Titre : The Hollowfied Captain.
Pairing : Kensei X Shuuhei
Rating : M
Disclaimer : Tous les personnages de Bleach appartiennent à Tite Kubo, leur créateur.
Résumé : Hisagi a enfin un nouveau Capitaine, lorsqu'il comprend de qui il s'agit son corps se met dans tous ses états. Mais malheureusement pour lui, son mentor ne risque pas de rendre les choses plus faciles, bien au contraire. Le Hollow de Muguruma-Taïcho semble éprouver un certain penchant pour le Lieutenant, un penchant qu'il ne peut absolument pas contrôler…
Warning : The Lemon! Mon premier lemon Kensei/Shuuhei ^^
The Hollowfied Captain - Partie 2.
- Deux semaines plus tard –
Le travail au sein de la Neuvième Division avait repris son cours normalement, les quelques changements de poste et de fonctionnement ordonnés par Muguruma Kensei avaient été appliqués et la Division reprenait un rythme de vie agréable. Hisagi Shuuhei lui-même avait admis que la présence d'un nouveau Capitaine rendait ses journées plus calmes. Après tant de temps passé à gérer cette Division seul, il avait maintenant l'occasion de sortir plus tôt du bureau pour passer plus de temps avec ses amis. Il en était de même pour Kira et Hinamori, qui ravis d'avoir retrouvés un Capitaine se sentaient aujourd'hui moins surchargés de travail mais également plus en sécurité après la trahison de leurs anciens capitaines.
Depuis que Shuuhei avait assisté à l'apparition du Hollow de son Taïcho aucun nouvel incident n'était intervenu, aucun incident du même ordre et de ce degré de violence en tout cas, même s'il en gardait un souvenir cuisant dans sa mémoire. Néanmoins, il avait jugé poli et professionnel de faire comme si tout ça ne s'était pas produit – même si ça s'avérait être très dur - il faisait comme s'il avait tout oublié face à son sérieux Capitaine. Ce dernier était aussi peu bavard et peu amical que son ex supérieur Tosen, penché toute la journée au-dessus de dizaines de rapports, occupé à l'extérieur par des enquêtes à droite à gauche ou par des réunions tardives. Ils discutaient rarement, à part pour parler travail et Shuuhei n'avait eu aucune occasion de lui demander de l'aide pour son entrainement. Et même si Muguruma avait accepté, quand aurait-il eu le temps de l'entrainer ?
Néanmoins, le Lieutenant trouvait sa condition fort appréciable, s'il mettait à part les persistants regards que venait à lui lancer parfois son Capitaine. Ce dernier imaginait sans doute qu'il ne percevait pas ses œillades, mais Shuuhei savait que Kensei l'observait. Parfois, en pleine journée, alors qu'il était accaparé par la rédaction d'un rapport excessivement long, penché et concentré sur son bureau, tournant le dos à son supérieur, il ressentait cette effroyable sensation d'un regard étranger bien trop persistant posé sur lui. Il chatouillait son dos et sa nuque, mais il avait été soulagé de s'apercevoir qu'il ne s'agissait plus de l'énergie spirituelle de son Capitaine, celle-ci ayant cessé de le poursuivre de ses avances.
Le jeune homme ne disait rien, il n'avait même pas abordé le sujet crucial du Hollow pervers à nouveau, se refusant à attiser l'intérêt certain que son Capitaine manifestait à son égard. Il n'avait aucune envie d'éveiller la bête à nouveau, surtout vu les circonstances dans lesquelles elle s'était manifestée la dernière fois. Enfin, il n'en avait pas envie dans le sens ou cette créature pouvait causer bien des problèmes au Seireitei et à son mentor, pas dans le sens où celle-ci abusait de lui et réalisait ses pires fantasmes…
Car oui, Shuuhei avait longuement réfléchi à l'intimité certaine qu'ils avaient partagé ce jour-là et en rêvait toujours secrètement la nuit tombée. Il n'aimait pas ressentir cette impression de manque, tiraillé entre cette admiration sans bornes qui se transformait petit à petit en attirance physique – voire en affection amoureuse – et l'obsédante nervosité de voir poindre les yeux du monstre sur le visage de son sauveur. Si seulement ce Hollow n'avait pas été l'élément déclencheur, si seulement c'était son Capitaine qui le désirait ainsi et pas le monstre qui sommeillait en lui… Il aurait sans doute mieux accepté la situation. Mais là, cette impression que tout lui échappait et qu'il ne savait – au final – rien sur les réelles intentions de son Taïcho le rendait soucieux.
« Ils sont une seule et même personne, tu le sais ça au moins, Shinigami ? » Demanda Kazeshini de sa voix railleuse. « Parce que au cas où tu le saurais pas, je te le dis : les désirs de ce Hollow sont ceux de ton Capitaine. Ils ne forment qu'une même entité. Tu ne peux pas les séparer. C'est bien lui qui te désire, lui : Muguruma Kensei. »
Mais Hisagi tentait chaque jour de se convaincre du contraire. Il ne voulait pas avoir trop d'espoir. Il ne voulait pas être déçu. Jusqu'à ce jour…
Comme à son habitude tous les matins avant de prendre ses fonctions, Shuuhei se rendait à la Première Division, se chargeant de relever le courrier quotidien qui arrivait des quatre coins de la Soul Society mais également du monde réel. Dernièrement, les rapports d'Urahara Kisuke et de Shihoin Yoruichi se faisaient moins longs, se contentant de commenter les quelques rares apparitions de Hollow que Kurosaki Ichigo se chargeait de détruire, comme tout bon Shinigami remplaçant qui se respecte. Ce matin-là pourtant, devant les boîtes aux lettres en bois des différentes Divisions, Shuuhei trouva un sac énorme rempli à ras bord de lettres, affublé d'une étiquette portant l'inscription :
« Neuvième Division, Capitaine Muguruma Kensei »
_Oh bon sang !
Saisit soudain par un élan de nervosité, le jeune homme s'empressa de fermer le sac débordant par tous les moyens à sa disposition. Arrachant une corde solide à l'un des paquets de documents que portait négligemment Matsumoto à côté de lui, il entortilla la corde autour du sac et le serra solidement.
_Shuuhei ? Qu'est-ce que c'est tout ce courrier ? Demanda-t-elle, pointant son index sur la boule de toile de jute que le brun tentait de dissimuler.
_Rien, rien ! Jeta-t-il précipitamment, poussant un juron dans sa barbe.
_Ah, Hisagi-Fukutaïcho !
Shuuhei se redressa dans un élan nerveux, tournant son visage en direction de Sasakibe-Fukutaïcho, le Lieutenant du Commandant Yamamoto qui avançait vers lui en toute hâte, main sur la garde de son Zanpakuto et sourcils froncés sérieusement. Il sentit alors venir le fiasco et ce qu'il avait mis en place depuis deux longues semaines tomber à l'eau…
_Je suis navré, Hisagi-Fukutaïcho, mais nous ne pouvons stocker tout ce courrier plus longtemps. Vous comprendrez que seul votre Capitaine a la charge de s'en débarrasser vu qu'il lui est adressé.
_Oui, oui, je sais. Écoutez… Il n'y a pas un autre moyen ? J'essaye de faire barrage à toutes ces âneries depuis maintenant deux semaines, ça devient ridicule ! Vous n'avez pas la possibilité de filtrer ?
_Comment ça « âneries » ? S'enquit Rangiku en fronçant les sourcils. Shuuhei, c'est toi qui es à l'origine de cet amoncellement de courrier ? Qu'est-ce qui se passe ?
Hisagi se pinça les lèvres, il ne pouvait tout simplement pas se résoudre à dire ça à Matsumoto, la commère de service ! Non, il ne valait mieux pas. Le fait était que Hisagi avait découvert le pot aux roses par hasard, ouvrant l'une de ces enveloppes par simple curiosité il y avait alors trouvé des énormités. Et il s'était rendu compte qu'il n'était pas le seul à avoir pensé déclarer sa flamme au beau Capitaine de la Neuvième… par courrier !
Par chance, il avait posté sa propre lettre sur un coup de tête lors d'une mission dans le monde réel, alors qu'il était allé chercher le rapport de Shihoin Yoruichi, dissimulant ainsi la véritable origine du courrier. Mais cela n'avait vraisemblablement pas suffit, puisque rongé par le remord et par la honte d'avoir osé écrire toutes ces choses à son Capitaine – même anonymement – il ne put se résoudre à laisser la lettre atteindre son destinataire.
Sa seule solution avait alors été d'en bloquer l'arrivée jusqu'à l'intéressé. Et pour cela, il avait été obligé d'en informer Sasakibe-Fukutaïcho, qui lui-même avait cordialement accepté de stocker l'incroyable arrivage en provenance de toute la Soul Society.
Mais ce jour-là, la chance avait décidément changé de camp :
_Hé Hisagi !
La voix tonitruante de son Capitaine lui glaça le sang, le figeant des pieds à la tête sonnant son heure de déchéance imminente. Les pas lourds et rapides de Muguruma se firent entendre sur le parquet lustré et les deux autres Lieutenants saluèrent poliment le nouveau venu qui remarqua alors d'un coup d'œil que son cher subordonné évitait soigneusement son regard.
_Si tu as pris le courrier, on peut rentrer, ordonna-t-il. Je viens de terminer mon entrevue avec le Commandant, je suis exempté de rapport sur la Neuvième pour l'instant, étant donné que nous fonc…
L'arrêt spontané et soudain dans la phrase de Muguruma n'échappa pas à Hisagi. Le silence bourdonna à ses oreilles et il serra les dents, priant de toutes ses forces :
« Faites qu'il n'ait pas vu le sac. Faite qu'il n'ait pas vu le sac. Faites qu'il… »
« Je crois que c'est un peu tard pour ça, Shinigami ! » railla Kazeshini en éclatant de rire.
En effet, Kensei s'était avancé jusqu'à la montagne de lettres ensachées, remarquant l'étiquette qui y était accrochée portant son nom. Incrédule, il se tourna vers Sasakibe :
_Tout cela est arrivé aujourd'hui ? On en a pour la journée au moins à lire tout ce bordel…
_En fait Muguruma-Taïcho, ce n'est pas exactement…
_Et si on rentrait ? Je vous expliquerais tout ça là-bas, Taïcho.
Coupant court à la conversation qui ne déboucherait sur rien de bon pour lui, le Lieutenant prit les devants et songea qu'il valait mieux faire ça en privé. Si Muguruma-Taïcho apprenait que tout ce courrier avait été stocké par sa demande, il lui aurait passé un savon. En public. Et Shuuhei préférait éviter ce genre de choses.
_Très bien, répondit l'argenté, quelque peu étonné. Prends ce sac. Je n'arrive pas à croire ça ! On y est encore dans une semaine à décortiquer tout ça…
Shuuhei s'empressa de s'exécuter partant à la suite de son Capitaine qui pestait tout haut, hissant le sac lourd sur son épaule. Et voilà qu'il était dans de sales draps, pensa-t-il en rejoignant d'un shunpo à la suite de son supérieur, le bureau de la Neuvième. Si Muguruma-Taïcho mettait son nez là-dedans… Non, mieux valait ne pas y penser, se reprit-il en chassant cette pensée de son esprit. Il trouverait bien une excuse…
Les deux hommes pénétrèrent la pièce bien rangée et propre. Kensei déposa sur son bureau quelques documents qu'il avait toujours en mains et se tourna vers le plus jeune, lui ordonnant de déposer le sac au milieu de la pièce.
_J'ai horreur du désordre, mais nous ne pouvons pas faire autrement. Tu n'as qu'à vider tout ça par terre, nous trierons au fur et à mesure.
Shuuhei comprit immédiatement où il voulait en venir et cela ne l'enchanta guère. Si seulement il avait une chance de pouvoir trouver sa propre lettre avant que les grandes mains puissantes de Kensei ne tombent dessus.
_Vous savez Taïcho, souffla-t-il en laissant tomber le poids à ses pieds à l'endroit indiqué par le Vizard, je peux m'en occuper tout seul. Et puis… ce n'est pas intéressant.
_Tu me dois des explications, je crois, non ? Je les attends. Tu as toujours tendance à vouloir que mes remontrances se déroulent en privé, ce dont je te suis reconnaissant d'ailleurs plus que tu ne le crois. Mais…
_J'ai décidé que ce courrier ne devait pas arriver jusqu'à vous, il… Ce sac représente une tonne de travail et c'est pour ça que….
_Pourquoi une telle prise d'initiative ?
Le regard gris le fusilla sur place, visiblement il ne plaisantait pas et attendait prestement des éclaircissements quant aux cachotteries du jeune homme. Ce dernier soupira, malgré la tension palpable dans son corps, il n'avait pourtant aucune envie de lui mentir à nouveau et surtout pas de s'attirer ses foudres.
_Je vous ai simplement évité une charge de travail supplémentaire. Toutes ces lettres sont… juste futiles et inintéressantes.
_Comment le saurais-tu ? Tu les as toutes lues ?
_Non, mais quelques-unes m'ont suffi. Et je peux vous assurer qu'elles seraient mieux au fond d'une poubelle.
Vu la teneur du regard de son supérieur, Hisagi ignorait totalement si ce qu'il tentait d'affirmer sonnait vrai ou faux. Il essayait de faire de son mieux cependant, se doutant bien que s'il n'y parvenait pas sa lettre terminerait un moment ou un autre entre les mains de cet homme. Et même si cette lettre était anonyme, le brun n'était pas sûr que son Capitaine ne reconnaisse pas son écriture. Comment diable n'y avait-il pas pensé avant ?
« Tu joues avec le feu, Shinigami ! » Intervint son Zanpakuto qui avait toujours l'habitude de grandement l'aider dans ce genre de situation. « Mais si tu veux mon avis, si tu l'as fait c'est parce que inconsciemment tu veux qu'il lise ce que tu as écrit. Qu'il prenne conscience de ce que tu ressens. Ne dis pas que tu regrettes les mots couchés sur ce papier, car tu espères plus que tout qu'il les lira. »
Etait-ce vrai ? S'interrogea Shuuhei, perdu sous le regard accusateur de Kensei. Ca semblait vrai en tout cas dans la bouche de son épée, mais la honte de voir ces beaux yeux gris clairs courir sur ses mots provocateurs en serait insoutenable. Et il était pratiquement certain que l'homme puissant face à lui rirait tout son soul, se moquerait de ses sentiments. Il n'était pas le genre d'homme à répondre à ce genre de courrier. Ses espoirs semblaient vains en fin de compte, et leur histoire se résumerait à cet échange intime sous l'impulsion d'une créature démoniaque, le Hollow de Muguruma Kensei.
_Je peux savoir de quoi il s'agit ? S'enquit-il en se baissant pour en attraper une, le papier blanc de l'enveloppe dépassant encore du sac.
_Non !
Shuuhei attrapa sa main au vol et l'empêcha d'atteindre son but, le gratifiant d'un sourire poli qui signifiait qu'il cachait clairement quelque chose. Muguruma ne fut cependant pas dupe et ne comptait pas lâcher le sujet si facilement.
_Que se passe-t-il ? Tu m'as l'air bien cachotier ? Que cachent ces lettres pour que tu ne veuilles pas que je les lise, hein ?
Hisagi soupira, ses épaules s'affaissant soudain alors qu'il se devait d'admettre qu'il avait mal joué son coup cette fois-ci. Ce n'était pas son genre de dissimuler des choses, surtout à son Capitaine, mais il avait misérablement échoué pour une raison qu'il ignorait lui-même. Dernièrement, il n'avait plus toute sa tête, et ces courriers par milliers ne faisaient que lui rappeler combien il était faible face à cet homme.
_Ce sont… des lettres écrites par des hommes et des femmes à votre intention personnelle et qui….
_Alors pourquoi me les dissimuler ? Elles me reviennent, je me trompe ?
_Oui, mais… Je vous garantis, ce ne sont que des déclarations d'amour, des… inepties totales, Taïcho ! Vous avez un fan club qui semble vous harceler par courrier et je voulais vous éviter cela. En fait… Je craignais que lire ces choses ne… ne réveille en vous… Je veux dire…
_Oh ?
Le Vizard prit son menton entre ses doigts, reportant un instant son attention sur le sac énorme qui contenait toutes ces lettres. Un fan club ? Se pourrait-il que tout ait recommencé comme avant ? Qu'on le considère comme un bel étalon et rien de plus ? Il avait horreur de cela. Et Shuuhei avait fait cela pour éviter à son Hollow de se manifester à nouveau ? Sûrement aurait-il littéralement perdu les pédales en lisant quelques lettres cochonnes savamment écrites par les jeunes étudiants de l'Académie de Shinigamis en pleine puberté, Kensei ne se trompant pas en pensant justement que plus de la moitié de ces écrits provenaient de ce genre d'individus. Il jugea l'initiative de Shuuhei plutôt bonne cette fois-ci, il n'était pas friand de toute cette romance manuscrite et n'avait aucune envie d'avoir à vérifier que tout cela était du temps perdu. D'autant plus qu'il avait évité à son Hollow une excitation inutile. Bénie soit Shuuhei qui l'avait fait pour lui.
_Bien, finit-il par dire, j'imagine que c'est tout à ton honneur. Mais je te prierai à l'avenir de me faire part de tes décisions, surtout lorsque la situation m'implique. Il s'agissait de mon courrier à l'origine, j'aurais dû décider de son sort.
_Oui, oui, bien sûr Taïcho. Ça ne se reproduira plus, assura Hisagi, passant une main sur son front duquel il essuya les premières gouttes de sueur y perlant.
_Laisse le tas ici, je demanderai à quelqu'un d'autre de s'en débarrasser.
Il attendit plus ou moins patiemment que son Capitaine se soit tourné, prenant le chemin de son bureau et lui tournant de ce fait le dos, pour plonger ni vu ni connu ses mains dans la masse d'enveloppes. Il y fouilla très rapidement, retournant encore et encore les centaines d'emballages de papier blanc, cherchant avidement sa propre lettre. Il n'y avait absolument aucun moyen qu'il prenne encore le risque de voir sa déclaration se retrouver entre les mains d'une tierce personne et risquer d'être découverte par son Capitaine. Non, il s'en débarrasserait lui-même, brûlant la lettre, afin de s'assurer que ses sentiments étaient toujours saufs et gardés secrets.
Mais la montagne de petits écrins de papier était bien trop importante pour y retrouver miraculeusement celle qui ne devait pas s'y trouver, et sa recherche, au bout de quelques secondes, s'avéra vaine.
_Laisse ce sac tranquille, bon sang ! Qu'est-ce que tu fiches encore ? Interrogea Kensei, assit derrière son bureau, soulevant un sourcil méfiant à la vision de son Lieutenant littéralement plongé dans le sac.
_Rien, rien, faites comme si je n'étais pas là ! Répondit-il, ses yeux naviguant dans tous les sens sur les emballages qui passaient devant eux, ses doigts prêts à réagir au fin papier régulier qu'il avait utilisé pour envoyer ses mots.
_C'est difficile avec le raffut que tu fais, ajouta l'argenté en dodelinant la tête.
_Je… je n'en ai plus pour longtemps.
Muguruma fronça les sourcils, hésitant un instant à lui demander ce qu'il pouvait bien faire la tête dans un sac plein de lettres de fangirls, mais décida d'abandonner l'idée, retournant à ses occupations. Il ouvrit un dossier au volume conséquent afin de s'y plonger, ses yeux se baladant sur les mots écrits finement par l'encre noir de Yamamoto-Sotaïcho.
Cependant, ses pupilles curieuses ne cessaient de faire des allées et venues jusqu'au corps courbé de son Lieutenant et il ne le lâcha pas des yeux lorsque celui-ci s'immobilisa soudain, sortant avec un grand sourire sur son visage, sa tête du sac. Kensei fit semblant de ne pas l'avoir vu agir étrangement, détournant son regard un instant pour lui donner l'illusion qu'il lisait profondément concentré dans son travail. Pourtant, ce n'était pas le cas. D'un coup d'œil furtif, le Vizard remarqua alors le geste précipité de Shuuhei, enfournant une enveloppe dans sa poche aussi rapide que l'éclair, comme s'il voulait la dissimuler. Il était évident que le gamin cachait encore quelque chose, et cette fois-ci, Kensei prendrait un malin plaisait à le découvrir.
Un petit sourire fit son apparition sur les lèvres minces du Taïcho qui attendit alors que son Lieutenant commence à sortir des lieux avec le sac en question. Quelque chose lui disait qu'il devait s'en mêler, rien que pour satisfaire cette étrange curiosité qui l'avait saisi en voyant pour la première fois le jeune Shuuhei agir si secrètement.
_Attends une seconde.
Hisagi se figea, le sac sur son épaule tombant à terre en un bruit sonore qui résonna dans son cœur très étrangement. Il resta immobile, comptant silencieusement les pas lourds de son Capitaine sur le plancher, redoutant encore plus de se faire prendre la main dans le sac. C'était le cas de le dire…
_Et celle-ci ? Interrogea Kensei en arrachant d'un geste étonnamment précis et rapide la lettre qui dépassait presque furtivement du hakama du jeune homme.
Shuuhei échappa un hoquet de surprise, à moitié entre l'étonnement et la nervosité la plus atroce, ses yeux suivant le mouvement de la main voleuse de son Capitaine. Avec horreur il constata ainsi que sa précieuse déclaration, qu'il avait mis tant de temps à écrire et qu'il avait eu tant de mal à récupérer venait de passer en territoire ennemie. Elle reposait là, le narguant, entre l'index et le majeur du Taïcho.
_Et je disais donc : Et celle-ci ? Répéta Kensei, secouant fièrement le bout de papier du bout de son bras, ses yeux moqueurs teintés d'une lumière joueuse.
_Elle… Elle… Elle…
_Plus éloquent que jamais on dirait !
_Ce… ce n'est qu'une lettre, se reprit Shuuhei, ses yeux reflétant un profond stress.
_Vraiment ? Pourquoi l'avais-tu dans ta poche dans ce cas ?
_Parce que… elle est tombée alors…
Muguruma soupira, dodelinant sa tête de droite à gauche et replaçant la lettre en question dans la poche du brun. Il alla s'asseoir derrière son bureau et croisa ses bras sur son torse, lançant un regard amusé à son Lieutenant :
_Tu mens toujours aussi mal, gamin ! J'imagine que tu pourrais m'en lire un passage, juste pour que je puisse saisir l'essence de tout ce courrier inutile, qu'en dis-tu ?
_Je…
_C'est un ordre, Shuuhei.
Le lieutenant se figea, il était extrêmement rare que son Capitaine l'appelle par son prénom la plupart du temps c'était « gamin » ou « Hisagi-fukutaïcho » en présence des autres hommes. Lorsqu'il l'appelait ainsi c'était plus… personnel.
_Bien, se résolut-il en tendant une main en direction du sac garnit.
_Tsss ! Pas ce sac ! Le stoppa-t-il en levant un index. Celle que tu as dans ta poche.
Hisagi lui lança un regard paniqué et il comprit alors que le Vizard avait découvert son petit manège vu l'œil joueur qu'il lui lançait.
« Je parierai n'importe quoi qu'il sait parfaitement que c'est toi qui as écrit cette lettre, Shinigami. Ça risque d'être intéressant… » Lança Kazeshini avec une ironie piquante.
Intéressant ? Pour qui ? se questionna Shuuhei qui d'une main mal assurée piocha dans sa poche pour en sortir la lettre qu'il avait lui-même adressé à son Capitaine. Bon sang, à quoi avait-il pensé en l'écrivant ? Il avait juste voulu vider ce qu'il avait dans sa tête, coucher sur papier ses sentiments et son ressentit afin d'en éprouver un certain soulagement, comme un exutoire. Mais tel un abrutit finit, il avait également fini par la poster, espérant peut-être que son Capitaine la lirait et qu'il… que peut-être il aurait reconnu ses mots.
Mais au final, il avait changé d'avis le lendemain, et avait ardemment tenté par tous les moyens de stopper l'envoi de lettres jusqu'à la Division, court-circuitant le chemin de sa lettre personnelle.
Lentement, il déplia le bout de papier plié en quatre et sous ses yeux s'étalèrent les mots qu'il avait lui-même tracés, aussitôt il eut l'envie de se jeter par la fenêtre plutôt que de lire à haute voix tout ce qui noircirait ce papier, la honte qu'il en éprouverait le tuerait certainement. Surtout que Kensei l'observait avec insistance, attendant sa lecture avec impatience.
_ « Muguruma-Taïcho, vous… vous hantez mes pensées comme personne auparavant. Je… Je ne puis décrire le sentiment qui m'a animé lors de votre retour à la Soul Society. Depuis, je pense à vous jour et nuit et… et je n'ai qu'une envie c'est vivre encore éternellement en ayant la chance de pouvoir admirer votre personne tous les jours. » Ahem !
Ceci était une véritable torture ! pensa Hisagi qui tentait par tous les moyens de cacher son visage aux yeux avides qui le scrutaient des pieds à la tête. Il n'arrivait pas à croire à ce qu'il faisait ! Il lisait cette lettre, cette lettre dans laquelle il avait mis toute son âme à l'homme qui la lui avait inspirée !
_Continue !
_Mais, je…
_C'est un ordre, Shuuhei. Combien de fois devrais-je le répéter ?
Leurs regards se croisèrent et c'était comme si le Vizard éprouvait un plaisir hautement sadique à le voir se ridiculiser face à lui, lisant cette lettre à voix haute, livrant son cœur comme il ne l'avait jamais fait auparavant. Shuuhei se força à reprendre sa lecture, malgré son cœur qui battait douloureusement contre sa poitrine et ses mains qui froissaient le papier fortement. Après tout, il y avait encore une chance qu'il puisse se tromper : peut-être que Muguruma ignorait totalement qu'il était l'auteur de cette lettre ?
_ « Votre… votre corps parfait, vos bras si saillants, je veux qu'ils m'enlacent. Vos mains si puissantes, je veux les sentir sur mon corps et… et frémir sous vos doigts. Je voudrais vous embrasser chaque matin… sentir… sentir votre peau contre la mienne et… et…. »
Shuuhei n'en pouvait plus.
_On peut arrêter main….
_Continue, j'ai dit !
_Bien, bien…., bredouilla-t-il tentant de cacher un peu plus son visage honteux derrière la page qu'il tenait en mains. « Et… et… m'offrir à vous comme à personne. Vous êtes si puissant, si fort, si vigoureux, si… si… talentueux et séduisant, je vous envie. Je vous envie tout autant que j'ai envie de vous. Mon… mon corps vous réclame chaque jour et… et pourtant vous êtes si loin de moi. Si seulement… Si seulement vous pouviez me… me voir… »
Kensei redressa son visage, ce petit sourire en coin qu'il affichait depuis le début de cette lecture s'effaçant à mesure que les mots de Shuuhei devenaient plus profonds. Étrangement, il ne s'amusait plus de cette situation, il n'avait plus envie de se moquer de lui. Il voulait simplement l'écouter, boire ses mots jusqu'à la lie, et que tout cela ne s'arrête jamais.
_ « Ma douleur et mon désarroi se font plus pressants chaque jour, j'ai… j'ai besoin de vous. Besoin de vous voir, besoin de vous entendre me parler, besoin de vous sentir près de moi. Je ne me sens en sécurité que lorsque vous posez vos yeux profonds sur moi, lorsque vous vous adressez à moi de votre voix chaude et réconfortante » Même la voix du Lieutenant était à présent plus profonde, comme si ses propres mots le touchaient et qu'il ressentait toutes les émotions qu'il avait couchées sur papier. « Parfois je me sens perdre pieds tant je pense à vous, tant vous m'obsédez. J'ai… j'ai même envie de vous crier ma passion pour… pour que vous compreniez que j'existe enfin. Dans mes rêves les plus fous, vous… » Pitié je ne peux pas dire ça !
Le brun stoppa sa lecture et plaqua une main devant ses yeux, déformant sa bouche en une grimace douloureuse.
_Voyons voir… quelle pourrait être ta punition…, énonça Kensei en tournant ses yeux en direction du plafond. Peut-être te ferais-je mettre à pied pendant un mois, voire deux pour désobéissance à supérieur et….
Hisagi reprit immédiatement sa lecture, désirant encore moins être mis à pied. Une fois cette lettre terminée, il n'aurait qu'à la remettre avec les autres, et vu qu'il avait signé « Anonyme » Kensei ne saurait jamais que ces mots viennent de lui. C'était un bon plan….
_ « Dans mes rêves les plus fous vous… vous répondez à mes sentiments. Vous agrippez sauvagement mes cheveux et m'embrassez passionnément. Puis violemment, vous me plaquez contre votre torse musclé, m'attirant avec vous jusqu'à votre bureau. De votre main puissante vous balayez les feuilles, dossiers et autres décorations futiles de votre table et m'y asseyez. Enfin, vous… vous… » Non, pas ça ! Tout mais pas lire ça !
_Bien, trois mois de mise à pieds !
Shuuhei le fusilla du regard par-dessus sa lettre et le Capitaine haussa les épaules :
_Quoi ? Fais attention, je ne plaisante jamais avec les punitions. Continue.
_ « Enfin, vous… vous…. » Hisagi ferma les yeux, énonçant une dernière phrase aussi vite qu'il put, mâchant ses mots dans un charabia incompréhensible pour quiconque, et donc pour son Capitaine qui fronça violemment les sourcils, n'ayant pas saisi ce qu'il avait dit. Voilà, terminé ! Et maintenant je vais jeter tout ça à la p….
Le corps grand et merveilleusement sculpté de Kensei se pressa derrière lui, amenant le Lieutenant à se figer en pleine action, avant qu'il ne puisse emporter les lettres loin de ce bureau. D'un geste rapide, l'argenté arracha la pauvre lettre de ses mains et termina la lecture que Shuuhei n'avait pu achever :
_ « Vous me prenez sauvagement sur votre bureau me faisant crier de plaisir » Lut-il à haute voix, tenant d'une main Shuuhei à bonne distance de lui, malgré les assauts répétés qu'il initiait pour reprendre sa lettre. « Et ce plaisir est tel qu'il est entendu par toute la Soul Society. Vous me martelez de votre bassin, ne cessant vos allées et venues en moi comme si vous me désiriez depuis des années. Vous me faites l'amour comme vous ne l'avez jamais fait à personne auparavant, comme jamais on ne me l'avait fait. Mon attirance pour vous n'est pas seulement physique, elle va bien au-delà. Muguruma-Taïcho, je… »
_Non, ne lisez pas ça ! Hurla tout à coup le Lieutenant qui ne pouvait plus rester muet. Rendez-moi ça !
Mais Kensei l'immobilisa, attrapant son bras et l'enserrant fortement, il le plia assez fort pour immobiliser le jeune homme sans toutefois lui imposer une douleur insupportable. Puis, il enroula une jambe autour de la sienne et le plaqua contre son torse, l'empêchant enfin totalement de bouger afin que le jeune homme ne le dérange plus. Puis, le Vizard reprit sa lecture, son visage ayant soudain pris une expression plus douce que Shuuhei n'avait jamais vu chez lui.
_ « Muguruma-Taïcho, je vous aime. Éperdument. Passionnément. A en perdre la tête. A en mourir. Je ferais n'importe quoi pour vous, pour prouver ma dévotion et mon amour. S'il vous plait…. S'il vous plait… »
Kensei déglutit difficilement alors qu'une étrange émotion s'était emparée de lui. Entre ses mains, Shuuhei avait cessé de se débattre attendant la sentence comme s'il attendait sa propre mort, la tête baissée et le corps mou. Ses yeux étaient plissés et fermés comme s'il cherchait à se concentrer de toutes ses forces pour ne pas entendre les mots qui allaient suivre, des mots qu'il connaissait évidemment plus que bien puisqu'il en était l'auteur :
_ « S'il vous plait, regardez-moi rien qu'une seule fois. Remarquez-moi, même juste quelques secondes. Et je serai la personne la plus heureuse du monde. »
Kensei resta interdit quelques secondes, laissant ses yeux s'égarer encore quelques instants sur cette lettre qui semblait l'avoir bouleversé. Puis, lentement, il abaissa sa main, lâchant le bout de papier qui tomba à terre comme s'il n'était plus important. Le silence étourdissant qui avait envahi la pièce bourdonna à ses oreilles et son regard osa s'aventurer sur l'homme qui depuis énoncé ces dernières phrases n'avait pas bougé d'un cil. Sa main se tendit en direction du jeune homme, se refermant délicatement autour du menton pour diriger son visage dans sa direction.
Aussitôt le visage levé vers lui, Hisagi détourna les yeux mais après de longues secondes de silence les posa à nouveau sur son Capitaine, visiblement occupé à scruter son visage. Fronçant les sourcils, Shuuhei tenta de poser une question :
_Qu'est-ce que…. ?
_Je te regarde, répondit simplement Kensei, ses yeux plongeant dans les orbes obscures du Lieutenant. Et je te remarque. N'est-ce pas ce que tu veux ?
Stupéfait par ces attentions qu'il n'espérait même plus, Shuuhei resta sans voix. C'était le moment où il aurait dû réfuter le fait qu'il avait écrit cette lettre mais Muguruma Kensei n'était certainement plus dupe depuis longtemps, et le faire changer d'avis était mission impossible.
La main qui l'enserrait depuis quelques minutes lâcha sa prise, permettant maintenant à Shuuhei de faire tous les mouvements qu'il souhaitait, y compris s'enfuir. Mais il n'en fit rien. Il resta face à son Capitaine, tournant son visage en direction de cette main qui se posait sur bras, remontait le long de son épaule et traçait la courbe de son cou pour caresser sa joue. Il ferma les yeux sous le doux contact, espérant que ce rêve ne se termine jamais.
_Shuuhei…
Son prénom… Encore une fois.
_Pourquoi ne dites-vous jamais mon prénom ? C'est toujours « gamin » ou…
_Je ne suis qu'un vieux pervers, le coupa l'autre, comme si c'était une excuse valable.
_Vous n'êtes pas vieux. Et vous n'êtes pas un pervers, assura le brun en posant une main sur le poignet qui frôlait sa joue.
Kensei échappa un soupir. C'était étrange mais… c'était la première fois qu'il était si proche d'Hisagi sans que son Hollow ne se fasse pressant. C'était comme si la bête n'avait plus besoin de sortir parce qu'elle savait qu'elle aurait ce qu'elle désirait.
_Vous êtes… tout ce que j'ai décrit dans cette lettre. Vous… vous ne serez jamais vieux à mes yeux. Kensei… sama, murmura-t-il en secouant sa tête de droite à gauche. Vous êtes l'homme le plus incroyable que je n'ai jamais rencontré et…
_Pourquoi ne l'as-tu jamais dit ? Le coupa Muguruma amenant leurs regards à s'accrocher.
Shuuhei étira un sourire :
_Parce que… sans doute avais-je peur de votre réaction. Vous voyez, je vous ai dit que je n'avais peur que d'une seule chose : mon Zanpakuto. Mais aujourd'hui il y a quelque chose que je redoute encore plus, encore plus même que de vous perdre à jamais, c'est… mes sentiments pour vous. J'ai peur de ne pas pouvoir contrôler leur puissance, moi non plus.
Le visage du Capitaine se fit plus grave. De la part de son Lieutenant, cette confession l'étonnait, il ne s'était pas attendu à ça, même si bien sûr il soupçonnait déjà le jeune homme de ne pas être totalement innocent en ce qui concernait sa façon de le considérer.
_J'avoue que c'est un peu… bizarre, voire malsain toute cette histoire. Tu n'étais qu'un gamin lorsqu'on s'est rencontrés, même si je ne me souviens pas de toi. Mais, es-tu certain que c'est moi que tu aimes ? Et non pas celui que j'étais il y a cent ans ? Car comme je te l'ai dit : j'ai changé.
Shuuhei secoua sa tête en signe de négation :
_Cette lettre n'a pas suffi ? Vous voulez m'humilier encore un peu plus ?
_Mph… Ma foi non, ça serait sadique de ma part. Et… j'en ai assez de jouer avec toi.
_Comment… ?
Mais sa question fut réduite au silence par le baiser qu'il lui donna. Kensei posa ses lèvres sur la bouche entrouverte de son Lieutenant, le laissant stupéfait par cette prise d'initiative totalement inattendue, et serra le jeune homme contre sa poitrine. L'étreinte était chaude et confortable, tout à fait différente de ce contact qu'ils avaient eu la première fois, à cause en majeure partie du Hollow du Capitaine. Mais cette fois-ci le Fukutaïcho savait que le monstre n'y était pour rien.
Grisé par ce sentiment de plénitude et d'intimité nouvelle, il se blottit un peu plus contre Muguruma, tournant son corps complètement dans sa direction amenant leurs visages à se retrouver face à face. Le baiser s'en trouva plus approfondi, leurs lèvres scellées jalousement et les souffles se mêlant. Kensei ferma les yeux, penchant sa tête légèrement afin d'avoir accès à la mince ouverture entre les lèvres de Shuuhei, pour y glisser sa langue.
Le léger grognement que laissa échapper le brun lorsque leurs deux muscles se rencontrèrent fit trembler de plaisir le Vizard, enfermant un peu plus son jeune amant entre ses bras, évitant ainsi toute fuite de sa part. Mais Hisagi n'en avait pas l'intention, appréciant plus pleinement encore l'aboutissement d'un nouveau fantasme de longue date entre les mains de son sauveur. Ses bras se glissèrent sous ceux de Kensei, remontant le long de ses omoplates pour saisir ses épaules de ses mains fortes mais pourtant quelques peu hésitantes.
Après quelques minutes de ce manège étourdissant, les deux hommes se séparèrent finalement, reprenant un peu d'air au passage afin de soulager leurs poumons mis à mal. Le gris rencontra le noir intense et les regards se nouèrent pendant un instant qui sembla une éternité au jeune Lieutenant.
_Kensei… sama…, murmura-t-il du bout des lèvres toujours solidement accroché aux épaules de son vis-à-vis. Nous ne devrions pas… nous sommes en service et…
_Toi alors, toujours trop sérieux, lui reprocha l'argenté avec un rire moqueur. Alors, je déclare cette matinée officiellement congé. Que tu le veuilles ou non.
_Mais…
_Cesse de me contredire, le coupa-t-il sèchement en passant une main dans les cheveux corbeaux, tirant légèrement sur les mèches soyeuses. Et puis…
Il enserra soudainement un peu plus le corps de son Lieutenant contre son torse, l'amenant à se cambrer, tirant doucement ses cheveux afin d'amener son visage à se lever vers lui, sentant sa respiration se couper sous la force du geste.
_N'était-ce pas ce que tu voulais ? Demanda-t-il en initiant quelques pas à reculons, trainant presque avec lui le jeune homme noyé sous les affres du désir. C'est ça, que tu voulais, n'est-ce pas ?
Il plongea sans prévenir à nouveau sur la bouche de son partenaire, arrachant un cri étouffé à Shuuhei sous sa poigne redoublant de force sur ses cheveux, poussant bientôt le dos du Shinigami contre son bureau de bois. Son visage s'éloigna ensuite de celui de Shuuhei, coupant le baiser, puis il planta ses yeux de braise dans ceux débordants d'amour. Il se pencha lentement, élevant son bras dans l'air avant de l'abattre sauvagement sur le bureau, raflant au passage tous les objets qui s'y trouvaient les faisant tomber à terre dans un vacarme assourdissant.
Shuuhei mordilla ses lèvres avec anticipation oui, c'était ce dont il avait toujours rêvé. Le fantasme parfait jusque dans les moindres détails, de ses gestes à son regard grisant en passant par ses mots rassurants et sa voix plus brûlante que jamais.
_Laisse-moi faire, lui souffla-t-il, appuyant une main puissante sur la poitrine du brun pour l'aplatir contre la surface de bois.
Hisagi ne contesta pas, se laissant dominer et conduire par son Capitaine qui savait évidemment ce qu'il faisait, peut-être même mieux que le jeune homme. Quoiqu'il en soit, le Lieutenant déposa sa tête contre le bureau, attendant quelques secondes que Kensei se soit occupé de verrouiller la porte de la pièce, pour plus de sécurité. Lorsqu'il revint enfin vers lui, il prit sa cuisse dans sa main, séparant les jambes musclées du Fukutaïcho pour les écarter. Il se plaça au creux de son entrejambe, son large corps amenant Shuuhei à agrandir encore plus l'espace entre ses cuisses.
Une main brûlante se plaça sur le haut de son thorax, s'insinuant sous le hakama noir bien serré qui sembla s'assouplir au passage. La main de Muguruma traça ses pectoraux sous le tissu opaque, tentant de le repousser d'une main tandis que de l'autre, il dénouait la ceinture du obi.
Shuuhei serra les poings, mordant bientôt avec férocité dans son poignet contracté, réfrénant un cri rauque causé par le geste de son Taïcho. La main de ce dernier, bien plus entreprenante encore qu'elle ne l'était quelques minutes plus tôt, termina de desserrer le obi, et comme par magie, le tissu noir glissa de sa peau, laissant son corps à moitié nu offert aux yeux gris affamés.
_Kensei-sama…., chuchota-t-il en plissant ses yeux de toutes ses forces. Cette lenteur me tue !
_Mph…, ricana Muguruma qui en était parfaitement conscient. Tu voudrais que tout aille plus vite ? Savoure un peu.
_Non, lui répondit catégoriquement le brun en relevant son visage pour le regarder dans les yeux, j'ai attendu trop longtemps. Trop d'années sont passées, trop de frustration et de déception. Donnez-moi ce que je veux…
Le Vizard haussa un sourcil étonné, se redressant lentement et retirant les mains de ce corps plus jeune qu'il avait envie de torturer un peu plus. Mais si tel était son désir…
_Tu sais ce que tu veux, toi au moins, finit-il par expier en retirant son propre obi, amenant son hakama à tomber à terre dans un souffle. Et j'aime les personnes qui savent ce qu'elles veulent !
Sans attendre plus longtemps donc, il attrapa les chevilles du jeune Shinigami entre ses mains et éleva ses jambes perpendiculairement à son corps, l'aidant ainsi à se débarrasser complètement du hakama qui le gênait encore. Il les écarta ensuite à nouveau se replaçant au creux de Shuuhei, lui jetant un regard interrogateur :
_Comment veux-tu le faire ?
_Mmmm… Fort… N'hésitez pas à aller vite et à me malmener.
_Shuuhei, répondit-il avec un sourire doux sur les lèvres, tu sais que tu es en train de rendre dingue le Hollow en moi avec tes mots ?
Avant même d'avoir obtenu une réponse, le Capitaine porta sa main à sa bouche, laissant s'écouler un filet de salive à l'intérieur avant de jouer de son poignet autour de son membre raide, le rendant quelque peu mouillé et glissant. Lorsqu'il constata qu'il l'était assez, il le présenta à l'entrée de l'intimité de son Lieutenant, observant son visage se contracter sous l'anticipation.
_Qu'est-ce qu'il y a ? Si tu préfères que…
_Non ! Le coupa précipitamment Hisagi en rouvrant de grands yeux étonnés. Non. Allez-y. Faites-le… Que j'ai mal ou non, ça n'a pas d'importance, je veux juste sentir que…. Que je vous appartiens. J'en crève !
Muguruma étira un mince sourire se rendant en fait compte qu'il était lui aussi dans le même état, et que même si son Hollow ne le poussait pas comme la dernière fois, il en avait furieusement envie. Son désir dépassait même celle de son monstre intérieur, réduisant la bête qui tentait tout de même de se manifester au silence le plus total au fond de son être. Cependant, quelque chose en lui lui disait que s'il le faisait comme le plus jeune le désirait, il n'en tirerait pas tout le plaisir qu'il en attendait.
_Bien, mais… Puisque je t'ai dit de me laisser faire, tu n'as pas le choix.
Soudain, le Capitaine se recula précipitamment, disparaissant du champ de vision du brun pour s'agenouiller à terre, le visage face à son postérieur présenté sans pudeur. Hisagi fronça les sourcils, inquiet quant à la suite des évènements mais fut agréablement surpris lorsqu'il sentit la pulpe d'un doigt caresser doucement son intimité.
_Ah…
Shuuhei se cambra lentement, son dos décollant légèrement de la surface sur laquelle il reposait. L'index de Kensei traça quelques cercles rapides autour de son entrée, ayant mouillé au préalable son doigt avec attention. De temps en temps, il tentait de le pousser à l'intérieur, rencontrant une barrière qu'il ne parvenait pas à franchir.
_Détends-toi, je ne vais pas te faire mal, lui chuchota-t-il en lui jetant un regard profond.
Shuuhei se pinça les lèvres. Reposant le haut de son crâne contre le bureau, il avança une main hésitante en direction de son membre maintenant totalement durci qui attendait lui aussi de recevoir l'attention qu'il méritait. Il passa sa main en dessous, poussant son érection en avant, afin de montrer à Kensei ce qu'il voulait.
_Rah… Si tu continues comme ça, ça sera trop pour moi, lança-t-il avec un léger amusement. Les hommes qui savent ce qu'ils veulent, ça m'en a toujours foutu un coup au pantalon…
Et sur ces mots, il se redressa, se pliant en deux afin de pouvoir combler le membre excité et de pouvoir préparer du mieux qu'il pouvait l'anneau de chair qui l'accueillerait bientôt. Il n'oubliait aucune partie sensible, de ses bourses à la peau fine mais si douce, à la pointe engorgée maintenant rougit par une délivrance toute proche, à la colonne de chair dressée sur laquelle pulsait deux veines proéminentes.
_Ah… Kensei-sama, soupira Shuuhei en glissant une main dans ses cheveux gris, arrêtez. Arrêtez ou je vais exploser….
Muguruma stoppa ses mouvements, levant un sourcil étonné à la vision du visage rosit et des yeux embués débordant d'un désir sans nom. Son corps tout entier lui criait qu'il le désirait à l'intérieur, de ses frissons qui lui arrachaient des tremblements à ses mamelons durcis érigés vers le plafond. Il se redressa lentement, se replaçant entre les cuisses du Shinigami sous lui et se pencha en avant, ses mains voyageant sur son torse au fur et à mesure qu'il se rapprochait du visage du Lieutenant.
De ses lèvres entrouvertes, il frôla la joue tatouée, sa langue traçant les courbes de sa mâchoire avec délicatesse, puis revint vers son oreille en titillant le lobe du bout de sa langue.
_Ce tatouage sur ta joue, c'est un hommage ? Ou plutôt… une déclaration ? Chuchota-t-il.
_Les deux… j'imagine, parvint à articuler le plus jeune entre deux frissons.
_Pourquoi n'as-tu jamais cherché à me retrouver ?
Shuuhei se figea sous lui, ses mains se posant soudain lentement sur les larges épaules musclées afin d'écarter le Vizard de son corps, pour que leurs regards se croisent. Les yeux noirs étaient écarquillés, quelque part apeurés par la question qu'il venait de lui poser. Et vraisemblablement il n'avait aucune réponse à ça.
_Désolé, se rattrapa Kensei en fermant les yeux un instant, c'était… Ce n'était pas le moment. Et puis, j'étais un traitre, n'est-ce pas ?
_J'ai passé des heures, des nuits blanches, des journées entières, des mois, des années à suivre votre trace. A revivre chacun de vos mouvements, de vos faits, de vos paroles à travers les archives du Seireitei. Tout ce temps passé pour… pour enfin aboutir à la conclusion que vous vous étiez évanouit dans la nature quelque part sur terre. Et je n'avais plus aucun espoir de vous revoir. Et pourtant…
_Et pourtant je suis là, touchant ta peau et embrassant ton corps comme tu le désirais ?
Shuuhei dodelina sa tête de gauche à droite, ondulant son corps de façon à se rapprocher un peu plus de lui, amenant ses fesses à se frotter contre le membre durci de Muguruma.
_Vous avez toujours été et vous serez toujours mon seul fantasme, Kensei-sama. Le seul et l'unique. Mon modèle et celui qui survit au fond de mon cœur.
Les mots du jeune homme semblèrent émouvoir quelques instants Kensei mais il ne le laissa pas paraître et se redressa finalement pour prendre ses cuisses entre ses mains :
_Ah… Tais-toi, j'ai tellement envie de toi.
_Moi aussi…
Sans un mot de plus, le Capitaine se plaça à l'entrée de son subordonné, poussant doucement avec une force mesurée son membre à travers la chair récalcitrante qui l'étouffa soudain dans une étreinte douloureuse. Il serra les dents, tentant de ne pas se laisser submerger par le plaisir nouveau de le pénétrer et patienta quelques instants que Hisagi s'accommode à son intrusion. Le brun laissa ses mains voyager sur le corps de son Capitaine, lentement, explorant chaque parcelle de peau bronzée, trouvant par-là un moyen de s'évader pour ne pas trop penser à la douleur brûlante qui commençait à l'envahir.
_Détends-toi, lui souffla à l'oreille Muguruma, lui arrachant un frisson violent.
Seule une suite de soupirs saccadés lui répondit et le jeune brun s'agrippa au cou de son nouvel amant, échappant un mince gémissement plaintif. Kensei l'observa, se demandant quand il se serait habitué à sa présence pour qu'il puisse enfin essayer de lui donner du plaisir. Il enfouit son visage dans le cou du Lieutenant, sa bouche dévorant et suçotant la peau humidifiée par une sueur dû à l'émotion, mais Kensei trouva cela bien plus excitant encore.
Shuuhei se cambra sous lui lorsqu'il atteignit son oreille, sa langue passant frénétiquement derrière celle-ci déclenchant à son passage une multitude de sensations toutes plus plaisantes les unes que les autres. Les mains du brun serrèrent un peu plus leur étreinte autour du cou de Muguruma, l'incitant à continuer, et bientôt son bassin initia de lui-même quelques rotations légères et timides, donnant le feu vert au dominant pour bouger.
Kensei obéit docilement, suivant dans son sillage les mouvements amples et sensuels de Shuuhei, débutant de petits va et vient en lui en rythme avec le bassin du plus jeune. Il ne fallut pas longtemps avant que le Lieutenant ne commence à pousser des gémissements plaintifs, ses lèvres enserrées entre ses dents de toutes ses forces et son visage commençant à devenir dangereusement rosé. Kensei se redressa, appuyant ses paumes de main sur les pectoraux de Shuuhei pour prendre un meilleur appui afin d'intensifier son allure. Il fut cependant surpris lorsque deux grands orbes corbeaux se plantèrent dans ses yeux et que son subordonné se lança de lui-même contre son membre, l'amenant à s'enfoncer plus loin en lui.
_Oh ! Laissa échapper Kensei en sentant ses bourses se contracter. Fais pas ça…
_Allez-y plus profond… allez-y… Plus fort, plus vite !
Muguruma parvint à étirer un sourire, ne détachant pas ses yeux du visage juvénile étiré par une expression de plénitude totale, et durci un peu plus son rythme, sans toutefois en faire trop. Il ne voulait pas non plus lui faire mal, tout avait si bien débuté et puis, il aimait le faire à sa façon, lentement et sensuellement, pas comme deux bêtes affamées.
_Je vous ai dit de… de… plus fort ! Se plaint soudain Hisagi en agrippant ses bras entre ses mains.
_Est-ce que c'est comme ça que tu aimes faire l'amour ? Lui demanda alors le Capitaine. Moi j'aime quand c'est lent, très lent… Et que tu puisses me sentir complètement jusqu'à ce que je touche au plus profond de toi, là où tu aimes…
_Oh pitié… Kensei-sama ! Geint le brun, secouant sa tête de droite à gauche très rapidement. Pitié !
Mais le Vizard ne pouvait se résoudre à le torturer plus longtemps :
_Bon sang ! Expia-t-il entre ses dents, se décidant à attraper à pleines mains les cuisses du Shinigami pour se lancer plus vivement et plus fort dans l'intimité de Shuuhei.
Et ce fut ainsi qu'il exauça les désirs de son Lieutenant, son bassin claquant bruyamment contre les fesses d'Hisagi, le bureau se déplaçant toujours plus loin sous son martèlement, les cris du jeune homme remplissant la pièce et l'encourageant à aller toujours plus vite. Kensei ignorait s'il avait encore la capacité d'aller plus vite, et se demandait : s'il le faisait allait-il terminer par sérieusement blesser son amant, et l'empêcher de marcher pendant une semaine au moins ?
Mais il n'y avait rien à faire, les bras de Shuuhei rejetés en arrière derrière sa tête, ses mains solidement accrochées aux bords du bureau et sa bouche entrouverte l'incitant chaque seconde à toujours aller plus loin l'obligèrent à continuer, l'empêchèrent de ralentir. Et bientôt, le rythme effréné qu'il tenait depuis de longues minutes amena le jeune homme à se libérer tout à coup. Son corps soulevé par de violents à coups, sa tête secouée par un plaisir sans nom, le liquide blanchâtre recouvrit le bas ventre de Shuuhei, glissant dans son nombril et s'aventurant sur les abdominaux carrés.
Muguruma sentit son propre bas ventre réagir violemment à cette sensation, son sexe durement enserré entre les muscles du brun secoués de spasmes jouissifs, il ne put se contrôler et se déversa à l'intérieur de son amant, ses cuisses tremblantes sous l'émotion et ses mains pétrissant les hanches de Shuuhei à en laisser de vives marques rougeâtres.
Tous deux restèrent haletants pendant de longues secondes, leurs corps empilés l'un sur l'autre, reprenant leur souffle comme il le pouvait, exténués par ce qui venait de se produire. Étonnamment, ce fut Shuuhei qui réagit le premier, essayant de se soustraire au poids de son Capitaine en roulant sur le côté il amena Kensei à se redresser et à s'éloigner de lui. Le fier Capitaine attrapa une serviette blanche posée sur un meuble non loin et épongea son cou ruisselant de sueur, s'activant à se rhabiller par la même occasion. Hisagi en fit de même, ses mains quelques peu maladroites après tant d'émotions ralentissant ses mouvements considérablement. Ses yeux restaient néanmoins baissés, refusant de se poser à nouveau sur l'homme non loin de lui. Pourtant, ce dernier l'observait, ses mains sur ses hanches et soupira bruyamment ne pouvant éviter une discussion qui s'annoncerait évidemment houleuse pour tous les deux.
_Je ne savais pas que tu...
Les yeux noirs se levèrent précipitamment sur lui et Muguruma fut coupé dans son élan. Il passa sa langue sur ses lèvres comme s'il cherchait les bons mots et reprit :
_Je ne savais pas que tu avais ce genre de... de sentiments.
_Oubliez ça, s'empressa de répondre le Lieutenant qui reprit un peu plus d'aplomb et planta ses yeux sur son visage. De toute façon, nous sommes Lieutenant et Capitaine, n'est-ce pas ? Rien ne peut...
_Quoi ? Rien ne peut se passer entre nous ? Le coupa l'argenté en haussant ses sourcils. Excuse-moi de te contredire là-dessus.
_Vous savez très bien où je veux en venir.
Kensei soupira à nouveau, baissant son visage pour regarder ses pieds nus. Il savait bien où il voulait en venir et c'était effectivement ce qu'il avait redouté...
_Un Capitaine et un Lieutenant n'ont pas à avoir ce genre de relation, Kensei-sama. Vous le savez.
_Oui, et pourtant c'est bien toi qui as dit que tu m'aimais, non ?
_Je ne vous l'ai pas dit ! Se défendit le brun. C'est vous qui avez lu cette stupide lettre ! Je ne voulais pas qu'elle atterrisse entre vos mains !
_Mais tu l'avais postée, n'est-ce pas ? Pour quelle raison ?
L'expression d'Hisagi se figea, n'ayant aucune réponse appropriée à lui apporter à ce moment. Il s'immobilisa, cherchant quoi lui dire afin de prouver qu'il avait tord mais ne trouva rien d'éloquent, si ce n'était de dodeliner la tête de droite à gauche. Kensei échappa un ricanement :
_Maintenant que je connais tes sentiments, il va me falloir te donner une réponse, n'est-ce pas ?
Shuuhei ouvrit la bouche mais le Capitaine reprit avant qu'il ne puisse sortir un mot :
_Ne me dis pas que tu n'en attends pas, je sais bien ce que tu ressens maintenant. Tout ça, tout ce... ce qui s'est passé à l'instant ce n'était pas le fruit du hasard. Tu voulais que ça arrive, je voulais que ça arrive, point barre, n'en faisons pas tout un drame. Mais... tu m'aimes. Les sentiments amoureux changent la donne dans ce genre de cas.
_Pourquoi ? Vous allez peut-être me dire que vous êtes tombé amoureux, vous aussi ? Lança ironiquement le Shinigami. Ne vous moquez pas de moi.
_Je ne me moque pas de toi. Je n'oserai pas. Il faut avoir un sacré courage pour avouer tout ce que tu as mis dans cette lettre, Shuuhei.
Hisagi soupira, sa main se perdant dans ses cheveux en désordre pendant quelques instants. Il n'attendait pas des félicitations ni de la fierté de la part de cet homme mais quelque chose de bien plus important encore. Mais qu'avait-il cru ? Que Muguruma Kensei lui retournerait ses sentiments ? Non, il était stupide ! Leur relation n'était faite que de travail et pourquoi pas de sexe, mais jamais d'amour.
_Écoutez... J'ai bien compris. Vous avez satisfait le Hollow en vous et j'en suis soulagé, même si ça a été plaisant pour moi n'avoir que ce genre de relation n'est définitivement pas ce que j'attends de vous. Je...
_Tu crois que ce n'est que pour satisfaire ce monstre qui sommeille en moi ? Tu penses qu'il ne s'agit que de ça ?
_Vous...
_Je vais te le dire. Je vais t'expliquer la raison pour laquelle je suis revenu à la Soul Society.
Shuuhei fronça les sourcils. Il avait espéré que cette conversation se termine ainsi, sur cette note de fin et qu'ils mettraient un terme à cette mascarade très rapidement, mais Kensei avait décidé aujourd'hui de se confier. Il ignorait si ce qu'il allait entendre lui ferait du mal ou le consolerait un tant soit peu mais il resta attentif aux paroles de son Capitaine, scrutant les yeux gris de loin :
_Je ne suis pas revenu par devoir, Shuuhei, expliqua Kensei en faisant quelques pas dans sa direction. Je ne suis pas revenu pour reprendre mon travail et reprendre ce qui m'avait été pris ! J'ai toujours été un bon soldat, un bon Shinigami, tout du moins je l'espère mais...
Le Capitaine stoppa ses cent pas, s'étant rapproché considérablement du jeune Shinigami qui l'observait avec attention.
_Ma décision a seulement été guidée par les désirs cachés au fond de moi. Les désirs de cette bête qui s'est greffée à ma personnalité. Si je suis revenu c'est pour trouver... trouver un palliatif, même si je n'aime pas le mot, crois-moi. Je veux trouver quelqu'un qui puisse comprendre mon mal être, gérer mes crises et calmer celui que je suis au fond. Le monstre a besoin de toi, j'ai besoin de toi. Ne laisse pas ce que je suis venu chercher glisser entre mes doigts. Shuuhei.
Hisagi déglutit lentement, difficilement, submergé par ces yeux gris sincères qui lui criaient qu'il ne souhaitait pas le voir s'éloigner. Lui non plus ne le voulait pas, et tout ce qu'il venait de lui avouer - il devait se l'admettre - lui retournait l'estomac.
_Vous... Je..., tenta-t-il en fixant les larges mains s'enrouler autour de ses biceps. Je ne sais... pas quoi dire.
_Alors ne dis rien. Et écoute-moi te dire que... peu importe que nous soyons ce que nous sommes : Lieutenant et Capitaine, Shinigami et Vizard, d'une autre génération, que nos objectifs soient différents, s'il fallait recommencer je le ferai. Sans hésiter. La vie dans le monde réel m'a apprise que rien n'est mieux que d'avoir un Shinigami avec soit.
Shuuhei hésita un instant avant de casser leur contact visuel et de soupirer sans un bruit. Une main décidée et provocatrice saisit son menton, l'obligeant à relever son visage et à nouer le contact avec les yeux de son vis-à-vis. Se trompait-il en pensant qu'une chose très intime était en train de se produire entre eux ? Bien plus intime encore que de faire l'amour ? Il en eut tout du moins l'impression lorsque la voix de Muguruma s'éleva à nouveau et traduisit son ressentit de la situation :
_Alors ? Que me réponds-tu ?
Était-ce cela qu'il attendait lui aussi ? Une réponse ? Shuuhei ne pouvait pas le croire.
_J'ai dit que je ferai n'importe quoi pour vous, Kensei-sama, alors je...
_Oh je pensais que tu parlais en tant que Lieutenant, lança Kensei en lui souriant moqueusement.
_Non. J'ai dit, et je pense, que je ferai n'importe quoi pour vous. Parce que vous êtes ce genre d'homme qui n'exigera jamais quelque chose de honteux ou qui pourrait porter atteinte à ma fierté de Shinigami.
_En es-tu sûr ?
_Je crois vous connaître assez.
L'argenté échappa un rire amusé, quelque peu étonné par les mots de Shuuhei.
_Tu n'as pas peur que je ne fasse que me servir de toi ? Que tes sentiments soient écrasés, que je joue avec toi ?
_Vous ne ferez jamais ça, assura le brun en se rapprochant discrètement de lui. Jamais...
Les deux hommes échangèrent un baiser, court et léger qui pourtant reflétait toute la sincérité qui émanait de cette discussion. Il était bien entendu évident qu'ils disaient tous deux la vérité et qu'ils s'apprêtaient à mettre les pieds dans une relation compliquée.
_Tu en es conscient que ça ne sera pas facile, j'espère. Nous travaillons ensemble, nous sommes supérieur et subordonné, ce n'est pas une mince affaire en matière de relation intime.
_Je vous promets que je sais me comporter comme il faut peu importe la situation.
_Je n'en doute pas.
Ils échangèrent un plus long baiser cette fois-ci, liant leurs lèvres dans un souffle voluptueux et chaud. Shuuhei glissa ses bras derrière le cou de son Capitaine, ses doigts s'égarant dans les mèches d'argent pendant que Kensei prenait en main ses hanches et collait son torse contre le sien.
Puis, ils se séparèrent, n'échangeant pas un mot mais tombant dans une accolade intime, s'enlaçant dans un contact très proche, le menton de Kensei se posant sur le haut du crâne d'Hisagi. Il n'y avait plus aucun moyen de faire marche arrière, et d'ailleurs cet élan de tendresse en témoignait mieux que tout ce qu'ils avaient pu se dire : ils étaient bel et bien plus proches que jamais.
_Et si un jour quelqu'un le découvrait et que je sois banni à nouveau de la Sul Society, si je dois retourner dans le monde réel et revivre comme un pestiféré ça ne changera rien. C'est toi que je suis venu chercher, ici ou ailleurs ça sera toujours toi qui saura me combler.
Shuuhei étira un mince sourire, ses yeux se fermant lentement à l'écoute des mots qui firent chavirer son cœur à nouveau.
_Et si un jour quelqu'un le découvrait et que l'on me reprochait cette relation, alors je n'aurais qu'à dire que c'est votre Hollow qui m'a forcé.
_Quoi ?
Muguruma s'écarta brutalement du jeune homme, ses yeux noirs fusillant son amant comme s'il venait de dire la pire des insultes. Hisagi éclata d'un rire spontané, attrapant de ses mains le col du hakama de son Capitaine et lui laissant un baiser sur les lèvres, il pensa avec fierté qu'il n'y avait maintenant plus que lui pour faire sortir de ses gonds le Capitaine si sérieux et si professionnel qu'était cet homme. Et même si ses sentiments mettaient un certain temps à se développer, il saurait patienter le temps qu'il faudrait, après tout il avait bien attendu cent ans...
_Je t'aime. Capitaine.