Voilà la fin de cette histoire. Merci à Youk pour tes conseils pertinents et ton oeil de lynx. Merci à toutes celles qui prennent le temps de me laisser des commentaires. J'avoue que j'ai toujours hâte de savoir ce que vous en pensez. Vous me faites un bien immense. À plus tard, dans une autre histoire... Miriamme.

Dix-septième partie

Lorsque William arrive chez lui après avoir galopé à bride abattue, trempé de sueurs et pressé de retrouver sa sœur, il laisse les deux chevaux à son palefrenier et s'élance vers la maison. Ne s'arrêtant même pas pour répondre aux interrogations muettes de son intendante, il grimpe les marches au pas de course et rejoint le petit groupe qui se tient devant la porte de la chambre à l'intérieur de laquelle docteur Porter est occupé à soigner le roi.

-William! S'écrie Georgie en se jetant dans les bras de son frère. Dis-moi ce qui s'est passé. Explique-moi pourquoi Ralf est revenu dans cet état.

-Attends! Venez, ne restons pas ici! Passons à côté, entrez dans le petit boudoir qu'il y a entre cette chambre et la suivante. Leur propose William en ouvrant la marche. Nous pourrons parler plus librement ici.

Après avoir refermé la porte du boudoir après que le petit groupe y soit entré, William se rend vers la porte intérieure qui mène à la chambre occupée par le médecin et son patient et frappe deux petits coups secs avant de l'ouvrir : Docteur, venez nous voir ici dès que vous en aurez terminé avec Ralf! Chuchote William au vieux médecin.

Après avoir délicatement refermé la porte, il se tourne vers sa sœur et reprend son récit : Georgie, je peux très bien t'expliquer comment c'est arrivé, mais la raison, je ne la connais pas plus que toi! J'ignore totalement pourquoi Ralf est entré dans la maison des révolutionnaires pour aller sortir le fils d'Anna du brasier.

-Vous l'avez laissé faire? Ne peut se retenir de demander Jane.

-Bien sûr que non Jane! Une minute plus tôt, il avait convenu comme moi que le garçon ne pouvait pas survivre à ça! Ensuite, je ne l'ai pas vu entrer dans la maison. Lorsque l'un de ses hommes est venu me prévenir de ce qu'il avait fait, je me suis immédiatement préparé à entrer moi-même dans la maison pour aller le chercher.

-William! Rétorque sa sœur les yeux toujours écarquillés d'horreur et la bouche grande ouverte.

-Et je l'aurais fait! Mais je n'ai pas eu le temps puisque Ralf est réapparu devant moi, portant le corps inanimé du petit dans ses bras.

-Il avait peut être entendu l'enfant crier à l'intérieur! Suggère Charles.

-Avec le vacarme qu'il y avait tout autour? C'est fort peu probable! Lui répond William.

-Où est l'enfant maintenant? Demande Georgie.

-Et Anna? Le questionne Jane.

-Ils sont en route avec le reste de la cavalerie. Mais… il faut que vous sachiez… William fait une pause, autant pour mesurer ses paroles que pour tenter de contrôler l'émotion qui menace de le submerger. Nous avons découvert là-bas… avec certitude que… Anna était de mèche avec les révolutionnaires!

-Quoi? S'écrie Jane, choquée.

Impossible, voyons! S'exclame Georgie horrifiée.

Se levant pour aller mettre son bras sur le bord du foyer, William couvre sa bouche de son poing fermé avant de le retirer pour poursuivre : Je l'ai vue moi-même discuter avec eux! Blaguer même!

Un long silence règne pendant lequel chacun est perdu dans ses pensées. William est le premier à se ressaisir.

-Nous étions tous trop bien disposés à son égard, je crois. Je comprends maintenant que c'était justement parce qu'elle ressemble tant à Élisabeth que tout ça est arrivé! C'est précisément sur cela que nos ennemis comptaient.

-Elle aurait donc réellement assassiné son mari? S'enquit Charles en redressant la tête qu'il avait gardée penchée dans ses deux mains jusque là.

-Oui! Ici, même dans sa chambre! Juste avant de voler l'un de mes chevaux et d'aller rejoindre nos ennemis.

-Non! William… Je refuse de croire ça! Tu dois te tromper! Explose Georgie en s'avançant vers lui.

-Écoute Georgie! S'il en est un ici qui aurait bien aimé que se soit faux et qu'elle soit réellement Élisabeth c'est moi! Tu oublies que je l'aimais à la folie! Et que je l'aime toujours! S'exclame le jeune homme en se tournant de dos pour que les autres ne le voit pas pleurer.

-Je sais, mais… Lui dit Georgie d'un ton qui se veut compréhensif, avançant sa main pour la pauser sur son épaule.

-Non! Tu ne comprends pas! S'emporte William en se retournant vers elle d'un mouvement sec, haussant brusquement le ton. Répond honnêtement à ma question Georgie, si Anna n'avait pas ressemblé autant à Élisabeth, l'aurais-tu invitée à ton mariage?

-Non! Probablement pas! Mais…

-Pas plus que tu ne l'aurais engagée pour travailler au château, n'est-ce pas?

-Non plus!

-Voilà qui prouve mon point! Ce maudit George Wickham et son complice connaissaient notre attachement pour elle. Et il en a profité. Ils en ont tous profité!

La porte de la chambre s'ouvrant devant eux, la discussion cesse aussitôt, Anitha pénètre dans la pièce, suivie de près par le capitaine Stevens. S'approchant d'eux pour entendre ce qu'ils ont à lui dire, William voit la porte intérieure de la chambre s'ouvrir également pour livrer le passage au docteur Porter.

-Alors? S'enquit Georgie la première en s'avançant vers le vieux médecin.

-Milord? Demande Anitha à William au même moment détournant son attention du rapport que le docteur est en train de faire à sa sœur. Le capitaine aimerait savoir où vous souhaitez faire transporter les autres blessés?

-Faites-les immédiatement conduire dans la plus grande chambre du rez-de-chaussée! Mais attendez Capitaine, n'oubliez surtout pas que la jeune femme doit être mise aux arrêts et assurez-vous qu'elle reste sous bonne garde tout le temps.

-Bien Milord! Répond Anitha avant d'ajouter : Parlez-vous d'Anna monseigneur?

-Tout juste! Répond William à son intendante.

-Justement, je voulais également vous demander ce que je dois faire des deux femmes qui veulent absolument la voir? Demande celle-ci.

-Mais de qui parlez-vous?

-Une femme qui se nomme Alice et sa fille! Elles disent que mademoiselle Anna a négocié leur libération avec les révolutionnaires et qu'elle a réussi! Elles insistent pour la voir et disent qu'elles ne partiront pas d'ici avant de l'avoir revue!

-Conduisez-les dans le salon, je vais descendre les voir dans quelques minutes.

-Bien milord! Termine Anitha, plongeant dans une profonde révérence avant de se retirer avec le Capitaine.

Revenant vers les autres, William attrape la dernière phrase du docteur.

-… Il est encore inconscient, mais j'ai bon espoir qu'il se remettra bientôt. Sa brûlure est profonde, mais avec les médicaments que je lui ai donnés, il devrait guérir assez vite. La seule chose qui m'inquiète un peu plus, ce sont ses poumons!

-Que voulez-vous dire? Demande William au vieil homme.

-Il a inhalé beaucoup de fumée! Il aura besoin d'air frais et ne pourra sans doute pas parler… sa gorge et ses cordes vocales devraient être affectées quelques temps.

-Très bien! Merci docteur! Lui dit Georgie. Puis-je aller le voir?

-Oui, vous pouvez même rester près de lui cette nuit. Il ne devrait pas se réveiller avant tard demain matin.

-Docteur Porter, je m'excuse de vous demander ça, mais nous avons deux autres blessés qui attendent vos soins en bas. Il s'agit d'Anna et de son fils. Anna a reçu une balle dans le bras, tandis que le garçon était dans la maison en flamme depuis le début. C'est en allant le chercher à l'intérieur que le roi s'est retrouvé dans cet état.

-Je vais aller les voir immédiatement! Mais ce ne sont certainement pas les seuls autres blessés?

-Non, vous avez raison, mais deux infirmiers qualifiés s'occupent déjà des autres blessés.

Une fois le médecin hors de la pièce, William se tourne vers Charles.

-Jane, Charles, vous devriez aller vous coucher. On aura besoin de vous demain matin pour relayer les autres.

-Et toi William? Tu vas rester debout encore longtemps? Lui demande son ami, inquiet.

-Je dois aller parler à deux femmes qui demandent à voir Anna. Après quoi, je vais aller me coucher aussi. Nous aurons beaucoup de choses à régler demain matin.

Avant de se rendre au rez-de-chaussée, William passe par chambre où Anna avait assassiné son mari, afin de vérifier si ses domestiques avaient réussi à faire place nette. Constatant que tout avait été nettoyé et replacé, William prend la direction du rez-de-chaussée se promettant de ne pas oublier de récompenser Anitha pour son efficacité.

Frappant doucement sur la porte du salon avant de l'ouvrir, William est étonné de trouver les deux femmes assises à même le sol craignant visiblement de salir les lieux. Leurs robes et leurs peaux sont totalement couvertes de suie. Dès qu'il entre dans la pièce, elles se lèvent et font une révérence très maladroite.

-Je regrette mesdames, mais Anna ne peut vous recevoir pour l'instant!

-Elle va s'en sortir j'espère? Demande la plus âgée des deux.

-Je crois bien oui. Le médecin est auprès d'elle présentement. Ajoute William ne sachant trop quoi faire d'elles.

-Et comment va Thomas? S'enquit la vieille femme.

-Est-ce vous qui preniez soin du fils d'Anna et de Saul?

-Oui! Elle regarde la plus jeune avant d'ajouter : Mais ce que vous ignorez, c'est que Thomas est le fils d'Anna, mais pas celui de Saul!

-Saul était mon mari, pas celui d'Anna! Rétorque la plus jeune.

-Et vous êtes? Lui demande finalement William.

-Je m'appelle Sarah! Et voici Alice! Ma mère.

-Je m'occupais de Thomas uniquement parce que ma fille était prisonnière des révolutionnaires…

-Saul n'était donc pas marié avec Anna?

-Non, puisqu'il était marié avec moi!

-Mais il l'appelait Sarah!

-Lorsque mon mari a su qu'Anna avait perdu la mémoire, il m'a écartée pour lui faire endosser mon identité!

-Vous saviez qu'Anna faisait partie des révolutionnaires alors?

-Quoi? Non! Jamais de la vie! Anna ne leur obéissait que sous la contrainte! Ils détenaient son fils. Rétorque Alice avec énergie.

-Si vous êtes Sarah, Anna, qui est-elle alors? Demande William aux deux femmes.

-Je l'ignore! Répond Sarah.

-Moi, je crois que je peux vous répondre milord!

-Je vous écoute! Lance William en dirigeant toute son attention vers Alice.

-George Wickham et mon beau-fils avaient l'habitude de l'appeler «princesse» à tout bout de champ! J'ai d'abord cru qu'il s'agissait d'un surnom méprisant qu'ils lui donnaient pour l'humilier, mais je crois maintenant… qu'Anna était en fait la princesse Élisabeth.

Figé et soudainement très pâle, William se tourne vers la porte, fait quelques pas, puis revient vers Alice pour lui demander : Quel âge a le petit Thomas au juste?

-Il aura six ans dans quelques mois!

-Mon Dieu! S'exclame William en se couvrant le visage de ses deux mains et expirant bruyamment.

S'élançant vers la porte, William leur lance finalement avant de franchir celle-ci : Restez ici mesdames, je vais vous envoyer mon intendante… Elle vous trouvera une chambre pour cette nuit et vous fournira de quoi vous nettoyer. Vous allez rester n'est-ce pas?

-Nous ne partirons pas avant d'avoir pu parler avec Anna ou Élisabeth!

-D'autant plus qu'il ne reste plus rien de notre maison! Ajoute la plus âgée de deux.

À peu près au même moment dans la chambre où est allongée Élisabeth, le docteur Porter est en train de recoudre la plaie ouverte qu'avait laissée la balle retirée par le médecin. La voyant ouvrir les yeux lentement, le visage grave du médecin se penche sur elle.

-Souffrez-vous Anna?

-J'ai terriblement mal à la tête!

-Je vais vous donner quelque chose pour vous soulager!

Pendant qu'il mélange des produits dans un verre à l'aide d'une bâtonnet, Élisabeth lui demande : Pour quelle raison suis-je attachée?

-On raconte que vous avez tué votre mari!

-Saul n'était pas mon mari! C'était un révolutionnaire!

-Tenez! Le docteur aide Anna à redresser la tête et approche le verre de sa bouche. Avalez ça! Une fois qu'elle a bu le contenu du verre, le docteur ajoute : Vous allez dormir quelques heures, après vous irez mieux.

-Il voulait que je lui fasse connaître tous les déplacements du roi, en échange de quoi, ses hommes gardaient mon fils en vie! Ajoute Anna tout en fermant les yeux.

-Donc, vous ne vous appelez pas Sarah!

-Ni Anna… Je suis Élisabeth Bennet… ajoute la jeune femme dans un souffle.

-Vous avez toujours prétendu que non!

-Au début, je ne m'en souvenais pas… ensuite, je n'ai pas pu… mon fils! Réalisant soudain que Thomas n'est pas auprès d'elle, la jeune femme s'écrie paniquée : Où est-Thomas?

-Il va bien, ne vous en faites pas. Je l'ai examiné attentivement avant vous. Étonnamment il s'en sort mieux que Ralf et vous. En ce moment même, il est dans la cuisine avec vos anciens collègues… Il était affamé!

-Je suis si lasse…

-Dormez un peu alors!

-Comment va mon cousin?

-Le roi? Il n'a pas encore repris conscience!

-Très bien…

Voyant qu'elle respire lentement et profondément, le vieil homme comprend qu'elle n'a même pas écouté sa réponse à propos du roi et qu'elle avait parlé mécaniquement. Préoccupé par ce qu'elle venait de lui dire, le médecin soupire et se demande anxieusement comment aborder le sujet avec William et les autres.

Après être allé donner ses instructions à Anitha pour qu'elle prenne en charge les deux femmes qu'Anna avait aidées, William n'a plus qu'une idée et c'est d'aller voir celle qu'il n'avait pas l'impression d'avoir le droit d'appeler Élisabeth encore. Il arrive devant la porte de la chambre où elle a été transportée, au moment même où le docteur Porter en sort.

-William? Oh, vous ne devriez pas entrer maintenant! Anna vient tout juste de s'endormir.

-Comment va-t-elle?

-Très bien! Je lui ai retiré sa balle et lui ai donné quelque chose pour calmer ses maux de tête.

-Lui avez-vous parlé?

-Oui! Brièvement, mais elle m'a appris certaines choses dont il me faudra discuter avec vous… mais pas avant demain matin. Je vais aller me coucher immédiatement si ça ne vous dérange pas.

-Très bien! Et le petit? Comment va-t-il?

-Thomas? Il va bien! Il est dans la cuisine présentement. Il était affamé. Il a eu beaucoup de chance. Heureusement qu'il s'était caché sous un lit.

-Je vais aller le voir là-bas! Bonne nuit docteur et merci pour tout!

William entre le premier dans la cuisine. La seule domestique qui était encore debout à cette heure tardive était assise avec le petit et le surveillait pendant qu'il buvait un chocolat chaud. William réalise alors que sa sœur est assise en face du garçon et qu'elle argumente avec lui.

-En tout cas, tu as eu de la chance que le roi soit entré dans la maison pour te sauver! Tu sauras que mon époux se porte très mal depuis cet exploit!

-S'il est roi et que vous êtes son épouse, ça veut dire que vous êtes la reine alors?

-Oh, tu es très malin pour ton âge!

-Je vais avoir six ans dans quelques semaines! Annonce fièrement le petit garçon sans réaliser que le frère et la sœur échangent un regard qui en dit long.

-Alice m'a dit que ma mère travaillait pour vous? C'est vrai?

-Oui, Thomas, c'est vrai, mais avant, elle a travaillé pour moi!

Le petit garçon se retourne et fixe nerveusement le visage de l'inconnu qui vient de s'adresser à lui.

-Bonsoir Thomas!

-Bonsoir!

-Thomas, je te présente mon frère William Darcy.

-Enchanté monsieur!

-Comment trouves-tu ma maison, Thomas?

-Elle est… trop grande! Répond le gamin en bafouillant à cause de l'examen attentif dont il est l'objet.

Thomas se rembrunit lorsqu'il constate que William se détourne de lui. Il regarde Georgie et lui demande avec candeur : J'ai dit ce qu'il ne fallait pas?

-Non! Ça va aller, ne t'en fait pas! Mon frère William trouve que tu ressembles beaucoup à ton père! Et moi aussi!

-Vous connaissiez mon père?

-Oui! Répond Georgie en toute simplicité.

-Vous connaissiez mon vrai père?

-Oui!

-J'ai vu ma mère une seule fois… mais elle n'est pas restée longtemps… Je crois… je crois qu'elle ne m'aime pas beaucoup!

Essuyant ses larmes du revers de sa main, William se tourne pour faire face à Thomas : Au contraire Tomas, si tu savais jusqu'à quel point ta mère t'aime! Elle t'a sauvé la vie plus d'une fois!

-Elle m'a sauvé la vie?

-Thomas, savais-tu que ta mère est une princesse?

-Non!

-Quand tu as eu deux ans! Elle a eu un accident et elle a tout oublié! Même toi!

-Mais maintenant, elle se souvient de moi?

-Oui! Mais des gens l'obligeaient à venir travailler ici pour nous espionner! Tu comprends? Ils lui ont dit qu'ils allaient te faire du mal, si elle ne venait pas! Lui explique Georgie sans le quitter des yeux.

-C'est pour ça qu'ils ont mis le feu à la maison d'Alice?

-En partie oui! Répond William. Thomas, ça te dirait d'aller voir ta mère avec moi avant d'aller dormir?

-Elle est ici?

-Oui, mais elle a été blessée durant la bataille! Elle souffre encore beaucoup!

-Tu devrais aller la voir!

Thomas est déjà debout et se place à côté de William. Ému plus qu'il ne saurait le dire, William lui tend la main. Thomas met sa petite main dans celle du jeune homme et lève les yeux vers lui.

-On y va?

-Oui Thomas!

-Et toi? Tu viens toi aussi? Demande le petit garçon à Georgie en lui tendant son autre main.

-Non, moi, je vais aller voir comment va le roi avant d'aller me coucher. Bonne nuit Thomas.

Dans le corridor qui mène à la chambre d'Élisabeth, William répond aux questions de Thomas à propos du roi et du reste de la famille. Une fois arrivé devant la porte de la chambre où repose Élisabeth, Thomas ouvre la porte et s'avance doucement vers le seul lit qui est occupé. Élisabeth a les yeux fermés et respire profondément.

-Elle est jolie pas vrai? William acquiesce en souriant. Alice dit que j'ai ses yeux!

-C'est vrai que tu as les yeux de ta mère!

-Mais on n'a pas les mêmes cheveux! Mes cheveux ressemblent plus à….

Thomas s'arrête dès qu'il constate que William a les cheveux aussi noirs et bouclés que les siens.

-À ceux de ton père? Complète William à sa place.

-Es-tu mon père?

-Oui Thomas C'est moi qui suis ton père!

Thomas s'éloigne de William avec une mine boudeuse.

-Mais tu n'es jamais venu me voir!

-Thomas! Répond William en s'agenouillant pour se mettre à son niveau : C'est une très longue histoire, mais sache seulement ceci, j'ignorais que j'avais un fils! Autrement, il y a longtemps que nous aurions été réunis tous les trois!

Un mouvement d'Élisabeth dans son sommeil détourne l'attention des deux autres.

-Il vaudrait mieux la laisser se reposer Thomas! Que dirais-tu de venir dormir avec moi, dans mon grand lit?

-D'accord! Répond Thomas très simplement.

Avant de sortir, William s'approche d'Élisabeth et en profite pour la détacher. Il pose ses lèvres sur la joue de la jeune femme et encourage Thomas à faire de même avant de quitter la pièce à la suite l'un de l'autre.

Dès qu'il se trouve dans le grand lit de William, Thomas écoute son père lui raconter avec des mots simples comment sa mère et lui avaient fait connaissance. Rapidement les yeux du petit garçon se ferment, sous le regard tendre de l'homme qui dans une même soirée, venait non seulement de retrouver la femme de sa vie, mais également apprendre qu'il avait un fils.

Le lendemain, il est le premier à ouvrir les yeux. Jetant un œil sur Thomas qui dort encore profondément, William se lève, s'habille rapidement et va prévenir Anitha qu'elle doit envoyer une jeune servante dans sa chambre afin que Thomas ait quelqu'un pour le guider dans la maison à son réveil.

Ne rencontrant personne à cause de l'heure avancée, William se rend immédiatement dans la chambre d'Élisabeth et s'installe dans le petit fauteuil qui est juste à côté de son lit.

-Monsieur Darcy? Le réveille la voix d'Élisabeth, dix minutes plus tard.

-Anna! Se reprenant, aussitôt, William lui prend la main entre les deux siennes : Élisabeth! Comment te sens-tu?

-Tu sais?

-Oui! Grâce à Alice et Sarah! La vraie Sarah!

-Elles ont réussi à s'en sortir?

-Oui! Elles ont dormi ici cette nuit!

-Tu es fâché?

-Fâché, non! Je suis trop heureux de t'avoir retrouvée pour être fâché comme tu dis! Toutefois, ceci étant dit, je ne peux pas te cacher que je suis autant heureux que déçu! À vrai dire, je ne comprends pas pourquoi tu ne m'as rien dit après avoir retrouvé la mémoire !

-La mémoire m'est revenue presque totalement au moment même où mes yeux se sont posés sur notre fils. J'avais déjà l'intuition que Saul me mentait, qu'il n'était pas mon mari, mais il m'a fallu aller avec lui là-bas pour en avoir la certitude…

-Mais au retour, tu aurais pu venir me voir…

-Saul m'a dit qu'ils allaient tuer Thomas, si je parlais à qui que ce soit!

-J'aurais pu t'aider à trouver une solution!

-J'avais peur William! Je savais ce dont ils étaient capables, William, tu oublies que je les ai côtoyés assez longtemps! Et que je l'ai appris à mes dépens… à nos dépens!

-J'aurais tout de même aimé que tu aies confiance en moi! Je suis convaincu que j'aurais pu t'aider!

-Je n'en ai jamais douté une seconde William. D'ailleurs, ce fameux soir… celui où Saul est venu me chercher ici… Eh bien, c'est toi que j'attendais justement! J'avais pris la décision de tout te dire…

-Mais Saul est arrivé avant moi….

-Si tu savais comment j'aurais aimé que tu arrives avant lui… je n'aurais pas eu à… Repensant avec horreur à ce qui aurait pu lui arriver ce soir-là dans la chambre, Élisabeth devient tout à coup fébrile.

-Élisabeth! Je suis là maintenant! Tu n'as plus rien à craindre… Les révolutionnaires ont été éradiqués.

Les yeux mouillés de larmes, Élisabeth esquisse un sourire et tend sa main valide à William. Le jeune homme, aussi ému qu'elle, prend sa main dans la sienne et pose ses lèvres sur sa paume.

-Repose-toi encore un peu, je vais aller voir si Thomas est réveillé! Nous reviendrons te voir plus tard, ensemble.

Lorsqu'il quitte la chambre, William croise Georgie qui vient pour lui apprendre que Ralf s'était réveillé en bien meilleure forme que la veille et que le docteur Porter était confiant de le voir se remettre totalement. William serre sa sœur contre son cœur et retourne dans sa chambre. Le petit garçon se réveille dès qu'il entre dans la pièce. William lui sourit et l'invite à venir voir le roi avec lui avant de partir déjeuner ensemble.

La visite au roi est très agréable. Thomas se penche sur le cousin de sa mère et l'embrasse sur la joue pour le remercier de lui avoir sauvé la vie. Ralf est très ému et se promet d'avoir une bonne conversation avec sa cousine aussitôt qu'elle irait mieux.

Le lendemain soir, un souper est organisé auquel tous les rescapés assistent. Élisabeth s'assied entre William et son fils, heureuse de la présence de Georgie, Ralf, Jane et Charles. En reconnaissance des bons soins qu'Alice avait prodigués à Thomas, Élisabeth avait demandé à William d'engager la vieille dame pour s'occuper de Thomas de manière permanente. Elle avait également proposé à sa fille Sarah de venir travailler pour eux sous les ordres d'Anitha qui méritait bien au terme de toute cette aventure qu'on lui fournisse une assistante.

Avant le repas, Ralf s'entretient avec sa cousine et la surprend en lui présentant des excuses très touchantes.

-J'aurais dû réagir lorsque William est venu nous informer de ta disparition. Je n'aurais pas dû me laisser entraîner par Paolo et les autres. Si je t'avais recherchée tout autant que ton époux, tu n'aurais sans doute jamais eu à refaire la grande traversée dans des conditions aussi difficiles.

-Ralf… ressasser le passé ne changera pas le futur! Tout est rentré dans l'ordre maintenant.

-Non! Mais il reste tout de même un dernier détail dont nous devons discuter toi et moi!

-Lequel?

-Ta sœur a abdiqué de son plein gré pendant qu'elle était de l'autre côté. Elle a donc renoncé au trône définitivement. Selon nos règles, ses enfants non plus ne peuvent donc plus y prétendre, mais toi?

-Moi? J'ai signé le même papier qu'elle, non?

-Oui, mais à la grande différence que tu l'as signé sous la contrainte! Cela invalide automatiquement le document.

-Oh!

-Alors voilà! Je veux que tu réfléchisse attentivement à ce que tu veux faire! Je suis tout disposé à déchirer ta lettre de renoncement au trône, si tu le souhaites! Je crois sincèrement que tu ferais une reine exceptionnelle!

S'avançant lentement vers son cousin, les larmes aux yeux, Élisabeth s'agenouille devant lui, ramasse sa large main et pose ses lèvres sur le dessus de celle-ci.

-Mon pays ne veut pas d'autre roi que toi Ralf! Tu mérites la couronne! Personnellement, tout ce que je veux, c'est vivre ici avec William et notre fils.

-Tu es la digne fille de ton père Élisabeth. Oh, comme il aurait été fier de toi!

Pendant le repas, les deux princesses parlent de leur enfance au château et plus particulièrement de leur père. William en profite pour évoquer pour la première fois devant plusieurs personnes, sa propre histoire que seules Jane et Georgie connaissaient bien. Lorsqu'il mentionne les mots employés par le roi pour lui demander d'épouser sa «précieuse rose», Élisabeth est la seule à ne pas rire.

-Élisabeth? Ça ne va pas? Lui demande Georgie, inquiète.

-C'est que… William? Mon père a-t-il jamais clairement nommé l'une de nous deux? A-t-il écrit explicitement que tu devrais épouser Jane?

-Non… il a simplement parlé de sa «précieuse rose»!

-Pourquoi n'ai-je pas compris plus tôt! S'écrie Jane à l'autre bout de la table. Ce n'est pas de moi dont parlait mon père!

-Comment? Rétorque William en regardant les deux sœurs l'une après l'autre.

-William? Te souviens-tu sous quel nom j'ai signé l'acte de mariage sur le bateau?

-Oui, je m'en souviens bien! Tu as écrit : Anna Rose Élisabeth Bennet!

-Et bien voilà! C'est moi que mon père te voyait épouser! Il a deviné que toi seul était fait pour moi! C'est pour moi qu'il s'inquiétait, pas pour Jane! Il connaissait mon caractère difficile et savait que je ne trouverais pas un mari facilement!

Lui serrant la main fermement, William lui demande : Mais le prénom Anna, que tu as pris après ton accident, il était également dans tes prénoms alors!

Les yeux de la jeune femme se remplissent de larmes tandis qu'elle réalise que – spontanément, lorsqu'elle avait perdu la mémoire et que les religieuses lui avaient demandé son nom, elle avait choisi un autre nom précieux pour elle : C'était le prénom de notre mère!

Fin!

Alors, avez-vous aimé? Faites-le moi savoir! Merci. Miriamme.