Bien... ça fait un moment que je n'ai rien publié.
Je tiens à remercier tout ceux qui m'ont laissé un commentaire sur mes histoires précédentes et auxquelles je n'ai pas eu le temps de répondre. La meilleure chose que je puisse proposer en dédommagement c'est une nouvelle histoire. C'est plus facile de prendre le temps de répondre aux commentaires quand on est dans le feu de la publication donc rassurez-vous je reprendrai mon rythme de réponse.
J'avoue que je suis un peu nerveuse. Je travaille sur cette histoire depuis un moment mais c'est ma première histoire sur le fandom d'Harry Potter et plutôt différent de ce que j'ai fait jusqu'à présent. Mon histoire sera plus sombre que les livres et le passé d'Harry plus lourd et c'est tout à fait volontaire. Mon Harry sera moins lisse et moins enclin à jouer les héros que son homologue des livres ou films, déjà parce qu'il aura une famille et que son éducation sera fermement prise en main et pas seulement au niveau comportemental. Malgré tout, ce ne sera pas un super Harry avec de méga pouvoirs mais avec une intelligence qui lui est propre et qui surpassera celle d'Hermione (Et oui! La régurgitation de manuels ne fait pas tout!). Des personnages seront malmenés mais je montrerai leurs motivations et ceux qui apparaîtront "mauvais" à un moment seront excusés plus tard donc, pas la peine de me le faire remarquer, je suis au courant. C'est moi qui écrit après tout... Quand à Snape (Je n'aime pas le nom de Rogue) il changera aussi mais restera ce merveilleux professeur à la langue acérée que nous aimons tous même si être père va lui faire du bien et le faire évoluer. Ah! Il y aura, dans un très lointain avenir, du yaoi dans cette histoire mais pas entre Harry et Severus, non! Mais pas avant la deuxième partie alors, pour ceux que ça offense, ils peuvent lire sans crainte pour le moment, je préviendrai.
Bref, le grand classique : je ne suis pas J.K Rowling et n'ai pas la prétention de l'être. Je ne fais que m'amuser un peu avec les personnages qu'elle nous a si gentiment concoctés.
Bonne lecture!
SOURIRE
CHAPITRE 1
Larmes
Harry, 2 ans et demi.
Harry a peur de l'orage. Vraiment très peur. Dans son petit placard, il n'y a pas de fenêtre et il ne voit pas les éclairs et la pluie mais il entend le tambourinement des gouttes dehors et le bruit de la foudre qui tombe et c'est encore plus terrifiant. Il n'aime pas les orages et celui-là, il fait vraiment mais vraiment très peur. Il n'ose pas bouger de son placard parce qu'il ne sait pas ce qui va lui arriver s'il sort de là. Et puis, sa Tante et son Oncle lui ont dit qu'il n'avait pas le droit de sortir. Sans doute que cela les fâcherait. Ils se fâchent souvent. Mais ce qui l'arrête surtout, c'est qu'en dehors de son petit placard, c'est… L'Inconnu. Et ça, c'est vraiment très effrayant. Il n'a jamais essayé de sortir la nuit. Sauf pour aller faire pipi parce que sinon, Tante Pétunia n'est pas contente. Elle ne veut plus lui mettre de couches mais il a encore souvent des « accidents » et après… C'est pour ça qu'il a du mal à dormir. Il essaie de prévenir ça autant que possible. Mais sinon, il évite de sortir. Sa chambre est toute petite et inconfortable mais il la connaît au moins, ça le rassure. Mais la perspective de rester ici, tout seul, semble insurmontable maintenant.
Un nouveau grondement, plus proche lui semble t'il, retentit. Et puis, il y a son imagination qui lui fait remarquer que c'est comme les bruits que faisaient les monstres à la télévision dans le film que regardait Dudley aujourd'hui, même après que Tante Pétunia lui ait interdit. Tante Pétunia est venue et elle a éteint le poste tout de suite et ensuite, elle a consolé son Dudleynouchet en lui disant que les monstres ne viennent jamais pour les gentils petits garçons comme lui et elle lui a donné une sucette. Mais elle n'a rien dit pour Harry. Pourtant, il a eu peur lui aussi. Et il n'a pas eu de sucette. Tante P&étunia l'a même grondé et l'a accusé d'avoir fait peur à Dudley. Mais il n'a rien fait ! Juré ! N'empêche, maintenant qu'il est tout seul, il se pose des questions. Et s'ils venaient pour le chercher ? Il ne pourra jamais se défendre. Il est trop petit. Il tremble et serre sa petite couverture de toutes ses forces. Et il n'en a pas beaucoup. Les larmes roulent sur ces joues mais il essaie de ne pas laisser échapper un son, pour ne pas attirer les monstres. C'est difficile alors il plaque ses petites mains sur sa bouche pour contenir ses reniflements.
Il a l'impression d'entendre des bruits et il ne tient plus. Comme des pas. Dans la maison. Et si les monstres étaient déjà là ? Il a vraiment peur maintenant. Il ne veut pas attendre qu'ils viennent le trouver. Il a besoin de protection. Sa Tante et son Oncle sont en haut des escaliers. C'est loin. Mais là-bas, il pourra leur dire à propos des monstres en bas et ils s'en occuperont, il en est convaincu. Ils sont très grands. Surtout son Oncle et c'est sûr qu'ils les feraient fuir et que, comme ça, ils ne prendraient pas Harry. Ils le défendront, il en est persuadé. C'est ce que les grands font. Même quand on aime pas quelqu'un, on fait ce qui est bien, pas vrai ? Ils ne les laisseraient pas lui faire du mal, hein ? Il se lève doucement, avec précaution, le plus silencieusement possible. Il entrouvre très lentement la porte du placard et regarde en dehors. Il sait que c'est le salon mais il ne le reconnaît pas vraiment. Ils cherchent aussi si les monstres sont là, pour vérifier.
Il y a toutes ces ombres qui dansent et ces éclats de lumières qui l'aveuglent et le salon semble terriblement sinistre à présent. Les ombres… elles bougent ! Mais elles ne semblent pas l'avoir remarqué. Pas encore. Il a le cœur qui bat fort, très fort. Il s'assure une nouvelle fois qu'il n'y a personne de vraiment visible avant de sortir. Si les monstres sont dans les ombres, pour l'instant, ils ne font pas attention à lui. Ça le rassure un peu. Il avance avec précaution, rasant le mur de l'escalier, espérant ne pas se faire remarquer. Il a peur d'attirer l'attention des monstres et il retient son souffle autant qu'il peut. Un grand éclair, plus proche que les autres, illumine soudainement la pièce, projetant les gigantesques ombres menaçantes et faisant hurler de terreur l'enfant qui se précipite vers l'escalier, toutes précautions oubliées.
Il veut juste trouver son Oncle et sa Tante. Il le faut absolument. Il veut qu'on le rassure et qu'on chasse les monstres qui dansent dans les ombres. Ses petites jambes peinent à monter les rudes marches de l'escalier mais la terreur le pousse. Il ouvre à la volée la porte mal fermée de la chambre de ses relatifs et se blottit, tremblotant, contre la forme allongée, et réveillée en sursaut, de sa Tante. Il balbutie et tente d'expliquer qu'il a peur, que les monstres veulent le prendre mais une main rêche le saisit et le repousse violemment. Il tombe par terre. Ça fait mal. C'est son Oncle et il semble furieux. Harry se tourne vers sa Tante. Elle a réconforté Dudley, elle sait sûrement quoi faire, quoi dire.
- Vernon, je t'avais bien dit de mettre un verrou sur ce fichu placard ! Anonne la maîtresse de maison, mécontente du réveil brutal avant de se rallonger et de se retourner pour se rendormir.
Le petit garçon a les yeux élargis. Pourquoi sa Tante ne fait-elle pas comme pour Dudley ? Harry ne comprend pas. Le petit garçon est ramené promptement à son placard par la main rude de son Oncle, jurant et hurlant que si jamais les monstres venaient le chercher alors il devrait les laisser faire et que si jamais l'envie de réveiller les honnêtes gens en pleine nuit le reprenait encore, il en goûterait de sa ceinture. Harry comprend que son Oncle et sa Tante sont très fâchés qu'il les ait réveillés alors il se tait. L'enfant tente tant bien que mal de se rendormir, chantonnant la mélodie d'une berceuse à moitié oubliée d'une voix chevrotante pour se réconforter, un peu, la tête cachée sous sa petite couverture, les bras refermés sur lui-même en une étreinte qui ne le calme pas vraiment tout en essayant d'ignorer l'orage et sa peur.
Le lendemain, Oncle Vernon installait un petit verrou doré sur la chambre-cage de son neveu. Et sa Tante lui donna un pot de chambre pour la nuit.
Après ça, Harry apprit à faire face seul à ses larmes et ses terreurs.
Harry, 3 ans.
Il fait bon, il se sent bien. Il travaille sur les massifs de fleurs, arrosant délicatement les pieds de bégonias comme Tante Pétunia lui a expliqué avant de le mettre dehors. L'arrosoir est lourd même s'il n'est pas très rempli et c'est difficile de tout bien faire comme il faut. C'est important sinon Tante Pétunia ne sera pas contente. Et puis, il aime bien être dans le jardin. Il sourit. C'est l'été et il y a plein de fleurs autour de lui. Et les oiseaux font pleins de jolis bruits. Et aussi, ça sent bon. Ce n'est pas une punition pour Harry. D'ailleurs, il ne sait pas pourquoi il a été puni. Mais comme il l'est souvent, ça n'est pas très important. Soudain, son attention est attirée par de vives couleurs qui semblent flotter dans l'air. Incapable de résister, l'enfant se lève et abandonne sa tâche pour suivre la jolie chose qui vole sans trajectoire définie, essayant de l'attraper. Il rit.
Une main puissante se referma sur le petit bras et lui fait lever la tête. Tante Pétunia semble furieuse. Il essaye de lui montrer le bel insecte qui s'est posé sur une pâquerette un peu plus loin. Pour que Tante Pétunia les voit aussi, les belles couleurs qui dansent dans le vent. Et sa Tante les voit. Elle s'approche du papillon et, sans lui laisser une chance de s'enfuir, elle l'écrase impitoyablement pour ensuite se retourner vers lui et lui aboyer de se remettre au travail, qu'il n'est qu'un ingrat à ne rien faire quand elle et son Oncle Vernon se saignent pour lui offrir un toit et de quoi manger.
Après cela, Harry n'eut plus envie de rire.
Harry, 3 ans et demi.
- Pardon ! Je suis désolé, Oncle Vernon !
L'enfant se recula contre le mur, effrayé. Il ne l'a pas fait exprès, vraiment. Il ne pensait pas que Dudley serait effrayé par le joli serpent ni que celui-ci allait le mordre. Le serpent était si mignon, il avait une si jolie couleur foncée avec de longues bandes jaunes et des écailles brillantes sous le soleil. Harry l'avait rencontré dans le jardin, quelque part dans le tas de bois pour la cheminée et ils avaient fait connaissance. Il parlait si gentiment qu'il avait voulu le montrer à son cousin mais celui-ci avait hurlé en le voyant et Harry avait été si surpris qu'il avait lâché son ami sur le sol. Le serpent avait dû avoir peur aussi parce qu'il avait sauté sur la jambe de Dudley et avait transpercé la peau dodue de ses crocs acérés.
Tante Pétunia était alors arrivée, suivie de près par Oncle Vernon. Elle s'était occupée de saisir son « bébé » tandis que Oncle Vernon avait pris le balai et avait tapé, et tapé, et tapé encore la petite couleuvre jusqu'à la réduire en bouillie. L'enfant avait essayé de sauvé son ami mais Oncle Vernon l'avait poussé. Fort, et il était tombé contre le mur, sonné. Harry était triste mais il se sentait coupable aussi. Le petit serpent avait été si doux et, au début, il n'avait pas voulu entrer avec Harry. Mais le petit garçon l'avait convaincu et maintenant, il était mort. A cause de lui.
Comme ses parents. C'est Tante Pétunia qui l'a dit.
Et son Oncle était très en colère aussi. Tante pétunia serrait son Dudleynouchet qui pleurnichait exagérément fort contre elle tout en jetant des regards virulents à celui qui avait osé menacer la vie de son enfant chéri. Pas comme Harry. Harry vit alors son oncle enlever sa ceinture. Un geste qu'il apprendrait bien vite à reconnaître. Sa Tante protesta mollement que, peut-être, « ils » les surveillaient mais l'homme ne lui prêta pas attention. Il fallait punir cette monstruosité, faire sortir de lui toutes ces bizarreries. Il ne pourrait pas tolérer de savoir son bébé en danger à cause de cet indésirable qu'on lui avait imposé. Pour protéger sa famille.
Le premier coup tomba sur un Harry pétrifié et surpris. Ça faisait mal, très mal. Il se recroquevilla sur lui-même en criant, tentant de se protéger de ses maigres bras, suppliant son oncle d'arrêter, pendant que son Oncle levait et abaissait la ceinture de cuir sur le corps chétif. Il s'arrêta finalement, essoufflé mais, étonnamment, en se sentant beaucoup mieux. Il avait fait ce qu'il fallait. Il fallait que quelqu'un apprenne au garçon ce qui était et n'était pas acceptable. Et ce quelqu'un, ce serait lui. Après tout, même si ça ne lui plaisait pas et qu'il s'en serait bien passé, il était responsable de l'éducation de ce morveux. Même si cela prenait des années, il le ferait. C'était pour le bien de tous. Pour sa famille. Oui, il faisait ce qu'il devait faire.
Heureusement pour toi qu'il n'était pas venimeux, garçon, siffla t'il à la petite forme ensanglantée sur le sol. On nous a obligé à te prendre avec nous mais je t'assure que je vais te faire filer droit moi, pas comme ces deux bons-à-rien qui te servaient de parents !
Harry ne répondit pas, trop choqué. Son corps lui faisait mal, il n'arrivait pas à bouger alors il resta comme ça jusqu'au soir où, une fois les Dursley rentrés de leur promenade dominicale, sa Tante le tira par le bras pour le remettre sous l'escalier tout en pestant contre le ménage qu'il allait lui occasionner sur sa moquette neuve. Il n'avait pas mangé et n'osait pas demander. Sa Tante était encore très fâchée. Il n'entendit qu'une chose avant de réussir à trouver une position à peu près confortable pour s'endormir :
- Tu vois Pét', personne ne nous surveille, constata avec une satisfaction évidente l'Oncle Vernon. Nous allons pouvoir tenter de faire quelque chose de cette mauvaise graine qu'on nous a forcé à planter.
Harry, 4 ans.
Harry est content. Il a parlé avec la Dame aux Chats et elle a été très gentille avec lui. Mais il n'aime pas quand elle le sert dans ses bras. C'est peut-être parce qu'il n'a pas l'habitude ou que parfois, après une « correction » notamment, ça fait mal, ou peut-être que Mrs Figg ne sait pas qu'il ne faut pas le toucher. Parce qu'il est un monstre, il le sait. Ça le met mal à l'aise quand elle le fait. Il n'aime pas trop venir chez elle à cause de ça. Mais son Oncle et sa Tante sont partis en ville avec Dudley et l'ont laissé chez elle. Parce que c'est un jour spécial. Et même si ça sent le chou et l'herbe à chat chez Mrs Figg, il s'en fiche. Elle lui a donné de quoi dessiner ! Et ça, c'est vraiment bien.
Harry aime dessiner. Il y a tellement de jolies choses partout. Les fleurs dans le jardin et les papillons aussi. Et les oiseaux surtout. Il aime beaucoup les oiseaux. Il aimerait bien pouvoir en toucher un, un jour. Mais il n'a pas le droit de les emmener avec lui à l'intérieur, il le sait maintenant, mais il essaie quand même de les garder avec lui, autrement. Ce n'est pas facile car il n'a pas de belles feuilles blanches, comme celles que donnent Tante Pétunia à Dudley, ni de beaux crayons mais à l'école, il peut garder les vieux cahiers non finis et le dos des autres dessins qu'il a fait en classe, à la maternelle. Il se débrouille. Mais là, c'est des belles feuilles toutes propres que Mrs Figg lui donne, c'est spécial. Et idéal pour l'occasion.
Parce qu'Harry a une super idée.
Il en entend parler depuis des semaines et il a vu plein de publicités partout. C'est pour cela qu'on l'a laissé chez Mrs Figg, il le sait. Et il veut pouvoir participer mais il n'a pas eu le temps de faire quelque chose auparavant. Dudley a détruit ce qu'il avait fait à la garderie et même si la maîtresse a dit que ce n'était pas grave, Harry n'est pas d'accord. Il y a longuement réfléchi et puis il a conclu que c'était logique qu'il en fasse une, lui aussi. Sa Tante sera contente qu'il y ait pensé cette année. Peut-être que, comme ça, elle commencera à voir qu'il est un gentil petit garçon, lui aussi. Et peut-être qu'elle arrêtera de le gronder. Et si elle le fait alors peut-être qu'Oncle Vernon aussi changera d'avis sur lui. C'est un bon projet. Il dessine avec concentration. Il y met tout son talent et fait bien attention à bien colorier tout les personnages, sans déborder de la carte.
Ça va être bien, enfin, il l'espère.
Il ne sait pas écrire encore mais ce n'est pas grave. Mrs Figg lui a montré comment écrire son nom. Alors, il dessine son souhait sur la jolie feuille de papier blanc. Il utilise les plus jolies couleurs et fait bien attention aux proportions. Il a l'œil, Mrs Figg lui a dit avant de retourner s'occuper de ses chats. Elle est bizarre, Mrs Figg. Elle parle tout le temps à ses chats. Comme s'ils peuvent comprendre. Mais elle lui donne du lait à boire et un fruit ou des biscuits pour le goûter. Il n'a jamais de goûter d'ailleurs alors tant pis si Mrs Figg est un peu bizarre. Ça vaut la peine. De plus, elle le laisse tranquille la plupart du temps et c'est à peine si elle lui parle ou le regarde. Mais c'est vrai que quand, elle le fait, c'est ennuyeux. Elle l'oblige à regarder ses albums photos avec ses chats et franchement… il s'en fiche un peu. Mais là, tout de suite, il se concentre très fort sur son dessin et « pour ne pas déranger » comme dit sa Tante. Et il ne veut pas qu'elle soit fâchée contre lui, il fait de gros efforts pour ça.
Même si ça ne marche presque jamais.
Mais c'est parce qu'Harry est désobéissant. Il le sait, son Oncle le dit tout le temps. Et son Oncle est grand, donc il doit avoir raison, non ? Il est aussi « un-gras », il ne sait pas trop ce que ça veut dire mais il sait que c'est grave. Il essaie pourtant d'être gentil, il essaie vraiment. Mais ce n'est pas facile de l'être tout le temps. C'est pour cela qu'Harry est souvent puni et qu'il doit aller au lit même quand il fait encore jour ou qu'il n'a pas mangé. Et qu'il se fait frapper aussi mais ça, c'est quand il l'a mérité. Quand il fait des « trucs de monstre » alors c'est normal. Mais chut, il ne doit pas en parler. Sinon, tout le monde verrait à quel point il est méchant et désobéissant. Et Oncle Vernon et Tante Pétunia seraient très fâchés. Ça il le sait.
Enfin, sa Tante vient le chercher. Il la suit, obéissant gentiment. Il veut qu'elle soit de bonne humeur parce que c'est un grand jour. Il a été très sage ces derniers temps, il a fait vraiment mais vraiment très attention. Il n'a jamais autant essayé, jamais avec tant de volonté. Parce ce qu'il le veut tellement, tellement fort. Sa Tante lui demande d'arroser les plantes dans le jardin avec le tuyau d'arrosage avant qu'il fasse nuit. Il est content de lui rendre service. Il ouvre le robinet avec toutes ses maigres forces et arrose copieusement les plates bandes en faisant bien attention à ne pas abîmer les fleurs.
Une fois qu'il a terminé, il range soigneusement le tuyau, bien comme il faut, et sort son dessin. Il l'avait bien rangé dans sa poche pour ne pas l'abîmer. Il a le cœur qui bat très fort. Il a peur et en même temps, il est un peu excité. Il y a tellement d'espoir dans cette petite carte qu'il a l'impression qu'il va exploser. Il en a rêvé, il a imaginé la réaction de sa Tante quand, un jour, il s'est dit que peut-être, peut-être elle allait finir par l'aimer s'il lui disait en premier. Il entre dans la cuisine où sa Tante prépare le dîner. Elle le remarque et il lui tend, tremblant, sa petite carte en lançant un timide et hésitant :
- Bonne fête… maman.
Pendant qu'un petit garçon se remettait difficilement d'une sérieuse correction et des mots de haine que lui lançait sa Tante, un dessin, un peu maladroit, d'une famille unie, représentant un homme, une femme et deux enfants souriants, naïvement réalisé par des mains enfantines, vit ses couleurs s'affadirent sous la pluie qui ruisselait à l'intérieur d'une poubelle mal fermée au fur et à mesure que Harry apprenait une nouvelle leçon.
Ce soir-là, Harry apprit que les rêves ne se réalisaient pas. Même si on essayait très fort.
Harry, 4 ans et demi.
Il faut continuer. Et courir. Ils manquent d'air les petits poumons du garçon. Ils deviennent lourds ses muscles à force d'être abusés. Il n'y a pas suffisamment de nourriture dans son corps pour soutenir son effort mais il doit faire avec. Il ne peut pas s'arrêter. Alors, il fait comme toujours. Il ne prête pas attention à la douleur. Il ne courre pas sans raison, bien évidemment. Ni même pour le plaisir, c'est une question de survie. Parce que Dudley et ses amis sont après lui. Ils s'amusent comme on dit. A la chasse au Harry. Harry, c'est lui.
Il accélère, encore. Ils sont bien nourris, les poursuivants de Harry, et ils vont vite. Ils rient de le voir courir ainsi. Les voisins ne font rien, comme d'habitude. Les adultes ne se mêlent jamais aux « jeux » des enfants et les regarde avec indulgence. Comme si ça n'avait pas d'importance. Pour eux, ça n'en a probablement pas, se dit Harry. Il accélère encore pour tenter de les semer même si ses chances sont minimes. Mais Harry ne veut pas perdre. Il a déjà si mal. Il courre toujours et cherche quelque chose, n'importe quoi, qui lui permettrait de se cacher. Il décide de passer par les jardins des voisins, au travers des haies et des palissades et bientôt, il n'entend plus le bruit des pas de course.
Dudley s'est sans doute lassé, fatigué.
Oh, bien sûr, Harry sait qu'il devra le payer mais pour l'instant, il est en sécurité. Il a trouvé un joli bosquet derrière la maison des Donovan. Il est bien touffu et tant pis s'il a des épines. C'est d'ailleurs pour cela qu'il l'a choisi. Il n'est pas sûr que Dudley et ses gorilles aient abandonné alors il va devoir patienter et rester caché. Dudley ne se risquerait pas à s'en approcher, du buisson aux épines, c'est certain. Il grimace quand il remarque qu'il s'est écorché les bras. Mais ce n'est pas le plus important. Quelques égratignures à peine. Il a déjà connu pire.
Il a déchiré son tee-shirt sur les épines du buisson.
Sa Tante ne va pas être contente. Pas contente du tout. Elle dit qu'il devrait être reconnaissant des vêtements qu'elle lui donne. Même s'ils sont trop grands, vieux et usés. Les vieux habits de Dudley. Parce que les habits neufs, c'est pour ceux qui les méritent. Et lui, ils ne les méritent pas. C'est pour cela qu'il doit en prendre soin. Il va avoir de gros ennuis. Elle va le dire à Oncle Vernon, c'est sûr. Mais tout de suite, il s'en moque. Parce qu'il a gagné. Il a été plus fort que Dudley. Plus rusé. Plus doué. Ça n'arrive pas souvent mais l'enfant sait que tant qu'il courre suffisamment vite, il pourra toujours s'en sortir. Tant qu'il utilisera ses neurones, il pourra se cacher. Et gagner.
Il suffit juste d'endurer.
Mais là, tout de suite, il faut qu'il puisse se reposer. Avant de rentrer. Et de se faire corriger.
Harry, 5 ans.
Aujourd'hui, c'est la rentrée. Harry va aller à l'école. Il est très excité. Il va apprendre à lire, à écrire, à compter. Et il va pouvoir se faire des amis aussi. Enfin, il l'espère. Et il va tout faire pour bien travailler. Pour que son Oncle et sa Tante se rende compte qu'il n'est pas stupide et qu'il commence peut-être à l'apprécier. Enfin. Dudley aussi va faire sa rentrée. Tante Pétunia lui a acheté une toute nouvelle garde-robe, un joli sac et des tas d'autres choses, très jolies. Harry, lui, à un sac simple en tissu mais il a mis ses plus beaux vêtements aussi, ceux qui ne sont pas trop usés. Il aurait bien aimé pouvoir se doucher mais Tante Pétunia ne l'y a pas autorisé. Parce qu'elle a dit qu'il n'y avait pas le temps. Il a juste pu se débarbouiller vite fait. Il est un peu inquiet quand même mais il ne veut pas y penser.
Ça va bien se passer.
Sa Tante et son Oncle l'ont conduit avec Dudley en voiture pour le premier jour mais Tante Pétunia lui a bien fait savoir qu'il devrait ensuite s'y rendre seul, à pied. Ce n'est pas facile de retenir le chemin car la route défile vite. Heureusement, ce n'est pas très loin du petit parc où il va parfois se réfugier, il pense qu'il pourra se débrouiller. Après, Dudley a reçu un câlin d'une Tante Pétunia en sanglot tandis qu'Oncle Vernon rayonnait de fierté. Par contre, il a jeté des regards significatifs à Harry. Le regard qui dit « pas de bizarrerie ou tu le regretteras ». Harry connaît bien cette leçon-là, déjà. Sa Tante consent enfin à lâcher un Dudley grognon quand la maîtresse commence à rassembler les élèves.
La classe va enfin commencer. Il est si impatient.
oOo
Harry a envie de pleurer. Ça ne s'est pas bien passé. Pas bien du tout. D'abord, il n'a pas répondu quand son nom a été appelé. Il ne savait pas qu'il y avait autre chose derrière « Harry » et tout le monde s'est moqué de lui. D'ailleurs, si Mrs Figg ne l'appelait pas ainsi, il n'aurait jamais su que c'était lui et ça aurait été encore pire. La maîtresse était mécontente et l'a réprimandé pour oser déranger la classe. Harry a eu vraiment honte. La leçon ensuite était intéressante au début mais Harry s'est vite ennuyé. La maîtresse n'arrêtait pas de réexpliquer les mêmes choses sans arrêt. Une seule fois, ça suffisait. Il a laissé son imagination le guider, et quand la maîtresse lui a secoué l'épaule pour le gronder de sa distraction, il n'a pu s'empêcher de crier de surprise. Il est allé au coin jusqu'à la récréation.
Mais ça n'était pas le pire.
A la récréation, personne n'a voulu lui parler et le peu qui ont tenté de le faire se sont fait refoulés par Dudley et ses amis. Ils disent qu'Harry pue, qu'il est laid avec ses cheveux mal coiffés et ses vêtements dépareillés. Dudley s'y met aussi et Harry finit par être bousculé et par tomber. La maîtresse intervient mais tout le monde dit qu'Harry est tombé tout seul. Ce n'est pas vrai mais la maîtresse ne le croit pas quand il essaie de lui expliquer. Elle dit qu'elle en a assez qu'il joue les trouble-fête et qu'elle va le «dresser » et elle dit aussi qu'elle parlera à sa Tante de son comportement.
Il va passer un sale moment, il le sent.
Harry, 5 ans et demi.
Harry a fini ses corvées d'après école. Il est tard et il est fatigué. Oncle Vernon est sorti pour prendre un verre avec quelques clients importants et la maison est tranquille. L'enfant sait qu'il devrait retourner dans son placard maintenant mais il ne le fait pas. Pas ce soir-là. Il s'est dépêché de finir tout ce qu'il devait faire pour pouvoir se cacher pour écouter. Il monte sans bruit l'escalier. Il sait comment ne pas se faire remarquer. Il va du côté de la chambre de Dudley. Il est très silencieux car il sait ce qu'il risque d'arriver s'il se fait surprendre et ce n'est pas une bonne chose. La porte est entrouverte, juste ce qu'il lui fallait. Il s'accroupit et jette un œil à l'intérieur de la chambre. Il cherche du regard le rocking-chair dans lequel sont installés sa Tante et Dudley. Tante Pétunia serre son fils contre elle, le bras autour de lui et lui se blottit contre sa mère. Harry ne peut s'empêcher de frissonner d'envie à cette vue. Et non, il n'a pas la gorge qui se serre et le chagrin qui lui étreint la poitrine. Non. Du tout. Sa Tante lit une histoire à Dudley, comme tous les soirs, pour qu'il fasse de beaux rêves.
Harry aimerait bien en faire aussi. Mais lui, il rêve de cris, de désespoir, de lumière verte et de rires monstrueux. C'est pour cela que parfois, il est content de réussir à venir espionner ces moments avec Dudley où il peut rêver, juste un moment, que c'est lui dont les cheveux sont caressés, que c'est lui qu'on va border et embrasser sur le front en allant se coucher. L'histoire en elle-même lui importe peu même si ça le distrait. Les aventures de l'enfant qui criait au loup sont dénuées d'intérêt. Harry ment souvent lui, mais c'est pour se protéger. S'il ne le faisait pas… Comme quand il a dit à son Oncle qu'il était attendu chez Mrs Figg pour lui faire ses courses. Ce n'était pas vrai mais ça a convaincu son Oncle de ne pas le frapper et, plus tard, il a complètement oublié de le corriger parce qu'il était occupé. Son Oncle, c'est son loup à lui et il s'en fiche de lui mentir.
L'histoire est finie.
Dudley et sa Tante se lèvent du fauteuil et il observe la tendresse des gestes de sa Tante quand elle couche Dudley et qu'elle le borde. Elle lui sourit gentiment quand il dit, à moitié endormi, qu'il n'a pas sommeil. Elle est douce avec lui, pas comme avec Harry. Mais lui, il ne compte pas. Il est indésirable et il le sait. On le lui a suffisamment répété. Il sait également qu'il devrait s'en aller avant de se faire surprendre alors il s'en va sur la pointe des pieds. Il descend l'escalier avec dextérité, sans faire grincer les marches en posant ses pieds juste là où il sait qu'il ne se fera pas entendre et va se réfugier dans son placard. Il se couche sur le vieux lit de camp et tente de se border avec sa vieille couverture. Il ne pleurera pas. Ses yeux ont fait le deuil de ce qu'ils n'auront jamais même s'il n'a pas encore compris pourquoi. Il voulait juste savoir comment c'était. Mais il n'ira pas s'apitoyer sur ce qu'il n'a pas.
Il est déjà trop tard pour ça.
Harry, 6 ans.
Harry essaie de suivre ce que lui dit sa Tante mais c'est difficile. Il prend les tranches de bacon et les pose dans la poêle. Il sort les œufs et les pose laborieusement sur le comptoir parce que c'est haut et qu'il n'est pas grand. Il a faim mais sa Tante lui a dit que s'il faisait ce qu'on lui demandait « sans créer de problèmes » alors il aurait le droit de manger. Il ne sait pas trop ce que ça veut dire à part qu'il doit bien obéir et ne pas mettre sa Tante en colère contre lui, même si souvent, il ne sait pas ce qu'il a fait pour qu'elle le soit. Alors il fait attention. Harry a l'habitude de ne pas manger à sa faim. C'est normal. Parce que les monstres n'ont pas le droit de manger comme les gens normaux. C'est sa Tante et son Oncle qui le disent et ils savent mieux que lui d'après ce qu'ils disent. Mais Harry sait bien que ce n'est pas vrai même s'il ne lui viendrait pas à l'idée de le leur dire. Parce que la nourriture d'après eux, ça se mérite. Et Harry doit faire beaucoup de choses pour mériter de manger à leurs yeux. Mais avec le temps, il a appris à faire avec. Il sait que ce n'est pas juste mais il se tait. Qu'est-ce que ça changerait ? C'est parfois difficile de faire tout le travail avec l'estomac vide mais sa Tante finit toujours par lui donner quelque chose quand il est à bout. C'est « gentil » de sa part, même quand ce n'est que de la soupe froide en boîte.
Harry est un enfant calme. Il ne parle pas et ne pose jamais de questions. Certains diraient qu'il est trop calme mais personne ne le remarque jamais. Il est celui qu'on oublie et qu'on se retrouve surpris lorsqu'on se rend compte qu'il était à côté de vous depuis un moment. Il a le regard perçant, l'enfant. Mais il sait se faire discret pour observer son environnement. Peu de choses lui échappent et souvent, ce sont des confidences que les gens préféreraient garder secrètes. Lui, personnellement, il s'en fiche. Ça l'amuse un peu. Il n'a pas le droit de jouer alors il s'occupe ainsi. Tous les jouets de la maison sont à Dudley et il n'a pas le droit d'y toucher. Même les regarder, c'est interdit. Sinon, il est puni. Alors il regarde la vie, les gens, la nature, tout ce qu'il peut assimiler.
Il reporte son attention sur sa tâche. Il faut qu'il soit bien concentré. Il ne faut pas faire de bêtises. C'est une tâche très importante (même si peu passionnante) et il est fier qu'on la lui confie. Il essaie de faire au mieux. Il sait qu'il a tout intérêt d'ailleurs. Dudley, lui, n'a pas le droit d'approcher des fourneaux mais Harry, lui, il a le droit. Pas que ce soit vraiment un privilège comme on le lui a fait miroiter. C''est juste une nouvelle corvée. Mais c'est aussi un moyen plus aisé pour chiper un peu de nourriture sans se faire attraper, se dit-il. Et puis, de toute façon, ce n'est pas comme s'il avait le choix. Dudley a le droit de faire des choix. Lui pas. Il a du mal à surveiller la cuisson car il n'est pas assez grand pour atteindre le plan de travail même en se hissant sur la pointe des pieds et ça ne lui permet pas de voir l'intérieur de la poêle. C'est dur d'apprendre à cuisiner. Il saisit le manche de la poêle pour l'attirer à lui pour voir où ça en est. Mais c'est trop lourd pour lui et le contenu se renverse sur lui. Il a mal, ça brûle et il ne peut retenir son cri de douleur. En un instant, sa Tante est sur lui.
Elle ne s'assure pas qu'il va bien ou que les brûlures ne sont pas graves, elle le gifle pour avoir gâché le petit déjeuner et n'écoute pas ses excuses, pourtant sincères. Ensuite, Oncle Vernon arrive et « prend les choses en main ». Il l'entraîne en bas, dans le cellier, là où personne ne pourra les entendre, et enlève sa ceinture. Pour lui faire « passer l'envie de gaspiller l'argent de ceux qui ont la gentillesse de recueillir un monstre comme lui sous leur toit ». Il frappe, encore et encore jusqu'à ce qu'il soit trop essoufflé pour continuer. Il laisse l'enfant qui git sur le sol et lui annonce qu'il n'aura rien à manger aujourd'hui. Harry n'a rien dit. Il n'a pas crié ni ne s'est plaint quand le cuir l'a frappé, lui lacérant la peau délicate de son dos en plus de la douleur qui courre son torse et ses bras où la graisse l'a brûlé et où le vieux tee-shirt de Dudley s'est collé sur la peau meurtrie. Parce qu'il sait que ça ne sert à rien de supplier ou de crier. Ça n'aurait fait que prolonger la correction. Ou l'empirer. Il s'est contenté de se recroqueviller du mieux qu'il pouvait pour protéger sa tête et son ventre.
Harry a appris depuis longtemps que personne ne viendra pour l'aider.
Harry, 6 ans et demi.
Harry ne pleure pas. Il y a longtemps que ses yeux sont secs maintenant et il ne veut plus s'autoriser une telle faiblesse. Pourtant, il devrait pleurer sans doute mais il a oublié comment on fait. Melle Crawley est partie. A cause de lui. Melle Crawley était gentille avec lui. Elle est – était – sa maîtresse à l'école. Elle lui disait qu'il était gentil et intelligent. Melle Crawley lui donnait même des exercices plus avancés que son âge parce qu'elle avait remarqué que, souvent, il s'ennuyait et que s'était pour ça qu'il rêvait en classe. Elle ne se mettait pas en colère contre lui quand il n'écoutait pas, elle attirait juste son attention sur un nouvel exercice ou sur un nouveau livre pendant que les autres continuaient la leçon tout en s'assurant qu'il avait bien compris ce qu'il avait appris. Il adore – adorait – Melle Crawley. Mais elle est partie, elle aussi. Comme ses parents, elle l'a abandonné. Il ne peut pas la blâmer, après tout, c'est à cause de lui si c'est arrivé.
De toute façon, c'était trop beau pour durer.
Sa maîtresse réprimandait Dudley pour son comportement et ne lui passait pas ses caprices et elle l'avait même grondé quand il avait essayé d'empêcher un camarade de parler à Harry. Harry. C'était bien la seule personne, avec Mrs Figg, à utiliser ce nom. C'était étrange et il a eu du mal à s'y habituer. Mais ça avait été les deux meilleurs mois d'Harry. Rien à voir avec l'année précédente. Il aime – aimait – vraiment l'école de Melle Crawley. Enfin, surtout sa maîtresse. Si douce et gentille, toujours avec le sourire. Un peu comme une maman. Enfin, l'image qu'il s'en faisait. Elle empêchait les autres de se moquer des habits d'Harry, de ses horribles lunettes que Tante Pétunia avait été cherché dans un organisme de charité quand elle avait fait remarqué à sa Tante qu'Harry en avait besoin. Et elle n'avait jamais fait de remarque sur le manque d'hygiène d'Harry. Il avait l'impression d'être « comme les autres » avec elle et… c'était vraiment bien.
Trop bien. Il aurait du se méfier. Il avait baissé sa garde.
Et puis, un jour, elle avait demandé à Harry de rester après la classe. Il savait bien qu'il aurait dû faire attention mais il avait pensé qu'elle voulait lui parler de son hygiène personnelle car il savait que des parents s'étaient plaints. Mais aller expliquer que vos relatifs ne vous laissent utiliser la douche que trois fois par semaine alors qu'il sue chaque jour à faire ses corvées et qu'il ne peut que se débarbouiller du mieux qu'il le peut au lavabo. De toute façon, il n'avait pas l'intention d'en parler. Pas au début, du moins. Elle lui avait demandé d'où venait le bleu sur sa joue. Harry avait dit qu'il était tombé dans l'escalier parce que Oncle Vernon l'avait menacé que si jamais il disait autre chose alors il aurait de « sérieux ennuis ». Et il ne veut pas avoir d'ennuis avec son Oncle. Elle lui avait dit alors qu'elle était là pour lui, pour l'aider et que, s'il disait la vérité, plus personne ne lui ferait du mal. Jamais. Elle avait insisté et il savait qu'elle croyait vraiment ce qu'elle disait alors il avait avoué. Il n'aurait pas dû. Il se disait qu'elle n'était pas comme les autres, ceux qui savaient mais ne disaient rien. Ne faisaient rien.
Elle avait menti.
Il avait eu envie de lui faire confiance. Parce que c'était dur d'être toujours seul, de ne jamais pouvoir parler à personne, de ne pas avoir d'amis autres que les livres. Il s'était confié, honnêtement. Plus longtemps qu'il ne l'avait jamais fait auparavant. Il n'avait pas tout raconté, évidemment. Mais il avait osé parler. Du placard, des corvées, de la douche principalement. Les corrections et la faim, il avait trop honte pour avouer. Mais quelque part, elle avait deviné. Elle avait posé beaucoup de questions. Et elle avait pleuré pour lui. Il n'avait pas vraiment compris pourquoi. Était-ce si terrible que ça ? Son Oncle ne le frappait pas si souvent que ça. Une ou deux fois par semaine seulement. Il ne manquait pas l'école tant que ça. Seulement quand il n'était pas assez « reconnaissant » ou qu'il faisait des trucs… qu'il ne devrait pas faire. Elle lui avait promis qu'elle l'aiderait et qu'il n'aurait plus à retourner chez les Dursley. Bien sûr, il ne l'avait pas crû sur le moment mais ça lui avait fait du bien de pouvoir dire tout ce qu'il avait gardé pour lui depuis si longtemps. Il se disait quand même qu'elle pourrait peut-être l'aider, juste un peu. Lui amener un peu de nourriture ou le laisser user les douches de l'école le matin, quelque chose comme ça.
C'était stupide, il le savait pourtant.
Elle avait caressé sa joue doucement comme il avait imaginé une maman l'aurait fait. Il avait vraiment aimé mademoiselle Crawley avec ses cheveux de feu et ses yeux brillants. Elle était comme un souvenir qu'il avait oublié. Elle lui faisait croire que tout irait bien et qu'il pouvait tout lui dire. Mais elle a appelé la directrice qui avait appelé ses relatifs et il s'était senti trahi. Il avait commis une énorme erreur et il l'avait compris en regardant son Oncle et sa Tante affichant l'image parfaite de la famille affolée qui ne peuvent pas comprendre pourquoi ils sont ainsi accusés quand ils essaient tant bien que mal d'élever un garçon ayant tant de problèmes.
Ils expliquent comme il a été totalement traumatisé par l'accident de voiture où ses ivrognes de parents sont morts, et comment ils ont essayé de composer avec lui alors qu'ils n'ont pas d'argent supplémentaire pour lui étant donné la montagne de dettes que ses parents leur avait laissé, les contraignant à utiliser les maigres ressources versées par l'Etat ainsi que leur propre contribution pour qu'il ne soit pas embarrassé par ce fardeau à sa majorité.
Ils expliquèrent qu'il est un garçon avec de nombreuses troubles psychologiques qui ment souvent et refuse de manger avec eux, hurlant à mort dès qu'ils tentent de lui faire prendre un bain car il est phobique de l'eau. Ils décrivent leur état de tension perpétuelle alors qu'ils font de leur mieux pour l'élever comme leur Dudley dont il vole les vieux vêtements parce qu'il refuse d'aller n'importe où dans une voiture. Il y a des trous dans leur histoire, mais leur jeu est vraiment impressionnant et, bien sûr, la directrice est embarrassée et désolée pour eux. Miss Crawley est furieuse mais impuissante à le défendre. Quand elle veut savoir pourquoi Harry a des marques sur son dos, sa Tante explique qu'Harry a l'étrange manie de se blesser et qu'ils ne voulaient pas de l'amener voir un médecin car ils craignaient d'être accusés d'abus sur mineur et qu'on leur retire la garde du garçon.
La chose étrange pour Harry, c'est que si, au premier abord, la directrice était plutôt du côté de mademoiselle Crawley, elle avait soudainement commencé à croire les Dursley et son froncement de sourcils s'était accru avec tous les mensonges jusqu'à ce qu'elle stoppe l'argument demandant à ce que mademoiselle Crawley présente ses excuses aux Dursley pour ses accusations infondées de maltraitance. Peut-être que le mot «donateurs» signifiait plus que la santé d'Harry, il ne sait pas. Il n'a pas compris. Elle a conseillé à ses « bienveillants gardiens » de l'emmener consulter un pédopsychiatre et suggéra que, peut-être, quelques tâches dans la maison lui permettraient de prendre soin de ses problèmes d'obéissance.
Mademoiselle Crawley était sans voix. La directrice lui a dit qu'elle avait mal interprété ou qu'il avait exagéré les faits, mais mademoiselle Crawley ne voulait pas le laisser aller et continua d'argumenter jusqu'à ce qu'elle dût se résoudre à abandonner. Elle avait perdu. Et il savait qu'il allait au devant de graves ennuis.
Il avait regretté d'avoir parlé, d'avoir fait confiance.
Il avait été sérieusement battu et il s'était juré alors qu'il ne ferait plus jamais confiance à nouveau. Il se tairait simplement maintenant. Ça avait pris une semaine avant qu'il puisse retourner à l'école. Mademoiselle Crawley avait essayé d'obtenir l'attention des Services de Protection de l'Enfance et l'école, en ayant assez, elle avait finie par être remercié. Et son dossier avait été enterré. Maintenant, son nouveau professeur s'appelle Mademoiselle Needlehead, une femme d'une cinquantaine d'année au visage sec et à la mine revêche. La première chose qu'elle lui avait dit était qu'elle savait qu'il n'était qu'un sale petit menteur et manipulateur mais qu'elle ferait en sorte qu'il comprenne où était sa place. Par la suite, l'école avait été beaucoup moins agréable. Elle passait son temps à faire de lui son souffre-douleur et à le ridiculiser devant tout le monde tout en faisant l'éloge de Dudley pour être un si gentil garçon malgré qu'il soit un cousin avec Harry. D'ailleurs maintenant, il n'est plus Harry non plus. Elle l'appelle «garçon», « toi » ou «Monsieur Potter». Elle le traitait de stupide et comment il n'y avait rien à tirer de lui. Mais il s'en moque même s'il serre les poings. Un jour, il lui montrerait.
Mais il avait revu Melle Crawley. Une fois.
Sur le chemin du retour de la maison. Elle l'attendait au coin de la rue. Elle avait dit qu'elle était désolée, qu'elle n'avait rien pu faire. Elle lui avait embrassé délicatement la joue avant de lui annoncer qu'elle quittait la ville car il n'y avait plus de travail pour elle ici. Elle lui avait donné un livre sur l'histoire de la Grande Bretagne depuis l'époque d'Arthur et lui avait demandé de le lire et de toujours bien travailler à l'école et qu'un jour, ça irait mieux. Elle n'avait pas paru très convaincue. Il n'avait rien dit. Il n'avait pas pleuré. Il avait juste acquiescé. Il aurait se sentir malheureux ou quelque chose mais ce ne fut pas le cas. C'était la première fois qu'il avait vraiment pris conscience qu'il ne peut rien attendre des autres et que s'il veut quelque chose, il doit s'en occuper lui-même. Il n'ya personne d'autre. Il n'y aura jamais quelqu'un d'autre. Il n'y a aucun espoir. Les adultes mentent et vous laissent toujours tomber. Il méritait de recevoir cette leçon. Mais il ne referai plus cette erreur. C'était sa dernière tentative.
Harry le savait maintenant : parler n'apportait rien. Rien que des ennuis.
Voilà, ceci est la fin de la première partie du prologue (j'ai tous les chapitres de la première partie déjà écrits).
Je publierai la suite quand j'aurais finir de traduire pour la version anglaise d'ici deux semaines je pense.
Si vous souhaitez me dire ce que vous en avez pensé, ne vous retenez pas.