Cette fiction comporte des scènes explicites (bien que ne comportant pas de violence), elle s'adresse donc exclusivement à des lecteurs adultes et avertis et en aucun cas à un public jeune et mineur! (Des logiciels de protections existent pour filtrer les contenus non appropriés aux jeunes).

En lisant cette histoire vous vous engagez à avoir l'âge requis. (+18)

Bonjour tout le monde, me voici avec une nouvelle histoire très différente d'Une nuit d'été. J'espère qu'elle vous plaira.

Les personnages ne m'appartiennent pas je ne fais que leur faire vivre des choses différentes.

Veuillez excuser les petites erreurs historiques qui risquent de se glisser dans cette histoire.

Angleterre 1903. Pour fuir un mari tyrannique et un mariage sans amour une jeune femme quitte sa maison en pleine nuit. Mais la route est longue jusqu'à Londres, alors lorsqu'elle aperçoit un manoir niché au cœur des ténèbres elle n'a d'autre choix que de s'y arrêter...

Pov B

Cette fois-ci c'en était trop, je devais quitter cette maison au plus vite! Mon plan soigneusement élaboré depuis des jours devrait être exécuté ce soir. J'en n'aurais jamais une si belle occasion.

Mais pardonnez-moi, je me présente, Isabella comtesse de Durham, enfin seulement depuis quelques années, depuis que ma famille avait jugé bon de me marier au comte James de Durham. Issue par ma mère de la vieille noblesse française qui avait fuit en Angleterre pendant les sombres années du XVIIIème siècle et par mon père de la grande bourgeoisie anglaise, je représentais en ce début du siècle un met de choix. Cela associé à la candeur juvénile de mes jeunes années avait scellé mon destin, voila comment un matin de mars j'avais quitté Londres et son tumulte pour me rendre dans l'extrême Nord-Est du pays, dans ma nouvelle demeure... Un château aux proportions démesurées, aussi glaciale que l'était son propriétaire. Et j'étais devenue la très enviée comtesse de Durham, on disait souvent de mon mari qu'il était un des plus bels hommes du pays. Enfin pour penser cela il fallait tout ignorer de sa personnalité tyrannique et capricieuse.

J'avais fait la connaissance de celui qui devait désormais partager ma vie quelques jours avant mon mariage. Cérémonie brillamment ostentatoire qui avait pour seul but d'exhiber la nouvelle possession du comte. On me disait d'une beauté fraîche, un teint pâle, des joues délicatement roses, une gorge assez avantageuse, la taille fille et un port de tête élégant. J'étais donc toute parée pour mes nouvelles fonctions de représentation, parce qu'à vrai dire on ne me laissait pas faire grand chose d'autre dans cette grande maison où je ne me sentais pas chez moi...

Dans les premiers temps de mon mariage, qui sont ordinairement les plus agréables, je me sentais désespérément mal, et seule... Mon époux courant de chasses en banquets se souciait bien peu de sa jeune épousée, à part dans les très sacrés moments du coucher, lorsqu'il venait tout guilleret réclamer son dû d'époux. Ces moments étaient les pires de ma journée. Il était brutale, sans la moindre once de délicatesse, attendant de moi la plus grande docilité pendant qu'il prenait son plaisir, seul... Comble de malheur, malgré nos cinq ans de mariage je n'étais pas encore tombée enceinte. Hors il fallait absolument un héritier à cette famille qui n'avait qu'une seule branche descendante. La stérilité de notre couple m'était tout naturellement attribuée, comme c'était toujours le cas à cette époque. Et je ne pouvais même pas m'en plaindre, les nombreuses aventures extra-conjugales de mon époux s'étaient bien souvent révélées fructueuses. Le problème venait donc de moi.

Dans ses lettres au début de notre union, ma mère me réprimandait souvent pour ma passivité, mon manque d'entrain à satisfaire mon époux, tout est dans le femme disait-elle. Et puis ses brimades s'étaient estompées au profit d'un immense dépit, sa fille unique qui avait fait le plus beau mariage que l'on puisse rêver se révélait stérile. La répudiation me menaçait, et Dieu que j'aurais préféré ça à mon quotidien! Le déshonneur m'aurait paru un bien mince fardeau en comparaison de ce que je devais subir ici. James passait nombre de ses colères sur ma personne, après tout j'étais la fautive. Mais une autre chose que la fortune que j'avais apportée en dote le retenait de me répudier, il prenait un plaisir sadique et pervers à me soumettre à ses moindres caprices. Et il est bien connu qu'une épouse ne doit jamais dire non à son mari, mais se plier à sa volonté pour lui être agréable. Voila comment je me retrouvais presque chaque jours dans ma chambre à me faire violer par mon propre mari. Mais après tout on ne pouvait pas vraiment parler de viol puisqu'en tant qu'épouse je devais me soumettre à sa volonté.

Mais cette fois-ci c'en était trop, je devais quitter Durham au plus vite. Cette vie ne me ressemblait pas, je n'avais jamais imaginé un jour servir de potiche décorative, de tenir une maison et de me soumettre aux caprices de mon mari. Dotée d'un esprit farouchement indépendant, j'aimais m'instruire, lire, me cultiver. Je maudissais ma condition de femme qui ne me permettait que de minces études. Même en ce début du XXème siècle il était plus important pour une femme de savoir se tenir en public que de réfléchir de manière cohérente.

Le temps infini que je passais dans la bibliothèque rendait James fou de rage, mais je ne pouvais tolérer qu'il m'enlève aussi ça, après m'avoir déjà tout prit.

Ce soir était l'occasion rêvée, un banquet était donné chez un notable du coin, ami libertin de James, ces banquets devaient plutôt ressembler à des orgies romaines.

Mon mari couchait sans aucune pudeur avec la femme et la fille de ce même notable, je savais donc qu'il ne serait là qu'au matin. Ce qui me laissait un peu d'avance.

Après avoir soigneusement étudié les cartes je décidais d'emprunter le chemin de la côte, moins praticable que celui des terres mais qui donnait l'avantage d'être à couvert, ce qui dans ma situation serait précieux.

Ma malle légère était prête et cachée sous le lit. Seulement quelques robes, un ou deux des chapeaux que j'affectionnais le plus, mon matériel de toilette, les bijoux les plus précieux que j'avais apportés à mon mariage et un peu d'argent que j'avais pu subtiliser dans le coffre de James. C'est la mort dans l'âme que je devais me résoudre à abandonner mes livres, je n'en pris qu'un seul, le livre de contes pour enfant avec lequel j'avais appris à lire. Je ne devais pas me charger inutilement.

Lorsque la maison fut silencieuse je me vêtis de ma longue robe d'amazone bleue sombre, la plus indiquée pour les voyages. Mes cheveux coincés dans un fichu étaient recouverts d'un petit chapeau discret. Je pris ma malle qui semblait peser une tonne et je me faufilais hors de la chambre que j'espérais voir pour la dernière fois.

Je devais être très vigilante dans le couloir, la vieille gouvernante perfide et acariâtre avait le sommeil léger, et je ne voyais vraiment pas comment justifier mon voyage inopiné en pleine nuit.

Passant par la petite porte de service je gagnais l'écurie toujours en traînant ma malle difficilement.

Les automobiles de James auraient été bien plus indiquées pour un voyage rapide, mais elles étaient sous haute surveillance, bruyantes et fait non négligeable je ne savais pas les conduire.

Les chevaux paraissaient une option bien plus sure. Je me glissais dans le box de Liberia, cette jument trotteuse française qui m'avait été envoyée comme présent. Je partageais une grande complicité avec elle, les ballades que nous faisions m'avaient permise d'un peu mieux supporter ma condition. Je ne me sentais pas le cœur à l'abandonner derrière moi, James la détestait cordialement et j'avais peur pour son futur si elle restait seule ici. Et puis je lui faisais suffisamment confiance pour nous mener à Londres dans les meilleurs délais. Bien que sa corpulence fine serait un désavantage pour tirer l'attelage. C'était avant tout une jument de monte Je choisis le cabriolet le plus léger que nous avions, j'étais à peu près certaine de mourir de froid les cheveux au vent mais c'était le seul qui ne ferait pas trop peiner la jument.

Je remerciais le ciel d'avoir appris à atteler un cheval dans mon enfance et de ne m'être jamais reposée sur les domestiques pour cette tâche.

Dans le plus grand silence j'étrillais Libéria et l'attelais. Je n'avais pas à me soucier du palefrenier qui enivré de vin du soir au matin dormait à points fermés. Aussi lorsque les pas de la juments résonnèrent sur la dalle de béton je savais qu'il ne se réveillerait pas.

Je conduisis l'attelage sur le petit sentier derrière la propriété pour éviter les chiens à l'entrée principale. Une fois que la maison disparut au détours du chemin j'éprouvais une brusque montée de soulagement.

Encore fébrile et le cœur battant à tout rompre je poussais Libéria le plus vite qu'elle le pouvait, pour m'éloigner de cette maison de l'enfer où j'avais été si malheureuse.

Il n'était que 22 heures, ce qui nous laissait une bonne avance. Mon absence ne serait pas découverte avant le matin, à moins que James rentre cette nuit mais cela était peu probable. D'ici là nous serions loin. Même ses automobiles ne lui permettraient pas de combler notre avance.

Je priais de tout cœur pour qu'une fois à Londres mes parents ne me renvoient pas à James avec perte et fracas. Je comptais sur ma détresse pour les attendrir, qu'ils me laissent vivre ma vie en dépit du déshonneur que j'attirais sur la famille avec ma fuite. C'était un pari très risqué mais je n'avais nulle part d'autre où aller, et je ne pouvais plus supporter ma passivité. Il était temps de reprendre les rennes de ma vie, et advienne que pourra!

La nuit était fraîche, glaciale même. Le vent me piquait les yeux faisant couler de grosses larmes qui se mêlaient à mes sanglots de soulagement et de peur.

Libéria galopait toujours semblant s'épuiser à mesure que les miles défilaient. Je m'en voulais de lui faire subir ça mais c'était la seule façon de gagner un peu d'avance, au cas où quelqu'un remarquerait notre absence plus tôt que prévu.

J'espérais trouver une auberge un peu obscure avant la fin de la nuit pour que nous puissions prendre quelques repos, enfin elle. Il était clair qu'elle ne tiendrait pas longtemps à ce rythme là.

Le développement vertigineux des automobiles avait sonné le glas des relais de poste où l'on pouvait changer les chevaux au cours de longs voyages. Je devais donc la ménager un peu pour qu'elle me mène à bon port. J'étais satisfaite de l'avoir choisie, les trotteurs étaient des chevaux extrêmement endurants, capables de parcourir au trot de longues distances rapidement.

Nous avions un peu ralentit l'allure pour ne pas qu'elle s'épuise trop vite. Un petit cours d'eau lui avait offert de quoi se désaltérer, tout était bon à prendre.

Il faisait de plus en plus froid, de plus en plus humide. La petite montre à gousset que je sortis d'un plis de ma robe indiquait minuit. Deux heures d'avance c'était peu, trop peu...

La pluie commençait à tomber, de grosses gouttes s'écrasaient sur le dos de la jument et sur mon chapeau. Le cabriolet n'était décidément pas mon idée la plus brillante. Bientôt un éclair zébra le ciel, suivit d'un grondement de tonnerre assourdissant. Libéria sursauta, effrayée, déséquilibrant par la même notre attelage. La pluie était de plus en plus diluvienne, de plus en plus insupportable. Je la sentais transpercer mes vêtements, mordre ma peau de sa caresse glaciale. La puissante odeur de la sueur de Libéria se mêlait à celle de la terre humide, créant un parfum poignant, terrestre.

J'étais certaine d'être malade le lendemain, mais ce n'était pas le moment d'y songer. Il me faudrait cinq jours pour rallier Londres, peut-être six, en fonction de l'état de la jument.

Je maudissais la pluie et l'Angleterre, James et sa violence, mes parents et leurs idées de mariage. Je pleurais de plus belle, le torrent salé de mes larmes se mêlait à celui de la pluie. Mon entreprise me paraissait vouée à l'échec, hasardeuse. Et je ne voulais même pas imaginer mon sort si James me retrouvait... Je frissonnais à cette pensée et pleura plus encore.

Tremblante, désespérée, il me semblait que l'orage durait depuis des heures. De la route on sentait les embruns marins de la mer toute proche. Eau, Iode, Sueur... des parfums qui auraient pu êtres synonymes de liberté mais qui l'étaient maintenant de ma terreur.

Le chemin était de plus en plus escarpé et impraticable. La jument peinait et je n'eus d'autre choix que de la faire passer au pas, espérant de toutes les forces de mon âme que les éléments cesseraient bientôt de se déchaîner.

J'étais seule, perdue en pleine tempête dans un cabriolet ouvert aux quatre vents avec une jument épuisée.

Je m'accrochais de toutes mes forces aux minces espoirs qu'ils me restaient d'échapper à James. Je mis toute mon énergie pour mener à bien ma fuite, reprendre enfin le contrôle de ma vie. Et même si pour cela il fallait affronter le froid et l'orage...

Alors que je pensais que mes larmes ne se tariraient jamais, j'aperçus la forme sombre d'une battisse au bord de la forêt.

Sur cette route il n'y avait aucune maison, c'était une des chose qui m'avait poussé à la choisir, pour être le plus discrète possible, mais là cela me paraissait maintenant un très mauvais choix. J'avais surestimé mes forces.

Aussi quand je vis cette énorme battisse à l'air sombre et effrayant je ne pus retenir un long soupir de soulagement. L'espoir revient habiter mon cœur, ténu mais pourtant bien présent.

Plus je m'approchais sur le sentier, mieux je distinguais l'ombre des flammes danser aux fenêtres. Le manoir était habité, et la promesse des feux chaleureux gonflait mon cœur de joie.

J'arrêtais la voiture devant la massive porte de bois et descendis. Ma robe imbibée d'eau me collait à la peau et la pluie continuait de tomber avec la même force.

En passant devant elle je caressais les naseaux de Libéria comme pour tenter de me faire pardonner. Elle souffla fort sur mes mains, elle aussi devait espérer que les habitants du manoir nous aideraient.

Je frappais le heurtoir sur le massif panneau de bois avec l'énergie du désespoir. Il était près d'une heure du matin et bien que ce soit très impoli, je devais absolument réveiller quelqu'un de la demeure. Après avoir entrevu la perspective du confort, reprendre la route au milieu de l'orage me paraissait bien terrible.

Je ne savais pas où nous étions, je n'en avais même pas la moindre idée. Je présumais que nous devions déjà avoir gagné le comté du Yorkshire mais je n'en étais même pas certaine.

Une lueur traversa les fenêtres à côté de la porte, son ombre frémissante donnant à la battisse une allure inquiétante, presque sinistre. Mais il en aurait fallu bien plus pour m'effrayer, la présence de cette lueur évoquait pour moi la fin du calvaire glaciale.

Le lourd battant de bois s'ouvrit sur une petite femme, la tête couverte d'un fichu de lin, les cheveux décoiffés et l'air particulièrement endormi, elle tenait dans la main une lampe à huile élégante surmontée d'un globe de verre qui diffusait un mince éclairage.

"-Qu'est-ce qui arrive? de mauvaises nouvelles?"Il est vrai que déranger les gens en pleine nuit n'était pas une bonne façon de les rassurer. Je balbutiais quelques excuses pour ce réveil un peu brutale.

"-Je suis perdue et il n'est pas possible pour moi de gagner un endroit sûr cette nuit, la tempête fait rage et ma jument est épuisée. Pensez-vous qu'il serait possible qu'elle se repose quelques heures? Je serais partie au matin."

"-Mon Dieu vous êtres trempée! Vous devez être gelée et vous allez attraper la mort! Mon mari va dételer votre cheval. Entrez, entrez je vais prévenir Monsieur."

Elle s'éloigna en marmonnant qu'on avait pas idée de se promener dehors à pareille heure dans un petit cabriolet et seule, et que mon histoire avait quelque chose de louche. Si elle savait... A mesure qu'elle s'éloignait le hall retombait dans les ténèbres.

Cette demeure avait quelque chose d'effrayant, de froid... Le plafond était immense et pour ce que j'en pouvais distinguer décoré de moulures compliquées. La bonne s'était éloignée par un petit couloir sombre passant sous un balcon de pierres. Deux portes, une à gauche, une à droite, closes toute les deux. Aucun escalier ne permettait de monter au balcon, il devait appartenir aux pièces du haut du manoir.

J'entendis dehors les pas de Libéria sur le sol de ciment et la maison replongea dans le silence.

J'attendais depuis un temps indéterminé, seule et grelottante de froid lorsque le petit grattement familier d'un pas sur le parquet se fît entendre.

La petite femme arrivait de son couloir sombre, la lueur de sa lampe projetait son ombre sur les murs de pierres, la faisant paraître bien plus grande qu'elle ne l'était en réalité.

"-Venez, suivez-moi. Monsieur m'a demandé de vous conduire à votre chambre."

"-hum merci beaucoup!"

Je la suivis dans le couloir, sa lampe ne diffusait pas assez de lumière pour nous deux alors je devais bien prendre garde de ne pas lui écraser les pieds. Après être passées par une porte dérobée nous arrivâmes dans un autre couloir bien plus grand, éclairé par des lanternes à gaz au mur, la lumière bleutée qui transperçait les globes de verre était glaçante. Une multitude de portes s'alignaient sur le mur, toutes identiques. De massifs panneaux de bois ornés de moulures et surmontés d'un fronton de pierres à la façon empire. Décidément ce manoir était un vrai labyrinthe, impossible de s'y repérer.

La bonne s'arrêta devant une porte précisément et l'ouvrit pour me laisser pénétrer dans la pièce. C'était une chambre à l'allure chaleureuse où brûlait un grand feu. Je frissonnais de ravissement en m'approchant de la source de chaleur. Dans une petite alcôve face à la fenêtre trônait un immense lit à baldaquins, les colonnes de bois blanc s'accordaient parfaitement à la couleur vieux rose du mobilier. De confortables chauffeuses de la même couleur faisaient face à l'âtre de la cheminé.

Si le reste du manoir avait une allure vaguement inquiétante, cette chambre était emplie de chaleur.

"-J'espère que la chambre vous sera agréable. Je ne peux que vous suggérer de prendre un bain chaud. Peut-être avez vous besoin d'aide pour vous défaire?"

"-Je vous remercie ça ira, j'ai l'habitude de me servir seule."

"-Bien, je vous retrouve demain."

"-Merci beaucoup. Et excusez moi encore pour le dérangement."

En quittant la pièce elle alluma les lanternes, à huile celles-ci, qui diffusèrent rapidement une lueur jaune et chaude.

Je me rendis dans la petite pièce attenante où trônait une magnifique baignoire à pieds de lion. La robinetterie était dorée et s'accordait très bien avec les marbres clairs. Un broc d'eau chaude était déjà préparé sur la petite coiffeuse Louis XVI.

Alors que je me réjouissais de ma bonne fortune d'être tombée dans un tel lieu avec des gens si accueillants, et que je m'apprêtais à prendre ce bain chaud qui aurait le mérite de dissiper un peu le froid qui m'enveloppait, je m'aperçus que ma malle était restée dans le cabriolet.

Je sortis donc dans la chambre mais une fois arrivée dans le couloir il me fut impossible de savoir si nous avions emprunté le chemin de gauche, ou celui de droite, la porte se trouvait à égale distance des deux côtés...

Je déambulais quelques instants complètement perdue. La porte de ma chambre s'était refermée et étant donné qu'elles étaient toutes identiques je n'étais pas sure de la retrouver.

Je commençais à céder au désespoir, dormir cette nuit ne semblait pas être une option envisageable et pourtant la route demain serait terriblement longue. Les petits pas grinçants se firent à nouveau entendre. La gouvernante précédait un homme à l'allure revêche qui portait mon bagage.

"-Dieu merci! Je commençais à désespérer de retrouver mon chemin!"

"-Vous ne devriez pas vous aventurer seule dans le manoir..." son ton sonnait comme un avertissement, sombre et intriguant.

Je les suivis jusqu'à la chambre en les remerciant une nouvelle fois.

"-Monsieur m'a demandé de vous faire savoir qu'une collation vous serez servie tout à l'heure dans la grande salle."

"-Oh, et bien merci mais ce n'est pas nécessaire, vous en faites déjà beaucoup!"

"-Monsieur souhaite vous rencontrer" Le regard de l'homme se posa sur elle à ce moment là, il paraissait vaguement inquiet... Je supposais que le surcroît de travail que je leur imposais ne lui plaisait pas beaucoup.

"-Je viendrais vous chercher tout à l'heure."

Ils s'éloignèrent tous les deux. Je frissonnais en pensant au regard inquiet de l'homme, son mari je supposais étant donné ce qu'elle m'avait dit précédemment.

La salle de bain était un véritable ravissement. L'eau parfaitement chaude détendait mes muscles meurtris par le voyage. J'étais vaguement impressionnée que ce manoir perdu au milieu de nulle part dispose de tant de confort. L'eau courante et chauffée de surcroît était un luxe encore bien peu répandu.

Le savon doux exaltait un subtile parfum de jasmin, sûrement très coûteux.

Avant de me rendre au bain j'avais entendu tous mes vêtements devant la cheminée. Je pris le moins humide d'entre eux, une longue robe bleue roi d'allure élégante, la taille fine, des dentelles au col, une ceinture foncée. J'arrangeais les boucles de mes cheveux dans un chignon pour ne pas paraître trop froissée, et chaussais des petites mules de soie, encore très fraîches mais seule alternative possible.

La gouvernante vint bientôt me chercher pour me conduire au maître des lieux.

Après avoir traversé un dédale de couloirs nous arrivâmes dans une grande salle à dîner. Un escalier d'apparat courait le long du mur avant d'y descendre. La massive table de bois semblait créée pour les grands banquets.

Devant l'âtre de la chemin étaient disposées des causeuses et une petite table basse.

Nous étions à peine entrées dans la pièce qu'un homme se leva. Il était terriblement élégant dans son costume noir. Son âge devait avoisiner le mien. Ses cheveux de bronze coiffés en désordre lui donnaient un air diablement séduisant. Son teint très pâle contrastait avec ses lèvres rouges, sensuelles...

Je m'approchais doucement, un peu intimidée par sa prestance et son charisme. Malgré l'heure maintenant très tardive il ne semblait pas fatigué, ni avoir été tiré précipitamment du sommeil.

Sa mâchoire carrée et virile lui donnait un air un peu dur. Lorsque mes yeux rencontrèrent les siens je fus frappée par leur intensité, d'un vert incandescent proche de la couleur lumineuse des émeraudes. Pendant quelques secondes il me regarda curieusement, comme intrigué puis se ressaisit pour prendre ma main.

Lorsqu'il effleura ma peau nue de ses lèvres je ne pus en détacher les yeux tant elles me semblaient sensuelles, presque comme un appel aux baisers.

Je secouais la tête pour chasser ces pensées qui ne me ressemblaient pas.

"-Bonsoir Madame?"

"-Swan, madame Swan" il perçut mon hésitation lorsque je lui donnais ce nom qui n'était pas le mien mais celui de naissance de ma mère. Nom forgé de toutes pièces par nos ancêtres au moment de leur fuite.

"-Isabella Swan, enfin Bella"

"-Enchanté Isabella. Edward."

"-Enchantée, et merci mille fois pour votre accueil" J'étais troublée par cet homme. Mon nom avait roulé sur sa langue d'une manière presque lascive, séduisante. Son parfum me frappait de plein fouet, un mélange de musc et d'ambre avec peut-être un soupçon de cèdre, un parfum terriblement masculin que je ne pouvais arrêter de respirer. Je sentais ma peau s'horripiler au contact de cet homme, comme si il était un aimant qui m'attirait vers lui inexorablement.

"-Je vous en pris asseyez-vous" Il prit place face à moi, son regard incandescent me fixait.

"-Alors vous êtes en voyage?"

"-Et bien oui, je dois me rendre à Londres..."

"-A Londres, vous n'avez pas choisi le moment le plus opportun pour vous mettre un route, surtout en cabriolet."

"-C'est à dire que c'est ma voiture la plus légère, ma jument à une faible corpulence."

"-Voyez-vous ça. Toujours est-il que vous avez eu de la chance de passer par ici. La route que vous empruntez n'est guerre fréquentée." Il était clairement soupçonneux et je ne pouvais que le comprendre, même à moi mon histoire me paraissait terriblement fausse.

"-Mais je vous en pris, prenez du thé il va refroidir." Sur un plateau était disposées une tasse et une théière, accompagnées d'un ensemble de pâtisseries à l'air succulent.

"-Vous ne prenez pas de thé?"

"-Non j'en ai pris tout à l'heure après le dîner." Il porta à ses lèvres pleines et carmins un verre de vin sombre, épais. Ce vin semblait très coûteux et très agréable de goût au vue de la mine satisfaite qu'il fît en le buvant, il semblait s'en délecter comme si c'était le plus précieux des nectars qu'il n'eut jamais bu. Ses paupières étaient presque closes. Je ne pouvais en détacher le regard, cet homme était décidément le plus beau que je n'avais jamais vu, il semblait ombrageux, mystérieux et fascinant.

Le silence répit ses droits, nous n'entendions plus que le crépitement du feux qui exaltait sa douce chaleur. Je sentais son regard brillant sur moi. Les flammes se reflétaient dans ses prunelles, semblant danser.

Une fois que je me fus sustentée il se leva, me signifiant ainsi que l'entretient prenait fin.

Je me préparais à la caresse de ses lèvres sur sa main comme on s'attend à recevoir un présent, avec plaisir et délectation et pourtant je l'avais à peine sentie, elle avait été plus légère qu'un effleurement.

"-Passez une bonne nuit."

"-Merci monsieur, vous aussi." Il flotta sur son visage comme un vague sourire, ce qui le rendit encore plus séduisant. Mais ce sourire n'atteignit pas ses yeux qui paraissaient voilés de tristesse.

La gouvernante m'attendait dehors, elle semblait vraiment épuisée. Elle me conduisit à la chambre que j'aurais été bien incapable de trouver seule.

En me couchant dans les draps de soie je pensais au regard ténébreux de Monsieur, et c'est sur cette image que je cédais au sommeil. Quelques heures plus tard je fus réveillée par un étrange rêve, je me sentais épiée et dans mon délire onirique c'était par deux yeux verts à l'éclat le plus parfait.

Le lendemain la pluie avait cessée, j'emballais toutes mes affaires qui étaient désormais sèches bien que froissées par la pluie. Le petit déjeuner me fut servit par la gouvernante dans un petit boudoir d'aspect coquet.

Ce manoir était décidément un lieu remplit de raffinement.

Je remerciais encore cette femme qui par ma faute avait si peu dormit la nuit dernière et me dirigeais vers la grande porte.

Le palefrenier semblait m'attendre mais pas de trace de Libéria.

"-Ma jument est à l'écurie?"

"-c'est que j'suis embêté m'dame. La pauvre bête à un abcès au pied que c'est pas dieu possible de l'atteler comme ça. Vous allez pas faire deux miles qu'la pauvre bête va s'effondrer sur l'chemin."

Autant dire que cette nouvelle me glaça d'effroie. J'avais perdu toute mon avance cette nuit, mon absence ne devait maintenant plus être un secret bien qu'il était encore tôt. Je sentis le piège se refermer sur moi, je suffoquais dans la panique.

"-Vous n'avez pas un maréchal ferrant par ici?"

"-bah c'est moi qui ferre les chevaux d'monsieur mais là ma pauvre dame on peut rien faire pour votre bête, elle doit rester au box quatre jours sinon cinq!"

Cinq jour... autant me rendre à James dès maintenant!

"-Franck remontez la malle de madame Swan dans sa chambre, je suis sur que ses affaires pourront l'attendre quelques jours le temps que le cheval se rétablisse, je crains de ne pas en avoir d'autres à lui proposer pour le moment."

Je n'avais pas senti Edward arriver derrière moi. Il se déplaçait plus furtivement et plus silencieusement qu'une ombre. Dans la clarté du matin il me semblait encore plus beau que la veille, plus mystérieux aussi.

"-Merci Monsieur, c'est très aimable de votre part mais..."

"-Si vous le souhaitez vous pouvez télégraphier à vos proches."

"-Non je vous remercie ça ira." Je croisais son regard, plus incandescent encore que dans mon souvenir. A peine le temps d'un clignement d'œil qu'il avait disparu dans l'antre de la demeure.

J'espère que ce premier chapitre vous à plu.

Merci de me lire et n'hésitez pas à me laisser vos impressions. A bientôt!