-Et bien nous faisons comme cela, n'est-ce pas Monsieur Malfoy ?
Un silence lui répondit.
-Monsieur Malfoy ?
-Hum ? Pardon, je n'écoutais pas.
-Nous avions cru remarquer...
Ces quelques paroles achevèrent de ramener Lucius sur Terre. Il se trouvait dans son salon, avec sa femme, son fils et... Sa future belle-fille accompagnée de sa famille. Il n'était jamais venu à l'esprit de Lucius qu'un jour, il devrait marier son fils. Bien sûr, il savait que cela viendrait inévitablement. Quand Bellatrix lui avait demandé son avis, il lui avait ri au nez. Draco ? Trop jeune. Bien trop jeune. Mais tout de même assez âgé pour faire la démarche de lui-même.
Lucius soupira intérieurement. Il avait la désagréable impression qu'il s'était fait avoir. Mais il n'avait plus le loisir de penser. Il fallait rassurer la future famille.
-Je vous prie de m'excuser, reprit-il d'une voix trainante, je suis assez fatigué ces derniers temps.
-Des affaires qui se passent mal ? S'enquit tout de suite le père de la jeune fille.
-Non. Juste une histoire assez lassante.
Il prit le contrat avant que qui que ce soit puisse approfondir.
-Et bien... Je n'ai rien à redire.
-Moi non plus.
-Alors c'est entendu. Astoria Greengrass et Draco Malfoy se marieront dans les six mois qui suivrons. La date sera fixée avec l'aide d'un oracle, d'une voyante et d'une marieuse, elle ne pourra passer ce délai qu'en cas de graves problèmes approuvé par ces trois garants. En échange, la famille Malfoy s'engage à donner une dote de sept cent milles gallions à sa futur belle fille. Elle demeurera au manoir principal, à Wiltshire après son mariage. Elle pourra se rendre dans son ancienne demeure cinq jours par mois mais ne devra pas y rester après le coucher de la nuit. La famille Malfoy se réserve également le droit de la répudier en cas d'adultère ou de stérilité. La dot sera conservée par la famille Greengrass. Vous signez ici.
Il désigna la fin du parchemin. Le père de la future mariée se baissa pour signer et Lucius songea amèrement que son fils aurait pu mieux choisir. Il prit une plume de paon et inscrivit son nom de sa plus belle écriture. Le parchemin se roula alors de lui-même et le sceau de cire se ferma. Draco souriait. Il avait autant de fierté que l'animal qui y avait laissé une plume. Sa future femme roucoulait presque. Un beau couple d'oiseau. Et la belle-famille ne valait pas mieux. Seul Narcissa, égale à elle-même, restait inexpressive. Cependant, un observateur attentif aurait pu remarquer qu'elle regardait son mari d'un air insistant. Dès qu'ils seraient partis, ils auraient sans doute une discussion. Pour l'heure, elle se contenta juste de sermonner calmement :
-Draco, Miss, ne restez pas collés ainsi, c'est indécent. Vous n'êtes pas encore mariés.
Le sourire de Draco se figea et son père se demanda intérieurement s'il était mal de rire de son fils. Quand les parents furent (enfin) partis, il laissa échapper un soupir.
-Père...
-Hum ?
-Vous n'avez pas l'air très content...
-Ah ?
-Vous m'aviez pourtant dit qu'il fallait choisir une fille de sang pur, qui me plaise et qui ne soit pas une Black. C'est ce que j'ai fait, mais vous n'avez pas l'air de l'aimer.
-Ces conseils s'adressaient plutôt à Théodore. Soupira-t-il en se rappelant ce désagréable épisode où il avait dû expliquer aux deux jeunes garçons les mystères de la vie et des femmes.
-Pourquoi ce « pas une Black » ? Demanda Narcissa d'un air soupçonneux.
-Pour rien... répondit précipitamment Lucius avant de corriger mentalement : parce qu'elles ont toutes un sale caractère...
-Hum hum... Fut la seule réponse de son épouse pour montrer qu'elle n'y croyait pas.
-C'est pour éviter... Les dégâts collatéraux.
-Hum hum...
-Les maladies consanguines...
-Hum hum...
-Draco, ce n'est pas que je doute de ta fiancée...
-Hum hum...
-Je crois que tu as bien choisi et qu'elle fera l'honneur de notre famille...
-Hum hum...
-Mais n'est-ce pas un peu précipité ?
-Père ! J'ai vingt-quatre ans ! Je ne suis plus un enfant !
-Certes, certes... Fais comme tu le sens, si tu es si sûr de toi.
-Merci Père. Je vous promets que je ne vous décevrai pas.
-Hum hum...
-Je crois que ta mère veut me parler...
-Oh vous croyez ?
-...Si tu veux bien m'excuser.
Lucius soupira, s'appuya sur sa canne pour se relever et se rendit dans son cabinet avec sa femme. Une fois là, il ferma la porte à clé et demanda :
-Quoi ?
-Vous avez mauvaise mine mon ami.
-Est-ce ma santé qui vous préoccupe à ce point ?
-Votre santé m'importe quand vous avez une absence lors de la signature du contrat de mariage de votre fils.
-Je me suis excusé, cela ne vous suffit pas ?
-Non.
-Vraiment ?
-Point du tout.
-Et pourquoi ?
-Parce que cela fait cinq jours que vous êtes dans vos pensées, connues de vous seuls et que vous refusez toute attention... J'ai bien le droit de m'inquiéter !
-Mais puisque je vous dis que je vais bien... Ma santé ne souffre d'aucun problème.
-Vos jambes...
-Elles vont très bien.
-Mais vous vous appuyez plus sur votre canne que d'habitude...
-C'est possible.
-Vous vieillissez.
-C'est normal.
-Il est donc probable que quelques maladies aient pu vous atteindre et je songe sérieusement à faire venir un...
-Stop !
-Ce mot vous touche ?
-Et arrêtez cela aussi.
-Arrêter quoi ?
-Vous le savez bien...
-Non, je l'ignore.
-De parler comme vous le faites !
-Et comment parlé-je ?
-Ah...
-Plaît-il ?
-Mais vous le faites exprès...
-Je vous demande pardon ?
-De parler comme un roman.
-Le vouvoiement est un signe de respect.
-Oui mais vous en faîtes trop.
-Ah ?
-Vous ressemblez à...
-Je ressemble à ?
-Non, laissez tomber...
-Ah non. Continuez !
-Vous ressemblez à votre sœur ! Ca vous va ?
-Laquelle ?
Lucius, qui avait hurlé sa dernière phrase, se laissa retomber dans son fauteuil.
-Vous le faites exprès...
-Mais non, susurra-t-elle en se penchant près de son mari.
-Avez-vous des centaines de sœurs ?
-J'en ai deux.
-Mais Andromeda n'a jamais parlé ainsi...
-Donc ?
-Vous oseriez encore mentir en disant que vous n'êtes pas en train de mentir et que cette situation ne vous amuse pas ?
-Je l'avoue, je m'amuse comme une petite folle. Ce nom ?
-Vous le voulez absolument ?
-Absolument.
-Bellatrix. Vous parlez comme Bellatrix quand... Avant qu'elle ne soit enfermée.
-Nous y voilà. C'est donc ce problème qui vous ronge.
-Absolument pas... Cela n'a rien à voir.
-Que pensez-vous du mariage de Draco ?
-Je pense qu'il a épousé une cruche.
-Il ne l'a pas encore fait.
-Qu'ils vont former un beau couple d'oiseau.
-Vous êtes un peu dur.
-Que l'intelligence de la belle-famille fait concurrence à celle de Crabbe.
-Ils seraient ravis de l'apprendre...
-Et que... Que...
-Que vous êtes contre ce mariage ?
-Oui !
-Parce que vous n'avez toujours pas digéré le vôtre ?
-Vous jouez les psychanalystes maintenant ? C'est nouveau...
-J'essaye juste de comprendre ce qui peut bien se passer dans votre tête pour avoir de telles réactions.
-Il ne s'y passe rien. Je suis juste... Fatigué.
-Ah ça, tout le monde l'avait compris. C'est devenu un leitmotiv permanent dans votre bouche depuis... Depuis cinq jours !
-Possible, possible...
-Et bien, si vous êtes fatigué, allez vous coucher et gardez la tête froide devant votre fils voyons. Vous savez très bien que votre approbation est très importante pour lui et il est vraiment perdu devant vos réactions... Surprenantes.
-Je n'ai pas sommeil, j'ai du travail. Mais soit, je ferai un effort avec Draco.
-Très bien. Donc vous pourrez les emmenez, lui et sa fiancée, à la boutique de mariage dès demain ?
-J'ai l'impression de m'être fait manipuler.
-Et avec le sourire...
-M'avez-vous déjà vu sourire ?
-Non.
-Et bien moi non plus ! Répliqua-t-il avec humeur avant de sortir de son cabinet.
Narcissa, seule dans la pièce, resta un instant pensive. Elle regarda le bureau de son mari et attrapa un papier qui dépassait. C'était avant tout cela, l'intérêt de sa visite. Elle le parcourut rapidement du regard et soupira. C'était donc bien cela. Elle prit sa baguette et recopia rapidement la lettre avant de sortir à son tour et de refermer à clé. Son mari n'avait pas fini d'en entendre parler de cette affaire... Oh non...