Quand ta colère nous détruit. 1

Harry n'avait pas de raisons d'être ici à ce moment précis de la journée. Il n'avait jamais voulu, ni même demandé à être là, dans cette forêt sombre qui ne lui disait rien qui vaille. Et ces hurlements au loin, il espérait que cela ne soit pas des créatures magiques dangereuses. Il n'avait pas envie d'en rencontrer, ce n'était pas le moment alors qu'il avait l'impression de perdre la tête. Il voulait qu'on lui foute la paix, en tout cas aujourd'hui. Il était si fatigué….il n'avait pas envie de combattre même pour sauver sa vie, ni celle de qui que soit d'autre d'ailleurs.

Il frissonna de froid et peut-être même de peur et de lassitude.

D'un geste lent, très lent, il engonça ses mains dans ses poches. Il avait l'impression qu'il agissait au ralenti, la sensation était bizarre, comme si on le contraignait à les garder en dehors alors qu'il n'y avait personne autour de lui. Deux secondes plus tard il reprit son chemin en traînant les pieds, droit devant. Il ne savait pas où il allait ni où il devait aller. Il se gratta la tête en pensant que ça pourrait lui donner une solution, mais non rien, il n'avait réussi qu'à décoiffer un peu plus ses mèches rebelles avant de remettre sa main au chaud.

-Mais qu'est-ce que je fais là, bordel ! cria-t-il tout haut en regardant autour de lui. Jamais il n'avait vu ce coin, il ne savait même pas comment il avait atterri là.

Il ne connaissait pas cet endroit, il était absolument certain de n'y être jamais venu, se dit-il après avoir trituré ses méninges deux bonnes minutes. Ces bois ne ressemblaient assurément pas à ceux de la Forêt Interdire. Il le saurait sinon, il y était souvent allé avec Snape en retenue. Il n'était pas encore fou quand même au point de ne plus savoir à quoi ressemblait la forêt de Poudlard !

Que faisait-il avant de se retrouver dans ce coin perdu au milieu de nulle part ? Il sortait de chez lui pour aller travailler, ça ouais, il s'en souvenait. Après plus rien. Le néant. Le trou noir, total. Enfin ça ne lui disait pas ce qu'il foutait ici, au centre de ces arbres noirs et lugubres et tout seul en plus.

La mémoire est une chose étrange, on a beau y fouiller parfois mais rien ne vient. Des portes se ferment, hermétiquement, pour ne rien laisser transpirer.

Le jeune homme sursauta quand une sensation d'oppression le saisit à la gorge, ça ne le rassura pas de voir les arbres menaçants étendre leurs branches pourries et dénudées au dessus de sa tête. L'humus sentait fort, plus fort que dans une forêt normale, de même qu'il avait l'étrange et écœurante idée de sentir un monde grouillant sous ses pieds. Le sol se mouvait au gré de ses envies, tantôt ça venait vers lui ou tantôt ça s'éloignait mais en tout cas c'était vivant… et ça dégageait une puanteur sans nom.

Un souffle, un murmure frôla son oreille et il ne put s'empêcher de tressaillir violemment. Il avait entendu son prénom murmurer par une voix, il en était certain.

-Il y a quelqu'un ? demanda-t-il en vain alors que ses paroles se répercutaient sur l'écorce des arbres décharnés.

-Hey ! Il y a quelqu'un ? Si c'est une blague je vous préviens, je la trouve pas drôle du tout, les gars !

Quelle heure était-il d'ailleurs ? pensa l'égaré en sortant sa main de la poche de sa veste pour regarder sa montre.

Plus de montre à son poignet, pas plus que de baguette dans sa poche ni même de lunette sur son nez, pourtant il y voyait bien ! En fait il n'avait plus rien hormis ses vêtements. Où avait-il mis ses autres affaires ? Il se souvenait très bien qu'il les avait en sortant de chez lui ! C'était quoi ce truc ? Une mauvaise farce d'un débile ou d'un con ? On l'avait drogué ou lancé un sortilège de confusion peut-être, mais pourquoi ?

-Il y a quelqu'un ? Répondez-moi ! Je sais qu'il y a quelqu'un, qu'est-ce que vous voulez ? Arrêtez vos conneries, ça ne m'amuse pas !

Un vent froid et pénétrant lui répondit auquel se mélangea un rire sardonique et sauvage.

Harry regarda autour de lui, hagard. Ses yeux verts scannèrent chaque parcelle de bois, chaque arbre, mais il ne vit rien ni personne, même pas une bête étrange et dangereuse. Pourtant c'est ce qu'il aurait cru apercevoir en premier dans ce lieu chaotique ou le sol se mouvait encore et toujours sous ses pieds. Il tanguait comme s'il était pris de boisson et son estomac se souleva comme un raz de marée.

Il fallait qu'il s'éloigne d'ici, il n'allait rien lui arriver de bien s'il restait dans ces lieux. Non, décidemment rien de bien.

Un homme au visage sombre restait attentif au souffle du blessé allongé sur un lit de Sainte-Mangouste. Voilà un mois qu'il le veillait et il n'était pas passé loin de le perdre pour de bon cette fois. Quoiqu'à bien réfléchir il ne savait même pas si vraiment il allait s'en sortir, le sortilège que le survivant avait reçu avait été rude.

Un mois qu'il ne l'avait pas quitté, pourtant aujourd'hui il devait aller voir l'homme qui l'avait mis dans cet état, lui aussi l'inquiétait, pour lui aussi il avait un amour sans borne, comme pour ce jeune homme mal en point qui accaparait tout son temps de libre. Pas facile pour lui de rester là avec eux et de jouer l'indifférent, pas facile mais il le faisait, sans ça pourquoi vivre s'il ne pouvait plus les côtoyer et les aimer de loin ?

Le maître des potions se retrouva aux abords des grilles du manoir Malfoy, il venait voir Lucius et il espérait que celui-ci allait le recevoir. Auquel cas il défoncera le portail si l'autre lui opposait un refus. Il n'était plus à ça près et sa patience avait atteint ses limites.

Un elfe vint lui ouvrir, l'air grave, et le précéda jusque dans le grand hall avant de le faire entrer dans un bureau, celui de Lucius Malfoy.

Le blond était là, face à la cheminée, poussant négligemment une bûche de la pointe de sa chaussure.

-Je n'ai rien à te dire, souffla l'aristocrate qui avait beaucoup maigri et qui accusait bien dix ans de plus.

-Moi au contraire j'ai beaucoup de choses à te dire, Lucius.

-Tu es venu m'annoncer qu'il est…

-Non ! les médicomages l'ont stabilisé, pour l'instant, après on ne sait pas….ça dépendra de lui, s'il veut vivre ou mourir.

Le silence s'installa et devint lourd. Les bûches crépitaient joyeusement dans l'âtre, mais sur le visage des deux hommes il n'y avait nul amusement, bien au contraire.

-Pourquoi ? murmura Severus qui s'avança d'un pas vers son ami dont les yeux étaient éteints. Pourquoi, Lucius…. ?

-Tu as attendu un mois avant de venir me poser cette question…

-Les médicomages avaient besoin de moi pour certaines potions, et de plus je ne voulais pas abandonner Harry.

-Moi je l'ai fait, l'abandonner je veux dire, j'ai même fait pire.

-Pourquoi, Lucius, pourquoi ce geste fou ?

-Tu veux vraiment savoir ? s'anima soudain avec colère le blond en se retournant vers l'ancien mangemort.

-Je suis venu exprès pour ça, tu me dois une explication pour ne pas t'avoir dénoncé aux aurors.

-Tu aurais dû le faire, je ne t'avais rien demandé.

-Harry ne l'aurai pas autorisé, tu le sais…..Et je n'aurai jamais fait ça…..

-J'ai voulu lui faire mal….

-Tu as essayé de le tuer ! j'étais là tu sais, j'ai entendu ton sortilège et c'est pour ça que j'ai pu agir de suite.

-Il m'avait trahi !

-Harry n'aurait pas fait ça…..il t'aimait, tu es son mari et il est le tien, c'était important pour lui.

-Pas si important que ça puisqu'il est allé voir un médicomage pour se faire avorter de notre enfant, s'emporta Lucius avec des larmes de rage aux coins des yeux. Des gens l'ont entendu rire quand il est sorti du cabinet médical après trois heures passé là-dedans, quelqu'un est venu me rapporter ses propos de vive voix. Mon enfant était mort et il riait, et il disait à qui voulait l'entendre qu'il ne voulait pas d'un bâtard Malfoy ! Tu entends…..un bâtard, mon enfant !

-C'est impossible, jamais Harry n'aurait fait une chose pareille, cet enfant il le voulait autant que toi. Tu n'as pas le droit de penser qu'il aurait pu agir ainsi, derrière ton dos, ce n'est pas Harry ça.

-Je ne sais même pas si l'enfant était de moi….

-Arrête ! il était de toi, ne bafoue pas son amour, je t'en prie !

-De toute façon c'est inutile d'en parler, l'enfant n'est plus, Harry doit me haïr, et ma vie est foutue.

-Et celle d'Harry, tu y penses ? Regrettes-tu ton geste au moins ?

-Oui, cent fois oui, avoua le blond qui s'apaisa. J'ai agi sous une pulsion, j'avais l'impression que ce n'était pas moi, et pourtant ! J'étais si en colère…si malheureux.

-Qui t'a dit ces horreurs sur Harry ? Qui t'a rapporté ces paroles qui ont détruits vos vies ? demanda Snape qui voulait une réponse très précise.

-Nott…. le fils.

-J'aimerai bien connaître les raisons d'un tel mensonge, chuchota Snape pour lui-même.

Le vent redoubla de force, s'insinuant sous la veste et la chemise de Harry qui se trouvait encore et toujours dans ce bois damné, lui donnant davantage la chair de poule. Pressé de sortir de là il se mit à courir bien qu'il lui parut que ses pieds et ses jambes pesaient des tonnes. Il traînait lamentablement, il n'avançait pas et se retrouvait toujours au milieu de ce foutu bois qui l'ensevelissait petit à petit.

Etait-ce un effet de son imagination où les arbres s'étaient rapprochés de lui ? Cette racine, là, près de sa cheville n'était pas là quelques secondes plus tôt, il en mettrait sa main à couper ! Il en était pratiquement certain mais il ne pourrait le jurer, pensa-t-il sincèrement quand il vit ladite racine immobile et inoffensive s'écraser sous son pied.

Un bruit à peine perceptible le fit se retourner brusquement. Il écarquilla les yeux de stupeur, ne croyant pas ce qu'il voyait. Il n'aurait pas du être étonné, il était un sorcier mais là l'ambiance n'était pas à la rigolade alors…

Une maison, enfin pas vraiment. Plutôt une petite hutte, délabrée d'ailleurs. Et les quelques marches qui y menaient paraissaient branlantes et dangereuses, comme un avertissement s'il lui prenait l'envie d'en passer le seuil.

Harry hésita, devait-il y aller ou devait-il rester sur place et attendre ? Mais attendre quoi ? qui ? cruel dilemme qui ne lui donna pas la réponse.

Que signifiait l'apparition de cette maison en ruine ? Une porte de sortie ? Un piège ? La porte était ouverte et il n'y voyait à l'intérieur que de la pénombre de là où il était. Rien d'autre.

Il ne savait quoi faire, il était indécis et ce n'était pas son habitude, lui qui fonçait toujours. Pour la première fois de sa vie il était paralysé.

-Merde, merde, merde ! cria le survivant tout haut pour évacuer sa frustration, qu'est-ce que je fais là ! Vous voulez que je rentre dans cette putain de baraque ? C'est ça que vous voulez, hein ! mais pourquoi faire ?

L'angoisse saisit le jeune sorcier de vingt ans quand il sentit un liquide chaud apparaître sur le devant sa veste, à hauteur de sa poitrine, et s'élargir lentement mais sûrement sur son ventre. Il eut peur. En fait on ne pouvait plus appeler ça de la peur, c'était de la terreur, le mot était plus approprié…. plus proche de la vérité car là il sut que personne ne lui faisait de blague.

Se retrouver près d'une maison qui était apparue devant lui et savoir qu'il devait prendre une décision sans savoir laquelle, était stressant. De plus voir sa main qu'il venait de passer sous sa chemise et qu'il ressortit rouge carmin avait de quoi le rendre marteau même s'il s'appelait Harry Potter et qu'il avait vaincu le Mage Noir, Voldemort.

Le jeune sorcier regardait encore sa main quand il vit une alliance en or blanc apparaître à son doigt et que le sang disparut. Qu'est-ce que cela signifiait ? Il était marié ? Depuis quand ?

Harry se laissa choir lourdement sur le sol détrempé. Il s'était mis à pleuvoir des trombes d'eau sans qu'il ne s'en inquiète tellement il était obnubilé par la porte ouverte de la cahute brinquebalante et cette alliance à son doigt. Ses cheveux se plaquèrent sur son visage et sur sa nuque. Quelques gouttes de pluie s'accrochèrent à ses cils épais puis tombèrent sur ses joues blafardes.

La pluie qui tombait semblait proche des pleurs qu'il aurait voulu laisser sortir, comme si la forêt connaissait sa peine et voulait en quelque sorte l'aider et lui montrer le chemin.

Le jeune homme ferma les yeux deux secondes et quand il les rouvrit il sut qu'il aurait mieux fait de s'abstenir de faire ça.

La bicoque avait bougé, elle s'était rapprochée de lui et se trouvait maintenant à moins de deux mètres de sa pauvre carcasse tremblante de froid. Paniqué il se releva aussi vite qu'il le put et tenta de faire un pas en arrière, en vain. C'était comme si ses pieds étaient faits de plomb. Il essaya de toutes ses forces mais il dut vite abandonner, ça ne servait à rien. En tout cas une chose était sûre, il allait dorénavant s'efforcer de garder les yeux ouverts pour éviter les mauvaises surprises.

Un frôlement ! Quelqu'un ou quelque chose venait de toucher son épaule. Il se retourna encore une fois et ne vit strictement rien, que des arbres et encore des arbres. Il en avait marre là, il était fatigué et il voulait rentrer chez lui, et puis il avait froid, très froid même. Ses os étaient glacés jusqu'à la moelle.

Rentrer…..où ? Il avait une maison dans Londres, ça il se rappelait, pourtant le souvenir était fugace. Lui il se souvenait plus de belles pièces et d'une grande maison, et d'un homme aussi, un très bel homme blond aux yeux gris.

Le jeune homme ne remarqua pas des larmes silencieuses et libératrices couler sur ses joues.

Harry soupira et décida de se souvenir de ce qu'il avait fait en sortant de chez lui même si l'endroit n'était pas précis dans sa tête. Il plissa ses yeux verts, c'était si dur.

Il se rappela d'un grand bruit, un énorme bruit, un froissement de tôle peut-être. Y avait-il eu un accident devant sa maison ? Peut-être. Alors ces cris qui avaient retentis à ses oreilles, il ne les avait pas imaginés ?

Progressivement la mémoire de Harry revint et avec précision il se souvint de tout.

Il descendait le perron d'un superbe manoir qui appartenait à…..

Le jeune homme regarda son alliance et il sentit bien cette fois ses yeux s'embuer de larmes amères.

Le manoir appartenait à son mari, Lucius Malfoy. Ce matin là il était sorti pour se rendre à son travail, il était médicomage, il débutait et c'était le plus beau jour de sa vie car il avait appris une semaine plus tôt qu'il était enceint de plus d'un mois. Il se rappela même que ce matin-là il réfléchissait au meilleur moyen de l'annoncer à Lucius. Il voulait quelque chose de spéciale pour ça.

Severus, son ancien professeur de potions était là, il avait passé la semaine avec eux pour aider Draco dans son cursus pour entrer dans une prestigieuse école de potions, en France. L'homme était à l'étage, se préparant lui aussi pour reprendre ses cours à Poudlard.

Lucius, le visage fermé et ses yeux gris accusateurs, se rappela-t-il, l'avait intercepté puis l'avait fait revenir à l'intérieur en le tirant violemment par le bras, dans le hall. Et là les choses s'étaient envenimées sans qu'il en connaisse la raison. Son mari qui était dans son bureau quelques secondes plus tôt à ouvrir son courrier l'accusait des pires horreurs, il l'avait même giflé tandis que Severus et Draco descendaient les escaliers à vive allure alertés par les hurlements de leur ami et père.

Harry n'avait retenu qu'une phrase au milieu des hurlements « Tu as tué notre enfant » Il aurait voulu répondre pourtant se fut trop tard. La colère de Lucius l'avait fait dégainer sa baguette et lui avait lancé un sortilège de mort en pleine poitrine. Il n'avait eu que le temps de prononcer un contre-sort pour protéger la petite vie en lui puis Il s'effondra alors que tout s'obscurcissait dans sa tête, tandis que son époux retournait sa propre baguette sur sa tempe pour en finir une bonne fois pour toute.

Sans Harry il n'était plus rien et le regard accusateur de Severus lui faisait mal, plus qu'il ne l'aurait pensé.

Draco dévia le sort de son père de sa baguette et Severus se précipita vers Harry pour limiter les dégâts.

Le jeune homme blond jeta sur son père un Pétrificus-Totalus. Il n'en revenait pas, il ne comprenait pas, il était abasourdi.

Le jeune sorcier seul dans les bois sentit les larmes couler plus abondement le long de ses joues. Comment son amour avait pu croire ça de lui ? Tuer leur enfant ! mettre fin à la petite vie qui grandissait en lui et qu'il avait désirée plus que tout. Maintenant il n'avait plus rien pour se consoler, même pas cet enfant.

Qui avait-il d'écrit sur ce parchemin qui avait rendu Lucius fou de rage et qu'il tenait à la main avant de le lâcher sur le sol de l'entrée ? Il aurait aimé le savoir, s'expliquer pour que la tension s'apaise mais il était trop tard, le mal était fait.

Harry se souvint qu'il était tombé en avant tandis qu'il entendait deux cris résonner dans le hall immense.

Son amour avait jeté un sortilège contre lui et leur enfant et il n'en comprenait pas la raison. Pour quoi ? à cause de qui ? Ils s'aimaient tellement et puis Lucius avait juré de le protéger. Alors toutes ses promesses étaient fausses ? Il avait menti ? Merde, c'était pas possible ! Lucius était amoureux de lui, ça il ne pouvait pas l'inventer, c'était pas possible, cela ne pouvait pas être vrai, il avait dû se passer quelque chose de très grave pour qu'il en arrive à cet acte désespéré. Il n'arrivait même pas à lui en vouloir, il l'aimait trop pour ça.

Lucius souffrait, il pouvait le sentir depuis ici dans ces bois. Les gémissements qu'il entendait dans les branches c'étaient Lucius, oui c'était lui, sourit Harry entre ses larmes. Et les frôlements qu'il avait senti par deux fois ce devait être son amour qui tentait de le rassurer par des caresses. Il voulait croire ça, de toutes ses forces, sinon pourquoi ferait-il l'effort de le rejoindre ?

Car c'était bien ce qu'il faisait depuis qu'il s'était réveillé dans cette forêt lugubre, non ? Rejoindre son mari qui attendait son retour. A moins qu'il ne soit mort…..non, il le saurait sinon…..hein ?

Lucius n'était pas parvenu à ses fins, n'est-ce pas, Severus et Draco ne l'auraient pas permis.

Le jeune homme regarda la bicoque qui avait changée d'allure. Les marches qui y menaient étaient maintenant faites de pierre ainsi que toute la maison d'ailleurs. Un parc se dessina en arrière plan et l'intérieur de la maison s'éclaira, comme pour l'inviter à entrer. Pourtant il hésitait encore jusqu'à ce qu'il entende une voix lui ordonner de le rejoindre s'il ne voulait pas récurer des chaudrons tout le reste sa vie comme. Un appel désespéré d'une personne qui le menaçait d'une ultime punition pour le faire revenir vers lui.

Harry sourit. Severus ne changera jamais, il fallait toujours qu'il menace pour avoir quelque chose de lui. Ses chaudrons il voulait bien les lui nettoyer, si cela pouvait lui faire plaisir alors il s'en chargera. Il en avait l'habitude après tout, pouffa-t-il en se rappelant ses jeunes années quand il était encore élève à Poudlard.

-Reviens, morveux, se récria la voix impatiente qui l'exhortait à réagir. Qu'est-ce que tu attends, Harry ? Cet enfant que tu portes, il a besoin de toi !

Enfant ! Il avait dit enfant ! Son bébé était donc encore en lui, il ne l'avait pas perdu ? Le sortilège de Lucius ne l'avait pas tué ? Il avait pu le mettre à l'abri à temps ?

Harry n'hésita plus, et après avoir posé sa main sur son ventre il fit un pas en avant puis monta lentement les marches et entra dans la maison d'un pas sûr. Il quittait cette forêt qui avait tentée de lui faire comprendre des choses. Il l'avait entendue, il l'avait comprise finalement. N'empêche qu'il espérait ne plus jamais revenir ici, sourit-il avec gravité. On lui offrait une seconde chance, maintenant il savait ce qu'il avait à faire.

La porte se referma derrière lui, doucement pour ne pas l'effaroucher, puis il disparut et tout redevint blanc et des bruits de voix parvinrent à ses oreilles.

-Harry, fit Snape en se penchant vers la forme allongée dans un lit à Sainte-Mangouste. Comment vas-tu ? Réponds, sale gosse, avec tout le souci qu'on s'est fait ce serait la moindre des choses !

Une autre personne s'approcha de Harry et prit avec tendresse sa main dans la sienne.

-Tu crois qu'il va vraiment se réveiller, parrain ? demanda Draco Malfoy, inquiet pour le survivant qui papillonnait des paupières.

-Il a intérêt ! s'offusqua l'homme qui n'aimait pas être contrarié.

-Je….suis revenu, répondit si bas Harry que les deux autres hommes durent tendre l'oreille au maximum pour l'entendre. Il faisait si froid dans ces bois…

Le maître des potions soupira et ses muscles se détendirent, enfin. Le gamin était sorti d'affaire.

Harry resta un mois de plus à Sainte-Mangouste et quatre mois en convalescence au square, entouré de Remus, de Severus et de Draco. Ces trois là lui rendirent une santé et un peu de joie de vivre. Pourtant ils voyaient bien que plus rien n'était pareil, Harry ne riait pas et ne parlait presque plus, il parvenait parfois à sourire mais ce sourire était si maigre qu'il en était inexistant.

Ce matin-là le jeune sorcier s'était levé, décidé à en finir une bonne fois pour toute avec ses questions sans réponse. Il voulait savoir. Il devait savoir. Severus lui avait servi quelques explications mais ce n'était pas satisfaisant pour lui. Il n'avait pas dénoncé Lucius aux aurors, lui avait-il aussi dit, il lui en laissait le choix s'il désirait une vengeance contre l'aristocrate tout en espérant ne pas en venir à cette extrémité.

-Non, ce n'est pas ce que je veux, avait-il répliqué, je veux qu'il m'explique lui-même son geste.

Lucius n'était pas venu le voir une seule fois au square alors il avait décidé de se rendre au manoir. Severus disait que son mari se punissait, c'était certainement vrai.

Maintenant il était là, aux grilles du manoir Malfoy. Il avait voulu venir seul pourtant il savait que Severus n'était pas loin. C'était presque comme s'il pouvait sentir sa présence. Il n'avait pas peur de Lucius, il n'avait jamais eu peur de lui et il n'allait pas commencer aujourd'hui, ça non.

Le jeune homme posa la main sur son ventre rebondi caché sous une robe sorcière pour tenter de calmer la petite vie qui grandissait en lui. Il n'en était pas revenu quand on lui avait dit que l'enfant se portait comme un charme, lui qui croyait l'avoir perdu. La nouvelle l'avait fait se suffoquer de bonheur et des sanglots étaient sortis de sa gorge pendant de longues minutes, ce à quoi Snape l'avait traité de fontaine intarissable en le tenant contre lui avec douceur.

Fille ou garçon ? Il n'avait pas demandé à sa dernière visite mais en tout cas il ou elle recevra tout l'amour de se père qu'il sera bientôt. Ca aussi il devra l'annoncer à Lucius malgré l'opposition farouche de Draco et de Remus. Seul Severus avait approuvé sa décision.

Qu'aurait-il fait sans lui ? Il lui avait sauvé la vie quand même ! Sans sa maitrise des sortilèges de magie noire il serait mort à l'heure qu'il est. Severus était un ami, même plus. C'était un homme bien et généreux. Dommage qu'il n'ait pas su le voir plus tôt, pendant qu'il était encore à Poudlard, leur vie aurait pu être plus facile, qui sait !

Le jeune homme regarda la grille devant lui s'ouvrir sans un bruit et un elfe apparaître. Lucius avait donc décidé de l'entendre. C'était pas plus mal, il fallait que cette histoire se termine et qu'ils aient une bonne et franche discussion tous les deux.

-Maître Lucius m'a interdit d'ouvrir, murmura d'une voix affolée la petite créature en se balançant tantôt sur une jambe tantôt sur l'autre. Mais Maître Harry à le droit de rentrer dans le manoir, expliqua l'elfe, il est aussi le maître ici.

-Je ne dirais pas que tu m'as ouvert, Paprika, part dans la cuisine et restez-y toi et les autres tant que je suis avec Lucius. Tu as compris ?

-Paprika a compris, maître Harry, souffla de soulagement l'elfe avant de disparaître comme Harry le lui avait demandé.

Le jeune homme posa un sort sur son ventre pour atténuer ses rondeurs puis il continua son chemin et parvint devant la porte qu'il ouvrit sans aucune difficulté. Il entra dans le hall et sans regarder où le drame s'était passée il y avait des mois de cela, il alla directement dans le bureau de son mari. Il ne frappa pas à la porte, il entra simplement puis referma la porte derrière lui avant de lâcher un bonjour qui fit sursauter un homme blond qui était avachi dans le fauteuil, face à son bureau d'acajou.

Une tête se releva, surprise et stupéfaite. Des yeux gris se durcirent puis redevinrent calmes, pourtant Harry y vit un regain de profond intérêt mais aussi de tristesse et de regret.

-J'avais inter….

-Je suis encore chez moi ici, ne suis-je toujours pas ton mari ?

-Si.

-J'ai appris que tu n'avais pas entamé de procédure pour divorcer…

-Non, répliqua le blond en se levant.

-Tu me croyais infidèle, alors pourquoi tu n'as pas agi en conséquence si tu le pensais vraiment ?

-…

-Tu ne veux pas répondre ?

-Que veux-tu que je te dise ?

-La vérité, Lucius. Je veux que tu me dises pourquoi tu as tenté de me tuer, notre enfant et moi ?

-Il n'y avait plus d'enfant dans mon esprit, tu t'en étais débarrassé avant…..et maintenant…il est mort à cause de moi.

-Je n'aurai jamais fait ça, comment as-tu pu croire une seule seconde que j'aurai éliminé cette petite vie ? Je le voulais tellement, il signifiait tellement de chose pour moi, c'était une part de toi en moi et…..

Lucius ne dit rien, il s'approcha de Harry, le prit dans ses bras et le serra contre lui à l'étouffer.

-J'aurai pensé que tu m'aurais haï jusqu'à la fin de ma vie et pourtant tu es là devant moi, chuchota l'aristocrate dans le cou de son époux, c'est ce que j'aurai mérité. Tu aurais dû me dénoncer, c'était ton droit, je t'ai dépouillé de ton désir le plus cher, je m'en suis rendu compte beaucoup trop tard.

-Tu as été odieusement manipulé.

- Pourquoi es-tu revenu, Harry ?

-Nous devons parler, toi et moi.

-Je sais…mais.

L'homme recula et Harry put voir des larmes, les premières de Lucius, de cet homme fier, couler sur son visage défait.

-J'ai agi monstrueusement, je n'ai aucune excuse pour ce que je t'ai fait, mon amour. Je ne te demande pas de me pardonner, ce ne serait pas juste pour l'enfant que je t'ai fait perdre.

-Tu m'as fait si mal ! j'étais si désespéré, si anéanti quand j'ai pris conscience de ton geste. Tu avais voulu ma mort si fort que tu n'as pas hésité à te servir de ta baguette contre nous. Je veux en savoir la raison exact…..tu me dois la vérité, Lucius.

-Je vais te la dire, mais d'abord appelle Severus, je crois que je vais avoir besoin de lui.

Harry n'eut pas besoin d'appeler le maître des potions, celui-ci apparut à la cheminée à la seconde où il avait entendu Lucius.

Le blond ne dit rien sur le fait que Snape protégeait Harry jusqu'à le suivre chez lui et à espionner sa cheminée. Bien au contraire, il lui en était reconnaissant ainsi Harry n'avait pas été seul tout le long de ces mois de guérison. Le maître des potions, sans le savoir, venait de montrer à Lucius tout son attachement au jeune homme.

Le ténébreux homme en noir salua son ami d'un signe de tête puis demanda muettement à Harry s'il allait bien. Celui-ci opina, mais il attendait encore tellement de réponses à ses questions !

-Va au sous-sol, Severus, lui demanda Lucius en faisant un geste de la main. Ensuite nous discuterons.

-Je t'accompagne, l'avertit le survivant en faisant un pas vers Snape.

-Non ! intervint l'aristocrate, je préférerais que tu restes ici…..

-Certainement pas !

-Je voulais t'épargner…ce qu'il y a en bas, rien de plus.

-Ce n'est pas maintenant que tu devrais m'épargner, Lucius, c'était il y a quelques mois de cela !

Les deux sorciers se rendirent dans la cave immense tandis que le blond attendait leur retour en se recomposant un visage plus serein alors que le cœur n'y était pas vraiment.

-Tu crois qu'il cache quoi là-dedans ? intervint Harry qui suivait Snape qui était sur ses gardes.

-J'ai ma petite idée, Harry.

Les deux hommes parvinrent en bas des marches et se dirigèrent au fond des sous-sols pour arriver devant une porte fermée à double tour. Snape la débloqua et demanda à Harry de se tenir à l'écart, le temps pour lui de s'assurer qu'il n'y avait rien de dangereux à l'intérieur. Quoiqu'il en doutait.

-Alors ! s'enquit le jeune homme deux minutes plus tard, alarmé que Severus ne ressorte pas de la cellule.

-Tu peux venir, lui cria le maître des potions, mais je te préviens ce n'est pas joli à voir !

-Aucune importance, je veux savoir…

Harry s'arrêta sur le seuil, son regard fixait la pauvre loque humaine qui gisait sur le sol et qui geignait pour avoir un peu d'attention.

-C'était ça ta petite idée, Severus ?

-C'était ça, oui. Je savais que Lucius allait chercher à savoir.

-Apparemment maintenant il sait, tu crois pas ? Vu l'état de ce….mangemort.

-Maintenant il sait, je gage que cet homme a parlé, oui. Je savais qu'un Nott était à l'origine de tout ça….

-Pas Théodore, il a toujours été quelqu'un de très doux, jamais il ne s'en serait pris à moi. Son père, cependant, c'est différent.

-Remontons là-haut, on n'a plus rien à faire ici.

-Et lui, fit Harry en désignant la forme ensanglanté qui tentait de ramper jusqu'à ses pieds, on en fait quoi ?

-Rien, pour moi il peut crever ici, je n'en ai rien à faire, cracha Snape qui sortit de la cellule sans même un regard sur l'homme.

Harry le suivit, après tout Severus avait raison sur ce point, pourtant….

-Et Lucius ?

-Quoi Lucius !

-Il risque gros si les aurors découvrent Nott ici.

-Nott est recherché par eux justement, alors je ne crois pas que sa disparition soit une grosse perte pour le monde sorcier. Il a cherché ce qu'il lui arrive, qu'il assume-donc les conséquences de ses actes ! Mais dis-moi, tu t'inquiètes encore du sort de Lucius ? Serais-tu encore amoureux de ton mari ? demanda perfidement Snape.

-Tu connais la réponse, espèce d'idiot !

-Tu lui as dit pour…..

-Non, pas encore, j'attends qu'il parle, je veux entendre les regrets sortir de sa bouche, je ne veux pas qu'il pense qu'il sera facile de m'amadouer.

-Mais tu lui laisses une seconde chance, n'est-ce pas ?

-Si on veut, ça dépendra de ses réponses, Severus.

-Il croit encore qu'il a tué votre enfant….

-Je sais.

-S'il l'avait vraiment fait, lui aurais-tu pardonné ?

-Je ne sais pas, sincèrement ce n'est pas facile de répondre à une telle question avant de savoir tous les aboutissants de cette histoire.

^o^o^

Une petite histoire qui passait par là. La deuxième partie est en cours et me mettra pas longtemps avant d'être publiée. Bonne lecture…