LA FOLLE EN NOIR
LIVRE I : Curiosités
1965 - 1969
Titre : La Folle en Noir. « Livre I : Curiosités, 1965-1969 »
Auteur : SamaraXX.
Rating : M.
Disclaimer : Ceci est une fanfiction inspirée de la saga Harry Potter de J.K Rowling.
Spoilers : Tous les tomes sont pris en compte pour cette histoire.
Warnings : Mini-fiction, mention d'extrême violence, présence de scènes de sexe.
Couple : Bellatrix Lestrange/Lord Voldemort ; Bellatrix Lestrange/Rodolphus Lestrange.
Genres : Romance, Drame, Tragédie.
Résumé : Elle s'abandonne avec liesse et s'épanouit là où les autres dépérissent. La Folle en Noir, c'est ainsi que ses pairs la surnomment. Son abnégation et son dévouement choquent. Bellatrix est certes une femme ainsi qu'une guerrière mais elle est surtout amoureuse.
Remarques liminaires : Cette fiction n'a jamais été prévue à la base mais elle fait partie de ces idées de fictions qui apparaissent, obsèdent et ne s'éteignent qu'une fois le dernier mot écrit. Ce pairing ne m'est absolument pas coutumier mais il fait pourtant partie de ces couples évidents. Ma vision personnelle des évènements n'est pas forcément représentée dans cette fiction. Pour moi, Voldemort n'a jamais eu d'amant, homme ou femme. Le challenge encore une fois est de concilier la vision de J.K Rowling (je respecte quasiment tous les détails donnés par l'auteur) à ce qu'on aimerait parfois imaginer. Ou comment une action, un mot ou un regard négligemment dépeint par l'auteur peut générer des fictions farfelues. Bonne lecture !
~La Folle en Noir~
Premier Chapitre : Les Fiançailles
Été 1965,
La lettre était encore froissée dans la main de Bellatrix, le poing serré sur quelques mots brefs, froids et impersonnels. Le Poudlard Express commençait à décélérer alors qu'il approchait de la gare de King's Cross. Le maintien de la jeune fille dénotait un stress et une irritation qu'elle tentait non sans mal de dissimuler. Sans la blancheur de ses doigts crispés sur le bout de parchemin et son attitude prostrée, on aurait presque pu penser qu'elle était d'une sérénité à toute épreuve. Andromeda Black, sa petite sœur, la regardait d'un œil critique tout en sachant que si Bellatrix venait à remarquer son observation, elle aurait probablement droit à l'un de ses légendaires regards noirs.
Bellatrix n'était de toute façon aucunement préoccupée par ce qui se passait à l'intérieur du compartiment qu'elle occupait. Elle se contentait d'observer le paysage brouillé qui défilait derrière la fenêtre du train. À ses côtés se trouvait une jeune fille qu'Andromeda n'aimait pas beaucoup. On la surnommait « le fantôme » en raison de sa peau très claire et de ses cheveux très blonds. Elle aimait la compagnie de sa sœur mais Andromeda savait que les deux jeunes filles ne partageaient pas beaucoup de points communs. À dire vrai, Bellatrix la côtoyait pour la simple raison que leurs parents leur avaient subrepticement glissé qu'il serait malvenu de repousser l'unique héritière des Avery. Bellatrix avait donc obligeamment accepté que le Fantôme lui lèche les bottes en dépit de sa désarmante stupidité. Andromeda aurait pu la tolérer un peu plus si la jeune fille ne lui avait pas fait clairement ressentir qu'elle n'était qu'une gamine à qui elle ne devait aucun respect.
Andromeda venait d'achever sa première année à l'école de sorcellerie Poudlard alors que Bellatrix et le Fantôme entameraient leur quatrième année au mois de septembre. Elles étaient toutes trois à Serpentard. Andromeda aurait pu s'installer avec ses amies mais elle avait préféré rester avec sa grande sœur, suite à la réception le matin-même d'une lettre bien mystérieuse envoyée de la maison de leurs parents.
Bellatrix détacha finalement le regard de la fenêtre et jeta un regard ennuyé à sa sœur et à la jeune fille qui avait gardé le silence depuis le départ du train.
- Tu es bien silencieuse, Dromeda, que t'arrive-t-il ? s'enquit Bellatrix d'une voix hautaine.
- Il était inutile d'essayer de t'arracher à ta passionnante observation du paysage et ta chère amie, le spectre ici présent, ne semble pas vouloir causer, répliqua Andromeda avec un sourire amusé.
Bellatrix garda un visage impassible mais Andromeda savait que sa remarque au sujet du Fantôme lui avait plu.
- Je pense que ta sœur est trop polie pour te le dire mais les premières années n'ont rien à faire dans ce compartiment, ta présence ici nous empêche de discuter ! s'exclama alors la jeune héritière d'un air furieux.
- Le train est bientôt arrivé, il est inutile qu'elle s'en aille maintenant, contra Bellatrix.
Elle essayait manifestement de ne pas prendre parti mais ce n'était pas sans un réel effort de sa part. En temps normal, Bellatrix n'avait pas à se coltiner exclusivement la compagnie de cette fille sans cervelle. Elle était bien plus souvent entourée d'élèves plus âgés, en grande partie de garçons ceux qui faisaient parties de la cour de Rodolphus Lestrange. Le Fantôme n'était jamais loin derrière mais pourvue d'une timidité maladive et conformément à l'éducation qui lui avait été donnée, elle ne prenait jamais la parole lorsqu'elle était en compagnie des garçons de l'école. Et cela arrangeait grandement Bellatrix !
Les autres filles de sa promotion réparties à Serpentard n'étaient pas excessivement déplaisantes mais elles ne lui ressemblaient pas. Un brin niais, aucune once d'audace. Elles ne l'intéressaient pas. Avery, de par sa personnalité effacée, s'était vite tournée vers la seule fille esseulée comme elle, et ce fut ainsi que Bellatrix devint la seule amie du « Fantôme » à Poudlard.
- Pourquoi ne t'es-tu pas installée avec Rodolphus et les autres ? demanda Andromeda, l'œil curieux et glissant furtivement vers la lettre que tenait toujours Bellatrix.
Le regard de la jeune fille s'assombrit tandis que ses doigts serraient plus fortement encore la lettre, deux petits points rouges apparurent sur ses joues puis elle se tourna de nouveau vers la fenêtre. Elle était de toute évidence dans une grande colère et Andromeda avait une idée de la raison. Andromeda ne pouvait s'empêcher d'admirer l'aplomb de sa sœur. Pourvue d'un caractère explosif, il lui arrivait fréquemment de sortir de ses gonds. Le fait qu'elle essaie de dissimuler sa colère à l'instant présent prouvait que l'affaire était sérieuse. Andromeda avait toujours pensé que de toute sa famille, Bellatrix était celle qui avait le plus de caractère. Peut-être était-ce parce qu'elle était l'aînée de la famille mais Bellatrix avait toujours été au cœur des discussions les plus vives. Cela provenait au début de sa beauté. Bellatrix était une grande fille pour son âge aux traits parfaitement dessinés, droits et secs comme tous les Black. Ses lèvres étaient pleines, presque pulpeuses, ce qui lui conférait une certaine sensualité. Tout le monde répétait qu'Andromeda et Bellatrix se ressemblaient. Leur grande différence résidait dans leur couleur de cheveux : Bellatrix avait de longs et lourds cheveux noirs tandis qu'Andromeda possédait une crinière brune à l'instar de ses yeux. Malgré leur ressemblance, Andromeda pensait souvent que sa grande sœur avait quelque chose de plus qui ne laissait personne indifférent. Peut-être était-ce son regard sombre ou son attitude altière et fière.
Le train s'engagea dans King's Cross et s'arrêta plutôt brutalement sur le quai 9 ¾. Bellatrix récupéra sa valise et celle de sa sœur puis souhaita de bonnes vacances à Avery qui lui offrit un sourire en remerciement. Lorsque les deux sœurs descendirent du train, le quai était déjà bondé d'élèves qui se hâtaient de retrouver leur famille. Andromeda ignorait si elle était vraiment heureuse de rentrer chez elle : ses parents lui avaient un peu manqué mais comme toujours lorsqu'elle était avec eux, un nœud commençait déjà à se former au fond de son ventre. Alors que ses yeux se promenaient sur l'étendue du quai afin de trouver ses parents, son regard rencontra celui d'une femme qu'elle connaissait bien mais qu'elle aurait préféré oublier.
- Tante Walburga ? chuchota Andromeda à sa sœur avec anxiété.
Bellatrix darda sur elle un regard agacé.
- Je ne voulais pas en parler en compagnie de cette idiote translucide mais nos parents m'ont dit dans la lettre que nous devrions passer deux semaines chez Tante Walburga et Oncle Orion avant de rentrer chez nous, expliqua Bellatrix avec une certaine inquiétude.
- Mais… pourquoi ? souffla Andromeda, levant des yeux paniqués vers sa grande sœur.
Bellatrix soupira tandis qu'elles approchaient à pas de lents du couple austère, hautain et froid qui les attendaient au fond du quai.
- Ne t'en fais pas, Dromeda, je ne pense pas que nos parents aient fait cela pour te punir toi, répondit Bellatrix à voix basse avant de déposer un baiser aérien sur la joue de sa tante et de son oncle.
- Bonjour mon oncle et ma tante ! s'exclama-t-elle d'un ton faussement joyeux.
Andromeda, les épaules légèrement affaissées, imita sa sœur mais ne put s'empêcher de constater la mâchoire serrée, les poings fermés et le regard noir qu'arborait Bellatrix. De toute évidence, le tempérament explosif de la jeune fille était mis à rude épreuve. Andromeda était même étonnée qu'elle n'ait pas encore montré toute l'étendue de sa colère.
Walburga Black, la sœur de leur père, et Orion Black, le cousin de leur père, les regardaient avec sévérité. Ils leur lancèrent un regard polaire puis Walburga leur fit un signe vers un des âtres du quai, les invitant à s'en aller.
- Douze Square Grimmaurd, grommela Bellatrix avant d'être emportée par de violentes flammes vertes.
XxXxXxX
Lorsqu'ils arrivèrent dans le salon de la Noble Demeure des Black, les deux sœurs purent rapidement constater que la pièce n'avait pas changé du tout depuis leur dernière visite à Noël dernier. Les tapisseries fastueuses ornaient toujours les murs sombres, l'imposante cheminée de marbre était toujours obstruée par de nombreuses photos de famille sur lesquelles les protagonistes rivalisaient d'austérité. La pièce était faiblement éclairée en raison des lourds rideaux rouges sang qui encadraient avec rigueur les deux grandes fenêtres françaises du salon il était encore trop tôt pour éclairer le salon des mille chandelles que contenait l'énorme lustre suspendu au plafond.
Bellatrix appréciait le manoir des Black. Il était le symbole indiscutable de la grandeur et de la pureté de sa famille. Elle déplorait que son père n'en ait pas hérité mais la maison des Black ne faisait maintenant plus partie de son patrimoine familial. Elle avait été construite par Phineas Nigellus Black, un des plus illustres directeurs de Poudlard, et il en avait fait don à son premier fils. Orion Black, son oncle, était le descendant de ce premier fils et était donc maintenant le maître des lieux.
Cependant, Bellatrix et ses deux sœurs, étaient très souvent venues ici car la Noble Demeure des Black continuait d'être officiellement implantée au 12 Square Grimmaurd. De plus, la sœur de son père, Walburga était maintenant mariée à Orion Black, ce qui garantissait une deuxième raison pour que les parents de Bellatrix visitent très souvent les habitants du Manoir Black.
Sa tante et son oncle atterrirent dans leur salon peu après les deux sœurs. Walburga leur lança un regard inquisiteur puis s'autorisa un léger sourire.
- C'est un plaisir de vous revoir, assura-t-elle, toujours aussi jolie Bellatrix et toi Andromeda, tu ressembles de plus en plus à ta sœur ! Tu as bien grandi depuis Noël.
Bellatrix remarqua que sa tante évitait de la regarder dans les yeux. Orion Black appela l'elfe de maison pour qu'il vienne les débarrasser de leurs capes et bagages puis il s'installa sur l'un des trois cossus canapés du salon.
- Andromeda, je suis sûre que tu meurs d'envie de dire bonjour à tes cousins. Sirius et Regulus sont au premier.
Andromeda lança un regard quelque peu surpris à Bellatrix mais obtempéra sans demander son reste. Elle appréciait beaucoup Sirius et Regulus, leurs jeunes cousins de six et cinq ans. Lorsque Bellatrix fut seule avec son oncle et sa tante, elle sentit la colère s'abattre de nouveau sur elle. Elle connaissait la raison de cette venue dans le berceau de la famille des Black plutôt que chez elle, dans le manoir de son père. Ses parents voulaient lui rappeler qu'elle était la digne descendante d'une famille prestigieuse, honorable et d'une impossible irréprochabilité tant au niveau du sang que de la dignité.
Walburga et Orion Black étaient bien connus en Angleterre pour représenter les idéaux des nobles Sang-Purs leur sang était d'une perfection absolue car tous deux descendants de la Noble et Très Ancienne Maison des Black.
Walburga invita sa nièce à s'asseoir sur l'un des canapés. Bellatrix choisit celui qui se situait le plus près de la porte et le plus loin possible de son oncle. Si Tante Walburga pouvait être intimidante, ce n'était rien en comparaison du nerveux et irascible tempérament d'Orion Black.
- Mon cher frère et sa femme ont déjà dû t'expliquer la raison de ta venue ici, n'est-ce pas ? demanda Walburga d'une voix froide.
- Il m'a expliqué que j'avais besoin d'être préparée, répondit Bellatrix, la mâchoire serrée.
- Tout à fait, ma chère. Ton père m'a confié la tâche de t'inculquer les bonnes manières. Il semblerait que tu ne sois pas d'une très grande délicatesse pour une femme. Il est malvenu de scander à qui veut bien l'entendre que tu ne désires pas te marier. Comment pourrais-tu défier la loi de ton père et risquer l'extinction du noble sang des Black ?
Dans la lettre que Bellatrix avait reçue, ses parents avaient expliqué à demi-mots que son éducation n'était pas des plus parfaites et qu'il était temps pour elle de recevoir les instructions nécessaires pour devenir une bonne épouse. De toute évidence, son père avait eu vent de ses frasques à Poudlard : ses sorties fréquentes avec les garçons de Serpentard, les bêtises qu'elle faisait avec eux après le couvre-feu. Il était toujours très mal vu pour une fille d'être aperçue avec des garçons même si elle ne faisait que chahuter et se battre avec eux.
- Je ne veux simplement pas être réduite au simple statut de « mère », je ne veux pas avoir d'enfant… Je suis une sorcière, pas une mère pondeuse !
Tante Walburga sembla trouver ses propos scandaleux car ses yeux s'écarquillèrent méchamment et son regard noir s'apparenta l'ombre d'un instant à celui d'une vipère près à mordre. Ce fut pourtant Oncle Orion qui répondit, non sans un ricanement moqueur.
- Ma chère nièce… Ton père est un sot ! Depuis que tu es enfant, il ne cesse de vanter tes qualités. « Quelle brillante sorcière, si précoce et si belle ! » disait-il. Ton père n'avait pas pensé que tu deviendrais si ingrate, si désobéissante. Pour qui te prends-tu, Bellatrix ? Penses-tu avoir ton mot à dire dans les décisions de tes aïeux ?
- Je ne cherche pas le conflit, mon oncle, répondit Bellatrix, la voix cependant tremblante de rage.
- Même si tu le cherchais, ma chère nièce, il serait vite avorté. Ton père et moi-même avons longuement parlé. Je lui ai fait savoir qu'un déshonneur provenant d'une Black pourrait entraver sérieusement notre réputation. Je ne tiens pas à ce que notre sang soit sali. Il est dit qu'à Poudlard, tu t'amuses à retrouver certains garçons dans leur dortoir…
- C'est faux ! interrompit Bellatrix d'une voix forte. Je fais honneur à mon sang et à ma famille.
- Ton comportement soulève bien des sourcils dans notre famille, pourtant, reprit Oncle Orion, ma femme t'apprendra les bonnes manières en commençant peut-être par « il est incorrect de couper la parole à ses aïeux ».
Bellatrix ne répondit pas, tentant de garder son calme malgré la colère qu'elle sentait au fond de son ventre.
- Nous sommes donc arrivés au moment le plus délicat de notre conversation, reprit Orion d'un ton calme et mesuré, ton père a décidé de te marier, ma chère nièce.
Bellatrix n'était pas surprise mais elle ne pouvait nier que cette information l'emplissait d'épouvante tout de même. Elle avait pressenti cette décision depuis des mois et la lettre reçue au courrier ce matin l'avait confortée dans son idée même si ses parents étaient restés plutôt vagues.
- Reginaldus Lestrange nous a fait savoir à ton père et moi qu'il souhaiterait marier son plus grand fils Rodolphus à l'aînée des sœurs Black, donc toi Bellatrix. Ceci nous a paru tout à fait convenable et bien à propos.
Bellatrix connaissait, évidemment, très bien Rodolphus. Il pouvait probablement être considéré comme l'un de ses amis à Poudlard si tant est qu'il était coutumier pour deux amis de chercher à se battre à la moindre occasion. Rodolphus avait un an de plus qu'elle, il était constamment entouré d'une horde d'amis. Populaire chez les Serpentard, il était détesté des Gryffondor pour ses idées radicales et son comportement violent. Rodolphus était rapidement tombé sous le charme de Bellatrix et avait essayé de l'attirer dans son lit de nombreuses fois mais Bellatrix, joueuse, s'était toujours refusée à lui.
Elle avait toujours sincèrement aimé s'amuser avec lui : leurs escapades dans le château en pleine nuit, les peines qu'ils causaient aux sangs-de-bourbe et autres raclures qui souillaient l'école, leurs propres combats lorsqu'il doutait de sa force et de son audace. Mais depuis que Rodolphus était entré en quatrième année, il avait commencé à la regarder différemment. Il n'acceptait plus aussi bien qu'une fille l'accompagne, lui et ses amis, dans leurs frasques nocturnes.
Bellatrix avait vite compris que Rodolphus la désirait. Comment aurait-il pu en être autrement ? À l'aube de ses quatorze ans, Bellatrix ressemblait davantage à une femme que les autres filles de troisième année. Ses seins et ses hanches se développaient déjà de façon harmonieuse donnant ainsi à son uniforme scolaire des courbes encore insoupçonnées pour un garçon de quatorze ans. Bientôt Rodolphus n'avait pu faire abstraction et chahuter avec elle comme il en avait l'habitude devint impossible.
Bellatrix était horriblement insultée que Rodolphus ait demandé à son père de proposer un mariage entre eux. Elle avait pensé que malgré ses railleries, il avait compris qu'elle n'était pas comme les autres. Elle avait pensé qu'il la respectait. Elle était une sorcière, une sang-pur, une Black. Comment pouvait-il la forcer à ce mariage ridicule ? Il voulait l'enfermer dans un rôle, celui de la femme parfaite. Bellatrix n'était pas une femme parfaite. Elle ne le serait jamais.
« J'aurais dû céder, faire comme ces idiotes et coucher avec lui » songea Bellatrix avec morosité, « il m'aurait vite oublié… Je n'aurais pas dû jouer avec cet idiot, il n'a rien compris… ».
Elle avait cru que Rodolphus était différent… Elle s'était trompée.
Bellatrix entendait encore son oncle parler mais elle n'avait à présent plus le cœur à écouter. Elle ne voulait pas se marier. Jamais.
- Les fiançailles auront lieu dans quinze jours, conclut finalement son oncle avant d'esquisser un sourire moqueur.
Bellatrix le fusilla du regard.
- Par coutume, cela se déroulera ici, dans la Noble Demeure des Black, reprit Walburga Black.
Puis son visage devint songeur tandis qu'elle observait Bellatrix.
- Quinze jours… Cela sera difficile mais j'ai bon espoir, je suis sûre que le sang des Black ressurgira. Nous allons pouvoir faire quelque chose de toi.
Bellatrix sentit sa magie déferler dans ses veines. Le lustre trembla au-dessus de leurs têtes, menaçant de faire tomber quelques chandelles. Jetant un dernier regard noir à son oncle et à sa tante, elle quitta la pièce. Elle reconnaissait son attitude extrêmement impolie mais si son oncle, sa tante et ses parents s'attendaient à ce qu'elle devienne miraculeusement une gentille petite femme docile, ils se trompaient tous lourdement. Il faudrait se lever bien plus tôt pour songer à dompter Bellatrix Black.
XxXxXxX
Les quinze jours passés furent terriblement éprouvants pour la jeune Bellatrix. Walburga la forçait à se lever à cinq heures tous les jours, ce qui irritait prodigieusement Bellatrix qui avait prévu de passer toutes les matinées de ses vacances à dormir et à se prélasser. Après le levé difficile, Bellatrix se devait d'engloutir un petit-déjeuner infect qui était censé lui donner un beau teint virginal (son oncle et sa tante doutaient fortement qu'elle soit encore chaste malgré les dires véhéments de Bellatrix). Si la jeune fille n'était pas ignorante de ce qui se passait dans les dortoirs des garçons plus âgés, elle n'avait jamais poussé la porte elle-même de ces dits dortoirs. Vierge, elle l'était, et n'avait aucune envie de changer quoi que ce soit à cet état de fait.
Walburga s'était également amusée à vêtir sa nièce de corsets et de robes très serrées qui rendaient pénible la respiration. Cela dit, Bellatrix avait pu constater après s'être furtivement regardé dans un miroir que ces robes lui allaient à merveille. Elle s'était alors véritablement rendue compte de ce que les hommes pouvaient voir en elle en la regardant. Le seul détail qui l'ennuyait était les motifs floraux que sa tante avait choisis : c'était d'une niaiserie navrante. Lorsque sa tante regardait ailleurs, Bellatrix changeait la couleur de ses robes et les rendait uniformément noires. Ainsi vêtue, la robe longue, le décolleté prononcé et la taille serrée par de beaux tissus noirs, elle s'était sentie plus femme et importante que jamais. Elle s'était sentie elle-même.
Le plus difficile pour Bellatrix fut de se tenir à carreau lors des leçons de « bonnes manières » inculquées par sa tante. À coup de baguette sur les doigts, Walburga s'était efforcée de donner à Bellatrix une position parfaite lorsqu'elle était assise, lorsqu'elle mangeait, lorsqu'elle se tenait debout. Une véritable torture pour Bellatrix ! Ses coups de colère furent nombreux. Elle avait ainsi fait briser toute la porcelaine de la cuisine de Walburga après qu'elle lui ait donné une énième correction.
Andromeda compatissait silencieusement lorsque sa grande sœur venait se coucher le soir éreintée et furieuse. Parfois, elle lui glissait un mot encourageant que Bellatrix faisait taire d'un coup de langue agacé.
La dernière journée avant les fiançailles, Walburga ordonna à l'elfe de maison de laver intensément la maison, surtout le salon et la salle à manger où seraient présents les invités. Les parents de Bellatrix devaient arriver le lendemain matin, accompagnés de Narcissa, sa petite-sœur de onze ans. Le patriarche des Lestrange, Reginaldus ainsi que ses deux fils Rodolphus et Rabastan étaient attendus dans l'après-midi. Bellatrix avait également appris qu'Enguerrand Avery, le père du Fantôme, était également invité. Elle espérait de tout son cœur qu'il n'amènerait pas avec lui son idiote de fille. Elle craignait que d'autres personnes ne viennent car Orion Black voulait faire de cet évènement un petit dîner mondain afin de promouvoir une fois de plus le noble sang des Black. Reginaldus et Enguerrand étaient de vieux amis de Poudlard d'Orion et de son père Cygnus Black légèrement plus vieux et très respectés dans leur sphère, il était toujours de bon ton de les convier à de tels évènements au grand dam de Bellatrix.
La nuit précédant le jour fatidique, Bellatrix dormit très mal. Elle fit de rêves affreux dans lesquels elle devait se tenir droite, une dizaine de livres entassés sur son crâne pendant que Rodolphus essayait de la peloter à travers ses robes, sous le regard approbateur de son oncle et de son père.
Elle se leva tôt sans que sa tante y soit pour quelque chose et descendit à pas lourds à la cuisine. Sans surprise, elle y découvrit Sirius, déjà attablé, un bol de lait devant lui. Il piquait du nez et se prenait des coups de baguette sur la tête par sa mère dès que ses cheveux noirs touchaient de trop près son bol de lait. Pour un peu, Bellatrix l'aurait presque plaint mais son propre sort funeste l'attendait et ne la prédisposait pas à être compatissante.
- Sirius, tiens-toi droit ! s'exclama durement Walburga avant de se tourner vers Bellatrix. Te voilà levée ! Tu n'étais pas obligée de sortir du lit si tôt. C'est un grand jour aujourd'hui, il faut que tu sois en forme.
Walburga tenta ensuite de lui offrir un sourire mais son visage sévère ne savait délivrer que des mines lugubres et inquiétantes. Bellatrix ne lui répondit pas et s'assit en face de Sirius. Il la regardait d'un air endormi, les joues encore barrées par les plis des draps.
- 'lut Bella, l'accueillit-il sans emphase.
- Sirius, parle correctement ou tais-toi ! cingla Walburga, les yeux remplis d'éclairs mauvais. Mange bien, Bellatrix mais sans excès. Il serait vraiment dommage que tu sois ballonnée au plein milieu de tes fiançailles.
Bellatrix lui lança un regard noir à l'entente du mot honni « fiançailles ». Je la hais, pensa-t-elle avant de se servir d'une part de brioche pendant que l'elfe lui remplissait une tasse de thé.
À dix heures et demie, Cygnus et Druella Black apparurent dans le salon par le réseau de cheminette. Bellatrix avait eu le temps de se laver, de s'habiller et de se coiffer.
- Ma fille ! s'exclama Druella alors qu'elle contemplait sa fille avec fierté. Tu es jolie.
- Gardez vos compliments pour vous, mère, je n'ai guère envie de les entendre aujourd'hui.
Druella se tut aussitôt, reconnaissant l'humeur massacrante et légendaire de sa fille aînée. Son père, en revanche, s'avança et contempla sa fille, sans peur et avec un soupçon de satisfaction. Bellatrix se doutait qu'il devait apprécier de voir sa fille ainsi habillée et coiffée comme la plus parfaite des jeunes filles à marier. Bellatrix avait envie d'hurler.
- Walburga aura finalement réussi à te donner un peu d'allure. Je lui dois cinq gallions pour la peine.
- Encore un mot de plus, père, et je quitte cette maison sur-le-champ ! prévint Bellatrix.
- Ah… Elle ne sera pas parvenue à adoucir ton caractère. Heureusement Narcissa est d'une nature plus douce, n'est-ce pas 'Cissa chérie ?
Avec horreur, Bellatrix vit alors son père, le noble et fier Cygnus Black, s'abaisser pour déposer un baiser sur la joue blanche de sa petite sœur Narcissa. Elle l'avait à peine aperçue, cachée derrière les jupes de sa mère. Bellatrix avait toujours su que Narcissa était la préférée de ses parents : belle, docile, calme et intelligente, elle possédait tous les atouts pour faire d'elle une bonne sorcière. De plus, Narcissa était blonde contrairement à Bellatrix et Andromeda dont le physique était très ressemblant et représentatif de la famille Black. La chevelure blonde de Narcissa ne la rendait que plus atypique, attirante et intéressante aux yeux de toute la famille.
Bellatrix n'était, en revanche, pas encore habituée aux démonstrations d'affection de son père envers la dernière-née des Black. Un tel étalage de tendresse aurait pu rendre jalouse Bellatrix mais elle devait avouer, elle-même, que sa petite sœur était adorable (même si elle espérait qu'elle acquière un caractère moins fade par la suite).
- Bonjour grande sœur ! s'exclama-t-elle avec un sourire.
Bellatrix lui rendit un maigre sourire.
- Bonjour 'Cissa, répondit-elle d'une voix un peu étranglée sa gorge s'était soudainement serrée en prenant conscience qu'il était peu probable que Narcissa, l'adorée, ne soit contrainte un jour à un mariage forcé comme le sien.
Walburga et Orion arrivèrent finalement dans le salon pour accueillir les parents de Bellatrix et se mirent aussitôt à converser des fiançailles avec enthousiasme.
- Mon cher cousin ! s'exclama Orion à Cygnus, ces fiançailles sont en tous points excellentes pour nos affaires.
Cygnus leva un sourcil intrigué alors qu'il s'installait sur l'un des fauteuils.
- Reginaldus a fait savoir qu'il amenait certains de ses amis. Il tient à ce qu'ils rencontrent la prochaine femme de son fils héritier.
- Qui a-t-il annoncé ? demanda le père de Bellatrix d'une voix calme.
- Tu ne seras pas surpris qu'Enguerrand Avery soit là ainsi que d'autres mais le nom de Lord Voldemort a été chuchoté. En as-tu déjà entendu parler ?
- Lord Voldemort ? Bien-sûr, un bien talentueux sorcier, quoiqu'un peu… étrange, dirons-nous. Mais tu le connais aussi.
- J'en serais heureux mais j'ai bien peur que non, mon cher cousin, répondit l'oncle de Bellatrix.
- Si, souviens-toi, ce garçon de Serpentard d'un an plus âgé que nous. Il a disparu ces dernières années mais il est récemment revenu et on commence à le revoir dans les salons des grandes familles.
Un éclair de compréhension passa sur le visage d'Orion Black. Bellatrix y décela également une certaine peur.
- Abraxas Malefoy ne cesse de m'en vanter les qualités depuis quelques mois, reprit Cygnus avec un petit sourire complaisant.
- Abraxas Malfoy ? Je ne savais pas que tu le fréquentais, dit Orion avec un soupçon de jalousie.
Bellatrix le regarda un peu moqueusement. Orion Black était un vantard dû à sa place prépondérante dans la famille des Black et il était toujours bien entouré. Mais il semblait trop souvent oublié que Cygnus Black, même si descendant d'une branche moins prestigieuse des Black, était un homme redoutablement intelligent et dont la compagnie plaisait énormément dans les salons des grandes familles de sang-purs. Compter Abraxas Malefoy, ce riche sang-pur arrogant, dans ses amis était un bien bel atout.
La jeune fille finit par quitter la pièce sans plus penser à Malefoy, Avery et aux Lestrange mais au doux nom de Lord Voldemort que son père avait prononcé avec un petit quelque-chose de déférence et de peur qui la galvanisait. Qui pouvait être ce Lord ? Elle n'avait jamais entendu de tels titres honorifiques chez les sorciers, en omettant bien-sûr les élucubrations d'Orion et Walburga Black sur le prétendu sang royal qui coulait chez les Black. Songeuse, Bellatrix se mit presque à attendre avec impatience le moment de ses fiançailles.
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À six heures de l'après-midi, les Lestrange pénétrèrent le manoir des Black en empruntant la porte d'entrée. Bellatrix avait entendu le carillon du haut de sa chambre mais ne daignait pas descendre. Imaginer Rodolphus gravir le tapis fraîchement aspiré du hall d'entrée lui était d'ores et déjà insupportable. Comment osait-il la contraindre à ce mariage, lui qui connaissait si bien ses opinions à ce sujet ? se demanda une nouvelle fois Bellatrix avec désespoir.
Andromeda lui lança un regard curieux.
- Tu ne descends pas ?
Bellatrix ne répondit pas, mâchouillant sa lèvre inférieure avec anxiété. Elle regardait la porte avec désarroi. Elle ne voulait pas perdre son calme mais son sang semblait déjà bouillir dans ses veines tandis que pour la première fois depuis que son oncle lui avait annoncé ces fiançailles, la peur commençait à s'installer insidieusement. Elle n'avait pas le choix, malgré tous les stratagèmes qu'elle s'était imaginée la nuit pour se bercer d'illusions. Si elle ne voulait pas se mettre sa famille à dos dont elle était très fière malgré tout, il lui faudrait plier à la décision de son père.
Elle lança un regard à sa sœur qui sembla la comprendre et lui offrit un sourire triste. Puis, armée d'un courage qu'elle avait pensé inexistant, elle descendit les marches de l'escalier en emportant avec elle toute la dignité et la hauteur qu'un Black pouvait faire preuve. Si Rodolphus la voulait, il allait devoir composer avec son caractère et qui sait, il reviendrait peut-être sur sa décision avant leur mariage.
Reginaldus Lestrange, sa femme et ses deux fils se tenaient sur le seuil du salon, échangeant les banalités de circonstance à ses parents et à son oncle. Le père de Rodolphus était un grand homme de quarante ans : ses cheveux grisonnaient sur ses tempes, ce qui n'adoucissait pas son visage dur et ses yeux bleus glacials. Il possédait quelque chose d'inquiétant derrière son regard qui n'exprimait aucune chaleur. Rodolphus n'avait pas hérité d'une aura aussi menaçante. Ses yeux étaient plutôt vides, ils ne brillaient pas d'intelligence et n'exerçaient aucune forme d'attirance chez Bellatrix.
Elle croisa son regard alors qu'elle descendait les dernières marches. Il semblait littéralement subjugué, ses yeux voyageant sans vergogne le long de son corps : il s'attarda longtemps sur son décolleté puis la regarda de nouveau dans les yeux. Il dut y lire quelque chose de déplaisant car sa pomme d'Adam sembla tressauter un instant avant que Bellatrix rejoigne finalement son père d'un pas qu'elle espérait mesuré malgré sa propre nervosité.
Andromeda n'était pas loin derrière elle ainsi que Narcissa qui contemplait tout ce monde avec curiosité.
Rodolphus sembla perdu un instant puis il se courba maladroitement.
- Ravi de vous revoir, Bellatrix, dit-il cérémonieusement.
Bellatrix leva les yeux au ciel en notant le vouvoiement qu'il venait d'utiliser. Lors de leurs nombreuses péripéties à Poudlard, il avait été loin de la vouvoyer. Bien au contraire.
- J'aimerais pouvoir dire que le plaisir est partagé, répondit Bellatrix avec un sourire resplendissant.
Rodolphus rougit un peu mais Bellatrix put remarquer qu'il tentait de réprimer un léger sourire. Ainsi donc, cette situation semblait l'amuser ! Cela irrita encore davantage Bellatrix si cela était possible. Elle sentit le regard désapprobateur de son père sur elle mais refusa de lever les yeux vers lui. Bientôt, les familles Black et Lestrange s'installèrent dans le fastueux salon du manoir.
- Voici donc la célèbre Bellatrix Black ! lança alors Reginaldus Lestrange, à présent confortablement installé dans un fauteuil, un verre de whisky pur feu à la main.
Bellatrix, toujours debout au milieu des nombreux canapés et fauteuils de la pièce, se sentit mal-à-l'aise sous le regard scrutateur de l'homme. Son père et son oncle échangèrent un sourire fat lorsque l'expression de Reginaldus se mua en une moue satisfaite.
- Tu as bon goût, mon fils, finit-il par décréter.
- Comment pourrait-il en être autrement lorsqu'il s'agit d'une héritière Black ? souleva Cygnus, un brin de fierté dans la voix.
Bellatrix se sentit plus mal que jamais sous tous ces regards sur elle. Même la plus assurée des jeunes filles aurait flanché, se dit-elle.
- De lourds cheveux noirs, bien épais, légèrement ondulés, des hanches bien formées, capables de porter un Lestrange. Elle ne manque d'atouts, c'est vrai, Cygnus.
Le père de Bellatrix esquissa un fin sourire mais Bellatrix le sentait légèrement agacé, ce qui la rassura quelque peu. Elle n'était pas un bout de viande sur l'étalage d'un marché ! Ses yeux déjà fort noirs s'assombrirent encore davantage.
Les adultes commentèrent son physique encore quelques secondes puis ils demandèrent à Bellatrix, Andromeda, Narcissa, Rodolphus et Rabastan de quitter la pièce tandis qu'ils réglaient les termes du contrat. Une alliance entre deux familles aussi pures et influentes était une aubaine mais ne devait pas être prise à la légère.
Dès que les adolescents furent sortis, Rodolphus s'avança vers Bellatrix, un sourire railleur aux lèvres.
- Il faut que je te parle en privé, lui dit-il avec assurance.
Bellatrix reconnaissait là le garçon qui était habitué d'être toujours entouré d'un nombre impressionnant d'admirateurs à Poudlard. Rodolphus ne manquait pas d'audace mais le regard à la fois moqueur et appréhensif qu'il posait sur elle l'agaça prodigieusement. Elle hocha néanmoins la tête et l'emmena dans la bibliothèque du manoir alors que Rabastan, plus jeune que Rodolphus, accompagnait ses deux sœurs à l'étage.
Bellatrix ferma la porte de la bibliothèque derrière elle puis se tourna vers Rodolphus en dardant sur lui le regard le plus meurtrier qu'elle était capable de donner. Il ne la regardait pourtant pas dans les yeux mais contemplait sa robe avec appréciation.
- Oh, Black, je n'aurais jamais pensé te voir habiller dans une telle robe ! siffla-t-il avec lubricité.
Bellatrix n'y tint plus. Toute la frustration accumulée ces deux dernières semaines afflua dans ses veines à une vitesse affolante. Démunie de sa baguette, elle se lança à mains nues sur Rodolphus et le gifla de toutes ses forces. Le jeune homme perdit son équilibre en se tenant le visage à deux mains. Bellatrix n'y fit pas cas et continua de le malmener.
- Comment as-tu pu me faire ça, sale cloporte avilissant ! s'écria-t-elle tandis qu'il essayait de se protéger de ses coups.
- Black, calme-toi ! lui dit-il entre deux heurts.
- Me calmer ? Pour qui te prends-tu ? Comment oses-tu proposer ce mariage ridicule ! Comment pourrais-je vouloir me marier avec toi !
- Je ne pensais pas que ça te répugnerait à ce point, tu as l'air d'aimer être avec moi à Poudlard.
Prise d'hystérie, Bellatrix hurla et lui lança au visage tous les livres qu'elle pouvait attraper autour d'elle. Rodolphus lui prit les bras et l'immobilisa contre un des meubles de la bibliothèque.
- Lâche-moi ! Idiot ! se défendit-elle en tentant de le griffer.
- NON ! cria-t-il, tu ne comprends pas, ton père t'aurait marié avec quelqu'un d'autre. T'aurais préféré épouser un vieux sorcier bedonnant, peut-être ?
- Oui ! Tout sauf toi ! répondit-elle avec hargne.
Rodolphus rit.
- Tu dis ça parce que tu es énervée. Quand mon père m'a parlé que ton père pensait à te marier, je n'ai pas pu ne rien dire. Je ne voulais pas que tu sois obligée de te marier à quelqu'un d'horrible.
- Oh ne me dis pas que tu as voulu m'épouser par bonté d'âme, tu ne rêves que de me sauter depuis que tu as compris comment marchait le minuscule petit membre que tu as entre les jambes ! s'exclama-t-elle.
- Ne juge pas de cela avant que l'on soit marié, ma belle, tu pourrais être surprise, répondit-il avec un sourire graveleux.
Elle lui lança le regard le plus noir qu'elle put avant de lui donner un violent coup de pied dans le tibia. Il recula en titubant et étouffa un juron dans sa barbe. À ce moment-là, la porte s'ouvrit à la volée et Tante Walburga fit irruption dans la bibliothèque.
- Que faites-vous espèce de malotrus ? Les amis de votre père, jeune Rodolphus, sont arrivés et on a entendu vos cris de là-bas. Hâtez-vous de retourner dans le salon et tenez-vous bien, faites honneur à vos familles, par Merlin ! rugit Walburga dans une colère noire.
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Cette fois-ci, lorsque Bellatrix pénétra de nouveau dans le salon du Manoir Black, elle ne put manquer les nombreuses nouvelles personnes qui s'y étaient installées. Un timide bourdonnement de conversations s'élevait des canapés. Elle sentait les effluves aromatisées qui s'échappaient de la cuisine indiquant que l'elfe de maison avait bientôt fini de préparer le dîner. Bellatrix fut prise d'une certaine appréhension alors que toutes les personnes dans la pièce se tournèrent vers elle lorsqu'elle fut avancée plus loin dans la pièce.
Elle sentit Rodolphus la contourner et s'asseoir à côté de son père à pas vifs et nerveux. Bellatrix le regarda faire avec mépris.
- Nous avons fini de parlementer les derniers détails, ma fille, lui annonça son père d'une voix plus grave qu'habituellement comme si elle était enrouée.
Bellatrix fronça les sourcils devant son attitude puis se souvint aussitôt de Lord Voldemort. Au même moment, elle discerna une silhouette grande et imposante qui se détachait dans la lumière déclinante du soir. L'homme était debout devant une des fenêtres du salon et la regardait fixement.
Bellatrix sentit ses genoux trembler. Elle ne pouvait pas distinguer les traits de son visage dans le contre-jour mais l'atmosphère différente de la pièce semblait entièrement provenir de lui. Et à en croire les postures malaisées des autres personnes dans la pièce, elle ne devait pas être la seule à ressentir ce trouble au creux du ventre.
- Maître, je vous présente la promise de mon fils.
Bellatrix se tourna brusquement vers Reginaldus Lestrange qui avait prononcé ces mots avec un grand respect. Pourquoi l'appelait-il « maître » ? Puis l'homme, le seul debout, s'avança vers elle, déambulant entre les canapés sans faire de bruit comme un serpent approchant sa proie.
Le cœur de Bellatrix se mit à battre très fort dans sa poitrine. Elle pouvait maintenant parfaitement voir son visage. Les cheveux noirs, la peau très blanche, les traits fuselés, l'homme arborait une beauté étrange. Plus il approchait, plus il était aisé de constater la blancheur irréelle de sa peau et le noir abyssal de ses yeux. Bellatrix le trouva magnifique.
- Mademoiselle Black, susurra-t-il dans un souffle froid, mordant.
Bellatrix ne put rien dire tandis que tous mots, phrases ou idées avaient disparu de sa tête. Le cœur battant, elle vit l'homme se pencher, prendre sa main et y déposer un baiser aérien, ses lèvres n'effleurant qu'un infime instant sa peau. Le temps sembla s'arrêter pour la jeune fille alors que les yeux de l'homme se levaient vers elle, lui offrant un sourire sans que les autres ne puissent le remarquer. Jamais Bellatrix n'avait vu sourire plus terrible, plus terrifiant.
Il se redressa.
- Je suis Lord Voldemort, lui dit-il d'une voix mesurée mais qui sembla résonner tel un écho menaçant dans la tête de Bellatrix.
Elle courba l'échine en tentant de mettre en œuvre les conseils de Walburga mais son attention limitée lors de ses leçons se fit soudainement ressentir. Elle entendit le rire presque silencieux du mage noir. Elle devait être la seule à l'avoir entendue mais cela n'empêcha pas ses joues de rougir de honte. Elle baissa les yeux.
- À l'entente de vos débordements enflammés, je vous avais imaginée plus loquace, avoua-t-il d'une voix légèrement moqueuse.
Bellatrix leva alors brusquement les yeux vers ceux de l'homme, sentant la colère déferler dans ses veines une fois de plus. Elle ne sut que répondre malgré le désir ardent qu'elle possédait maintenant à se montrer sous son meilleur jour.
L'homme leva un sourcil sceptique avant de se détourner et d'esquisser un discret signe d'assentiment à l'intention de Reginaldus Lestrange. Rodolphus se permit alors un sourire satisfait. Bellatrix fronça les sourcils.
Lord Voldemort se tourna ensuite vers les autres invités. La voix froide, l'intonation parfaite, il reprit :
- Mes chers amis, je ne pourrais malheureusement pas rester dîner avec vous ce soir mais je suis sûr que mon absence ne sera que peu remarquée.
Bellatrix pensa que ce serait absolument impossible et qu'il s'agissait de l'euphémisme du siècle. Elle remarqua que Lord Voldemort posait un regard plus appuyé sur Reginaldus Lestrange, Enguerrand Avery et quelques autres invités dans lesquels Bellatrix reconnut le père Nott et Rosier.
- Maître, dirent-ils avec révérence.
Puis il s'éclipsa, passant devant Bellatrix qui ne put s'empêcher d'humer son odeur. Elle reconnut le parfum frais des forêts et une autre senteur indéfinissable mais qu'elle ne trouvait pas désagréable.
Elle se tourna brusquement vers la porte du salon, voulant se repaître encore dans la contemplation de cet homme magnifique. Il ne se retourna pas mais ferma les doubles-portes de la pièce sans esquisser un geste. Bellatrix sursauta lorsque les portes claquèrent comme si le bruit l'avait enfin sortie d'une torpeur rêveuse.
Les conversations reprirent doucement derrière elle mais Bellatrix avait encore la tête ailleurs, le cœur battant à vive allure. Plusieurs minutes passèrent avant qu'elle ne se reprenne. Les convives se déplaçaient déjà vers la salle à manger où aurait lieu le dîner.
Elle constata que Reginaldus Lestrange ainsi que Nott, Rosier et Avery semblaient très bien se connaître et partageaient quelques plaisanteries qu'aucun des autres ne comprenait. Cygnus et Orion se lançaient parfois des regards un peu irrités. De toute évidence, ils ne faisaient pas parties du même cercle que les autres.
Bellatrix étudia les hommes avec attention lors du repas. Au cours de leurs discussions, elle comprit qu'ils s'étaient connus à Poudlard, qu'ils avaient même été dans la même classe. Pas une fois ils ne firent mention de Lord Voldemort mais Bellatrix pressentait que l'homme était le fil conducteur qui reliait tous ces hommes. Elle se demanda s'ils ne l'avaient pas connu à Poudlard également. Elle n'osait pas poser de questions. Pourtant, quelque chose lui échappait dans cette pièce et elle était bien décidée à comprendre tout ce qui s'était passé ce soir-là.
Bientôt, il fallut officialiser les fiançailles de Rodolphus et Bellatrix. Plus que jamais elle répugnait à se marier. À l'heure du coucher, lorsque le manoir fut redevenu calme, ce n'est pas à son fiancé qu'elle rêva mais à Lord Voldemort. Quel nom curieux, songea-t-elle sous ses couvertures. Elle finit par s'endormir bercée par l'image du sourire étrange et inquiétant que l'homme lui avait offert. C'était de loin la plus belle chose qu'elle avait jamais vue.
TO BE CONTINUED...
En espérant que ce premier chapitre vous ait plu. N'hésitez pas à me faire part de vos avis.
SamaraXX.