« Hey Ronnie, tu pourrais pas avancer plus vite ? »

« Ouais, ouais… »

En coinçant ma baguette magique entre ses dents, moi Ron Weasley commençait sérieusement à me demander pourquoi j'avais accepté la mission. Voilà des heures que je rampais à quatre pattes dans cet interminable tunnel boueux. La chaleur y était étouffante, ça sentait les caniveaux, mes muscles souffraient le martyre à chaque malheureux centimètre gagnés, et pour couronner le tout Owen ne cessait de se plaindre. D'ailleurs au départ, Owen ne devait pas venir avec moi, mais il avait encore fait son numéro de charme aux autres et, une fois n'est pas coutume, ça avait fonctionné. Résultat, nous voilà tous les deux à patauger dans la vase. Si des vies n'étaient pas en jeu, j'aurais mille fois préféré danser la valse avec un scrout à pétard !

« On en a encore pour longtemps ? demanda soudain Owen dans un bâillement. »

« Aucune idée, je ne vois pas à plus d'un mètre. Mais si tu trouves que je vais trop lentement, tu n'as qu'à passer devant, ajoutais-je en grommelant. »

« Oh tu me blesses très cher ! Tu sais bien que je ne pourrais pas éclairer le chemin Ronnie… soupira Owen d'une voix faussement dramatique. »

« A oui, c'est vrai, désolé vieux, répondis-je en retenant un rire. »

Owen était comme ça, il trouvait toujours prétexte à plaisanter dans les situations les moins drôle. C'était une des choses que j'appréciais et qui faisait de lui mon meilleur ami. Pourtant aussi bien physiquement que dans nos personnalités nous sommes radicalement différents : je suis roux aux yeux bleu, il est brun noire; je suis maladroit et timide tandis que lui extraverti et confiant. Par contre nous avons la même volonté de vaincre et c'est surement cela qui nous a mener ici.

« C'est Français sont cinglés, des catacombes et maintenant ce tunnel de l'enfer ! Grognais-je en extirpant une fois de plus son pied de la glaise non sans un répugnant bruit de succion. »

« Je suis d'accord avec toi, opina Owen. Pourtant la copine de ton frère dit tous le temps que c'est un endroit charmant mais … Eh ! sa serait pas une trappe ! »

J'avais fait l'erreur de me retourner pour voire où en était Owen, du coup mon l'épaule percuta ladite trappe dans un bruit sourd. Je grimaçai et lâchai un juron qui résonna dans l'obscurité. Quand la douleur s'estompa je posai une main sur l'obstacle devant moi et attrapa la baguette d'entre mes dents de l'autre.

« Oui, c'est bien une trappe, constatais-je. elle n'est pas scellée par la magie je crois, on a du bol ! »

« A mon avis c'est surtout que personne pensait que deux gars serraient assez marteau pour se trainer dans la boue jusqu'ici. »

« Il y juste sur sorte de serrure, soufflais-je en pointant l'extrémité de ma baguette dessus. ça à l'aire rouillé, un bon coup de pied peut-être ? Recule-toi. »

Owen s'exécuta et j'envoyai avec force son pied contre le panneau de bois, la propulsant dans la salle de l'autre côté. Nous nous s'extirpèrent du tunnel avec difficulté. La lumière était aveuglante si bien que je n'avais d'autre choix que de plisser les yeux. L'endroit semblait immense. Le sol était fait d'un marbre blanc éclatant qui contrastait grandement avec nos habits rendus poisseux par notre expédition. Partout autour de nous était exposées de hautes étagères en bois clairs remplis d'ouvrage divers. La pièce était éclairée en partie par les rayons de lune qui filtraient à travers l'immense baie vitré en face, mais surtout par ces lustres en cristal qui pendant au plafond.

« Waouh ! ça c'est ce qu'on appelle une bibliothèque, chuchota Owen. »

Contrairement à Owen, je ne trouvais pas cet endroit à mon goût. C'était trop luxueux, trop grand, trop propre, je ne se sentais pas à ma place. Soudain quelqu'un apparut au bout de l'allée. Par réflexe je sortis ma baguette tandis qu'Owen recula d'un pas. C'était une fille, aux cheveux bruns en bataille qui tenait sous son bras un énorme bouquin. Elle portait une jupe bleue ciel et un chemisier léger assortit. Quand je vis au niveau de sa poitrine un blason représentant deux baguettes croisées qui lançaient trois étoiles chacune, je sus que l'on était au bon endroit.

Pendant que la fille nous fixait sans bouger, Owen se pencha vers moi :

« Je commence à prendre goût à cette mission… Hey salut belle française ! fanfaronna-t-il ensuite en s'approchant d'elle. Qu'est-ce que tu fais hors de ton dortoir si… »

Je vis avec stupeur la fille l'arrêter net dans son laïus en lui mettant d'un geste vif sa baguette sous la gorge. Owen resta soufflé et sa voix mourut dans des murmures incompréhensibles.

« Qui êtes-vous ? Demanda-t-elle d'une voix dure en regardant dans ma direction. Vous n'êtes certainement pas de beauxbâton ! »

Son regard était strict, sévère, ce qui contrastait énormément avec la tenue légère et inoffensive qu'elle portait. Owen n'en menait pas large et n'osait pas bouger d'un pouce. Je n'étais pas mieux, quelque chose en cette fille me clouait étrangement sur place. Mais ce n'était pas le moment de me dégonfler. Si j'étais là c'était pour leur prouver à tous que j'étais capable d'intégrer l'Ordre. Je me devais de venir à bout de cette mission, des vies en dépendaient. J'inspirai profondément et dit :

« Peut importer qui nous sommes, il faut évacuer l'école tout de suite. Une rafle est prévue à l'aube. »

Les yeux de la fille s'agrandirent d'effroi, et sous le choc, sa baguette tomba par terre et roula sur le sol jusqu'à moi.