Voilà la fin des fins. Bonne lecture mes petits loups.


Think of all the stories that we could have told.

AVA

Ava aurait peut-être du se demander ce qu'elle allait faire, maintenant qu'elle était célibataire pour la première fois depuis si longtemps. Pourtant, elle décida de ne pas le faire et, plutôt que se poser des questions dont elle n'était pas sûre de vouloir connaître les réponses, elle décida que pour une fois dans sa vie, elle allait essayer d'être spontanée.

Aussi, elle quitta Londres au début de l'automne 2007 et se promit que quand elle y reviendrait, ce serait comme une femme nouvelle.

Elle commença par visiter sa famille aux Etats-Unis. Ignorant la façon que sa mère avait de lever les yeux au ciel d'indignation dès qu'elle parlait de son projet de voyager pendant quelques temps, elle passa la plupart de son temps auprès de son père, un homme strict, droit mais qui n'avait jamais montré pour elle qu'affection et bonhommie. Il la couvait toujours d'un regard bienveillant et quand elle lui expliqua ce qui les avait amenés, Drago et elle, au désastre qu'avaient été leurs fiançailles, il ne jugea rien, ne parla qu'à peine et écouta sans broncher. Et puis, quand elle eut fini, il se tourna finalement vers elle, ses yeux d'un brun profond plissés dans une moue de réflexion.

- Ma chérie, dit-il d'une voix douce mais à la fois ferme, sur un ton que seuls les pères pouvaient employer, ces dernières années, tu as passé trop de temps à te demander comment tu pouvais rendre heureux un homme qui ne voulait pas l'être et pas assez à te demander si tu l'étais vraiment. Il est temps que ça change.

Ava avait beau comprendre le sens de ses mots, elle n'était pas sûre d'en comprendre la profondeur. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas posé la question.

Les voyages qu'elle entreprit alors l'amenèrent dans tant d'endroits merveilleux mais aussi parfois si emplis de misère qu'elle fut obligée de se remettre en question. C'est dans un village perdu au cœur de la jungle cambodgienne qu'elle se dit, un jour, que peut-être le bonheur n'était pas une question d'avoir travail, argent, famille. Peut-être était-il légitime qu'elle soit en colère mais peut-être que Drago avait lui aussi le droit de poursuivre sa propre idée du bonheur.

C'est exactement ce qu'elle lui dit quand elle le revit enfin, trois ans plus tard, dans le cœur palpitant de Londres. Quand il s'assit en face d'elle, il avait sur le visage une expression qu'elle n'avait jamais vue auparavant. Elle l'avait connue plus de cinq années, avait été sa petite amie presque autant et sa fiancée un peu moins. Pourtant, l'air apaisé qu'il portait ce jour-là lui était totalement inconnu. Elle l'arrêta aussitôt qu'il voulut s'excuser. Elle n'avait pas besoin d'excuses trois ans plus tard.

Elle lui raconta plutôt ses voyages, les gens incroyables qu'elle avait rencontrés, les lieux époustouflants qu'elle avait visités, les situations incongrues dans lesquelles elle s'était retrouvée. Elle se surprit à rire face à son répondant et surtout à ne pas ressentir une once de jalousie quand il parla de sa propre vie, finalement apaisée. Elle écouta avec attention son propre récit, ce qu'il avait fait de ces trois dernières années et quand ils se séparèrent, des heures plus tard, ils se promirent de se revoir bientôt. Ava ne pensait pas que ce serait vraiment le cas et pourtant, quand elle reposa ses valises à Londres, cette fois définitivement, elle fut surprise de recevoir une invitation à dîner signée de la main d'Hermione.

Ce ne fut que des années plus tard, alors qu'elle se trouvait finalement heureuse dans sa situation, qu'elle rencontra quelqu'un avec qui partager son bonheur. Joshua était un collègue de Blaise, plus âgé d'elle de quelques années, qui portait sur son visage un éternel sourire et qui avait la force des gens qui savent que le monde est cruel mais qui choisissent de ne jamais l'être. Joshua n'entrait sans doute pas dans l'idée que l'on se faisait de la beauté masculine et, parfois, son honnêteté lui faisait manquer de tact. Il avait une fâcheuse tendance à ne pas nettoyer derrière lui et quand il faisait l'effort de nettoyer, il rendait souvent les choses pires qu'elles ne l'étaient au départ. Il était tellement maladroit qu'Ava se demandait parfois s'il n'aurait pas été plus simple de se contenter d'une vaisselle en carton. Joshua n'aurait été parfait pour personne d'autre qu'Ava.

Quand elle repensait aux épreuves passées, à ce qu'il avait fallu pour qu'elle en arrive à ce point, aimée par un homme dont elle était folle, elle se disait souvent que si c'était à refaire, elle referait tout exactement de la même façon.

LIAM

Le soleil californien lui piquait la peau mais Liam n'aurait bougé pour rien au monde. Allongé sur une chaise longue dans son jardin, la brise légère apportée par la mer secouant ses boucles brunes, il ouvrit le dossier que son assistant lui avait apporté, un cas pas vraiment difficile d'un de ces clients qui avait fait des siennes lors d'une soirée trop arrosée et avait laissé les paparazzis prendre des photos qui ne le mettaient pas en valeur. Autant dire qu'il s'agissait d'une affaire qui serait vite réglée.

Refermant aussitôt la pochette, il s'étira dans sa chaise et poussa un soupir d'aise. Quand il avait commencé ses études, il n'avait jamais imaginé finir avocat à Los Angeles mais quand il regardait l'environnement autour de lui et la mer face à lui, il se disait souvent qu'il avait fait le bon choix.

Il n'avait ni femme, ni enfant, mais il n'était pas pressé. Sans très bien savoir quand ni comment, il avait trouvé une stabilité qui lui convenait parfaitement.

C'était dans cette position que le trouva son assistant quelques heures plus tard, un café dans une maison et un magazine dans l'autre – il n'y avait pas de mal à apprécier la presse à scandales, ne cessait-il de répéter à Daniel quand celui-ci lui rendait visite et voyait sa collection. Liam les attrapa avec un sourire, murmurant un merci et buvant avidement une première gorgée qu'il manqua de recracher en voyant la une du jour. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas vu Hermione, plus longtemps encore qu'il n'avait pas vu Drago mais c'était bien eux en une. La photo les montrait tous les deux se promenant dans les rues de New York, sur leurs visages des sourires si éblouissants que Liam dut presque réajuster ses lunettes de soleil sur son nez. Le visage d'Hermione était tourné vers Drago, et donc peu visible mais il pouvait quand même discerner le bonheur qui en irradiait. De son côté, l'ancien Serpentard la regardait comme si elle détenait les réponses à toutes les questions de l'univers et peut-être que dans un sens, c'était vrai, pour lui.

Un sourire au coin des lèvres, Liam composa le numéro de Daniel et lui laissa à peine le temps de prononcer un mot :

- C'est pas trop tôt ! s'exclama-t-il d'une voix tonitruante.

Liam avait grandi dans une grande ville. Dans sa vie, il avait rencontré des milliers, peut-être des dizaines de milliers de personnes, certaines à qui il n'avait jamais parlé, certaines qu'il avait pu appeler des amis, d'autres qu'il avait perdus, d'autres encore qui n'avaient été que de passage dans sa vie. Sur ces milliers, voire dizaines de milliers de personnes qu'il avait rencontrées, Hermione Granger était, il n'en avait aucune doute, celle qui méritait le plus d'être heureuse. Et quelque part, il trouva son bonheur dans l'idée qu'elle avait trouvé le sien.

DANIEL

Daniel était habitué aux places de premier. Au lycée, il avait été capitaine de l'équipe de Quidditch et n'avait que rarement perdu un match. A l'université, il avait été président de sa fraternité et on avait toujours parlé de lui comme d'un président juste et bon. Ses études finies, il avait trouvé du travail immédiatement dans le prestigieux Bulletin Sorcier de New York. Aussi, personne dans son entourage ne douta une seconde de son succès quand il décida de monter son propre magazine sportif.

La soirée de lancement se tint en 2011, alors qu'il venait à peine d'atteindre ses trente ans et tout se déroula parfaitement, ce qui ne surprit personne. Devoir serrer les mains de parfaits inconnus n'était pas ce qu'il préférait dans son travail mais il avait accepté depuis longtemps que c'était une étape nécessaire de la vie d'un homme d'affaire. Néanmoins, il ne put cacher son soulagement quand, la fin de soirée se montrant enfin, il put enfin se trouver un moment seul pour souffler un peu.

- Dis, quand tu auras décidé de devenir président du monde, tu te souviendras toujours de tes vieux amis qui t'ont toujours soutenu, hein ? Tu ne vas pas nous ignorer ou pire, nous faire couper la tête ?

Daniel éclata d'un rire franc et ne put retenir son soulagement face à un visage connu. Il rejoignit Drago en deux enjambées et l'enveloppa dans une étreinte ferme.

- Tu n'as pas idée à quel point je suis heureux de te voir ! J'ai passé ma soirée à soit lécher des bottes, soit me faire lécher les bottes !

Drago rit de bon cœur, se séparant de lui et lui ébouriffa affectueusement les cheveux.

- Où est Hermione ? demanda Daniel.

- A l'intérieur. Elle a réussi à engager le sénateur de je ne sais quel état dans une discussion sur les droits des créatures magiques d'une forêt je ne sais où vers la frontière avec le Canada. Le pauvre homme ne sait pas dans quoi il s'est embarqué.

Le ton était sarcastique, presque cynique, mais ses yeux racontaient une toute autre histoire.

- J'ai réussi à m'échapper de justesse quand je lui ai dit qu'il était temps que je vienne de trouver, reprit Drago avec un sourire au coin des lèvres, sortant de la poche intérieure de sa veste une fiole qui ne contenait certainement pas du lait de chèvre. Alors, monsieur le directeur, comment ça va ?

- Bien, répondit Daniel dans un soupir. Très bien même. J'ai l'impression d'être au sommet et ce n'est que le début !

- Je trinque à ça, s'exclama Drago, avalant une gorgée de sa fiole avant de la tendre à son ami. Sérieusement, je suis heureux pour toi. Tu peux être fier de ce que tu as bâti.

- Merci Drago.

Un silence s'installa un instant, reposant après l'animation de la soirée. Sous leurs pieds, par la fenêtre, ils pouvaient voir s'étendre New York, majestueuse et impériale, berceau de tant de leurs œuvres.

- Bon, mis à part ton succès toujours grandissant qui nous fait tous rougir d'envie, plaisanta Drago, quand nous présentes-tu la femme avec qui tu vas partager ta fortune ?

- Il n'y a pas de femme.

- L'homme, alors.

- Non plus, Drago, répondit Daniel avec un sourire amusé. L'un ou l'autre d'ailleurs, ça n'a pas grande importance pour moi. Je n'ai jamais vraiment ressenti le besoin de trouver quelqu'un. Peut-être dans quelques années.

- Tant que tu es heureux. Mais bon, ça serait dommage qu'il n'y ait personne pour hériter de ta fortune quand tu seras devenu multimillionnaire.

- Fais-moi parrain de ton premier enfant et je te promets de vous mettre sur mon testament, rétorqua-t-il avec un rire franc et un clin d'œil.

- On n'en est pas encore là, rétorqua Drago, tout à coup bien plus sérieux.

- Quand il sera là. Je n'ai pas dit qu'il y avait une date limite avant expiration de mon offre, répliqua Daniel sur un ton joueur. Mais sérieusement, vous n'en parlez pas ? Et le mariage ?

- On en parle, si. Quant au mariage… j'ai acheté une bague la semaine dernière.

Daniel aurait pu réagir de bien des façons différentes. Il savait déjà comment Pansy ou Ginny auraient réagi, voire Blaise. Il aurait pu se réjouir (et au fond de lui, c'était le cas) mais l'émotion qui domina toutes les autres fut un mélange de soulagement et d'agacement profond.

- C'est pas trop tôt ! s'exclama-t-il simplement.

- Pourquoi tout le monde n'arrête pas de dire ça ? marmonna Drago.

Sa seule réponse fut l'éclat de rire tonitruant de son vieil ami.

Comme il l'avait dit, Daniel ne chercha pas à trouver quelqu'un avec qui partager son empire. Il se concentra sur la réussite de son magazine qui (mais cela n'étonna personne) devint vite un modèle du genre et s'exporta vite en franchises diverses dans le monde entier.

Il vit autour de lui ses amis se marier, faire des enfants et demeurer heureux. Il trouva le sien dans le fait qu'il trouvait toujours une place dans leur bonheur à eux, qu'ils avaient toujours pour lui un endroit particulier dans leurs vies.

Il était souvent seul, mais il s'était toujours satisfait de la solitude. Et puis, bien après tout le monde, lors d'un de ces voyages à Londres, il rencontra Margaret. A partir du moment où elle posa sur lui ses yeux bleus azurs, il ne fut plus jamais seul.

OLIVIER ET SARAH

Olivier Dubois avait fait de nombreuses erreurs. Depuis longtemps, il en avait perdu le compte et il savait que ces dernières années, il n'avait pas toujours été une bonne personne. Il avait surtout blessé l'une des personnes qui comptait le plus à ses yeux et avait utilisé des moyens peu glorieux pour se sortir d'une impasse dans laquelle il s'était lui-même acculé.

Il savait qu'il était tant que cela change.

Maintenant qu'il était un homme divorcé, peut-être était-il temps pour lui de recommencer à zéro. Et il l'aurait sans doute fait, s'il n'avait pas rencontré, un jour de juin, sa fille. A bien des égards, Sarah était une bien meilleure personne que lui et avec tout ce qu'il s'était passé entre eux, il savait qu'elle aurait pu exiger qu'il ne voie pas leur enfant. Elle n'en avait rien fait.

Aussi, il s'était rendu à l'hôpital dès l'instant où Sarah y avait été admise et, malgré tout, il lui tint la main jusqu'au bout, jusqu'au moment où le médicomage lui tendit son enfant, pleurant et gigotant. Elle était si petite, semblait si fragile qu'il ressentit aussitôt le besoin de la protéger, envers et contre tout. Y compris contre lui-même et pour cela, il était temps qu'il change.

Sarah ne lui pardonna jamais réellement et il ne lui en avait jamais demandé autant. A sa place, il aurait sans doute fait la même chose.

Ophélie, elle, grandit sans réellement savoir ce qu'il s'était passé entre ses parents. Elle savait simplement qu'elle était très aimée, que sa mère était très heureuse de combiner sa vie de mère célibataire et de femme d'affaires et que son père avait fait une bonne carrière de joueur de Quidditch, puis d'entraineur. Ses parents ne parlaient pas beaucoup quand ils étaient amenés à se croiser mais ils faisaient l'effort de s'entendre. Sarah avait rencontré la nouvelle femme d'Olivier, Mary, et les deux femmes s'entendaient aussi bien qu'on aurait pu l'espérer.

Ses parents étaient heureux et certainement, c'était tout ce qui importait. Ophélie finit, un jour, par hasard, par apprendre ce qu'il s'était passé entre ses parents et à dire vrai, elle s'en moquait un peu.

PANSY ET RON

Pansy et Ron avaient bien conscience qu'au sortir de Poudlard, personne ne les aurait imaginés ensemble, mariés et parents. Personne ne les aurait imaginés heureux. Pansy et Ron avaient toujours aimé nager à contre-courant.

Leurs caractères étaient sans doute aussi incompatibles que deux caractères pouvaient l'être aux yeux de ceux qui ne les connaissaient pas. Pourtant, leurs amis, leurs proches savaient que malgré leurs disputes fréquentes et leurs colères retentissantes, ils étaient parfaits l'un pour l'autre. Eux seuls avaient assez de caractère pour répondre à l'autre. Peut-être était-ce un miracle, pour certains, qu'ils ne se soient pas encore entretués. Peut-être était-ce simplement qu'ils s'aimaient trop pour que leurs disputes puériles ne soient autre chose que cela.

Hugo avait trois ans quand Pansy tomba enceinte à nouveau, de jumeaux cette fois. Si à bien des moments, les jeunes parents se dirent qu'ils n'y arriveraient jamais, leurs proches savaient qu'ils étaient assez forts pour surmonter les épreuves.

Ils avaient beau être exténués, s'endormant parfois au milieu d'un repas avec des amis, c'était toujours le sourire aux lèvres qu'ils affrontaient chaque nouvelle journée.

Sans que personne ne comprenne bien comment, Pansy devint une amie proche d'Hermione et Ron un ami proche de Drago. S'ils avaient du se demander comment cela était arriver, aucun n'aurait pu l'expliquer.

C'était un après-midi d'août 2012 que Drago comprit ce qu'il avait toujours trouvé de particulier chez le couple. Ron venait de le rejoindre dans un pub du Chemin de Traverse pour déjeuner, le soleil baignant Londres d'une chaleur estivale bienvenue et il semblait aussi épuisé que s'il avait couru un marathon, voire deux d'affilée. Le rouquin marmonna quelques mots, expliquant qu'il avait déposé les trois enfants chez sa mère et qu'il serait donc tranquille pour l'après-midi, Pansy passant elle-même la journée au spa avec Hermione et Daphne Greengrass. Il avait le ton plus pâle encore qu'à l'accoutumée, des cernes sous les yeux qui lui donnait l'air livide et ses cheveux semblaient avoir instauré leurs propres règles quant à leur façon de se tenir. Sur le col de sa chemise se trouvait une tâche de lait séché et il avait le long du menton une longue trace de griffure. Il avait pris quelques kilos au fil des années, rien d'excessif mais le tout suffisait à donner l'impression qu'il allait s'écrouler sous la pression à tout moment. Pourtant, c'est avec un sourire inlassable que Ron raconta les dernières aventures de sa famille – et ce qu'il appelait famille, d'autres auraient appelé chaos.

Il racontait à Drago comment, deux jours plus tôt, Hugo avait voulu expliquer à ses parents pourquoi son père et sa mère ne devraient vraiment pas le forcer à manger des carottes parce qu'il avait lu dans le journal que ce n'était pas bon pour la santé et qu'ils avaient du débattre avec lui pendant une heure pour qu'il admettre finalement que, non, il n'avait pas lu le journal puisqu'il ne savait pas encore lire, quand le blond la vit, cette lueur dans ses yeux, derrière la fatigue, derrière l'exaspération, qui ne contenait que profond bonheur malgré tout.

Quand on les observait, tout semblait si compliqué pour Pansy et Ron, par moments trop difficile. Mais en réalité, tout était si facile quand on regardait de plus près. Bien sûr, ils étaient épuisés. Bien sûr, il était difficile de conjuguer vie de famille et vie professionnelle. Bien sûr, il y avait parfois des jours où ils avaient envie de se faire avaler par leur lit et de ne plus jamais en sortir. Et pourtant, tout avait l'air si facile pour eux, parce que la profondeur de leur affection dépassait de bien loin la fatigue accumulée sur le chemin. En bien des aspects, ils étaient un exemple sans le savoir.

C'était à ce moment, en apercevant cette lueur dans les yeux épuisés mais pétillants de son ami que Drago se dit qu'il était peut-être temps pour lui aussi de poser un genou à terre.

Après cela, Ron s'était pavané avec fierté, racontant à qui voulait bien l'entendre que c'était grâce à lui que Drago avait finalement demandé Hermione en mariage, alors que tous leurs amis attendaient depuis des années qu'il se décide finalement. Pansy lui répondait – lui criait dessus aurait été plus exact, la plupart du temps – que si Drago avait décidé de prendre leur relation pour exemple, elle plaignait la pauvre Hermione. Ron, un sourire amusé au coin des lèvres, se contentait de se pencher vers elle et de déposer un baiser sur ses lèvres, ce qui ne manquait jamais de faire gémir de honte leurs enfants.

Dans ces moments-là, tout était aussi parfait que possible pour leur famille. Tout était bien.

BLAISE ET THEODORE

Blaise se devait d'être honnête, au moins avec lui-même. Il avait la fâcheuse habitude de s'occuper des problèmes des autres pour éviter d'avoir à s'occuper des siens. Il ne savait pas vraiment à quand cela remontait mais il avait toujours agi ainsi, aussi loin qu'il puisse s'en souvenir. Il en avait conscience, mais cela ne voulait pas dire qu'il était prêt à changer… jusqu'au jour où Drago, fraîchement rentré de New York, s'assit en face de lui et le força à l'écouter.

La discussion qui suivit fut longue, parfois animée, toujours parsemée du profond respect qui définissait leur relation. S'ils étaient tous les deux honnêtes, la fâcheuse habitude de s'occuper des problèmes des autres qu'avait Blaise, voulait surtout dire qu'il avait la fâcheuse habitude de chercher à régler les problèmes de Drago à sa place. Ce jour-là, quand son meilleur ami lui annonça clairement qu'à partir de maintenant, il allait régler ses problèmes tout seul, Blaise mit un moment à comprendre que ce que Drago voulait réellement lui dire, c'était qu'à présent, il irait bien et qu'il était temps que Blaise cherche à aller bien aussi de son côté. Peut-être était-il temps que les rôles soient inversés.

Drago avait toujours été têtu et le métis avait toujours eu les plus grandes difficultés à lui faire écouter le moindre de ses conseils. Fort heureusement, lui-même ne faisait pas preuve d'une telle ténacité quand il s'agissait de sa propre santé, qu'elle soit physique ou mentale. Alors, il écouta et choisit de s'occuper un peu de lui.

S'occuper de lui voulait aussi dire s'occuper de sa relation avec Theodore.

Blaise aimait Theodore. Theodore aimait Blaise. Tout aurait pu être aussi simple que ça mais comme souvent en amour, rien n'était vraiment simple. En public, les sourires qu'ils affichaient étaient souvent crispés. Derrière les portes closes, leurs disputes étaient fréquentes, ponctuées de violences verbales qu'ils regrettaient l'instant suivant. Blaise savait que Theodore faisait des efforts et il les appréciait à leur juste valeur mais pour une raison qui lui échappait encore, cela ne suffisait pas. Peut-être cela ne suffirait-il jamais.

C'est quand cette pensée traversa son esprit et qu'il l'exprima directement à Theodore qu'ils décidèrent de se séparer. C'était le jour où ils étaient supposés célébrer leurs trois ans ensemble.

Les premiers jours, Blaise se sentit plus léger, comme si un énorme poids s'était ôté de ses épaules et qu'il pouvait à présent marcher la tête haute, le menton droit. Encore une fois, il fallut qu'il dîne avec Drago et Hermione et que ceux-ci le regardent avec la même expression, sourcil haussé et sourire narquois pour qu'il admette qu'en réalité, il ne se sentait pas si léger que ça, qu'il passait ses journées à se demander comment allait Theodore et s'il le ressentait également, ce trou béant dans sa poitrine.

Ce ne fut que trois mois après leur séparation qu'il vit à nouveau le brun. Il tomba nez-à-nez avec lui lors du vernissage d'une exposition organisée par Daphne Greengrass. Il s'était arrêté devant une toile représentant un bateau en pleine tempête, cherchant, en vain, à échapper aux vagues qui menaçaient de le submerger. Il ne savait comment, mais il arrivait presque à ressentir le désespoir des marins que la peinture ne permettait pas de voir. Il était si absorbé dans l'œuvre qu'il sursauta quand la voix si familière prononça son prénom.

Quand il se retourna pour faire face à Theodore et qu'il vit sur son visage le même désespoir, le même soulagement à finalement voir l'autre, la même culpabilité, Blaise ne lui laissa pas le temps de parler. Il se jeta dans ses bras, enfouit son visage dans son cou et ne bougea plus pendant ce qui lui sembla être des heures, non pas que le brun ne fasse quoique ce soit pour le repousser. Au contraire, Theodore resserra son étreinte, murmurant à son oreille qu'il ne le laisserait plus jamais partir, que tant qu'il voudrait toujours de lui, il serait là et qu'il s'en moquait pas mal s'ils passaient le reste de leur vie à se disputer tant qu'ils passaient le reste de leur vie ensemble. Blaise ne pouvait qu'approuver.

Ils n'étaient définitivement pas parfaits ensemble. Ils se disputaient toujours beaucoup mais au bout du compte, ils s'aimaient sans doute trop pour apprendre à vivre l'un sans l'autre.

Peut-être ne finiraient-ils pas ensemble, peut-être qu'un jour, leurs différends seraient plus forts que l'amour qu'ils avaient l'un pour l'autre, peut-être… Pour l'instant, Blaise se contentait volontiers de ce qu'ils avaient.

LUCIUS

Lucius avait eu souvent l'occasion de faire amende honorable. Il n'était pas sûr de l'avoir jamais fait. Les erreurs qu'il avait faites, il ne pouvait les mettre sur le compte de la jeunesse mais devait admettre sa lâcheté, son incapacité à protéger sa famille face aux conséquences de ses propres décisions. Par ailleurs, il y avait les erreurs qu'il attribuait à une éducation bigote et haineuse. Pourtant, il savait qu'il était trop facile de tout ramener à cela : Drago était parvenu à s'éloigner des idéaux ancestraux de la famille Malefoy pour se forger sa propre opinion. Lucius savait qu'il était grand temps d'arrêter de se trouver des excuses. Ses erreurs étaient les siennes et lui seul pouvait tenter de les réparer.

Peut-être était-ce de la lâcheté encore quand, malgré cette conclusion qu'il avait tirée, il ne chercha pas vraiment la rédemption. Peut-être était-ce simplement qu'il savait que certains actes n'appellent jamais le pardon, aussi désolé que l'on soit.

Pourtant, il trouva une certaine rédemption en Drago. Ce n'était pas grand chose mais un simple soutien à son fils dans ses choix qui l'auraient jadis fait répudier était déjà un effort important pour l'homme de traditions qu'était Lucius Malefoy.

S'il avait eu son mot à dire, il n'aurait pas choisi Hermione pour son fils. L'une des filles Greengrass aurait mieux fait l'affaire et leur sang pur n'était encore qu'un détail, mais elles avaient au moins la noblesse qui seyait à leur lignée. Ava Dickens, bien qu'Américaine, aurait été son second choix.
Il se demandait parfois depuis quand il n'avait plus son mot à dire.
Ce n'était pas tant que Drago ne l'écoutait plus. L'éducation stricte qu'il lui avait inculquée avait laissé des traces et peut-être, s'il l'avait vraiment voulu, aurait-il pu trouver l'énergie de refuser à son fils ce qu'il voulait vraiment. Il avait trop de respect pour la mémoire de sa femme pour se le permettre et, bien qu'il fut peu enclin à l'admettre, trop d'amour pour Drago pour le forcer à quoique ce soit.
Aussi, il se résigna à accepter la présence de Granger dans la vie de son fils, et donc dans la sienne. Il ne l'aurait admis pour rien au monde, mais elle finit bien malgré lui à s'insinuer dans son cœur comme elle avait su le faire pour son fils.
Elle n'était pas celle qu'il aurait choisi pour Drago mais il comprit très vite, à la façon dont son regard s'illuminait quand elle était dans les parages, au sourire qu'il retrouva et sembla à présent conserver qu'elle était celle qu'il lui fallait.

Le décès de Narcissa l'avait laissé seul dans un manoir peuplé de souvenirs plus douloureux que tendres mais il se complaisait dans cette solitude, ce calme qui, enfin, ne précédait aucune tempête. Il lui semblait si loin, le temps où il regardait par-dessus son épaule pour voir venir le danger. Tout était si calme, si tranquille, si reposant qu'il finit par perdre les mauvais réflexes que lui avait laissés la guerre et, sans vraiment le voir, il trouva une certaine paix dans ce manoir qui n'en avait jamais été synonyme.
Un jour, des années après le décès de sa femme, alors que Drago était occupé à nourrir sa petite-fille nouvelle née et qu'il prenait le thé avec Granger, il aperçut dans le regard de sa belle-fille une lueur amusée, presque tendre alors qu'elle l'observait en silence.

- Qu'y a-t-il? demanda-t-il d'une voix monotone, vide du ressentiment qu'elle avait pu contenir autrefois.

- Lucius, répondit-elle, un sourire dans la voix, si je ne vous connaissais pas si bien, je croirais presque que vous êtes heureux.

Et peut-être avait-elle raison.

HERMIONE ET DRAGO

Vivre dans le présent s'avéra beaucoup moins épuisant que de ressasser le passé, beaucoup plus facile également. Et il était peu dire que d'affirmer que Hermione et Drago n'avaient pas vraiment connu la facilité ces dernières années.

Ils furent eux-mêmes surpris de voir à quel point la transition était aisée. Quand on le fuit pendant si longtemps, on a tendance à oublier que le bonheur est parfois à portée de main. A l'instar de Pansy et Ron, Hermione et Drago trouvèrent leur propre bonheur avec une facilité presque déconcertante.

Après avoir passé quelques mois à New York, loin de Londres, loin de leurs proches, loin de leurs problèmes, ils décidèrent de retourner dans cette ville qui les avait vus naître et qu'ils aimaient tant malgré tout. Ils y retournèrent la boule au ventre, ne pouvant s'empêcher d'avoir peur de voir leurs anciens démons ressurgir au contact de tant de familiarité. Après tout, ils n'étaient pas encore bien habitués à s'entendre comme c'était le cas. Ils appréhendaient tous les deux et ne se le cachèrent pas – il était fini, le temps des non-dits.

Tout se passa bien mieux qu'ils n'avaient pu l'imaginer. Drago retrouva son appartement, Hermione en loua un nouveau mais ils se rendirent bien vite compte que, même s'ils avaient décidé de prendre leur temps, la réalité était qu'ils pensaient tous deux en avoir déjà assez perdu. Aussi, ils emménagèrent rapidement dans un nouvel appartement, ensemble, et s'ils allaient trop vite, ainsi serait-il.

Alors que leur vie reprenait forme, ils apprirent à faire plus attention à celles des gens qui les entouraient. Drago voyait avec plus de clairvoyance comment son père semblait s'apaiser avec l'âge, comment Blaise avait toujours tant de mal à ne pas s'occuper des problèmes des autres, comment Pansy relevait le menton fièrement dès qu'un passant lançait un regard apeuré à ses enfants trop agités. Comment, en réalité, tout autour de lui n'allait pas si mal qu'il avait pu le penser.

C'était comme si l'équilibre qu'il avait trouvé avec Hermione lui permettait maintenant de voir qu'il y avait déjà, avant, tant de joies autour de lui. Peut-être était-il égoïste de penser qu'à partir du moment où sa relation avec Hermione s'était améliorée, tout autour de lui sembla s'améliorer également. Peut-être que sans le savoir, ils avaient en effet joué un rôle dans l'apaisement qui régna autour d'eux.

Il le vit chez Daniel qui semblait si soulagé à l'idée d'enfin pouvoir les voir tous les deux ensemble. Il le vit chez Pansy et Ron, qui n'avaient pourtant jamais eu besoin ni de lui ni d'Hermione pour aller bien. Il le vit chez Blaise et Theodore qui, malgré leurs difficultés, s'aimaient d'une manière inconditionnelle mais peinaient parfois à se le montrer. Il le vit chez son père qui, derrière sa façade impénétrable et son regard glacial, semblait s'adoucir enfin.

Ce n'était pas dans les habitudes des uns et des autres et pourtant, tout le monde semblait heureux autour de lui. Tout le monde semblait bon. Il avait lu dans l'un des livres moldus d'Hermione ces mots qui résonnaient parfois dans son esprit, « quand nous sommes heureux, nous sommes toujours bons ; mais quand nous sommes bons, nous ne sommes pas toujours heureux ».

Hermione et lui n'avaient pas été bons et, parfois, ils sentaient toujours entre eux une tension qui résultait de leurs années de conflits. Mais ils ne se disputaient jamais. Ils s'étaient bien assez disputés, assez pour le reste de leur vie et Drago comptait bien passer le reste de sa vie auprès d'elle.

Tout était devenu si facile, le jour où il avait décidé qu'il était temps qu'il apprenne à s'apprécier, puis à s'aimer. Ne pas s'aimer trop – car il n'en serait sans doute jamais capable – mais s'aimer assez pour pouvoir aimer les autres.

Longtemps, Drago avait cru qu'il était le garçon qui avait fait tous les mauvais choix. Il avait haï la personne qu'il était, l'ancien Mangemort, le terrible ami, le mauvais fils. Il s'était regardé dans le miroir et n'avait vu qu'un espoir déchu de ce qu'il aurait pu être, dans d'autres circonstances. Il s'était regardé dans le miroir un temps et puis avait complètement arrêté, dégoûté par sa propre réflexion. Il avait haï sa personne, de ses pensées marquées par la guerre au moindre cheveu blond sur sa tête. Il avait haï son incapacité à être heureux alors qu'il ne s'en donnait jamais vraiment la chance. Il avait haï que quand il repensait à tous les mauvais choix qu'il avait fait, il ne comprenait pas ses propres actions, rien ne faisait sens pour lui.

Un jour, il réalisa que quand il s'agissait d'amour, il n'était jamais question de choix car s'il y en avait un à faire, il serait forcément le mauvais. Hermione n'aurait jamais pu être un choix, car elle était une évidence. Si c'était un choix, il était le plus simple qu'il avait jamais connu dans sa vie.

Un jour, il réalisa que le seul choix à faire, le premier choix à faire, c'est sans doute celui de s'aimer soi-même.


« S'aimer soi-même est le début d'une histoire d'amour qui durera toute une vie. » Oscar Wilde.


Vous n'avez pas idée d'à quel point il est difficile pour moi de mettre un point final à cette fiction. Enfin, si, vous avez peut-être une vague idée étant donné le temps que j'ai mis à la finir. Quand je l'ai commencée, je n'ai jamais imaginé qu'elle plairait autant. Alors que j'écris ces lignes, Un divorce explosif compte 1 369 reviews, 299 ajouts en favoris et et 408 followers pour 29 chapitres. C'est bien plus que je n'aurais pu le souhaiter et je tiens à vous remercier tous, vous qui avez pris le temps de lire, plus encore à vous qui avez pris le temps de laisser une ou plusieurs reviews. Certains parmi vous me suivent depuis longtemps et je vous remercie de tout mon cœur pour votre fidélité, vos mots gentils et votre soutien.

Cette fiction sera ma dernière. Je n'exclus pas l'idée d'écrire un OS de temps en temps mais je ne promets rien et j'avoue n'avoir que modérément l'envie à cet instant.

J'ai décidé de me consacrer à mes propres écrits, mes propres personnages, mon propre roman que je ne cesse de retarder alors que je meurs d'envie de l'écrire et pour ça, je crois qu'il me faut tirer un trait sur l'écrit de fanfictions parce que je ne suis pas sûre de savoir allier les deux. J'espère que dans quelques temps, vous pourrez lire à nouveau mes écrits avec mes propres personnages.

Je continuerai à répondre aux reviews ici. Si vous êtes en anonyme, vous pouvez me contacter autrement, notamment sur Facebook ou dans les liens qui se situent dans mon profil FFnet. Vous pouvez également me contacter par mail : l . ecrit hotmail . fr (sans les espaces évidemment).

Je ne crois pas que vous puissiez imaginer à quel point le monde des fanfictions m'a fait du bien, à quel point j'ai été soulager de trouver un espace où je pouvais m'exprimer, où je pouvais faire ce que j'aime le plus au monde, écrire, sans barrière ni jugement (critique et jugement sont deux choses bien différentes).

J'espère, sincèrement, que vous aurez apprécié l'expérience comme moi et que vous vous souviendrez de cette période avec autant de tendresse que moi.

Avec toute mon affection.

Mes petits loups, à bientôt pour de nouvelles aventures,

L.

Ps : Loufoca-Granger, ma petite loutre, je sais que je ne te le dis pas souvent (puisqu'il parait qu'on se déteste haha), mais je t'aime, même si tu racontes à tout le monde que je martyrise des enfants. Merci pour tout. Reviens-moi vite.

EDIT : Vous êtes nombreux à m'avoir demandé de vous tenir au courant de la suite de mes aventures. Si vous le voulez, je peux mettre en place une espèce de newsletter. Envoyez-moi vos adresses email (n'oubliez pas qu'il faut mettre des espaces sur ffnet sinon l'adresse est illisible, sinon vous pouvez me les envoyer sur facebook ou en mp sur twitter ou sur ma propre adresse mail) et je mets ça en place. Encore plein d'amour pour vous.