La lumière bleuâtre d'une baguette s'approche irrémédiablement sans nous laisser la moindre échappatoire. J'hésite entre fuir tout de même ou jeter un sortilège d'Oubliette. Mais je 'ai même pas le temps de faire un choix car la silhouette nous fait déjà face. Quand elle abaisse sa baguette nous dévoilant son visage, j'écarquille les yeux.
« Harry ? on s'étonne Hermione et moi d'une même voix. »
« Ah ! j'étais sûr que je vous trouverais là ! fait Harry avec un sourire. Qu'est-ce que vous trafiquez ici au fait ? »
Enfin conscient que nous étions encore ridiculement proche l'un de l'autre, je lâche la taille d'Hermione et m'écarte. Un peu trop vivement car, oubliant l'étroitesse du couloir, je me cogne contre le mur opposé.
« Harry comment… pourquoi tu es sortis et comment tu nous as retrouvé ? tu ne connais pas le château et tu aurais très bien pu te faire prendre ! réprimande Hermione dans une tentative de reprendre contenance. »
Harry nous fait le plus grand sourire du monde avant de sortir de la porte arrière de son jeans une sorte de vieux parchemin.
« Aucune chance que je me fasse prendre avec ça, regardez. »
Il pointe sa baguette lumineuse sur le papier et nous poussons tous deux une exclamation de surprise. C'est un plan extrêmement détaillé du château, mais pas seulement. Il y a des petits points qui se déplacent avec le nom de chacun des élèves.
« Incroyable ! murmure Hermione en attrapant le parchemin pour le regarder de plus près. »
« Où as-tu eu ça ? je demande. »
« Dans la Salle-sur-demande, répond Harry. vous étiez tous les deux partis depuis un moment et je commençais sérieusement à m'inquiéter. Alors j'ai ouvert un tiroir au hasard de la commode et je l'ai trouvé. Alors je suis sorti de la salle et j'ai pu éviter sans problème toute mauvaise rencontre… »
« Personne ne doit mettre la main dessus, interviens Hermione en émergeant de derrière la carte. ce n'est pas le nom d Ginny qui s'affiche mais bien le mien, ainsi que celui d'Harry juste à côté. Si quelqu'un voit ça, nous seront rapidement découvert. »
« En parlant d'être découvert, c'est pas Malefoy qui se dirige vers nous là ? je fais en pointant du doigt le petit point au nom du Serpentard qui se dirige dangereusement vers notre position. »
Nous nous entreregardons de la tête au pied dans l'espoir que l'un d'entre nous ait eu l'intelligence de prendre la cape d'Invisibilité. Mais évidemment, ce n'est pas le cas et on se retrouve piéger comme des rats.
« Qu'est-ce qu'on fait ? murmure Hermione horrifiée. Ce couloir est ne mène qu'à une salle et si on en sort va se retrouver nez à nez avec lui ! »
« Rien ne dit qu'il va prendre ce couloir… je tente. »
« Tu plaisantes ? il se dirige droit sur nous ! »
« Hey ! regardez, interrompt Harry en nous mettant à nouveau la carte sous le nez il y a un petit renfoncement dans le mur, juste ici. On pourrait s'y cacher. »
Hermione regarde autour d'elle d'un œil septique, à la recherche dudit « renfoncement » pourtant dessiné sur le vieux parchemin.
« Il n'y a rien ici Harry, la carte se tromp… »
Alors qu'elle tâtonnait le mur pour prouver ses propos, son bras s'y enfoncent brusquement pour disparaitre, suivit par le reste de son corps.
« Hermione ? je chuchote. »
Dans ce corridor l'obscurité est quasi complète maintenant qu'Harry a éteint sa baguette. Je m'approche de là où Hermione s'est volatilisée, suivit par Harry. Je tâte le mur puis comprend. Il y a du vide derrière cette tapisserie décrépie; la carte a raison. Je l'écarte d'un geste de main et m'y engouffre de l'autre côté avec Harry.
A l'intérieur il fait noir comme dans un four. J'allume ma baguette. C'est grand comme un placard à balais, juste assez pour nous tenir tous les trois debout. On y trouve Hermione qui se masse le crâne. Elle a dut se cogner en « découvrant » l'entrée secrète.
« Eteint ta baguette, ordonne-t-elle précipitamment à voix basse. Où en est Malefoy ? »
Harry doit se contorsionner dans l'espace réduit pour sortir l'objet de la poche de son Jeans. Je me retrouve coincé entre le mur et Hermione. Le rouge me monte aux oreilles et je remercie Merlin qu'il fasse si noir.
« Il arrive, il va passer juste devant nous, murmure Harry. bon sang mais qu'est-ce qu'il vient faire ici ? »
Je plaque ma main sur ma bouche pour étouffer ma respiration tandis qu'Harry regarde discrètement derrière la tapisserie. Les secondes s'étirent alors que les pas se rapprochent de plus en plus de notre cachette de fortune. Sous 'angoisse sans doute, Hermione agrippe mon poignet avec force. Elle me fait un peu mal mais je n'ose rien dire non seulement parce qu'on serait découvert mais aussi parce que si j'étais dans sa situation je serais mort de peur. Elle est Hermione Granger, née moldue et activement recherchée dans toute la Grande Bretagne. Je n'ose pas imaginer ce qu'ils lui feront si elle était attrapée ici, infiltrée à Poudlard.
Le bruit des pas s'intensifient alors que l'air atour de nous devient irrespirable tant il transpire la tension. Dans ce petit renfoncement je me sens prit au piège. Dans ma tête je me prépare au pire Du coup, j'envisage toute sorte de plan au cas où Malefoy nous tombe dessus. Après un moment qui m'a semblé interminable les pas finissent par s'éloigner. Le moment où je respire à nouveau coïncide avec celui où Hermione relâche mon poignet.
« C'est bon il est loin, lâche Harry d'une voix encore tendue. Mais ses habits étaient taché de sang, comment ça se fait ? je veux dire, il en était carrément recouvert ! je sens encore l'odeur d'ici, et je déteste cette odeur. »
« Oh, Harry, désolé, ça doit être moi, murmure Hermione. Lumos ! »
La lumière de sa baguette dévoile ses habits encore souillés du sang de la pauvre fille découverte dans la bibliothèque.
« Tu es blessée ? s'enquit Harry. »
« Non Harry je vais bien, ne t'inquiète pas. ce n'est pas mon sang en fait. »
« Pas ton sang ? mais… Et toi Ron pourquoi tu en as aussi plein la chemise ? »
Je grimace. Difficile de lui expliquer qu'il y pas deux minutes Hermione et moi on s'embrassait à pleine bouche, scotchés l'un a l'autre. Du coup on est tous les deux pantelant, rougissant et couvert de sang. Mais l'affaire est grave, on le sait. Harry nous fixe intensément en quête d'explication. Ma gorge se noue, je n'ai pas envie de raconter ce que j'ai vu, ce corps sans vie qui me fixait.
« Une fille a été tuée ce soir, fait Hermione coupant court à la gêne générale. C'est moi qui aie découvert son corps. »
Je ferme les yeux, perturbé, imaginant l'impossible situation d'Hermione à ce moment-là. Était-t-elle en train de flâner dans les rayonnages quand elle découvert la boucherie ? Ou pire : avait-elle trébuché sur le corps ? Vu le teint pâle qu'elle aborde je pense que oui.
« Et si Malefoy couvert de sang lui aussi ça veut dire que c'est lui qui… déduit Harry avec horreur. »
« Oui, je ne vois pas d'autre explication, dit Hermione. j'étais seule dans la bibliothèque et j'ai tout de suite appelé Mcgonagall. vu l'état du… »
Hermione inspire un grand coup avant de continuer :
« Vu l'état du corps c'était un Sectusempra, jeté à plusieurs reprises. C'est un sort très à la mode chez les Mangemorts d'après ce que j'ai lu. Ça… explique tout ce sang c'est un sortilège atroce, très violent. »
Je déglutis puis me tourne vers Harry. Ses yeux se sont assombrit. J'ai l'impression que la nouvelle l'a encore plus remué que nous. Il tremble littéralement de rage. Harry a connu pas mal d'injustices depuis sa naissance d'après ce que je sais. Il est donc sans doute naturel qu'il les déteste particulièrement.
« Ce type… il a tué une fille ? il.. du sang et… il l'a tué… tué…tué ! »
Sa voix se transforme en un étrange grognement. Un rire hystérique s'échappe du plus profond de sa gorge. Je comprends trop tard ce qui se passe. Hermione aussi. Elle lui lance un sortilège de mutisme, mais le mal est déjà fait. Les pas se rapprochent à nouveau alors qu'Harry s'agite violement, proie d'une nouvelle crise, et ce, au pire moment possible. J'arrache sa baguette à mon meilleur ami puis tente tant bien que mal de le maintenir en place. Inutile, car il me balance un coup de poing dans la mâchoire qui m'expédie contre le mur ridiculement proche. Je m'affale au sol, la mâchoire qui vibre littéralement contre ma paume avec laquelle je l'a maintient. Du sang dégouline sur mes doigts et une douleur aigue irradie ma lèvre inférieure. Quand j'arrive enfin à me relever sur mes deux jambes, Hermione a déjà jeté un sortilège pour ligoter Harry. Elle me lance un regard qui ne peux que vouloir dire : qu'est-ce qu'on fait maintenant Ron ?
Le pire dans tout ça c'est que je n'en sais foutrement rien. Histoire d'en rajouter une couche la voix de Malefoy raisonne dans le couloir, juste derrière la fine tapisserie.
« Qui est là ? Montrez-vous. »
Sa voix est froide, dénudée de toutes émotions. Ça ne peut rien vouloir dire de bon, car c'est le genre de ton que l'on a quand on est prêt à tout. Si Drago Malfoy a tué une fille innocente sans véritable raison, autant dire qu'il n'aura aucuns scrupules à nous éliminer tous les trois afin de couvrir ses arrières pour ce meurtre dont nous savons qu'il est le coupable. Je serre les poings puis me tourne vers Hermione.
« Prépare-toi à courir ».
Sans attendre je me précipite hors de la cachette. Je pointe ma baguette et celle d'Harry vers la silhouette qui ne m'a pas encore vue.
Le double Stupefix l'expédie contre la porte en bois tout au fond du corridor. J'attrape ensuite Hermione et Harry par un poignet et on se met à courir comme des dératés.
Harry se débat comme un beau diable, mais avec Hermione on le tient d'une poigne de fer. Nous courons à travers le château sans nous retourner pendant dix bonnes minutes.
Quand on s'arrête enfin c'est pour sortir la carte.
« Où va-t-on ? »
« La bibliothèque, fait Hermione en tapotant le parchemin. Regardes, on devrait croiser personne sur notre route. Harry sera revenu à lui et j'ai quelque chose à vous montrer. »
Quelques minutes plus tard on se retrouve dans la bibliothèque silencieuse. Je fais assoir Harry qui redevient peu à peu lui-même. Hermione, elle, retire presque violement sa robe toujours tâché pour se retrouver en simple chemisier. Je vois qu'elle s'efforce de ne pas regarder en direction des rayonnages sur notre gauche, se concentrant sur la table, et je devine aisément pourquoi. Sur la table en question je reconnais sa plume et une pile de livre qu'elle avait dû abandonner là. je me tire une chaise pour la regarder feuilleter un vieux livre à toute vitesse.
« Ce genre de livre traitant de la magie noire n'aurait rien à faire à Poudlard en temps normal, murmure-t-elle sans quitter l'ouvrage des yeux. Mais les temps ont changé n'est-ce pas ? oh regarde c'est ici : « Un Horcruxe est un objet issu d'un sort de magie noire extrêmement puissant permettant au sorcier qui le désire de séparer son âme en deux et d'enfermer cette âme dans un objet ou un être. Ce procédé nécessite cependant la mort d'une personne. Le sorcier qui réussit à accomplir cet acte ne peut plus mourir : il devient donc immortel. »
« Immortel ? c'est bien notre veine ! »
« Attend, regarde la suite : « Lorsque l'on en arrache une partie, l'âme devient très instable. Il est possible de reconstituer son âme, par le remords : ressentir profondément le mal que l'on a fait. La douleur alors éprouvée est telle qu'elle peut détruire. Un Horcruxe doit être protégé par son créateur d'enchantements puissants. Il ne peut être détruit que par une substance tellement destructrice qu'il ne peut se réparer de lui-même, tel le venin de Basilic qui n'a qu'un seul antidote extrêmement rare, les larmes de Phénix. Bien peu de substances existent et elles sont toutes très dangereuses à transporter. Briser, frapper, écraser un Horcruxe n'a aucun effet. »
« Attend y a du venin dans le Basilic ? Mais Nathalie m'a fait ce plat moldue là, des pattes au Basilic je crois… »
« Ron, soupire impatiemment Hermione, le Basilic est un serpent géant. A Beauxbâtons certain disait qu'il y en avait qui hantait les catacombes de Paris. Enfin, dans tous les cas ce n'est pas à Poudlard qu'on en trouvera un ! bon je peux continuer ? »
J'hoche la tête en m'affalant contre le dossier de ma chaise. Immortel ? Aucun moyen de détruire ces « Horchose » ? Une fois de plus, on est coincé.
« Une fois l'objet détruit, le fragment d'âme l'est également. En effet, un Horcruxe est l'opposé d'un être humain. La survie du fragment d'âme enfermé dans l'objet ensorcelé dépend de son contenant alors que même mort, l'âme d'un être humain survit. Un Horcruxe non détruit peut pénétrer à l'intérieur d'une personne et en sortir à sa guise si cette personne entre en résonance émotionnelle avec celui-ci. »
« Ça explique ce qui est arrivé à Ginny. »
Harry émerge enfin. Ses yeux sont à nouveau normaux même s'il a l'air au bout du rouleau. Hermione lui défait ses liens d'un coup de baguette. Puis il continu :
« Elle n'était plus elle-même, vous vous souvenez ? »
Je m'en souvenais très bien même. Je revois ma sœur au bord de la falaise, un sourire démoniaque au visage.
« Harry, fait Hermione, tu nous as dit une fois que tu voyais des objets pendant tes crises, n'est-ce pas ? je pense qu'il est juste de dire qu'il s'agit d'Horcruxes que tu-sais-qui a créé. Le journal était l'un d'eux. »
« Et on l'a détruit ! je m'exclame me rappelant brusquement ce détail. Le feu peu détruire les Horcruxes ! »
« Pas le feu exactement, mais le Feudeymon. Un sortilège aussi dangereux qu'instable. Il faudrait un lieu clôt et sécurisé pour l'utiliser. »
« Bah de toute manière on a aucune idée d'où sont les autre. »
« Mais Harry le sais, n'est-ce pas Harry ? »
On se tourne tous les deux vers lui, le regard plein d'espoir.
« Je… commence Harry. oui je vois des objets mais c'est assez flou. Enfin il y en a deux que… »
Hermione lui tend un parchemin vierge ainsi que sa plume. Pendant cinq minutes on n'entend plus qu'Harry qui gratte le papier. Quand il relève la tête il y deux dessins.
« Ça je ne sais pas trop ce que c'est, explique Harry en nous désignant le premier. »
« On dirait une boite… ou un gros médaillon… murmure Hermione. je me demande ce que veut dire ce « S ». »
« Je le vois toujours dans une vitrine, fait Harry. Dans une vieille maison que je connais bin en plus, c'est pour ça qu'au début je pensais que c'était juste des rêves. Elle était juste en face de celle de ma première famille d'accueil. «
« Tu t'en souviens assez pour nous y emmener ? demande Hermione. »
« Je pense. »
« Et le deuxième dessin ? je demande. On dirait une bague, non ? »
« Oui, avec une pierre rectangulaire, acquiesce mon meilleur ami. Mais elle, je l'ai vu en vrai aussi. Dumbledor l'a portait au doigt. »
Je vois au visage d'Hermione qu'elle est estomaquée. Elle n'est pas la seul, moi-même je suis sans voix. Dumbledor savait pour les Horcruxes, il cherchait à les détruire lui aussi. Seulement, il est mort avant d'achever son but. Est-ce ce que nous attend aussi ?
« Où est-il enterré ? demande brusquement Hermione. »
« Tu ne crois quand même pas… je commence les yeux rond. »
« Si. C'est sans doute l'endroit le plus sûr pour le cacher. Avec lui. »
« Mon père m'a dit qu'il avait été enterré à Poudlard. Avant que tu-sais-qui en prenne le contrôle. »
Je vois Harry hocher la tête, l'air grave.
« Nous allons en finir, dit-il. Nous allons finir la tâche de Dumbledor. »
En rentrant, on fait un crochet par la Salle-sur-demande pour y déposer Harry dont les yeux semblent briller d'une résolution nouvelle. La carte se trouve être un outil bien utile et qui ne sera pas de trop pour nos prochaines escapes nocturnes.
A notre arrivée, la salle commune est vide. Les tables en bois sombre ont été déserté depuis longtemps, tout comme les canapé de cuir. L'endroit est toujours éclairé de sa lumière verdâtre habituelle. Je ne me suis jamais fait à ce décor austère. Je ne m'y sens pas du tout à ma place. C'est un peu comme un musée : on s'y déplace prudemment et rien ne nous appartient.
Hermione s'arrête en bas de l'escalier. Elle sert dans son poing la petite fiole de Polynectar qu'on a récupérer au passage dans la Salle-sur-demande. Je devine qu'elle la boira à l'instant où elle mettra un pied sur la dernière marche. Et elle redeviendra Ginny. Nous n'avons pas reparlé du baiser. Ni de ce qu'il signifie pour nous. Après ce qui s'est passé cette nuit, j'ai l'impression qu'il s'est écoulé plusieurs siècles depuis.
Je sens qu'Hermione pense exactement à la même chose que moi. Cependant, au lieu de me regarder elle fixe la rampe de l'escalier avec une intensité peu naturelle.
« Hermione ? »
Elle sursaute dans une sorte de glapissement, à la manière d'un chaton effrayé. Je souris nerveusement, mes oreilles me brûlent, mais je me dégonfle pas :
« Par rapport à ce qui s'est passé… »
« Ron…me coupe-t-elle d'une voix presque lasse. »
Son ton désolé m'inquiète. Elle me fait une moue contrite que je ne sais comment interpréter.
« Ron, on ne peut pas. »
Mon sourire s'efface tandis que mon cœur se tord dans ma poitrine. Elle vient de dire exclament ce que je redoutais.
« Oh… Je vois hum… je marmonne. Tu étais désorientée… et triste et sous le choc et… euh… »
Hermione me regarde galérer sans mot dire, le front plissé.
« enfin c'est pas grave, je lâche, tentant de mettre rapidement fin à cette situation aussi embarrassante que douloureuse. Je ne dirais rien et tenterais d'oublier, d'accord ? »
Je commence à faire demi-tour, me préparant mentalement à la douleur qui m'irradiera la poitrine quand je serais seul, allonger sur mon lit, le cœur brisé. Mais Hermione me stoppe dans mon geste d'une main sur l'épaule.
« Ronald, qu'est-ce que tu racontes ? »
Comment ça qu'est-ce que je raconte ? Elle veut tourner la baguette dans la plaie ou quoi ?
« Et bien si tu m'a… euh c'était accidentel. ça ne voulait rien dire. Non ? »
Hermione se plaque une main sur la bouche pour s'empêcher de rire alors que moi mon visage doit être plus pourpre que jamais.
« Accidentel ? fait-elle un de ses sourcils arqués. Tu crois que j'ai trébuché malencontreusement et que je t'ai embrassé par erreur en tombant? »
« Non, que tu l'as fait mais que pour moi tu ne ressens ri… »
« Quoi ?! »
Sa réponse presque violente me surprend. Je la dévisage, décontenancé, alors qu'elle reprend plus doucement :
« Ron, ce n'est pas ça. Dans ma vie il n'y pas grand-chose de certain. Mais, s'il y a une chose dont je suis sûr, ce sont mes sentiments toi. Des sentiments qui vont… bien au-delà du raisonnable… »
Un immense sourire se forme sur mon visage. Cependant il se fane très vite quand Hermione enchaine :
« Mais on ne peut pas Ron. pas ici, pas maintenant… pas avec ce qui se passe en ce moment. Tu as vu ce que Malfoy a fait à cette fille ? demain ça pourrait être moi, ou pire : toi. Mais on aura notre chance tous les deux… après. »
« Tu veux dire… »
« Oui, après la guerre. »
Je baisse les yeux, déçu. Hermione m'attrape le menton pour me forcer à la regarder dans les yeux.
« On va y arriver, Ron. regarde, ce soir on a trouvé la piste des Horcruxes ! Et quand tout ça sera fini on aura tout notre temps pour envisager l'avenir ensemble. Parce que… »
Elle détourne le regard, les joues flamboyantes.
« Parce que mon avenir je ne l'envisage plus sans toi. »
Là, je ferme les yeux. Parce que si je continus à la regarder je vais l'embrasser sans aucun doute.
« Très bien, je finis par accepter, après la guerre. Espérons qu'elle ne s'éternise pas ! »
Hermione rit doucement. J'ouvre les yeux pour m'imprégner de son visage rieur. Qui sais ce qui nous attend dans cette chasse au Horcruxes.
« Tu n'as pas intérêt à mourir, fait Hermione, soudain sérieuse, comme si elle avait lu dans les pensées. »
Elle commence à porter le flacon de Polynectar à sa bouche mais je lui attrape brusquement le poignet. Ce que je vais lui promettre je ne peux pas le dire avec un Serment Inviolable, parce que tout peut arriver. Alors j'oublie mes résolutions, attrape son visage et pose mes lèvres contre les sienne. D'abord surprise, elle répond néanmoins rapidement à mon baiser. J'entends le flacon rouler au sol et sens les mains d'Hermione se lier derrière ma nuque.
Je m'écarte d'elle que pour murmurer contre sa bouche :
« Je ne mourrais pas. C'est promis. »