Note de l'auteur : Je sais que j'ai déjà des fics en cours, et je vous promets que je les terminerai, mais cette fic traine depuis trop longtemps dans mes dossiers et elle est déjà bien avancée, donc je me permets de la poster. En espérant qu'elle vous plaira.
Note à l'attention des reviewers anonymes : Je rage à chaque fois de ne pas pouvoir vous répondre, alors si vous avez une adresse mail, un blog, un twitter, n'importe quoi, vous pouvez me le donner si vous le souhaitez pour que je puisse vous répondre.
Disclaimer : Rien n'est à moi (mes Ocs, si vous voulez, mais c'est si peu que ce n'est même pas vraiment a peine de trop s'attarder là-dessus)
Chapitre I :
Change everything you are
And everything you were
Your number has been called
Muse
Les tables étaient installées. Deux, immenses, elles trônaient au milieu de l'imposante salle à manger. Les lustres – anciens, plus vieux que la grand-tante Elda – éclairaient la pièce d'une lueur vive, qui se reflétait dans les couverts d'argent – sans âge, héritage intemporel de la famille. Les chaises, sur mesure, quarante deux, étaient soigneusement positionnées, et en face d'elles, sur un petit bout de papier, d'une écriture élégante, étaient notés les noms des invités. On ne sentait pas l'odeur des plats qui mijotaient dans la cuisine, un étage en-dessous. On sentait l'odeur de la richesse, de l'ostensible, du vieux, du vénérable.
Le Manoir, parce qu'il n'avait pas d'autre nom que celui-ci, était situé à l'extérieur de Londres. Il appartenait, et ce, depuis sa construction, à la famille Rosenberg, lointaine cousine de la famille royale anglaise. C'était une bâtisse immense et imposante, qui datait du Moyen Âge. Elle était d'un style dur, immuable, loin des arabesques baroques, ou des courbes majestueuses du classicisme. Et pourtant, la famille Rosenberg n'avait jamais quitté le Manoir.
Le père Rosenberg – Edward, de son prénom - était un riche chef d'entreprise. Lui-même, il ne connaissait rien aux nouvelles technologies que son nom symbolisait à présent – branche qu'il avait développée quelques années plus tôt, pour compléter la fortune que lui apportaient les armes et le pétrole. Mais il avait su s'entourer des meilleurs ingénieurs, des meilleurs négociateurs. Aux jours d'aujourd'hui, on ne pouvait faire sans Rosenberg Industry, dans l'économie mondiale.
Thomas Rosenberg avait épousé à l'âge de vingt-deux ans une charmante italienne nommée Tania – c'est de ce côté de la famille que venait la-dite grand-tante Elda – dont la famille était très respectée par le reste de la mafia italienne. L'union avait été favorable au développement de l'entreprise, particulièrement au niveau de l'armement. Rosenberg Industry était centenaire, et elle avait connu un petit coup de mou avec le passage au vingt et unième siècle. Le mariage avait remédié à cela.
De l'union étaient nés trois enfants. L'aîné, un garçon – comme cela semblait toujours être le cas dans la famille – se prénommait sobrement Edward Junior et était âgé de vingt-neuf ans. Ensuite venait Carolyna, vingt-huit ans. Et enfin, Estel, vingt-six ans. De ces trois noms, deux étaient inscrits sur les petits bouts de papier posés sur les tables du Manoir. Edward Jr était placé à la gauche de son père. Carolyna, elle, se tiendrait à sa droite, mais il y aurait une place occupée par un invité, entre elle et Edward Rosenberg.
Estel avait fait son choix il y a bien longtemps. Elle n'était ni maltraitée, ni dédaignée par sa famille. Elle avait simplement décidé que la vie mondaine n'était pas pour elle. Comme à chaque fois, on lui avait demandé si elle souhaitait siéger avec sa famille à l'annuel repas organisé au Manoir. Comme à chaque fois, elle avait refusé. Et personne, dans les collaborateurs de Rosenberg, ne la connaissait. Elle avait sa chambre au Manoir, de l'argent à revendre, et la vie devant elle. Simplement, elle n'avait pas encore décidé de ce qu'elle allait faire de sa vie et de son temps. On ne l'avait pas élevée en pensant qu'elle refuserait de paraître en société. Edward Jr avait été brillant et avait réussi haut la main ses études en commerce international. Carolyna n'était pas bête mais elle était belle, agréable et intéressante, et cela lui suffisait, elle estimait donc que faire des études n'était d'aucune utilité. Estel venait de terminer des études de littérature. Mais elle ne savait pas quoi faire de son diplôme. Alors elle passait son temps à Londres, dans les musées, les cinéma, les librairies. Le soir, quand son frère ou sa sœur était d'humeur, ils passaient la soirée ensemble, agréablement. Elle pouvait descendre aux cuisines pour apprendre un nouveau plat, ou faire la lecture à sa mère, qui parlait assez bien l'anglais, mais avait du mal à le lire. Elle hantait le Manoir comme une âme en peine, des fois. Ou alors elle allait chez des amis, et n'en revenait pas d'une semaine. Personne ne savait ce qu'elle faisait réellement de ses journées et personne ne s'en souciait. Elle était adulte, responsable, elle s'appelait Estel Rosenberg personne ne trouvait à redire à son attitude.
OOO
Carolyna laissa échapper un léger cri en voyant la bretelle gauche de sa robe bleue nuit se défaire.
-Mama ! Mama ! Appela-t-elle en italien.
Sa mère accourut et, dans la même langue, lui murmura qu'elle était belle, tout en arrangeant la bretelle.
Et belle, elle l'était en effet. Brune, grande, fine, méditerranéenne. Elle n'avait hérité de son père que ses grands yeux verts, surmontés de longs cils. Ses cheveux descendaient en cascade sur ses épaules brunes. Elles se regardèrent toutes les deux dans le miroir, la mère et la fille, et sourirent du même sourire. Elles étaient tellement semblables que c'en pouvait être troublant pour qui ne les connaissait pas.
Edward, téléphone à l'oreille, vint compléter le tableau. Blond, pâle, grand et bien bâti. Trois-pièce impeccable. Il raccrocha et sourit aux yeux rieurs des deux femmes, à travers le miroir.
-Le vol en provenance de Gotham vient d'atterrir.
Ils échangèrent tous trois un regard entendu.
-Ed' est parti à leur rencontre. Ils ne devraient plus tarder.
Puis il partit, sans un mot de plus. En discutant en italien, dans un murmure, les deux femmes continuèrent de se préparer. Elles cherchaient quels étaient les bijoux les plus appropriés à leur tenue quand elles entendirent un grand rire. Au bout du couloir, Estel, en italien elle aussi, discutait avec son grand-oncle. Elle les rejoignit dans la chambre de son aînée et s'installa sur le lit, et leur signifiant d'un geste de la main qu'elles étaient sublimes.
-Voyons, il y a deux cent habitants dans ce village, en comptant les poules ! Il est hors de question que j'aille me perdre là-bas, dit-elle, toujours avec le sourire.
Sa mère secoua la tête en riant.
-Non, je pense que Caro' n'est pas intéressée non plus. Apparemment elle aurait des plans pour cette année.
-Passe-le moi quand tu auras terminé, murmura sa mère.
Estel hocha la tête et décida d'abréger la conversation. Elle lui demanda d'embrasser la famille, lui promit de lui envoyer une carte postale si elle partait en voyage, et tendit le téléphone à sa mère. Un simple regard d'elle la convainquit de quitter la pièce. Carolyna sur ses talons, elle sortit, et toutes deux descendirent en discutant tranquillement, en anglais cette fois-ci, de la soirée qui s'annonçait.
-Tu devrais venir, quand même. Bruce Wayne promet d'être un sacré numéro, tenta encore un fois Carolyna.
-Et déranger tout le plan de table ? Non merci, rit sa sœur. Jonathan et sa copine organisent une petite soirée sur Upper Street. Je ne veux pas manquer ça.
-On fricote avec les nouveaux riches de Londres, à ce que je vois, plaisanta Caro.
Elles s'installèrent dans le petit salon, et une servante leur offrit une boisson. Elles trinquèrent. Et Carolyna ne put s'empêcher de dire :
-Tout de même … Préférer Upper Street à Bruce Wayne …
Dans la chambre de sa fille, Tania s'assit à son tour sur le lit, et répondit aux questions sur sa santé, la famille, les affaires, avec sa patience habituelle. Puis dès que l'occasion de présenta, elle déclara d'une voix douce :
-Tonton, je sais que tu veux voir les enfants, et que tu es trop vieux pour te déplacer souvent. Mais si toi et papa voulez vos entrées à Gotham City, il va falloir être encore un peu plus patient. Maroni a beau tenter de garder les apparences, il n'est pas en odeur de sainteté auprès des malfrats influents de la ville, pas depuis qu'il y a Batman, en tout cas. Il va lui falloir du temps pour se remettre. Alors on va devoir rentrer dans la ville par une autre porte. On va essayer la grande. Tonton, Edward et moi, on vous a fait une promesse, à Papa et toi. On va la tenir. On entrera à Gotham par la grande porte. Mais pour ça, j'ai besoin de Carolyna, et Carolyna a besoin d'Estel.
OOO
En voyant le Manoir, Bruce jeta un regard surpris à Fox, qui haussa les épaules d'un air amusé. Des voitures étaient déjà garées dans la cour, ce qui leur permit de comprendre qu'ils n'étaient pas les premiers arrivés. Ils suivirent Edward Jr, et montèrent la marches imposantes du perron à sa suite, avant d'entrer dans le vaste hall. Le jeune homme les quitta un instant pour prévenir son père de leur arrivée, pendant qu'un majordome leur offrait un premier verre.
-Tu vas dire que je radote, Bruce, mais Wayne Enterprise n'aurait jamais du travailler avec Rosenberg Industry. C'est une visite de politesse. Collaborer avec eux, c'est permettre à la mafia italienne de s'infiltrer un peu plus dans Gotham. Ce soir, il faut faire comprendre à Edward Rosenberg qu'il n'y aura pas d'autre contrat.
Bruce fit un sourire et un signe de tête à un homme qui venait de le saluer – un allemand, de ce qu'il se souvenait. Puis il répondit dans un murmure :
-Je suppose que tu vas t'occuper de ça.
Lucius sourit en retour, et Edward Jr leur demanda de passer dans le salon.
Edward Jr était grand, et ne ressemblait ni à son père, ni à sa mère. Il était grand, roux, séduisant, et calme. Et difficilement impressionnable. Alors il n'avait pas peur de Bruce Wayne. Ni lui ni son père n'étaient assez idiots pour ignorer le fait que Wayne Enterprise ne renouvellerait aucun contrat avec Rosenberg Industry. Contrairement à Edward Senior, Edward Jr connaissait l'entreprise sur le bout des doigts. Il était le meilleur à ce qu'il faisait – gagner beaucoup d'argent. Mais là, il ne s'agissait pas que d'argent. Il s'agissait de famille. Sa famille voulait entrer à Gotham. Il savait qu'ils ne pourraient pas y arriver via Rosenberg Industry. Alors ce soir, ce qu'Edward Jr devait gagner, c'était un aller simple pour Gotham, à offrir à Carolyna. Un aller simple pour le penthouse de Bruce Wayne.
En voyant l'homme, en pensant à sa réputation, Edward Jr se dit que ce ne serait pas difficile.
Son père le rejoignit pour saluer ses invités, et entama aussitôt une discussion animée avec Fox. Junior fit signe à Wayne de le suivre, et, tout en saluant, ça et là, les nombreux hommes d'affaires et leurs femmes qu'ils avaient décidés d'inviter, il se fraya un chemin jusqu'à sa mère et sa sœur.
-Bruce, je vous présente ma mère, Tania, et voici ma sœur, Carolyna.
Il le regarda les saluer avec la plus grande des politesses et offrir un sourire charmeur à Caro. Content, il tenta d'engager la conversation. De ce qu'il savait, Wayne était plus que direct. Si une femme lui plaisait, cela se voyait très rapidement. Et Carolyna était la plus belle femme de la soirée. Il leva discrètement son verre en direction de son père, et reporta son attention sur sa sœur, qui écoutait les compliments de Wayne en souriant. Elle était visiblement charmée. Edward Jr la connaissait assez pour savoir que, quand un homme lui plaisait, elle ne reculait devant rien pour l'avoir. Voilà qui serait parfait. Parce qu'elle l'aurait, il n'en doutait pas. Et ainsi, sans même le savoir, elle assurerait à la fois son propre bonheur, et celui de la famille italienne.
Il vit le regard de Carolyna se détacher un instant de celui de Wayne, et la jeune femme fit un sourire discret en direction de la porte, avant de reporter toute son attention sur l'homme devant elle. Si Bruce le remarqua, il fit comme si de rien n'était, mais Edward Jr tourna légèrement la tête, et vit Estel lui faire un léger signe de la main avant de descendre les escaliers. Puis il sentit la main de sa mère se poser sur son épaule et ses lèvres effleurer sa tempe.
-Mon petit, murmura-t-elle avec amour. Mon petit.
Puis elle partit rejoindre son mari, et, en voyant que le sourire charmeur de Wayne ne quittait plus son visage, Edward Jr décida lui aussi de partir en chasse.