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Chapitre 16 : Tout ne se passe pas toujours comme prévu.
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Heu, bonjours ?
Oui je sais je suis en retard. A ce niveau-là, je sais même pas si on peut encore appeler ça comme ça…
Mais bon, j'ai bien l'intention de la finir cette fic, peu importe le temps que ça prendra !
Mes examen se terminent la semaine prochaine et j'enchaine sur un mois de vacance alors j'espère que j'aurais assez de courage pour écrire la suite… on croise les doigts (n'hésitez pas à croiser les orteils aussi, ça ne peut qu'aider !)
En tous cas merci pour toutes vos reviews qui me font extrêmement plaisir ! Sans vous je crois que je mettrais encore plus de temps à écrire… si, si c'est possible je vous jure ! Et merci aussi à ceux qui ont mis cette histoire en alerte ou dans leurs favoris ^^.
Tom tournait en rond dans son bureau depuis quelques minutes déjà quand Lucius vint le rejoindre : ils étaient enfin prêts à partir. Prêt à mener cette bataille que tous savaient décisif pour la suite des évènements.
_ Tom, appela Lucius du pas de la porte.
Il était tellement impatient d'en finir qu'il ne prit même pas la peine d'entrer dans la pièce. Son esprit était totalement tourné vers les combats à venir. Après des années d'attentes les choses allaient enfin bouger. Ils avaient une chance d'inverser les rôles et de mener la danse, de faire entendre leurs idées.
Il avait attendu et espéré ce jour pendant tellement longtemps qu'il peinait à se souvenir du temps où l'avenir ne lui paraissait pas si incertain. Il allait faire payer à Dumbledore et tous les poltrons qui ne juraient que par ce vieux fou, toutes les souffrances qu'ils avaient dû endurer, lui et Draco, ainsi que tous les autres. Bella, Rodolphus, Fenrir et tellement d'autres. Tout ce temps qu'ils avaient passés à se cacher et à vivre dans l'ombre. Ils avaient tous payé le prix de leurs engagements. Rodolphus avait fini à Azcaban, privée de sa femme et du reste de sa famille pendant près de quinze ans. Bella, qui avait été si douce et si fragile à l'époque de leur adolescence et qui ne parvenait plus à se défaire du fantôme de la folie qui la guettait. Tous les mangemorts qui avaient payé de leur vie ou de leur liberté des agissements qui auraient normalement dû être approuvés et applaudis. Fenrir, exclu du monde sorcier, lui et tous ses congénères, traité comme un animale. Draco, privée de la famille qui lui revenait de droit, du bonheur de connaître ses deux parents et d'être aimé d'eux comme ils auraient souhaité qu'il le soit. Et lui-même, séparé de son amour pendant trop longtemps, souffrant nuit et jour d'une absence qui le rongeait de l'intérieur…
Ils avaient tous payé le prix du sang, et ils étaient tous resté aussi fidèles qu'au premier jour. Relégués dans l'ombre, traqués comme des chiens, errant dans un monde qui n'avait jamais voulu d'eux et dont ils n'avaient jamais voulu… mais ils étaient toujours là. Rendus plus fort par ces années à côtoyer l'ombre et la souffrance, plus déterminés que jamais à créer ce monde de tolérance et d'espérance qu'ils appelaient de tous leurs vœux.
Aujourd'hui était leur jour. Le jour de leur retour. Et de leur victoire. Il fallait au moins l'espérer.
_ Il faut y aller, dit-il et seule son éducation d'aristocrate l'empêchait de taper du pied d'impatience.
_ Ils t'attendent tous, reprit-il en voyant que son compagnon n'avait toujours pas bouger.
Debout devant la fenêtre, le dos raide et les mains croisés dans le dos, Tom était la figure même de l'autorité et du pouvoir. Le symbole d'une révolution, d'un soulèvement. Et un Homme. Juste un homme.
Un homme en proie à des doutes et des indécisions toujours très lourdes à assumer. Le lord se sentait tiraillé entre son désir de vengeance, se soif de justice, son inquiétude pour Draco sur qui il ne parvenait pas à remettre la main et la peur dévorante de perdre Lucius, encore une fois.
Lui qui n'avait rien d'un pleutre se sentait totalement incapable de mettre à nouveau en danger l'homme qu'il aimait. Même pour une juste cause, il ne parvenait pas à l'envisager… c'était trop dure.
L'envoyer au combat ? Comment pouvait-il…
_ Tout ira bien, murmura Lucius en l'enlaçant par derrière.
Il avait toujours été extrêmement doué pour savoir ce qui inquiétait son amant. Personne ne le connaissait aussi bien que lui. Personne ne savait à quel point il pouvait être fragile. Il était le seul à l'avoir jamais vu aussi perdu qu'un homme pouvait l'être.
_ J'irais bien et Draco aussi, reprit-il en resserrant son étreinte.
_ Tu ne peux pas en être sûr, répondit Tom en emprisonnant les mains du serpentard posé sur son torse entre les siennes.
_ Si je le suis. Quoi qu'il se passe aujourd'hui, que nous sortions vainqueur ou non de ce combat je ne compte pas mourir. Et c'est pareil pour toi. Draco est en sécurité quelque part, tu ne dois pas t'inquiéter pour lui, pas aujourd'hui. Tout ce que tu as à faire c'est te concentrer sur tes objectifs et les atteindre. Rien d'autre ne compte et tu le sais.
_ Connerie ! s'exclama Tom en se tournant vers lui pour emprisonner son visage entre ses mains.
Sa prise n'avait rien de tendre et ses doigts s'enfoncer dans la peau de Lucius à lui en faire mal. Mais le serpentard n'osa pas faire un geste pour se dégager, trop obsédé qu'il était par la flamme dans les yeux du Lord. Rage et confusion s'y disputait la place, noircissant ses prunelles, les rendant plus sombre qu'une étendue d'eau lors d'une nuit sans étoile.
_ Ne me parle pas de ce qui est ou non important. J'ai vécu QUINZE ANNEES sans pouvoir m'occuper des choses importantes ! Ce n'était pas de ne plus avoir corps qui a été le plus difficile, c'était de ne pas pouvoir te parler ni te prendre dans mes bras ou juste te voir ! J'étais tout seul, Lucius. Pendant quinze ans, j'ai été tout seul. J'ai eu largement le temps de penser et de réaliser ce qui était le plus important pour moi. C'est Toi, et Draco. Si je dois choisir entre t'avoir auprès de moi pour le reste de ma vie et gagner cette guerre alors c'est clair que je n'hésiterais pas une seule seconde !
Lucius ne sut comment réagir face à ces mots. Parce que c'était trop. Trop d'émotion d'un coup, trop d'amour, trop de peur, trop… Juste trop de tout.
Depuis le premier baisé qu'ils s'étaient échangé, la première nuit qu'ils avaient passé ensemble, il n'avait jamais douté des sentiments que Tom lui portait. L'un et l'autre ne parlaient pas de ce genre de chose avec facilité. Et les mots n'étaient que des mots. Alors à quoi bon en user le sens quand un baisé ou une caresse pouvait en dire tellement plus.
Ils n'avaient pas l'habitude des grandes déclarations romantique. Au mieux s'échangeaient-ils des promesses de fidélité entre le souffle haché de leurs ébats les plus passionnés.
Lucius n'avait jamais eu à répondre à ces mots de la part de son amant.
Il ne savait pas. Et pourtant il aurait eu des milliers de choses à répondre à ça. Les phrases se bousculaient à la barrière de ses lèvres sans qu'aucune ne puisse les passer. Il ne pouvait pas rester là à rien faire, à ne rien dire… Cette explosion de sentiments qui l'envahissait ne pouvait pas rester là, à gronder derrière ses paupières.
Il devait faire quelque chose. Parce que c'était trop !
Brusquement il se dégagea de l'étreinte de son compagnon pour mieux l'attirer contre lui et ravir ses lèvres. Il ne prit aucune précaution pour être tendre ou délicat. Il avait seulement besoin de le sentir, de sentir ses lèvres sur les siennes, ses dents mordant sa bouche, la dévorant… exprimer tout cet amour qui malgré les années était resté bien accroché à son cœur.
L'échange fut aussi intense que bref et quand ils se séparèrent leur souffle était aussi court que s'ils venaient de courir un cent mètre. Front contre front, incapable de s'éloigner d'avantage l'un de l'autre, ils restèrent immobile un moment qui leur paru aussi long qu'une petite éternité.
Pour la première fois depuis leur retrouvaille ils avaient l'impression de se retrouver véritablement, de s'aimer aussi intensément et aussi librement qu'au début de leur histoire. Comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. Et c'était tellement bon.
Mais l'heure n'était pas à l'amour, elle était au combat, à la vengeance. Et Tom devait l'entendre, l'accepter. Parce qu'ils ne pouvaient pas faire autrement. Ils étaient faits pour la guerre. Ils n'avaient d'autre choix que de la mener jusqu'au bout. Après s'être battu pendant si longtemps, ils n'avaient pas d'autre choix que de continuer et de vaincre. Ils ne pourraient jamais trouver la paix autrement.
_ Il faut y aller, Tom. Ils nous attendent tous. Severus, Bella et tous les autres… Ils ont besoin de toi. Et moi aussi.
_ Je sais…
_ Je te promets de revenir.
_ Tu ne peux pas, répondit Tom en s'éloignant de lui.
_ C'est vrai. Mais je n'ai aucune envie de mourir. Pas maintenant que je t'ai retrouvé. Et pas tant que je n'aurais pas retrouvé Draco et que je ne lui aurais pas dit toute la vérité.
_ Et moi j'aimerai être mort rien que pour ne pas avoir à le faire…
_ Ne sois pas stupide ! s'indigna Lucius. Il va t'adorer. Au moins autant que moi je t'adore. Il n'est pas mon fils pour rien tu sais.
_ J'aimerais être aussi sûr que toi… Allez, viens. Ils vont nous attendre.
Et ces derniers mots celèrent la suite de toute leur histoire.
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Si le départ c'était fait dans le plus calme et dans un ordre rigoureux et organisé, le retour fut totalement à l'opposé.
C'est en pagaille et dans la plus grande confusion que les mangemorts transplantèrent vers le repère du Lord.
Ce qui aurait normalement dû être un grand jour se transformait en catastrophe.
Le château raisonné de gémissements de souffrances, d'appels désespéré… et de pleurs.
Des larmes pour les morts, trop nombreux, beaucoup trop nombreux. Et inutilement tombés.
Autour du Lord tout n'était que désordre et panique. Les guérisseurs fidèles à sa cause avaient été appelés en urgence et ne cessaient de tournoyer en tous sens, d'un blessé à l'autre. Pour certain il n'y avait rien à faire d'autre que de soulager la douleur. Pour d'autre un sort et tout était réglé. Pour d'autres encore, aucun des médicomages ne se risquait à se prononcer.
Et Tom n'avait qu'un seul nom à la bouche : Lucius.
Il avait perdu de vu son amant dès les premiers instant de la bataille. A peine avaient-ils posé un pied au ministère qu'ils s'étaient fait surprendre. Les sorciers auxquels ils avaient eu à faire n'étaient pas des employés du ministère, ils n'étaient pas des aurors ou quoi que ce soit du même genre. Tom avait bien reconnu quelques membres de l'ordre du phœnix mais pour les autres… On aurait dit qu'une véritable armée leur était tombée dessus. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre que la bataille était perdue d'avance et que s'entêter dans cette voie aurait relevé d'avantage de la stupidité que du courage. Il avait sonné la retraite avant que les choses ne dégénèrent totalement. Mais pour beaucoup il était déjà trop tard…
Comment, pourquoi et qui ? Il ne pouvait pas répondre ces questions et aucune d'elle ne revêtait la plus petite importance.
Il devait retrouver Lucius, s'assurer qu'il n'avait rien.
L'angoisse lui mordit le ventre à mesure qu'il se déplacé dans la pièce. Les mangemorts les plus en forme faisaient leur possible pour aider les autres. Il aperçut Fenrir et sa meute dans un coin de la pièce, rassemblé autour du corps de l'un des leurs, silencieux comme les pierres, portant déjà le deuil d'un frère chéri. Il nota dans un coin de son esprit la présence de Lupin qui n'avait rien à faire là. Le fils retrouvé de Greyback aurait normalement dû se trouver parmi les membres de l'ordre du Phœnix, sa présence dans le château ne présageait rien de bon.
Il ne s'arrêta pas à ce détail, trop obsédé à rechercher Lucius pour déjà endosser son rôle de chef de guerre.
_ Bella !
Le cri raisonna à ses oreilles mieux qu'un coup de clairon ne l'aurait fait : c'était la voix de Lucius !
Il se précipita vers le fond de la salle, d'où le bruit lui était parvenu.
Et IL était là, sain et sauf. Lucius.
Il aurait voulu le prendre dans ses bras, l'embrasser, s'assurer de son bien-être, lui arracher ses vêtements et vérifier chaque centimètre de sa peau pour être sûr qu'il allait vraiment bien.
Il ne le fit pas.
Tout d'abord parce que le voir en vie et apparemment indemne lui avait permis de reprendre le contrôle de ses émotions et de boucler ses pulsions les plus intenses dans le fond de son esprit. Sa préoccupation première était de s'assurer que Lucius allait bien. La chose étant réglée il était de son devoir de reprendre les choses en main, de parer au plus urgent, soigner les blessés, pleurer les morts et faire en sorte de ne pas laisser les troupes se démoraliser.
L'autre raison qui l'empêcha de se précipiter sur Lucius fut que ce dernier tenait déjà quelqu'un entre ses bras : Bella.
Il tentait vainement, avec la force du désespoir de l'arracher au corps de son époux Rodolphus, visiblement blessé.
Bellatrix s'agripper de toutes ses forces à la robe de Rodolphus, pleurant et suppliant pour qu'il ne l'abandonne pas. Tom sentit la rage gronder jusque dans ses veines. Ils avaient osés ! Bella n'avait-elle pas assez souffert ? Son esprit n'était-il pas encore assez détruit pour que le sort s'acharne encore sur elle et lui arrache la seule chose qui lui maintenait la tête hors de l'eau ? Si Rodolphus mourrait…
Son regard croisa celui de son amant, aussi sombre que le sien. Sans une parole ils se comprirent et Lucius raffermit sa prise sur Bella : ils allaient payer ! Peu importe qui ils étaient, ils allaient tous payer !
Avec l'aide de Rabastan, le serpentard finit par convaincre Bella de laisser les médicomages emporter son époux pour le soigner.
Même Tom ne put retenir une grimace à la vue du corps désarticuler de son ami. Comment pouvait-il être encore en vie après avoir subi CA ?
Le plus calmement possible il s'approcha de Lucius qui serait toujours Bella entre ses bras, dans une vaine tentative de la rassurer. Il leva sa baguette et la pointa sur la jeune femme. Le sort de sommeil qu'il lui lança ne fut qu'un murmure entre ses lèvres.
Son amant souleva entre ses bras le corps devenu mou de leur amie.
_ Demande à Severus de préparer quelques potions calmante. Elle va en avoir besoin.
Il vit le visage de Lucius se crisper en rictus de froideur qui le figea sur place : Severus ?
_ Il m'a défendu contre Alastor Maugrey. Ce sale chien était à deux doigts de me lancer un Avada quand Severus s'est interposé entre nous…
_ Ce Maugrey est un membre de l'ordre du Phœnix, il ne lui fera pas de mal puisqu'il est censé être dans leur camp.
_ Sa couverture est foutue ! s'emporta Lucius. Il s'est sciemment interposé alors que Fol Œil allait en finir avec moi. Il ne s'est pas contenté de lui jeter un sort de loin. Il s'est lancé dans un véritable duel avec lui. Dumbledore est loin d'être naïf et le rôle de Severus était déjà bien assez ambigu avant ça. Et il le sait. Alors s'il n'est pas revenu avec nous ça veut simplement dire qu'il n'a pas pu. Il n'aurait pas pris le risque de retourner chez le vieux fou après s'être rallié à notre camp d'une manière aussi flagrante. La seule inconnue c'est de savoir s'il s'est fait tuer ou s'il est simplement prisonnier !
Le lord jura entre ses lèvres. Il ne manquait plus que ça ! Et le pire c'est qu'il n'avait même pas le temps de s'y attarder. Si ça n'avait tenu qu'à lui il se serait précipiter chez Dumbledore pour lui demander des comptes et le réduire en bouillit, mais là… Il fallait d'abord mettre au clair la situation et garder son sang-froid.
_ Emmène-là dans sa chambre et assure-toi qu'elle n'y reste pas seule quand elle se réveillera.
_ Et ensuite ? questionna le serpentard qui ne rêvait plus que d'une chose : la vengeance.
Une vengeance plus terrible encore qu'il ne se l'imaginait deux heures plus tôt.
_ Ensuite… rejoins-moi dans mon bureau. Nous avons à faire…
Ils avaient peut-être perdu une bataille, mais la guerre, elle, ne faisait que commencer.
La salle se vida au fur et à mesure, ne raisonnant plus que de larmes et de cris appelant vengeance.
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Remus accompagna sa meute à l'extérieure du château. Il était blessé à la jambe et le sang ruisselait le long de sa cuisse, mais il n'en avait que faire.
Lui au moins, pouvait se vanter d'être encore en vie, ce qui n'était pas le cas de tout le monde.
Il avait perdu nombre d'amis aujourd'hui. Dans les deux camps, et de différentes manières.
La perte qui le faisait le plus souffrir était sans aucun doute Sirius.
Le dernier héritier de la grande maison des Black n'était pas mort, non. Mais c'était presque pareil. Il ne voudrait certainement plus jamais le voir maintenant qu'il savait.
Remus n'avait pas pu faire autrement que de balancer sa couverture aux orties. Fenrir était aux prises avec quatre sorciers et était loin d'avoir l'avantage. Tous les membres de la meute étaient déjà trop occuper à défendre leur vie pour se soucier de celle de leur alpha. Non, Remus n'avait pas eu d'autre choix.
Il s'était rangé auprès de son chef de meute, définitivement et aux yeux de tous, il avait choisi son camp.
Enfin.
Plus de mensonge, plus de tromperie.
Et pourtant il ne se sentait pas mieux.
Le regard de Sirius quand il l'avait vu envoyer Kingsley au tapis pour défendre Fenrir… tellement perdu, incrédule…
Il l'avait vu tendre la main vers lui, le prier silencieusement pour que ce ne soit qu'un rêve, qu'il ait une bonne explication à ce geste qui, pour le brun, n'avait aucun sens.
Aucun sens, si ce n'était l'impossible, l'impensable. Qu'il les ait tous trahis. Qu'il l'ait trahis, lui, son ami de toujours, l'homme pour qui il aurait donné jusqu'à sa vie.
Et ce même regard d'enfant perdu s'était transformé en celui d'un homme blessé et rageur en le voyant se reculer pour soutenir son alpha.
Remus avait choisi le camp des loups-garous, le camp de Voldemort.
Il avait abandonné ses amis, sa famille.
Non, Sirius ne lui pardonnerait jamais.
Il aurait tellement voulu lui expliquer. Qu'il comprenne le pourquoi de son geste, qu'il l'accepte.
Remus n'avait jamais souhaité autre chose pour son ami qu'un bonheur parfait. Et il aurait aimé pouvoir faire partie de ce bonheur, contribué à le lui offrir. Mais il ne pouvait plus se permettre ce genre d'espoir.
Sirius ne le voyait plus que comme un ennemi et un traître. Peu importe que lui l'aime toujours autant, ça ne changeait rien.
Il avait une nouvelle famille maintenant. Une famille qui souffrait et qui avait besoin de lui.
Ils avaient perdu un frère aujourd'hui. Et il était tellement jeune. Presque un louveteau encore. Le plus jeune de la meute. Il avait insisté pour se joindre à cette guerre. Il avait supplié Fenrir alors même que celui-ci rechigner à l'envoyer sur le champ de bataille.
Ils avaient tous essayé de le convaincre de rester en arrière, lui répétant pendant des jours et des jours qu'il aurait bien le temps de se battre une autre fois.
Mais le jeune loup n'en avait pas démordu et ils s'étaient tous heurtés à un mur d'obstination et d'assurance qui avait finit pas les faire craquer. Comme ils le regrettaient à présent.
Il lui rappelait tellement Harry, bouillonnant de vie. Plus entêté et frondeur que tous les autres. Avide de justice, impatient de croquer la vie et de la découvrir.
La longue procession de loups silencieux pénétra dans la forêt, Fenrir et Remus à sa tête. Ce soir, cette nuit, les loups hurleraient à la lune leur tristesse et leur rage.
Ils rendraient un dernier hommage à leur frère et le veilleraient, gardiens silencieux d'un corps sans vie, témoins de la sauvagerie d'un monde qui n'avait jamais voulu d'eux.
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Gareth n'avait mis qu'un instant avant de comprendre que quelque chose n'allait pas.
Tout s'était pourtant passé avec la plus grande facilité. Les hommes de Voldemort étaient de bons sorciers mais ils n'étaient pas des soldats contrairement à eux. Ils avaient eu tôt fait de les battre et les mangemorts n'avaient pas mis longtemps avant de se replier. Il n'y avait que très peu de perte de leur côté et toutes faisaient presque exclusivement parti de l'ordre du Phœnix.
Un grand remue-ménage attira son attention ainsi que celle de tous les combattants vers le centre du hall. Un groupe de sorciers, des membres de l'ordre principalement accompagnés de quelques aurors, était aux prises avec un dernier mangemorts. Celui-ci n'avait visiblement pas eu le temps de s'échapper avec les autres.
_ Alors Snape ?! Tu finis enfin par nous montrer ton véritable visage ! Espèce de sale traitre !
L'homme au visage cousu de cicatrices n'hésita pas à lancer un sort cuisant au mangemort, se moquant des cris de douleurs de ce dernier.
Gareth observa la scène avec dégoût. Il avait horreur de la torture. Quand on tuait un ennemi il fallait avoir la décence de le faire proprement.
_ Ils se conduisent comme des animaux.
Aliénor s'était jointe à lui sans qu'il ne la remarque. Il hocha la tête, refusant de s'attarder d'avantage sur un problème qui ne le regardait objectivement pas. Il n'avait pas son mot à dire dans cette histoire et même si tous les membres de l'organisation présents désapprouvaient visiblement les méthodes cruelles et inutiles de leurs alliés du moment, ça n'était pas à eux de s'interposer.
_ Maugrey ! intervint Dumbledore. Cessez de vous donner en spectacle et conduisez ce traître à Poudlard pour qu'il y soit interrogé.
_ Je n'aimerais pas être à la place de ce pauvre gars, commenta Aliénor.
De ce qu'elle devinait les techniques d'interrogatoire du vieux sorcier n'avaient de douces.
_ Tu sais où est Maximilien ? demanda l'incube, impatient de pouvoir rentrer pour retrouver Harry.
Le combat n'avait pas duré longtemps mais une seule journée passé dans le monde réel en valait bien d'avantage pour ceux coincé au repère de l'organisation. Cette histoire de distorsion temporelle n'avait décidément pas que des bons côtés.
_ J'en sais rien moi, je croyais qu'il était avec toi.
_ Avec… Non ! Je ne l'ai pas vu depuis qu'on est arrivé !
Une dizaine de scénarios catastrophe se mirent immédiatement en place dans son cerveau, la panique pointant déjà le bout de son nez.
D'un même mouvement Aliénor et Gareth se mirent à la recherche de leur ami, élan au passage leurs compagnons d'armes, qui se joignirent à eux dès qu'ils apprirent que l'un des leurs avait semble-t-il disparus.
Tout le ministère raisonnait des appels lancé au hasard avec l'espoir que quelqu'un y réponde. Mais seul l'écho de leur voix revenait à eux.
_ Il n'est nulle part ! finit par s'exclamer Aliénor en rejoignant l'incube.
_ Merde ! Il ne peut quand même pas avoir disparu ! Il doit forcément être là…
_ Le point positif c'est quand même qu'il ne se trouve ni parmi les blessés ni parmi les morts…
_ Ca nous fait une belle jambe ça, de savoir…
Gareth se figea au beau milieu de sa phrase. Les sourcils froncés, visiblement perplexe, il se mit renifler l'air autour d'eux. Il sentait quelque chose. Quelque chose qui n'avait rien à faire là.
_ Qu'est-ce que tu fais ? tenta de l'interrompre Aliénor, surprise de le voir se balader le nez en l'air, comme à la recherche de quelque chose.
L'incube ne prit pas le temps de lui répondre. Il ne prêta pour ainsi dire aucune attention à ce qu'elle disait.
Il sentait fluctuer tout autour de lui des courants de magie résiduelle bien trop familier à son goût. Un incube était venu ici et avait usé de sa magie. Il pouvait le sentir jusque dans ses tripes. Sa race n'utilisait pas la même magie que les sorciers et pour ceux qui savaient la sentir elle empestait à des kilomètres à la ronde. Il était sûr de ne pas se tromper.
Et il connaissait bien trop la signature de celui qui était venu ici pour ne pas s'inquiéter.
IL était venu réclamer son dû. IL était venu chercher Maximilien.
Son cauchemar prenait forme sous ses yeux.
Le lien s'était éveillé. Max était perdu, condamné à un sort qu'il n'osait même pas imaginé.
Et il ne pouvait rien n'y faire.
Il l'avait perdu.
Une rage sans nom le prit aux tripes.
Non !
Il refusait de perdre son ancien amant. Pas maintenant qu'Harry semblait enfin l'acceptait. Pas aujourd'hui, alors qu'ils venaient de remporter une importante victoire. Pas maintenant !
Jamais !
Maximilien était à lui ! De la même façon qu'Harry lui appartenait. Peu importe qu'il n'existe pas de lien magique entre eux, il était à lui. Au moins autant que lui-même appartenait à ses amours.
Il ne laisserait jamais personne lui arracher Harry.
Il ne laisserait jamais personne lui prendre Maximilien.
Il se foutait que celui-ci ait passé un pacte avec un autre, qu'il se soit fait avoir au jeu pervers d'un être plus abjecte que Voldemort lui-même.
Personne ne touchait à ce qui lui appartenait !
Et peu importe ce que ça allait lui coûter, il devait aller le chercher.
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Sirius n'avait pas attendu les ordres pour transplaner au Square. La bataille l'avait épuisé. Et plus encore, il ne se sentait pas le cœur d'écouter les membres de l'ordre déblatérer au sujet de Remus, l'injurier ou le maudire. Il avait bien assez à réfléchir sans que des imbéciles ne viennent lui embrouiller l'esprit plus qu'il ne l'était déjà. Il n'avait qu'à peine remarqué l'arrestation de Snap. Leur regard s'était croisé un instant, aussi perdu l'un que l'autre, même si c'était pour des raisons bien différente. Le serpentard ne se faisait pas d'illusion quant au sort que l'ordre lui réservait. Il espérait juste que Dumbledore lui accorderait une mort rapide. Pas indolore, il n'irait pas jusqu'à tenter la chance à ce point. Rapide, ce serait déjà bien. C'était l'unique chose à laquelle il aspirait désormais. Sirius l'avait lu dans ses yeux. Pendant une seconde il s'était sentit désolé pour lui. Il n'était pas cruel. Il n'aimait pas la souffrance. Même si 'était Snape.
Il se doutait que les vœux de Severus ne seraient pas exaucés. Dumbledore allait faire de lui un exemple. Oui, pendant un instant durant lequel leurs regards s'étaient accrochés l'un à l'autre, il aurait voulu pouvoir faire quelque chose pour lui.
Pourtant son esprit s'était bien vite tourné à nouveau vers son ami d'enfance.
Il était partagé entre la colère la plus intense qu'il avait jamais ressenti et un soulagement sans nom qui lui enlever enfin l'un des poids les plus lourds qui pesait sur ses épaules. Sa raison lui criait une chose alors que son cœur en chantait une autre.
Remus les avait trahit. Purement et simplement.
Il s'était rangé sous les ordres d'un monstre, d'un mage noir. Voldemort. Le meurtrier de tant de personnes, de leurs amis, des parents d'Harry. Comment avait-il pu ?
Cette question ne cessait de tourner dans sa tête. Toujours accompagné d'une autre pensée. Une pensée qui aurait fait hurler Dumbledore et le reste de ses sbires.
Remus avait enfin trouvé une place parmi les siens. Enfin. Après tant d'années d'errance, rejeter et mis au banc de la société par des sorciers trop stupide pour comprendre qu'être différent n'est pas une tare mais une chance et un trésor à chérir, il avait enfin trouvé sa place.
De le voir prêt de Fenrir, droit et fier de ce qu'il était, de sa race de ses frères, de sa place auprès de son alpha… Sirius n'avait jamais était aussi soulagé de toute sa vie. Même la colère qu'il éprouvait face aux mensonges que Remus lui avait vendus pendant des semaines, peut-être même des mois ou des années, ne parvenait pas à étouffer la fierté qu'il éprouvait face au courage dont le loup-garou avait fait preuve.
L'animagus avait lu dans le regard de son ami toute la tristesse qu'il ressentait à l'idée de le trahir. Ses yeux lui avaient supplié silencieusement de lui accorder le pardon. Un pardon que Sirius ne se sentait pas en droit de lui accorder.
Il n'y avait rien à pardonner.
Comment aurait-il pu lui en vouloir de chercher à être heureux ?
Jamais la société actuelle ne l'accepterait tel qu'il était, alors pourquoi pas ?
Sirius savait que les découvertes récentes qu'il avait faites au sujet de Dumbledore influençaient son jugement et qu'il n'aurait certainement pas réagis de la même façon quelques semaines auparavant.
Mais puisque le sorcier sensé défendre la lumière et le Bien se trouvait être un parfait salopard et un opportuniste prêt à sacrifier des enfants pour arriver à ses fins, puisque Remus, l'homme le plus doux et le plus gentil qu'il lui ait été donné de rencontrer, s'allier au mage noir sensé être le méchant de l'histoire, alors peut-être que les choses n'étaient véritablement pas aussi simple qu'il y paraissait.
Exaspéré par ses propres pensées qui ne le menaient finalement nulle part, Sirius se décida à bouger. Il plaça quelques sortilèges sur sa chambre, dont quelques-uns relevant fortement de la magie noire, pour garantir son intimité et empoigna une large poigné de poudre de cheminette. Vu l'heure qu'il était Hermione devait probablement être en train de lire un quelconque livre dans la salle commune des Gryffondors. Avec un peu de chance tous les autres élèves seraient partis se coucher et ils pourraient discuter tranquillement de tout ça.
Il se sentait un peu coupable d'embarquer la jeune fille la dedans mais il avait besoin de quelqu'un de moins impliqué que lui pour essayer d'y voir un peu plus clair.
Plongeant son visage entre les braises chaudes de la cheminée de sa chambre, il n'eut pas à attendre longtemps avant que la connexion ne se fasse.
Comme il s'y attendait, Hermione était là assise sur le canapé, plongé dans un livre trop gros pour elle.
_Hermione ! appela-t-il en essayant de se faire le plus discret possible. Il ne voyait personne d'autre que la jeune fille dans les parages mais il ne voulait prendre aucun risque.
_Sirius ! s'exclama la gryffondor avant de se reprendre et de jeter un coup d'œil aux environs pour être sûr que personne n'avait entendu son cris.
_ Sirius, reprit-elle plus doucement une fois rassurée en venant s'assoir sur le sol. J'ai entendu dire qu'il y avait eu une bataille au ministère…
_ Eh bien ! Les informations circulent vite. Je viens tout juste de rentrer au Square. Comment as-tu su ce qui se passait ? Et si tu oses prononcer le nom de Rita Skeeter, je risque de m'énerver plus encore que je ne le suis déjà.
_ Non, pas d'inquiétude à propos dette insupportable garce. C'est Dean qui nous l'a dit. Son père travaille au ministère et il lui a raconté qu'ils avaient tous été évacués en urgence après que Vol… tu-sais-qui ait débarqué avec perte et fracas.
_ D'accord, je comprends mieux.
_ Alors, tu vas bien ? Tu n'es pas blessé ? Je me suis inquiété…
_ T'en fais pas. C'est pas ce mage noir de pacotille qui va réussir à me faire mordre la poussière. Je suis trop têtu pour ça…
_ Presque autant qu'Harry, laissa échapper Hermione.
Quelques secondes d'un silence gêné suivirent ses paroles. Ils ne parlaient jamais du jeune gryffondor entre eux. C'était un sujet trop incertain pour qu'ils puissent l'aborder sereinement.
_ Oui… Toujours pas de nouvelles de ce côté-là je suppose ?
_ Rien, répondit Hermione.
Elle aurait aimé pouvoir lui parler de Draco et des suppositions qu'elle en était venue à faire mais le serment inviolable que lui avait imposé Snape l'en empêché.
_ Alors ? J'imagine que tu ne m'as pas contacté simplement pour me rassurer…
_ Pas vraiment non…
Il lui raconta rapidement ce qui c'était passé et attendit de voir la réaction de la jeune fille.
Celle-ci resta silencieuse un long moment. Tout tournait à l'intérieure de sa tête, complexifiant d'avantage la situation.
La disparition inexpliquée de Harry en compagnie du serpentard le plus serpentard que la Terre ait jamais portée, le digne fils de ses deux pères quand on y pensait bien, les révélations faites par Snape qu'elle avait eu du mal à croire jusqu'ici, et la « trahison » de Remus qui donnait finalement du crédit à ce que lui avait raconté son professeur de potion… Tout cela ne lui disait rien de bon.
Elle ne connaissait pas Remus aussi bien que Sirius ou Harry mais elle savait qu'il n'était pas mauvais et qu'il n'était pas dans sa nature de faire du mal aux autres. Elle le voyait mal s'allier à un monstre tel que Voldemort.
A moins que le fameux mage noir ne soit pas aussi malfaisant et cruel que tous les sorciers bien-pensants se plaisaient à le croire.
Elle prit soin de choisir ses mots, son serment inviolable l'empêchant de parler de ce que Snape lui avait révélé au sujet des mangemorts et de leurs idées.
_ Je pense que tout va bien plus loin que ce qu'on pensait. Remus n'est pas le genre d'homme à trahir ses amis. Sauf s'il pense que Voldemort vaut mieux que ce que prétendent Dumbledore et tous les autres…
_ C'est aussi ce que je pensais, confessa Sirius, soulagé de voir qu'il n'était pas le seul à penser autant de bien de son ami loup-garou.
_ Il faudrait trouver un moyen d'en apprendre plus, ajouta-t-elle en préparant d'avance les questions qu'elle devrait poser à Snape le lendemain soir pendant leur cour d'occlumencie.
_ Ouais… Bon, il faut que je te laisse. Les autres sont en train de rentrer. Je te recontacte dès que je peux.
_ Attends ! le retint Hermione. Est-ce qu'il y a eu des blessés ? Dans notre camp je veux dire.
_ Rien de très grave et personne que tu ne connaisses. Dumbledore s'est trouvé de nouveaux alliés très efficaces. Je ne sais pas d'où ils viennent mais ce que je sais c'est qu'ils sont bons… La seule autre surprise du jour c'est que Snape a finalement montré à qui allait sa fidélité. Dumbledore la fait mettre aux cachots après qu'il soit intervenu pour sauver Malfoy in extremis… J'aimerais pas être à sa place. Maugrey a l'air de vouloir lui en faire baver… Bon je te laisse. A plus tard.
Et il ferma la communication, sans remarquer la mine décomposée de la jeune gryffondor.
Non !
Pas Severus…
..
..
Bon ! Voilà.
Je m'excuse encore de mon retard. Et j'espère que vous aurez apprécié. Le prochain chapitre risque d'être un peu chargé. Harry va encore n'en faire qu'à sa tête et on sait tous bien comment les choses se terminent dans ces cas-là !
J'essaie de faire aussi vite que je peux !
A suivre