C'est ma toute première fanfiction, j'espère que cela plaira. Les reviews, même négatives (dénoncez les fautes d'orthographe ! ;) ), sont les bienvenues.

L'histoire est centrée sur une romance entre Severus et Hermione, même si je vais tenter (je dis bien "tenter") de ne pas trop changer leur personnalité de départ. Elle suit la trame du tome 7, en excluant cependant l'épilogue. Je tiens à préciser que j'ai la fin. Je sais par expérience comme c'est rageant de voir une histoire abandonnée.

Comme d'habitude, tout l'univers de Harry Potter appartient à la brillante J.K. Rowling. Dommage, car j'aurais bien gardé Severus pour moi...


Septembre 1991

Les nouveaux élèves arrivaient en rang dans la grande salle, impatients, pour la plupart, de connaître la maison dans laquelle ils allaient être envoyés.

Dumbledore se pencha vers un professeur grand, brun, qui semblait en vérité assez jeune, malgré son air sombre, et lui glissa à l'oreille : "Regarde bien la prochaine élève, Severus".

Alors qu'il se redressait, une petite fille, les cheveux frisés, comme emmêlés, s'avança vers le choixpeau, et s'assit sur le tabouret, parlant toute seule, visiblement nerveuse. Elle ne semblait rien avoir d'extraordinaire, cette élève. Il ne semblait pas émaner d'elle une aura incroyable, elle ne paraissait pas s'être déjà intégrée parmi les élèves de son année... Non, Severus Snape ne comprenait pas pourquoi le directeur lui demandait de l'observer.

Puis, le Choixpeau hurla "Gryffondor !". La petite élève sourit de toutes ses dents, et se lança joyeusement en direction de la table de sa maison.

Snape fronça les sourcils : c'était toujours la même scène, chaque année. Et pourtant, cette fois-ci, il fut touché. Voir cette élève insignifiante partir, avec son grand sourire, vers les Gryffondors le dérangea, sans qu'il sut pourquoi. Il se tourna vers Dumbledore :

"Qui est-ce ?"

"Elle", répondit le vieil homme, "est un cadeau. Pour toi, Severus."


Mai 1998

Les temps qui ont immédiatement suivi la bataille de Poudlard furent bien étranges. Le château qui, en bien des endroits, tombait en ruines, ne comptait plus réellement de professeurs ou d'élèves : il abritait plutôt une communauté, presque une fratrie, qui s'activait autant que possible autour de la reconstruction de cette auguste demeure, tout en prenant soin de ceux qui avaient été blessés par la guerre.

De fait, selon les affinités, et les éventuels liens familiaux, un quartier fut attribué aux résistants et autres rescapés de la guerre. C'est ainsi que la Tour Gryffondor abrita un nombre considérable de Weasleys, ainsi que leurs amis proches : le fameux Harry Potter, Luna Lovegood, le héros inattendu Neville Londubat, Hermione Granger, Minerva McGonagall – qui, par ailleurs, avait emporté avec elle le tableau d'Albus Dumbledore, n'ayant pas le cœur de le laisser seul dans son bureau -, Abeforth Dumbledore et son bouc... Et Severus Snape.

Comment le redouté maître des potions, espion pour la lumière, mais ancien mangemort et Serpentard s'était-il retrouvé au milieu de tant de Gryffondors (Weasleys, de surcroit !) ? Pour le comprendre, il suffit de revenir quelques jours en arrière...


Les jeunes amis du Trio d'Or, Hermione, Harry, et Ron, passèrent les quelques heures qui suivirent la mort de Voldemort dans une sorte de brouillard - n'ayant pas l'esprit assez tranquille pour dormir, mais leur corps étant trop fatigué pour fonctionner normalement.

La tête appuyée sur l'épaule de Harry, la taille encerclée par les bras d'un Ron visiblement au bord du coma, Hermione avait l'impression d'être dans un autre univers. Elle voyait, autour d'eux, des sorciers s'agiter, et elle avait même cru comprendre que le professeur McGonagall lui avait demandé s'ils allaient bien, tous les trois, mais de ses lèvres elle n'avait pas entendu le moindre son sortir. Elle avait vu le soleil décliner, jusqu'à le ciel prenne cet aspect bleuté, pas tout à fait noir, mais suffisamment sombre pour que des étoiles apparaissent. Elle avait senti le vent d'ouest se rafraîchir, elle avait entendu que le calme se faisait, petit à petit, dans le château, où les autres combattants devaient être occupés à dîner.

Mais c'était insignifiant. Tout semblait insignifiant alors.

Comment le monde pouvait-il encore tourner, après que tant de gens soient morts en cette seule journée ? Le soleil pouvait il se lever encore ? Les étoiles brillaient, tout là-haut mais, étant d'origine moldue, elle savait que la lumière de ces boules de gaz pouvait mettre des millions d'années à arriver jusqu'à la terre : combien de ces étoiles étaient déjà mortes, à cet instant précis, alors qu'elle voyait pourtant leurs flammes dans la nuit ?

L'image atroce d'un autre mort lui revint en tête, comme cela n'avait cessé depuis qu'elle avait arrêté de combattre : Severus Snape, dont les yeux aussi noirs que la nuit avaient également cessé de briller de cette lumière que ne peuvent conserver que les vivants. Severus Snape. Un homme bien. Probablement un homme bon. Un homme capable de tant d'amour qu'il avait enduré plus que la mort.

Il ne méritait pas ça.

Il ne méritait pas de mourir ainsi, détesté ou méprisé de tous, lui qui avait tant d'amour en lui, même si cet amour n'était destiné qu'à une seule personne.

Elle l'avait regardé mourir, impuissante, incrédule, incapable en un mot, de faire quoi que ce soit d'utile pour lui. Elle n'avait même pas tenu sa main. Elle lui avait pourtant fait confiance bien après que Harry ait commencé à voir en lui un traître. Elle l'avait respecté, un peu aimé, aussi, lorsqu'elle avait une quinzaine d'années, certainement parce qu'il lui paraissait inaccessible... Elle ne savait pas, alors, à quel point il était inaccessible.

Qu'aurait-elle pu faire ? Y aurait-il eu seulement quelque chose à faire pour le sauver ?

Elle soupira, sentant son cœur se serrer un peu plus : oui, il y avait quelque chose à faire. Elle y avait repensé. Elle aurait pu le garder en vie. Il aurait suffit de le pétrifier, afin d'arrêter l'hémorragie, et de bloquer la diffusion du venin de Nagini. Elle aurait alors pu prendre un échantillon de cette substance mortelle, et le mêler à une potion qu'elle avait mis au point au cas où quelqu'un aurait tenté d'empoisonner l'un de ses deux amis, et qu'elle portait toujours sur elle.

C'était si simple. Et dans le feu de l'action, elle n'y avait même pas songé un instant, trop effrayée par cette vision surnaturelle d'un Snape agonisant, et par la menace d'un Voldemort prêt à surgir à tout instant.

Elle se leva.

Elle entendit un vague « 'Mionne », et vit que Ron la fixait de ses yeux encore endormis.

« Je vais marcher un peu, ça va me calmer », lui dit-elle simplement, en s'éloignant. Elle n'était même pas sûre qu'il était tout à fait réveillé.

D'ailleurs, Ron était un autre de ses soucis.

Elle aurait dû ressentir quelque chose, lorsqu'il l'avait embrassée. Elle aurait dû sentir ces fameux « papillons dans le ventre » dont tout le monde parle. Mais non, elle n'avait rien ressenti de tout ça. Était-ce normal ? Était-ce la peur qui avait paralysé ses sens ? Elle craignait que non, mais en même temps, elle tenait tellement à Ron ! Elle secoua la tête rapidement, comme pour sortir ces pensées de sa tête, et se dirigea vers le passage qui menait directement à la cabane hurlante.


Au sortir d'un tunnel sombre, elle le vit, comme elle l'avait laissé : Severus Snape, le dos contre le mur, les bras pendant, sans vie, de chaque côté de son corps couvert de sang, les yeux fermés... Elle ne souvenait pas que Harry avait pris le temps de baisser les paupières du mort... A moins que ce soit Ron qui l'ait fait ? Elle ne se rappelait plus.

Elle se mit à pleurer doucement, sans savoir vraiment pourquoi. Oui, elle l'avait apprécié, beaucoup même. Mais elle le connaissait à peine, en vérité, et il l'avait toujours traitée de façon injuste. Quelque chose au fond d'elle lui disait que toutes ces humiliations et ces regards brûlants de colère n'avaient pas été que du cinéma pour amadouer les fils et filles de mangemorts... Quelque chose au fond d'elle lui disait que cette pensée-même lui faisait mal... Quelque chose au fond d'elle lui disait que les larmes qu'elle versait en ce moment n'étaient pas dues à de la pitié, contre toute attente. Pourquoi, alors ? Était-ce le choc de voir cet homme qu'elle avait connu si vif étendu là ?

Elle ne sentit pas son bras se lever, et pourtant elle posa la main contre sa poitrine, puis la remonta jusqu'au cou que Nagini avait en partie déchiqueté, et là, ses pupilles se dilatèrent, un cri s'échappa de ses lèvres. Sous ses doigts tremblants, il y avait un pouls, et si sa poitrine bougeait à peine, elle sentit un souffle.

Cette fois-ci, elle n'hésita pas : elle mit en œuvre le plan qu'elle avait élaboré auparavant. Elle lui lança un sort de petrificus totalus, puis, avec sa baguette, elle parvint à extraire des blessures un peu de venin le séparant du sang de son professeur, puis le mêla à la potion de guérison qu'elle avait concoctée des mois auparavant. Elle remua dans un sens, puis dans un autre, et murmura des incantations qu'elle avait apprises dans certains vieux livres de potions qu'elle avait emprunté à la réserve, jusqu'à ce que le remède prenne une teinte verte indiquant qu'elle était utilisable. Elle en versa un peu sur sa main droite, afin de répandre le liquide sur les blessures légères. Elle en versa plus généreusement sur le cou, et attendit que la chair se reforme. A l'aide d'un finite incantatem, elle mit fin au sort de pétrification, puis versa le reste de la potion dans la bouche de son professeur, appuyant doucement sur sa gorge pour la lui faire avaler.

Elle attendit quelques secondes avant que les yeux de l'homme s'ouvrent d'un coup. Il la regarda, étrangement avec le même feu que d'habitude, comme lorsqu'il était en colère contre elle, en classe, et elle commença à se demander s'il lui en voulait de l'avoir ramené.

Mais elle ne pu poursuivre sa réflexion, car deux bras s'étaient emparés d'elle avec force, et des lèvres étonnamment douces s'étaient écrasées contre les siennes. Inconsciemment, elle ferma les yeux, sentant enfin quelque chose se passer en elle, comme un fourmillement, une excitation, une chaleur inconnue, alors que Severus Snape, maître des potions, espion pour la lumière mais ancien mangemort, l'embrassait avec empressement, mais également, avec une certaine tendresse.

Finalement, lorsqu'il la laissa respirer, il murmura dans un soupir « Lily », en regardant la jeune fille droit dans les yeux.

Il y avait dans ces billes obscures plus d'étoiles, semblait-il, que dans le ciel qu'elle avait observé plus tôt dans la soirée. Il lui adressait exactement le même regard qu'autrefois, brûlant, intriguant, mais tous ses autres gestes avaient changé. Il lui caressa doucement les bras, puis le visage, avant de sourire faiblement.

La jeune Gryffondor voyant cela ne voulu pas qu'il se fourvoie d'avantage, même si l'idée de lui dire la vérité lui était étrangement douloureuse. Elle prit néanmoins son courage à deux mains :

« Professeur, c'est Hermione Granger, pas Lily. Je suis désolée. », ajouta-t-elle, réellement désolée de devoir le décevoir.

Snape ne sembla pas comprendre, pourtant, ne desserrant pas son étreinte, continuant de lui sourire bizarrement (peut-être l'éclairage de la lune ajoutait à ce petit quelque chose d'inquiétant dans l'expression de son visage), avant de lâcher un énigmatique :

« Je sais, ne t'en fais pas. »

Il délirait, elle en était persuadée. Un peu paniquée, elle décida d'envoyer un patronus chercher le professeur McGonagall et Mme Pomfresh. Une belle loutre sortit de sa baguette, et se faufila rapidement hors de la cabane.

« C'est une loutre, maintenant ? C'est beau aussi... ça te va bien... C'est doux... agile... rusé...Lily... ».

Hermione se retourna rapidement vers l'homme qui semblait toujours en proie au délire. Peut-être était-ce sa trop grande faiblesse, qui provoquait une telle confusion ?

« Je suis Hermione. Miss Granger. L'insupportable miss je-sais-tout, comme vous m'aviez appelée si gentiment. Vous vous souvenez ? Je ne suis pas Lily, pardonnez-moi. » Elle ne le laissa pas prendre la parole, consciente qu'il la blesserait s'il la confondait encore avec la mère de son meilleur ami. Pourquoi cela lui ferait-il du mal ? Elle ne le savait pas, mais une petite voix dans le fond de sa tête lui soufflait qu'elle aurait aimé être cette Lily adorée, juste pour le voir sourire tendrement à nouveau. « J'ai appelé de l'aide, on va vite vous transporter au château. Harry a réussi, vous savez ? Grâce à vous. Vous êtes un héros, professeur, je ne sais pas comment on pourra vous remercier... »

Snape commençait à se fatiguer. Il se laissa un peu retomber en arrière, et caressa encore légèrement le visage de son ancienne élève :

« Je ne voulais plus vivre... Pas après tout ça... Pas après que tu m'aies... détesté... pris pour un traître... Je n'ai même pas pu... te regarder... dans les yeux... Ton regard... m'aurait fait trop... mal... Mais je suis content... que tu sois revenue... Content... que ce soit toi... qui m'aies ramené... »

Puis il s'évanouit, épuisé.


Lorsque McGonagall et Pomfresh levèrent le corps pour le déplacer, Hermione se rendit compte que sa main était serrée dans celle de son professeur, et n'eut pas le cœur de desserrer leurs doigts. Elle resta à ses côté jusqu'au château, tandis que la nouvelle directrice et l'infirmière ne cessèrent de louer son intelligence et sa présence d'esprit tout au long du trajet.

Il n'y avait rien d'autre à faire pour le pauvre Severus Snape, si ce n'est que d'attendre que son corps soit suffisamment reposé. Hermione avait laissé entendre qu'il souffrait peut-être de fièvre, mais en réalité, il n'avait rien. Il était seulement fatigué, et il avait perdu beaucoup de sang. On le plaça donc à l'écart des autres patients, afin qu'il puisse être tranquille, dans la tour des Gryffondors, près de sa sauveuse.

Et c'est ainsi que Severus Snape se trouva condamné à vivre pendant plusieurs semaines dans une pièce remplie de gens qu'il détestait ou méprisait au mieux... à l'exception d'une seule personne.

Mais cela, elle l'ignorait encore.