bons amis depuis l'université. Pendant une courte période, ils sont même sortis ensemble. Lily avait été "la première" en tout pour Remus et il avait eu tellement, tellement peur de perdre son amitié qu'il avait fait semblant d'être son magnifique petit-ami hétéro. Il s'était souvenu de chacun de leurs anniversaires, lui avait apporté des fleurs, l'avait couverte de cadeaux. Il avait ouvert les portes pour elle, l'avait réconfortée quand elle allait mal et avait conquis ses parents. Tous les amis de Lily avaient roucoulé autour de lui, lui faisant savoir à quel point elle était chanceuse de l'avoir...jusqu'à ce qu'elle craque un jour et lui avoue qu'elle l'aimait, mais pas de manière romantique. Il n'était juste pas "son genre". Remus devait avouer que malgré l'immense soulagement que cette phrase lui avait apporté, ça avait fait mal. Ça avait fait mal parce qu'il avait fait de son mieux et avait tout donné dans cette relation, et ce n'était toujours pas assez. A la fin de la journée, on aurait dit que Remus n'était le "genre" de personne.

« Elle est toujours aussi insupportable ? »

Remus sort de sa rêverie uniquement pour voir Sirius à côté de lui. Sa respiration se bloque tandis que la beauté de l'autre homme le frappe. Sirius porte une veste en cuir noir par-dessus le T-shirt d'un groupe dont Remus n'a jamais entendu parler. Une paire de gants de motard dépassent de la poche arrière de son jeans magnifiquement serré qui moule ses fesses si parfaitement que Remus ne peut s'empêcher de les fixer. Une chaîne en argent pend autour de son cou, avec en pendentif un loup et ce qui ressemble un peu à une empreinte de patte. Ses cheveux sont rassemblés en une queue de cheval qui aurait dû avoir l'air ridicule mais qui ne faisait qu'attirer un peu plus l'attention sur ses yeux superbement gris clair. Voilà pourquoi il n'a pas été capable de dire non, pense-t-il. Il avait voulu lorgner ce qui était clairement l'être humain le plus magnifique qu'il ait jamais vu de sa vie.

Remus détourne le regard en rougissant quand il réalise qu'il l'a fixé trop longtemps. « Elle est comme ça parce qu'elle tient à moi. » Il ne pense pas avoir parlé très fort, mais il voit quand même Lily lui lancer un regard reconnaissant. Ce regard redevient pourtant rancunier quand Remus laisse Sirius le tirer sur le siège à côté de lui, ne laissant à Lily plus que la place à côté de "James".

James aurait été un mec pas mal si ce n'avait été pour son assortiment affreux de chemises. Remus le soupçonne de porter de pareils vêtements uniquement pour éloigner tout malentendu qui aurait pu le catégoriser comme gay également. Il est aussi clair qu'il est sous le charme de Lily. Ses yeux noisette ne cessent de s'écarquiller derrière ses lunettes noires quand elle s'assied à contre-coeur à côté de lui. Sa bouche s'ouvre et se referme comme celle d'un poisson, incapable d'émettre autre chose que des borborygmes. Remus aurait ri s'il ne se sentait pas désolé pour le pauvre gars.

Remus est sur le point de dire quelque chose quand le serveur les interrompt pour prendre leur commande. Lily commande son habituel croissant et un Earl Grey, et Sirius, un café noir (tout comme son nom (3)) et un petit-déjeuner complet qui est trop copieux pour un seul homme. A l'évidence, Sirius a un appétit insatiable. La pensée évoque immédiatement des images suggestives à l'esprit de Remus et il fait de son mieux pour les écarter. Quand vient le tour de Remus, il commande une grande tasse de chocolat chaud et deux morceaux de gâteau au chocolat. Tous, excepté Lily, le regardent avec des yeux écarquillés et Remus sent ses joues s'échauffer tandis qu'il marmonne "le chocolat est bon pour vous". La commande de James tient en gargouillements incompréhensibles et quand le serveur abandonne à sa troisième tentative, Sirius prend pitié de lui et commande à sa place.

« T'avais dit qu'il était stupidement amoureux. » dit Sirius à son oreille, penché vers lui. « Il a pris deux heures pour se préparer aujourd'hui ; pire qu'une bonne femme. » Quand Remus hausse un sourcil sceptique, Sirius éclate de rire. « Je lui ai déjà dit que la chemise ne lui allait pas du tout mais il était persuadé que c'était celle qui convaincrait finalement Lily de son charme. » Il roule des yeux quand James, à nouveau, bataille pour lier deux mots ensemble. « C'est totalement ridicule. »

« Dit le mec qui était assis sur les genoux du Père Noël, hier. » le taquine Remus avec un sourire provocateur.

Sirius ne semble nullement décontenancé par le gentil sarcasme de Remus. « J'ai manqué de beaucoup de choses pendant mon enfance – il faut remercier ma famille pour ça – alors je saisis chaque occasion que j'ai pour la revivre le plus possible. J'ai trop longtemps fait attention à ce que les gens pensaient. »

« Ça ne peut pas être si terrible. » Remus hausse les épaules. « Noël dure trois semaines chez moi. On a une grande famille et tout le monde veut participer à la fête ou simplement avoir une excuse pour être bourré. La première semaine de décembre, toute la famille est à la maison et on dirait un épisode de Coronation Street (4). Il y a toujours une dispute qui éclate quelque part pour savoir qui a fait la meilleure farce (NdT. : sens culinaire), des gens qui se bécotent dans les toilettes, des bébés en couche culotte qui hurlent de toutes leurs forces, des tantes qui te pincent les joues jusqu'à avoir l'impression d'avoir la chair à vif, et au moins une crise cardiaque qui n'est, en fait, qu'un pet refoulé, résultat d'un repas trop copieux. »

Sirius rit si fort qu'il tire même James de son petit nuage. Il ne s'excuse pas non plus pour le reniflement qui lui échappe et Remus ne peut s'empêcher de trouver, à la fois le reniflement et la démonstration de confiance attachants. « On dirait la description d'une émeute. » ricane-t-il, avant que son humeur ne s'assombrisse. « Les Noëls, dans la Noble et Très Ancienne Maison des Black... » Il crache son nom comme une insulte. « ...sont généralement juste un spectacle – une grande fête vieux-jeu où ils discutent de politiques douteuses et comme toute personne qui n'est pas anglaise est de la merde. Ces bâtards consanguins ne peuvent même pas se supporter les uns les autres mais posent pour la presse comme s'ils étaient une grande et heureuse famille. » A présent, les poings de Sirius sont étroitement serrés. « Crois-moi, je donnerais n'importe quoi pour avoir un Noël comme toi. »

Même Lily a l'air désolée pour Sirius. James a un air entendu, comme s'il avait déjà vu tout ça et avait dépassé le stade du "désolé" pour simplement essayer de le soutenir. Remus doit avouer qu'il est un peu impressionné par le fait que Sirius soit ce genre de Black. Ça explique certainement l'accent ridiculement snob de Sirius. Les Black sont une vieille famille qui a fait sa fortune il y a longtemps, ils font presque partie de la royauté...et sont si ancrés dans la politique qu'il faudrait des années pour tous les arracher du milieu. « Je suis désolé. » dit-il, avec compassion, sa main se fermant autour des poings de Sirius. « Je t'invite chez moi pour Noël si tu veux. » Remus rougit dès que la proposition a franchi ses lèvres. Lily le regarde avec incrédulité, pensant sans aucun doute qu'il va trop vite. C'est seulement ton premier rencard, peut-il l'entendre hurler. Mais seulement voilà, ce n'est pas son premier rencard. Sirius n'est même pas attiré par lui et Remus a accepté ce fait. Mais une part de lui veut revoir Sirius et être avec lui juste un peu plus longtemps, même si ce n'est qu'en tant qu'amis. « Je veux dire, si ça ne te dérange pas de venir, bien sûr. Je ne t'oblige pas ni rien. »

James sourit et répond pour Sirius. « Nous acceptons avec joie. »

Remus ne se souvient pas d'avoir invité James.

L'expression de Lily est à présent meurtrière. Elle est une part intégrante du Noël chez les Lupin, après tout, c'est comme si elle faisait partie de la famille. Remus ne comprend pas vraiment pourquoi elle est à ce point furieuse mais il a le sentiment que ça a quelque chose à voir avec James qui s'est glissé à côté d'elle dans ce qu'il pense probablement être une façon qui attire l'attention.

« Merci. » murmure doucement Sirius, une main sur le genou de Remus. « C'est important pour James. »

La voix de Remus est coincée dans sa gorge et tout ce à quoi il peut penser c'est comme les doigts de Sirius étaient fins et comme il souhaiterait qu'ils aillent juste un peu plus haut.

« Je sais que je t'ai demandé tout ça un peu soudainement et que tu n'avais vraiment rien à faire si tu ne voulais pas. » Sirius sourit doucement. « T'es un gars sympa, Remus. »

Remus peut sentir son cœur se serrer et il réalise que c'est exactement ce qu'il est : un Gars Sympa. Le gars qui fait toujours ce qu'il faut et ne refuse jamais rien ; le gars que tout le monde aime mais dont personne n'est jamais amoureux. Le Gars Sympa.

Remus a un sourire amer. « Merci. »


« Remus, mon chéri, comment vas-tu ? » Violet Evans serre étroitement Remus dans ses bras et lui embrasse les deux joues : c'est sa façon habituelle de lui montrer son affection. « Ma parole, tu deviens de plus en plus beau chaque jour. Quel dommage que Lily et toi ne sortiez plus ensemble. » Elle pousse un soupir et jette un regard à sa fille. « Regarde-le, Lily. Regarde comme il est parfait ! Tu ne reviendrais pas sur ta décision ? »

« Maman, arrête ! »

Mrs. Evans pousse un soupir déçu et se dirige vers le salon pour rejoindre les autres femmes, Lily la suivant après avoir déposé un baiser sur la joue de Remus et lui avoir murmuré affectueusement « chochotte » .

Remus sourit et se demande ce que Mrs. Evans dirait si elle savait qu'il était gay. Mais le lui révéler signifierait également le dire à ses parents et il n'est pas vraiment prêt à faire face à leur déception. Sa mère sanglote déjà toutes les nuits sur son choix de carrière en répétant « Avec un cerveau comme le tien, mon chéri, tu pourrais être docteur. ». Mais Remus ne veut pas être docteur ou athlète, comme son père le souhaiterait. Remus veut être écrivain, ou peut-être prof. Il a déjà déposé sa candidature dans plusieurs universités à Londres pour étudier la littérature.

« Oncle Remy, je pense que j'ai fait pipi sur le tapis. »

Ou peut-être qu'il devrait devenir plombier.

Il regarde son petit neveu de deux ans avec ses grands yeux couleur ambre, un pouce en bouche et une tache suspecte sur le devant de son pantalon Andy Pandy (5). Au moins, il y a une certaine amélioration, cette fois. L'année dernière, Joey avait remarquablement bien visé les chaussures de Remus.

« Ça va laisser une tache. »

Remus se retourne pour voir Sirius et James derrière lui, fixant l'éclaboussure sur le tapis avec amusement. James, pour une raison inconnue, porte une veste par-dessus un horrible pull de Noël, en tricot de couleur jaune. Sirius porte quelque chose de très semblable, mais en rouge, et malgré l'atrocité de la chose, il parvient à être beau. Le cœur de Remus aurait battu un peu plus vite s'il n'était pas présentement face à une grosse trace jaune sur le précieux tapis crème de sa mère. Il se demande s'il peut se débarrasser de la corvée de nettoyage s'il prétend ne l'avoir jamais remarquée.

« Merci pour les fleurs. » dit-il finalement, décidant que l'ignorance est une bénédiction et que, puisqu'il est déjà une déception, un peu plus, un peu moins, quelle différence ?

« Elles ne sont pas pour toi. » James éloigne de façon presque possessive le bouquet des mains tendues de Remus. Le jeune homme aurait pu être offensé, n'était-ce l'hilarante expression d'amour béat qui orne le visage de James. Lily va passer un sacré Noël ; James semble être armé d'un paquet de charme et de blagues toutes prêtes (ou peut-être juste de fiches dépassant de la poche de sa veste).

« Salon à ta droite. » indique Remus, échangeant un sourire de connivence avec Sirius. Ils attendent tous les deux et se regardent en silence...jusqu'à ce qu'ils entendent le bruit retentissant d'une gifle et de ce qui est clairement la colère de Lily qui explose. Une flopée d'insultes hautes en couleur s'ensuit et Remus est sûr que tous ses petits cousins et neveux vont passer un bon moment à les utiliser dans les années qui suivent aux moments les plus inopportuns.

Comme répondant à un signal, le turbulent cousin de Remus, Ian Lupin, marche en plein dans la flaque sur le tapis et lance, très fièrement : « Fils de pute ! »

Remus pousse un soupir.

« Je suis toujours invité ? » demande Sirius, avec un sourire si immense qu'on peut apercevoir toutes ses dents. La lumière danse dans ses yeux gris, tandis que son regard passe de gauche à droite, passant en revue les cousins hurlants, les tantes piaillardes et les oncles très clairement ivres qui chantent des cantiques de Noël sans respecter ni rythme ni mélodie. Le père de Remus mène cette chorale improvisée au piano, ses doigts glissant sur les touches dans le brouillard induit par l'alcool. Seuls les Irlandais, pense Remus, peuvent être soûls avant le dîner.

Et puis, le sapin de Noël s'effondre à terre, gracieuseté de la danse enthousiaste de l'oncle Dara.

« Foutrement génial. » marmonne Sirius, et Remus est surpris d'entendre de l'excitation dans sa voix. Quand Remus lui lance un regard avec un sourcil haussé, il affiche un sourire. « Je n'ai jamais vu autant de gens dingues dans une seule pièce auparavant. C'est géant ! » Remus est sûr que sa définition du désordre et du chaos et celle de Sirius sont aussi différentes que s'ils venaient de deux planètes à des années-lumières l'une de l'autre. Sirius est déjà en train de se joindre à la fête, se mettant immédiatement à chanter avec les oncles de Remus.

C'est à ce moment précis que Remus trouve un défaut à Sirius ; ses talents de chanteur sont aussi atroces que le pull de James. Il a même pris un horrible accent pour imiter le reste du clan Lupin. C'est stupéfiant de voir comme il se mêle sans effort au reste des hommes, et bras dessous bras dessous avec le père de Remus, entame avec lui une rapide danse irlandaise qui manque cruellement de coordination (6). Remus gémit d'embarras et s'en va sauver leur sapin de Noël.

Le sapin de Noël qui est aussi énorme que le désordre dans lequel se trouve la maison. Il entend le sifflement strident de la bouilloire dans la cuisine et pousse un soupir de soulagement quand il pense au délicieux thé de sa mère. Quand le chocolat se fait rare, alors, tourne-toi vers le thé, c'est la devise de Remus. Mais son soulagement est de courte durée, cependant, quand les décorations cognent douloureusement sa tête. L'ange, précédemment au sommet du sapin, ne le manque que de peu. Bon débarras, pense-t-il, parce que l'ange le regarde d'une drôle de manière, à chaque Noël. Il doit être diabolique, parce que ses yeux semblent le suivre où qu'il aille.

« Remus, mon garçon, viens nous rejoindre ! » crie son père dans son oreille, le faisant reculer. John Lupin est un homme bien bâti, comme Remus, excepté qu'il est beaucoup plus trapu. Ses épaules et son torse sont impossiblement larges et une panse à bière encore plus énorme se cache derrière une chemise étroite. Ses mains ont la taille de poêles à frire et il n'a encore jamais perdu une seule bagarre. C'est un homme qui fait peur à voir, mais ses joues roses et son sourire joyeux démentent son allure intimidante. « Oh douce nuit, sainte nuit ! Dans les cieux ! L'astre luit... » (7)

Remus se bouche les oreilles et est sur le point d'aller retrouver Lily (la seule personne saine d'esprit dans toute cette folie), quand il entend un cri étouffé de panique derrière lui. Il fronce les sourcils et tire les doigts de ses oreilles. « Quoi ? » crie-t-il par-dessus le chant, regardant Sirius qui agite vivement les bras. Est-ce que c'était une nouvelle danse ? Oh Seigneur, son père s'y mettait aussi ? « Je t'entends pas ! » hurle-t-il au-dessus du boucan. « Qu'est-ce que t'as dit ? »

« J'ai dit : fais gaffe ! »

Remus n'a même pas le temps de comprendre ce qu'implique l'avertissement. Parce que juste à ce moment-là, il entend James gueuler « feux d'artifices lâchés ! ». Et c'est là qu'il a l'impression d'avoir reçu un coup de canon dans l'estomac. Il a l'impression d'être en feu. Il tombe à la renverse, et il sent quelqu'un violemment palper ce qui est déjà un joli bleu sur son estomac et il se rend compte qu'il est en feu. Il tousse, ses yeux roulant dans leurs orbites tandis qu'il voit un grand nombre de pieds l'entourer. Sa mère pleure et son père fait paniquer une salle entière. Sirius est toujours sur ses genoux à essayer d'éteindre le feu qui a pris sur le pull de Remus avec cet affreux chandail rouge. Alors qu'il plonge tout doucement vers l'inconscience, il se dit qu'avoir Sirius en train de se déshabiller sur ses genoux n'est pas aussi agréable qu'il l'aurait cru.

« On s'était mis d'accord pour garder les feux d'artifices jusqu'à la fin. J'arrive pas à croire que t'aies fait ça ! Et à l'intérieur en plus ! Il aurait pu mourir ! »

« Je t'ai dit, c'était une erreur ! Ça a glissé ! »

« C'est la chose la plus débile que j'ai jamais entendue. Je sais que tu as fait ça pour impressionner cette stupide meuf ! »

« C'est pas vrai ! »

« Fermez-la, vous deux ! Je savais que c'était une erreur, quand Remus vous a invité, mais ce sombre crétin... »

Remus gémit. Il ne peut même pas être tranquille quand il est dans les vapes. La porte claque fortement et il sent le lit pencher de côté. Au seul poids, il sait que c'est Lily, et qu'elle doit être entrée juste à l'instant. Il gémit un peu plus fort et se rapproche d'elle parce que, qu'importe à quel point elle le gronde, elle s'inquiète beaucoup pour lui. Remus a aussi ce complexe de maman-poule et se délecte de l'attention maternelle que Lily lui accorde. Encore une fois, il se demande pourquoi il est gay. On dirait que ça fait plus de mal que de bien.

« Allez, Remus, tu dois enlever ta chemise. » entend-t-il Lily dire et il s'assied, malgré que tout son corps lui hurle qu'il serait plus facile de simplement dormir pour faire passer la douleur. Il sent un un léger élancement là où la peau de son estomac tire et il suppose que c'est là que la brûlure se trouve. Elle doit être mineure s'il ne se trouve pas déjà aux urgences, même si, maintenant que les autres ont cessé de se chamailler, il peut entendre sa mère sangloter de façon hystérique de l'autre côté de la porte.

« J'ai demandé à ta mère de rester à l'écart pour l'instant. » explique Lily, comme si elle lisait dans l'esprit de Remus. « Tu sais comment elle est. Elle allait presque faire arrêter Potter ; pas que je sois contre. » A travers les fentes de ses paupières, il la voit jeter un sale regard à James. James, pour sa part, a l'air d'un enfant grondé et très coupable. « C'est une bonne chose que Black soit le seul qui semblait doté d'un cerveau. Je suppose que tes goûts s'améliorent un peu. » admet-elle, à contre-coeur.

Remus pense que c'est le moment le plus inapproprié possible pour une telle déclaration, étant donné la situation. D'une part, il a bien assez mal à cause de l'impact et des brûlures ; tout ce qu'il souhaite, c'était un anti-douleur et un peu de repos. Il aurait bien aussi voulu des médicaments contre l'humiliation qui va le suivre pour le restant de ses jours. Et ensuite, ses mauvais goûts en matière de mecs ne se sont pas améliorés du tout ; il fait semblant de sortir avec un mec pour caser sa meilleur amie avec quelqu'un qu'elle déteste. Remus essaie de se souvenir d'un moment où sa vie était un tout petit peu moins compliquée.

« Lève les bras. » ordonne Lily, tirant avec douceur le T-shirt par-dessus sa tête. Il remarque qu'il ne porte plus son pull mauve préféré et se demande s'il est même encore récupérable. Il ouvre les yeux et lance un regard pitoyable à Lily, ses yeux communiquant la tristesse qu'il ressent à la perte de son pull. Elle l'ignore consciencieusement et commence à appliquer une crème familière et malodorante sur son abdomen, où sa peau est rouge vif et pèle par endroits. « Sudocrem. » explique-t-elle bientôt, même s'il le sait déjà. Sa mère l'a utilisée pour soigner chaque maladie, de l'érythème fessier à l'ongle incarné. « Dis-moi si ça fait mal. »

« Froid. » proteste Remus, et il est sur le point de se plaindre un peu plus juste parce que merde, quand il remarque que Sirius et James le regardent la bouche grande ouverte. A le voir, on dirait que la vie de James s'effondrait comme un château de cartes. Sirius le regarde avec un respect mêlé d'admiration et Remus réalise qu'il se comporte comme un gamin. Et merde, se dit-il, sentant son visage rougir soudainement tandis qu'il essaie de se cacher derrière ses cheveux.

« Woaw ! » s'exclame Sirius, après un moment. « Woaw, je ne m'attendais pas à ce que tu sois aussi... » Il cligne des yeux et désigne le torse de Remus de la main. Remus n'est pas sûr de ce qu'il est supposé voir alors il cligne des yeux, confus, fixe son torse et essaie de trouver quelque chose comme des champignons qui lui pousseraient sur la poitrine. « Tu es vraiment... » Sirius déglutit, ses yeux presque exorbités tandis qu'il continue de fixer Remus. Remus est à présent convaincu que ses tétons sont trop grands pour être des tétons de mec...ou un truc du genre... « T'es vraiment bien foutu. » Une des mains de Sirius se déplace jusqu'à ses abdominaux, admiratif. Remus a l'impression que son visage a pris feu et il inspire brusquement quand un des doigts frôle sa brûlure. « Désolé. » s'excuse Sirius avec un sourire. « Sérieux, tu as l'air carrément squelettique avec ces pulls en laine et costumes d'elfe. »

Lily écarte la main de Sirius d'une tape, aggravant la fureur du regard de James. « C'est un bon nageur. » dit-elle d'un ton bourru, déroulant une grosse boule de bandages avant de commencer à momifier Remus. « Vous n'avez pas vu les médailles, là-bas ? » Comme il fallait s'y attendre, ils tournent tous la tête vers la vitrine de mauvais goût pleine de trophées que sa mère insiste à garder. Remus l'a haïe dès le début, et maintenant, avec les yeux de tout le monde fixés dessus, il a la furieuse envie de la réduire en poussière. A de nombreuses occasions, il a essayé de cacher ces médailles derrière ses chers bouquins. « Ils lui offrent une bourse d'études complète pour rejoindre l'équipe de l'université. » ajoute Lily avec encore plus de fierté que la mère de Remus.

Sirius a l'air vraiment impressionné et quand son regard retourne à Remus, il y a un nouveau respect, dans ses yeux. Peut-être qu'un peu d'exhibitionnisme n'est pas si mal, au fond. « James et moi faisons partie de l'équipe de foot. James pense entrer dans un des clubs, au printemps. »

James jette un regard plein d'espoir à Lily, qui n'a pas l'air le moins du monde impressionnée par la chose.

« Je vais aller rassurer ta mère, okay ? » dit Lily, coupant l'extrémité du bandage et en en faisant un nœud avec le bout. Remus a l'air d'avoir une panse à bière – comme son père. « Ne sors pas tant que je ne t'y ai pas autorisé, même si je pense que Patrick a couvert la majeure partie des blessures. C'est lui qui m'a filé les bandages ; il en a toujours dans sa voiture. »

La plupart des gens supposent que Cousin Patrick est docteur à cause de son impressionnante collection de médicaments et de matériel médical. La vérité, c'est qu'il est hypocondriaque et pense constamment qu'il est train de mourir de maladie. Et personne n'est rassuré que ce soit Patrick qui s'occupe de sa mère.

« Ne bouge pas. » sermonne Lily quand Remus fait signe de se lever. « Tu aggraveras les choses et tu te feras mal si tu essaies. » Elle le repousse gentiment contre ses oreillers une dernière fois, dépose un baiser sur son front et quitte la pièce. Juste avant que la porte ne se referme, elle jette un regard incendiaire à James et Sirius avec un dernier avertissement. « Ne faîtes rien de stupide ou je vous tue. »

Ils regardent tous la porte se refermer, gênés, avant que James ne s'en prenne tout d'un coup à Remus, enjambant ses cuisses. « Espèce de salaud, t'es hétéro ! » accuse-t-il, son doigt menaçant le visage de Remus. Il ignore l'expression effarée de Remus et l'éclat de rire de Sirius. « Pourquoi t'as accepté de sortir avec Sirius si... »

« Tout d'abord... » le coupe sèchement Remus, vexé et extrêmement mal à l'aise tandis que James continue de se presser contre lui. « ...je n'ai pas accepté de sortir avec Sirius. Je ne suis même pas son genre. » Il sent une pointe de satisfaction à la grimace que fait Sirius au sarcasme familier. Il jette un regard nerveux à James, qui ne semble pas avoir compris la situation. « Et je ne suis pas non plus hétéro. » clarifie Remus. « Lily et moi, on est amis depuis notre enfance alors c'est normal qu'on soit proches. De toute façon, ce n'est pas comme si j'avais à me justifier devant toi. Toi, qui es entré dans ma maison et as essayé de m'assassiner dans l'heure. »

« Je t'ai déjà dit que c'était une erreur ! » s'exclame James, les mains en l'air en signe d'exaspération. « Et comment je peux être sûr que tu mens pas ? »

« Il ne ment pas, James. » répond Sirius d'une voix traînante et confiante, s'allongeant de façon à ce que lui et Remus partagent l'oreiller, leurs flancs pressés l'un contre l'autre. Remus est plus mal à l'aise que jamais. Il est torse nu, avec deux garçons pressés contre lui de bien trop près et sans Lily pour servir d'intermédiaire entre eux. En plus, il a encore mal et se demande si Lily a évité l'anti-douleur juste pour le faire souffrir.

James lui lance un regard furieux derrière ses lunettes de hibou. « T'en sais rien... »

Sirius hausse un sourcil et fixe avec insistance l'entrejambe de Remus. Il y a une petite, mais très notable bosse, là et Remus maudit le fait qu'il ait enfilé un jeans moulant aujourd'hui, juste pour impressionner Sirius. L'ironie est cruelle. « Mec... » dit Sirius, avec tout son sérieux « ...tu lui files la trique. »

A ce moment-là, une pensée traverse Remus : mourir brûlé n'était peut-être pas un si mauvais destin que ça, finalement.


« Ça va ? »

Remus se frotte les paupières et cligne des yeux. Il jette un coup d'œil à l'extérieur et vérifie que, en effet, le soleil est à peine levé. C'est les vacances et Remus fixe le visage divin de Sirius à une heure indécemment matinale. Remus le sait parce qu'il est dehors, dans le froid glacial, avec pour seul vêtement son pyjama en flanelle décoré de canards (et dans lequel il ne serait jamais sorti s'il avait toutes ses capacités de réflexion) et aussi parce qu'il n'est pas du tout content d'être réveillé.

« Sympa, le pyjama. » commente Sirius avec un sourcil haussé. Ses yeux descendent jusqu'aux chaussettes de Remus, aussi bigarrées qu'un putain d'arc-en-ciel. Si jamais James émettait à nouveau des doutes sur sa sexualité, porter ces chaussettes devrait être une preuve suffisante de sa gayttitude.

« Qu'est-ce que tu fous ici ? » demande finalement Remus, après avoir saisi le fait que ce n'était pas un cauchemar et qu'il est vraiment réveillé. Il enroule ses bras autour de son corps, frissonnant un peu. Des bouffées d'air froid s'échappent de ses lèvres tandis qu'il reprend la parole. « C'est à peine le matin... » Ce qui n'est probablement pas vrai parce que les parents de Remus sont levés ; mais le soleil est aussi ensommeillé et têtu que Remus l'est.

Sirius hausse les épaules. « Lily est réveillée. » Quand Remus lui lance un regard perplexe, il roule des yeux et dit, comme si c'était totalement évident : « James la harcèle. » Il sourit et jette un bras autour des épaules de Remus, s'invitant dans la maison des Lupin. Il ferme la porte d'un coup de pied derrière lui et Remus grimace quand il voit une large empreinte boueuse sur le battant. Sa mère ne va pas être contente. « Ça allait la première demie-heure mais ensuite c'est devenu ennuyeux. Ne t'en fais pas, James n'est pas un pervers. » rassure-t-il Remus qui a l'air inquiet tandis qu'ils montent les escaliers jusqu'à sa chambre. « Il ne mate pas. Ça, c'est plutôt moi. » Sirius lui fait un clin d'œil narquois tandis que le châtain enlève sa chemise. Dans d'autres circonstances, Remus aurait certainement rougi mais à présent recouvert de bandages, il n'a absolument rien d'excitant.

C'est marrant qu'il ne se sente pas aussi conscient qu'il le devrait. Son corps est couturé de multiples cicatrices, la plus remarquable étant celle qui part de son épaule jusqu'à son torse. Les gens les fixent toujours, bien qu'ils ne soient pas aussi impolis qu'ils ne l'étaient quand l'accident a eu lieu, mais Remus n'a jamais été à l'aise qu'avec ses parents et Lily. Peut-être que c'est la façon nonchalante dont Sirius s'allonge dans son lit qui le met à l'aise. Peut-être que c'est la facilité avec laquelle il peut lui parler, comme s'ils se connaissaient depuis des années et non pas juste quelques jours. C'est, après tout, seulement la troisième fois qu'il voit Sirius ; même si leurs appels téléphoniques ont été beaucoup plus fréquents depuis la fête de Noël chez les Lupin, après laquelle la mère de Remus a pris Sirius en affection. Remus sait à présent que Sirius a fui sa famille à Londres et qu'il vit avec les Potter comme un second fils. Il sait que Sirius a dix-sept ans, dix-huit dans quelques mois. Et que, tout comme Remus et Lily, il prend une année sabbatique entre l'école et l'université pour se décider sur ce qu'il veut faire plus tard. Remus sait aussi que Sirius aime les chiens, les tourtes à la viande, les motos et faire des blagues scandaleuses. Et il veut vraiment en apprendre plus.

« Tu m'invites à petit-déjeuner. » ronchonne Remus, enfilant son pantalon. Il roule des yeux quand Sirius émet un bruit déçu. « C'est la troisième fois que tu me sors d'un sommeil parfait. A chaque putain d'appel que tu passes, ma mère vénère le téléphone comme si c'était le Saint Graal. »

Sirius hausse des épaules, un sourire provocateur déjà sur son visage. « Je n'y peux rien si je lui plais. »

Remus fait semblant de vomir. « Allons-y. On doit être à l'arrêt de bus dans dix minutes si on veut y arriver un jour. » Il enfile ses chaussures et tire vivement Sirius de son lit par le bras. Il ne le lâche que quand le garçon commence à marcher seul ; et ce, surtout parce Sirius a tendance à être facilement distrait. L'autre part de lui veut juste être capable de tenir la main de Sirius. Il la lâche quand ils arrivent près de la cuisine, où ses parents prennent leur petit-déjeuner, et fait un signe de la main à sa mère.

« Pourquoi est-ce qu'on ne prend pas ta voiture ? » l'interroge Sirius, envoyant un baiser à Mrs. Lupin tandis qu'ils sortent de la maison. L'arrêt de bus est à juste quelques pâtés de maisons mais Remus se dépêche quand même. « On pourrait s'y rendre bien plus rapidement. Y'aurait juste à demander à ton chauffeur de l'amener. »

Remus s'arrêta net. « Sirius, je... » Il ne sait vraiment pas quoi dire alors il pousse un soupir d'exaspération. « Je suis de la classe moyenne. »

Sirius a l'air aussi éclairé qu'un guppy. (8) « Ça veut dire que ton chauffeur est pauvre ? »

« Ça veut dire que je n'ai pas de chauffeur ? » rétorque Remus, en riant. « Ou de réelle voiture, pour ce qu'elle vaut ; elle peut seulement rouler une vingtaine de kilomètres avant de tomber en panne. Franchement, comment t'es arrivé ici ? »

« Le chauffeur des Potter m'a déposé. » répond simplement Sirius, comme si c'était la chose la plus évidente au monde. Remus avait presque oublié que les Potter étaient aussi riches que les Black, même si beaucoup plus modestes quant à leur fortune. Malgré qu'il ait fugué, les vêtements de Sirius sont extrêmement bien ajustés et embaument toujours le parfum cher. Mais quand même, être à ce point ignorant des transports en commun est exagéré ; assurément, Sirius n'a pas vécu dans un cocon totalement fermé de petit garçon riche.

« Viens. » Remus lui fait signe d'approcher, quand le bus s'arrête devant eux. « Entre avant que les gens commencent à pousser. Si c'est ta première fois, alors tu vas faire un trajet d'enfer ! » Il tire Sirius à l'intérieur facilement et remercie toutes les divinités possibles que le bus ne soit pas aussi bondé que d'habitude. Même si quelque chose lui dit que ça va empirer. « Je vous en prie. » dit-il en offrant son siège à une très jolie femme avant même qu'il se soit assis. Elle lui lance un regard reconnaissant.

« Pourquoi est-ce que tu lui as laissé ta place ? » murmure Sirius, un peu trop fort. Il fronce les sourcils et lance un regard dédaigneux à la femme à côté de lui et puis aux barres auxquelles s'accroche Remus de toutes ses forces, tandis que le bus bringuebale et cahote sur la route. « Elle était à toi ! »

Remus, tout comme la femme, rougit vivement. « Sirius. » murmure-t-il à travers des dents serrées, jetant un regard désolé à la dame. « Elle est enceinte. »

Si Remus s'attendait à ce que Sirius ressente du remords face à la situation de la pauvre dame, il s'est remarquablement planté. Ses lèvres expriment encore plus son dédain et il dit simplement : « Alors, elle aurait dû demander à son chauffeur de l'emmener. » Il regarde le bus, prenant mesure de l'étalage de gens qui leur manifestent une curiosité pas tellement polie. « Est-ce qu'ils sont tous de la classe moyenne ? »

Remus pousse un gémissement de consternation et renonce à répondre à aucune des questions de Sirius. « Sirius, c'est un très long trajet alors si tu pouvais tout simplement ne pas parler. » Il essaie d'ignorer la moue adorablement coupable de Sirius et concentre son attention plutôt vers l'avant du bus. Ce qui est une erreur, parce que, du coup, il attire le regard d'un homme d'âge moyen qui lui fait un clin d'œil et lui fait des gestes vraiment indécents contenant entre autres un poing. Pas que ce soit quelque chose de neuf. Ça arrive à peu près partout où que Remus aille : au supermarché, dans le bus, même dans les putain de toilettes. Lily le qualifie d'aimant à mecs, pour plaisanter. Apparemment, quelque chose dans sa stature dégingandée, ses cheveux châtains lâches et son pâle visage juvénile est très attirant pour les hommes au-delà de quarante ans. Quelque part là-haut, Remus pense que Dieu se marre bien de ses échecs constants pour sortir avec des gens de son âge (ou du moins dans les alentours). Il a dix-sept ans, prêt à entrer à l'université et n'est jamais sorti qu'avec Lily Evans. Parfois, même lui a du mal à croire qu'il est gay ; il n'a pas certainement d'arguments convaincants pour ça.

« Y'a quelque chose qui va pas ? »

Remus regarde Sirius, qui a été anormalement silencieux ces cinq dernières minutes. « Hm ? »

« Tu n'arrêtes pas de remuer et de t'aplatir contre cette vitre. Je pense que tu as même un chewing-gum collé sur ton cul. » fait remarquer Sirius aimablement.

Remus lance un sourire rassurant à Sirius. « Ce n'est rien. Juste un geste tactique que j'ai appris il y a un moment. » Il soupire quand Sirius le regarde avec l'air d'attendre quelque chose, plus d'informations, probablement. Trop habitué à la situation actuelle pour en être encore embarrassé, il lance un regard significatif au vieux chnoque qui le mate. Déjà, l'homme s'est rapproché de deux pas. « Mieux vaut un chewing-gum que des mains de vieil homme. » explique-t-il de façon énigmatique, mais à la façon dont les yeux de Sirius changent et s'assombrissent, il peut dire qu'il a bien reçu le message. De toute évidence, Sirius n'est pas aussi con qu'on pourrait l'imaginer. « Ça arrive tout le temps alors pas la peine de s'inquié...Sirius, qu'est-ce que tu fous ? » crie Remus quand Sirius se lève de son siège pour se positionner juste devant Remus. Ses mains se placent de chaque côté de la tête de Remus comme support tandis qu'il se rapproche de lui au point que leurs nez se touchent. Remus peut même sentir la braguette de Sirius contre sa cuisse ; la position est vraiment inconfortable.

Sirius lance un regard furieux derrière lui, puis se retourne vers Remus avec un sourire content. « Problème réglé ! »

Ce qui est tout à fait faux parce que maintenant, Remus doit trouver un moyen pour calmer son sexe afin d'éviter de le frôler avec celui de Sirius. La torture atteint presque le point où il souhaiterait que ce soit le vieux type qui soit pressé contre lui à la place de Sirius. « Sirius, ce n'est vraiment pas nécessaire. » essaie Remus, maudissant sa voix quand elle sort un peu rauque. « Je sais prendre soin de moi. »

« Psh. » rejette Sirius, son souffle, chaud sur les joues de Remus. « Je protège ton honneur. Merde, t'es tellement dur, Remus. »

Remus sent son visage exploser. « Je-je suis désolé...Je-je... »

« Tu n'as que des os ! »

Remus pousse un soupir de soulagement. Il a déjà renoncé à lutter contre la folie de Sirius et tout simplement accepté le fait qu'il est coincé là pour encore une demie-heure. Au moins, le vieux mec a arrêté de le regarder, optant pour un air mécontent. Il appuie son front contre l'épaule de Sirius, pousse un soupir. Une fois qu'il s'habitue à leur trop grande proximité, Remus réalise que l'épaule de Sirius est assez confortable. Sa peau est juste à la bonne température et il sent diablement bon. Ses cheveux chatouillent de temps en temps le nez de Remus mais à part ça, Remus s'endormirait presque dans les bras du brun.

« Tu sais, ça fait un moment que je veux te demander. » fait tout d'un coup Sirius, un bras passé autour de ses épaules tandis que l'autre appuie leurs corps contre la vitre. « Est-ce que tu as eu un accident, ou un truc du genre ? » Ses doigts courent sur le pull de Remus, traçant, avec une précision parfaite, une des plus grosses cicatrices couturant le torse de Remus. « J'avais déjà remarqué la première fois, quand on s'est rencontrés ; ce costume d'elfe avait un décolleté assez plongeant. » Il sourit faiblement à la piètre blague. « Tu n'es pas obligé de me répondre si tu ne veux pas... »

Pendant une seconde, Remus hésite. Mais, alors, il voit la sincérité dans les yeux gris de Sirius et se retrouve à avouer une part de sa vie que très peu de gens connaissent. « Quand mon père était encore à l'école, il a été témoin d'un meurtre de Fenrir Greyback. » Sirius prend une légère inspiration. « Les gens avaient peur de témoigner contre lui, à l'époque ; j'imagine que c'est toujours le cas aujourd'hui. Alors, mon père s'est finalement rendu à la police puis au tribunal ; Fenrir a reçu une peine de vingt ans de prison sur parole. Ça aurait dû être à perpétuité mais il avait des amis haut-placés, je suppose. » Remus jette un regard par la fenêtre, regardant silencieusement les gens descendre du bus à l'arrêt. Il y a un petit garçon, pas plus vieux que quatre ans, piquant une crise parce qu'on lui refuse une glace. « Quand j'avais cinq ans, il a été libéré. La prison ne lui avait pas fait de cadeau et la seule chose qu'il voulait, c'était se venger. Il a réussi. »

Le visage de Sirius est un mélange de dégoût, colère et incrédulité. « Mais tu étais un... »

« Enfant ? » Remus sourit amèrement. « De cet incident, je n'ai que quelques flashs, vraiment. Je me souviens qu'il était dans ma chambre, au-dessus de moi. Et je me rappelle un couteau, et les coups de ses bottes contre mon corps. J'étais presque mort quand ils m'ont trouvé. Une de mes côtes avait percé mon poumon et... » Il pointe la cicatrice qui barre son torse. « Mes parents ont dépensé tout leur argent dans la chirurgie et les meilleurs traitements qu'ils pouvaient trouver. » C'est ça le pire, pense-t-il, déglutissant difficilement. Il a depuis longtemps surmonté sa peur de Greyback et des couteaux mais l'accident lui rappelle toujours des souvenirs douloureux qui lui enserrent la gorge. « Même après que je m'en sois plus ou moins sorti, j'avais des problèmes respiratoires, alors les médecin ont suggéré que je me mette à la natation pour apprendre à réguler mon souffle et augmenter ma capacité pulmonaire. Une chose menant à une autre, je me suis pris à aimer ça. » Il change légèrement de position quand les bras de Sirius le serrent un peu trop fort, comme dans une étreinte rassurante. « Ma respiration fait parfois des caprices quand je panique beaucoup alors...la natation est un peu mon exutoire ; ça me calme. »

« C'est pour ça que ta mère pleurait l'autre jour ? »

Remus éclate de rire. « Non, ça, c'est juste ma mère. Elle pleure même à chaque fois qu'on casse une de ses assiettes. Tu aurais dû la voir, l'autre jour, quand papa a ébréché un mug quand il est tombé dans l'escalier. Elle n'arrivait pas à se décider sur ce qui était le plus dramatique alors s'est mise à pleurer à intervalles réguliers toute la journée. »

Sirius rit légèrement. « Tu sais, quand je t'ai vu la première vois, j'étais tellement sûr de savoir exactement ce que tu étais : le petit garçon à sa maman qui ferme bien tous les boutons de sa chemise et ne parle de rien d'autre que de la politique et la météo. » Il enroule une des boucles de Remus entre ses doigts et l'écarte de son visage. « Mais tu continues de me surprendre à chaque fois. »

Remus rougit, se sentant soudainement ridiculement heureux face à un si petit compliment. Il se demande quoi répondre. Devrait-il dire merci ? Ou peut-être devrait-il lui aussi faire un compliment ? Heureusement, le crissement des pneus lui permet d'arrêter de se triturer les méninges. « C'est notre arrêt. » dit-il d'un ton joyeux, content et déçu à la fois de finalement quitter les bras de Sirius.

« Le dernier à descendre est un aimant à mecs ! »


« Mhm, je te verrais dimanche, alors. Non, tu ne peux pas venir à huit heures du mat' juste pour me voir dans mon pyjama avec des canards. Et je te ferais dire que maintenant je porte un pyjama plus viril, avec des rayures. » fait Remus, vexé. « Okay. Bye ! »

« Et bien, et bien, Remus Lupin, regarde-toi ! » chantonne Lily, tombant sur le lit à côté de Remus et lui donnant un coup d'épaule. « A parler comme un amoureux transi au téléphone. Ça m'étonne que vous ne soyez pas encore fiancés. »

« Fais pas l'idiote. » contre Remus, même s'il sait que son visage a pris la jolie couleur d'une tomate bien mûre. « Je ne suis pas un amoureux transi. On avait une conversation normale et banale. »

« Vraiment ? » Lily hausse un sourcil et regarde avec insistance la photo de Sirius et lui, prise le jour où ils étaient partis skier. Remus avait fait semblant d'avoir le vertige juste pour avoir une excuse pour s'accrocher à Sirius. C'est pathétique, il le sait, mais à chaque fois qu'il regarde cette photo, il sent des bulles de bonheur prendre naissance dans son ventre. « Et une conversation normale et banale consiste en général à ce que vous parliez de ce que vous portez à l'instant même et ce que vous allez porter demain, pour votre vingtième-septième rendez-vous ? »

Techniquement, ce ne sont pas réellement des rendez-vous. Après leur première sortie, Sirius avait pris l'habitude d'emmener Remus à de plus en plus d'endroits et à lui apprendre de nouvelles choses. Ils avaient même été à la chasse à l'appartement, pour le futur déménagement de Sirius (grâce au généreux héritage laissé par l'oncle de Sirius qui lui avait laissé pas mal "d'argent de poche"). Et si Remus est ravi de voir qu'ils sont rapidement devenu amis, il ne peut s'empêcher d'espérer encore un tout petit peu. Mais il a toujours été du genre réaliste et ne pousse pas les choses, pas plus qu'il n'espère autre chose qu'une simple relation amicale. Il se dit que ça lui va que Sirius ne soit juste qu'un bon copain.

« Lily, je suis gay. Bien sûr que je parle de vêtements. » Il ignore ce regard douteux qu'elle lui lance quand il joue sa carte "stéréotype gay" pour se sortir d'une situation. Malheureusement, Remus remplit bien peu les "critères gay" – n'étant jamais réellement sorti avec un mec ou en avoir embrassé un. Et avoir Lily comme ex-petite-amie n'aide pas non plus. « Pourquoi est-ce que tu prends même la peine de compter ? »

Lily éclate de rire et ébouriffe ses cheveux. « Tu rougis ! T'es complètement amoureux de lui ! » Elle rit un peu plus fort, quand Remus rétorque "pas vrai !". « Je dois l'admettre, ce n'est pas un con fini. Pas comme son crétin d'ami, en tout cas. Tu sais qu'il a carrément amené un orchestre complet à ma porte, la nuit derrière, et qu'il a chanté une ridicule chanson d'amour qu'il a écrit lui-même ? Les voisins vont en parler pendant des mois ! »

« Pour quelqu'un que tu ne peux pas voir en peinture, on dirait que tu parles beaucoup de lui. » rétorque Remus, espérant l'éloigner du sujet. Le fameux mot en "A" est tombé si facilement des lèvres de Lily que Remus en est chamboulé. Il craint qu'elle n'ait raison.

« C'est parce qu'il est toujours là, à essayer d'ouvrir les portes, tirer les chaises, m'offrir sa veste, réciter de la poésie...eurk ! » crie Lily de frustration, ébouriffant ses cheveux puis se balançant sur les genoux de Remus. « J'ai eu beau lui répéter des centaines de fois de dégager, ça ne marche pas, je vais avoir besoin d'une putain d'ordonnance restrictive ! »

« Il m'a plutôt l'air du mec idéal. » raisonne Remus, en la regardant. « Il te veut du bien et je pense que tu lui plais sincèrement. Tu dois arrêter d'être aussi dure avec lui et lui laisser une chance. » Et quand Lily souffle avec indignation, Remus place une main apaisante sur son front. Une crise de colère est la dernière chose dont il ait besoin, venant d'elle.

« Il est pompeux. » contre Lily faiblement, levant les yeux vers lui. « Et si bruyant, comme si tout devait être un spectacle. Il fait ces horribles blagues et essaie de charmer et séduire tout le monde sur son chemin. C'est tout bonnement exaspérant ! »

Tout ça semble horriblement familier aux oreilles de Remus et il détourne le regard, mal à l'aise. Une autre raison pour laquelle il ne se permet pas d'espérer, malgré que Sirius et lui soient de plus en plus proches, est que Sirius a tendance à flirter avec n'importe qui. Il lance des clins d'œil et des baisers tout le temps. Le pire, c'était au réveillon du nouvel an, quand ils étaient sortis en boîte et que Sirius avait été comme le putain de poteau contre lequel tout le monde voulait se frotter. A ce moment-là, Remus avait essayé de faire taire la douleur ressentie à voir Sirius mettre dans sa poche un bon nombre de numéros de téléphone en faisant semblant d'apprécier toutes les boissons gratuites.

« Est-ce que c'est Sirius qui t'a donné cette chemise ? » questionne Lily, tirant Remus de ses pensées. « Je ne l'ai jamais vue avant. »

Remus acquiesce. « Cadeau de Noël. En même temps qu'une boîte de chocolats, si tu en veux... » Il ne mentionne pas tous les autres cadeaux que Sirius ne cesse de lui offrir, tandis qu'il tend ladite boîte de chocolats belges affreusement chers. Rien que l'emballage vous donnait faim et le parfum en était fantastique.

Lily sourit, en prenant deux à la fois, sans prendre la peine de mâcher. « Et bien, Lupin, tu t'es trouvé un mec parfait. »

Et c'était exactement le problème de Remus. Sirius était tout bonnement parfait. Et Sirius n'était pas le moins du monde intéressé.


(1) Honnêtement, je ne sais PAS comment traduire "two thumbs up" en français sans faire du littéral. En tout cas, c'est un signe d'encouragement/d'approbation. Faîtes le geste et vous comprendrez tout de suite.

(2) Un jour, je me dis que les auteurs anglophones en auront marre de cette blague idiote "Sirius/serious" (Sirius/sérieux) et que plus jamais je ne devrais l'expliquer. Pour ceux qui ne savent pas, ça se prononce exactement de la même façon.

(3) Vraiment, je dois encore faire une note ? Black = noir, je pense que tout le monde sait ça.

(4) Un soap-opera britannique diffusé depuis 1960 (et toujours d'actualité). Ce feuilleton suit la vie des habitants de la Coronation Street (rue imaginaire dans une ville imaginaire), et les personnages sont généralement issus de la classe ouvrière. Répliques et situations à l'humour très pince-sans-rire. Selon la très chère encyclopédie libre, un équivalent français serait Plus belle la vie.

(5) Décidément, les références britanniques font légion dans ce chapitre. Donc, Andy Pandy est une série télévisée pour les enfants qui date de 1950 mettant en scène une marionnette qui vivait dans un panier de picnic.

(6) Vous connaissez Riverdance ? Et bien, ça, sans les claquettes. Pour décrire un peu mieux si vous n'avez pas envie de chercher : danse qui se caractérise avant tout par des mouvements rapides des jambes, alors que le reste du corps, tronc et bras restent fixes et très rigides.

(7) Bon, techniquement, la chanson chantée est "O holy night", ce qui correspond à "Minuit, chrétiens", version française. Je ne suis pas chrétienne et je ne fête pas Noël mais...détrompez-moi s'il le faut mais je n'ai pas l'impression qu'on chanterait ça chez soi en fête de famille ! J'ai donc pris la liberté (à tort, me rétorqueraient mes profs) de choisir une chanson plus populaire qui me semblait mieux coller à la situation et à la culture francophone. Comme le chant choisi est à l'origine allemand (Stille nacht, heilige nacht), il existe des tonnes de versions françaises différentes (j'en ai trouvé au moins quatre). J'ai pris les deux premiers vers que je retrouvais le plus souvent.

(8) Un guppy est un petit poisson d'eau douce tropicale assez coloré en général.

Je n'ai jamais dû faire autant de notes explicatives dans un seul chapitre, woah Ôô

En espérant que ma traduction soit d'un niveau acceptable (je n'ai vraiment pas le courage de la retravailler à fond quand je ne fais quasiment que ça tous les jours !) et que cette fic vous plaira autant qu'à moi =) Ah, pour le titre, j'ai préféré le garder en anglais parce que "La poursuite/quête d'une lente réalisation/prise de conscience", avouez que ça ne casse rien. Et j'ai toujours été nulle pour la traduction de titres.

Sorn

Notes d'auteur : Bon, au départ, ça devait être un one-shot pour Noël mais j'ai continué à écrire, écrire et écrire. Donc, ce sera une romance en three-shot, loin des intrigues compliquées que je fais d'habitude. Simplement une histoire légère, romantique/fluff/cette chose où votre cœur manque un battement. Alors j'espère que vous avez apprécié ce premier chapitre !