Titre : The Science Of Affection
Genre :Romance, humour, vie quotidienne…
Rating : M pour l'avenir…
Personnages : Sherlock Holmes et John Watson principalement, mais il risque peut-être aussi d'y avoir d'autres protagonistes de la série.
Disclaimer : Les personnages appartiennent à Arthur Conan Doyle et l'univers moderne à la BBC.
Note : Ce recueil devait être une suite de OS mais ce n'est plus vraiment le cas. je suis incapable de ne pas faire évoluer leur relation sur un court récit. Je place cette fic après le chien de Baskerville donc avant Reichenbach Fall! J'espère être le plus fidèle possible aux personnages sans tomber dans le OOC.

Les one-shots auront une suite logique pour l'instant car j'aime bien prendre mon temps pour les caser ensemble doucement… Après ils pourront être lu indépendamment aussi !

Et un grand merci tout spécial à Hinatasara qui m'a bêta mais surtout donné son avis et de précieux conseils.

J'espère que cela vous plaira. Bonne Lecture.

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La valeur d'un merci

Son regard bleu pâle scrutait avec intensité le docteur tandis que celui-ci pestait pour la énième fois contre lui. Sherlock avait fait une expérience comme à son habitude lorsqu'il n'avait pas d'affaire pour occuper son brillant esprit.

Trois fois rien… Un bol, des pouces congelés et coagulés depuis des lustres dans leur frigo mais en plus, un ou deux composants chimiques en vue de voir la réaction. Et le tout chauffa dans le micro-onde comme une recette culinaire…

Ce qui fit exploser la dite machine. La force avait projeté le détective contre la table, puisqu'il avait tourné le dos à l'engin pour préparer un autre test et ce qui devait arriver arriva. La force de l'explosion avait projeté la porte protectrice dans le dos de Sherlock et celui-ci s'était rattrapé à la table couverte de fioles en verre, un bruleur en marche, et son microscope, qui n'eut aucun dégât grâce à sa place éloignée. Plusieurs fioles s'étaient éclatées sur le sol alors qu'il était en pyjama et chemise de nuit bleue, pieds nus. Le bruleur renversé commençait à dévorer un coin de la table.

John s'était levé de son fauteuil avec rapidité en entendant le bruit de l'explosion et avait hâtivement franchit le seuil de la cuisine. Ses gestes alertes avaient ciblés l'important. Il avait immédiatement éteint le bruleur puis les flammes avant de venir vers Sherlock et d'arracher la prise du micro-onde qui déversait des flammes et des étincelles. Son regard gris parcouru Sherlock avec plus d'attention que les rapides coups d'œil pendant qu'il s'occupait de tout.

L'expérience du détective était réduite à néant… Mais au regard de Sherlock, ce n'était pas ça le plus important…

L'impassible détective étudiait le visage inquiet de son colocataire. Le calme docteur, maître de lui en toute circonstance, était en train de l'incendier plus que d'habitude parce qu'il avait eut peur pour lui… Il fronça à peine les sourcils, autant pour réagir au savon de John que perplexe face à cette évidence. Les mots étaient flous depuis un moment car son disque dur tournait à plein régime. Il remarqua à peine l'absence momentanée de l'ex-soldat.

-Sherlock ! appela sèchement John.

Il cligna des yeux avant de froncer un peu les sourcils, ce tic bien à lui pour se concentrer à nouveau sur la réalité.

-Marche sur les coussins et suis-moi.

Le docteur avait pris ses précautions et avait fait un chemin de coussin par dessus les débris pour conduire Sherlock au salon. Intéressant… La main ferme de John saisit un de ses bras et l'entraina avec lui hors du champ miné. Le détective consultant grimaça sous les tiraillements entre ses pieds blessés, son dos qui avait subit un choc violent mais il se montra docile pour observer le phénomène John Watson qui semblait se dévoiler à lui.

Son ami pestait toujours à voix basse, son regard empli de reproches. John se déplaça alors derrière lui. Il écarta sa chemise de nuit bleue sur un côté avant de remonter son haut de pyjama sans plus de cérémonie afin d'examiner son dos. Les doigts de John étaient chauds, étrangement doux… Mais incroyablement précis et professionnels.

-Tu auras quelques bleus, déclara-t-il en remettant tout en place. Tu ne bouges pas, je vais chercher la trousse de soin.

John disparut, Sherlock se tournant pour le suivre d'un œil puis Mme Hudson apparut dans son champ de vision. Elle avait été alertée par le bruit de l'explosion et regardait sa cuisine avec un air effarée.

-Mon dieu, Sherlock… Que s'est-il encore passé ?

-Une erreur, tout va bien Mme Hudson.

Le docteur réapparut et leur logeuse lui lança un regard qui demandait des explications. L'ex soldat soupira en haussant les épaules devant son air désappointé.

-Je maîtrise la situation Mme Hudson.

-Il va finir par me tuer, soupira-t-elle en repartant.

Sherlock pencha légèrement la tête sur le côté. John sortait de quoi le soigner sur la table basse : compresses, désinfectant et une pince à épiler ? Le dernier objet lui fit relever un sourcil.

-Je vais bien John, répondit-il avec son flegme habituel.

-Et bien laisse-moi m'en assurer, grogna fermement le docteur.

John Watson avait toujours cet éclat d'inquiétude dans son regard gris, d'habitude si doux et calme. Il se mit à ausculter son visage, ses bras, ses mains. Pas de morceau de verre, juste quelque coupure et tâche de sang qui n'appartenait pas à son colocataire mais à la personne en morceau mise au micro-onde… Sherlock lui se concentrait sur les mains du docteur. Il détestait être touché, il évitait soigneusement les contacts avec les autres mais John s'inquiétait… John était différent. Le détective sentit ses doigts chauds sur sa peau, puis le désinfectant ce qui lui tira une très brève grimace sous le froid et les picotements que cela provoquaient.

Son docteur attitré lui ordonna de s'asseoir et il s'exécuta non sans un désagréable tiraillement dans le dos. Une fois assis, John fit de même dans le fauteuil en face du sien. Il se pencha et prit un de ses pieds nus, le droit, puis il se mit à l'inspecter.

-Bon sang Sherlock, quand vas-tu faire un peu plus attention.

-Tu es inquiet ?

-Bien sûr que je le suis.

John attrapa la pince à épiler et commença à retirer les quelques morceaux de verre logé dans la peau pâle de son meilleur ami. C'étaient des plaies mineures, sauf une qu'il découvrit sur le côté du pied d'une longueur d'un bon centimètre mais peu profonde.

Sherlock ne le lâchait pas de son regard si pâle et dérangeant que beaucoup de monde fuyait. Mais John l'avait toujours soutenu. Il se rappelait très bien leur première rencontre où le docteur l'avait trouvé étonnant, brillant, lors de sa démonstration de la « science de la déduction » à son sujet. Une réaction inhabituelle qu'il avait grandement appréciée. Habitué aux insultes, à des mots comme taré ou barjot de psychopathe.

John Watson l'avait toujours positivement surpris depuis… Ils avaient résolu une première affaire, puis une autre… L'ex-soldat était devenu son assistant d'une manière totalement naturelle, en plus d'être son colocataire et son ami. Malgré son excentricité, son génie insupportable pour cent pour cent des gens, John était resté à ses côtés et le secondait magnifiquement. Sherlock devait reconnaitre que oui, le docteur Watson avait toujours répondu présent lorsqu'il avait besoin de lui et qu'il lui était devenu nécessaire dans ses enquêtes.

Le sociopathe avait trouvé une personne pour le supporter et John l'avait toujours accepté tel qu'il était…

Sherlock devait bien avouer qu'une sorte de connexion s'était établi entre eux, une complicité qui avait grandit avec le temps. Ils se comprenaient d'un regard, d'un bref signe pour courir après un assassin… C'était le genre de détail qui était devenu normal pour lui. Comment une chose aussi ordinaire pouvait attirer son attention seulement maintenant ?

Mais ce qui était étrange, c'était cette association parfaite entre eux deux et… Le paramètre que John courait après la gente féminine. Il se proclamait hétéro à chaque fois qu'on les prenait pour un couple ce qui n'empêchait pas le docteur Watson de débarquer sur un simple sms de sa part. Ses multiples conquêtes lui en avaient fait le reproche, et s'était souvent une cause de rupture « Je ne rivalise pas avec le grand Sherlock Holmes » avait-il lu une fois non sans avoir un sourire. Le détective avait lu ses mails dans un excès d'ennui total, ce qui avait été très instructifs, divertissant. Mais il ne comprenait pas pourquoi John continuait de courir après ses ennuyeuses créatures femelles s'il passait avant ?

Sur l'instant, sa réflexion n'était pas allée aussi loin.

Son regard pâle se fixa derechef sur le visage de son colocataire qui collait des strips sur une plaie un peu plus ouverte que les autres. Et si John commençait à…

-Tu es vraiment inquiet ?

Le docteur fronça les sourcils et leva son regard sur le visage parfaitement impassible de Sherlock, un air étonné visible sur le sien.

-C'est moi ou la porte du micro-onde t'a cogné si fort qu'elle a endommagé ton disque dur et que tu te répètes ?

Le détective consultant roula des yeux devant ce retour sarcastique, ce qui fit sourire John.

-Tu es un imbécile immature et inconscient. Bien sûr que je m'inquiète pour toi Sherlock.

-Tant de qualité. C'est trop, merci John, railla-t-il.

Le docteur eut un nouveau sourire et reposa son pied pour se saisir de l'autre afin de lui administrer les mêmes soins. Les blessures de son colocataire ne nécessitaient pas un aller-retour aux urgences. Il devrait juste veiller sur la plaie à son pied qui était plus ouverte que les autres et à d'éventuels maux de dos causés par le choc.

Sherlock continuait de le regarder avec indifférence mais… Il avait la preuve indiscutable que John Watson s'inquiétait réellement pour sa personne. C'était nouveau pour lui. Vraiment une grande première.

De toutes les personnes qu'il avait rencontrées, John était le plus sincère… Le détective consultant avait beau être dans sa bulle, il savait décrypter les gens mieux que personne. John était banal, il était simple mais il était authentique. Jamais il ne lui avait tourné le dos, il le remettait à sa place quand il s'emballait un peu trop joyeusement sur une scène de crime, il posait parfois les bonnes questions si simple qui lui échappaient – ou plutôt qu'il ne considérait pas comme digne d'intérêt – et il l'aidait à tromper son ennui en épluchant les journaux à la recherche d'une affaire.

John était sans aucun artifice et le regard bleu pâle le sondait avec une lueur de redécouverte.

-Merci, souffla Sherlock.

John releva son regard gris sur son ami, la surprise se reflétant dans ces prunelles calmes et douces tandis qu'il reposait son pied au sol. Que lui valait ce « merci » dit avec spontanéité ? Parce que Sherlock disait rarement ce mot et encore moins de façon volontaire. Il le fixa un instant avant de hocher simplement la tête, un sourire en coin, acceptant ce « merci » comme un précieux cadeau. Il espérait juste un peu de prudence de la part de son ami mais c'était illusoire. Sherlock restait Sherlock.

Le docteur Watson se releva et rangea le tout dans la trousse de soin sous le regard perçant de Sherlock qui était perdu dans ses pensées sans pour autant se focaliser sur autre chose que John. Il avait joint ses mains et son menton touchait à peine le haut de ses longs doigts. Cette révélation pourtant si évidente crevait ses yeux seulement maintenant… Et il avait besoin d'élucider ce mystère… Il sauta sur ses pieds hors de son fauteuil et s'attira tout de suite un regard de reproche de la part de son ami.

-Je vais t'aider à ranger !

-Oh ça non ! Tu restes assis et tu fais autre chose que venir dans la cuisine. Tu es pieds nus et tu as une plaie à ménager, rappela-t-il sévèrement.

Sherlock fit une moue boudeuse. Il se détourna de son ami, alla vers la fenêtre et attrapa son violon. Il le déposa délicatement sur son épaule avant que l'archet ne vienne caresser les cordes. Il commença à jouer, visiblement vexé que son élan de bonté soit coupé net sous ses pauvres pieds meurtris. John soupira, levant les yeux au plafond. Le docteur ne le voulait pas dans ses pattes, il avait causé assez de dégâts ainsi.

Son regard gris s'attarda sur la silhouette élancée, rendu étrangement belle et énigmatique par le soleil de l'extérieur. Parfois, John Watson se demandait vraiment ce qui se passait dans cette tête folle, brillante, mais avec une logique hors de ce monde, hors des normes. Il se détourna rapidement pour ranger le matériel médical dans la trousse avant de se rendre dans la cuisine et de nettoyer la catastrophe de son colocataire et ami au son du violon.

Le fautif du désordre ne pouvait s'empêcher de jeter de réguliers coups d'œil vers John… Il avait senti ce regard appuyé sur sa personne, mais il ne savait pas à quoi l'attribuer.

John aimait les femmes mais il les mettait clairement de côté pour lui. Il passait avant tout le monde… Est-ce que John était en train de le considérer autrement ?

Il avait un nouveau mystère à résoudre mais qui demanderait plus de finesse de sa part car le grand Sherlock Holmes venait de réaliser l'importance qu'avait John à ses côtés et ne voulait pas risquer de le perdre.

Il lui était devenu indispensable…

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