Mot de l'auteur :

Je sais, je sais, vous allez m'en vouloir… J'ai deux fanfictions inachevées sur les bras et voilà que j'en commence une troisième… Si vous saviez ! J'ai aussi un roman inachevé sur les bras, sauf que lui je dois le livrer à mon éditeur à date fixe et qu'il n'avance pas du tout ! Aaaargh ! Trop de choses, trop d'envies, et pas le temps (ou trop) pour tout faire !

Il n'empêche… Quand on a une crise d'écriture comme celle que j'ai en ce moment avec cette fic qui me trotte dans la tête depuis que j'ai revu « Gladiator » et que l'histoire m'a de nouveau complètement tapé dans l'œil, il n'y a pas grand-chose d'autre à faire que d'écrire ! J'ai beau reculer l'échéance, me frustrer en me disant que je ne m'autoriserai à l'écrire que lorsque j'en aurais fini avec mes autres projets, ça ne marche pas. Mais alors, pas du tout. Alors, c'est fini, je ne résiste plus.

Voilà donc une nouvelle fic (plus courte que les deux autres, et donc plus facile à terminer théoriquement). Je vous jure que je n'attends qu'une chose, c'est de livrer mon roman en (octobre 2011) pour pouvoir me consacrer à nouveau à « La renaissance de Pemberley » et à « De griffes et de crocs » qui attendent dans un coin depuis deux ans que je veuille bien m'occuper d'elles.

Pour en revenir à « Gladiator », je ne vis que de ça depuis quelques semaines. J'en mange... Je connais déjà le DVD par cœur, y compris les scènes coupées. J'ai survolé les fics qui ont été faites sur le sujet, j'en ai lu quelques unes, et je me suis rendue compte que personne n'avait encore traité le sujet suivant : que ce serait-il passé si le complot fomenté par Maximus contre l'empereur avait fonctionné ? C'est donc la piste que je voudrais suivre maintenant (j'ai beau en avoir exploré quelques unes, c'est vraiment celle qui me revient toujours). Et, comme il se doit, je vais y ajouter une Amazone de plus (parce que j'aime ça, les Amazones, j'en mets dans toutes mes histoires et je ne m'en lasse toujours pas).

Bonne lecture ! Et patientez encore un peu pour les deux autres fics (si vous en êtes capable, pauvres de vous), je vous reviens bientôt ! Promis, juré !


Deuxième mot de l'auteur :

Cette fois, le roman est achevé et livré, et j'ai plus de temps pour me pencher sur mes fanfictions en cours… Ma folie Gladiateur ne m'a pas encore quittée, j'adore cet univers ! Alors j'en profite pour finir cette histoire tant que l'envie et l'inspiration sont là (d'autant que ce que je veux raconter n'est pas si long, je connais déjà la fin ! J'en profite pour réviser mes chapitres et y reformuler quelques petites choses.

Après ça, je me pencherai sur mes deux autres fanfics en attente… Bon, j'ai tout l'hiver devant moi, ça devrait être faisable !


Lorsque Maximus déboucha du tunnel, l'air humide de la nuit lui frappa les narines. Il avait abandonné sa torche derrière lui et ses yeux mirent quelques secondes à s'habituer à la lumière froide de la lune qui éclairait faiblement le paysage. Le tunnel qu'il avait emprunté depuis l'école des gladiateurs débouchait près d'une des portes de la ville, dans un véritable goulot d'étranglement envahi de broussailles, entre deux hautes falaises. L'endroit parfait pour un guet-apens, ne put-il s'empêcher de songer.

Il aperçut bientôt la silhouette à cheval de Cicéron qui l'attendait un peu plus loin, mais son instinct de soldat l'empêcha de se précipiter. Méfiant, il se dissimula derrière d'un fourré et siffla doucement pour attirer l'attention de son aide de camp. Aussitôt, la silhouette sur le cheval tourna la tête.

_ Maximus ! cria-t-il.

Cicéron n'eut pas le temps d'en dire plus. Le cheval, pris de panique, s'échappa au galop, abandonnant son cavalier, auquel on avait lié les mains et au cou duquel on avait passé une corde. Sans son appui, le corps de l'aide de camp se mit à pendre dans le vide, agitant les jambes en un effort aussi désespéré qu'inutile pour trouver un appui.

C'était un traquenard, Maximus l'avait déjà compris. Mais en voyant son compagnon s'agiter misérablement au bout de sa corde, il cessa de réfléchir et se précipitant en hurlant vers lui pour tenter de le retenir.

Il était déjà trop tard. Le malheureux aide de camp n'eut que le temps de murmurer quelques mots d'excuse étranglés : une volée de flèches s'était abattue sur lui et l'avait transpercé. À peine avait-il rendu l'âme qu'une horde de cavaliers dévalait dans le détroit par la droite et la gauche, tandis qu'une impressionnante rangée d'archers se montrait sur les hauteurs. Pour arrêter le plus grand gladiateur de Rome, on n'avait pas lésiné sur les effectifs…

Maximus, impuissant, laissa retomber le corps inerte de son ami; il ne pouvait plus rien pour lui. Il fit quelques pas en arrière, cherchant une issue, et par réflexe il tira son glaive. Mais son arme lui parut soudain dérisoire. Il n'avait qu'elle pour lutter contre la quarantaine de soldats de la garde prétorienne qui fondaient sur lui à cheval. Il n'était pas de taille. Le complot qu'il avait voulu mettre sur pied mourait déjà dans l'œuf et lui-même ne tarderait pas à rejoindre l'autre monde…

Soudain, une silhouette jaillit des fourrés tout près de lui, l'attrapa par le bras et l'entraîna sur le côté sans que Maximus, éberlué, ait le temps de réagir. Une seconde plus tard, la silhouette se retournait, lui faisait un croc-en-jambe et Maximus s'étalait de tout son long dans la poussière.

_ Rampe ! lui intima l'inconnu.

Alors que Maximus cherchait encore à comprendre ce qui se passait, son corps réagit instinctivement à l'ordre qu'on lui avait donné. Entraîné par des années de combat, il se mit aussitôt à ramper sur le sol, cherchant le pied des bosquets pour se fondre dans l'ombre et éviter les faibles espaces encore éclairés par la lune.

Les cavaliers de la garde prétorienne, qui arrivaient sur place, n'avaient que quelques secondes de retard. Ce fut suffisant. Du haut de leur rempart, les archers avaient pu suivre la scène, mais avec la distance et les ombres floues de la nuit, ils furent incapables de pointer l'endroit exact où le fugitif et son sauveur inconnu avaient disparu. Des cris furent échangés de part et d'autre. Décontenancés, les capitaines criaient des ordres et tentaient de se réorganiser, mais avec le grand nombre de soldats et de chevaux excités, la confusion régna pendant plusieurs minutes.

Maximus ne se rendrait compte que bien plus tard à quel point tout s'était joué sur ces quelques instants. Si les gardes étaient arrivés à peine plus tôt, ou n'avaient pas perdu de précieuses secondes à maîtriser leurs chevaux et à demander l'aide des archers pour orienter leurs recherches, il ne leur aurait pas échappé.

Devant lui, l'inconnu s'était redressé. Il courait, à présent, courbé en deux, louvoyant avec adresse entre les buissons. Maximus suivait, l'épée à la main. Un ultime réflexe l'empêcha d'embrocher son camarade lorsque celui-ci stoppa brusquement devant lui.

_ Reste là ! Ne bouge pas ! chuchota l'homme en le poussant au sol, entre les racines d'un arbre.

Sans attendre de réponse, la silhouette disparut dans les broussailles, aussi rapide et silencieuse qu'un fantôme. C'est à peine si les branches frémirent sur son passage. Si Maximus lui-même avait du mal à le voir, il était tout simplement impossible que les soldats, à quelques dizaines de mètres de là, perçoivent quoi que ce soit.

Le gladiateur reprit courage. Grâce à cette aide inespérée, il avait peut-être maintenant une mince chance de s'en sortir, mais il se savait vulnérable et désorienté, dans ce lieu inconnu qui fourmillait de soldats. Il ne pouvait compter que sur l'aide de l'inconnu, et c'est pourquoi il se tapit au sol et obéit : il ne bougea plus. Immobile dans le noir, avec son armure sombre et mate, il pouvait espérer passer inaperçu.

Bientôt, alors que les gardes prétoriens reprenaient le contrôle et s'apprêtaient à ratisser toute la zone pour dénicher les fugitifs, Maximus entendit des cris de ralliement à une extrémité du détroit. Il eut un sourire. C'était une manœuvre de diversion toute simple, mais elle sembla provoquer l'effet escompté puisque plusieurs soldats s'éloignèrent, tandis que quelques autres restaient en place pour garder soigneusement les deux entrées du détroit. Maximus, toujours aplati sur le sol, ne devait d'ailleurs pas se trouver bien loin : de sa cachette, il pouvait entendre leurs chevaux piaffer et piétiner nerveusement le sol.

Soudain, il y eut un son étouffé et la chute d'un corps sur le sol. L'oreille aux aguets, Maximus reconnut le cliquetis des étriers, le cheval qui se prend son élan sous l'impulsion d'un coup de talon bien placé. Il avait déjà compris, et, sans quitter pour autant l'abri de l'arbre, il se ramassa sur ses jambes, prêt à bondir.

Des cris d'alerte. Un galop.

Le cheval partit d'abord dans la direction opposée, autant pour faire diversion que pour prendre le temps d'amorcer un demi-tour avant de foncer vers la sortie du goulot d'étranglement.

Et de cueillir Maximus au passage.

L'inconnu n'avait pas eu besoin de lui donner de nouvel ordre. Le général avait sauté en croupe sans perdre un instant et sans ralentir l'élan du cheval qui prenait déjà de la vitesse.

Les autres soldats qui gardaient la sortie avaient réagi à un stupide réflexe : ils étaient partis à la poursuite du cavalier inconnu et se trouvaient donc maintenant derrière lui.

Droit devant, la voie était libre.


Aidé par l'effet de surprise, le cheval avait eut le temps de prendre un peu d'avance sur les soldats. Mais avec deux hommes sur son dos, cela ne durerait pas. L'inconnu devait s'en douter, car ils ne firent que quelques centaines de mètres. Au détour d'un mur d'enceinte de la ville, il jeta par-dessus son épaule :

_ Saute !

Maximus obéit sans réfléchir. Une fois de plus, il roula dans les buissons qui bordaient la route, ne devant qu'à son corps bien entraîné de tomber sans se faire le moindre mal. Il se releva juste à temps pour voir l'inconnu faire de même, un peu plus loin. À la faveur de la lumière blafarde de la lune, il avait même vu l'homme griffer l'encolure de l'animal d'un coup de lame bien placé. La pauvre bête hennit de douleur et de panique et, allégée de ses deux cavaliers, elle fila ventre à terre. Elle n'allait pas s'arrêter de galoper de sitôt.

Il était temps, d'ailleurs. Les gardes prétoriens déboulaient déjà à l'angle du mur d'enceinte et Maximus s'écrasa dans les fourrés. Il attendit que la troupe s'éloigne à la poursuite du cheval emballé pour pouvoir se relever, mais d'autres gardes suivaient, on criait, on s'interpellait... Il valait mieux ramper à nouveau et s'éloigner le plus possible de cette route. Par chance, la lune, capricieuse, décida à cet instant de se cacher derrière un nuage, offrant une noirceur bienvenue.

Maximus retrouva l'inconnu un peu plus loin, alors qu'il s'extirpait lui aussi des buissons.

_ Suis-moi, dit l'homme tout bas. J'ai des chevaux cachés pas loin d'ici.

Tous deux se dirigèrent furtivement vers un groupe de maisons où ils disparurent enfin pour de bon de la vue des soldats. Le gladiateur se mit à respirer un peu mieux, mais rien n'était encore gagné : ils étaient toujours à Rome, et la garde de Commode se trouvait partout.

Alors que les deux compagnons sautaient par-dessus un muret de pierres sèches, Maximus laissa échapper une exclamation. La lune avait fait une furtive apparition, frappant de plein fouet le visage de l'inconnu.

_ Mais… Tu es…

L'inconnu le regarda, sans la moindre surprise.

_ Oui, c'est moi, répondit-il simplement, sans donner plus d'explications.

Puis il se remit en route, guidant toujours Maximus. Ce dernier, stupéfait, mit quelques instants à lui emboîter le pas.

L'inconnu n'en était pas un... Maximus le connaissait. Ou plutôt, il la connaissait. Cette femme, qui était apparue à l'instant exact où il en avait eu besoin, l'avait entraîné sans ménagement dans les buissons et l'y avait caché, avait abattu un garde prétorien pour lui voler son cheval et s'apprêtait maintenant à lui fournir les chevaux qu'il avait réclamé pour aller à Ostie, cette femme était celle qu'il avait vue dans l'ombre de Lucilla. Une de ses suivantes, ou – plus probablement – une de ses esclaves.

Lorsqu'on était la sœur de l'empereur et la mère de l'héritier du trône, on ne se promenait pas seule la nuit dans les rues de Rome et Maximus se souvenait avoir aperçu cette jeune inconnue, dans l'ombre, la première fois que Lucilla était venue le trouver à l'école de gladiateurs de Proximo. La seconde fois, lors de l'entretien discret avec le sénateur Gracchus, c'était elle, encore, qui avait assisté en silence à toute la scène et avait ensuite emboîté le pas à sa maîtresse en abandonnant nonchalamment, sur la table près de laquelle était assis Maximus, ce petit pot d'onguent qui avait fait tant de bien à ses muscles endoloris. Enfin, la veille au soir, lorsque Luccilla était venue prévenir Maximus que le sénateur avait été arrêté et qu'il fallait précipiter le départ, l'inconnue était encore là.

Dévouée, muette, aussi transparente qu'un fantôme, elle avait assisté depuis le début à l'échafaudage du plan pour renverser Commode. À présent, loin du palais auquel elle appartenait, elle avançait devant lui d'un pas léger, silencieuse et alerte comme une jeune chouette, mais le poignard à la main, prête à frapper.

Et c'était à elle que Maximus devait de n'être pas encore mort.

Finalement, après avoir contourné plusieurs maisons et traversé quelques enclos vides, la jeune femme s'arrêta devant la porte d'une étable. À l'intérieur, parmi quelques bêtes de trait et deux ou trois poules mécontentes d'être réveillées, se trouvaient deux chevaux harnachés, prêts à partir.

_ J'ai prévu des couvertures et de quoi manger, dit la jeune femme. Nous partirons en laissant les chevaux au pas, pour ne pas attirer l'attention. En marchant toute la nuit et en galopant demain, nous serons à Ostie dans deux jours.

_ Tu viens avec moi ?

_ Oui, tu pourrais avoir besoin de mon aide. Et puis, je ne peux pas rentrer au palais pour le moment.

_ Que s'est-il passé ?

La jeune femme se mordit les lèvres. Dans l'étable plongée dans le noir, à l'abri des regards, ils ne risquaient rien et elle se détendit en peu. Elle devait bien connaître les lieux, car elle se dirigea sans peine dans le noir et alla se laver les mains et le visage dans un bac plein d'eau qui se trouvait dans un coin. Puis elle s'expliqua enfin.

_ Lucilla ignore encore que je suis ici, dit-elle. Elle doit penser que le complot est terminé, que tu es déjà mort.

_ Ce n'est pas elle qui t'envoie ?

_ Non. J'ai surpris une conversation entre elle et l'empereur et j'ai compris qu'il avait tout découvert. J'ai dû faire vite.

_ Mais… personne ne t'a aidée ? Tu as préparé les chevaux et tu es venue m'attendre en sachant que l'empereur avait envoyé ses gardes ? Où est Gracchus ?

_ En prison. Je n'avais pas vraiment le choix.

Il y eut un silence, puis elle ajouta en baissant le ton :

_ Je suis désolée pour ton ami. Je ne pouvais pas le prévenir. C'est tout juste si j'ai eu le temps de préparer ces chevaux et de venir te trouver.

Maxime baissa la tête. Le visage sclérosé de Cicéron, étranglé par la corde, passa devant ses yeux. Un fidèle soldat de plus sacrifié pour la sécurité de Rome.

_ Partons, maintenant, ajouta la jeune femme en se dirigeant vers un des chevaux. Je ne veux pas m'éterniser ici et risquer de rencontrer la garde.

_ Attends ! interrompit Maximus. Je ne sais même pas comment tu t'appelles.

_ Indira.

Elle prit son cheval par la bride et sortit sans ajouter un mot.