Chapitre 10 : Le meilleur d'entre nous
Auteur : Filimi
L'univers et personnages appartiennent à messieurs Doyle, Gatiss et Moffat. Petite allusion à un personnage d'Eoin Colfer.
Dernier chapitre. C'est triste, déjà la fin. Mais en même temps c'est achevé ! Bonne lecture !
« Monsieur Watson. Concentrez-vous sur moi. Sur la lumière. Bien, très bien. Maintenant, vous allez essayer d'émerger complètement, d'accord ? »
John ouvrit les yeux. Il était allongé dans un lit, avec Henri Smith qui se tenait au dessus de lui.
« Où on est ? » demanda-t-il d'une voix faible.
« Dans un hôpital. Il doit être quatre heures du matin. »
« Quatre heures de quel jour ? »
« Mais du 1er janvier, voyons. »
Le souvenir de ce qui c'était passé avant, les flammes, les cris, les balles, tout lui revint d'un coup.
« Sherlock ! » balbutia-t-il en se relevant.
« Monsieur Holmes va très bien, enfin pour l'instant. Il est avec Eric Carter plus loin. Mais vous devriez… »
John arracha sa couverture et bondit de son lit –il avait été juste allongé, et il portait les mêmes vêtements qu'avant, sauf le blouson, qu'on lui avait enlevé- et il se dirigea dehors.
« Si votre état de santé vous intéresse, sachez que vous n'avez avalé que peu de fumée, et que vos jours ne sont pas en danger ! » cria Henri.
« Rien à faire de mon état de santé » pensa John, ce qui était un peu paradoxal pour un médecin. « Du moment que je vérifie que Sherlock est bel et bien en vie… Ho… »
Il venait de faire un virage particulièrement serré dans un couloir blanc comme neige et tomba pile devant Sherlock qui s'interrompit en le voyant apparaitre.
« Si tu veux te déclarer et tenter quelque chose, c'est maintenant » souffla la partie humaine dans la tête de Sherlock. « Sinon, tu le regretteras toute ta vie. Sociopathe or not sociopathe ? »
D'un coup John se lança dans les bras du détective.
Sherlock fut crispé au début mais se détendit finalement et rendit l'étreinte. Ils se relâchèrent quelques secondes plus tard. Le détective ressentait une chaleur nouvelle qui lui picotait dans tout le corps –mais une chaleur agréable, pas comme celle qu'il avait dû affronter il y a quelques heures – et enfin se décida à attraper John pour l'embrasser vraiment sur les lèvres. La chaleur se transforma alors en une explosion de bonheur qui l'empêcha de réfléchir. Juste à ressentir, à adorer ce qu'il se passait. La même chose se passa chez John, et quand ils se relâchèrent pour la seconde fois, ils étaient complètement ahuris de plaisir.
« Je suis là aussi » dit alors Eric avec une pointe d'amusement dans sa voix.
« Désolé » dit John, mais ce n'est pas à Eric qu'il parlait. « J'aurais dû te prévenir, enfin te dire avant… »
« Dire quoi ? » rétorqua Sherlock avec son éternel sourire arrogant plaqué au visage. « Je sais tout sur toi, rappelles-toi. C'était évident que ça se termine comme ça. »
« Evident » répéta John avant de s'assoir sur la première chaise qu'il pu trouver.
« Vous feriez mieux d'aller dormir un peu avant l'arrivée des journalistes » prévint Eric. « Ils vont interroger Martha, et vous après. »
« Bonne idée » approuva Sherlock. « John ? John ? » Sherlock dû claquer plusieurs fois des doigts devant le blond pour le faire réagir, qui regardait le vide avec un sourire niais au visage, encore dans son trip les-lèvres-de-Sherlock-ont-un-goût-merveilleux. « On retourne à l'hôtel. On va laisser Eric et Martha tranquilles. »
« Martha…Crew ? Ou est-elle ? » Demanda John en ressortant de sa transe.
« Elle s'est pris une balle dans la jambe, alors elle est encore couchée là-bas ».
John perdit aussitôt son sourire et redevint le docteur Watson.
« Comment ça elle s'est pris une balle ? Vous pouvez m'expliquer ? »
Sherlock soupira de lassitude mais s'assit à côté de son nouveau petit ami pour lui expliquer en le regardant dans les yeux.
« Lorsque nous nous sommes séparés, Martha s'est reçue une balle dans la jambe, de Magnar Heren, mais après nous avons réussi à voler une des jeeps. Il y avait dedans un écran qui permettait de voir à travers les caméras infrarouges qui étaient cachées un peu partout… »
« Je sais, » interrompit John, « je les ai vues aussi. Ensuite ? »
Mais Sherlock s'était coupé net, et brusquement attrapa John par le col pour lui hurler dessus :
« TU SAVAIS QU'IL Y AVAIT DES CAMERAS ? ALORS POURQUOI TU AS MIS LE FEU A LA FORET ? POUR QUE J'AIE ENCORE PLUS DE MAL A TE RETROUVER AVEC TOUTE CETTE CHALEUR THERMIQUE, C'EST CA ? »
John pris peur et se recroquevilla, balbutiant des excuses « je ne savais pas que t'avais une voiture désolé pardon pardon » et enfin Sherlock se calma en respirant un bon coup.
« Enfin bref, je suis arrivé sur l'incendie, et je n'aurais pas pu te retrouver si tu n'avais pas crié mon nom…Je t'ai embarqué dans la voiture –entre temps Eric, qui nous avait vu arriver, il est monté, il était hystérique, le pauvre- et je t'ai amené à l'hôpital et nous voilà ici. Je n'ai pas bougé depuis trois heures. »
« Je ne comprends pas, c'est quoi qui a explosé alors ? Et qu'est devenue la forêt ? » Demanda John en se redressant.
Sherlock et Eric échangèrent un regard.
« Tu te souviens, John, en nous enfuyant, Alexandre Heren nous a foncé dessus ? » commença Eric, tandis que John acquiesçait. « Et bien, ce n'était pas pour nous tuer. »
« Henri Smith a vu l'incendie et a prévenu tout le monde, la police, le gouvernement, les pompiers, mon frère» ajouta Sherlock. « D'ailleurs, Mycroft n'y est pas allé de main morte. Il a envoyé un hélicoptère de la Royal Air Force alors que le véritable incendie ne s'était pas encore déclenché. »
« Mycroft…Je veux dire ton frère est là ? » coupa John.
« Oui, et dieu merci –si dieu existe-, je ne l'ai pas encore croisé » répondit Sherlock avec une grimace. « Enfin, je suppose qu'Alexandre Heren a vu l'hélicoptère et a compris que c'était fini pour lui. Qu'il passerait la fin de sa vie en prison. Alors il a préféré se suicider. »
Il fut 10 secondes à John pour comprendre l'horreur de la situation.
« Quoi ? Il a fait exprès de… »
« Se jeter dans les flammes. » termina Eric. « Je n'y croyais pas non plus, d'après Sherlock, ils avaient tous des revolvers, et il était si simple de se tirer une balle…mais c'était un fou, peut-être le plus des trois, et il a voulu emporter le plus de monde possible avec lui…»
« En vain. Ce n'était pas mal, comme idée. En effet, poudre à canon, essence, feu, c'était rapide et intelligent, mais ça n'a pas marché. » Conclut Sherlock d'un ton calme. « Quand au dernier frère, il a préféré fuir en jeep, malheureusement il m'a croisé alors que je faisais le chemin inverse pour vous récupérer. Je lui ai tiré des balles dans les pneus, et il a dû continuer à pied, mais les agents de Mycroft l'ont capturé à sa sortie des bois. »
John dû s'appuyer contre le mur. C'en était trop. Il lui fallait plus de repos pour tout digérer, ou alors il allait ne pas réussir à tenir le coup.
« Je vais voir comment va Martha » murmura-t-il.
Il les quitta pour la salle d'en face. Sherlock le regarda partir puis déclara :
« Il est encore sous le choc de ce qu'il c'est passé. Et vous aussi, Eric. C'est compréhensible. »
Il hésita, puis ajouta de façon goguenarde :
« Enfin, c'est ce que dirai quelqu'un de normal, je suppose. »
« Et que dirai quelqu'un comme vous ? » rétorqua Eric.
« Je dirai qu'embrasser John fut une expérience merveilleuse, et que j'ai hâte de recommencer. »
Eric Carter leva les yeux aux ciels « épuisant, celui-là » tandis que Sherlock, toujours souriant, aperçut une silhouette au bout du couloir. Une silhouette un peu ronde. Qui fonçait vers lui. Le parapluie levé.
« SHERLOCK HOLMES ! »
Ledit Sherlock se sentait très humain, à West. Il avait ressenti l'anxiété, la rage, la peur, le soulagement, mais ce fut là une vraie terreur qui s'empara de lui en voyant son frère chargeant vers lui, tel un boulet de canon. Sherlock voulu s'enfuir de l'autre côté mais Henri lui barrait le passage –c'était son employeur, vous comprenez, il ne pouvait pas le trahir- alors il décampa dans la chambre de Martha Crew.
Il se cacha derrière John « quoi, qu'est-ce qui se passe Sherlock ? » « Un tyrannosaure ! » « Un quoi ? » quand Mycroft Holmes pénétra dans la pièce, les yeux flamboyants de colère.
« Bonjour madame » dit-il avec un ton courtois, puis se tournant vers Sherlock « POURQUOI FAUT-IL QUE JE ME TUE D'INQUIETUDE CHAQUE JOUR ? JE VAIS T'APPRENDRE CE QUE C'EST LE GOUVERNEMENT ET TU NE VAS PAS Y RECHAPPE… »
Sherlock crut, en voyant Mycroft, la bouche ouverte sans finir sa phrase, le parapluie brandit comme pour le frapper, qu'il était devenu aphone, mais c'était trop demandé. Mycroft venait juste de voir que la main du docteur était dans celle de son frère –et ça le rendait muet. Mais vite un sourire narquois naquit sur son visage et il déclara :
« Voyez-vous ça…. Toutes mes félicitations. » Il adressa un splendide sourire à Sherlock. « Je vais vous laisser, dans ce cas. Bravo John. Sherlock. »
Il rabaissa son arme improvisée et ressortit calmement.
Sherlock recula et s'assit sur le lit de Martha. La tempête les avait sonnés.
« Cet homme…Il est un peu atteint, non ? » intervint alors Martha, qui oubliait d'être en colère tellement qu'elle n'en revenait pas.
« Il n'est pas le seul dans sa famille » assura John, ce qui lui valu un regard fusillant de Sherlock.
« D'ailleurs, Sherlock…Un tyrannosaure…Un sursaut dans tes archives, peut-être ? »
« John… »
« C'était en tout cas si courageux de ta part de te planquer derrière moi… »
« John… »
« On peut remarquer en passant que les cordes vocales des frères Holmes s'accordent parfaitement quand il s'agit de crier… »
« JOHN ! »
Ce qui acheva de faire rire John.
« VOUS ALLEZ SORTIR DE MA CHAMBRE, MAINTENANT ? J'AI BESOIN DE RÉPIT ! »
Tous étaient au bord de la crise de nerfs, même Sherlock. Les deux amoureux –amoureux certes mais à bout- décidèrent alors de revenir à l'hôtel immédiatement. Ils ne virent pas la jeune femme qui était sensée les accueillir –sûrement fêtant la nouvelle année ou faisant autre chose futile- mais ça ne gêna pas le moins du monde Sherlock qui força la serrure de leur chambre.
Ils se couchèrent en prenant à peine le temps avant d'enlever leurs vestes et se roulèrent dans les draps, pelotonnés l'un contre l'autre. Ils s'endormirent immédiatement.
La mer de flammes devant lui l'empêchait de s'échapper. Il entendait Sherlock l'appeler, mais il ne pouvait pas répondre, la gorge nouée par la peur. Les jeeps tournaient dans le ciel rouge et une balle claqua dans l'air brûlant. Eric la reçue dans la tête, Martha n'était plus qu'un cadavre calciné, et la voix de Sherlock se faisait de plus en plus lointaine…
« Sherlock ! »
« Je suis là » répondit-il.
Sherlock était assis, le dos contre le mur, et John à moitié relevé sur les jambes étendues du détective.
« Tu peux enlever ton coude de ma cuisse ? Ca fait mal. »
« Désolé… »
John se redressa complètement et fit face à Sherlock. Il faisait noir dans la chambre, mais c'était parce que les volets étaient fermés. Des sons de voitures, d'agitation provenaient de l'extérieur.
« Ca fait déjà la troisième fois » remarqua le détective.
« Je n'y peux rien…Comment peux-tu le supporter, toi ? Comment peux-tu dormir tranquillement sans avoir l'impression d'être en danger continuellement ? » John était impressionné par le moral d'acier de Sherlock, aussi il tomba de bien haut quand il entendit de son compagnon : « Je n'y arrive pas. C'est pourquoi je ne dors pas. »
Sherlock se leva brusquement pour faire les cent pas devant le lit. Et il expliqua au médecin, sans cesser de marcher, qu'il avait abattu Magnar Heren alors qu'il y était obligé. Et que c'était plus que gênant car il n'arrivait à effacer l'évènement, alors que d'habitude il pouvait oublier n'importe quoi.
« Je n'arrête pas de le voir dans ma tête. C'est assez déconcertant. Tu as une idée du pourquoi ? »
John fit les gros yeux.
« Mais c'est terrible, ça, Sherlock. Pour une fois, tu as une réaction parfaitement normale et des sentiments compréhensibles. En gros, tu deviens humain. »
Sherlock eu une moue horrifiée et s'enferma dans la salle de bain pour pleurer son malheur.
Il ne resta pas longtemps, car John l'obligea à sortir pour aller manger. Il était 10 heures du matin et le médecin, malgré son épuisement et son mental en alerte incessante, mourait de faim.
John sut que c'était stupide, mais il leva quand même la tête dehors pour vérifier que le ciel n'était pas écarlate. Il était couvert de nuages gris et le tonnerre commençait à gronder.
Une foule de gens se pressait autour d'eux, des journalistes – de la télévision, de la presse ou de la radio-, des personnes hautes placées des villages voisins, des amis et famille des habitants, des curieux, des policiers, des enquêteurs. Tous venus pour entendre le récit morbide que délivreront Martha Crew et Eric Carter. John et Sherlock se dépêchèrent d'aller dans le premier restaurant accessible –ouvert et prêt, c'était normal, il fallait accueillir tout ce beau monde- et ils s'assirent dans un coin pour manger. Ils ne parlaient pas beaucoup, préoccupés chacun par leurs cauchemars respectifs, lorsqu'un homme s'assit à leur table avec un grand sourire.
« Lestrade ! » John lui serra la main vigoureusement, heureux de cette surprise. « Que faites-vous ici ? »
« Dès que j'ai appris que vous étiez ici, j'ai demandé à m'occuper de cette affaire. Je suis arrivé il y a une heure, avec Anderson et Donovan, que j'ai obligé à amener. J'ai immédiatement interrogé madame Crew et monsieur Carter avec eux. Ensuite on a récupéré ça. Tenez, c'est à vous, je crois. »
Il leur donna leurs portables, portefeuilles et autres objets qui appartenaient aux deux hommes. Il leur expliqua que des unités sur place, celles qui avaient capturés Evan Heren, avaient aussi fouillées la résidence des frères, et avaient trouvés des objets prêts à être incinérés.
« Ils avaient une immense cheminée chez eux » précisa Lestrade. « On en est pas sûr, mais on pense que les corps et preuves de la culpabilité des trois frères terminaient détruites au feu. »
«Ca expliquerait le peu d'hésitation d'Alexandre Heren à se jeter dans les flammes. » remarqua Sherlock. « John ? Calme-toi. Craquer maintenant ferait attirer l'attention des gens autour. »
John enleva les mains de son visage. Tout cela lui avait rendu malade, blanc, tremblant.
« Il faut qu'on rentre à Baker Street » dit-il.
Besoin de rentrer chez soi, avec Sherlock, de s'éloigner au possible de cet enfer.
« On paye l'hôtel, ramasse nos affaires dans la chambre et on s'en va. Sherlock ? »
« Très bien. »
« Attendez ! » Lestrade s'était levé en même temps qu'eux. « Je vous connais, j'imagine –j'essaye d'imaginer- dans quel état vous êtes, je ne vais pas vous interroger maintenant. Mais je veux quand même vous avoir au poste de police, disons après-demain. Les versions de Crew et Carter concordent, mais ils ne disent pas tout, et j'ai besoin de votre avis. C'est bien, comme délai ? »
« Génial, » répondit John sans enthousiasme. « A après-demain. »
Ils quittèrent le restaurant ensemble et se séparèrent, l'un pour affronter les journalistes, les deux autres pour prévenir Henri Smith de leur départ précipité. C'était encore lui qui les ramènerait, encore sous ordre de Mycroft. Mais lorsqu'ils atteignirent tous les trois la voiture, bagages en main, deux personne étaient devant le véhicule.
« Vous nous lâchez comme ça ? » demanda Eric Carter.
Martha, quand à elle, fusillait du regard Sherlock, les mains crispées sur son fauteuil roulant.
« Désolé, mais il faut vraiment qu'on y aille. Je pense qu'on se reverra…Au tribunal, sûrement. » Répondit John. « Vous avez réussi à échapper aux journalistes ? »
« Comme vous le voyez. On voulait vous dire au revoir. »
« Malgré les circonstances, nous avons été ravis de vous rencontrer. »
« Et merci de nous avoir sauvé la vie » cracha Martha. « Vous pouvez compter sur nous…Pour quoi que ce soit. »
Sherlock était de plus en plus ennuyé de cette attitude d'adieux larmoyants. « Mais qu'on parte enfin ! » pensa-t-il. Mais il ne pouvait s'empêcher de s'étonner du comportement de la maire.
« Martha, que vous arrive-t-il ? Vous êtes en vie, votre blessure n'est pas si grave, votre nouveau petit ami s'occupe bien de vous… »
« Petit ami ? » répéta John.
Nouveau sourire de Sherlock. Le détective consultant ne cessait jamais de travailler.
« Eric, vous avez une bague en or au doigt, bague que vous n'aviez pas avant, même la première fois où on s'est rencontré. De cette distance je peux voir qu'il est écrit quelque chose, sûrement une inscription amoureuse. Elle est neuve, mais vous n'avez pas pu l'acheter entre l'hôpital et maintenant, vous n'auriez pas eu le temps. Donc, vous l'avez acheté il y a longtemps, mais vous n'avez jamais osé l'offrir, et vous en avez pris soin en attendant. Après les derniers évènements, vous avez dû décider de vous déclarer, vous avez demandé Martha en mariage et elle a accepté. Je le sais parce que petit un elle vous a embrassé –pour ses interviews, elle a dû bien se présenter, et mettre entre autres choses du rouge à lèvre, dont vous avez une trace sur la bouche- et petit deux vous avez la bague sur vous –elle voulait éviter des questions embarrassantes de ses collègues et elle vous a demandé de la garder pendant un temps. Si elle avait refusé, vous l'auriez jeté. »
« Parfaite déduction et parfaitement vrai » reconnu Eric. « Je me suis dit qu'il fallait que je tente quelque chose. Pour retenir au moins un bon souvenir de ce 1er janvier. »
Sherlock se dit que c'était exactement la même chose qu'il lui avait traversé l'esprit des heures plus tôt, et cela ne le gêna pas. Martha Crew toussota.
« Holmes, pouvons-nous nous parler en privé ? Ca ne durera pas longtemps. »
Sherlock prit le fauteuil et partit avec la maire un peu plus loin.
« D'abord, il faut que vous sachiez qu'Eric et moi n'avons pas tout dit à la police » commença Martha. « Je vous serai éternellement reconnaissante de m'avoir sauvé la vie, et je ne voudrais pas que vous finissiez en prison pour meurtre. »
« Pour ça, je m'en occupe » dit Sherlock. « Mais ça va vous attirer des ennuis, ce silence. »
« Quels ennuis pires que cette chasse je pourrai avoir ? » ricana Martha.
Sherlock sonda Martha de ses yeux gris, tentant de comprendre.
« Ce n'est pas pour ça que vous êtes en colère. »
« Je ne suis pas en colère, mais lucide. Vous savez ce que m'a dit Magnar Heren avant de mourir ?»
« Je ne pouvait pas entendre. »
« Il m'a dit que ce qui poussait ses frères et lui à chasser des hommes, c'était l'ennui. Que c'était un passe-temps idéal pour lutter contre ça. Et plus tard, quand on m'a interrogé, j'ai discuté avec une certaine Donovan. Il parait que vous aussi, vous vous ennuyez. Que vous adorez les assassinats, les affaires macabres, et que sans ça, vous devenez dangereux. »
« Donovan ne m'a jamais apprécié » rétorqua Sherlock.
« Selon elle, peu de gens vous apprécient » riposta Martha. « Je ne vous menace en rien. Je raconterai aux juges ce que vous me demanderez de raconter. Mais si un jour vous êtes suspecté de quoi que ce soit, je n'omettrai pas de dire la vérité, cette fois. »
Sherlock monta dans le taxi avec un dernier adieu au nouveau couple. Cela semblait incroyable, mais il était blessé. Et énervé. Tandis que John s'installait à côté de lui, il essaya de d'interpréter ce nouveau sentiment.
Il considérait Martha Crew, après l'avoir sauvé, pas comme une amie, mais comme une camarade. Un peu comme Lestrade, ou Madame Hudson. Ils avaient partagé les mêmes peurs, les mêmes soulagements, alors que signifiait son attitude ?
« Sherlock ? »
« Quoi ? »
« Tout va bien ? Tu as l'air agacé. »
« C'est West, ce village me rend décidément beaucoup trop humain. La chasse m'a provoqué des émotions dont je n'en ai ni le temps ni l'envie de ressentir. Sauf mon plaisir d'être avec toi, bien entendu. Enfin, j'ai hâte d'être à Londres. Si tu veux dormir pendant le trajet, tu peux t'allonger sur moi, si tu veux. »
« Ah ? Hum, merci… »
Sherlock regarda par la fenêtre Eric Carter leur faire un dernier signe, et Martha le regarder partir avec méfiance. Et il comprit d'un coup. C'était évident. Martha Crew le prenait pour quelqu'un qui pouvait basculer de l'autre côté, d'un moment à l'autre. Elle ne le considérait pas comme quelqu'un de bien. La preuve, elle l'avait comparé à Magnar Heren.
Cette constatation l'agaça au plus haut point. D'habitude, il se fichait du regard des autres, mais là il s'agissait du regard d'une camarade. Et il n'aimait pas être comparé à des meurtriers c'était lui le détective, pas l'assassin ! Enfin, il lui avait sauvé la vie ! C'était vrai qu'il s'ennuyait souvent, mais il ne tuait pas pour se divertir. Il ne faisait pas souffrir les autres comme ça gratuitement…
Quoi que.
Une phrase lui revint, qui venait de John. C'était la fois où il avait rencontré Jim Moriarty à l'hôpital, qui se faisait passer pour le petit ami de Molly. Sherlock avait dit à Molly que Jim était gay –il se demanda distraitement si c'était vrai, maintenant qu'il le connaissait mieux, si on peut dire ça comme ça, puis se jura de lui demander un jour- bref, et il avait fait pleurer Molly. Là John lui avait dit « Gentil ? Non, non, ce que tu as fait Sherlock, ça n'était pas gentil. » Il y avait aussi toutes les fois où il avait rabaissé les gens autour de lui, et les fois où il envoyé John balader ou laissé tombé, qui devaient être des moments exaspérants pour le principal concerné.
Alors quoi ? Il était plus intelligent que les autres, il fallait bien qu'il s'amuse un peu. C'est aussi vrai que ça lui procure un plaisir malsain à se prouver supérieur. Mais peut-être que les Heren aussi cherchaient aussi à s'amuser. Simplement.
« Ha non, ce n'est pas possible » pensa Sherlock, tandis que John s'allongeait sur ses genoux.
« Tous les gens qui sont plus intelligents que la moyenne ne sont pas que des êtres sociopathes et abjects, si ? Jim Moriarty est brillant, par exemple et…Et il joue avec des bombes. Heu…»
Sherlock détestait avoir à donner des compliments à qui que ce soit, surtout à son frère, mais il devait accorder que Mycroft était brillant.
« Lui n'est pas si antipathique que ça…Mais il contrôle tout de même le gouvernement…Comme il l'entend. Ce n'est pas vrai ! »
Sherlock venait de réaliser que la petite sphère des génies était aussi celle des gens à éviter le plus. Et il se rendait compte aussi que ça le concernait directement. Ca ne le perturbait pas trop, mais l'intéressait. « Je devrais créer une théorie sur le sujet. Comme quoi, plus l'intelligence est élevée, plus la méchanceté l'est aussi.* Mais il n'y a donc personne de bien, dans ce monde ?»
Un mouvement de John, qui se recalait mieux contre lui, le fit baisser les yeux. Inconsciemment, il tournait les mèches de cheveux du médecin –à qui d'après son sourire lui faisait plaisir.
« John » pensa Sherlock.
Il était arrivé dans cette sphère, un peu sans faire exprès, attiré par Sherlock. Il avait affronté chacun de ces génies, sans jamais, même une fois, se perdre –dans le sens où il est toujours resté lui-même. Alors que pour eux, la frontière entre le mal et le bien est floue et vague, John parvenait à discerner la différence. Pas comme si le mal et le bien étaient deux notions bien distinctes, mais John savait toujours faire le bon choix. Dans le bon sens du terme.
« Oui, » pensa Sherlock. « John n'est pas étincelant d'intelligence mais il est plus important que n'importe qui d'autre. John est le meilleur d'entre nous. »
Le meilleur d'entre eux se réveilla un peu plus tard, ouvrant les yeux sur un détective qui le fixait en souriant.
«Je crois que je suis amoureux de toi » dit Sherlock.
Cette déclaration, tellement sincère et inattendue, fit John décider que ce nouvel an était finalement un des meilleurs de sa vie.
« Je crois que moi aussi » répondit-t-il.
Il se rassit normalement, embrassa Sherlock et s'étira un peu.
« Tu sais ce qui m'étonne ? »
« Evidemment, je sais tout de toi, ce qui t'étonnes, c'est que… »
« Non, laisse-moi parler. Ce qui m'étonne, c'est que tu aies autant de gestes d'affection, de gestes sans hésitation, alors qu'on vient à peine de se mettre ensemble. Je pensais que tu étais… »
« Quoi ? Que je n'y connaissais rien en amour? » Rétorqua Sherlock d'un ton indigné. « Je ne suis pas un inculte dans ce domaine, John. Tu n'es pas le premier avec qui je sors…Même si tu es le premier que j'aime vraiment. »
« Et merde » pensa-t-il au même moment. John ne pouvait pas passer à côté. John ne passa pas à côté. Il lui attrapa la main et lui répéta inlassablement :
« Allez, dis-moi avec qui t'es sorti, dis-le, dis-le, dis-le, dis… »
« STOP ! D'accord, je suis sorti avec un type il y a longtemps, juste pour voir si ça marchait, ça ne l'a pas fait, c'est fini et on ne s'est jamais revu. Fin de l'histoire. »
John eu alors un doute énorme.
« Ca n'était quand même pas Moriarty ? »
« Mais non ! » Sherlock hésita, puis ajouta « il s'appelait Artemis.** »
« Et pourquoi ça n'a pas marché ? »
Sherlock haussa les épaules.
« On n'avait pas les mêmes buts. Et puis, il croyait aux fées. A 17 ans, quand même. On n'arrêtait pas de s'engueuler à cause de ça. »
«Je vois » dit John, se disant sincèrement, que s'il avait un jour un voyage à faire dans le passé, il irait voir Sherlock à l'adolescence. Ca devait être quelque chose.
John sentit son portable vibrer. Il l'alluma et découvrit plein de messages de Lestrade « Où que vous soyez, bon nouvel an » sa sœur « Joyeux nouvel an ! » de Sarah « Joyeux nouvel an, j'espère ne plus jamais te recroiser » et de Mycroft « Bon nouvel an ! » D'autres messages de Mycroft qui montrait sa panique la nuit fatidique « John, où êtes-vous ? Sherlock va bien ? Répondez-moi ! » Un autre qui a été envoyé plus tard « John, bravo. Vous êtes le seul qui ait réussi à faire craquer mon frère. » Et enfin un dernier message de sa part envoyé il y a une minute « Oubliez l'ancien message. Henri Smith écoute votre conversation et m'en renvoi les paroles. Comment ça, mon frère est sorti avec quelqu'un auparavant ? Il ne me l'a toujours caché ! Normal, me direz-vous, mais bon, c'est vraiment exaspérant ! Bientôt je vais découvrir quoi ? Enfin, si jamais vous avez de nouvelles informations sur cette prétendue liaison…Ce serai gentil de m'en informer. »
« Qu'est-ce qui te fait sourire ? »
« Ton frère. Henri, vous pourriez arrêter de retranscrire nos paroles ? »
« Bien sûr, monsieur Watson. Je vais lui dire que vous vous êtes endormis. »
« Merci. Sherlock, tu as eu des messages ?»
« Je vais voir…mais ça m'étonnerait. »
Le détective sortit son portable : il avait eu trois messages.
«Un de Mycroft, qui souhaite un bon nouvel an…Lestrade pareil…Et… »
Sherlock s'interrompit. Message de sa Némésis. « Sherlock, c'est tant pis pour toi. Je vais devoir mettre mes menaces à exécution. »
« John, tu tiens au Big Ben ? »
« Pardon ? »
« La grande tour, là, qui donne les heures… »
John se dit qu'à part lui, n'importe quel citoyen londonien, en entendant cette description du Big Ben, casserait le nez à Sherlock, mais répondit tout de même :
« Et bien, j'adore Londres, et Londres sans le Big Ben c'est un peu comme…Moriarty sans son costume Westwood. Ca ne fonctionnerait pas. Tu vois ? »
« Non. Tu aimes bien Moriarty ? »
« Jamais de la vie ! » s'emporta John, « d'ailleurs, si jamais je le retrouve, je le fait exploser avec ses bombes, et avec ses contacts. »
Sherlock se jura d'effacer son historique des messages.
« Enfin, ce que je veux dire, c'est que oui, je tiens au Big Ben. Et toi ? »
« Ho, ce n'est qu'un repère pratique dans le plan de Londres que j'ai appris…Henri ? Vous pourriez faire quelque chose pour nous ? Ralentissez et prenez-nous en photo. »
Henri attrapa le portable tendu et prit un cliché où on pouvait voir Sherlock embrassant passionnément un John plutôt étonné mais où on ne doutait pas de son bonheur.
A Londres, un jeune homme en pyjama bleu à pois*** tentait de se mettre debout.
Il s'appuya de toutes ses forces contre le matelas, et réussi à se mettre assis. Bien. Il plaça ses jambes sur le parquet et lentement se releva. Il tituba un instant, sans équilibre, prêt à chuter en arrière mais se retint avec le bureau en face de lui. Jim Moriarty était fiévreux, épuisé, énervé, car quand on est un génie et qu'on est malade, c'est la catastrophe à chaque fois.
« Bien, avec un peu de chance, je vais arriver jusqu'à la cuisine » pensa-t-il.
Heureusement que c'était ses agents qui s'occupaient de placer la bombe au Big Ben, parce lui actuellement, en serait plus qu'incapable.
Il commençait à espérer qu'il aurait la force d'aller jusqu'à la cuisine quand il reçut un message de Sherlock. Une photo. Lui en train d'embrasser John.
Il y eu un jaillissement de sang du nez de Jim qui dut mettre son bras sur son visage pour empêcher de trop saigner. Et oui, Jim faisait un fantasme secret sur ses deux pires ennemis. Et pour bien l'achever, Sherlock avait envoyé une question « Tu es gay ou pas, finalement ? ».
Sherlock reçut la réponse une minute après : « Maintenant, oui. » Ce qui lui fit rire. John avait la tête contre son épaule, Londres était en vue, Jim Moriarty est de bonne humeur. Cette année commençait bien.
* Comme quoi, plus l'intelligence est élevée, plus la méchanceté l'est aussi. Parfaitement faux et pour prendre un peu des exemples d'extérieur à la série, je donnerai comme exemple Albus Dumbledore ou Doctor Who.
** il s'appelait Artemis. Référence directe à Artemis Fowl. Mettons-nous d'accord : jamais, au grand jamais les deux auraient pu se rencontrer, les univers étaient différents et Artemis habitant en Irlande. Mais pour ceux qui connaissent un peu le personnage, je pense serait d'accord avec moi que si les deux génies se rencontraient, il ne se passerait pas rien entre eux !
*** le pyjama bleu à pois n'est pas un délire, il est inspiré directement d'une photo sur google où nous voyons nos deux acteurs préféré en pyjamas.
C'est terminé pour cette histoire ! Un gros, gros merci à tous ceux qui m'ont fait des reviews, car je ne sais pas si j'aurais continué l'histoire sans. Ce n'était qu'une idée de scénario…Qui s'est achevé grâce à votre soutien ! A la prochaine !