Note de l'auteur :

Les dialogues en italique sont en fourchelangue.

Les dialogues en gras sont dans une langue différente de l'anglais.

Les dialogues entre " sont des discussions mentales.


Chapitre 1 :

Harry sortit en claquant la porte. Hermione et Ron, ses deux meilleurs amis, échangèrent un regard consterné avant de sortir à leur tour du cachot où avait lieu leur cours de potion, bien que celui-ci ne soit pas terminé. Rogue en avait fait trop une fois de plus. Cependant, les deux adolescents eurent beau le chercher ils le retrouvèrent pas : les deux secondes de réflexion durant lesquelles ils s'étaient demandés s'il ne fallait pas mieux le laisser seul les avaient empêchés de voir quelle direction le jeune homme avait prise.

- Zut, ronchonna Ron, on l'a encore perdu. Viens, on va voir s'il a pris la carte des Maraudeurs.

- Je ne crois pas que ça fasse une grande différence.

Ils montèrent dans la tour des gryffondors, dans le dortoir des garçons, et dénichèrent la carte dans la valise vide de Harry.
- Comme d'hab' : il n'est nulle part, soupira le rouquin en se massant le front d'un geste exaspéré.

Depuis quelques jours, Hermione et Ron ne voyaient plus beaucoup leur ami. Il disparaissait en un instant et restait introuvable jusqu'au dîner où il était la plupart du temps si fatigué qu'il ne leur parlait pas.

Hermione soupçonnait le garçon de pratiquer la magie à très haut niveau quelque part dans le château, dans un endroit où personne ne pourrait le déranger, pas même eux. Elle sentait qu'il changeait tout au fond de lui depuis la mort de Sirius : il était plus secret, beaucoup moins bavard et joyeux. De plus, il passait son temps libre – lorsqu'il ne s'évanouissait pas dans la nature - à travailler à la bibliothèque ou à faire des acrobaties plus que dangereuses sur son balai. Elle avait d'abord pensé qu'il se rendait à Salle sur Demande mais non, elle était toujours vide. La gryffondor se posait de plus en plus de questions et Harry le savait, elle en était certaine. Ce qui la désolait et l'inquiétait d'autant plus.


Fulminant intérieurement, Harry se dirigea vers les toilettes des filles du deuxième étage, abandonnées depuis la mort de Mimi Geignarde, et se posta devant les lavabos.

- Ouvre-toi, siffla-t-il en fourchelangue.

Un instant plus tard, une partie de la plomberie bascula et disparut, laissant apparaître l'entrée de la Chambre des Secrets. Harry sauta et glissa jusqu'en bas du tuyau. Sans aucune crainte, il s'avança dans les cavernes et rejoignit la longue salle aux immenses piliers où il avait sauvé Ginny lors de sa seconde année à Poudlard. La pièce n'avait pas beaucoup changé depuis cette époque sinon que le cadavre du Basilic, qu'il avait tué avec l'épée de Gryffondor, s'était décomposé, ne laissant qu'un effrayant squelette. Après avoir passé plusieurs heures assis à le contempler, perdu dans ses pensées, il avait appris à apprécier peu à peu sa présence. Elle était pour lui le signe que Voldemort n'était pas immortel et qu'il pouvait le vaincre.

Il tira sa baguette et, d'un geste, fit apparaître une cible magique, une sorte de pantin désarticulé. Il plaça un sort de retour à l'envoyeur dessus et se prépara. Il ferma un instant les yeux puis les rouvrit brusquement, baguette prête à l'emploi. Il lança un puissant sortilège qui lui fut renvoyé avec la même puissance, voire une un peu supérieure, l'évita et enchaîna immédiatement avec d'autres. Il s'entraînait ainsi à éviter les sorts de grande puissance qui le blesseraient gravement si jamais il se faisait toucher. Cela lui était déjà arrivé de se prendre sa propre attaque et il avait décidé, une fois réveillé d'une inconscience d'une bonne heure, que ça lui permettait de mieux supporter la douleur et d'apprendre à se remettre plus vite de tel ou tel maléfice. Il n'aurait pas le temps de faiblir devant Voldemort, alors il fallait qu'il soit prêt. Et ce n'était pas en cours qu'il allait apprendre quelque chose d'aussi utile, la sécurité des élèves étant bien trop primordiale pour les professeurs.

Après une heure de travail, il s'arrêta et, d'un sortilège, se débarrassa de la sueur qui lui collait à la peau. Plus à l'aise, il fit ensuite apparaître une table où il s'assit pour commencer à rédiger le devoir de métamorphose sur les animagus qu'ils devaient rendre le jour suivant et qu'il n'avait toujours pas commencé. Harry rit silencieusement tout en décrivant avec précision toutes les étapes de la transformation animagus : depuis quelques mois, lui-même pouvait se transformer et le travail ne lui demandait donc pas beaucoup de recherches. Il s'était entraîné seul dans la Chambre et avait finalement réussi, à force de courage et de persévérance, à se transformer en un magnifique serpent presque aussi grand qu'un basilic. C'était en réalité l'une des espèces les plus proches de ce terrible serpent. Personne ne le savait et il aimait garder ce secret. Si sa forme l'avait dans un premier temps perturbée, il devait avouer qu'en raison de son lien avec Voldemort, c'était une transformation assez logique. Et puis, s'il n'appréciait pas les Serpentards, le serpent qui en était l'emblème ne lui posait pas le moindre souci, bien au contraire. Discret, rapide, mortel. Que demander de mieux ?

Suite a cette prouesse magique, il s'était mis à étudier la magie noire avec laquelle il semblait avoir quelques affinités. Au départ, ce n'était que par simple curiosité qu'il avait emprunté des livres sur le sujet à la bibliothèque, puis l'envie d'expérimenter cette magie mal vue l'avait saisi et il s'était résolu à franchir le pas. Étonnement, il apprenait facilement les maléfices et éprouvait une grande satisfaction à chaque fois qu'il en réussissait un. C'était l'effet enivrant des Ténèbres, il en avait conscience, mais il s'estimait assez solide pour ne pas se laisser totalement absorber par ce nouveau pouvoir.


Hermione suivit des yeux la silhouette d'Harry traversant la Grande Salle de sa démarche fluide et silencieuse.

- Ron, Harry arrive, chuchota-t-elle au garçon qui s'empiffrait à côté d'elle.

- Hmf... fut tout ce qu'il put répondre, la bouche pleine de poulet rôti.

Le jeune homme s'assit sans un bruit près d'eux et se servit, un léger sourire aux lèvres. Sentant que son amie l'observait, il leva les yeux.

- Où étais-tu ? demanda Hermione en scrutant son visage.

Elle aurait aimé avoir le don de télépathie pour pouvoir lire dans son esprit et le comprendre. Elle s'inquiétait tellement pour lui.

- En train de faire mon devoir pour McGonagall. Je suis désolé de ne pas vous avoir attendu tout à l'heure, j'étais trop énervé...

Ce n'était pas tout à fait faux après tout. Il y avait tellement de sincérité dans ses paroles que la jeune fille le crut bien malgré elle et son instinct qui lui hurlait que ce n'était qu'une demi-vérité. Ron et Harry discutèrent Quidditch tandis qu'Hermione se plongeait dans ses révisions pour les ASPICs. Ce n'était que le début de l'année, mais avec tous les soucis qu'elle se faisait pour son ami, elle n'avait pas encore eu le temps de travailler sur ses études.


Harry se rendit d'un pas traînant en cours de botanique en compagnie de ses amis. À leur grand étonnement, la salle était plongée dans le noir.

- Lumos !

Le visage du professeur Chourave apparut dans l'ombre, les faisant sursauter.

- Attention où vous mettez les pieds, jeunes gens, vous pourriez vous faire mal.

Elle attendit que tous ses élèves se soient installés pour débuter son cours.

- Nous étudierons aujourd'hui les Noxis Tydumis qui sont des plantes nocturnes très rares. Qui peut me dire quelles sont ces plantes ? Que la personne qui souhaite parler lance un lumos.

Aussitôt la baguette d'Hermione s'illumina.

- Ce sont des plantes qui ressemblent à des roses et qui soignent n'importe quelle blessure instantanément. Malheureusement, une fois en contact avec la lumière du jour, elles se fanent et deviennent inutilisables voire mortelles dans certaines circonstances. On les utilise parfois pour la préparation de potions curatives destinées à de grands blessés mais c'est rare étant donné leur prix.

- Très bien. J'accorde 10 points à Gryffondor pour cette réponse ! Bien, comme nous l'a dit Miss Granger, les Noxis Tydumis sont...

Elle partit dans un long monologue ennuyeux. Harry ne mit pas longtemps avant de décrocher et promena son regard sur les ombres nées la baguette du professeur. Au bout d'une longue minute, il tomba sur deux yeux violets qui brillaient dans le noir d'une flamme intense. Le sorcier se figea, comme hypnotisé, incapable se défaire de l'emprise envoûtante qu'ils avaient sur lui. Soudain, Hermione, qui se trouvait à côté de lui, alluma une fois de plus sa baguette et la braqua sur le visage de son ami.

- Harry ? Qu'est-ce que tu fais ?

- Euh, rien...

- C'est bien cela le problème Mr Potter : vous ne faites rien et surtout vous n'écoutez pas. Vous viendrez en retenue ce soir à vingt heures. Hagrid vous expliquera ce que j'attends de vous.

Harry marmonna dans sa barbe inexistante mais n'écouta pas davantage. Une punition avec Hagrid ? Il aurait pu tomber sur pire. De plus, s'il était avec son professeur de soins aux créatures magiques, il y avait de grandes chances qu'il aille dans la Forêt Interdite et il adorait cet endroit.
Il se tourna de nouveau vers les yeux qui lui avaient fait perdre le fil de ses pensées mais ils avaient disparu. Il fronça les sourcils, intrigué.

- Bizarre, chuchota-t-il sans s'adresser à quelqu'un en particulier.


- Bonsoir Harry ! lança Hagrid en agitant sa main de la taille d'un couvercle de poubelle en apercevant le Gryffondor s'avancer vers lui, les mains dans les poches. Alors, en retenue ?

- Comme vous pouvez le voir. J'ai eu le malheur de ne pas écouter en cours et Chourave n'a pas apprécié. D'habitude, elle n'est pas aussi directe...

- Bon... en tout cas, nous allons dans la Forêt.

- Je m'en doutais, sourit le jeune homme.

- T'as pris ta cape, juste au cas où ?

- Oui, évidemment.

- Il faut trouver des bourgeons de Matsa. C'est rouge, ça ressemble à des framboises et ça pousse au ras du sol dans les zones humides. Tu connais la Forêt comme ta poche...

Hagrid était au courant de toutes ses sorties nocturnes dans ce lieu dangereux car il venait souvent lui rendre visite en partant. Cela ne lui plaisait pas trop, mais il avait abandonné l'idée de l'en dissuader.

- … alors je pense que si nous nous séparions tu pourrais passer plus de la moitié de la nuit bien au chaud sous ta couette.

- Pas de problème.

Les deux amis se séparèrent et Harry se dirigea vers cœur de la forêt. Il faisait froid et le gryffondor se maudit de ne pas avoir pris un pull plus chaud. Il frissonna, non pas à cause de la température qui frôlait les cinq degrés, mais parce qu'il sentit le poids d'un regard sur lui. Il s'arrêta dans une clairière et observa, tous ses sens en alerte, le moindre mouvement de buissons, provoqué ou non par le vent glacé de novembre.

Soudain, au centre d'un rayon de lune, une silhouette se dessina. C'était une jeune fille à la peau bleu marine tirant sur le noir d'obsidienne avec de longs cheveux argentés et de magnifiques yeux... violets ? Harry sut immédiatement que s'étaient ces améthystes qui l'avaient observé en botanique. Elle était vêtue d'une longue robe grise un peu translucide dont le décolleté plongeait jusqu'à son nombril, mettant en valeur sa silhouette élancée et sa taille fine. Des dizaines de fleurs noires parsemaient sa chevelure.

- Mrann d'ssinss.

Harry sentit que la créature s'adressait à lui. Elle s'avança mais lui resta figé sur place, ayant appris qu'il ne faillait surtout pas énerver l'une des créatures de la Forêt Interdite sous peine d'une mort rapide. Celle-ci semblait calme pour l'instant mais cela pouvait vite changer. Elle s'arrêta à quelques centimètres de lui et le sorcier put sentir l'odeur des fleurs qui se trouvaient des ses cheveux. Elle ôta le bracelet incrusté d'améthystes qu'elle portait au poignet et le passa autour de celui d'Harry.

- À bientôt.

Le jeune homme sursauta, surpris qu'elle parle sa langue. La jeune fille réduisit la distance qui les séparait et déposa ses lèvres sur celles de Harry, en un baiser chaste empli de tendresse.

Harry sentit son esprit s'envoler dans le ciel, comme projeté hors de son corps, et se retrouva dans un océan de lumière bleutée. Une porte flottait un peu plus loin, à ce qui semblait être une dizaine de mètres, au milieu du vide.

- Où j'ai bien pu atterrir ? se demanda Harry en regardant aux alentours.

Le gryffondor mit une éternité à atteindre la porte qui semblait s'éloigner au fur et à mesure qu'il avançait. Une fois devant celle-ci, il hésita : que trouverait-il derrière ? Il finit par se décider à l'ouvrir et la passa. De toute manière, il n'y avait que ça à faire.

Harry se retrouva de nouveau dans la Forêt. La créature avait disparu. Il haussa les épaules, se promettant de réfléchir à ce qu'il lui était arrivé plus tard, et reprit la raison de sa venue ici. Il dénicha quelques bourgeons et retourna au château. Il entendit des voix et s'approcha en silence, curieux de savoir qui s'était fait prendre à traîner dehors aussi tard la nuit. Il se figea net de stupeur en apercevant James Potter, son père disparu, et Sirius Black, son parrain décédé deux ans auparavant, ainsi qu'un Rusard rajeunit de vingt années qui pestait contre eux. Il les regarda passer non loin de lui, inconscients de sa présence, totalement choqué.

Le coeur battant et le stress nouant ses entrailles, le Gryffondor tira sa cape d'invisibilité, se rendant totalement invisible aux yeux des autres, et se précipita dans le bureau du directeur dont la porte était ouverte. Celui-ci fut surpris de le voir entrer, complètement essoufflé, dans son bureau à cette heure de la nuit.

- Mr Potter, que puis-je faire pour vous ?

- Professeur, s'il vous plaît, ne me prenez pas pour un fou !

Le vieil homme fronça les sourcils et l'invita d'un geste à continuer.

- Je viens de voir James et Sirius.

Dumbledore haussa un sourcil, visiblement perplexe. Ses yeux semblaient légèrement inquiets.

- James, vous êtes sûr que vous allez bien ?

- Je ne suis pas James !

- Alors qui êtes-vous ? dit-il avec un sourire en coin, persuadé que le garçon se moquait de lui. Le Père Noël. Si oui, je tiens à vous dire que je n'ai pas reçu ma paire de chaussettes.
Le jeune homme se retint de ne pas hurler et serra ses poings si fortement que ses jointures blanchirent. Il était dans une situation critique et lui faisait de l'humour. Ce n'était vraiment pas le moment !

- Je m'appelle Harry Potter, et James Potter est mon père.

Le visage du directeur perdit son sourire et ses couleurs.

- Racontez-moi tout, jeune homme.