Disclamer : Evidemment, une grande partie des personnages et des lieux de cette fiction ne m'appartiennent pas. Ils sont la production de l'imagination talentueuse des développeurs et producteurs de la série Queer as Folk (US), à savoir Ron Cowen, Daniel Lipman, Tony Jonas, Sheila Hockin, etc. Tout le reste (nouveaux personnages, (même le petit chat!) (vous comprendrez :D) (si vous lisez...) scénarios, dialogues, etc.) est tout droit sorti de ma petite caboche !

Rating : M (j'ai été espionné la façon dont les autres fics étaient classifiées, et je me suis donc alignée sur elles, bien que je n'ai jamais vraiment compris comment marchait cette classification. Sachez que ça reste l'univers de Queer as Folk de toute façon ;)

Note : C'est une fiction post513. Comme beaucoup je suppose, je n'ai pas pu me résoudre à abandonner la bande de Liberty - et surtout pas la bien connue non-relationship de ce cher Kinney et du (plus si petit que ça) Taylor - le récit qui suit est donc une suite au sens propre du terme de la série.

C'est la première fiction que je poste ici, donc j'espère n'avoir pas trop fait de boulettes. & surtout, j'espère que vous aimerez !

With no apologies & no regrets,

K.


Semi Precious Weapon

Chapitre 1 :

-Justin. Oh! Justin.. t'es avec moi?

Une grande rousse agitait la main devant le visage du dénommé Justin. Il avait le regard vague, et ceci agaçait beaucoup la jeune femme qui tentait vainement d'attirer son attention. Elle entortillait ses boucles désordonnées autour de ses doigts et s'amusait à faire rouler son piercing à la langue entre ses dents. Elle perdait patience.

-Hey, la belle rousse essaye de rentrer en contact avec toi, Sunshine.

Bingo. Elle avait réussi à obtenir une réaction : un regard assassin.

-Je t'ai déjà demandé de ne pas m'appeler comme ça.

-Pour ça, il aurait fallu que tu ne m'avoues jamais ce surnom si... Mignon.

-Rappelle-moi quand j'ai fait la connerie de te parler de ça?

-Bad trip. Je crois que..., elle hésita. Brian te manquait.

Elle rit doucement, un peu mal à l'aise. Elle savait qu'elle venait de lui faire un coup bas. Très bas.

-Fuck you.

Elle l'avait mérité. L'ancienne vie – qui n'était jamais qualifiée d'ancienne – de Justin n'était que rarement évoquée. C'était toujours lui qui commençait, parce qu'il avait besoin d'en parler, que ça le bouffait tellement de l'intérieur qu'il en venait à péter un câble. Autrement, pas de Pittsburgh, pas de Liberty Avenue, pas d'amis, pas de famille. Et surtout, jamais de Brian. Évoquer Brian équivalait à un niveau zéro sur l'échelle du moral. Comme maintenant, de tout évidence.

-Excuse-moi Justin, c'était pas cool de ma part. Je... Juste, Jake veut te voir, il dit que c'est urgent.

Justin soupira en expirant une taff.

-J'emmerde Jake.

-Justin... soupira la jeune fille. C'est important, c'est pour l'expo.

-Je sais, j'finis ma clope et j'arrive.

La jeune fille se retourna, s'apprêtant à se ré-engouffrer dans le bâtiment.

-...ehm.. Amy?

Elle tourna la tête.

-Hum?

-Désolé d'être.. comme ça. Une merde. J'réagis comme un connard alors que je ne saurais pas où j'en serais sans toi. J'suis désolé.

Il baissa les yeux, sa cigarette toujours pendue à ses lèvres. Coupable, coupable, coupable. Il se sentait coupable de tout, pour tout et envers tout le monde depuis qu'il avait mis les pieds à New York. Depuis qu'Amy l'avait rencontré.

-Oh Justin...

Elle refit quelques pas avec lui, le prenant dans ses bras. Elle était plus grande que lui, et plus grande que la majorité des gens avec son innombrable collection de paires de chaussures à talons.

-Bébé. Shhhh. J'suis là, tu sais. Tu veux qu'on se voit ce soir?

Hochement de tête positif.

-Bien. En boîte?

Gémissement.

-Non, t'as raison, c'est une mauvaise idée. On ira manger un morceau. Et boire un verre, juste toi et moi, tu veux?

Il recula, en reniflant doucement.

-..ouais. Ouais. Merci Am'.

Il passa une main sur son visage, jeta son mégot et soupira une nouvelle fois.

-Allez, il est temps que j'aille affronter le tyran.


Le vent souffla autour de lui. Des pneus crissèrent sur les graviers de l'allée du garage. Une portière s'ouvrit, puis claqua pour se refermer. Un silence.

-Qu'est-ce que... Brian?

-Bonjour Jennifer.

La femme resta interdite quelques secondes, observant l'homme en costume taillé sur mesure et en chaussures italiennes, étendu sur sa pelouse devant sa maison. Comme souvent, il fumait une cigarette.

-Ehm.. Qu'est-ce que vous faites ici?

-Jennifer. Depuis cinq ans maintenant qu'on se connait... J'ai même failli être votre gendre. Vous pourriez me tutoyer, non?

-Sans doute, mais je ne sais pas si j'y arriverai. J'ai... J'ai vu Debbie, l'autre jour. Elle m'a dit qu'on ne vous.. qu'on ne te voyait plus beaucoup, ces temps-ci.

-Si Debbie l'a dit...

-Brian.. Est-ce que ça va?

-Je vais bien. J'ai eu beaucoup de travail.

-Brian, vous savez bien que ça ne marche plus avec moi.

Il ferma les yeux. Peut être même qu'il parvint à sourire.

-Peut-être que j'ai voulu avoir beaucoup de travail.

Jennifer était toujours debout, en tailleur et escarpins impeccables, son attaché-case à la main. Mais derrière son apparence parfaite, elle se sentait complètement impuissante. Elle aurait voulu le prendre dans ses bras. Cet homme qu'elle avait tant haï, tant craint, tant redouté, elle aurait voulu pouvoir le réconforter. Comme elle-même avait besoin d'être réconfortée. Mais elle savait que ça aurait été déplacé. Alors elle posa son attaché-case, avança vers Brian et s'allongea à ses côtés, étendue dans l'herbe, les yeux dans le ciel.

-Il me manque aussi.

Il ne répondit pas. Il se pinça l'arrête du nez entre son pouce et son index, les sourcils froncés. Jennifer lui jeta un coup d'œil. Elle vit les muscles de son visage tendus sous la pression qu'exerçait ses mâchoires.

-Vous devriez peut-être en parler.

Brian eu un léger ricanement ironique.

-A qui? Pour quoi faire?

-A vos amis. Pour... vous faire du bien. Vous soulagez.

-Ce n'est pas exactement de cette façon que j'ai l'habitude de me faire du bien.

Jennifer pinça les lèvres, toujours mal à l'aise par certaines manières de l'homme.

-Il n'y a rien que je puisse faire, reprit-il.

Jennifer hésita. Elle ouvrit plusieurs fois la bouche, mais la referma à chaque fois. Le ciel était d'un bleu très clair, attendant les étoiles maintenant que le soleil avait disparu à l'horizon. C'était une belle soirée de fin d'été. Elle se souvient que Justin adorait ces moments, et qu'il s'asseyait souvent là, à quelques dizaines de centimètres d'où ils se trouvaient actuellement, son bloc de dessin à la main un crayon dans l'autre, pour profiter des dernières heures de la journée.

-Pourquoi n'est-vous pas parti avec lui? Demanda-t-elle enfin.

-Ma vie est ici.

-Vous étiez prêt à renoncer à tout ce que vous étiez, tout ce à quoi vous avez cru pour épouser mon fils Brian, alors dites moi la véritable raison.

Nouveau silence. Jennifer se redressa en position assise, fronçant les sourcils.

-Avez-vous seulement prononcé son nom, depuis qu'il est parti?

-...Non.

-Oh..bon dieu, Brian.

Jennifer se releva, attrapa son attaché-case, lissa son tailleur et se dirigea vers l'entrée de sa maison.

-Entrez, je vous offre un café, dit-elle.

-Inutile, je dois y aller.

Sans lui laisser le temps de répondre, il se leva et sans se retourner, disparu au volant de sa voiture.


-Alors, que te voulais Jake?

-Des conneries, comme d'hab. Il s'occupe de mon boulot au lieu de faire correctement le sien. On s'est encore méchamment engueulé.

-Pourquoi tu continues à bosser pour lui? T'as des quantités d'autres propositions, tu pourrais bosser pratiquement dans toutes les boites de New York!

-Parce que c'est le meilleur de la ville. Celui qui est le plus reconnu et qui peut m'apporter le plus. Si je n'ai pas le meilleur de New York, il n'y a aucune raison que j'y reste.

-Personne n'attend que tu sois le meilleur Justin.

-Si.

La dernière chose qu'il souhaitait, c'était de décevoir. De le décevoir. Ils avaient tant sacrifié, lui comme Brian, pour sa carrière qu'il n'avait pas le droit de se contenter de la demi-mesure. Cela, il aurait pu l'avoir à Pittsburgh, sans problème.

L'expression de Justin indiqua tout de suite à Amy qu'une fois de plus, elle avait fait une gaffe. Restait à savoir s'il fallait mieux l'encourager à en parler ou au contraire changer de sujet.

-Et comment tu avances au niveau des tableaux que tu veux exposer?

-A ce rythme là, je sais même pas ce que je vais proposer. Jake veut modifier la moitié de ma série, et exposer n'importe comment l'autre moitié. Autant j'ai toujours accepté la critique, parce que j'ai encore beaucoup à apprendre, autant cette série est tellement personnelle que j'ai besoin de la mener tout seul. Je sais pas si tu vois ce que je veux dire... Ça sort brut de moi, et ça peut pas être autrement. Toutes mes toiles sont quasiment prêtes, mais je bloque totalement sur la dernière. J'ai besoin de la sortir, mais j'y arrive pas.

-T'as peut-être juste besoin... d'une sorte de déclic?

-Ouais, on se demande bien de quel genre tiens...

Son regard vrilla au fond de son verre. Autrefois bleu, il semblait s'assombrir de jour à jour sous l'atmosphère grisâtre de New York.

-Justin... tenta Amy en lui caressant doucement l'épaule, parce qu'elle était incapable de trouver les mots pour le réconforter. Sûrement parce que ces mots n'existaient pas. Ça va aller, tu...

-Je vois juste pas du tout comment ça pourrait aller mieux. Quand j'suis arrivé ici, je me suis concentré sur mon art, j'ai bossé jusqu'à l'épuisement parce que c'est la seule raison pour laquelle je suis ici. Tant que je travaillais, tant que je peignais, ma décision avait un sens. Physiquement, j'étais que l'ombre de moi-même, parce que je dormais peu. J'ai perdu beaucoup de poids. Mais j'allais bien. Autant que c'était possible, j'allais bien. Parce que toute ma frustration, ma douleur et toutes les émotions que je ressentais, je pouvais les coucher sur la toile. Mais Jake a eu peur que je lui claque dans les pattes avant l'une des expo les plus importantes de l'année. A ce rythme, ça aurait probablement été le cas, il s'en aurait fallut de quelques jours pour que je finisse à l'hosto, sous perfusion. Il m'a renvoyé chez moi pour quelques jours, avec la promesse d'avorter ma carrière si je ne lui revenais pas frais, dispo et en pleine forme. Évidemment je ne l'ai pas écouté. Enfermé dans mon studio, j'ai recommencé à peindre, à dessiner. Parfois jusqu'à me faire mal à la main. J'avais tellement peur. Peur de m'arrêter, de dormir. Peur de me retourner et...

Justin s'arrêta un instant. Jusque là, ça avait été facile de se confier. Amy avait été en partie témoin de cette partie là de l'histoire. La suite était plus compliquée, parce qu'il s'agissait de formuler ce qu'il s'interdisait de penser. C'était difficile, putain. Vraiment douloureux.

-T'as besoin d'en parler Justin. Peut-être que je ne pourrais pas vraiment comprendre, peut être que je ne pourrais pas t'aider, mais tu peux pas rester avec ça à l'intérieur honey. Ça te bouffe beaucoup trop.

Elle sera doucement sa main dans la sienne en lui souriant gentillement, encourageante.

-J'avais peur, et j'avais raison. Quand j'ai arrêté de m'endormir sur mes crayons et mes pinceaux, que je me suis retourné, j'ai bien été obligé de voir que... que Brian n'était pas là. Qu'il ne m'attendait pas, étendu sur le lit, complètement nu ou trainant en jean sur le canapé en fumant un joint. Putain ça m'a fait tellement, tellement mal. C'est comme si, d'un coup, je me réveillais d'un trip monstrueux. Je reprenais conscience et la seule putain de question que je me posais c'était : qu'est-ce que tu fous là, bordel? Pourquoi j'suis bloqué dans une ville où j'connais quasiment personne, à bosser pour un connard, alors que je pourrais retourner auprès de mes proches et avoir la seule personne que je désire, pour et contre laquelle je me suis battu depuis cinq ans? ...Et j'ai pas de réponse à ça.

-Tu m'as dit... Tu m'as dit que c'était Brian qui t'avait poussé, parce que ce que toi , tu aurais voulu, essaya la rousse, ne semblant elle-même pas tout comprendre à ce qu'elle disait.

-Je sais pas. Je n'sais même plus comment on en est arrivé là. Tout ce qu'on voulait, c'était de ne pas se standardiser. Ne pas se plier aux conventions juste pour devenir un couple politiquement correct. Ne pas renoncer à ce qu'on était par amour pour l'autre, parce que c'est pas comme ça qu'on s'aime. Brian a toujours voulu que je vive ma vie, que je connaisse mes propres expériences et que je n'y renonce pas pour lui. Que les principales décisions de ma vie soient prises comme s'il n'y avait jamais appartenu. Mais ce n'est pas du tout ce que j'ai fais. Si je suis ici aujourd'hui c'est parce que j'ai rencontré Brian et parce qu'il m'a encouragé à faire passer ma carrière avant tout le reste. Jamais je n'aurais quitté une personne que j'aime pour quelle que raison qui soit. Et c'est pourtant ce que j'ai fait.

Un silence s'installa entre les deux amis, juste troublé par le bruit ambiant du bar. Hétéro, gay ou indécis, peu importait. Amy cherchait juste à comprendre ce que signifiait vraiment le discours du blond.

-Est-ce que ça veut dire... Que tu vas retourner à Pittsburgh? Demanda-t-elle incertaine.

-J'en sais rien ce que ça veut dire Am'. Tout ce que je sais, c'est que je vais pas tenir comme ça indéfiniment. Il... Il me manque putain. Mais je dois penser à l'expo. J'ai pas bosser autant pour tout plaquer à la dernière minute. Et puis j'y tiens beaucoup, alors je déciderai de ce que je veux faire après.

-Tu me manqueras Honey, si tu décides de rentrer.

Elle lui sourit, lui signifiant qu'elle ne lui en voulait pas.

-Toi aussi Amy. T'aurais obligation de me rendre visite de toute façon. Tu adorerais Debbie et Emmett ! Et puis... il faudra que tu rencontres Brian.

-Le fameux !

Pour la première fois depuis le début de la soirée, elle réussit à le faire sourire. Un tout petit peu. Alors, elle sut qu'elle lui avait changé les idées. Au moins pour une minute ou deux.

-Est-ce que.. tu veux qu'on aille dîner? Proposa-t-elle.


-Mickeeeeey!

Pour la troisième fois en une minute, Brian malmena le tympan de son meilleur ami à travers son téléphone.

-Bri, qu'est-ce que t'as encore pris putain? Il est à peine 21 heures bordel!

-Rien que des céréales – beaucoup de céréaaales ! – et des plantes! C'est une recette bouddhiste, tu devrais la conseiller à Ben!

-Brian, c'est pas comme ça que tu vas t'en sortir...

-Sortir? J'suis dans personne pour une fois Mickey ! Je suis tout... tout seul !

-Je t'appelais pour te proposer un verre au Woody's, mais j'ai l'impression que c'est pas la peine. J'passe au Dîner et j'arrive.

-A tout de suite Mickeeey !

Brian laissa tomber son téléphone qui se perdit dans les poils longs du tapis. Il regretta immédiatement de ne pas avoir empêcher Michael de s'inviter. Il n'avait envie de voir personne et se demandait en quoi c'était si compliqué à comprendre. Sa rencontre avec Jennifer avait été suffisamment difficile comme ça pour qu'il ait en plus à supporter les regards désolés et les phrases compatissantes de son meilleur ami. Il avait choisi cette situation, putain. Il l'avait fait pour le gamin. Qu'est-ce que ça pouvait faire s'il ne lui restait que quelques tonneaux de whisky et un peu d'herbe oubliée?

-Fuck! Lâcha-t-il en se passant les doigts sur les tempes et le front.

Maladroitement, il se leva du canapé avec pour intention de prendre une douche. Il réussit à ôter son jean, mais ne parvint jamais à la salle de bain. En débardeur et en caleçon, il tomba étendu au travers de son grand lit deux places.

Il courrait le long du rue sombre, parfois éclairée par des flashs, comme si l'orage grondait loin, très loin au dessus de lui. Il y avait des gens autour. Des centaines de gens, certains blessés, d'autres simplement apeurés. Les derniers juste en quête d'informations. Mais aucun n'avait de visages, ni même d'identité. C'étaient juste des formes floues, indistinctes. Faites qu'il ne lui soit rien arrivé. De la fumée. Des silhouettes qui s'agitent autour de corps étendus inanimés. Et si.. Si le prochain corps était le sien, il donnerait juste n'importe quoi pour l'épargner. Sacrifier la vie de tout ceux qui avait survécu pour le préserver. C'était épuisant. Et obsédant. Faites qu'il ne lui soit rien arrivé. Et finalement il était là. Il détonnait au milieu de ce paysage de désolation. Il était propre sur lui, sans traces du cataclysme qui venait de se produire. Il rayonnait. Sunshine. Il portait le costume dans lequel il aurait dû se marier. Il était tellement beau. Pourquoi ne lui avait-il jamais dit? Une ombre apparue entre eux, rompant leur contact visuel. L'ombre portait une batte. Une batte de base-ball qui le paralysa un instant. L'instant de trop. L'ombre avait armé son geste, prête à frapper.

-Justin! Un coup sourd et le sang gicle. Du rouge, partout. Nononon.. Justin.. Justin..

-JUSTIN!

Brian se réveille dans une inspiration paniquée. Instinctivement, il passe une main de l'autre côté du lit. Il rencontre un corps. Justin est là. Dans un nouvel élan instinctif, il va se blottir contre lui. Encore un cauchemar. Juste un putain de cauchemar. Pour preuve, ils sont là, tous les deux. Son nez titillé par la pointe de ses che...

-Brian?

-What the fuck ?

Ce n'est pas Justin. Putain. Brian s'éloigne en se redressant. Il y a tellement cru et il se sent stupide pour ça. Et il en veut à Michael, de lui avoir donné involontairement cet espoir.

-Qu'est-ce que tu fous dans mon putain de lit?

-Je t'ai dit que je venais, et je t'ai trouvé endormi là, à moitié dessapé.

-Et alors quoi? Tu t'es dis que t'allais pieuter ici? La maison du bonheur de madame Bruckner ne suffit pas? Remarque j'te comprends va.. Moi aussi j'm'emmerderais.

-Je m'inquiétais pour toi Brian, comme tout le monde à Pittsburgh! Mais ça tu ne le sais pas parce tu nous fuis! Tu évites tout le monde, et tous les lieux publics de Liberty Avenue!

-Tu pourrais arrêter de gueuler? Grogna Brian en se levant et en allumant la cigarette qu'il avait attrapée au passage, j'ai un putain de mal de crâne. Et je vais bien, combien de fois faudra-t-il que le répète?

-Aussi longtemps que tu soigneras tes migraines par le cocktail alcool et drogue que tu t'envoies à chaque fois que t'es chez toi. Arrêtes de jouer les insensibles, arrête de nous répéter que tout va bien ! C'est des conneries, Brian! J't'ai observé dormir, si on peut appeler ça comme ça. T'es agité, tu cherches sans cesse à te raccrocher à quelque chose – ou à quelqu'un – … et quand enfin tu te calmes, tu te recroquevilles sur toi en tremblant avant de te réveiller en criant son prénom! Ose me dire, éveillé, que tu vas bien alors que t'es même pas capable de le faire croire quand t'es endormi!

-Fuck you, Michael! Fuck – you.

Brian posa sa cigarette sur le cendrier le plus proche et retirera les vêtements qui lui restait. Il reprit sa clope et debout, complètement nu et de trois quart face à son meilleur ami, il termina de la fumer. Michael se souvient alors pourquoi à une époque – et cette époque n'était pas si vieille que ça – il aurait tout donner pour trouver grâce aux yeux de Brian. Grand et élancé, il avait, en plus d'un corps quasiment parfait, une classe folle. Cette désinvolte nonchalance à tout épreuve qui faisait de lui l'un des mecs les plus sexy de Pittsburgh, malgré sa situation actuelle. Il était et resterait Brian Kinney, bordel. Perdu dans ses pensées, Michael vit à peine son ami finir sa cigarette et disparaître dans sa salle de bain. Ce n'est que quand il entendit l'eau coulée dans la pièce voisine qu'il se rendit compte qu'il était seul. Et il se dit que loin de faire changer l'humeur de Brian, elle aurait au moins le mérite de le défaire de l'odeur d'alcool, de tabac et de joint froid qui planait sans cesse autour de lui. Pendant la petite demi-heure qui suivit, il entreprit de débarrasser le loft de tous les cadavres de bouteilles qui s'y entassaient depuis des jours, de vider tous les cendriers et d'aérer pour dissoudre l'odeur âcre qui régnait dans tout l'appartement. Ce n'est que quand il jeta les dernières boites en carton vide de leurs plats livrés qu'il se rendit compte que cette douche était anormalement longue, surtout quand on savait que Brian était seul dessous. Hésitant, Michael coula un regard vers la porte de la salle de bain : les robinets étaient toujours ouverts, mais aucun autre bruit indiquant une présence humaine ne lui parvenait. Lentement, il marcha vers la seule pièce fermée du loft et avec une encore plus grande précaution, il ouvrit la porte de la salle d'eau.

D'abord, Michael ne comprit pas pourquoi il eut l'impression de trouver la salle vide. Et puis, il le vit. Bordel, il avait bien cru avoir tout vu avec Brian. Il l'avait vu grandir en même temps que lui, avait observé son style de vie libérée se mettre en place et s'installer. Et puis, il avait vu l'amour débarqué alors que personne n'y croyait, que personne ne l'espérait même, sous la forme d'un petit être blond, mi-ange, mi-démon et, non-contraire de faire disparaître celui qu'était Brian, il s'y était allié, assimilé pour le montrer sous un autre jour et le sublimer. C'était l'une de ces choses qui faisait de Brian un être exceptionnel. Il était comme ça, un peu de toute les personnalités à la fois. Mais ça, ce que Michael avait sous les yeux, jamais il n'aurait pensé en être un jour témoin.

Brian était en effet toujours sous la douche. Mais il s'était assis, recroquevillé dans un coin, légèrement tremblant. Ses genoux étaient remontés contre sa poitrine, autour desquels il avait enroulés et noués ses bras. Mais plus que sa position d'enfant perdu, c'était son regard qui trahissait son état. Il était lointain, vide comme si l'esprit de Brian avait momentanément déserté son enveloppe corporelle. Bordel, Brian était en train de craquer. De perdre pied presque normalement, et pas en baisant tout ce qui passait, comme à son habitude. Même ce Brian là, sans foi ni loi, insensible et presque inhumain avait disparu. Et c'était encore plus inquiétant.

-Oh putain Brian...

Michael retira son pantalon et son tee-shirt pour se précipiter sous la douche. Il avait pour première intention de faire sortir directement son ami de la cabine italienne, mais il se rendit bien vite compte qu'il faudrait pour cela qu'il le fasse revenir à lui avant tout. Et cela promettait d'être une tâche compliquée. Il s'assit aux côtés de Brian et se demanda par où commencer. Fallait-il qu'il commence à parler pour l'inciter à se confier? La situation avait beau être inhabituelle, Brian n'avait jamais fait quelque chose parce qu'on le poussait à le faire, mais bien parce qu'il avait décidé qu'il était temps de le faire. Et ceci devait en être de même pour les sentiments qu'il éprouvait pour Justin, et toute la situation dans laquelle il était aujourd'hui. Michael attendit donc, en silence, plusieurs minutes se demandant parfois si son meilleur ami n'avait ne serait-ce que remarqué sa présence, avant que celui-ci ne se décide à parler.

-J'ai pas le droit.. J'ai putain de pas le droit d'être malheureux parce qu'il vit sa vie, qu'il poursuit sa voie. Qui aurais-je été pour le priver de ce qu'il était, en l'obligeant à rester avec moi? Il a 21 ans, bordel. Qui étais-je pour l'obliger à avorter sa vie avant même qu'elle ne commence? Il a trop de talent pour le gâcher ici, à Pittsburgh.

Il fit une pause, ayant du mal à se dépêtrer les mots de ses sentiments. Michael fut forcé de constater que, malgré la logique quelque peu tordue de son ami, Brian avait fait la plus belle des preuves d'amour en sacrifiant son bonheur sur l'autel de l'épanouissement de Justin. Dieu seul savait combien il aimait ce gamin.

-J'ai été tellement, tellement stupide. J'ai eu si peur de le perdre dans cette explosion que je lui ai tout donné, trop vite, effrayé à l'idée de ne pas pouvoir le faire plus tard. Résultat, on a bien failli se perdre tous les deux avec ce projet fou de mariage et même après nous être retrouvés nous-mêmes, il est parti avec ce que nous avions. Bien sûr, qu'il est parti! Il aurait été con de ne pas le faire, et cruel de l'en empêcher. Mais j'ai juste fait la stupidité de me projeter dans votre monde idyllique dans lequel il me resterait. Combien de fois avais-je eu la preuve que ce genre de tableau s'écroulait au moindre coup de vent? Et que, plus que tout, je n'y avais jamais été destiné? Toute ma vie, je me suis protégé de ces conneries, mais pour lui j'ai eu envie d'y renoncer, j'ai... Je voulais sacrifier mon équilibre, quitte à souffrir un jour pour – ne serait-ce qu'une seconde – risquer d'être heureux, moi aussi...

A nouveau il eut besoin de s'arrêter, faute de mots. C'était fort, de voir que Brian avait tellement souffert de son enfance qu'il s'était volontairement bloqué dans cette tranche de vie sans âge, orientant son existence autour de la seule personne qui ne lui ferait jamais défaut. Lui-même. Que serait-il devenu s'il n'avait jamais croisé la route de Justin? Michael se promit de remercier le blond un jour d'avoir eu l'idée de trainer sur Liberty Avenue cette nuit-là, il y a maintenant plus de six ans. Parce que, quelque soit l'état dans lequel se trouvait Brian aujourd'hui, il était définitivement plus humain que si le surnommé Sunshine n'avait jamais fait son apparition.

-J'ai remis le Babylon à flot. J'ai à nouveau donner envie à tous les pédés de Pittsburgh d'aller se déhancher et claquer leur blé dans un lieu qui puait la mort. J'ai placé Kinnetik comme l'une des plus grandes agences de publicité de toute la Pennsylvanie, ce qui est probablement un record pour une entreprise aussi jeune. J'ai... probablement plus d'argent qu'il n'en ai nécessaire dans toute une vie. J'ai tout fait pour continuer à avancer, pour poursuivre la route que je m'étais fixé. Et c'est ce que j'ai fait, bordel! It's only time... Bullshit, it's fucking time!

Brian cligna plusieurs fois des yeux, soudainement gêné par les mèches brunes qui lui tombaient devant les yeux, collées par l'humidité. Il secoua la tête, ébouriffant ses cheveux et retrouvant totalement ses esprits du même coup.

-Mickey? Demanda-t-il en tournant enfin la tête vers son meilleur ami.

-Viens, on sort de là, on va attraper la mort autrement.

Maladroitement, Brian sortit de la cabine, attrapant une serviette au passage pour se s'éponger succinctement. Il bloqua un instant devant son reflet dans le grand miroir qui lui faisait face. Il était le même. En un peu plus mince, le corps davantage dessiné, mais le même que celui qu'il avait toujours été. Pour preuve, il était certainement le seul pour qui les légères ombres sombres sous ses yeux pouvaient être aussi sexy. Diable, qu'il était crevé.

-Tiens, dit Michael en lui tendant un caleçon propre, qu'il enfila.

Michael. Dans le reflet du miroir, avec lui. Michael, pas Justin. Putain. Pourquoi?

Alors, il attira Michael pour l'enlacer étroitement et il espéra tellement que Justin soit là, entre ses bras, qu'en fermant les yeux il parvint à y croire un instant. A croire que c'était le petit corps fin du blond qu'il tenait tout contre lui, que c'était son odeur particulière, si douce avec parfois cette note si masculine et si attirante, mélange du gel douche qu'il utilisait et des Lucky Strike qu'il fumait régulièrement, qui embaumait l'air tout autour de Brian à cet instant. Cette synthèse de toutes les fragrances propres à Justin et qui le rendait complètement dingue. Que c'était ses mèches blondes qui caressaient le creux de ses paumes et qui repoussaient toujours assez vite pour que Brian puisse y passer et repasser ses doigts, encore et encore.

-I miss him, murmura Brian en reniflant légèrement. I really miss him.