Note commune à tous les chapitres :
L'histoire de Harry Potter, son monde et les personnages qui le compose appartiennent tous à J.K. Rowling, écrivain talentueuse, qui a eu l'extrême gentillesse de nous prêter son univers pour nos petits délires narratifs. Merci à elle, même si elle doit souvent le regretter.
J'ai traité dans cette fiction (et les suivantes apparentées) de sujets délicats : inceste, viol, et violence. Donc, par avance, je préviens que certains passages sont difficiles, et je tiens à m'en excuser. J'espère juste que l'évolution des personnages pourra apporter un peu de réconfort.
Je compte mener cette histoire en 3 parties, qui retraceront les années fin et post-Poudlard de Draco Malfoy : Sang-Pur (au temps de Poudlard, déjà publiée), Sang-Mêlé (les années après la fin de la guerre, que vous êtes en train de lire), et Sang-de-Bourbe (qui devrait se situer juste après le roman de JKR, soit « 20 ans après », en cours d'écriture).
Je compte également rester le plus possible fidèle au roman (si vous voyez des erreurs, merci de me les signaler, je les corrigerai si possible). Dans cette optique, bien que ce soit un Dramione, le rapprochement sera long. D'autre part, les propos de Draco doivent être pris avec recul, et ne véhiculent pas toujours mes propres convictions.
Et puis, juste comme ça, j'aime bien utiliser des mots inusités de la langue française. Si l'utilisation d'un dictionnaire vous paraît superfétatoire, ma fiction risque de vous agacer ;). Cependant, le Bescherelle et moi sommes en froid et, à ce sujet, je vous remercierai de me remonter les inévitables erreurs que, malgré toute ma bonne volonté, vous ne manquerez pas de découvrir.
Et puis, parce que je m'en fous un peu, je ne réclame pas de review. Cette fic est une catharsis pour moi. Je ne l'ai écrit pour personne d'autre que ma petite personne, égoïste que je suis. Donc, ne vous sentez pas obligés, même si je les apprécie. Sur ce, bonne lecture, si vous êtes encore là...
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Pour ceux et celles qui démarrent cette histoire sans avoir lu le Premier Livre de Sang (Sang Purs), vous risquez d'avoir un peu de mal à rentrer dans l'histoire. Je ne peux que vous conseiller de lire Sang Purs au préalable.
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Des murs suintants d'humidité, de peur, de honte et de folie.
Azkaban dans toute sa splendeur.
Quelques détraqueurs ont repris du service, mais les gardiens s'en méfient presque autant que des prisonniers. Il règne ici une ambiance étouffante, oppressante, comme un air d'été juste avant l'orage.
Dans ma cellule, Lucius, Yaxley, et Thorfinn Rowle. Des rescapés de la Dernière Bataille.
Du beau monde, également. L'ancien gratin de la société sorcière entre quatre murs décrépis.
La nuit, des toux rauques s'échappent des cellules, annonciatrices de problèmes pulmonaires qui ne seront pas -ou mal- soignés.
Il n'y a que nos cris et nos morts qui s'échappent de ces murs.
Le froid et l'humidité sont partout. A toute heure.
Même mes os sont de glace.
Plus aucune dignité humaine. Plus rien qu'une rage animale, qui gagne du terrain à chaque jour qui passe.
Et les gardiens, leurs sourires goguenards, leurs propos humiliants, leurs gestes déplacés.
Pour quelques minutes à l'air libre, je laisse des mains crasseuses et avides me caresser. Des bouches puantes me susurrer des propositions obscènes. Des sexes en manque me...
Mais aujourd'hui, quelqu'un me demande au parloir. C'est inattendu, et je tente maladroitement de me recomposer un visage humain devant une vitre qui n'en a plus que le nom.
Le gardien, Carver, me regarde faire en se caressant avec une salacité digne des plus grands sybarites.
Je suis jeune, blond, bisexuel. A quoi d'autre pourrais je m'attendre ici ?
Entre les gardiens lubriques et les autres prisonniers en manque, aucune échappatoire. Rien que Lucius qui, tout autant qu'il peut, tente de contenir des avances trop brutales.
L'autre jour, sous la douche, j'ai vu des marques sombres sur son corps émacié. Les mêmes que les miennes.
Si lui aussi tombe, qui me relèvera ?
Je crispe des mâchoires à cette pensée, et termine de me préparer. Il n'y a pas grand chose à faire, de toute façon.
Mes cheveux sont ras, plus besoin de les coiffer. Un visage hâve me dévisage dans la glace. Des traits blafards, un regard aussi gris que le ciel au dessus de ces pierres maudites, et des cernes qui soulignent une fatigue qui m'étreint tout entier.
Mais dormir est pire encore. Dangereux, surtout.
Je tire un peu -pas trop fort, pour ne pas déchirer le tissu fragile- les manches de mon costume immonde de forçat, masquant vaille que vaille des poignets amaigris, des os de plus en plus visibles et, par dessus tout, cette marque noire qui me définit au yeux du reste du monde.
Mangemort.
Je me traîne, étique, sous les fers, comme si j'étais un animal dangereux capable du pire si seulement on me laissait marcher comme un homme.
Mais je ne dis rien, et j'avance.
Au parloir, il y a Vincent Crabbe.
Je ne lui demande même pas ce qu'il fait ici, tellement je suis surpris de le retrouver en ces murs.
J'essaie de ne pas penser aux dernières nuits que j'ai partagé avec lui, de la montée de sa violence, comme si l'univers des mangemorts l'avalait peu à peu, nourrissait son besoin désespéré d'être reconnu et craint. De sa perversité de plus en plus grande envers moi. De la peur que j'avais commencé à ressentir en sa présence.
Il commence à me parler, à travers une fine vitre de séparation, renforcée magiquement pour contrer les sortilèges les plus évidents.
Je ne comprend rien à ce qu'il me dit, et il semble s 'énerver.
De mon côté, Carver me rejoint, et fait signe à Vincent de s'en aller.
Il ne peut pas, ne doit pas me laisser. Sans réfléchir, j'abandonne toute dignité, et je crie à Vincent, pas le mangemort qu'il est devenu, mais ce garçon, un peu simplet, celui qui m'a protégé durant toutes ces années à Poudlard, de venir me protéger ici, de nouveau.
C'est à Azkaban que j'ai besoin de lui.
Tellement besoin d'être protégé.
Mais il me regarde, le regard froid, le visage fermé.
Un mélange de colère et de tristesse dans ses traits massifs, et il se détourne.
Il sort, et je reste seul. Si seul.
Une main se pose sur mon épaule. Pas pour me rassurer, non.
Plus une marque de possession.
J'appartiens à Azkaban, à ses gardiens, à ses détraqueurs et à son froid prégnant.
Je ne suis plus Malfoy. Je ne suis plus Draco.
Juste un numéro.
Moins qu'un homme.
Je me détourne à mon tour, des larmes d'épuisement prêtes à jaillir à la moindre faiblesse.
Carver ricane doucement en me ramenant à mes « quartiers », comme il dit. Mais avant de parvenir à cette cellule si exiguë que même un elfe de maison n'en voudrait pas, il me pousse dans une pièce peu utilisée, une sorte de réduit où les gardiens prennent une pause entre deux services.
Je sais bien ce qu'il attend de moi, mais la visite de Vincent m'a perturbé, et je n'arrive pas à me concentrer sur Carver, alors que le visage furieux mais désespéré de mon ancien camarade d'école occupe toutes mes pensées.
Ça n'est pas du goût de mon maton, qui s'énerve de mon manque de réaction, et me propulse sans douceur à travers la pièce. Il se déboutonne sans cérémonie, et m'intime d'un geste de faire de même.
Je ne veux pas, et je commence à reculer, mais une chaise posée là me fait obstacle, et je manque de tomber à la renverse.
Le bruit provoqué par cette chaise qui s'écroule me paraît assourdissant, mais personne ne vient voir ce qui produit tout ce raffut.
Carver n'apprécie pas mon manque flagrant d'enthousiasme, et ses yeux se font durs.
Affolé, je le vois détacher sa ceinture, en cuir, avec son mousqueton en acier dur et froid.
Pas ça.
Je le regarde, les larmes aux yeux, prêt à me laisser prendre comme la dernière des catins, mais je ne veux pas, plus, de ces marques sur mon dos, ces cicatrices qui se font toujours plus nombreuses sur la peau fine et pâle de mon corps émacié.
Ma Magie est bridée, ici. Je n'ai aucun endroit où me retrancher dans ma tête. Aucune fuite possible quand d'autres utilisent mon corps ou le marque dans leur excitation.
Rien pour me cacher de la douleur.
Je halète de peur, et me laisse glisser à terre.
A ses pieds.
Azkaban m'a tout pris. Même ma fierté y est morte.
Je frissonne, alors qu'il rit de mon asservissement.
Et, soudain, alors que je n'y croyais plus, la porte s'ouvre.
Sur Lucius.
En un éclair, il comprend la scène qui s'offre à ses yeux. Je vois tellement d'émotions différentes passer sur son visage que je ne comprend pas comment certains peuvent le décrire comme inexpressif. Mais la seule qui perdure, c'est la colère de me voir à terre devant cet homme à moitié nu, sa ceinture à la main.
Lucius s'élance, bousculant violemment Carver, et avant même que le gardien ait touché terre, il m'aide à me relever.
Mais Carver hurle, la porte s'ouvre de nouveau, et vomit des gardiens dans toute la pièce. Ils me paraissent immenses, et terriblement agressifs. Ils poussent Lucius dans un coin, et je les vois sortir des matraques.
- Non !
J'ai la force de crier, mais une frappe négligente de Carver me ramène à terre. Et je vois, horrifié, les matraques se lever, s'abaisser, se teinter peu à peu d'un rouge vermillon.
- Nooon ! Ma voix se brise en un hurlement animal.
Pas Lucius ! Pas... mon Père.
- Laissez-le ! Pitié, laissez-le !
Mon cri enfle, couvrant les râles agonisants de mon père. Et c'est sur ce bruit terrible que je me réveille enfin, hagard, de ce cauchemar récurrent qui ne me quitte pas depuis que j'ai quitté Azkaban.
Une nuit comme les autres, depuis la fin de la guerre.
Je suis en nage, une fine pellicule de sueur froide se colle à moi, aux draps d'un gris douteux de cette chambre d'hôtel minable que je loue à la semaine depuis ma sortie de prison.
Des bribes de mon rêve se superposent à mes souvenirs.
Fébrile, je gagne une salle d'eau minuscule, mais presque aussi grande que ma précédente demeure.
Je me trompais.
Vincent n'est pas venu me voir, ce jour-là, à Azkaban.
Il est mort dans la Salle sur Demande, du Feudeymon qu'il avait lui même invoqué.
Une brusque nausée me saisit, et je me penche prestement au dessus des toilettes.
Lucius aussi...mon Père est mort en essayant de me protéger des attentions trop douloureuses des gardiens de la prison.
Pas exactement comme dans ce cauchemar, mais peu importe.
Mon Père est mort. Une deuxième fois.
Un nouveau haut-le-cœur.
Ma Mère s'est suicidée, peu après, rejoignant son mari dans la tombe.
D'autres nausées me gagnent.
Ma Mère, victime ignorée de la guerre, méprisée, abandonnée de tous.
Je me penche un peu plus.
Me laissant seul, contre le monde entier.
Je vomis enfin, et l'acide de la bile mélangée à l'alcool bon marché me brûle la gorge et le nez au passage.