Disclaimer: Tout est à JKR, je n'ai pas touché une mornille ou un euro pour écrire cette fiction, blablabla. Je n'ai pas non plus de droit sur les citations utilisées en début de chapitre, bien que la traduction soit maison sauf si le contraire est précisé.
Betareading: Audéarde
Important: Cette histoire est un parallèle à mon autre fanfic "Les cicatrices de temps". Bien que cette histoire puisse être lue indépendamment, il y aura une suite qui prendra en compte les deux fics.
Pairing: Je ne sais pas par où commencer, lol... Draco/Hermione (évidemment (même s'il va nous falloir de la patience et qu'il n'y aura probablement rien de concret avant la 3ème fic)) Tonks/Remus, Daphné Greengrass et Blaise. Possiblement du Neville/Luna. Il y aura également des références à une ancienne relation entre Albus et Grindelwald.
Plus généralement, pour ce qui est des personnages principaux, j'ai choisi Tonks et Hermione parce que ce sont celles qui me sont venues à l'esprit, mais j'estime que cette histoire couvre pas mal de persos. Le but est de mettre en place le contexte pour la troisième et dernière partie des Cicatrices (et oui, ceci est un léger spoil vu que ça implique qu'au moins un des deux (Harry ou Severus) reviendra au présent), tout en développant les relations qui ont besoin d'être développées.
Au niveau de l'attitude OOC que certains des mes personnages pourraient avoir (j'en voir déjà certain brandir les torches) j'ai tenté de rester au plus près des caractères originaux mais j'estime que le contexte évoluant les personnalités évoluent. Trois des personnages seront probablement remis en cause.
Pour ce qui est de Tonks, nous n'avons pas tellement d'info sur elle, je développe donc sa personnalité en respectant au mieux ce qu'on en sait. Si vous ne l'aimez pas ou que vous la trouvez trop fofolle/dingue/délurée/obsédée/jenesaispasquoid'autre désolée, mais on ne la connait pas dans la vie de tous les jours donc...
Hermione... Hermione jouera un rôle très important dans cette fic. J'admets que le comportement qu'elle va adopter va diverger de celui qu'elle a dans les livres, et en même temps pas tellement puisque l'AD est à la base son idée. Je m'appuie sur l'attitude qu'elle adopte dans les reliques ainsi que dans certaines parties du tome 5.
Draco. D'accord, c'est Draco qui fera probablement la chose la plus surprenante et pourtant je ne la juge pas OOC. Gardez à l'esprit que Draco est un Serpentard et qu'un Serpentard est prêt à tout pour ce qu'il veut. (non je ne parle pas de la romance avec Hermione, ça viendra biiiiiieeeen plus tard).
Mis à part ça, c'est mon premier essai avec des personnages comme Luna ou Dumbledore. Contrairement aux cicatrices où Severus et Harry se partagent le point de vue, ici ils seront variés. Et... Je pense que c'est tout. Si vous avez des questions, n'hésitez pas...
Enjoy & Review!
L'Armée de l'Ombre
Life isn't about finding shelter in the storm. It's about learning to dance in the rain.
Sherrilyn Kenyon – Acheron
La vie ne sert pas à trouver comment s'abriter de la tempête. Elle sert à apprendre comment danser sous la pluie.
Sherrilyn Kenyon - Acheron
Chapitre 1 : Shelter in the Storm
La jeune femme cessa de s'amuser de son ombre changeante en arrivant au pied du château. A la lumière de la pleine lune, quelques fenêtres éclairées par des torches ou des bougies, il avait tout d'un décors de film d'horreur et peu de l'école qu'il était en réalité.
C'était dans ces moments qu'elle préférait Poudlard.
Entre chien et loup. Dans l'obscurité. Quand les apparences étaient trompeuses... Quand on pouvait jouer à se faire peur, tout en sachant que le château serait là pour les accueillir chez eux quand ils en auraient terminés. Combien de soirées d'été avait-elle passé à courir le domaine avec un garçon ou un autre ?
Souriant à une époque qui lui semblait avoir eu lieu des siècles plus tôt, Nymphadora Tonks entreprit de gravir la longue pente qui la mènerait à la petite entrée dans la muraille est. Elle prit soin de rester dans l'ombre comme l'avaient exigé les instructions de Dumbledore, afin d'éviter d'attirer l'attention désagréable d'Ombrage ou, comme l'appelait désormais les élèves, le vieux crapaud.
Pour l'avoir vue plusieurs fois de loin au Ministère, Tonks ne pouvait qu'approuver à la fois les directives du Directeur, et le surnom que lui avait communiqué Ginny. Néanmoins, elle ne pouvait s'empêcher de penser que faire tout le chemin jusqu'à Poudlard était une perte de temps non négligeable.
Faire ses rapports au square Grimmaurd ne la gênait pas, son appartement londonien était situé à quelques rues à peine du quartier général. Mais traverser la moitié du pays sous prétexte que Sirius refusait de la recevoir ce soir là, alors qu'elle n'avait pratiquement rien à signaler...
D'un geste mécanique, elle repoussa d'un coup de tête les mèches qui lui tombaient dans les yeux et hâta le pas.
Honnêtement, songea-t-elle avec agacement, que pouvait bien avoir à cacher Sirius ? Son regard accrocha la lune ronde que semblait perforer la flèche de la tour d'astronomie, et elle s'amusa un instant à la pensée qu'il puisse abriter un loup-garou. Quoi que l'idée ne l'étonnerait pas des masses. Après tout, il avait bien un hippogriffe comme animal de compagnie...
Un élan d'affection pour ce cousin bourru l'envahit et, un peu moins irritée, elle se dépêcha d'atteindre l'enceinte rassurante de Poudlard. Elle ferait rapidement son rapport à Dumbledore, puis elle lui emprunterait sa cheminée pour retourner au Chaudron Baveur. De là, elle rentrerait chez elle.
Il lui fallut plusieurs minutes avant de retrouver la porte dissimulée dans la pierre. C'était un passage secret qu'elle avait découvert durant sa dernière année, alors qu'elle sortait avec un joueur de Quidditch de l'équipe des serpents.
Un sourire malicieux flotta sur ses lèvres lorsqu'elle imagina la réaction de Ginny ou d'Hermione si elle s'avisait de partager avec elles cette petite information. Tous les Serpentards n'étaient pas des salauds et, dans le cas de Terry Brooks, ils pouvaient même embrasser divinement bien.
Elle attendit que la pierre ait entièrement coulissé avant de reculer de deux pas, de s'élancer et de sauter. Malheureusement, ce passage était pratique pour entrer. Pas pour sortir. La chute fut tout aussi courte que dans ses souvenirs. Deux mètres à peine.
Elle se reçut souplement, se félicitant de son adresse inhabituelle. Bien évidemment, elle trébucha sur un pavé inégal quelques secondes plus tard...
Les cachots n'étaient pas sa partie favorite de l'école mais ils avaient l'avantage certain d'être déserts la plupart du temps. Principalement à cette heure tardive, où seuls les élèves punis et les acharnés de la bibliothèque traînaient encore en dehors de leur salle commune.
Elle remonta prudemment les couloirs humides, éclairés par des torches à la lumière tremblotante, attentive au moindre bruit. Lorsque des rires résonnèrent brusquement, elle s'engouffra dans la première pièce qui s'offrit à elle. Une vieille salle de classe abandonnée, sans doute.
L'éclat d'un miroir attira son regard, le seul objet digne d'attention dans le désordre de la salle. N'ayant d'autre choix que de patienter pendant que les élèves peu pressés regagnaient leurs dortoirs, elle se planta devant la glace et examina soigneusement son reflet.
Son visage en forme de cœur, son vrai visage parmi l'infinité de choix qui s'offrait à elle, la satisfaisait. Elle était mignonne sans être un canon de beauté mais ça lui allait, savoir que les petites imperfections étaient corrigées suffisait à sa vanité. Ses yeux demeuraient bleu vert parce que son père l'aurait écharpée si elle avait eu l'audace d'y toucher. Les cheveux en revanche...
Elle n'était toujours pas persuadée que le violet soit la couleur qui lui allait le mieux mais elle y revenait pourtant sans cesse. De plus, ils étaient trop courts. Plissant les yeux, elle s'imagina avec des mèches un peu plus longues. Un dégradé qui atteignait à peine ses épaules. Pratique et artistique. Déjà plus satisfaite de la coupe, elle s'interrogea quelques secondes sur la teinte. Puis, dans un haussement d'épaules, se décida pour un rose vif qui ne se mariait pas particulièrement avec le corset mauve qu'elle portait. Quelques touches de violine dans le rose remédièrent à la situation.
Les rires s'étaient éteints.
Elle inspecta une dernière fois sa tenue et rebroussa chemin vers le couloir. Outre les avantages indéniables qu'elles lui offraient dans son métier, ses capacités de Métamorphomages lui conféraient une assurance qui lui aurait sans doute fait défaut autrement. Il y avait quelque chose de réconfortant à savoir qu'elle pouvait être qui elle voulait quand elle le voulait.
Tonks avait toujours été atypique et elle le resterait, n'en déplaise à sa mère, que son choix vestimentaire laissait souvent pantoise.
Il n'était courant ni chez les Moldus, ni chez les sorciers de coupler un corset à tendance gothique violet foncé sur un tee-shirt gris, avec un pantalon une taille trop large, retenu à la taille par une ceinture dont la boucle représentait une tête de mort en fer, et des bottes à gros lacets. Le pantalon et les bottes venaient d'un surplus de l'armée. La cape en laine verte qu'elle avait jetée à la va-vite sur ses épaules ruinait grandement l'effet mais elle avait beau aimer le style, elle n'aimait pas le froid. Et l'Écosse était bien plus froide que Londres.
Et puis, demain était un autre jour. Peut-être déciderait-elle le lendemain qu'elle préférait les vêtements aux couleurs vives qui occupaient un pan de son armoire. Elle changeait d'avis tous les trois jours, comme le lui avait fait remarquer plus d'une fois son entourage.
Elle continua sa route vers les étages supérieurs et progressa sans rencontrer âme qui vive. Elle était presque arrivée au bureau directorial lorsqu'un bruit de pas la poussa à se dissimuler entre deux armures et à jeter un sort de désilusionement sur elle-même, regrettant de plus en plus le bain chaud qui l'attendait chez elle.
Évidemment, elle cogna l'armure en métal à sa droite, provoquant un cliquetis infernal qui trahit sa position. Heureusement pour elle, le nouveau venu n'était pas un crapaud humain avec une passion maladive pour les chats, mais juste Harry Potter.
Elle observa le garçon cesser de traîner les pieds pour tirer sa baguette et regarder autour de lui, une expression dangereusement attentive sur le visage. Il ferait un bon Auror, décida-t-elle. Mais peut-être était-elle un peu partiale, parce qu'elle aimait bien tous ces gosses qui n'étaient pas tellement plus jeunes qu'elle.
Décidant qu'Harry n'était pas une menace de qui elle devrait se cacher, elle fit un pas en avant et leva le sort. La baguette du garçon se braqua sur elle avant même qu'il n'ait véritablement enregistré sa présence, et elle se prit à sourire.
« Hey, Harry. » salua-t-elle, avec bonne humeur.
« Tonks. » répondit le cinquième année, un peu surpris. « Qu'est-ce que vous faites là ? »
« Tu. » corrigea-t-elle gentiment, elle n'était pas si vieille pour qu'ils se sentent tous obligés de la vouvoyer spontanément. Puis elle soupira. « Rapport. Rien de bien intéressant. »
Rien qui ne justifiait, en tout cas, qu'elle ne puisse pas profiter pleinement du confort de son appartement. La journée avait été longue.
« Et toi ? » demanda-t-elle. « Où vas-tu à cette heure-ci ? Un rendez-vous secret ? »
Le garçon eut un bruit amusé et rangea finalement sa baguette.
« Snape. » lâcha-t-il, un mépris persistant s'attachant à chacune des deux syllabes. Comme elle ne réagissait pas, il soupira à son tour. « Retenue. »
« A une semaine de la rentrée ? » s'étonna-t-elle, sans trop savoir pourquoi. C'était Snape après tout. Déjà, quand elle était élève, il était le professeur qui donnait le plus de retenues.
« C'est un salaud. » répondit-il dans un haussement d'épaules. « Il sait que c'est Malfoy qui a fait exploser le chaudron, mais c'est moi qui trinque. »
Tonks grimaça en signe de compassion. Elle avait vécu son compte d'injustices. Mais curieusement pas réellement de la part de Snape. Les Potions n'avaient pas été sa plus mauvaise matière et, à vrai dire, elle aimait bien ça. C'était les couteaux qui ne l'aimaient pas... Snape n'avait jamais été véritablement méchant avec elle. Moqueur, sarcastique, bien sûr... Avec qui ne l'était-il pas ? Mais quand il avait su qu'elle souhaitait poursuivre dans une carrière d'Auror, il l'avait aidé de son mieux à avoir un bon niveau en Potions... En fait, elle soupçonnait d'avoir fait parti des rares élèves qui ne l'irritaient pas.
« Je dois y aller... » s'excusa Harry, dans un nouveau soupir.
Elle le laissa partir après lui avoir demandé de garder sa présence discrète, ce que le garçon aurait sans doute fait de toute manière.
Égoïstement mieux disposée à présent qu'elle savait que quelqu'un d'autre passerait une mauvaise soirée, elle repartit d'un bon pas vers l'antre de Dumbledore et l'atteignit sans aucune autre interruption. Elle jeta le mot de passe à la gargouille et se laissa porter par l'escalier avant de frapper à la porte.
Elle se figea en pénétrant dans la pièce, ignorant le salut chaleureux du Directeur.
« Par où es-tu entré ? » lança-t-elle à l'homme imposant qui, avachi dans un fauteuil, faisait tourner dans un verre ce qui ne pouvait être que du whiskey. De l'alcool qui venait forcément de sa fiole personnelle, cela allait sans dire.
« Par la porte. » répliqua sèchement Maugrey. « Je suis trop vieux pour jouer les justiciers de l'ombre. »
C'était faux, mais elle ne releva pas. Avec une moue boudeuse, elle se tourna vers Dumbledore.
« Pourquoi est-ce que je viens de passer trente minutes à jouer à cache-cache avec les armures ? » demanda-t-elle, faisant passer – aussi poliment qu'elle le put – son mécontentement.
« Le Ministère n'ignore pas où reposent les loyautés d'Alastor, Nymphadora. » répondit calmement le vieux sorcier, en lui désignant un siège d'un geste. « Thé ? »
Elle jeta un coup d'œil ironique au contenu du verre que Dumbledore tenait à la main. Elle doutait qu'il s'agisse de thé, mais elle accepta néanmoins une tasse de la boisson non-alcoolisée qui lui semblait réservée.
« Tu as encore maigri, gamine. » remarqua Fol'Œil, d'un ton ronchon qui cachait mal une certaine inquiétude.
Ce n'était un secret pour personne que le vieil Auror avait fait d'elle sa protégée à son arrivée dans le service. Cela avait fait sensation à l'époque parce que l'homme, paranoïaque comme il l'était, pouvait compter ses amis sur les doigts d'une main et se liait peu. Mais Tonks, sa joie de vivre et son humour un peu potache, avaient su avoir raison des barrières dont Fol'Œil s'entourait. Cependant, n'en déplaise aux commérages des mauvaises langues, il n'avait jamais existé entre eux que l'affection, unique en son genre, inhérente à une relation mentor/élève.
« C'est le pantalon qui fait ça. » répondit-elle, dans un haussement d'épaules.
Elle espéra que le sourire franc le convaincrait mais il eut beau ne pas insister, elle sut qu'il n'en était rien. Elle avait maigri, sa mère lui en avait déjà fait la remarque vingt fois ces derniers mois. Et elle avait beau chérir tous ces gens qui s'inquiétaient de sa santé, elle aurait préféré qu'ils réalisent qu'elle ne pouvait rien y faire. Depuis l'été précédant, la criminalité avait fait un bond sans pareil. Kingsley aussi avait fondu comme neige au soleil. Mais, à sa connaissance, personne n'enfonçait le clou à chaque fois qu'ils le voyaient.
Dumbledore se racla la gorge, rappelant Fol'Œil à leur conversation précédente. Une conversation, conclut Tonks au bout de cinq minutes, qui n'aurait d'autres conséquences que de la maintenir ici plus longtemps que prévu.
Elle adorait Maugrey, vraiment. Il était comme un second père pour elle, il avait fait d'elle l'Auror qu'elle était, et elle ne le remercierait jamais assez pour tout ça, mais... ça n'empêchait pas qu'il voyait des dangers là où il n'y en avait pas et, en l'occurrence, soupçonnait le Seigneur des Ténèbres d'être derrière un trafic de tortues de feu. Bien sûr, il y avait une possibilité pour que ce soit le cas, mais honnêtement, elle ne voyait pas pourquoi un mage noir s'encombrerait de ce genre de bestioles...
Se désintéressant progressivement de la discussion, sans pour autant oser l'interrompre tant que Dumbledore lui prêtait une oreille attentive, elle laissa son regard dériver sur les différents portraits, tentant de déterminer si quelque chose avait changé depuis la dernière fois qu'elle avait pénétré dans la pièce.
Tonks n'était montée dans le bureau de Dumbledore que cinq fois dans sa vie.
La première fois, en troisième année, restait spéciale. Pour amuser la galerie, elle avait passé une journée entière avec l'apparence de McGonagall, allant jusqu'à imiter son maniérisme et à arguer à qui voulait l'entendre qu'elle était la véritable Minerva McGonagall. Le Professeur n'avait pas du tout apprécié cette petite plaisanterie et, lorsqu'elle avait finalement cessé de jouer, l'avait traînée jusqu'à un Dumbledore plus amusé qu'autre chose. Certes, il lui avait donné une semaine de retenues, mais il lui avait également posé tout un tas de questions passionnantes sur son don de Métamorphomage.
La deuxième fois... C'était en cinquième année. Charlie Weasley, de qui elle était terriblement amoureuse à ce moment là mais qui la regardait à peine, avait crié tout haut que les Poufsouffles étaient tous des trouillards et qu'il n'y avait pas plus courageux qu'un Gryffondor. Indignée pour sa Maison, elle avait attrapé le balai du garçon, était montée jusqu'au sommet du toit de la tour d'Astronomie, avait ôté sa cape et l'avait transformé en une bannière aux couleurs d'Helga Poufsouffle. Descendre du balai et garder son équilibre sur les tuiles glissantes s'était avéré ardu mais elle avait réussi à faire flotter leur drapeau tout en haut de Poudlard. Un fin sourire joua sur ses lèvres. Elle avait manqué se rompre le cou ce jour là, avait subi une tonne de sermons de Chourave, de McGonagall et même de Snape mais le pire restait celui de Dumbledore. Néanmoins, cela avait scellé une amitié indéfectible entre Charlie et elle.
La troisième fois, elle était en sixième année et Charlie – dont elle était toujours désespérément amoureuse mais qui n'avait d'yeux que pour une blonde dont elle avait oublié le nom – l'avait mise au défi de voler quelque chose dans le bureau de Dumbledore. Elle avait tout planifié soigneusement et avait réussi à chiper le choixpeau, rien que ça... Elle ne s'était éloignée que de cinq pas quand une main s'était abattue sur son épaule pour la guider une quatrième fois vers le bureau directorial.
La cinquième avait eu lieu environ trois mois plus tôt, lorsque le Directeur l'avait convoquée et lui avait proposé sans trop de détours d'intégrer l'Ordre du Phœnix. Il avait expliqué à mi-mots qu'ils avaient besoin de combattants, de toutes les bonnes volontés disponibles et que Maugrey l'avait chaleureusement recommandée.
Elle n'avait même pas hésité avant d'accepter.
Elle n'avait même pas pris le temps de réfléchir.
Son métier d'Auror l'avait préparée à toutes sortes de choses, la guerre n'était qu'un possible parmi tant d'autres. Pour le moment, sa participation s'était limitée à surveiller les faits et gestes de certains sorciers et rapporter, une fois par semaine, ce qu'elle avait vu dans le cadre de sa profession. Des choses qui lui paraissaient anodines pouvaient être d'une importance cruciale, l'avait avertie Dumbledore. Mais en dépit de ces funestes prédictions et d'une augmentation croissante de crimes, les temps étaient calmes et semblaient supporter la thèse officielle du Ministère selon laquelle le Directeur perdait l'esprit.
Elle pouvait comprendre les sorciers qui préféraient enfouir la tête dans le sable et le croire.
Elle, elle avait vu les preuves, les scènes de crimes... Elle avait suivi des Mangemorts avérés... La réalité de la guerre était là, peut-être pas visible au premier venu mais bel et bien présente pour qui savait regarder. Le racisme anti-Moldus enflait progressivement au sein même du Ministère...
Oh, elle n'était pas assez stupide pour ne pas avoir réalisé plus tôt que leur société était profondément soumise aux préjugés... Elle était une Sang-Mêlée et le revendiquait ouvertement : dans ses vêtements, dans sa façon de vivre... Ça lui valait des sourires méprisants et des regards en coin depuis très longtemps...
Mais les murmures se multipliaient, les blagues ségrégationnistes, la discrimination...
« Nymphadora ! » aboya brusquement Fol'Œil
Dans un sursaut, Tonks revint à la réalité et foudroya immédiatement Maugrey du regard.
« Ne m'appelle pas Nymphadora ! » explosa-t-elle, la démangeaison familière sur son cuir chevelu lui indiqua que ses cheveux avaient changé de couleur sous le coup de la colère. Rouge sans doute. C'était toujours rouge quand elle s'énervait.
Le vieil Auror ne parut pas impressionné.
« On voudrait ton avis avant Noël, gamine. » gronda Maugrey. « Si tu n'es pas capable de te concentrer... »
« A part de la soupe, je ne vois pas ce que Tu-sais-qui ferait de tortues. » coupa-t-elle, en croisant les bras sur sa poitrine et en le défiant du regard de la contredire.
« Je crois savoir que Tom Jedusor ne raffole pas de soupe... » intervint Dumbledore, une étincelle amusée dans les yeux.
« Et toc. » triompha-t-elle dans un grand sourire.
Contrarié, Maugrey ouvrit la bouche, sans doute aucun pour lui faire part d'une remarque bien sentie sur son insolence, mais le seul son qui résonna dans le bureau fut un cliquetis étrange. Les trois sorciers se tournèrent d'un même mouvement vers les étagères où reposaient tout un tas d'objets bizarres. Ils s'entrechoquaient.
Tonks eut à peine le temps de demander ce qui se passait avant que les vibrations ne se transforment en véritables tremblements. Jetée à terre, elle tenta sans succès de se relever et vit plusieurs des grands portraits se détacher pour venir se fracasser au sol.
Dumbledore marmonna une formule et une bulle transparente les enveloppa tous les trois, les protégeant relativement des objets qui volaient à travers le bureau. Cela dura pendant plusieurs minutes. Juste au moment où Tonks allait jurer que ça ne pouvait empirer, une sorte de brume dorée s'éleva dans la pièce, tourbillonnant en volute. Des craquements assourdissants leur parvenaient, comme si le château avait été sur le point de s'effondrer.
Gardant avec peine son sang froid, Tonks extirpa sa baguette de son pantalon.
Et tout redevint calme.
Hébétée, elle fixa le bout de bois qu'elle tenait à la main, sans comprendre comment en une seconde elle pouvait passer du cœur d'un cyclone à un environnement normal.
Si on pouvait qualifier de normal l'état apocalyptique de la pièce...
« Professeur ? » demanda-t-elle, en se tournant vers le Directeur.
Elle le trouva agenouillé auprès de Maugrey, qu'un mauvais coup avait visiblement laissé chancelant. Se morigénant de ne pas avoir réagi plus tôt, elle alla rejoindre son mentor, s'assurant qu'il ne souffrait de rien et menaçant de lui lancer un stupefix s'il ne se tenait pas tranquille.
Un patronus en forme de chat arriva pendant cette petite discussion.
A peu près certaine que Fol'Œil survivrait, elle le laissa se relever et écouta la demande de McGonagall pour des instructions et des explications.
Dumbledore n'offrit pas ces dernières mais colla sa baguette contre sa gorge avant de lancer un Sonorus.
« Aucun des élèves ne doit quitter sa salle commune. Si vous êtes hors de votre salle commune, ne vous déplacez pas, les Professeurs vont fouiller le château. » ordonna-t-il fermement.
Tonks attendit sans bouger que le Directeur se tourne vers eux. Il fixa la jeune femme, en soupirant.
« Autant pour la discrétion de votre présence, Nymphadora... » remarqua Dumbledore. « Nous allons avoir besoin de toutes les bonnes volontés. Prenez le premier étage. Alastor, le deuxième. »
Les deux Aurors sortirent sans attendre, tandis que le vieux sorcier faisait parvenir ses instructions à McGonagall par un patronus.
Ils restèrent tous les deux figés au bas des marches.
« Mais qu'est-ce que c'était que ce truc ? » lâcha finalement Tonks, observant avec ahurissement les armures renversées, les portraits décrochés et les briques descellées par endroit.
« Une tempête magique, gamine. » grogna Maugrey. « Et une puissante. Dépêche toi, si des élèves ont été pris là dedans... »
Hochant la tête, baguette toujours à la main, elle se dirigea rapidement vers les escaliers qui la mèneraient vers le premier étage. Inutile de dire qu'avec sa maladresse habituelle et l'état actuel du château, elle s'y engagea avec prudence. Les marches donnaient l'impression qu'elles allaient céder à chacun de ses pas.
Elle décida d'entreprendre sa fouille avec méthode, regrettant l'absence de personnes qualifiées pour ce genre de situations. Il y avait tout un département au Ministère bourré d'experts en catastrophes naturelles et leurs conséquences.
Arpentant avec attention chaque couloir, elle vérifia chaque salle de classe, de plus en plus inquiète par le nombre de gravats qu'il lui fallait enjamber. Peu de murs étaient intacts à cet étage...
Elle mit une bonne demi-heure avant de trouver âme qui vive, mais en voyant l'état de la fillette, elle aurait préféré ne découvrir personne. La première ou deuxième année était recroquevillée contre un mur et pleurait à chaudes larmes. Tonks s'accroupit immédiatement auprès d'elle, tentant de la rassurer tout en s'assurant qu'elle n'était pas gravement blessée.
« Je ne trouve plus la salle commune... » sanglota la petite.
Certaine que la fille n'avait rien subi d'autre qu'une grosse frayeur, la jeune femme lui sourit, jetant un coup d'œil rapide au blason sur ses robes.
« Poufsouffle ? » releva-t-elle, se forçant à garder un ton enjoué. « J'étais à Poufsouffle, moi aussi. Comment tu t'appelles ? »
« Helen. » répondit l'enfant avant de se remettre à pleurer. « Je veux rentrer chez moi... »
Tonks grimaça légèrement, ne sachant pas comment apaiser la première année.
« Tu peux marcher ? » s'enquit-elle. « Je vais te ramener... »
La fillette hésita puis hocha la tête et saisit la main que l'Auror lui offrait. Avec l'enfant fermement accrochée à elle, Tonks prit la direction de la salle commune des Poufsouffles. Elle s'arrêta en croisant Dumbledore, agenouillé devant un garçon qui ne pouvait pas être beaucoup plus vieux que la gamine qu'elle traînait avec elle. Un Gryffondor cette fois, qui avait apparemment beaucoup à raconter.
Éprouvant un mauvais pressentiment devant l'attention soutenue que lui offrait le Directeur, Tonks pressa le pas. La Poufsouffle se précipita devant elle.
« Jason ! » cria-t-elle avec soulagement. « J'avais peur que... »
Le reste de sa phrase fut avalé par l'étreinte étouffante à laquelle elle soumit son ami.
« Professeur ? » demanda la jeune femme, inquiète de l'expression défaite sur le visage de Dumbledore.
« Il semble que Filius et sa chorale aient été pris au cœur de la tempête. » répondit le vieux sorcier en se relevant.
« Il y avait du vent de partout ! » renchérit le dénommé Jason. « Tout le monde criait ! Je me suis cogné contre un mur et après j'ai rampé vers la porte et après... après... »
Tonks devina que Dumbledore avait eu droit au même récit, mais elle avait souvent remarqué que les victimes avaient besoin de répéter plusieurs fois leur histoire.
« Après ? » l'encouragea-t-elle gentiment.
Des larmes nouvelles roulèrent sur les joues de l'enfant et il serra plus fort la première année, toujours pendue à son cou.
« Après ils ont arrêté de crier. » lâcha le garçon.
Une vague d'horreur passa sur la jeune femme, mais elle se reprit très rapidement, se retranchant derrière le masque professionnel qu'elle arborait souvent.
« De combien d'élèves parlons-nous ? » voulut-elle savoir.
« Dix-huit sans compter Miss Clark et Mr Dawling. » répondit le Directeur.
Plus Flitwick.
« Où répétait la chorale ? » insista-t-elle, sans comprendre l'inactivité de l'homme. « Peut-être peut-on... »
Aider, sauver, retrouver...
« La pièce est vide. » coupa Dumbledore.
« Vide ? » répéta Tonks, en fronçant les sourcils. « Comment ça vide ? Ont-ils réussi à s'enfuir ? Je n'ai vu personne... »
Le vieux sorcier se passa une main sur le visage avant de soupirer. Il n'eut pas l'occasion de l'éclairer, McGonagall le héla de l'autre bout du couloir. Après avoir ordonné aux enfants d'attendre là où ils étaient, ils rejoignirent la sous-directrice.
« C'est une catastrophe, Albus. » asséna McGonagall, sans détour. « Il y a des blessés dans toutes les salles communes. Alastor est en train de demander des renforts à Sainte Mangouste... »
« Où est Poppy ? » s'enquit Dumbledore.
Tonks lui envia son calme apparent.
« Dans la salle commune des Serpentards. » répondit rapidement le Professeur. « Les cachots ont essuyé le plus gros de la tempête, c'est un véritable carnage là-dessous. Les tours de Serdaigle et de Gryffondor n'ont pas réellement souffert, les Poufsouffles ont beaucoup de blessés légers mais Pomona s'en occupe. J'ai envoyé tous les septième et sixième année qui étaient en état explorer le reste du château. »
« Très bien. » approuva Dumbledore. « Vous avez bien fait, Minerva. »
« Que fait-on pour Flitwick et ses élèves ? » intervint Tonks, inquiète à l'idée d'avoir raté des blessés.
« Je crains que nous ne puissions pas faire grand chose pour aider Filius, Nymphadora. » soupira le Directeur.
« Filius ? » releva McGonagall. « Filius n'est pas allé dans sa salle commune. Et un des préfet de Serpentard est venu me chercher pour me signaler que Severus était, lui aussi, introuvable. Que se passe-t-il, Albus ? »
L'angoisse était maintenant omniprésente.
« Severus ? » répéta Dumbledore, ses yeux fouillant ceux de la sous-directrice avec une intensité que Tonks trouva légèrement étrange. « Vous avez vérifié les cachots... »
Ce n'était pas réellement une question...
« J'ai pensé qu'il était peut-être... sorti. » répondit Minerva.
Tonks comprit le sous-entendu. Ce n'était pas réellement un secret que Snape espionnait pour l'Ordre.
« Harry avait une retenue avec lui. » se sentit-elle obligée de prévenir. « Ils sont forcément dans le château. »
« Sa salle de classe était ravagée... » contra la sorcière, avant de se tourner vers Dumbledore. « Albus... »
« L'épicentre est toujours dans les fondations... Severus et Harry ont probablement été pris dans l'épicentre... » réfléchit le Directeur. « Filius et ses élèves ont dû subir la réplique... Il faut fouiller l'école de font en comble, recenser les élèves et espérer que les absents soient simplement égarés au sein du château. »
« Je ne comprends rien. » avoua Tonks.
Elle n'y connaissait rien en tempêtes magiques...
Ni Dumbledore, ni McGonagall ne lui répondirent.
« Albus, vous ne pouvez pas être sérieux... » supplia presque la sous-directrice. « Quelles chances ont-ils de... »
« Nous ne pouvons rien pour eux, Minerva. » coupa le Directeur. Il aurait certainement continué plus avant si un cri ne l'avait pas interrompu.
« Professeurs ! » héla un adolescent blond. Il dépassa les deux première année sans leur adresser un seul regard.
Tonks n'eut qu'à observer les fins cheveux blonds, les yeux gris acier et la cravate aux couleurs de Serpentard pour comprendre qu'elle avait un Malfoy devant elle.
« Mr Malfoy, j'ai demandé à ce que les élèves ne quittent pas leur salle commune. » le réprimanda McGonagall, confirmant sans le vouloir les soupçons de la jeune femme.
Le garçon fronça légèrement les sourcils sous le coup de la contrariété. Il semblait avoir vécu des jours meilleurs. Son uniforme était déchiré par endroits, ses cheveux ébouriffés, elle passait sur l'égratignure qui barrait sa joue... Son père avait-il payé pour qu'il devienne préfet ou le gamin avait-il les qualités nécessaires ?
« J'étais à la bibliothèque, Madame. » rétorqua Malfoy, un peu sèchement. « Le Professeur Sinistra a besoin d'aide, la plupart des rayonnages se sont écroulés et... il y a des gens coincés dessous. Madame Pomfresh serait également utile. »
Dumbledore et McGonagall échangèrent un regard rapide.
« Des Médicomages ne devraient pas tarder à arriver, Mr Malfoy. » déclara le Directeur. « En attendant, j'ai bien peur que nous devions nous débrouiller nous-mêmes... Nymphadora, pourriez-vous... »
« Oui, bien sûr. » accepta-t-elle immédiatement.
Elle prit sans attendre le chemin de la bibliothèque, soulagée de pouvoir agir. Elle détestait ne rien comprendre à une situation et c'était le cas, actuellement. Elle faisait confiance à Dumbledore pour trouver une solution en ce qui concernait les élèves, Flitwick et Snape... Elle... Elle, elle serait plus utile ailleurs.
Draco regarda partir la jeune femme sans dissimuler une grimace de mépris. Comment pouvait-on s'accoutrer de la sorte ?
« Permettez ? » demanda Dumbledore, le ramenant à la réalité.
La baguette du vieux sorcier flottait devant son visage et Draco eut un mouvement de recul instinctif. Les regards des deux adultes étaient rivés sur sa joue et le garçon y porta la main, sans vraiment réfléchir. Il la retira vivement, en grimaçant, quand ses doigts rencontrèrent la plaie. Il hocha la tête en direction du Directeur, espérant ardemment qu'il ne subsisterait aucune cicatrice. Il n'avait pas l'ambition de rester défiguré comme ce monstre de Fol'Œil.
Quelques secondes et une sensation de légère brûlure plus tard, l'égratignure avait disparu.
« J'aimerai autant que vous ne rejoigniez pas votre salle commune. » déclara McGonagall. Avait-elle conscience de se contredire ? « Les cachots ne sont pas sûrs. »
Ses pensées s'égarèrent brièvement vers les autres qui avaient décidé de rester autour de la grande cheminée plutôt que de venir travailler avec eux. Pansy, Théo... Même Crabbe et Goyle... Y avait-il autant de blessés que là d'où il venait ?
« Je vais retourner à la bibliothèque. » déclara-t-il, d'un ton qui ne souffrait aucune contradiction. Il y avait laissé des amis, mais ce n'était probablement pas quelque chose que les Professeurs qu'il avait sous le nez pouvait comprendre. Pour eux, les Serpentards ne connaissaient pas le concept d'amitié.
Après une légère hésitation, McGonagall l'y autorisa d'un geste, s'étant sans doute souvenu qu'il était préfet et avait un droit légitime de se balader dans les couloirs quand les autres ne le pouvaient pas.
Il reprit donc le chemin qu'il avait précédemment tracé à toute allure, à un pas plus mesuré, prenant le temps d'observer les dégâts. Les murs éventrés, le silence angoissant... Pour la première fois, Poudlard lui faisait froid dans le dos.
Seulement, songea-t-il en approchant des grandes portes qui donnaient accès à la bibliothèque, il n'était pas certain que le silence ne soit pas préférable aux cris et appels déchirants qui provenaient de sous les rayonnages. Il aperçut la fille à la tenue vestimentaire déplorable qui faisait léviter une des étagères, pendant que Sinistra tirait le corps prisonnier... Il sentit la bile remonter dans sa gorge lorsque le Professeur se plia brusquement en deux, sans maîtriser son sanglot primaire.
La cravate du garçon était jaune, pas verte, mais ça ne le soulagea pas vraiment.
Se détournant de la scène, il se dirigea vers le coin où les élèves valides emmenaient les blessés. Il ne tarda pas à trouver la personne qu'il cherchait, appuyée contre le mur, à l'endroit précis où il l'avait laissée.
« Daphné. » appela-t-il fermement, dissimulant son inquiétude. La jeune fille rouvrit les paupières qu'il lui avait expressément ordonné de ne pas fermer avant de partir jouer les pigeons voyageurs pour Sinistra. Elle cilla plusieurs fois, avant que ses yeux ne se posent finalement sur lui.
« Draco. » lâcha-t-elle faiblement.
Elle avait la respiration sifflante et le sang continuait toujours à couler abondamment de sa blessure à la tête, collant ses boucles blondes à son crâne. Mais le Serdaigle de septième année qui l'avait aidé à la dégager des décombres avait juré que c'était plus impressionnant que grave, qu'elle n'était pas en danger immédiat... Cela dit 'l'immédiat' avait été plus d'une demi-heure auparavant. Il jeta un coup d'œil nerveux vers la porte, espérant contre toute attente que les Médicomages promis arriveraient dans la seconde. Évidemment, il n'en fut rien. Si cette école avait été dirigée par quelqu'un de compétant... Il ne comprenait déjà pas ce qui s'était passé à l'origine. Poudlard aurait dû être protégé contre les catastrophes naturelles...
« Je vais te trouver de l'aide, Daph. » promit-il, sans grande conviction.
La fille aux cheveux rouges avait posé sa cape sur le corps qu'elles avaient extirpé de sous le rayonnage et avait remis Sinistra au travail. Au moins, elle semblait savoir ce qu'elle faisait, à défaut de savoir se vêtir décemment.
« Blaise... » réclama la jeune fille.
Draco regarda autour de lui, souhaitant, sans y croire, que son ami ait réapparu, mais il n'était dans aucun des groupes d'élèves recroquevillés les uns contre les autres, ou avachis contre un mur. A part eux et deux troisième année, un peu plus loin, ils étaient les seuls Serpentards dans la pièce. Le préfet espérait à moitié que Snape finirait par débarquer, il était bon pour gérer les crises. Il n'avait pas paniqué quand le lac avait commencé à fuir dans la salle commune l'année précédente...
« Je vais... Je vais le chercher. » bégaya-t-il, presque effrayé par la misère et la douleur qui l'entouraient. Pourquoi ne faisaient-ils rien pour aider ceux qui gémissaient de douleur ?
Daphné referma les yeux et, après une légère hésitation, il la laissa faire. Tâchant de se reprendre un peu – il était un Malfoy, après tout, et un Malfoy affrontait dignement les choses, debout, comme un homme – il se releva et approcha la fille bizarre.
Elle fut assez polie pour écouter ce qu'il avait à dire et même pour jeter un regard inquiet vers les élèves blessés. Ça ne l'empêcha de lui répondre que l'urgence consistait à dégager ceux qui étaient coincés et les soigner provisoirement jusqu'à l'arrivée des renforts.
« Tonks ! » aboya une voix sèche, pile à l'instant où Draco avait été sur le point de lui livrer le fond de sa pensée sur leur incompétence à tous.
La jeune femme se détourna et le planta là, pour aller rejoindre le sorcier à la peau sombre et aux robes colorées qui se tenait sur le seuil. Passant outre la grossièreté de la dénommée Tonks, il étudia l'homme dont il avait le nom sur le bout de la langue. Il l'avait déjà vu, son père le lui avait déjà montré avec le rictus dédaigneux qui signifiait que, sans être une menace, le sorcier n'était pas un allié.
Shacklebolt !, se souvint-il brusquement. Kingsley Shacklebolt, il était à la tête du Département des Aurors. Ce qui, puisque plusieurs sorciers au visage inconnu pénétrèrent dans les lieux à sa suite, était une bonne nouvelle. Au moins, maintenant, quelqu'un allait faire quelque chose. Il observa brièvement les Aurors et les Médicomages se mettre au travail, puis se fraya un chemin vers le fond de la bibliothèque là où ils avaient été installés avant que l'enfer ne s'abatte sur eux.
Daphné n'était pas vraiment une amie proche, mais elle et Blaise passaient leur temps ensemble, en ce moment, et étant donné qu'il était plutôt proche de Blaise... Lorsqu'il arriva dans la zone qu'ils avaient occupé précédemment, sa gorge lui sembla sèche et cela n'avait rien à voir avec la poussière qui volait dans l'air. C'était lui qui avait insisté pour qu'ils se rendent à la bibliothèque, en dépit du fait qu'il leur restait une semaine pour travailler sur ce devoir de Sortilèges. Il n'avalait pas que Granger ait réussi à enchanter sa harpe avant lui.
Et puis, de toute manière, qui avait besoin de savoir ensorceler des instruments de musique ?
« Blaise ? » appela-t-il, avant de tousser en inhalant les particules qui n'étaient pas encore retombées. Serait-il responsable si son ami était mort, comme le Poufsouffle que Sinistra et Tonks avaient dégagé ?
« Blaise ! » cria-t-il, plus fort, en s'enfonçant davantage dans les profondeurs de la bibliothèque. Apparemment, personne n'était encore allé jusque là parce qu'il découvrit une première année, une Serdaigle, effondrée par terre. Il vérifia son pouls avec angoisse et éprouva un soulagement qu'il ne s'expliquait pas, en sentant les battements du cœur de la gamine.
Un Malfoy ne se laissait pas émouvoir, se gronda-t-il mentalement, en ramassant la fillette et en rebroussant chemin.
Il savait qu'il aurait dû se détacher de ce qui se passait autour de lui. Bien sûr, il connaissait la plupart de ces gens, de noms si ce n'était personnellement, mais ça ne voulait pas dire qu'ils représentaient autre chose. Et s'ils ne représentaient rien, il n'avait pas besoin de s'attrister ou de s'inquiéter de leur sort.
Enjamber les gravats, éviter les endroits dangereux, le tout avec une enfant dans les bras n'était pas vraiment facile. A un moment, il dérapa sur une feuille de papier déchirée et manqua de peu finir aplati comme une crêpe par une des étagères qui termina une chute déjà bien entamée.
Ce fut l'instant que choisi la gamine pour reprendre connaissance et le fixer avec deux grands yeux clairs qui débordaient d'innocence. Il lui demanda si elle pouvait marcher mais la fillette se contenta de passer ses bras autour de son cou et de serrer à l'étouffer. Typique. Voilà ce qu'on gagnait à rendre service.
Quand il parvint finalement à regagner la partie plus peuplée de la bibliothèque et qu'il confia la fille à un Auror, il avait gagné une admiratrice mais n'était toujours pas plus avancé quant au sort de Blaise. D'après ce qu'il pouvait voir de là où il était, quelqu'un s'occupait de Daphné, c'était déjà ça. Ils transvasaient les blessés sur des civières et évacuaient tous ceux qui n'étaient pas en septième année.
Draco se dépêcha de se faufiler entre les rayonnages avant qu'on ne le voit.
Il ne sortirait pas de là avant d'avoir retrouvé son ami.
Le fond de la bibliothèque était dans la pénombre, les lumières s'étaient éteintes dès que les tremblements avaient commencé. Le Serpentard se fit la réflexion que l'emplacement qu'ils occupaient d'ordinaire était peut-être agréable parce qu'à l'écart, mais il n'était en aucun cas pratique pour une mission de secours.
Éclairé par le faible halo qui s'échappait du bout de sa baguette, il progressa avec difficulté, les yeux rivés sur le sol. Il préférait chercher Blaise lui-même plutôt que de confier la tâche à des personnes qu'il ne connaissait pas. Ça ne signifiait pas qu'il était prêt à se rompre le cou ou, de façon moins dramatique, à se tordre une cheville.
D'ailleurs, Blaise lui devrait une paire de chaussures. Les siennes étaient toutes éraflées.
Tout entier à ces considérations terre à terre, il manqua rater l'éclat de lumière qui venait d'une rangée à moitié écroulée à sa gauche.
« Blaise ? » appela-t-il, sans trop y croire. Pourquoi son ami errerait-il dans cet endroit s'il avait pu rejoindre la partie plus sûre ? Ça ne l'empêcha pas d'insister, parce qu'il aurait cent fois préféré la salle commune et les chocolats chauds que les elfes ne manqueraient pas de leur apporter s'ils en faisaient la demande. Peut-être pourraient-ils même le corser avec le whiskey que Nott avait dérobé dans le bureau de son père avant la rentrée.
Les cachots ne pouvaient pas être en aussi mauvais état que McGonagall l'avait dit. C'était une idiote de Gryffondor, elle exagérait tout.
« Blaise ! » se mit-il à crier à pleins poumons, pour contrer le silence soudain oppressant.
Il avait l'impression effroyable d'avancer dans un tombeau.
« Malfoy ? » répondit une voix qui n'appartenait pas à Blaise.
Avant qu'il ait compris, un lumos l'éblouissait. Il lui fallut ciller plusieurs fois avant de discerner le visage couvert de tâches de rousseur de Weasley, à travers le halo trop fort de sa baguette. N'avait-on donc jamais expliqué à la belette qu'il fallait contrôler la lumière ? Contrôler, pas jeter une formule et espérer que tout irait bien. Un jour, cet abruti lancerait un lumos et sa maison prendrait feu.
Mais serait-ce véritablement un mal ?
Ils s'affrontèrent durement du regard. Presque par réflexe, les lèvres de Draco s'étirèrent dans un sourire supérieur et ses doigts se resserrèrent autour de sa baguette, tandis qu'une dizaine de sortilèges tous plus interdits les uns que les autres lui traversaient l'esprit. De même, une expression agressive se dessina sur le visage de Weasley et le Gryffondor leva légèrement sa baguette, comme sur le point de lancer un sort.
Et puis, simultanément, ils abaissèrent leurs baguettes. L'air hostile de la belette s'effaça et le rictus du Serpentard disparut.
« Je cherche Hermione. » lança le Gryffondor, au moment précis où il demandait s'il n'avait pas vu Blaise.
Ils se dévisagèrent en silence. Draco se retenant à grand peine de lui signaler qu'il se fichait royalement de sa Sang-de-Bourbe et Weasley, c'était certain, réprimant l'envie de lui assurer qu'il se moquait bien du sort d'un Serpentard.
Ils auraient probablement dû en rester là, se séparer et prétendre qu'ils n'avaient pas tout deux ignoré l'opportunité parfaite de se battre avec leur ennemi. Seulement, outre le fait qu'ils étaient tous les deux préfets – ce qui n'était pas tellement significatif dans cette école – et que la situation exigeait probablement d'eux qu'ils coopèrent, ils seraient plus efficaces à deux.
Weasley dut en arriver à la même conclusion, parce qu'il lui épargna l'humiliante charge de reprendre la parole.
« Je n'ai vu personne par là. » déclara froidement la belette, en désignant d'un geste vague, l'espace derrière son épaule gauche.
« Je n'ai croisé qu'une Serdaigle. » répondit-il, tout aussi sèchement.
Une lueur d'espoir, teintée d'inquiétude, apparut dans les yeux du roux.
« Loufo... Luna Lovegood ? » demanda le Gryffondor. « Parce qu'elle traîne souvent avec Ginny et je ne sais pas si Ginny était là... Peut-être qu'Hermione... »
« C'était une première année. » coupa Draco, peu enclin à écouter Weasley déballer sa vie. Il n'avait strictement rien à faire de qui fréquentait la mini-belette. Ou de l'endroit où Granger avait été ensevelie par les livres, d'ailleurs. Ça ne la changeait pas des masses, cela dit. Elle était toujours sous une pile de grimoires. Elle était sans doute très bien là où elle était.
« Ah. » lâcha Weasley.
Et ils recommencèrent à se fusiller du regard.
A titre personnel, Draco aurait pu faire ça toute la nuit. Les Weasley étaient une honte pour la communauté magique à pondre comme des lapins alors qu'ils étaient sans le sous. Le pire n'était pas leur pauvreté, le Serpentard pouvait comprendre que tout le monde ne soit pas aussi riche que les Malfoy. Passe encore qu'ils soient obligés de s'entasser dans un taudis et passer des vêtements déjà portés par une dizaine de personnes... Étaient-ils obligés d'agir comme ils le faisaient ? Sans aucune distinction, sans aucun respect pour les usages, sans rien de la fierté des vieilles familles ? Ils avaient beau être des amoureux des Moldus, ils demeuraient des Sang-Purs.
Il ne parvenait pas à les comprendre.
Un grincement suivi d'un petit cri résonnèrent pas très loin d'eux et, après avoir échangé un coup d'œil méfiant, ils s'engagèrent dans l'allée sombre, en direction du bruit. Draco aurait juré que la voix avait été féminine mais ça ne voulait pas automatiquement dire qu'il s'agissait de Granger. Une fille de sa Maison pouvait être en difficulté. S'il n'allait pas s'en assurer et qu'une Serpentarde était coincée ici, il était mort. Snape l'apprendrait et monterait sur ses grands chevaux... En dépit des apparences, il était plutôt sévère avec ses élèves. La première règle avait été établie dès le premier soir de leur première année, les Serpentards se serraient les coudes. Qu'importe les conflits intérieurs, hors de la salle commune, leur Maison devait être unie.
« Hermione ! » s'exclama Weasley, lorsque le visage de la Sang-de-Bourbe apparut dans le halo de leurs baguettes. Avait-il vraiment été obligé de le bousculer pour passer plus vite ? Draco n'avait aucune intention de se jeter au chevet de la lionne. D'autant que mis à part la tête, rien d'autre ne dépassait de sous les rayonnages. Ses yeux étaient ouverts, cependant, et ses lèvres remuaient donc il supposait qu'elle était toujours en vie.
Bêtement, il ne put s'empêcher de remarquer que ça lui faisait une belle jambe de savoir enchanter une harpe maintenant.
« Qu'est-ce que tu fais ? » s'enquit-il calmement, sur le ton de la conversation, à son ami.
Blaise leva les yeux au ciel pour toute réponse mais ne bougea pas de là où il était, arc-bouté contre un des rayonnages qui menaçait d'écraser Granger au moindre mouvement. Il approcha légèrement, enjambant Weasley, désormais accroupi auprès de la jeune fille, pour aller se placer derrière la tête de la préfète et observer pleinement le massacre.
Une des étagère était tombée et aurait probablement transformé la Gryffondor en purée si une deuxième ne s'était pas écroulée au même moment, arrêtant la chute de la première à temps pour ne pas qu'elle soit aplatie comme une crêpe. Trop tard en revanche pour qu'elle ne soit pas totalement coincée.
Le premier rayonnage, en revanche, menaçait de glisser plus avant. Blaise tentait visiblement d'endiguer ce fait irrémédiable en poussant dans la direction opposée. Ce qui n'était pas du tout une bonne idée, selon Draco, parce que s'il le faisait bouger d'un centimètre, le deuxième leur tomberait dessus.
« Je sens mes jambes. Je sens mes jambes. » chantonnait Granger, comme une litanie.
Elle tentait sans doute de ne pas paniquer. Ce qui, au vu des larmes qui brillaient dans ses yeux, n'était pas une réussite.
« Il faut les faire léviter. » lança Weasley à Blaise, en désignant l'étagère d'un geste.
« C'est trop lourd. » répliqua le Serpentard de sa voix grave. « J'ai déjà essayé. »
De la sueur perlait à son front et il était clair qu'il ne tiendrait pas longtemps. Draco réalisa qu'il allait devoir aider les deux acolytes du balafré. Blaise les avait impliqués, cet idiot.
Voilà pourquoi sa mère ne cessait de le mettre en garde contre les Zabini. Sans manifester un amour profond pour les Sang-de-Bourbes et les Sang-Mêlés, ils n'y étaient pas non plus ouvertement opposés.
Et puis en règle générale, Blaise avait tendance à être trop généreux.
A se demander comment il n'avait pas fini chez les Poufsouffles.
« Ne bouge plus. » prévint Draco. Son ami s'entêtait à tenter de maintenir l'étagère là où elle était et ne réussissait qu'à la faire reculer millimètre par millimètre. « Granger, tu peux bouger, là dessous ? »
Weasley et Granger l'observèrent d'un air soupçonneux jusqu'à ce qu'un regard ironique leur rappelle qui était en passe d'être écrasé.
« Je suis coincée. » répondit-elle, comme si c'était l'évidence.
« Oui. » acquiesça-t-il, sans chercher à maîtriser son irritation. « Merci, je ne suis pas aveugle. Tes bras, tes jambes, ils fonctionnent ? »
Elle hésita une seconde puis répondit par l'affirmative.
« D'accord. Weasley, tu fais léviter cette étagère vers le haut. » ordonna-t-il. « Blaise, pousse le rayonnage en l'air et tire-toi de là. Toi... » Ses yeux descendirent vers Granger. « Tu as tout intérêt à sortir de là rapidement. »
Toucher une Sang-de-Bourbe...
Toucher une Sang-de-Bourbe.
« A mon signal. » lâcha-t-il, avant d'attraper fermement l'épaule de la lionne, la seule chose qui dépassait. « Prêts ? Allez. »
Tout se joua très vite.
Tellement vite que la seule chose dont il fut conscient avant que la poussière ne retombe fut du corps qui recouvrait le sien. Un corps qui aurait pu être plus désagréable.
Ils toussaient tous comme des fous lorsqu'ils purent enfin discerner quelque chose. Granger, intacte hormis quelques coupures et hématomes, s'éloigna rapidement de lui comme s'il avait pu la salir de son contact. Oh l'ironie...
Elle se réfugia dans les bras de Weasley qui, assis par terre, du blanc jusque dans les cheveux, la serra à l'étouffer.
Se désintéressant des deux lions, Draco chercha Blaise du regard et le trouva allongé par terre, le torse se soulevant avec rapidité. Visiblement son corps n'était pas d'accord avec l'effort qu'il l'avait obligé à fournir.
« Petite nature. » se moqua-t-il.
Ça ne l'empêcha pas de lui asséner une claque sur l'épaule. Autant pour lui faire comprendre qu'il était content de le revoir que pour le punir de l'avoir obligé à toucher une Sang-de-Bourbe.
« Daphné ? » demanda Blaise, en passant en position assise.
Les particules blanches traçaient de drôles de formes sur sa peau noire, il s'ébouriffa les cheveux pour les faire disparaître.
« A l'infirmerie. » offrit Draco, redevenant sérieux. « Ce n'est pas très beau à voir là-bas. »
« Il faut trouver Harry. » déclara Granger, en se détachant finalement de la belette.
Le Serpentard en aurait presque ri tant c'était comique. Le château était dans un état apocalyptique, quelqu'un était mort et Hermione Granger ne se souciait que d'Harry Potter. Typique.
« Il faut que tu voies Pomfresh d'abord. » protesta Weasley. « Je suis sûr qu'Harry va bien. »
Si Draco avait une bonne étoile, Potter était mort.
« Tu sais ce qui s'est passé ? » s'enquit Blaise, en se remettant debout.
Le Serpentard observa d'un œil peu convaincu les tremblements qui secouaient son ami.
« Non. » répondit-il finalement, en l'imitant.
Les deux Gryffondors avaient fait de même et se dirigeaient vers l'allée qui les mènerait à la civilisation. Granger s'immobilisa avant d'être avalée par la pénombre et se tourna vers eux. Ses yeux bruns voyagèrent de Blaise à lui et s'y arrêtèrent.
Elle l'observa d'un air indéchiffrable.
« Merci. » finit-elle par souffler.
Draco préféra ne rien répondre. Il ne voulait pas briser son rêve selon lequel il aurait fait quoi que ce soit pour elle. S'il n'y avait pas eu Blaise... Aurait-il passé son chemin ? Probablement pas, mais tout de même. Il avait une réputation à préserver.
« Allons-y. » proposa Blaise, quand ils eurent disparu. « Les autres doivent s'inquiéter. »
Il suivit son ami, en luttant pour ne pas partir dans une quinte de toux. Il ne pouvait s'empêcher de se demander quelle catastrophe les attendait encore dans la salle commune...