Hello ami lecteur!

Voici la première partie de ma toute nouvelle fic.

Autant vous prévenir, cela fait des mois que je bosse dessus et j'ai eu beaucoup de mal à la découper en chapitre. D'où ce pavé... J'espère que cela ne vous empêchera pas de le lire!

Rating: M - Yaoi of course!

Disclaimer: Evidemment, Bleach et ses personnages ne sont pas à moi! Cette histoire oui ;-)

Pairing: Facile, c'est annoncé dès le départ: Ichi x Toshi

Résumé: Un mariage arrangé, deux personnalités qui se découvrent. Et ça promet de ne pas être simple!

Bonne lecture! J'espère vraiment que ça vous plaira!


Partie 1

Assis sur le bord du lit, une tasse d'Oolong posée au creux de la main, ses yeux survolaient les contours de la pièce sans les voir. Pourtant, un éclatant soleil illuminait la chambre, ses rayons chauffant l'atmosphère de cette fraîche matinée d'avril.

Une magnifique journée s'annonçait. Du moins sur le plan climatique.

L'impatiente expectative de ces derniers jours s'était muée en une boule d'angoisse, certes infime, mais néanmoins bien présente au creux de son estomac. Le jour fatidique était enfin arrivé, à la fois lentement et trop vite. Il n'avait par le passé jamais imaginé cet instant, jamais fait de plans chimériques ou de doux rêves. Aussi n'était-il pas déçu par son manque d'implication, d'excitation. Il attendait, résigné, curieux et stressé, tout cela à la fois.

Dans quelques heures, il serait marié.

Au travers la fenêtre entrouverte, une brise printanière agita le rideau de voile blanc, attirant le regard du jeune homme vers l'extérieur. Les cerisiers déployaient leurs fleurs blanches et roses, dansant sous le soleil, laissant pleuvoir des centaines de pétales sur les passants.

Passants qui n'étaient autre que les invités, conviés en nombre pour l'occasion.

Il fronça les sourcils.

Décidément, tout le ramenait aux événements à venir.

En particulier le kimono posé sur une chaise qu'il allait devoir enfiler sans tarder.

C'était un superbe costume de cérémonie. Le kimono était en coton d'Egypte, de couleur gris foncé et le obi, de couleur crème, délicatement ouvragé et tissé de fils d'argent, était fait d'une soie incroyablement douce et brillante. Une véritable œuvre d'art, qui avait été faite sur-mesure. Douce intention qui avait été payée par la famille de son futur, lui-même n'ayant que fort peu de chose à apporter à cette union en dehors de son statut de capitaine.

Il resta encore un instant immobile, savourant le silence et la solitude. Deux choses qui, le supposait-il, ne tarderaient pas à lui faire défaut en ce jour solennel.

Il se leva ensuite, déambulant dans la pièce et se dirigea vers son kimono. Promenant ses doigts sur le doux tissu de son habit, il s'amusa à suivre le tracé des broderies, découvrant les motifs argentés. Des dragons et des fleurs de lys. Les emblèmes des deux familles.

Familles qui étaient à l'origine de tout.

Si cela n'avait tenu qu'à lui, la situation serait restée telle quelle.

A savoir un parfait célibat en ce qui le concernait.

Une vie consacrée au travail et au perfectionnement de ses talents de shinigami. En tant que Capitaine, il ne manquait jamais d'occupation, ni de compagnie si il le souhaitait. Gérer une centaine d'hommes était une activité qui pouvait occuper tout son temps s'il le voulait. La vie de couple ne l'avait par ailleurs jamais vraiment attiré.

Alors, le mariage... Il n'y avait songé.

S'il n'y avait pas eu cette stupide loi!

Soupirant, il se demandait une énième fois comment la Chambre des 46 avait bien pu laisser une coutume aussi féodale perdurer.

Imposer le statut marital à toute la classe dirigeante de la Soul Society…

Une aberration !

Jusque là, l'absence de conjoint n'avait en rien nui à son travail et il ne voyait pas en quoi son très proche mariage allait bien pouvoir apporter une amélioration quelconque à ses performances professionnelles.

Il n'est plus l'heure de poursuivre de tels raisonnements... Songea-t-il en consultant l'horloge.

Dans quelques heures, la cérémonie serait achevée et il se serait plié à la loi.

Un coup discret se fit entendre.

« Capitaine, êtes-vous prêt? Votre belle-famille vient d'arriver et la cérémonie de la présentation va bientôt commencer. » Demanda une voix féminine.

Son lieutenant. Conviée pour l'occasion. Et qui de toute manière aura tout fait pour ne pas rater cela.

« J'arrive dans quelques minutes. » Répondit-il.

Un dernier regard vers la fenêtre, emplit d'envie pour les oiseaux qui sautillaient de branches en branches, sans souci de l'agitation au-dessous d'eux.

Ultime soupir pour sa liberté qui lui semblait désormais perdue.

Puis il jeta son kimono sur le lit et entreprit de se vêtir.


Salle des vieux sages - Célébration

La cérémonie de présentation avait débuté depuis une quinzaine de minutes déjà et il ne l'avait toujours pas vu.

Lui, son futur époux.

Son entourage familial, déjà fort limité, était en prime peu enclin aux rumeurs et on lui avait simplement confié qu'il s'agissait d'un jeune homme charmant et de très bonne famille. Autant dire rien de consistant.

Qui aurait eu l'audace de lui dire que son futur époux était laid et discourtois ?

C'aurait été encourir son mécontentement et peu de monde était assez audacieux pour cela.

Il se demandait avec une certaine angoisse si son futur était bel homme. Mais sûrement devait-il déjà s'estimer heureux que ses inclinaisons aient été respectées et qu'il ait réussi à conclure une union aussi avantageuse sur le plan social, encore que ce dernier statut lui importe peu.

Cela avait été l'une de ses premières craintes lorsque le Capitaine de la 1ère division lui avait signifié que, désespérant que son petit prodige se plie de lui même à cette ancestrale coutume, il avait pris l'initiative de lui organiser des fiançailles.


Flashback – Bureau du général Yamamoto

« Hitsugaya Taicho, cela fait plus de cinq ans que vous avez atteint l'âge de raison. Lorsque nous nous étions entretenu à cette époque de votre futur mariage, vous aviez requis un délai afin de choisir votre partenaire et d'organiser la cérémonie. Je n'ai hélas eu aucun retour sur le sujet en dépit de mes nombreuses relances, ce que je déplore fortement. Cette situation ne peut plus durer Hitsugaya Taicho ! » Gronda le Capitaine Yamamoto, posant un regard sans aménité sur son subordonné.

Hitsugaya garda la tête baissée, prenant bien soin de ne pas mot dire devant le vieil homme.

« Comme vous le savez, il s'agit là d'une très ancienne loi de la Soul Society et en tant que Capitaine, cela n'a pas du vous échapper, il est de votre devoir de respecter la loi. Je vous le demande une dernière fois. Et je vous prie de réfléchir, Capitaine, car votre réponse pourrait avoir de graves conséquences. Avec qui souhaitez-vous vous marier? »

Le jeune capitaine aux cheveux de neige s'était incliné devant son supérieur avant de lui répondre, contrit :

« Yamamoto Taicho, avec tout le respect que je vous dois et celui que je porte aux us et coutumes du Seireitei, je suis au regret de vous dire que, comme il y a cinq ans, ma position n'a pas changé et il n'existe personne avec laquelle je souhaiterais me marier. »

L'honorable dirigeant ne put réprimer un soupir.

« Vous ne me laisser donc plus le choix, Hitsugaya Taicho. Je vais moi-même organiser cette affaire, afin que la situation soit régularisée avant l'été. »

Le jeune homme ne répondit pas, même si un frisson lui parcourut le dos. Cela était inéluctable, il savait très bien qu'il ne pourrait plus échapper longtemps à ces obligations de Capitaine.

Ainsi c'était dit. Dans quelques mois, il serait marié.

Le vieil homme reprit d'une voix plus dure, martelant les mots:

« Sachez tout de même que cette situation n'est agréable ni pour vous, ni pour moi Capitaine. Croyez-vous sincèrement que mes occupations me laissent le loisir de gérer la vie privée de mes subordonnés? C'est votre entêtement qui est à l'origine de ces circonstances, inédites je ne vous le cache pas ! A l'avenir, cherchez le moyen de concilier au mieux vos gouts personnels et vos devoirs, plutôt que de rejeter vos responsabilités! »

Courbant la tête sous le sermon, le jeune shinigami rougit, sachant pertinemment que son supérieur avait raison. La remontrance était légitime, il ne niait pas avoir sciemment évité le sujet, n'y trouvant pas de solution adéquate.

« Je vous présente mes excuses Général. Soyez sûr que désormais, je veillerai à ne plus vous mécontenter. »

Le capitaine de la 1ère division gronda pour seule réponse. Puis reprit :

« Bien, je vais voir ce que je peux faire pour vous et vais vous arranger un mariage avec le meilleur parti possible. J'ai cru comprendre que vos inclinaisons naturelles vous portaient plutôt vers la gente masculine, aussi respecterai-je ce choix dans ma recherche. Votre statut de Capitaine et de Tendo sont des atouts importants pour la conclusion d'une union de qualité. Soyez néanmoins conscient que votre origine sociale et que, n'ayant plus aucune famille, vous ne pourrez prétendre à un mariage exceptionnel. Enfin, nous ferons de notre mieux. Allez, retournez à votre division maintenant."

« Merci pour tous vos efforts, Yamamoto Taicho. » Remercia Hitsugaya avant de s'enfuir plus qu'il ne partit.

Plus de trois mois s'étaient alors écoulés, sans aucun signe de la part du vieil homme. Toshiro avait eu l'espoir insensé que personne n'ait voulu de lui, bien que cela soit au demeurant fort peu flatteur, et qu'il pourrait continuer à vivre comme avant.

Une convocation arrivée début mars mit fin à ses illusions. Le général sirotait tranquillement un petit whisky lorsqu'il le salua. Il avait décidé de laisser tomber le thé après 16 heures, cela lui donnait des insomnies.

« Bien Hitsugaya Taicho, j'ai une bonne nouvelle à vous annoncer. L'illégalité dans laquelle vous vivez actuellement prendra fin très prochainement. »

Le cœur de Toshiro se serra. Ce n'était pas exactement ce qu'il appelait une bonne nouvelle.

« J'ai pris contact avec de nombreuses familles de shinigami et j'ai réussi à en trouver une qui, je l'espère, vous conviendra parfaitement. Vous serez marié très bientôt, votre futur belle famille étant bien consciente du délicat de la situation. Aussi est-elle prête à raccourcir la période de fiançailles, habituellement de deux ans et à s'en tenir au protocole le plus minimaliste pour ce genre d'union. »

Retenant son souffle, le jeune homme attendit l'énonciation de sa sentence, à savoir le nom de son futur époux.

« Capitaine Hitsugaya, vous serez officiellement fiancé avec l'héritier de la famille Kurosaki demain et marié à ce jeune homme d'ici un mois. »

La famille Kurosaki.

Il avait beau chercher, ce nom lui disait quelque chose. Mais évidemment, impossible de resituer le contexte.

Devant le mutisme du jeune prodige, le général Yamamoto ne put réprimer un soupir de lassitude avant de reprendre, comblant les lacunes du Tendo.

« Il s'agit d'une très ancienne famille de shinigami, des nobles d'assez belle lignée. Leur fortune n'est pas immense mais permet de leur assurer une vie confortable. Ils ont également quelques beaux faits d'armes à leur actif. Cependant, » Ajouta-t-il en voyant le jeune shinigami se creuser la tête en vain. « Il est peu probable que vous les ayez déjà rencontrés car la famille Kurosaki a en charge la protection de la ville de Karakura, dans le monde réel, et ne vient que très rarement à la Soul Society. »

Le monde réel ?

« Cela signifie-t-il que je vais devoir aller habiter là-bas ? » Demanda froidement le Capitaine, plutôt suspicieux.

Il était hors de question qu'il délaisse sa division au profit d'une vie de famille absolument pas désirée ! Il ne se voyait absolument pas dans le rôle de la petite épouse bourgeoise, oups, pardon, de noble lignée, s'occupant de son intérieur et bichonnant son époux ! En plus, la vie dans le monde réel ne l'avait jamais attiré, sa petite taille donnant le plus souvent lieu à des situations éminemment burlesques pour les autres (et notamment son fukutaicho, le vice-capitaine Matsumoto Rangiku, qui s'était largement gaussée lors de certaines missions) et passablement dérangeantes pour lui.

Il avait horreur d'être le centre de l'attention et surtout d'être considéré comme un gamin. Son physique hélas ne l'aidait guère. A son grand désespoir, il ne grandissait pas d'un pouce, conservant au-delà des années cette allure d'adolescent juvénile qui finissait par l'horripiler. Au sein du Seireitei, sa réputation de shinigami prodige et en tant que responsable de la 10ème Division, son apparence n'était plus un problème, bien qu'il ait longuement lutté pour en arriver là. Dans le monde réel, c'était une autre paire de manches !

En conséquence, s'il était prêt à se marier pour être en règle avec la Soul Society, il ferait avec. Cependant, son travail était sa priorité et rien, pas même un ordre du Général Yamamoto en personne ne pourrait changer ça.

Il était hors de question d'aller vivre dans le monde réel !

Le vieil homme en était bien conscient. Il savait que le petit prodige avait un caractère bien trempé et ne se donnait pas la peine de le cacher. Il savait faire preuve de souplesse lorsque c'était nécessaire mais pouvait aussi se montrer parfaitement intraitable.

Le Général avait donc choisi le futur époux en conséquence. On disait que Kurosaki junior avait un tempérament de feu et il n'en faudrait pas moins pour faire fondre l'iceberg entêté qu'il avait devant lui.

Le vieil homme poursuivit :

« Absolument pas, quoique des voyages seront sûrement à prévoir afin d'aller rendre visite à votre belle-famille, comme l'exige la coutume. Au vu de la réhabilitation des Quincy, il a été décidé que la protection de la ville serait désormais partagée entre la famille Ishida et Kurosaki. Le jeune Kurosaki, Ichigo de son prénom, viendra tout d'abord au Seireitei afin de se perfectionner dans les arts martiaux et partagera son temps entre Karakura et ici. La situation pourra ensuite évoluer, au vu des circonstances du moment bien évidemment, mais il fera ses classes au Seireitei. »

Son subordonné ne répondit pas, plutôt pensif.

Enfin un point positif. Ce mariage ne devrait donc pas trop perturber le planning de mes activités. Quelques voyages dans le monde réel devraient être supportables, surtout si leurs durées n'excèdent pas les trois ou quatre jours.

Sa curiosité restait cependant insatisfaite. Il avait un peu honte de le reconnaître mais il se demandait quel genre de personne pouvait bien être Kurosaki junior. Et surtout à quoi il ressemblait. Ce n'était pas des questions à poser au commandant des armées de la Soul Society mais il s'agissait de son futur époux tout de même !

Rosissant légèrement, Toshiro demanda :

« Et heu…Comment est-il ? Enfin, je veux dire, quel âge a-t-il, ce genre de chose ... » Bredouilla-t-il en virant au rouge tomate sous le regard assassin de Yamamoto Taicho.

« Une bonne vingtaine d'années humaines. Environ, je ne sais plus très bien. Quant au reste, Hitsugaya Taicho, souvenez-vous bien que le physique du jeune homme n'a pas été ma priorité et qu'il n'est pas dans mes habitudes de m'occuper de la vie sentimentale de mes capitaines ! Aussi devez-vous faire avec ! Sachez simplement que je vous ai personnellement recommandé à la famille Kurosaki et qu'il s'agit là du meilleur mariage que vous puissiez faire. Tachez de garder cela en tête et de ne pas me décevoir. Allez, filez maintenant! » Tonna le vieil homme, clôturant ainsi l'entrevue.

L'impudent lui posait bien des questions ! Comment aurait-il pu y répondre ? Premièrement, il n'avait pas vu le jeune homme. S'il avait dû recevoir tous les partis potentiels, dans trois mois, on y était encore !

Qui plus est, lui était totalement hétéro et ne voyait pas bien sur quels critères il aurait bien pu se baser pour évaluer les prétendants.

Et que diable, il n'avait pas que cela à faire !

Ces jeunes avaient le don de l'exaspérer avec toutes leurs questions ! De son temps, les mariages arrangés étaient légions et on n'en faisait pas un foin ! Lui-même avait été marié ainsi et, avec le recul, jugeait le résultat assez positif.

Hitsugaya partit sans demander son reste, avec ses questions et ses inquiétudes. Son attente serait de toute façon de courte durée.

Fin du flashback


Les fiançailles avaient été une pure formalité, une simple signature sur un acte notarié. Il n'avait vu personne de la famille Kurosaki et encore moins le jeune homme.

Et le voilà, un mois plus tard, le jour fatidique déjà bien entamé, avec les mêmes questions et les mêmes inquiétudes.

Toute l'organisation du mariage avait été prise en charge par des entremetteurs, comme cela était la coutume dans la haute société. Hitsugaya n'avait pas vu l'ombre d'un préparatif, se bornant à signer ce qu'on lui avait mis sous le nez, sans voir personne.

Jusqu'à aujourd'hui.

Assis à genoux sur le sol en tatami, il enchainait courbettes sur courbettes afin de saluer les invités et les membres de sa belle-famille.

Kurosaki père était désormais assis face à lui et ce qu'il voyait n'était pas pour le rassurer. L'homme était brun, aux yeux noisette, avec un faciès jovial. Il semblait euphorique, parlait haut et fort, plaisantant beaucoup avec les invités.

Il semble très sûr de lui…

Toshiro plissa les yeux. Cela ne lui plaisait guère. Il détestait ce type d'homme beau parleur et toujours prompt à se mettre en avant. En leur présence, son tempérament naturellement réservé et plutôt froid devenait glacial et parfaitement hermétique. Peu bavard à la base, il s'enfermait alors dans un silence quasi religieux et ne desserrait les dents qu'en cas d'absolue nécessité.

Bref, rien qui puisse faciliter le premier contact.

Si le fils ressemble au père, je suis mal…

Il aurait bien croisé les doigts mais, dans une pièce de 20 mètres carrés, avec une douzaine de paires d'yeux fixés sur soi, difficile de le faire discrètement. Aussi renonça-t-il, se contentant de prier intérieurement.

De son côté, Isshin Kurosaki détaillait sans vergogne son gendre. En tant que beau-père, il estimait être de son devoir de jauger un minimum celui qui allait désormais tenir une place importante dans la vie de son fils unique.

Il souhaitait le meilleur pour Ichigo et une union heureuse en faisait partie. Il avait entendu beaucoup de bien sur le jeune homme, tout le monde vantant ses incroyables capacités et son statut de Tendo. On le disait aussi peu expansif et pas très enclin aux démonstrations affectives.

Peut-être un peu timide.

Cette apparente retenue rassurait Isshin qui n'aurait pour rien au monde voulu avoir un gendre aussi expressif que sa progéniture chérie, qu'il qualifiait en son fort intérieure de totalement survoltée, limite explosive.

Je pense que j'ai fait le bon choix…C'est à toi de jouer maintenant Ichigo !

Il espérait vivement que le jeune homme serait à la hauteur. Il avait pas mal virevolté, accumulant un certain nombre de conquêtes et son père avait jugé qu'il était plus que temps que son fils s'assagisse et entretienne une relation construite et fidèle.

Enfin, si possible…

Car lui-même n'avait pas toujours été exemplaire durant son mariage. Il avait néanmoins fait très attention et préservé les apparences, aussi ses enfants ignoraient-ils tout de ses incartades et c'était bien mieux comme cela.

Décidant de rompre avec le cours de ses pensées, bien trop anxiogènes à son goût, il prit la parole :

« Bien, je pense qu'il est temps de faire entrer Ichigo. »

Toshiro, la gorge soudainement sèche, releva un peu la tête. Pas trop car la bienséance voulait que les futurs époux se comportent avec dignité et pudeur, aussi ne devaient-ils pas se dévisager ouvertement, mais juste assez pour voir entrer son futur époux à travers ses mèches blanches.

Allez, pousse-toi ! Râla-t-il intérieurement à l'intention du Kurosaki père qui, s'étant levé pour ouvrir la porte à son fiston, lui bouchait la vue de son dos.

Lorsque le quinquagénaire se déplaça enfin, Toshiro aperçut pour la première fois celui qui, dans quelques instants, partagerait sa vie jusqu'à 'ce que la mort les sépare'. Formule désuète qui pouvait être à la fois excessivement angoissante car ce n'était rien de moins qu'une quasi éternité à la Soul Society et en même temps, pas forcement très engageante au vu du nombre de capitaines déjà restés sur le carreau durant leurs missions.

Morts pour la Soul Society. Hitsugaya ne souhaitait tout de même pas en arriver là et détailla avec attention Kurosaki junior.

Le jeune homme était grand, âgé de 26-27 ans - si on comptait en années humaines- avec d'étonnants cheveux roux. Il était mince et pourtant, on sentait que sous l'épais tissu de son kimono de cérémonie, il était fort et plutôt musclé. Son habit noir, en contraste avec un obi de couleur rouge et brodé de fils orangés, mettait en valeur sa peau légèrement halée. Une allure décidée et un visage expressif.

Plutôt un joli garçon.

Charismatique assurément.

Une présence quasi magnétique, qui capta immédiatement tous les regards de l'assemblée.

A cet instant, Toshiro n'aurait su clairement dire ce qu'il ressentait. Il était à la fois soulagé de voir que son époux n'avait aucune tare physique, du moins apparente et qu'il semblait en bonne santé. Cette apparence plutôt attrayante l'angoissait en même temps. Il se demandait maintenant ce que son mari pouvait penser de lui, craignant qu'il ne soit déçu. Toshiro savait bien que rare étaient ceux qui voyaient en lui plus qu'un enfant prodige, un gamin terriblement doué mais avec lequel nouer une relation était limite risible.

Or, si il avait la taille d'un gosse de 14 ans, il n'en avait ni l'immaturité ni les envies. Il avait fêté son 125ième anniversaire il y avait déjà quelques mois, sachant que la majorité à la Soul Society était placée à 120 ans, il lui semblait évident que l'âge de raison était bien là !

C'est malin ! Il y a deux minutes, tu stressais de peur de le trouver moche et maintenant que tu le trouves somme toute plutôt pas mal, tu stresses de ne pas lui plaire ! Reprends –toi bon sang ! Tu tournes girouette là Toshiro !

Plus facile à dire (enfin à penser) qu'à faire et il avait beau se sermonner, son niveau de stress, au lieu de redescendre, ne faisait que grimper.

Aussi, après 30 minutes de lecture de contrats matrimoniaux, était-il à deux doigts de la syncope.

Il faut dire que, ainsi que l'exigeait la coutume, il n'avait pas mangé depuis trois jours, afin de purifier son corps et son âme à l'aube de cette nouvelle vie.

En l'occurrence, cela ne le dérangeait pas tant que cela car il n'était pas certain qu'un déjeuner et son niveau d'angoisse actuel soient très compatibles.

Ventile-toi, respire bien, ça va passer…

Tomber dans les pommes ne serait certainement pas le meilleur moyen de faire connaissance et c'est avec un immense soulagement qu'il accueillit la fin de la partie 'administrative '.

Restait un ultime rituel et la cérémonie serait finie.

Enfin !

On fit assoir les deux époux face à face et deux bols à thé furent disposés devant eux. Kurosaki père remplit la tasse placée à côté de Toshiro et le Capitaine Kuchiki, mandaté par le Général Yamamoto pour représenter la famille défunte d'Hitsugaya, fit de même avec celle d'Ichigo.

Les deux jeunes époux burent ensuite trois gorgées puis échangèrent leur tasse.

Pendant une fraction de seconde, les yeux de Toshiro rencontrèrent ceux d'Ichigo.

Ils avaient une superbe couleur caramel, légèrement doré autour de l'iris. Un regard intense, flamboyant qui fit rougir la nuque du jeune shinigami.

Gêne qu'il dissimula en plongeant le nez dans sa tasse de thé afin d'y boire les trois dernières gorgées.

« Le rituel est désormais clos. Les époux peuvent procéder à l'échange des anneaux, symboles de leur union. »

N'ayant pour l'heure pas encore droit au moindre contact physique – interdiction qui serait maintenue jusqu'à minuit lorsque les deux jeunes mariés se retiraient dans leurs appartements privés – ce fut encore une fois les représentants des deux familles qui furent mis à contribution.

Isshin enfila à l'annulaire gauche de son gendre une bague en or, délicatement ciselée et ornée de rubis.

Ichigo vit son doigt se parer d'un anneau de platine représentant un dragon aux yeux de couleur bleu ciel, faits d'aigue-marine.

« Ces anneaux sont la représentation physique, visible par tous, de l'engagement que vos familles et vous-mêmes avez pris aujourd'hui. Garder ceci à l'esprit et prenez soin de ces bijoux comme vous le ferez de votre union. »

Toshiro sentit son cœur se pincer à l'écoute de cette phrase. Ainsi, c'était fait, il était marié.

« Allez, que la fête commence ! » Beugla Isshin, soulagé que cette partie fort protocolaire du mariage soit finie et que le plus intéressant puisse enfin débuter, à savoir la ripaille et la danse !


Une salle de belle taille avait été apprêtée pour l'occasion. Toshiro n'avait plus aucune famille vivant, quant aux Kurosaki, seuls quelques membres étaient présents, la plupart étant restés dans le monde réel. Ce qui réduisait tout de même un peu le nombre d'invités qui sans cela aurait été considérable car l'alliance d'une famille noble et du jeune Tendo avait créé l'événement dans toute la Soul Society.

Le Capitaine Yamamoto s'était visiblement senti investi d'une mission et avait pris un malin plaisir à convier une bonne partie de ses connaissances personnelles, ce qui constituait pas mal de monde car il semblait aussi antique que les murs du Seireitei.

Hitsugaya se retrouva assis aux côtés de son jeune mari, à une trentaine de centimètres. Ils n'avaient pas encore échangé le moindre mot, juste un regard. Toshiro gardait d'ailleurs obstinément les yeux rivés sur la table mais pouvait sentir son parfum, ce qui n'était pas désagréable. Un effluve subtil, légèrement suave et tonique à la fois, un peu épicé. Résolument jeune.

Plaisant.

Maintenant que la situation était officielle, son esprit arrivait à dépasser le stade du mariage à proprement parler et il commençait à s'interroger sur un certain nombre d'aspects sur lesquels il ne s'était pas encore penché.

Et notamment la nuit de noce.

Car le petit shinigami devait le reconnaitre, il n'avait absolument aucune expérience en ce domaine. Certes, il avait bien compris, il y avait de cela plusieurs années, qu'il était attiré par les garçons mais il n'avait jamais rien tenté. Même pas le plus petit baiser.

Ridicule n'est-ce pas ? Et pourtant…Son statut de 'plus jeune capitaine de l'histoire' avait été loin d'être une aide pour des éventuelles tentatives de séduction.

Dès son entrée à l'académie des shinigamis, il lui avait été impossible de faire quoique ce soit sans que cela ne se sache. Ou ne puisse se savoir. Et cela ne s'était pas arrangé lorsqu'il avait été déclaré 'Tendo'. Imaginer que l'on puisse rire de lui et de ses échecs sentimentaux avaient été un frein suffisamment puissant pour qu'il décide de ne rien tenter du tout et de se contenter d'un célibat, certes parfois un peu lourd, mais confortable le plus souvent.

On ne regrette pas ce qu'on ignore n'est-ce pas ?

Seulement la donne avait changé et il se retrouvait dans une situation délicate. Il se doutait, bien qu'il n'ait pas eu l'idée de vérifier avant dans la législation, que le mariage devait être consommé pour être validé. Ce qui signifiait qu'il allait devoir avoir des rapports intimes avec le jeune homme assis à ses côtés.

En même temps, Toshiro était loin d'être naïf. Nul besoin de se creuser la cervelle pendant des heures pour savoir que son mari avait beaucoup plus d'expérience que lui (en avoir moins paraissait délicat).

Il ne savait pas trop pourquoi, ni sur quels éléments exacts se basait cette impression mais sentait qu'il ne se trompait pas.

Peut-être à cause de sa nonchalance, de cette assurance que le jeune homme roux dégageait. Sous la réserve imposée par le cérémonial, il y avait une volonté forte et de l'audace chez son époux. Il ne lui avait encore jamais parlé mais Toshiro était persuadé que le rouquin avait eu de nombreux succès et que l'échec ne lui était pas familier, et certainement pas sur le plan sentimental !

Aussi une certaine appréhension lui tordait maintenant l'estomac. Il n'avait aucune envie de passer pour un jeune garçon empoté, ignorant des choses de la vie et totalement inexpérimenté, ce qu'il était pourtant.

Cela promettait une belle fin de soirée…

Sentant le regard azuré le fixer avec intensité, Ichigo tourna doucement la tête vers le jeune shinigami et lui adressa un petit sourire amical, direct et franc.

Aux yeux d'Ichigo, les choses étaient très simples : ils étaient tous les deux dans la même situation. Deux jeunes gens totalement étrangers l'un à l'autre qui se retrouvent, par la force des choses et surtout des traditions, mariés sans l'avoir vraiment voulu. Ni combattu d'ailleurs.

Ils allaient devoir faire connaissance, apprendre à se respecter et peut-être à s'aimer. En tous cas, il l'espérait vivement.

Ce mariage ne l'enthousiasmait pas mais ne le rebutait pas spécialement non plus. Il savait que son père souhaitait le voir marié et, dans son fort intérieur, ne lui donnait pas forcement tort. Aussi avait-il consenti à cette union. Il ferait de son mieux pour qu'elle fonctionne, voilà ce qu'il s'était promis. En revanche, il n'entendait pas se laisser mener par le bout du nez.

Ce n'était pas son genre… Il reconnaissait intérieurement qu'il n'avait pas un caractère très facile. Un peu emporté, un peu susceptible. Et plutôt orgueilleux.

Mais bon, il espérait bien que l'entente serait au rendez-vous.

Surpris d'être ainsi découvert pendant son observation, Toshiro reporta son attention sur la table, voyant les plats défiler sous ses yeux. Bien qu'il n'ait pas mangé depuis plus de 72 heures, il ne prit presque rien, trop noué pour profiter pleinement de l'excellente nourriture proposée.

Isshin, lui, ne s'en privait pas et festoyait allégrement, riant à gorge déployée, dansant et chantant à tue-tête. Il venait de caser son ainé et comptait bien profiter de la soirée pour se détendre, après toutes les prises de têtes que l'organisation de cette journée lui avait causées – prises de tête imaginaires puisque l'entremetteur veillait au grain. Et dire qu'il avait encore deux filles à la maison !

En dépit de cette ambiance festive pas du tout à son goût, le shinigami aux cheveux d'argent voyait les heures passer à une vitesse folle et minuit arriva bien trop vite.

La comtoise sonna la fin de la fête, intimant de ses douze coups de minuit aux jeunes mariés de s'éclipser dans leurs appartements.

Une servante vint les chercher et, après avoir salué la foule des invités, les deux époux prirent la direction de leur toute nouvelle résidence. Cette dernière avait été spécialement construite pour eux et les travaux s'étaient achevés à peine trois jours auparavant.

La bâtisse, située non loin du centre historique du Seireitei, était certes imposante mais construite avec goût et pas du tout ostentatoire. La famille Kurosaki n'avait pas pour habitude d'étaler ses richesses. Fortune plus que suffisante pour vivre convenablement comme l'avait mentionné le Général mais loin d'être aussi considérable que celle d'une famille comme les Kuchiki, qui avaient fait construire, à l'occasion du mariage de leur petite dernière, une demeure totalement somptuaire avec pas moins d'une vingtaine de chambres, deux terrains de tennis et un haras.

La visite de leur nouvelle maison ne serait pas pour ce soir et la domestique les conduisit directement à l'étage, où leurs effets personnels avaient déjà été transférés.

« Voici votre chambre Messieurs. Votre nécessaire de nuit à été déposé à côté du lit. Les salles de bain attenantes ont été garnies de serviettes et accessoires de douche. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je suis à votre entière disposition. »

Elle referma doucement la porte derrière eux tandis qu'ils découvraient leur chambre.

La pièce était spacieuse, avec un grand lit contre le mur du fond agrémenté de deux petites tables basses en palissandre avec chacune sa petite lampe de chevet en lin écru. Une cheminée sur la droite, associée aux deux vastes fauteuils de cuir disposés près de l'âtre, promettait de belles soirées d'hiver au coin du feu. La braise rougeoyait d'ailleurs dans ce dernier, diffusant une douce chaleur, encore nécessaire en ce début de printemps.

De chaque côté du lit se trouvait une porte, menant sans doute vers les salles de bain. Une immense fenêtre dissimulée pour l'heure par d'épais rideaux se trouvait sur la gauche de la pièce.

Le sol était en parquet, de couleur assez foncé, recouvert de plusieurs tapis dans les tons sable et taupe. Le mobilier était également en bois, d'une teinte plus claire, au design assez moderne sans être froid pour autant.

Les rideaux de couleur chocolat et les lumières tamisées finissaient de créer une ambiance intimiste et chaleureuse.

« C'est plutôt sympathique non ? » Murmura Ichigo.

Hitsugaya ne put s'empêcher de sursauter. Pris par la découverte de son nouvel univers, il ne l'avait pas entendu se rapprocher et sentir son souffle dans son oreille lui avait donné un irrépressible frisson.

« Ou…Oui, en effet. Vous avez raison. » Bredouilla-t-il, sentant une vague d'appréhension le submerger. La proximité physique du jeune homme ne lui rappelait que plus fortement l'inéluctable, à savoir sa nuit de noce imminente.

Ichigo le regarda fixement, un peu perplexe. On lui avait certes dit que son futur avait une apparence juvénile et qu'il ne semblait pas fréquenter beaucoup mais il ne pensait pas qu'il aurait à faire à un jeune homme aussi craintif.

Limite prude.

Il lui apparaissait clairement que ce dernier n'avait aucune, ou presque, expérience en matière de relation intime et il en était quelque peu désemparé. Il n'avait pas pour habitude de fréquenter des jeunes garçons encore vierges et ni de forcer la main à qui que ce soit pour en obtenir les faveurs.

Ce serait donc une première pour lui aussi…

« Et si nous nous tutoyons ? » Proposa le rouquin. « Je pense qu'il est parfaitement normal que nous nous appelions également par nos prénoms. Enfin, si cela ne vous dérange pas bien sur. »

Hitsugaya parut méditer un moment. Rare étaient ceux qui y étaient autorisés mais il ne pouvait nier que l'intimité découlant du statut marital permettait quelques liberté.

« Je pense qu'effectivement, nous pouvons nous tutoyer et employer nos prénoms, mais en privé uniquement en ce qui concerne ce dernier point. » Acquiesça-t-il lentement.

« Bien…Toshiro…Veux-tu que nous discutions un peu autour du feu ? »

« Je suis un peu fatigué en fait, je préférerai aller me coucher. » Répondit abruptement Hitsugaya avant de comprendre ce que ces propos impliquaient et de se taire subitement.

Un inconfortable silence s'installa entre eux, la pièce résonnant seulement du crépitement des flammes.

Ichigo décida alors de prendre les choses en main, songeant que se montrer plus directif faciliterait peut-être le déroulement des opérations et dégèlerait peut-être son mari.

Il y avait des obligations contre lesquelles on ne pouvait pas lutter, aussi fallait-il faire avec. Et gérer sa nuit de noce semblait en faire partie, même si cela ne l'enchantait guère.

Il se dirigea vers le lit sur lequel était posé un plateau avec trois bouteilles, deux grandes et une petite.

Il prit les deux grandes fioles de cristal bleu et les proposa à Toshiro. Sur les étiquettes, en pattes de mouche à l'encre noire, était inscrit ce qui semblait être des indications quand à l'utilisation de ces contenants. L'une indiquait 'Stimulant' et l'autre 'Relaxant', suivi dans chaque cas d'un petit paragraphe indéchiffrable sans avoir le nez dessus.

« Je te laisse choisir celle qui te conviendra le mieux. » Proposa-t-il.

Même s'il avait une idée plutôt précise de qui choisirait quoi…

Interloqué, Toshiro leva la tête vers celui qui était désormais son mari, en quête d'explications.

« Comment cela, celle qui me conviendra le mieux ? » Demanda-t-il, tout d'abord perplexe. Les rares fois où il daignait prendre une quelconque médication, il était le plus souvent au fond du gouffre et s'exécutait uniquement sous les injonctions répétées d'Unohara Taicho. Autant dire que cela avait dû arriver deux fois au cours des 50 dernières années. Alors, que diable venaient faire ces breuvages ici ?

C'est alors que le jour se fit dans son esprit et qu'il comprit l'usage auquel ces potions étaient destinées.

Il rosit lamentable, ne pouvant retenir un 'ha….oui…je vois' bredouillant.

Suivi d'un mutisme total.

Devant la gêne quasi palpable du jeune homme, Ichigo retint un soupir. Ainsi, allait-il véritablement devoir gérer cette affaire lui-même, sans aucune aide de la part de ce gamin…

Il se rapprocha de lui, veillant à ne pas l'effleurer de peur qu'il ne bondisse encore une fois. Il avait l'impression d'aborder un cheval rétif.

Image peu flatteuse…

« Toshiro, es-tu d'accord pour que ce soit moi qui prenne les choses en main ce soir ? » Demanda-t-il doucement.

S'il pouvait très bien gérer le déroulement de la nuit de noce, ce qui ne le dérangeait finalement pas outre-mesure étant le plus expérimenté, il tenait absolument à avoir le consentement de son partenaire.

Hitsugaya, lui, était tout bonnement incapable d'aligner deux mots et lui fut reconnaissant de prendre son malaise en considération. De plus, il avait le bon goût de ne pas être trop cru dans ses propos, ce qui le soulageait énormément, lui qui n'aurait pas supporté une évocation plus explicite des événements à venir.

Il se sentait incapable de faire face à la situation. Aussi décida-t-il de s'en remettre à son mari et hocha la tête en signe d'assentiment.

« Bien, alors, je te propose que nous allions dans nos salles de bain respectives afin de nous changer pour la nuit. Je vais prendre cette bouteille-ci et toi, tu prends celle-là. Bois-en la dose que tu jugeras nécessaire et retrouve-moi quand tu seras prêt dans la chambre. D'accord ? » Murmura-t-il avec précaution, choisissant ses mots avec soin pour ne pas l'effaroucher.

Encore une fois, le gamin répondit par un simple hochement de tête, saisissant machinalement la bouteille tendue par le rouquin, sans même chercher à savoir laquelle des deux il lui avait données.

Satisfait, Ichigo se retourna pour se diriger vers sa salle de bain mais, à peine trois pas plus loin, il sembla changer d'avis. Faisant volte-face, il revint en arrière, attrapa Toshiro par la taille et l'attira vers lui avant de l'embrasser avec délicatesse mais fermeté.

Le corps du petit capitaine se raidit instantanément lorsqu'il sentit le bras autour de lui. Il se retint pour ne pas reculer et laissa les lèvres du jeune homme s'emparer des siennes sans protester. Mais sans participer en aucune façon.

Ce n'était pas désagréable pourtant le jeune garçon n'y prit aucun plaisir, trop tétanisé pour pouvoir se laisser aller.

C'est un Toshiro presque tremblant qu'Ichigo relâcha au bout de quelques secondes avant quitter la pièce en direction de la salle d'eau.

Le rouquin n'était pas mécontent de son effet, bien qu'il sache pertinemment que le gamin ne l'avait pas particulièrement gouté. C'était un homme de caractère et il comptait bien marquer son territoire, sans se laisser aller à des débordements inappropriés bien sûr. La pudeur était une chose qu'il pouvait parfaitement comprendre, surtout dans les circonstances présentes. Mais la pudibonderie - ou pire, l'abstinence ! - n'était pas au programme !

Toshiro, encore éberlué par les événements, resta planté un instant au milieu de la chambre, avant de presque courir s'enfermer dans la salle de bain. Adossé contre la porte, se mordant les lèvres et cherchant un souffle qu'il n'avait pourtant pas perdu, il baissa pour la 1ère fois les yeux sur la bouteille qu'il tenait à la main. Constatant qu'il s'agissait de la fiole aux propriétés relaxantes, son cœur s'emballa devant la déferlante d'images qui s'imposèrent à lui.

Tout cela arrivait trop vite. Lui qui gardait toute situation sous contrôle, qui avait une parfaite maitrise de lui-même, se sentait démuni sur ce terrain où il n'avait encore jamais joué. La suite programmée des événements lui faisait peur. Il avait honte de se l'avouer mais, c'était pourtant bien cela, de la peur. Une crainte irraisonnée de l'inconnu, la honte de devoir se laisser aller, de se soumettre à un homme qu'il ne connaissait que depuis quelques heures. La peur d'avoir mal aussi.

C'est complètement stupide ! Tu es Capitaine ! Des blessures, tu en as eu tellement que tu ne les comptes même plus ! La douleur, tu sais la supporter ! Allez Toshiro, arrête ce comportement de pucelle effarouchée ! Se sermonna-t-il, crispant ses mâchoires.

Juste un mauvais moment à passer.

Rationnaliser.

C'était la clé de la maitrise de soi.

Il était un homme non ?

Son mari avait l'air d'être quelqu'un de bien qui ne lui ferait certainement pas de mal inutilement. Qui plus est, il avait accepté ce mariage, sachant pertinemment ce que cela impliquait. Il se devait d'en assumer les conséquences, quelles qu'elles soient.

Un point c'est tout.

Son cerveau avait visiblement occulté un certain nombre d'aspects de cette union mais, à bien y réfléchir, il se sentait parfaitement incapable d'assurer quoi que ce soit ce soir et la position de 'soumis' – il ne voyait pas comment le formuler autrement - était surement celle qu'il était le plus à même de tenir.

Allez, courage Toshiro, courage…

S'emparant de la fiole que le rouquin lui avait remise, il tenta d'en déchiffrer les indications.

[Potion relaxante – permet de lutter contre les états anxieux. Décontraction musculaire et apaisement nerveux. En cas de troubles légers, prendre deux cuillères à café par jour. En cas d'anxiété extrême, boire la totalité du breuvage, de préférence avant le coucher.]

Anxiété extrême, oui, je pense que là, ça peut se justifier. De toute façon, elle est là pour cela, autant en profiter.

Toshiro décacheta la fiole et en avala le contenu d'une seule traite. La boisson était sucrée avec un arrière gout un peu amer.

Pas terrible…Mais espérons que cela fasse effet et rapidement ! Pitié !

Il se dévêtit ensuite, laissant choir son superbe kimono sur le sol sans ménagement et fit une toilette plutôt sommaire.

Il enfila le caleçon et le maillot de lin qui faisaient office de tenue de nuit. Il se rendit alors compte que la boule qui lui tordait le ventre depuis ce matin avait totalement disparu. Il se sentait étonnamment détendu et bien. Une légère somnolence semblait être le seul effet secondaire de ce produit miraculeux.

Complètement shooté mais complètement zen… Juste ce qu'il me fallait ! Pensa-t-il, l'esprit nageant dans un doux brouillard qu'il ne souhaitait absolument pas dissiper.

Pourquoi ne lui avait-on pas donné cette merveille plus tôt ?

C'est donc serein qu'il passa la porte pour retourner dans la chambre.

Ichigo, vêtu d'un ensemble similaire au sien mais de couleur grise, l'attendait assis sur le bord du lit. Il ne put retenir un fin sourire en voyant le jeune garçon revenir les yeux un peu brumeux, nettement plus détendu que quelques minutes auparavant.

Voyant qu'il hésitait sur la conduite à tenir, Ichigo lui tendit la main et l'attira vers lui. Toshiro se retrouva debout, entre les jambes de son mari qu'il dominait pour une fois, ce dernier étant resté assis. Le rouquin étendit le bras et passa sa main sur la nuque du Tendo, caressant pour la première fois les fins cheveux d'argent, faisant frissonner le gamin.

Puis, il fit glisser ses doigts le long de sa mâchoire pour attirer le menton de ce dernier vers lui. Leurs souffles se mêlèrent, leurs nez s'effleurèrent et Ichigo, tendant légèrement le cou, happa les lèvres entrouvertes de son partenaire, découvrant le goût de son époux. Contrairement à la première fois, Toshiro ne se raidit pas, laissant Ichigo promener sa langue contres ses lèvres avant se montrer plus entreprenant. Le premier contact fut d'abord timide mais bien vite suivi, sous l'impulsion du rouquin, d'un second baiser plus profond.

La tête dans les nuages, Toshiro se laissait totalement aller à ses sensations nouvelles, sans aucune résistance cette fois. C'était comme dans un rêve, doux et sensuel à la fois. La violence redoutée paraissait impossible tant Ichigo imprégnait chacun de ses gestes de douceur.

Son corps ne tarda pas à s'éveiller sous la sensualité de ces caresses et, bien que maladroit, il répondait aux baisers d'Ichigo, mêlant sa langue à la sienne dans un confus ballet. Il s'étonnait presque lui-même, agissant mécaniquement comme si son corps était génétiquement programmé pour cela. Une sorte d'instinct primitif surgissant d'on ne sait où. Pour aller dieu seul savait où !

Mais c'était plutôt pas mal et l'option 'pilote automatique' lui convenait décidemment bien.

Le rouquin fit glisser ses mains le long du corps fin, découvrant en dépit du tissu la musculature de son jeune époux, plutôt avantageuse malgré sa taille. Toshiro, dont les bras étaient tout d'abord restés ballants, noua ses poignets autour du cou d'Ichigo, l'embrassant toujours. Encouragé par cette petite marque d'enthousiasme, Ichigo, dont le corps commençait à s'enflammer sérieusement, plaça ses mains sur les hanches de Toshiro et l'attira plus près de lui, glissa ses mains sous le tissu, promenant ses doigts pour la première fois sur la peau du jeune Capitaine. Sa peau était d'une incroyable douceur, presque satinée et frissonnante sous son toucher. N'y tenant plus, le rouquin ôta le maillot de Toshiro, voulant profiter au maximum de cet épiderme délicat. Ne voulant pas lui laisser le temps de rougir ou d'éprouver une gêne quelconque, Ichigo s'empara à nouveau de la bouche de son amant, mordillant les lèvres rougies sous cet assaut de baisers.

Toshiro s'enhardit un peu, explorant du bout des doigts timidement le corps de son mari, effleurant son cou, ses épaules, remontant dans sa nuque pour se perdre dans les courts cheveux orangés. Le désir montait en lui avec une puissance qu'il n'aurait jamais soupçonnée et il ne chercha même pas à retenir le léger soupir qui s'échappa de ses lèvres lorsqu'Ichigo fit pour la première fois courir sa langue sur son cou.

Le rouquin glissa alors sa main derrière la jambe de Toshiro, et l'attira plus fortement vers lui, le faisant s'assoir à califourchon sur lui, les genoux de part et d'autre de ses hanches. Un peu déstabilisé, le jeune shinigami voulut d'abord se reculer mais Ichigo le maintint fermement en plaçant ses bras autour de sa taille, le forçant à se rapprocher jusqu'à ce que leurs soufflent se mêlent. Sentant le petit capitaine se détendre à nouveau, le rouquin bougea légèrement le bassin jusqu'à ce que leurs membres tendus entrent en contact. Sous la pression, Toshiro ne put retenir un gémissement de plaisir. Il perdait totalement pied. Encouragé par les réactions positives du jeune homme, Ichigo imprima quelques mouvements de hanches qui finirent de lui faire perdre la tête et le souffle au jeune shinigami.

Se levant soudainement, Ichigo, le tenant toujours par la taille, allongea Toshiro au milieu du lit, en veillant à ne pas briser le contact. Les grands yeux turquoise, embués d'un désir nouveau, s'entrouvrirent quelques secondes. Juste le temps de voir Ichigo ôter son maillot et le balancer à l'autre bout de la pièce.

Il avait un corps superbe, les muscles saillants, la peau brunie par le soleil.

Couleur caramel…Comme ses yeux... Songea-t-il.

Ses abdominaux étaient finement dessinés et le creux de ses hanches le rendait incroyablement désirable.

Véritablement un très beau mec.

Au-delà de tout ce qu'il aurait pu espérer.

Ichigo planta son regard dans le sien, un sourire malicieux flottant sur ses lèvres. Il s'amusait bien, même s'il n'avait pas l'habitude d'autant de délicatesse. Jusqu'à maintenant, ça a avait été du sexe, et seulement ça. Faire l'amour, c'était nouveau pour lui aussi. Et il ne détestait pas.

Avant même qu'il ait pu s'en rendre compte, Toshiro se retrouva entièrement nu, son caleçon lui ayant été ôté avec une rapidité digne d'un tour de prestidigitation. Le rouquin s'allongea sur lui, prenant garde à ne pas l'écraser et commença à lui mordiller le cou tandis que sa main gauche glissait sur la peau nacrée jusqu'à saisir délicatement le sexe de son amant. Toshiro se mordit les lèvres, réprimant un puissant gémissement. Jamais encore il n'avait reçu ce genre de caresses. Ichigo imprima un doux mouvement à son poignet, se délectant de voir Toshiro prendre autant de plaisir. Puis, il descendit lentement, embrassant le cou puis le ventre avant de le prendre en bouche. Toshiro laissa échapper un cri rauque, enserrant fortement les draps de son poing. Le souffle coupé, il sentit son corps se cambrer, cherchant à approfondir la caresse malgré lui. Son cerveau avait complètement cessé de fonctionner et la terre aurait aussi bien pu s'arrêter de tourner que cela lui aurait été totalement égal. A cet instant, il n'était que sensations. Quelques minutes de ce traitement le menèrent au bord de l'extase.

Sentant que ses propres neurones menaçaient de déclarer forfait sous cet assaut d'hormones en furie, déchainé par le spectacle du jeune homme se languissant sous lui, Ichigo se releva à demi, délaissant un instant son amant. Qui ouvrit aussitôt de grands yeux, râlant presque de frustration. Mais avant qu'il ait pu dire un mot, Ichigo le retourna prestement et l'allongea sur le ventre. De sa main gauche, il remonta légèrement le genou de Toshiro vers lui, ménageant ainsi un accès facile à son entrejambe. Surpris, le jeune homme voulut se remettre sur le dos mais le rouquin s'allongea sur lui, le maintenant contre le lit de son poids. Son torse était collé contre son dos et il pouvait sentir le rouquin contre ses fesses. Ichigo frotta doucement son nez contre la nuque du jeune homme, mordillant doucement la tendre peau de son cou, respirant à plein poumons la délicieuse odeur provenant de la chevelure argentée. Se plaçant correctement, il commença à pénétrer en douceur son amant. Toshiro se raidit sous l'intrusion. Le maintenant fermement de sa main gauche, Ichigo lui enjoignit à se détendre.

« Ca …fait...mal… » Haleta-t-il, à bout de souffle, surpris de pouvoir éprouver de la douleur alors qu'il était au paradis quelques secondes plus tôt.

« Respire Toshiro. Détends-toi. » Lui murmura Ichigo à l'oreille tout en lui massant le dos de la main gauche.

Mais il en était incapable. Toshiro serra les dents et résista à l'envie de se débattre. Attendant que la douleur s'apaise. Que cela soit fini.

Un gémissement rauque qui n'avait plus rien de sensuel s'échappa de sa gorge malgré la crispation de ses mâchoires et des larmes perlèrent aux coins de ses yeux. Il plissa furieusement les yeux. Hors de question de se laisser aller ainsi.

Il ne pensait pas que cela aurait pu être si désagréable. Malgré l'utilisation d'un relaxant et d'une potion lubrifiante.

Ichigo s'enfonça aussi lentement que possible jusqu'à la garde et attendit quelques instants que son amant s'habitue à sa présence et, si possible, se détende un peu. Il en profita pour reprendre son souffle et tenter d'apaiser le rythme effréné de son cœur. Il faisait de son mieux pour maintenir son self control, ce qui devenait de plus en plus difficile. Il glissa sa main gauche dans l'entrejambe de Toshiro et entreprit de raviver la flamme quelque peu éteinte de son partenaire.

Ce traitement détourna habilement l'esprit de Toshiro de l'inconfort qu'il ressentait.

Lorsque le jeune capitaine émit enfin un petit soupir de plaisir, Ichigo jugea qu'il pouvait bouger de nouveau et commença un très lent mouvement de va et vient, en harmonie avec ceux qu'il imprimait à son poignet. Les deux jeunes gens ne tardèrent pas à haleter, leurs cœurs battaient une chamade torride. Sentant le corps de son amant se tendre de plus en plus à l'approche de l'extase, Ichigo augmenta la cadence, donnant des coups de reins plus puissants et plus amples.

Alors que Toshiro se répandait dans sa main, il profita de cet instant d'abandon pour s'enfoncer en lui plus profondément, atteignant la félicité quasiment en même temps. Il aurait bien voulu s'allonger sur son amant afin de maintenir le contact le temps de reprendre son souffle mais, jugeant que Toshiro n'apprécierait peut-être pas, préféra se retenir.

Délicatement, Ichigo se retira et s'allongea derrière son amant, en lui procurant d'apaisantes caresses dans le dos. Les deux jeunes hommes restèrent de longues minutes allongés l'un à coté de l'autre. Lorsque les battements de son cœur eurent repris un rythme normal, Ichigo se releva à demi, cherchant à croiser le regard azuré de son époux.

Qu'il ne rencontra pas car celui-ci avait le visage presque totalement enfoui dans les draps et ne bougeait pas plus qu'une souche.

« Toshiro ? » Appela –t-il doucement.

Aucune réponse.

« Toshiro ? Est-ce que tout va bien ?» Répéta-t-il un peu plus fort.

Toujours rien.

Décontenancé, Ichigo haussa les épaules. Il ne savait pas du tout quelle attitude adopter. Parler ou ne pas parler ? Du contact ou pas de contact ? Aucune idée de ce qui aurait pu satisfaire son glaçon.

« Tu veux… que je te laisse un peu seul ? » Tenta le rouquin.

Un léger hochement de tête affirmatif lui répondit.

« Bien, d'accord. Je vais aller prendre une douche dans la salle de bain. Tu pourrais en faire autant, je pense que tu te sentiras mieux ensuite ? » Ajouta-t-il gentiment avant de se lever, complètement nu, de ramasser ses vêtements qu'il avait jeté pêle-mêle et de gagner sa salle de bain. Toshiro entendit l'eau couler dans la baignoire moins de cinq secondes plus tard.

Alors seulement il osa sortir la tête des draps. Il se sentait épuisé et fourbu. Tant bien que mal, il s'extirpa du lit, bien décidé à prendre une douche lui aussi. L'eau chaude lui fit le plus grand bien, nettoyant son corps, apaisant ses nerfs. Son cerveau était vide. La fatigue et la tension accumulées redescendaient et il n'aspirait qu'au silence et au sommeil. Lorsqu'il regagna la chambre, Ichigo, déjà au lit, semblait dormir. Il en était soulagé, n'ayant pas la moindre envie de converser maintenant. Il s'allongea à son tour, se plaçant aussi loin du rouquin que possible, prenant soin qu'aucun centimètre carré de sa peau n'entre en contact avec la sienne. Il pensait qu'il aurait beaucoup de difficultés à s'endormir mais quelques minutes plus tard les paupières hermétiquement closes, il sombra dans un profond sommeil.

Effet de la potion sans doute.

Allongé dans le noir, parfaitement immobile afin de ne pas réveiller le dormeur, Ichigo écoutait le son de sa respiration. Il espérait avoir fait de son mieux mais craignait de ne pas y être parvenu. Au fond de lui, il sentait que quelque chose clochait. Mais quoi ? Il n'en savait foutre rien !

Sa vie maritale ne s'annonçait apparemment pas sous les meilleurs auspices.

Il allait lui falloir être patient.

Très patient... Songea-t-il avant de se retourner sur le coté et de s'endormir à son tour.


Le lendemain

C'est seul que Toshiro se réveilla le lendemain matin, son mari ayant visiblement déserté le lit depuis un bon moment. Un peu hagard, il lui fallut quelques instants avant de se-resituer à nouveau et comprendre que cette chambre inconnue n'était en fait que l'antre de sa toute nouvelle vie de jeune marié.

Il ne put retenir une grimace de douleur en se levant, ses activités de la veille ayant laissé des traces certes invisibles à l'œil nu mais néanmoins profondes.

Il va falloir que je fasse attention à ne rien laisser paraitre…Songea Hitsugaya en enfilant son haori. En tant que Capitaine, il ne se permettait aucune faiblesse, et surtout pas physique.

Se promettant de visiter la maison plus tard, il descendit en hâte au rez-de-chaussée, en quête d'un petit déjeuner substantiel. Il n'avait pas pour habitude de dormir si tard. Une voix masculine l'interpella dans le hall.

« Bonjour Toshiro. Bien dormi ? »

Toshiro se retourna et découvrit Ichigo qui l'attendait visiblement depuis quelques temps. Vêtu d'un sobre kimono noir, le jeune homme était encore plus beau dans ces simples atours que dans ses vêtements d'apparat.

Curieusement, la chaude lueur qui brillait dans les prunelles caramel ne fit que renforcer la froideur des iris turquoise.

Les souvenirs de la veille lui revirent brutalement en tête et le mirent passablement mal à l'aise. C'était bien la dernière chose à laquelle il avait envie de penser de bon matin !

Faisant néanmoins un effort pour rester courtois, Hitsugaya répondit :

« Oui, bien merci. »

Et s'arrêta là, à court d'idée.

« Une petite faim peut-être ? J'ai fait dressé la table dans le petit salon, c'est vraiment agréable tu vas voir. » Lui dit le jeune homme en l'entrainant vers le fond de la maison.

Toshiro devait le reconnaître, c'était en effet fort agréable.

La pièce, plutôt petite, donnait sur le jardin d'hiver doté d'une immense véranda en fer forgé et décorée par un nombre impressionnant d'espèces végétales. Certaines étaient simples, d'autres totalement exubérantes de part leurs formes et leurs couleurs. On pouvait admirer le parc depuis cette pièce et le soleil de ce début avril illuminait largement les lieux.

Une table nappée de blanc leur proposait un petit déjeuner varié, avec des brioches, du thé, de la salade de fruits frais, de belles tranches de pain complet avec leur lot de confitures. Un vrai régal, autant pour les yeux que les papilles.

Affamé, Hitsugaya ne se fit pas prier et accepta volontiers le bol de thé noir que lui offrit le rouquin, ainsi que deux tartines beurrées et un grand verre de jus d'orange. Il piocha allégrement dans la brioche, dévorant jusqu'à ce que son estomac cesse de crier famine. De son côté, Ichigo, après avoir admiré d'un œil amusé le jeune garçon se rassasier, se jeta voracement sur la baguette.

Vingt minutes et beaucoup de miettes plus tard, les deux jeunes gens s'affalèrent contre le dossier de leur chaise, repus.

« Une belle journée s'annonce on dirait. Et si nous en profitions pour faire un tour ? J'aimerais beaucoup découvrir le Seireitei ! » S'exclama le rouquin avec enthousiasme.

Aussitôt son mari se rembrunit. Ce n'était visiblement pas dans ses plans.

« Un problème Toshiro ? »

« Je suis désolé mais je dois aller travailler. »

Ichigo s'étonna, haussant un sourcil.

« Comment ça, le lendemain de notre mariage ? Allons, je suis sur que tout le monde comprendra ton absence… »

Froncement de sourcils. Orage dans les orbes azurés.

« Il n'était pas prévu que je sois absent aujourd'hui. J'ai une division à faire tourner, des responsabilités en tant que capitaine. Aussi je te le répète, je suis désolé mais je dois y aller. » Répliqua le gamin d'une voix polaire où perçait une once d'énervement.

Levant les mains en signe d'apaisement, Kurosaki secoua doucement la tête, un sourire diplomatique aux lèvres.

« Bien, d'accord, je comprends. Tu as des obligations, je n'ai pas de soucis avec cela. Je visiterai par moi-même. Nous nous revoyions quand ? »

« Ce soir, pour le diner. Je vais essayer d'être là pour 19 heures.»

Ichigo eut un petit sourire ironique.

« J'en conclue que tu ne rentres pas déjeuner à la maison ce midi ? » Demanda-t-il, un peu désabusé par cet accueil un brin désinvolte à son gout.

« Non, en effet.» Répliqua Hitsugaya, sans se rendre compte de son manque total de courtoisie. « Mais, c'est simplement que le midi, je mange toujours au bureau. Voilà tout. » S'excusa-t-il.

Le jeune capitaine partit, clôturant ainsi ce qui avait été leur première conversation matinale.

Et laissant derrière lui une atmosphère quelque peu fraiche…


Une semaine plus tard….

Kurosaki junior regardait pensivement par la fenêtre de leur chambre, observant sans vraiment le voir le parc qui entourait la maison. Il repartait pour Karakura le lendemain matin et l'impasse dans laquelle il se trouvait l'ennuyait profondément.

En un sens, il était heureux de rentrer chez lui, ne parvenant toujours pas à considérer la nouvelle bâtisse comme son home sweet home. Et de l'autre côté, il pressentait que son départ ne serait pas une bonne chose pour son couple. Couple toujours aussi passionné que deux esquimaux sur la banquise mais couple tout de même.

Hélas, ce voyage était indispensable, en tant qu'héritier de la famille Kurosaki, il avait des impératifs auxquels il ne pouvait se déroger. La responsabilité de la protection de Karakura incombait encore, et ce pour quelques semaines, à sa famille. La passation aux Quincy ne serait effective que dans un mois. D'ici là, il lui faudrait prendre son mal en patience et supporter la séparation.

Supporter la séparation… C'était plutôt vie maritale qui était difficile à supporter !

Fronçant les sourcils, il soupira, dépité. Il ne savait décidément plus à quel saint se vouer par rapport au comportement de Toshiro.

Le jeune homme était d'une froideur et d'une indifférence totale, tout en étant parfaitement poli. Bref, un abord glacial qui ne laissait aucune prise, un aspect lisse et inatteignable qui faisait de lui le colocataire idéal mais un époux des plus réfrigérants.

Il avait tenté bien des approches pourtant, essayant d'engager la conversation sur lui, son enfance, sa vie, ses amis. Peine perdu, ça avait été un mutisme absolu.

Il avait alors abordé leur mariage et essayé de comprendre comment il avait vécu l'annonce de leurs fiançailles, leur rapide union. Sans résultat.

Désespérant de pouvoir converser d'un sujet personnel, le rouquin avait tenté le tout pour le tout et l'avait questionné sur sa division et son rôle de capitaine, pensant que ce bourreau de travail pourrait au moins être loquace sur ce terrain-là.

Mauvaise pioche.

A chaque fois, il se butait contre un mur de silence, le jeune homme limitant ses réponses au strict minimum. Ichigo avait fini par le laisser tranquille, passant une semaine complète dans la solitude.

Dire qu'il ne m'a même pas fait visiter le Seireitei…

En fait, c'était bien simple, il ne lui avait pas consacré une seule de ses journées, laissant Ichigo désœuvré et sans repère dans cet univers qu'il ne connaissait pas, lui qui venait à la Soul Society pour la première fois.

Côté intimité, le simple mot 'néant' résumait fort bien la situation.

Depuis leur nuit de noce, l'iceberg gardait précieusement ses distances et si leurs épidermes s'étaient frôlés une fois depuis, c'était uniquement sur un malentendu !

La contrariété du rouquin allait en grandissant. Comment faire pour aborder l'inabordable ? Ce gamin était un sacré challenge, il n'avait jamais rencontré pareille réticence avant cela.

Ces deux derniers jours, il avait laissé les choses couler sans vraiment chercher à faire des pas en direction de son époux, un peu lassé de rater son coup à chaque fois. Cependant, son départ imminent changeait la donne et il était bien décidé à tenter un rapprochement.

Si le shinigami ne souhaitait pas parler avec lui, il allait devoir changer de tactique et l'attaquer sous un autre front.

Va pour une approche physique alors…

Ichigo était peu sûr de lui dans ce domaine. Leur première nuit, sans être un désastre total, n'avait pas été follement exaltante, surtout pour Hitsugaya. Malgré tout, ce dernier avait été loin d'être inerte et le rouquin avait bon espoir que les choses s'arrangent, au moins sur ce plan.

Ichigo était de nature plutôt épicurienne et le sexe faisait partie de ses activités favorites. Son jeune époux étant, bien qu'un peu juvénile par rapport à ses critères habituels, plutôt agréable à l'œil, il ne comptait pas faire ceinture.

Que l'amour ne soit pas au rendez-vous était une chose, soit. Pour le reste, son âge avait des exigences non discutables !

Soupirant une nouvelle fois, il se demanda anxieusement comment la soirée allait se passer…


Bureau de la 10ème Division

Levant le nez vers la pendule de son bureau, Hitsugaya constata avec mauvaise humeur qu'il était déjà 19 heures 30. Agacé, il regarda la pile de documents qu'il lui restait à compléter et sa grogne alla en augmentant.

Si seulement il était encore célibataire, il aurait pu rester quelques heures de plus au bureau et finir cette paperasse. Et non ! Etant marié, il devait rentrer chez lui, la politesse l'obligeant à partager ses repas, au moins ceux du soir, avec son cher et tendre.

Il en avait déjà plus qu'assez de son statut marital et était soulagé de voir Ichigo partir le lendemain. Non pas que le jeune homme le dérange tant que cela, car au final il ne se montrait pas trop envahissant. En tous cas, bien moins que ce qu'il avait craint au début.

Il faut dire que sa politique de mutisme complet était plutôt efficace. Toshiro n'était pas mécontent du résultat, étant parvenu à maintenir une distance suffisante entre lui et son mari pour qu'il se sente en sécurité, même en dormant avec lui. Il ne donnait pas sa confiance facilement, euphémisme qui voulait en fait dire quasiment jamais.

Quand il y réfléchissait bien, il se demandait d'ailleurs pourquoi il se donnait tant de peine pour maintenir cette barrière entre le rouquin et lui. C'était son mari après tout !

Mais au fond de lui, Toshiro se posait des questions.

Comment ce joli garçon, de bonne famille, intelligent, plutôt sympathique avait-il pu se marier avec lui ? Cela restait un mystère. La recommandation du général et la perspective d'intégrer la Soul Society devaient y être pour beaucoup. Le Tendo ne se faisait pas d'illusions. Il se doutait que le rouquin était déçu par les aspects personnels de cette union.

Le pauvre, il doit se dire qu'il a décroché le pompon… Se retrouver marié avec un nain aux cheveux décolorés, au physique d'eternel adolescent, incapable d'aligner trois mots, hautain, prétentieux, inaccessible !

Secouant la tête, Toshiro ne pouvait s'empêcher de se dire que si la situation avait été inversée, il aurait été bien malheureux d'être ainsi lié à quelqu'un de si peu intéressant.

Moins il en saura sur moi, moins j'aurai de chance de le décevoir, voilà tout.

C'est donc d'une humeur maussade que le 10ème capitaine rentra chez lui. Une odeur alléchante lui chatouilla aussitôt les narines.

Il semblerait qu'Ichigo ait encore commandé un diner somptuaire…

Lui qui en prenait jamais la peine de cuisiner appréciait en dépit de ses a priori grandement ce confort. Autrefois, il n'y avait pas si longtemps à vrai dire, lorsqu'il rentrait chez lui après une longue journée de travail, il retrouvait des appartements vides, obscurs, et aussi chaleureux qu'une chambre d'hôtel, avec un frigo criant famine. Etonnamment, il se sentait bien dans son nouveau logis. Outre le confort matériel offert par le mobilier neuf et les équipements dernier cri, il devait admettre que la présence d'un majordome et d'une cuisinière à plein temps était un luxe très appréciable. Il ne comptait pas sur celle de son époux, parfaitement accessoire lui semblait-il.

Après s'être débarrassé de la cape qui lui servait de manteau, le jeune homme se rendit dans la bibliothèque, quasi certain d'y trouver Kurosaki. Celui-ci était effectivement assis dans un moelleux fauteuil en cuir, une tasse de thé vide posée sur la table basse, un ouvrage ancien d'une taille impressionnante entre les mains. Il paraissait absorbé par sa lecture et n'entendit pas Toshiro entrer.

« Bonsoir. »

« Humm ? Bonsoir Toshiro. » Répondit le rouquin en levant rapidement les yeux avant de replonger dans sa lecture.

Le jeune capitaine tiqua.

D'habitude, le jeune homme était plutôt loquace et chercher à engager la conversation, à prendre de ses nouvelles, lui demandant comment sa journée s'était déroulée, si tout allait bien…

Bref, en général, il l'assaillait de questions auxquelles il n'avait pas la moindre envie de répondre. Il passait déjà la majeure partie de son temps à son bureau, il était parfaitement inutile qu'il revive sa journée une deuxième fois ! Quant à demander des conseils, cela lui semblait quelque peu risible. En quoi un humain parfaitement ignorant de la charge d'un capitaine pourrait-il lui apporter une aide quelconque ? En plus, il s'agissait de ses responsabilités et il devait de les assumer seul. Il avait toujours fait ainsi, sans compter sur personne et cela ne lui avait pas si mal réussi jusque là.

Toujours était-il que ce calme apparent le surprenait.

« Qu'est ce que tu lis ? » Demanda-t-il en s'avançant un peu, curieux de connaitre ce qui pouvait captiver aussi intensément le jeune humain.

Intérieurement, Ichigo sourit.

Enfin une question, un signe d'intérêt !

Le premier en une semaine de vie commune. Ce n'était pas trop tôt !

Fermant le bouquin afin que le gamin puisse déchiffrer sans peine sa reliure, il répondit :

« C'est un ouvrage qui traite des us et coutumes de la Soul Society, depuis sa création jusqu'à l'époque moderne. Ce qui en fait remonte à une bonne dizaine de siècles. » S'amusa-t-il. « L'échelle de temps est vraiment très différente d'un monde à l'autre. »

« Pourquoi cela t'intéresse-t-il tant ? » S'enquit Toshiro, ne voyant pas bien ce qui dans ces règles d'un autre temps pouvait bien le captiver. Pour sa part, il en avait soupé des théories archaïques de la Soul Society !

« Parce que c'est important de comprendre le monde dans lequel on évolue. Et aussi parce que cela m'intéresse de connaitre l'univers dans lequel tu vis. » Ajouta-t-il.

Hitsugaya en fut décontenancé. Lui-même n'avait pas fait preuve de beaucoup de curiosité vis-à-vis de son époux et ne lui avait posé aucune question sur sa vie à Karakura. Et pourtant, il ne connaissait pas grand-chose non plus de la vie sur Terre !

En y réfléchissant bien, il s'aperçut qu'il ne lui avait tout simplement rien demandé. Même pas plus d'information sur sa famille… Il croyait se souvenir qu'il avait vaguement été question de sœurs mais il n'en était pas certain. Stupidement, il se rendit compte qu'il ignorait jusqu'à sa date de naissance. Cela le mit un peu mal à l'aise.

Il doit penser que je suis un imbécile sans cœur, totalement égoïste…

Mais le Tendo, si doué dans son rôle de capitaine, ne savait comment se dépêtrer du sac de nœuds sentimental dans lequel il était. Ses sentiments étaient complexes et surtout très partagés depuis son mariage. Une avalanche de sensations nouvelles lui tombait dessus et il ne s'en sortait pas. Il savait que son comportement était à la limite de l'irrespect et qu'il manquait totalement de considération pour celui qui était sensé partager sa vie désormais. Mais il n'y pouvait rien.

Il n'arrivait même pas à faire preuve de la courtoisie la plus élémentaire, à s'intéresser un minimum au jeune homme. Cela ne lui ressemblait pas. Il était certes froid, introverti et pas d'un abord aisé, mais jamais il ne manquait de politesse, ni ne souhaitait faire de mal à quelqu'un. Il savait être une oreille attentive et écouter sans juger. Il n'était pas rare que son fukutaicho vienne se lamenter dans son bureau, lui parlant de sujets aussi passionnants que les soldes ou ses dernières soirées avec les membres de la 11ème Division. Ce qui lui demandait une patience incroyable…

Alors pourquoi diable se comportait-il ainsi avec Ichigo ? Certes, le rouquin semblait être un jeune coq fort en gueule, sûr de lui et extrêmement volontaire, aux antipodes de Toshiro. Mais il était visiblement loin d'être stupide et sa conversation était sans nul doute plus stimulante que celle de son lieutenant. Toshiro ne se comprenait pas lui-même.

Perdu dans ses pensées, il ne se rendit pas compte que le rouquin avait cessé de lire pour le regarder, se demandant ce qui pouvait bien trotter dans cette tête à la crinière de neige. Voyant que son époux allait se perdre dans ses turpitudes intérieures, il se leva, l'enjoignant à passer à table.

Le diner était savoureux et les jeunes gens mangèrent avec appétit. Après avoir retourné dix fois la phrase dans sa tête, Toshiro s'éclaircit la voix et osa enfin poser une question.

« Et heu…sinon, tu as passé une bonne journée ? » Bredouilla-t-il d'une voix mal assurée.

Mais quel débile ! Se flagella-t-il mentalement. C'est une question anodine et toi, tu chevrotes comme si tu passais ta soutenance de thèse ! Ca va pas bien mon pauvre Toshiro, mais vraiment pas bien…

Ichigo, lui, semblait ravi de la question et s'embarqua dans un récit détaillé de ses activités diurnes, principalement axées sur son perfectionnement au Kidou et son entrainement physique journalier. Pour une fois, le capitaine était soulagé par le bavardage de Kurosaki, ne se sentant pas la force de poursuivre la conversation autrement que par des onomatopées. Emettre une seule phrase lui avait déjà couté beaucoup.

Le couple se retira ensuite dans la chambre pour boire un thé devant un sympathique feu de cheminée. Avachi dans un vaste fauteuil, Toshiro se laissait enfin aller à une décontraction bien méritée, la journée ayant été longue et, comme toujours, bien remplie. Fermant les yeux, il savourait la chaleur du feu sur ses joues, le crépitement des flammes dans l'âtre, le confort du cuir.

Ichigo choisit ce moment pour tenter sa chance. S'approchant du jeune homme, il lui effleura délicatement le menton avant de se pencher vers lui et de l'embrasser doucement.

Au contact des doigts du rouquin sur sa peau, Toshiro ouvrit de grands yeux, surpris de cette proximité soudaine. Sentant ses lèvres contre les siennes, sa réaction fut immédiate et instinctive, il repoussa brusquement le jeune homme tout en détournant la tête. Sa riposte fut plus forte qu'il ne l'aurait voulu et le rouquin fut violemment projeté en arrière, manquant de tomber en cognant contre un pied de chaise, se rattrapant de justesse au mur.

Relevant la tête, le regard qu'il posa alors sur Toshiro le fit frémir. La douce lueur caramel de ses yeux avait pris une teinte métallique que le capitaine pressentait comme n'étant pas du meilleur augure.

Ichigo, les poings crispés, observa le jeune homme aux cheveux d'argent assis dans le fauteuil pendant un instant, cherchant visiblement à maitriser la colère qu'on voyait flamber dans son regard. C'est avec une voix basse, posée et terriblement dangereuse qu'il s'exprima enfin.

« Toshiro, écoute-moi bien. Que tu n'aies pas envie d'être embrassé est une chose que je peux éventuellement comprendre. Cela ne me fait pas plaisir mais je peux comprendre. En revanche, était-il vraiment nécessaire de réagir de la sorte ? »

Sentant la colère l'envahir à son tour avec pour moteur la gêne et la culpabilité qui lui tordaient désormais le ventre, Toshiro haussa le ton.

« A quoi est-ce que tu t'attendais ? Tu me sautes dessus sans crier gare et je devrais rester tranquillement sans bouger ? Tu m'as pris au dépourvu ! C'était une réaction instinctive ! Qu'est-ce qu'il t'a pris de te jeter sur moi de cette façon ? »

« Qu'est-ce qu'il m'a pris ? Me jeter sur toi ? » La voix d'Ichigo était de plus en plus dure. « Est-ce que tu plaisantes ? »

Devant l'air borné du gamin, il explosa.

Non mais, ce n'est pas possible ! Dites-moi que je rêve !

« Mais il m'a pris que nous sommes mariés et qu'il ne me parait pas totalement inconcevable d'embrasser son époux, qui plus est la veille d'un assez long voyage! Non, ça ne me parait pas inconcevable de demander un peu de douceur et d'attentions ! Et ça ne me parait pas non plus inconcevable de vouloir avoir des relations intimes ! » Cingla-t-il en envoyant valser contre le mur le vase trônant sur la table basse. « Est-ce vraiment si surréaliste que cela Toshiro ? »

La franchise de la question acheva de faire bouillir Hitsugaya.

« Je n'en ai pas envie ! Je ne trouve rien d'agréable là-dedans et si tu veux me forcer, ne compte-pas sur moi pour me laisser faire ! Une fois m'a suffit ! » Rétorqua sèchement le gamin en dardant sur lui un regard polaire.

Ichigo le reçut comme un coup en pleine poitrine, le stoppant net dans sa colère. Ainsi, leurs ébats avaient été si insupportables que cela pour son jeune mari ? Il avait donc été tellement horrible, un infâme tortionnaire profitant de la jeunesse et de l'inexpérience de son partenaire ? A tel point qu'il souhaitait ne plus jamais renouveler l'expérience ? Au point de lui dire cela ?

Lui qui avait mis toute la douceur possible. Comme jamais il ne l'avait fait auparavant. Pour le mettre en confiance. Pour commencer leur relation sur de bonnes bases.

Il avait apparemment échoué.

Sonné, Ichigo ne put que cligner des yeux, l'air ahuri, luttant contre la nausée qui l'envahissait.

« Une fois t'a suffi ? Que veux-tu dire exactement ? Je ne comprends pas très bien… » Demanda-t-il dans un souffle. Il craignait au contraire de trop bien saisir…

Furieux, le gamin lui répondit d'une voix sifflante :

« Je veux dire que je souhaite que cela ne se reproduise plus jamais. »

Un silence de mort s'abattit entre eux.

Ichigo se sentait soudain très las. Son cœur semblait peser des tonnes dans sa poitrine et sa langue paraissait être faite de plomb. Le moindre mot lui coutant un effort surhumain, le rouquin hocha vaguement la tête.

« Bien, je vois. » Murmura-t-il. Il resta un moment immobile, les bras ballants, comme assommé. Puis il rassembla ses affaires et sans bruit, ferma sa valise.

Mais en fait, il ne comprenait pas. Il ne comprenait rien. Qu'avait-il donc fait de mal ? Il avait tenté sa chance, certes maladroitement mais à quoi pouvait-on s'attendre ? Ils n'étaient que deux personnes ignorant tout l'une de l'autre, mariées depuis une semaine à peine. Deux jeunes adultes inexpérimentés découvrant la vie de couple. On ne lui avait pas fourni le mode d'emploi et si ses tentatives pour comprendre le mode de fonctionnement de cet iceberg étaient malheureuses, elles avaient au moins le mérite d'exister !

Toshiro n'osait pas bouger ni émettre le moindre son. Sa colère s'était évanouie aussi vite qu'elle était venue, ne laissant derrière elle que du vide.

« Je vais dormir dans la chambre d'ami. »

Levant la tête, le jeune shinigami constata qu'Ichigo avait emballé toutes ses affaires et, sans attendre de réponse, était parti en claquant la porte.

Resté seul, Toshiro resta quelques minutes interdit. La violence de la scène le stupéfiait encore et il se demandait comment ils avaient bien pu en arriver là.

La soirée avait pourtant bien commencé, chacun des deux faisant des efforts pour que tout se déroule au mieux. Et il avait tout gâché.

Comment est-ce possible… ?

Toshiro était en colère, contre Ichigo mais surtout contre lui-même. Il savait pertinemment que le problème venait de lui mais que pouvait-il bien faire ? Accepter des avances dont il ne voulait pas ? Qu'il n'ait pas envie de réitérer cette expérience fort désagréable, était-ce véritablement si surprenant ? Pourquoi est-ce que personne ne se mettait jamais à sa place ? Il n'était pas amoureux du rouquin et ne voulait surtout pas l'être. Il ne voulait pas souffrir. Et puis, quoi ? C'était son corps après tout et il en faisait ce que bon lui semblait !

Mais malgré ses discours rageurs, il se sentait toujours coupable.

Inutile de se voiler la face.

Sa réaction avait été disproportionnée, non-maitrisée. C'était un geste de défense quasi animal, somme toute révélateur de son état d'esprit perturbé par tous ces événements.

A tel point que ses paroles avaient dépassé sa pensée. Il n'avait au grand jamais prévu de se condamner ainsi à la chasteté éternelle ! Mais son caractère tempétueux l'avait fait pour lui. Il savait très bien que ces propos avaient été stupides.

Et sans détour.

Il aurait dû les nuancer, expliquer qu'il se sentait mal à l'aise, pas en confiance, qu'il ne comprenait pas pourquoi diable le jeune homme pouvait bien avoir envie de l'embrasser, lui qui ne faisait aucun effort pour être ne serait-ce qu'aimable, ne parlons même pas d'être attirant !

Mais il ne l'avait pas fait, privilégiant les raccourcis et la facilité des cris plutôt que le dialogue. Il venait d'ériger une barrière qu'il n'était pas sûr de pouvoir faire tomber un jour.

Espérons que la séparation améliorera les choses et à son retour, la situation sera peut-être plus positive.


Le lendemain au Seireitei

Le lendemain fut une journée morne. Ichigo était parti très tôt, aussi ne l'avait-il même pas salué avant son départ. Toshiro travailla tard, les problèmes s'accumulant au Seireitei. Une curieuse ambiance régnait au sein des treize divisions, créant des suspicions. Cette atmosphère de plomb rendait nerveux la plupart des shinigamis et les accidents se multipliaient. Pas moins de 5 membres de la 10ème Division furent blessés au cours d'une mission de routine, provoquant une multitude de paperasses afin d'énoncer les circonstances, les causes et les responsabilités de chacun. Ces rapports étaient destinés à la Chambre des 46, au Général Yamamoto et au capitaine Unohana, responsable de la 4ème Division, l'unité de soins de la Soul Society.

Vers 23 heures, jugeant qu'il en avait assez fait, Toshiro éteignit la lumière et ferma les portes de son bureau derrière lui, n'aspirant qu'à un diner et à une douche bien chaude. Rentrant chez lui, il constata que la maison était plongée dans la pénombre, à l'exception d'une petite lampe d'appoint allumée dans l'entrée. La cuisinière était évidemment partie et avait laissé un mot indiquant qu'un repas prêt à être réchauffé se trouvait dans le frigo. Toshiro jeta le message à la poubelle et monta directement à l'étage. Tant pis pour le diner, il se contenterait de la douche. C'est sans plaisir qu'il se glissa dans les draps avant d'être rapidement happé par le sommeil.


Et voilà, j'espère que cette première partie vous aura plu et vous aura donné envie de connaitre la suite!

A bientôt

:-)