Mention légale (de l'auteur): Twilight ne m'appartient pas. C'est moi qui appartient à Twilight. Tous les personnages, situations , etc. reconnaissables par le public appartiennent à leurs propriétaires respectifs. Je ne suis en aucune manière associée aux propriétaires, créateurs ou producteurs de franchises médiatique quelles qu'elles soient. Toute infraction aux lois régissant les copyright (droits d'auteurs) est fortuite et non intentionnelle.
Cette histoire est mon hommage à la meilleure fanfiction sur Roswell de tous les temps, SPIN de incognito.
Mention légale (de la traductrice): Je n'ai aucun droit sur l'univers de Twilight. Quant à Type O Negative, j'en ai apprécié le ton mordant, le style percutant, le rythme efficace et l'intrigue, au point que j'ai pris comme un défi personnel de la traduire. Maintenant que c'est chose faite, il m'a semblé injuste d'en priver les non-anglophones. Quand vous l'aurez lue, vous saurez que cette histoire et vous vous attendiez, chacun de votre côté de la ridicule barrière de la langue.
Je suis restée aussi près du texte original que le Français me l'a permis.
TRADUCTION MISE EN LIGNE AVEC L'ACCORD DE L'AUTEUR
Résumé: Les Cullens emménagent à Forks. Bella soupçonne Edward d'être un super-héros à cause de ses ''bizarres yeux jaunes''. Mais elle se rend bien vite compte qu'elle est destinée à n'être que son aide de camp, une aide peu aidée de surcroît. Elle est probablement la seule assistante de vampire qui s'évanouisse à la vue du sang. AU ( NdT: Univers Alternatif). HH (Half Human –– NdT: Mi-Humain –– cette abréviation existe-t-elle seulement?)
––(| GROUPE O NEGATIF |)––
de
quothme
.
––~––
~ Traduit de l'Américain par Bluelinote ~
- Titre original: Type O Negative -
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Chapitre 1- De bizarres yeux jaunes.
S'il y a un truc auquel je ne résiste pas, ce sont les super-héros avec un côté sombre.
Le concept chatouille la moelle épinière. Il y un je ne sais quoi de captivant dans l'idée qu'une personne ayant le pouvoir de faire le mal, de mutiler et de détruire choisisse pourtant d'user de ce pouvoir pour faire le bien.
Mais que se passe-t-il lorsque vous le trouvez, ce super-héros? Admettons, pour les besoins de la démonstration, que vous avez trouvé un super-héros qui peux d'une seule main arrêter les mini-vans dans leur course et pratiquement effacer votre mémoire d'un seul baiser, en vous paralysant les neurones. Le super-héros à l'idéal duquel vous vous êtes raccroché toute votre vie.
Mais alors, vous découvrez que vous, dans l'histoire, vous n'êtes que l'assistante, une assistante particulièrement peu douée, par dessus le marché. Que se passe-t-il lorsque vous découvrez que le super-héros n'a d'yeux que pour une autre héroïne? Et que se passe-t-il si le super-héros est en fait le méchant?
Oui, que se passe-t-il alors?
Je vais vous le dire, moi, ce qui se passe.
Le super-héros doit faire un choix. Pas seulement entre la blonde héroïne et la brune assistante; celui-là, il est facile. Non, le super-héros doit faire le choix d'utiliser ses pouvoirs pour faire le bien. Il doit choisir la vie ou la mort. Un peu comme nous tous, en fait.
Ceci est l'histoire d'une personne qui a ce choix.
Bien sûr, il ne s'agit pas de moi. Moi, je ne compte pas.
Non, non. Ce n'est pas ça.
[1] En Quatrième (CM1), j'ai lu un livre qui racontait l'histoire de trois gamins aux yeux d'un gris peu commun qui pouvaient déplacer les objets par la pensée parce que leurs mères avaient été exposées à un médicament expérimental pendant leur grossesse. Je ne me souviens plus exactement de l'intrigue, mais je me rappelle très bien que l'un de ces gamins utilisait ses capacités pour faire les poches de leurs voisins.
Tout naturellement, c'est à ce livre que je pense lorsqu'en Onzième (Première), je rencontre les trois Cullen avec leurs bizarres yeux dorés. Peut-être qu'ils ont de bizarres pouvoirs spéciaux pour aller avec leur yeux bizarres. Je vois bien Edward, le plus bizarre d'entre d'eux, faire quelque chose d'abominable avec les super-pouvoirs de ses yeux dorés sur tranche.
Et j'ai raison, bien sûr. Mais je n'ai pas raison tout de suite.
Premièrement, le décors.
J'ai vécu toutes les années de ma vie, sauf une, dans la petite ville de Forks, une cicatrice boueuse sur la Péninsule par ailleurs magnifique d'Olympic . En conséquence, je renifle dédaigneusement dès que j'entends une chanson country chanter les joies des petites villes. Permettez-moi de détruire quelques-uns des mythes qui entourent la vie dans ces endroits.
Mythe: vous n'avez pas à fermer votre porte à clef. Fait: vous le faites si vous ne voulez pas retrouver la ménagère d'à côté en train de mettre votre réserve sans dessus dessous pour vous emprunter une mesure de sucre en poudre. Mythe: les gens sont amicaux. Fait: vous vous déplacez partout à la manière d'un détenu en cavale de crainte que quelqu'un vous reconnaisse et veuille taper la causette. Mythe: il n'y a pas de liste d'attente au salon de coiffure du coin. Fait: les dames de la ville (et certains de leurs chiens) arborent, c'est suspect, des coupes similaires.
Là où je veux en venir, c'est que, si vous n'êtes pas super emballé par le fait d'être sociable, de voir vos voisins débarquer juste au moment où vous sortez de votre douche, et de partager le même sens de la mode qu'un caniches, alors Forks n'est pas pour vous.
Cela va sans dire, j'ai bien l'intention d'en sortir dès que je finis le lycée. En Neuvième (Seconde), Angela et moi avons fait le pacte d'aller à la fac ensemble, de préférence assez loin de Forks pour que nous n'ayons à y revenir voir nos familles qu'à l'occasion des vacances. Et de préférence en un endroit possédant, en terme de divertissement, une valeur ajoutée supérieure à celle d'une soirée à la Mike Newton.
Deuxièmement, le protagoniste de notre histoire.
Voici comment j'ai fait la connaissance de Edward Cullen.
Toute l'école en parle: il y a des nouveaux en ville. Comme vous l'imaginez, à Forks c'est l'Affaire du Siècle. Le dernier nouveau ici, c'était...
Vous l'avez deviné: moi. En Septième (Cinquième). En fait, je suis rearrivée, après seulement une année passée avec ma mère à Phoenix. Tyler et Mike m'appellent encore de temps en temps ''La nouvelle''. Ils s'éclatent tout seuls.
Mais il ne s'agit pas de moi ici, ni d'eux. Il s'agit d'Edward. Et de comment ma vie en est venue à glisser pour se focaliser sur lui.
Trois nouveaux élèves, trois paires d'yeux dorés. Voilà ce que je me dis la première fois que je les vois assis ensemble au self. Bien sûr, ce n'est pas ce que voit le reste de la population lycéenne. Ils sont tous bien trop distraits par le fait que les Cullen sont un tout petit peu plus séduisants que le Sparte moyen.
« Oh, mon Dieu! », s'écrit une élève de première année dans le couloir. « Vous avez vu le nouveau? Il est tellement sexy! »
Oui, c'est bien une de ces filles. Rien qu'aux inflexions de sa voix, j'avais compris qu'elle voulait dire seXXXy! Je poursuis mon chemin. Mais les Cullen semblent me suivre partout. Dans, et entre, chaque cours, la ruche des esprits bourdonne des préoccupations suivantes:
(1) Que portent les Cullen (Du cher.)
(2) Que disent les Cullen (Rien.)
(3) Que font les Cullen (Ont l'air seXXXy.)
La reine des abeille elle-même –– Rosalie Hale –– discute le sujet des Cullen.
Elle y va de son: « J'ai entendu dire qu'ils causent des problèmes. »
Elle essaie de récupérer le contrôle en semant le doute sur cette essence du cool que sont les Cullen.
Je veux dire, il suffit de la regarder.
Si je voulais donner dans le théâtral, je pourrais dire que Rosalie est mon parfait repoussoir. Elle est toute Blonde crinière, yeux bleus et lèvres carmin. Moi, je ne suis que cheveux couleur eau-de-vaisselle, yeux marrons et lèvres gercées.
Mais je ne veux pas donner dans le théâtral. Je continue à écouter Rosalie.
Rosalie n'est que: « J'ai entendu dire que leur famille d'accueil les a sauvés du centre pour délinquants ».
Je regarde sa cascade de cheveux dorés onduler tandis qu'elle parle à un groupe de filles pareillement vêtues de petites jupes courtes.
« Waou! Beaux et dangereux. » Conclue Lauren. Elle n'est pas aussi belle que Rosalie mais elle se rattrape en se montrant encore plus méchante qu'elle. Là, elle est justement en train de mettre des bâtons dans les rouages du plan conçu par Rosalie pour rabaisser les Cullen. Elle amène la meute des pom-pom girls à éprouver des sommets de curiosité plus aigus. C'est l'éternel problème lorsque vous vous entourez d'une meute de gens qui s'habillent pareil. Communément, ils veulent être vous, de sorte qu'ils vous poignardent dans le dos dès qu'ils entrevoient la plus petite chance de prendre votre place.
Je les dépasse. Malgré moi, mon corps me traîne vers le cours de Bio.
Le cours de Bio, c'est là que j'ai fait la connaissance d'Edward Cullen. Afin que vous puissiez comprendre pourquoi cela était inévitable, laissez-moi vous parler du cours de Bio. La Bio c'est, dans la famille des cours, le beau-fils par remariage et rouquin. Rien de ce que vous faites en Bio n'a vraiment jamais de sens, et vous vous demandez toujours comment une telle matière en est venue à faire partie du programme. Voici ce que je reproche à la Bio:
Vous devez souvent
(1) interagir avec les autres
(2) vous déplacer dans la classe
(3) travailler avec des substances qui vous sont étrangères.
A l'évidence, c'est un problème pour moi parce que je:
(1) suis asociale
(2) peux à peine marcher
(3) tombe dans les pommes à la vue du sang où à l'odeur du formol.
Nota Bene: J'ai découvert que les listes numérotées aident à organiser les idées pour un impact maximum. Dans le cas présent vous devriez ressentir l'impact du fait que je déteste la Biologie. Ai-je fait mention du fait que j'ai tendance à mettre le feu à mes cheveux? Non mais, sérieusement, ce mec, là, Bunsen, on devrait le poursuivre en justice.
Après aujourd'hui, je peux ajouter une autre raison à ma liste: Edward Cullen est dans mon cours de Bio.
Lorsque je rentre dans la classe, j'avise le dieu grec aux bizarres yeux jaunes. Un point en moins pour Edward Cullen: j'ai appris il y a longtemps que les dieux grecs n'en valent pas la peine. Chaque école a le sien, et vous vous vouez automatiquement à l'échec en l'aimant bien. A moins, bien sûr, que vous ne soyez la déesse grecque de la dite école, ce que je ne suis pas.
Dieux grec est assis à ma paillasse. Ça, c'est étrange parce que Mr. Banner a appris par le passé à ne pas soumettre d'autre élève à l'épreuve de ma paillasse. Mise en danger de la santé d'autrui, et j'en passe. Les plaques de boutons que j'ai provoquées par inadvertance chez Jessica Stanley ont fini par disparaître. Au bout d'un (certain) temps. Nous ne nous sommes pas reparlé depuis, mais en quoi est-ce une mauvaise chose?
Dieu grec ne me regarde pas approcher, mais son visage prend cette expression bizarre au moment où je m'assois. Et quand je dis bizarre, j'entends par là le masque-même de la haine. L'air qu'on voit souvent sur le visage des gens quand on les rencontre pour la première fois. Il met sa main devant sa bouche. Il est sur le point de vomir. Rien que de parfaitement normal. D'ordinaire, le formol a cet effet-là sur moi aussi. Mr. Banner vient justement de sortir les cuisses de grenouilles sur charriot marinées à ma substance favorite. Je crois que je suis trop distraite par la révulsion d'Edward pour ressentir la mienne.
J'étends le bras et tapote la main d'Edward en signe de commisération. Sa main est froide et moite comme il convient, étant données les circonstances.
« C'est plus facile au bout d'un moment » affirmé-je. « Une fois que le formol a cramé tes cavités nasales au point que tu ne sens plus rien pendant les douze heures suivantes. »
Edward retire vivement sa main. Il a les yeux baissés sur elle et la regarde fixement comme si elle le répugnait. Je remarque que ses bizarres yeux jaunes ne sont plus jaunes à cet instant. Ils sont marron foncé, presque noirs.
Mr. Banner est en train de dire quelque chose à propos des cuisses de grenouilles. Il est sans doute en train de nous dire comment les découper. Peut-être de nous prévenir de ne pas les manger. Nous, nous regardons la main d'Edward se mouvoir lentement, inexorablement, tandis qu'il la ramène vers son corps. Moi, je pense Faucon Millenium, quand il est lentement tiré par le rayon tracteur de l'Etoile de la Mort. La main glisse et disparaît sous la paillasse.
Edward passe le reste de l'heure figé. Il se tient aussi loin de moi qu'il peut l'être. Moi, je passe les minutes suivantes furax. Je pense ce qui suit:
Il est probablement juste malade.
Au moins il n'est pas tombé dans les vapes.
Les dieux grecs ne tombent pas dans les vapes.
Les dieux grecs devraient rester à leur place, à Olympie.
Ou bien est-ce à l'Olympie locale? [2]
J'ai toujours détesté la mythologie grecque.
Et la géographie.
Pourquoi y a-t-il un tatou dans cette salle, d'abord?
Edward ne m'adresse pas la parole. Il ne m'aide pas à disséquer la grenouille. Pour ce qui est de cette dernière, ça me va: j'ai l'habitude d'effectuer les expériences toute seule. Pour ce qui est du premier, ça ne me va pas: après tout, je lui avait témoigné ma sympathie à propos du formol. J'ai essayé de le réconforter physiquement. Je ne fais pas ça pour tout le monde. Et deux points en moins pour Edward Cullen.
La sonnerie retentit, et il est dehors avant que j'aie le temps de cligner des yeux. Je suis debout, là, à regarder son sillage dans ma blouse tachée de grenouille et mes lunettes de protection. Tiens, encore un truc à ajouter à la liste des choses que je déteste à propos de la Biologie: les blouses et les lunettes.
J'ai l'intention de l'ignorer. Ça, c'est difficile, parce qu'Edward n'est pas en cours le jour suivant. Je regarde les filles se flétrir dans toute l'école. Beaucoup ont, c'est clair, passé plus de temps que d'ordinaire à se préparer ce matin, s'efforçant de sortir du lot. Étrange comme, du coup, elles se ressemblent toutes.
Elles arrivent, se regardent les unes les autres de la tête aux pieds, et disent: « J'aime bien tes cheveux », quand, en fait, elles veulent dire: « Regarde les miens ». Je vois le mot « PINK » écrit en travers d'un nombre incalculable de postérieurs. Elles pourraient tout aussi bien porter un néon clignotant en forme de flèche invitant les gens à reluquer leur derrière.
En ce qui me concerne aujourd'hui, j'ai revêtu ma plus belle tenue ''Ignore Edward Cullen'': sweat à capuche trop grand, jean sac-à-patates, écouteurs. Mais nous finissons toutes par être déçues. Ce jour-là, Edward Cullen inaugure une sorte de record, ne passant qu'un seul jour à Forks avant de s'enfuir en hurlant.
Rosalie est ravie. Elle y va de son : « Je parie qu'il s'est fait arrêter pour la cinquième fois ». Elle sera moins enchantée quand il reviendra. Vous savez pertinemment qu'il va revenir. Je vous épargnerai le suspense.
Je passe la semaine à ne pas penser à Edward Cullen. Je ne pense pas à Edward Cullen lorsque je suis assise seule en Bio. Ou lorsque je surprends son frère et sa sœur en train de m'observer au self. Et certainement pas lorsque les premiers mots à sortir de la bouche des gens sont: « Où est Edward? »
Edward pourrait avoir ses propres petits livres illustrés où vous devez le retrouver au milieu d'une mer de scénarii et d'activités de plus en plus bizarres. Maintenant que j'y pense, il a un faux-air de Waldo [3] avec sa petite houppette couleur bronze.
Certains me demandent, à moi spécifiquement, où se trouve Edward comme si je le savais. Certains de mes camarades du cours de Bio pensent: « Il a fallut que tu lui tapotes la main, hein? Tu sais pourtant ce que ça fait aux gens. »
Angela La Ninja m'aide à continuer à ne pas penser à Edward Cullen. Samedi, je me rends chez elle pour tenir son sac de frappe au sous-sol. C'est la seule chose à laquelle je sois bonne quand elle s'entraîne.
Je l'appelle une ninja, mais en fait ça s'appelle du karaté, et elle en fait depuis l'âge de trois ans. C'est une ninja très douée, bien que vous ne vous en douteriez pas en la voyant. Elle est petite avec des os taillés comme des roseaux. Enfin jusqu'à ce qu'elle vous immobilise dans une prise mortelle, et soit en mesure de vous briser la colonne vertébrale d'un seul mouvement de son petit orteil.
Sa femme-de-pasteur de maman n'a pas vu ce sport d'un bon œil.
« Cela encourage la violence, dit-elle. Tu vas te retrouver impliquée dans toutes sortes de bagarres. »
Naturellement, Angela s'est acharnée à devenir ceinture noire. Sa mère a arrêté de s'en plaindre après qu'Angela a cassé le nez d'un gars d'une fraternité à Port Angeles. Il essayait d'établir le contact.
Il a échoué.
Elle l'a établi pour lui.
C'est une bonne chose que je n'aie pas été là. Apparemment le nez du type saignait à flot. Mon évanouissement aurait constitué un handicap en l'occurence.
Et donc je me tiens là, derrière le sac de frappe rouge d'Angela, m'efforçant de ne pas tomber à la renverse alors qu'elle lui délivre un nouveau coup de pied latéral. Je l'encourage en me faisant l'interprète de ce que le sac de frappe rouge me dit.
« Ce sac pense que tu cognes comme une fillette. »
Mes dents s'entrechoquent lorsque son coup de pied atteint le sac.
« Celui-là, il ne l'a même pas senti. »
Mon corps tout entier tremble.
« Je ne t'entends pas! » (Ouais, moi non plus, je ne sais pas trop où je veux en venir avec celle-là, mais dans les films, c'est une réplique qui a l'air de marcher.)
J'en tombe de cul. Angela fournit à mon derrière des protections précisément pour amortir ce genre de situations. Elle culpabilise de m'envoyer au tapis en permanence. Des poings d'acier et un cœur tout tendre –– combinaison imparable. Je suis sa partenaire idéale pour l'entraînement. Ce n'est pas grave si elle m'envoie constamment au tapis; je m'y envois constamment moi-même, sans l'aide de personne. Cela dit à la manière de Dustin Hoffman dans Rain Man. Je suis une excellente tombeuse.
Lorsqu'Angela a fini de bourrer le sac de coups, on bavarde un moment. Nous parlons de nos différentes options en terme de fac, et de quel campus nous tente, ce jour-là.
Aujourd'hui, Angela a des envies de tropiques. Elle n'est que Hawaï et Floride. Normalement, moi, je suis à fond Vermont et New York et Tombouctou. Aujourd'hui, je mentionne l'Université de Washington pour la première fois en deux années de nos discussions sur le sujet.
Les yeux d'Angela s'agrandissent comme des soucoupes, et elle rougit. Elle rougit parce qu'Angela est l'une des rares élues à n'être pas dans le train Destination Edward. Elle est dans le train Terminus Ben. Et Ben veut aller à l'Université de Washington.
Pour je ne sais quelle raison, je ne suis pas très à l'aise avec le fait qu'elle envisage clairement d'intégrer UW. J'ai juste balancé ça comme ça. Je ne parlais pas sérieusement. C'est trop près de Forks.
Lundi, Edward Cullen est de retour en cours.
Je m'en rends compte rapidement. Ce n'est pas difficile. Ce qui me met la puce à l'oreille, c'est que c'est la panique au Lycée de Forks. Les filles rentrent chez elles en catastrophe pour aller se changer, « PINK » rend de nouveau les derrières flagrants, des filles sont dans les toilettes en train de régurgiter ce stupide muffin qu'elles ont pris au p'tit dej'.
Et, bien sûr, la puce me pique d'autant plus vivement l'oreille lorsque Edward en personne se trouve en Biologie. Bon, je vous l'accorde, il s'est joué un jeu de chaises musicales qui pourrait dérouter quiconque de moins mâlin que moi. Edward est assis à la paillasse de Rosalie. Lauren à la mienne.
Je ne sais pas comment il s'y est pris pour séparer la fine équipe –– non, attendez, barrez ça. Edward s'est probablement contenté de rester planté là, le regard vaguement fixé sur le mur derrière la tête de Lauren jusqu'à ce que celle-ci se mette à fondre et se transforme en flaque se répandant au sol jusqu'à ma paillasse. Autre alternative, Rosalie elle-même, avisant qui faisait la queue pour être à sa table, avait très bien pu faire s'évaporer Lauren d'un regard appuyé.
Enfin, d'une manière ou d'une autre, Lauren devait dégager. Il était impossible qu'elle n'échoue pas à ma table. Donc Lauren me fusille à présent du double rayon mortel de son regard au moment je j'entre dans la salle. Elle espère que moi aussi, je vais me mettre à fondre, peut-être même que je vais me ratatiner et aller m'insérer à la table de Mike et de Tyler pour une partie à trois. Mais les yeux bleus de Lauren n'ont pas de pouvoirs bizarres, et donc je me glisse à ma place habituelle, sur le siège à côté d'elle.
« Swan. »
« Mallory. »
Bon, maintenant que j'en ai fini avec les plaisanteries, je porte mon attention ailleurs. Légèrement devant moi sur ma droite, je prends une seconde pour regarder le dos d'Edward. Il est tendu d'un caban gris. Il se penche vers Rosalie. Et, ouaip, il lui parle. Sa voix porte. Chacun et chacune dans la classe retient son souffle pour l'entendre.
« Je n'ai pas eu l'occasion de me présenter la semaine dernière. Je suis Edward Cullen. »
Il est poli. Et agréable. Évidemment, ce n'est pas à moi qu'il parle, moi qui tapote les mains des gens qu'elle connaît à peine.
Les autres filles de la classe laissent échapper un soupir collectif –– le soupir qu'on ressent dans tout le lycée. Sur leur siège ailleurs, d'autres filles hors de cette salle soupirent, sans savoir pourquoi, comprenant seulement que quelque chose de crucial vient de leur glisser entre les doigts.
Edward Cullen a fait son choix. Edward Cullen vient juste d'adhérer au fan club de Rosalie Hale, y rejoignant le reste de la population masculine du Lycée de Forks.
Quel cliché.
Et de trois points en moins pour Edward Cullen.
Après les cours, je marche près de Rosalie et de sa clique.
Elle y va de son : « Edward est profond. Il est tellement incompris. »
Elle a des informations de première main maintenant. Elle l'a ferré. Elle ne croit plus qu'il est un délinquant...
Malheureusement pour Edward, il y a Emmett. Rosalie et Emmett ont passé la majeure partie de leur vie ensemble. Il y a une règle selon laquelle le plus beau mec de l'école et la plus belle fille de l'école finissent toujours ensemble. Rosalie et Emmett collent au moule à la perfection –– elle est Capitaine des Pom-pom Girls, lui fait justement ses débuts comme Quaterback.
Mais Emmett n'est pas le sportif moyen. Comprenez-moi bien, il est effectivement baraqué, plein de sueur et de suffisance. Malgré cela, vous n'arrivez pas à le détester. La preuve, à l'instant-même, il est en train de feinter son chemin dans le couloir, en faux ralenti, rejouant probablement un de ses récents essais.
Et oui, il se commente lui-même de manière absurde, murmurant haut et fort comme au théâtre.
« McCarty plonge à travers une ligne de défenseurs musclés. »
Fait-il, tandis qu'il contourne prudemment un troupeau cacardant de filles de première années.
« Il feinte la meilleure défense de la ligue en effectuant une rotation hallucinante. »
Fait-il, en pivotant lentement sur un pied autour d'un neu-neu de la fanfare cramponné à sa flûte.
« La coupe est en vue. »
Il imitate le Running Man (NdT: L'Homme qui Court) avec des gestes lents et élaborés. Au bout du couloir, Rosalie suit sa progression des yeux. Elle reste de marbre.
« Plus que deux enjambées et … ESSAI! »
Il se tient devant Rosalie les bras levés, produisant ces sons sifflants censés imiter les acclamations d'une foule. Le visage de Rosalie exprime l'agacement, mais ses yeux dansent, trahissant le fait que son courroux n'est destiné qu'à la galerie.
Rosalie ne le mérite pas. Elle mérite davantage quelqu'un dans le genre d'Edward. Hm, je me demande ce qui va se passer maintenant qu'Emmett n'est plus le plus beau mec du lycée.
Parfois, ma vie semble passer à la vitesse de la lumière, comme les voitures qui passent à toute allure la nuit sur l'autoroute Inter-états. Les phares et les feux arrières se confondent au point que l'on ne sait plus où une voiture commence et où l'autre finit. Vous savez que des voitures vont et viennent, que leur passage a un début et une fin, mais tout ce que vous voyez n'est qu'un flux constant de lumière.
Le mois suivant passe dans ce type de flou. J'assiste à des cours ternes, avance dans les couloirs au milieu d'une mer de pairs sans visage, et fais des devoirs stupides. Je suis une simple observatrice dans ma propre vie, et j'observe en solitaire. D'ordinaire, j'ai Angela pour me tenir compagnie, mais sa présence se fait de plus en plus sporadique. Bien sûr, je l'encourage de tout cœur à aller s'assoir à la table de Ben. Je pourrais l'y suivre, mais Ben s'assoit avec Mike et son groupe.
Mon seul divertissement consiste à observer la danse de l'Edward Cullen. C'est le nom que je lui donne parce que je ne sais comment décrire autrement son comportement bizarre. Je me découvre étrangement fascinée par le fait que si jamais il se trouve à proximité de moi ou –– Dieu nous garde! –– seul en ma présence, il s'enfuit littéralement avant que j'aie pu compter jusqu'à dix. Je ne désire rien plus que de l'ignorer. Mais c'est difficile lorsque je vois ses narines se dilater quand il me croise dans les couloirs. Ou bien lorsqu'en cours de Bio, il me fixe d'un regard noir parce que je lui suis rentré dedans en voulant reculer près de l'évier commun.
Je ne me fais pas des idées. Je sais qu'il est impossible que ses actions soient des réactions opposées et égales à quoi que ce soit que j'aie pu faire. Je suis sûre qu'il s'agit d'une sorte de coïncidence cosmique. D'ordinaire, après l'une de ses sorties théâtrales, je regarde toujours autour de moi, pour seulement entrevoir l'éclat de la chevelure de Rosalie. Ou bien c'est son rire que j'entends.
Je retourne à ma vie somnambulée.
Un certain éclat dans les yeux de Mr. Banner m'extrait de ma stupeur. Il me rappelle l'éclat qu'il avait dans l'œil le trimestre dernier quand nous avons dû déterminer notre groupe sanguin. Bien entendu je me méfie de ce nouvel éclat.
« J'ai un projet amusant pour vous, annonce-t-il. »
Ça me va.
« Cela vous demandera du temps après les cours pendant les quelques semaines à venir. »
Ça me va toujours.
« C'est vous qui choisissez le sujet. »
Faisable.
« Et vous travaillerez en binôme pour effectuer des recherches et rédiger un exposé. »
Et voilà où ça coince. Lauren et moi nous regardons l'une l'autre. Nous nous tenons à notre table dans des positions identiques, assises, les bras croisés. C'est ainsi que nous nous sommes tenues tout au long du mois qui vient de s'écouler, pendant que nous n'avons pas travaillé sur un devoir ensemble.
Je me dis que le sujet que choisira Lauren porte sur le nombre de flacons d'eau oxygénée qu'il faut à ses cheveux pour atteindre la teinte de blond parfaite. Elle se dit que le sujet que je vais choisir sera de déterminer s'il existe un gène spécifique qui rend les gens si maladroits qu'ils frisent le handicap.
Bon, d'accord, je ne sais pas vraiment ce qu'elle pense. C'est juste que j'ai cette capacité particulière de pouvoir écrire pour eux les dialogues intérieurs des autres. Je suis douée pour les scènes de bagarre. Donner des noms d'oiseaux. Dénigrer. Par exemple, dans ma tête, Lauren est en train de réagir à ma pique sur ses cheveux blond-javel.
« Peut-être que tu devrais te trouver des plaques d'immat' pour ta voiture, précisant que tu es handicapée » dit-elle.
–– Peut-être que tu devrais m'acheter des lunettes de soleil pour m'épargner d'être aveuglée par tes cheveux, dis-je.
–– Tu seras la première personne de toute l'histoire de Forks à rater l'exam de sport, dit-elle.
–– Tu seras la première personne de toute l'histoire de Forks à mourir d'une overdose de javel au cerveau, rétorqué-je. »
Mr. Banner poursuit, ignorant complètement la conversation qui se tient dans ma tête.
« Bousculons un peu les choses, dit-il ». Je suis toute ouie. Je bousculerais bien quelqu'un pour de bon, en ce moment. Lauren, peut-être.
« Plutôt que de vous faire travailler avec le partenaire habituel, je vais tirer d'un chapeau les noms de nouveaux binômes. »
Oh, oh ...
La classe grommelle. Cela n'entame en rien l'enthousiasme de Mr. Banner. Il sort un chapeau de magicien. Il a vraiment beaucoup réfléchi son truc. J'observe pendant que Mr. Banner sort les noms du chapeau. Il lit les petits bouts de papier à haute voix à mesure qu'ils apparaissent comme par magie.
« Lauren et Mike. »
Admirez comment j'évite deux balles pour le prix d'une.
« Rosalie et James. »
Ha. Super, ça. James est le président du fan club de Rosalie Hale. Drôle de combinaison mais c'est bien pour lui, qui va avoir sa dose de Rosalie.
« Edward et Cassie. »
Attendez, là! Quoi?
Cassie? Intérieurement, je danse la gigue. Pas de binôme avec Mike, ni avec Edward. Les chose vont dans mon sens.
« Bella et Jonathan. »
Ça va. Jonathan, je peux gérer. C'est un des sportifs, mais c'est moi qui ferai tout le travail sur ce projet de toute façon. Je cherche Jonathan d'un regard plein d'espoir. Je ne le vois pas. Ce n'est pas du meilleur augure.
Une fille, devant, lève la main.
« Cassie est absente. Mononucléose. »
Ceci explique son absence.
« Et Jonathan aussi. »
Cela explique la sienne.
Ça glousse un peu dans les rangs. La classe comprend ce que cela signifie.
La mononucléose est probablement la maladie la plus humiliante de toutes. Si vous préférez, vous pouvez l'attraper en partageant une paille, une brosse à dent ou votre assiette. Mais la meilleure façon d'attraper la mono c'est de beaucoup, beaucoup s'embrasser. De se rouler des pelles. De baiser à pleine bouche.
Comme Cassie et Jonathan l'ont sûrement découvert.
Mr. Banner fronce le sourcil. « Savez-vous combien de temps ils seront absents? »
« Quelques semaines? » fait la fille en haussant les épaules. Elle prétend ne rien savoir de la mononucléose comme si elle n'avait pas elle-même eu un mois d'absence suspecte au trimestre précédent.
Mr. Banner a un plan. Il baisse les yeux sur les bouts de papier nettement disposés sur son bureau. Il en déplace un ou deux.
« Edward et Bella, annonce-t-il, vous faites équipe. »
Pas plus Edward que moi-même ne montrons notre enthousiasme en applaudissant. Nous n'échangeons même pas un regard, ni ne manifestons la moindre velléité de discuter les étapes suivantes du projet. La sonnerie retentit et je sors de la classe. A peine ai-je franchi la porte que Mike me dépasse, un éclat de son cru dans le regard. Sur sa tête trône un haut de forme de magicien rejeté en arrière à la désinvolte. Je souris en me disant que Mr. Banner en est d'un chapeau avec lequel il ne pourra plus infliger aux autres des partenaires désespérément incompatibles.
Je cesse de sourire lorsque j'entends quelqu'un s'adresser à Mr. Banner.
« Serait-il possible que James et moi échangions nos binômes, Monsieur? »
Je connais cette voix et, malgré moi, je crois que je sens mon cœur me tomber dans l'estomac. Bien que je ne saisisse pas très bien pourquoi je suis surprise qu'Edward cherche à échapper à un partenariat avec moi. Juste après la porte, je m'arrête et me fraye un chemin hors du courant des élèves, pour rester sur le côté. Je me demande si Mr. Banner va apprécier d'être appelé Monsieur. J'espère qu'il pense qu'Edward se paie sa tête. Peut-être qu'il va coller Edward en retenue pour s'être montré aussi grossier.
« Ça n'est l'affaire que de deux ou trois semaines. Avez-vous une raison valable pour justifier d'un changement de partenaire? »
« Edward et moi tenons un sujet vraiment super.» renchérit une deuxième voix. » Ouais. Ça s'appelle une exploration approfondie de l'anatomie humaine, Rosalie. Comme précédemment démontré, je suis très douée pour inventer des sujet de Bio. Mr. Banner devrait mettre mes sujets dans un chapeau de magicien. Si seulement il en avait encore un en sa possession.
Dans ma tête, je me représente Edward et Rosalie debout devant Banner, l'air sérieux et convaincu, avec leurs beaux visages et leurs yeux candides dépourvus de ruse, essayer de le soumettre au vaudou de leurs magnifiques personnes combinées. Banner va-t-il se laisser convaincre?
« James et Bella sont déjà partis. Il ne serait pas juste d'interchanger leurs partenaires de la sorte. »
A cet instant, voici ce que je pourrais faire: je pourrais tendre le bras et attraper celui de James. Il passe justement devant moi au moment où je vous parle, l'air froid et dur comme toujours. Mais, contrairement à d'habitude ses yeux sont pleins de vie. Je pourrais m'emparer de sa blonde queue de cheval. Je pourrais nous ramener en classe à grands pas décidés jusqu'à Mr. Banner et rendre son argument caduque.
Mais je ne le fais pas.
Pourquoi? Il y a à cela deux raisons évidentes.
Raison numéro un : James n'est pas vraiment le genre de mec à passer l'éponge sur une empoignade de queue de cheval. Il fait de la lutte; il exécuterait sûrement une prise géniale, me cassant le poignet en deux au passage. Par conséquent, je ne cherche pas de poux à James. Personne ne cherche de poux à James. Particulièrement s'il s'agit de l'empêcher d'obtenir ce qu'il veut. Ce qui, dans le cas présent, inclut définitivement Rosalie.
Raison numéro deux: jusqu'à présent, rien en ce qui concerne Edward ne m'a convaincue de souhaiter accéder à la moindre de ses requêtes. Au lieu de ça, je m'éloigne en direction de mon casier.
Au moins, ce devoir de Bio promet d'être intéressant. Cela pourrait s'avérer amusant de voir jusqu'où il pourra aller dans le seul but d'éviter de travailler dessus avec moi.
Je fais avance rapide sur tous les moments où il ne se passe rien d'intéressant. Non pas, bien sûr, que je considère ''intéressants'' les moments où je me trouve interagir avec Edward. Essayez seulement de vivre à Forks et vous verrez à quelle vitesse vous rangerez la moindre nouveauté dans la catégorie des trucs 'intéressants'. Essayez. Juste.
C'est le midi-deux maintenant, et donc je suis en train de faire la queue au self.
« Nous devrions probablement commencer à travailler sur notre devoir de Bio. »
Lorsque j'entends ce commentaire, qui semble m'être adressé, deux choses me prennent au dépourvu: (1) je n'ai jamais vu Edward faire la queue au self auparavant et (2) Edward ne m'a jamais adressé la parole avant aujourd'hui. Je l'ai ignoré avec application en cours de Bio depuis le jour où on nous a donné ce devoir à faire.
« Oh, j'ai déjà commencé, lui dis-je. »
Edward cligne des yeux et regarde son plateau-repas. Je crois qu'il a doublé tout le monde pour venir me parler. Derrière moi, Tyler lui lance un regard noir. Personne ne se met entre Tyler et son repas. Particulièrement quand c'est jour de pizza comme aujourd'hui.
« Veux-tu discuter de ton sujet plus en détail?
« Bien sûr. » Je m'empare d'un bâton de céleri.
Normalement, Tyler tacle quiconque le double.
« Que penses-tu d'aujourd'hui après l'école? »
Attend, ça ne va pas tarder...
« D'accord. »
Aucun mouvement derrière Edward. Tandis qu'il s'incline rigidement pour saisir une part de pizza, je jette un rapide coup d'œil par dessus son épaule.
Je n'en reviens pas.
Tyler ne se formalise pas. Il est en train de marmonner quelque chose à Mike et Eric. Ils regardent tous Edward d'un air mauvais, mais ils tournent ensuite leur attention sur le chargement de leur plateau. Ça, c'est vraiment très bizarre. Ils lui fichent la paix. Ils prétendent tous inspecter les mêmes quatre plats au choix devant eux. Il font bouchon et derrière eux, les autres s'entassent dans la file dans un enchevêtrement de coudes et de jambes.
Mes yeux refont le point et la personne qui se tient devant moi redevient nette. Edward a les yeux sur mon menton. Il vient de me poser une question.
Mon cerveau raccroche les wagons et me met au courant: « Où et quand voudrais-tu que nous nous voyions? » Il se montre poli. Et agréable. Étrange, c'est à moi qu'il parle. Ce n'était pas censé se dérouler comme ça dans le plan. Parce que j'ai un plan en ce qui concerne ce projet de Bio, et Edward n'en fait pas partie.
J'attrape une coupe de crème dessert.
« Le café. A 16h. » dis-je platement [4]. Notez l'enthousiasme! Je doute qu'il se montre.
Edward et moi partons chacun de notre côté.
Tyler, Mike et Eric fusillent une dernière fois Edward du regard avant de se jeter sur la pizza.
Malgré moi, je regarde les raides épaules d'Edward s'éloigner comme il retourne à sa table habituelle.
Nous n'honorons pas le rendez-vous de 16h au café. Du moins, pas aujourd'hui.
Les cours finissent à 15h30. A 15h35, je me débats avec la poignée de la portière de Nellie. J'appelle mon pickup Nellie parce que comme ça, vous pouvez faire "Wrôôamm" avec elle et donner à Nellie le sentiment qu'elle va vite.
'Sentiment' étant le maître-mot.
Par certains côtés, Nellie est faite pour moi. Je pourrais l'emmener jouer au bowling au beau milieu d'une rangée d'arbres, elle les faucherait sans doute tout simplement au ras du sol. Il se pourrait même que je réussisse un strike parfait. Mais il y a juste ce petit truc avec la poignée de la portière côté conducteur. Il faut l'enclencher juste comme il faut avant de pouvoir l'ouvrir. La plupart des fois, je m'en débrouille très bien.
Malgré moi, je jette un regard vers l'autre bout du parking où Edward et sa fratrie sont en train de monter dans sa Volvo.
Aujourd'hui, mes mains tremblent un peu. Serait-ce parce que je suis nerveuse? Ouais. Je suis nerveuse parce que je ne vais jamais arriver à ouvrir cette portière, je vais rester plantée là, dehors, et finir congelée.
J'essaie d'enclencher la poignée en la saisissant sous un angle différent. Et le tour est joué: j'entends le petit 'clic!' dont j'avais besoin.
Au même moment, j'entends autre chose, dont je n'ai pas besoin. C'est le cri strident de pneus qui dérapent et le son d'un klaxon. C'est bien trop proche à mon goût. Je me retourne, et mon champ de vision est totalement envahi par le mini-van bleu de Tyler Crowley. Il vient vers moi en glissant sur la dernière et infime plaque de verglas qui restait encore sur tout le parking.
Et là, je me dis: Soleil, tu m'as laissée tomber.
J'aimerai pouvoir dire que toute ma vie défile en un éclair devant mes yeux. Mais la seule chose que je puisse vraiment voir, c'est la déception dans les yeux de ma mère lorsque je lui ai annoncé que je retournais à Forks.
Je n'ai que le temps de faire « Oh! » et de fermer les yeux. Pendant une seconde, je sens quelque chose de dur et de froid se presser contre mon corps. Il y a un horrible bruit de tôle froissée quand le van de Tyler entre en collision avec Nellie.
Mais je ne sens rien. Je ne ressens plus le froid. Et je ne me sens pas écrabouillée.
Le fourgon de Tyler s'est arrêté à quelques pas de moi. Si je voulais en rajouter, je pourrais dire qu'il s'est arrêté à quelques centimètres de mon nez. Mais non.
Et je suis à terre. Comme je vous l'ai dit, je suis une excellente tombeuse.
Je me relève. Pour je ne sais quelle raison, j'ai le sentiment d'avoir loupé quelque chose. Pour je ne sais quelle raison, je regarde en direction de la Volvo couleur argent. Le frère et la soeur d'Edward sont en pause devant son pare-choc. Comme je suis malpolie! Laissez-moi faire les présentations, maintenant. Il s'agit de Alice et de Jasper.
Les bizarres yeux jaunes d'Alice et de Jasper sont fixés sur moi. Les yeux d'Edward ne le sont pas. J'en conclue qu'il est dans la voiture. Rien de palpitant de ce côté-là. Il bidouille probablement la radio. Circulez, y'a rien à voir.
Je suis entourée d'une foule de lycéens vociférants. La tête de Tyler apparaît à la fenêtre de son fourgon, du côté passager.
« Je suis désolé, Bella-désolé-Bella-désolé-Bella-désolé
» répète-t-il.
« Bella, ta tête! » rajoute Mike Newton.
Je vois de quoi il parle. Quelque chose dégouline dans mon œil droit. J'élève la main pour toucher ce quelque chose. Mon estomac sait déjà ce que c'est. Il se soulève déjà par anticipation.
Tandis que je laisse retomber ma main, je remarque qu'un pan du van de Tyler est mutilé selon des lignes étrangement reconnaissables. Un pan de tôle qui n'est pas entré en contact avec Nellie. Alors que je commence à m'évanouir à la vue de mon propre sang sur le bout de mon index, je me dis: que vient faire l'empreinte dune main sur le côté de la voiture de Tyler?
Le monde vire au noir, mais n'ayez crainte. Il y a bien assez de monde autour de moi pour me rattraper.
Notes Bleues
[1] Dénomination des niveaux scolaires : pour respecter le contexte américain de l'histoire, j'ai choisi de conserver les classes telles qu'elles sont ''numérotées'' dans le système éducatif outre-atlantique.
Pour la petite histoire : ça commence en '' 1ère '' à l'âge de 6/7 ans (CP), et se termine en ''12ème'' (Terminale) à 17/18 ans. Les termes ''Primaire'' et ''Secondaire'' désignent les mêmes cycles que dans le système français.
[2] L'auteur joue sur le nom des villes, puisqu'elle présente Edward comme un ''dieu grec'' :
Olympie en Grèce, et Olympia ville Américaine dans l'état de washington, située à 159 miles et 3 heures de voiture au sud-est de Forks, 60 miles et 1h au sud-ouest de Seattle (Route 101). Les deux villes ont le même nom en Anglais : ''Olympia''
Pour info : Voilà se que dit Google map :
Forks/Olympia : (159 miles ) = 256km –– 2h59... Olympia/Seattle : (60 miles) = 96,5km –– 1h06
Forks/La Push : (15,4 miles) = 24,8km –– 36min
Forks/Port Angeles : (56,3 miles) = 90,6km –– 1h03
Forks/SeaTac (Aeroport de Seattle-Tacoma) : (183 miles) = 294,5km –– 3h30
Forks/Seattle : (139 miles) = 232,7km –– 3h19
[3] Waldo" = mais si, vous le connaissez, il est grand et tout mince, porte un T-shirt rayé rouge et blanc et des lunettes. Il a un menton bien carré, les cheveux marrons et... une houppette. Il se cache toujours au milieu d'une mer de personnages. Sauf qu'en français le jeu "Where's Waldo?" consiste à trouver ''Où est CHARLIE?". Vous avouerez que, dans le contexte de la phrase, dire qu'Edward a un "faux-air de Charlie avec sa houppette", aurait prété à confusion étant donné que le Charlie de Twilight est plutôt du genre moustache sans houpette. Donc, j'ai gardé le nom Anglais du personnage du jeu.
Essayez de le retrouver sur son site officiel: http:/ www (point) findwaldo (point) com/ (retirez les espaces, mettez des points et des barres où il faut etc...)
[4] ''Le café'' : ''The diner'' (ze daïnœur) dans le texte original.
J'ai opté pour cette traduction parce qu'Edward y retrouve Bella en milieu d'après midi, à la fin des cours. Ce genre d'établissement est la version Américaine du bistrot du coin en terme de fonction sociale. Ouverts du matin jusqu'au soir pratiquement 7j/7, les gens du cru s'y retrouvent et peuvent y passer la journée en sirotant leur bière, ou bien y prendre tous types de repas depuis le petit déjeuner jusqu'au dîner, en passant par le simple café + part de tarte, muffin ou donnut. Difficile à traduire, car ces établissement ne sont ni de vrais bars, puisqu'ils ne servent pas d'alcool plus fort que la bière, ni de simples cafés, salons de thé ou restaurants.
Reviouz :
L'auteur, quothme, serait ravie d'avoir l'avis de ses lectrices/lecteurs français . (Euh, Moi aussi, en fait, d'un point de vue lisibilité de la traduction). Je lui transmettrai / traduirai vos reviews (elle en a 1071 en Anglais).