Titre en vo : The Green Blade

Auteure : Verityburns (/u/2494960/verityburns)

Traductrice : Falyla

Paring : Sherlock Holmes/John Watson

Rating: T (pas de slash)

État de la fic en vo : complète

Disclaimer : Rien n'est à moi. Sherlock Holmes et ses comparses appartiennent à l'univers de Sir Arthur Conon Doyle. L'intrigue m'a été aimablement prêtée par la merveilleuse auteure qu'est Verityburns. Je ne mets que mes modestes talents de traductrice à votre service pour vous faire découvrir cette histoire.

Sommaire : Un tueur en séries fait les gros titres, une police au désespoir, la prochaine victime déjà choisie, la confiance placée en Sherlock Holmes au plus bas, cette affaire va pousser la loyauté dans ses derniers retranchements…

Note de la traductrice : Bonjour, celles et ceux qui me connaissent seront surpris de me retrouver dans un fandom autre que celui de Harry Potter mais tout arrive. Je suis une grande fan de la série BBC Sherlock et c'est en commençant à lire des fics que je suis tombée sur le magnifique travail de Verityburns. Deux de ses fics sont déjà en cours de traduction, The Road Less Traveled par peneloo (/s/7408040)et The Heart In The Whole parShima-chan (/s/7607634/1).

Ces intrigues sont fantastiques, je vous les recommande très chaudement.

Quant à cette traduction-là, la mise en ligne sera plus ou moins hebdomadaire.

Voilà, les commentaires sont toujours appréciés. Bonne lecture.

La lame verte

Chapitre 1/15 – Un week-end tranquille

- Miss Pickering ?

Moira hésita en jetant un coup d'œil à l'homme qui se tenait sur le pas de la porte à travers l'espace que permettait la chaîne de sécurité. Hum. Pas exactement sa définition de grand, beau et ténébreux – mais il en était sacrément plus proche que la démarcheuse de chez Avon Cosmétiques.

- Miss Moira Pickering ?

- C'est moi, acquiesça-t-elle d'un hochement de tête qui fit rebondir ses boucles blondes.

L'homme souleva sa carte d'identité, le badge argenté de la police y était clairement visible.

- Inspecteur Lestrade, Scotland Yard. Je peux vous parler une minute ?

Moira ne put retenir un hoquet de surprise et sa main couvrit sa bouche. Quelque chose était-il arrivé à… ? Non – ils ne viendraient pas comme ça vers elle. C'était impossible…

- C'est à quel sujet ? exigea-t-elle de savoir, le cœur battant. Que se passe-t-il ?

- Non, non, il n'y a rien d'alarmant, je vous en prie, ne vous inquiétez pas.

Il lui sourit, rassurant.

- C'est juste une enquête de routine. Je peux entrer ? Je ne prendrai que quelques minutes de votre temps.

Moira soupira de soulagement et sa main retomba sur sa poitrine.

- Vous m'avez fait peur, lui dit-elle, toujours un peu tremblante, en détachant la chaîne pour ouvrir la porte. Entrez.

Elle recula d'un pas contre le mur pour lui permettre de passer à côté d'elle dans l'étroit couloir.

- Je vous en prie, allez-y.

Elle le suivit dans le salon où il prit place au fond du canapé défoncé, il eut l'air légèrement paniqué lorsque ses hanches s'enfoncèrent au-dessous du niveau de ses genoux.

- Désolée, s'excusa Moira en cachant son sourire.

C'était à l'évidence un homme qui n'aimait pas perdre sa dignité.

- Les ressorts ont lâché – une chose de plus à ajouter à ma longue liste des-choses-que-je-dois-acheter-quand-j'aurai-de-l'argent-que-je-n'ai-pas-déjà-dépensé.

- Pas de souci, fit-il, en lui adressant un sourire tout en essayant de se percher sur le bord du canapé.

Il sortit un petit calepin de sa poche intérieure et s'éclaircit la gorge.

- Excusez-moi, je suppose qu'il est impossible d'avoir une tasse de thé, n'est-ce pas ? demanda-t-il avec un sourire plein d'espoir. C'est juste que c'est mon seizième entretien de l'après-midi et que je suis absolument assoiffé.

Moira hésita. Il était déjà quatre heures trente, ce qui ne lui restait qu'une heure et demie avant Danse avec les Stars et elle avait prévu de prendre un super bain moussant avant de s'installer devant la télé avec une bouteille de vin et ses chaussons en peluche.

Il y eut une autre toux pathétique et elle leva les yeux au plafond, consignant mentalement les bulles dans le créneau post-émission.

- Je vais mettre la bouilloire sur le feu.

Elle se dirigea vers la cuisine, plutôt soulagée. Si elle était le seizième entretien, ce ne devait pas être particulièrement personnel. Rien à voir avec Robert du moins il devait se porter comme un charme.

- Vous prenez du lait ? s'enquit-elle par-dessus son épaule.

- Oui, s'il vous plait, entendit-elle tandis qu'elle ajustait le couvercle de la bouilloire et prenait des sachets de thé.

Elle ouvrit le placard, sa main survola les mugs mais elle marqua une pause. Il lui faudrait un bon moment pour boire un mug plein de thé brûlant. Avec l'espoir de sauver son précieux bain, elle se redressa sur la pointe des pieds pour atteindre l'étagère du haut et descendit le service à thé que sa maman insistait toujours pour avoir et disposa tasses, soucoupes, cuillères et sucrier sur un plateau.

Une fois les boissons prêtes, elle apporta le plateau jusqu'au salon et le déposa sur la table basse.

Elle obtint un « Merci beaucoup, c'est très gentil » mais, avant qu'elle ne puisse s'asseoir, il fut suivi d'un autre de ses sourires plein d'espoir.

- Je suppose qu'il n'y a pas de biscuits ?

Le sourire fut accompagné cette fois d'une expression universellement reconnue comme celle d'un chiot au regard suppliant.

- Navré, ajouta-t-il immédiatement. Je suis désolé. Je ne voulais pas m'imposer.

Le sourire devint courageux alors qu'il tendait la main vers le sucre.

- Je n'ai pas eu le temps de manger à midi, c'est tout.

Moira soupira.

- Pas de problème, fit-elle en retournant à la cuisine, résignée.

Bon, il allait devoir faire avec les custard creams [1], décida-t-elle, en versant le contenu d'un paquet de gâteaux dans une assiette. Elle ôta le surplus de miettes en se demandant s'ils n'étaient pas périmés puis elle haussa les épaules ça ferait l'affaire. Il n'allait quand même pas lui donner ses cookies aux pépites double chocolat, c'était sa petite faiblesse du samedi devant la télé, il se fichait qu'il soit mignon.

- Alors, de quoi s'agit-il ? demanda-t-elle tandis qu'elle se réinstallait dans son siège qui faisait angle droit avec le canapé avant de prendre sa tasse de thé.

Il était encore en train de touiller son thé, la cuillère tapotait en rythme contre la fine porcelaine de Chine.

- Avez-vous entendu parler de l'affaire… eh bien, la presse emploie le terme de tueur du week-end ? demanda-t-il en reposant sa cuillère pour prendre un gâteau. Merci encore, ajouta-t-il avant de le mordre.

- Le tueur en série ? s'enquit Moira en se penchant légèrement en avant avec un petit frisson.

Ah, là, ça devenait intéressant. Un peu d'information de première main égayerait certainement la conversation du lundi matin autour du distributeur d'eau.

Sa question rencontra une grimace.

- Nous préférons ne pas employer ce terme mais oui, c'est de cette affaire-là que je parle. Qu'avez-vous entendu ? Juste pour éviter les répétitions.

- Seulement ce qu'il y a dans les journaux, lui répondit Moira. Trois personnes ont été tuées à leur domicile, durant ces trois derniers week-ends. Le dimanche, selon les tabloïds – Le Mirror l'a surnommé L'assassin au couteau du dimanche. Alors c'est vrai, c'est le dimanche ?

- Eh bien, nous n'avons pas encore annoncé cette information officiellement, parce que c'est difficile d'établir l'heure du décès dans deux cas – les victimes vivaient seules alors les corps n'ont pas été découverts rapidement.

Il fit une pause, haussant des sourcils pleins s'espoir en direction des gâteaux.

- Oh, servez-vous, offrit Moira, en espérant qu'il allait accélérer le mouvement.

Elle but un peu plus de thé et attendit pendant qu'il mastiquait. Mais ils ne les nourrissaient donc pas à Scotland Yard ?

Son regard tomba sur sa poitrine alors qu'il époussetait les miettes de sa veste.

Vraiment, pensa-t-elle, il n'est pas mal du tout.

Un peu maigre pour elle, peut-être, mais il y avait définitivement quelque chose d'attirant en lui. Elle commença à penser au repas du soir, inventoriant mentalement le contenu du frigo. Après tout, ce n'était pas comme si Robert était fidèle, quelles qu'aient été ses promesses et elle pouvait toujours regarder Danse avec les Stars sur iplayer le lendemain.

Il reprit son bloc-notes et elle observa ses longs doigts agripper le stylo. Ces mains-là avaient assurément l'air de connaître leur affaire.

- Mais oui, nous sommes certains que tous les décès ont eu lieu le dimanche.

Il fallut un moment à Moira pour se recentrer sur la conversation. Elle se secoua mentalement.

- Bon. Alors, je peux aider comment ?

- Nous avons des raisons de croire que la prochaine cible du tueur sera dans le secteur. Nous passons voir les personnes qui correspondent au profil des victimes.

- Et j'ai le profil des victimes ?

C'était une nouvelle que personne ne voulait entendre.

- Oh, absolument, j'en ai peur.

Moira frissonna. Cette conversation lui donnait une étrange impression. Elle reprit sa tasse et avala un peu de son thé.

- Et moi qui prévoyais un week-end tranquille, dit-elle. Je vais garder mes portes et fenêtres verrouillées, vous pouvez en être sûr.

Elle se demanda si le mieux à faire n'était pas d'aller chez sa mère pour la journée. Mieux valait prévenir que guérir.

- Je crains que cela ne suffise pas, l'avertit-elle. Jusqu'ici, il n'y aucune trace d'effraction.

Il jeta un œil à son calepin.

- Au début, nous pensions que le tueur était connu des victimes mais nous n'avons trouvé aucune connexion en eux alors maintenant nous soupçonnons qu'il a accès au domicile sous de faux prétextes.

Moira y réfléchit un instant.

- Comme prétendre venir relever le compteur de gaz, vous voulez dire ?

- Quelque chose comme ça, répliqua-t-il en lui souriant.

Maintenant son sourire n'était pas aussi attirant qu'elle l'avait cru au début, constata Moira un peu vaguement. Il allait devoir se faire son propre repas.

Il se pencha en avant, son visage montrait de l'inquiétude.

- Vous allez bien, Miss Pickering ? demanda-t-il. Vous semblez un peu pâle.

Moira cligna des yeux plusieurs fois et se força à se concentrer.

- Ça va, merci. Je suis fatiguée, ça a été une longue semaine.

- Je crois que nous en avons presque terminé, indiqua-t-il sur un ton rassurant. Juste pour conclure, avez-vous un ami ou un voisin qui veille sur vous ?

Il sourit encore une fois.

- C'est plus de souci pour les femmes qui vivent seules.

Moira secoua la tête.

- Non, je ne suis pas particulièrement proche de mes voisins et, comme je l'ai dis, j'ai prévu un week-end tranquille, effectuer quelques corvées de routine, regarder la télé, ce genre de choses.

Elle fronça les sourcils.

- Je pourrai aller chez ma mère demain, en fait, maintenant que vous m'avez dit ça. Comment êtes-vous certain qu'il va attaquer dans le coin ?

- Oh, je suis assez confiant, rétorqua-t-il en refermant son bloc-notes avant de ranger son stylo.

Un brusque bâillement prit Moira par surprise et elle se couvrit la bouche promptement.

- Oh, excusez-moi. Je crois que je vais me coucher tôt ce soir. Au moins, je n'ai pas déjà à m'inquiéter, non ? Après tout, on est seulement samedi.

Elle émit un rire nerveux puis se demanda si ce n'était pas inapproprié.

- Bien sûr, acquiesça-t-il en la regardant un peu bizarrement.

Moira rougit puis tendit le bras pour reposer sa tasse sur la table basse, surprise de l'entendre tinter contre la soucoupe. Vraiment, cette conversation était très perturbante, pas étonnant qu'elle se sente bouleversée. Il la lui prit des mains et la reposa doucement.

- Une dernière question, si ça ne vous dérange pas.

Moira le fixa, attendant la suite, se demandant vaguement pourquoi sa voix semblait si lointaine alors qu'il paraissait plus proche.

- Combien de temps ça prendra avant que vous ne manquiez à quelqu'un ?

NdT :

[1] gâteau sec en forme de sandwich fourré de crème anglaise vanillée