Auteur : Crazyitachi-la-malade-de-Shaka
Titre : De Profundis Clamavi
Disclaimer : Merci à Tite Kubo de nous laisser massacrer son manga, et merci à un autre dont je ne citerai pas le nom pour pas vous spoiler…
Warnings ! Rating M : Milieu de la drogue et de la prostitution, et donc futurs lemons sur plusieurs couples et autres réjouissances qui ne sont pas censées tomber sous des yeux mineurs… (vraiment, qui ça arrête ?)
Note : Cette fic est une version longue de la ficlet que j'ai publiée dans Bleu comme une orange, si vous ne l'avez pas lue, pas la peine d'y aller ! (si vous voulez lire d'autres ficlet GrimmIchi, je vous y invite par contre !)
Pour ceux qui ont déjà lu la version courte, il y aura des différences entre les deux. Certaines choses passeront pour incohérence d'où mon conseil de lire cette histoire comme une nouvelle fortement inspirée de l'autre ! :)
Je ne prends pas d'engagement pour un rythme de parution, je publie dès que c'est écrit et relu ! J'ai cru entendre certains appels au secours par mp et review, alors je publie sans avoir le temps de prendre de l'avance! Mais je tâcherai d'être assez rapide, après, si vous me motivez… x) Rassurez-vous cependant, je finis toujours mes fics! ça peut prendre du temps mais ça finit!
Bonne lecture à tous !
CHAPITRE 1
Il y a plusieurs années, à l'été, Madame Kurosaki mourut. Derrière elle demeurèrent son mari, son fils aîné et ses deux filles. La famille ne se consola jamais vraiment de cette perte, mais cela les rapprocha, soudant sûrement leur petit cercle.
L'épreuve avait été dure pour les deux plus jeunes, mais elles n'eurent pas l'occasion de réellement comprendre autre chose que ce fait : Maman ne reviendra plus. Elles pleurèrent longtemps mais leur père parvint à leur ramener le sourire. Le fils aîné montra moins de douleur, mais on savait qu'il souffrait peut-être le plus.
Il avait traversé sans faire attention, une voiture était passée. Sa mère s'était interposée pour lui. Elle mourut.
Ichigo Kurosaki était doué quand il s'agissait de feindre la joie et l'enthousiasme. Mais quiconque le connaissait un peu savait qu'il était la personne la plus portée à la culpabilité, surtout quand il n'était responsable de rien. L'aîné se flagellait seul d'une mort dont il n'était pas fautif, du chagrin de ses sœurs, de la solitude de son père.
L'épreuve les rapprocha, c'était un fait, mais Ichigo décida à ce moment de toujours tout sacrifier pour eux. Parce qu'il était responsable de ce malheur, son devoir serait dorénavant de les protéger des aléas de la vie.
Aujourd'hui, alors qu'il avait dix-sept ans, Ichigo commençait ses études. Ses petites sœurs entraient au collège, elles étaient épanouies. Son père s'occupait de la clinique familiale, les affaires marchaient assez bien.
« A table ! »
Ichigo leva l'oreille de ses affaires de travail à l'appel de sa petite sœur,Yuzu.
« J'arrive ! »
Il descendit rapidement et rejoignit son autre sœur à la table familiale, attendant que leur fou furieux de père arrive également.
« Tu as beaucoup de travail, Ichi-nii ? demanda Karin.
-Hm, on a une dissert' pour dans deux jours. Sur le romantisme européen.
-Wow… C'est quoi ce truc ? »
Ichigo sourit, amusé. Peu de personnes comprenait de quoi il parlait quand il évoquait ses études de lettres, les enfants encore moins.
« C'est un mouvement littéraire. Tu verras ça dans quelques années. »
La fillette se contenta d'acquiescer. Lorsque le père arriva enfin, il commença par lancer un cri de guerre avant de sauter sur son fils pour lui faire une prise de catch. Ce dernier esquiva sobrement sous l'œil blasé de Karin.
« Tu es débile.
-Noooooon ! Ma fille adorée me renie déjà ! »
Ichigo soupira, suivi par Yuzu. Ils parvinrent cependant à manger dans un calme relatif. Une fois le repas fini, l'aîné aida à la vaisselle et remonta dans sa chambre faire son travail. Ichigo aimait beaucoup sa vie malgré tout.
Ses études se déroulaient bien pour le peu qu'elles avaient commencées, sa famille étaient aimante, drôle, et ses amis étaient attachés à lui autant que lui à eux. Il se reconcentra sur son travail et ne leva la tête que deux heures plus tard, alors qu'il faisait nuit complète.
Il avisa sa montre, ses sœurs dormaient sûrement. Alors pourquoi son père s'énervait-il ainsi au téléphone ? Sa voix était audible à travers les murs de sa chambre, c'était qu'il devait parler fort dans son bureau. Ichigo fronça les sourcils et se leva lentement pour aller voir ce qui se passait.
Il remarqua la porte ouverte de la chambre de ses sœurs et la ferma pour éviter qu'elles ne se réveillent. Il avança discrètement jusqu'à la porte du bureau de son père et s'arrêta un instant, tout à coup inquiet après ce qu'il venait d'entendre.
« Dettes ? murmura-t-il. Mais… »
Ichigo jeta un coup d'œil par l'entrebâillement de la porte, son visage montrant clairement qu'il était préoccupé. Isshin se tut tout à coup et déplaça le combiné de sa bouche pour fixer son fils droit dans les yeux. Il ne dit rien et s'avança d'un pas rapide pour fermer la porte d'un coup sec.
L'aîné demeura un long moment figé. Il était prêt à ouvrir la porte pour dire à son père qu'il n'avait pas à le traiter comme un enfant de la sorte. Mais son regard était si dur. Isshin était parfois plus sérieux, mais jamais il n'avait eu ce regard froid.
Il se passa la main sur le visage et soupira. Sans doute cela concernait-il la clinique et il n'y pouvait pas grand-chose. Le jeune homme leva les yeux au ciel et retourna dans sa chambre pour se coucher. Isshin avait fini de parler si fort au téléphone maintenant.
« Comment ça va ? »
Ichigo leva la tête de son téléphone.
« Hey, Chad ! Ça va bien oui, et toi ? Ça se passe bien ton boulot ? »
Ichigo rangea le portable pour discuter avec son ami. Il était serveur à mi-temps dans une brasserie, pour payer ses études. Il voulait devenir professeur de sport.
« Oui, je gagne bien.
-C'est bien. Tu as un peu de temps là ? »
Chad regarda rapidement la salle, c'était presque vide. Il acquiesça et s'assit à une table en face d'Ichigo.
« Tes études ?
-C'est dur, mais je trouve ça captivant et j'en apprends tous les jours, pas comme le lycée !
-Tant mieux. T'as l'air d'avoir un problème ? »
Ichigo sourit doucement, amusé. Chad était l'ami qui le connaissait le mieux.
« Pas vraiment, je crois… Juste que mon père m'a un peu inquiété hier soir, mais je crois que je dramatise.
-Hm. C'était à propos de quoi ?
-De dettes, quelque chose comme ça…
-Et du coup tu cherches un petit job pour l'aider ? »
Ichigo détourna les yeux un instant et soupira finalement.
« Oui, quelque chose qui ne prend pas trop de temps pour que je puisse continuer mes études quand même. »
Chad sembla réfléchir un moment et prit un papier dans sa poche. Il griffonna rapidement dessus un nom et une adresse et déclara :
« Le gérant à l'air bizarre mais il est pas méchant. Je le connais par Yoruichi.
-Hm, d'accord. »
Ichigo savait que Yoruichi était la patronne du bar où son ami travaillait. La femme était excentrique, carrément folle parfois, mais elle était quelqu'un de bien. Ichigo ne s'inquiétait donc pas. Il remercia chaleureusement Chad et ils continuèrent de discuter gentiment jusqu'à ce que les premiers clients arrivent. L'étudiant décida alors de s'en aller pour rejoindre sa classe.
Quelques heures plus tard, on annonçait à Ichigo que les derniers cours de l'après-midi étaient annulés. Il s'en trouva heureux. Ses sœurs disaient tout le temps que, depuis qu'il était en école supérieure, il ne venait jamais les voir à leur collège.
Il passa donc au collège cet après-midi-là. Il s'amusa des regards des collégiennes qui gloussaient mais n'y fit pas vraiment attention. Quand la cloche sonna, il n'attendit pas très longtemps avant de voir Yuzu qui se précipita vers lui. Karin demeura très distante, de peur que quelqu'un ne voit qu'elle aimait que son grand frère vienne la chercher en sixième.
Ils marchèrent tranquillement, discutant de la journée qu'ils avaient chacun eu. Ichigo adorait ses sœurs, il aurait fait n'importe quoi pour elles. Mais il ne pensait pas que ce jour viendrait si vite.
Quand ils entrèrent tous les trois à la maison, le sourire serein, ils s'étonnèrent à peine du silence qui régnait. Ils étaient trop occupés à discuter des choses que seuls des frères et sœurs se disent. Ils arrivèrent dans le salon, prêts à se séparer pour aller faire leur travail chacun de leur côté, mais ils remarquèrent leur père qui était assis à une table avec un inconnu.
Karin et Yuzu lancèrent un regard inquiet à leur grand frère. Ichigo fronçait les sourcils. Cet inconnu ressemblait à un bloc de glace, la couleur de peau le différenciait cependant de la neige étant donné qu'il était noir.
« Je vous rappelle, Maître Tôsen. »
L'avocat acquiesça simplement et rangea tous ses documents avant de les ranger dans une valise et quitter les lieux. Quand il passa devant les deux fillettes, Ichigo ne cacha pas le réflexe protecteur qu'il eut : à savoir pousser ses sœurs derrière lui et défier l'homme du regard. Le défi ne fut pourtant pas relevé.
« Les enfants… »
Ichigo sursauta. L'avocat était parti maintenant. Isshin était toujours assis, la mine très sérieuse, grave. L'aîné fronça plus encore les sourcils.
« Asseyez-vous, je dois vous parler de choses importantes. »
Karin et Yuzu avaient une mine horrifiée, même si l'une essayait de le cacher. Ichigo les encouragea à s'asseoir en leur posant une main sur l'épaule, et il fit ensuite de même.
« La clinique fait faillite. Je vais devoir vendre la maison.
-Quoi ? »
Ichigo s'était redressé d'un bond. Il avait les poings serrés sur la table.
« Calme-toi, Ichigo. J'ai retardé ce moment le plus possible, mais la concurrence de l'hôpital central est bien trop forte. Nous coulons, nous croulons sous les dettes. Si je veux sauver un peu, il faut vendre la maison.
-Mais tu gardes encore la clinique ?
-Je vais voir si je peux trouver des donateurs. Plusieurs veulent bien déjà, cela me permettra de garder la clinique à flot le temps de régler les dettes. »
L'aîné se rassit lentement, sous le choc. Le silence s'était installé et ce, avec poids. Puis, tout à coup, on entendit des sanglots étouffés. Ichigo fit volte-face vers Yuzu et sentit son cœur se tordre. Il n'attendit pas une seconde et enlaça la fillette. Elle disait qu'elle ne voulait pas quitter la maison de sa Maman. Ichigo baissa les yeux, lui non plus. Il regarda Karin qui n'était pas dans un meilleur état. Isshin se leva et alla la consoler.
Ce soir-là, on n'entendit pas un mot dans la demeure Kurosaki.
« Je voudrais travailler chez vous. »
L'homme releva un peu son bob et fixa le jeune homme dans les yeux.
« Je vois ça. Mais vous me proposez d'être à temps plein, Kurosaki-san, n'êtes-vous pas étudiant ? »
Ichigo se mordit la lèvre. Il avait dû abandonner ses études. Pendant plusieurs mois, il avait tenté de combiner un travail du soir avec ses cours, mais il s'était vite rendu compte que quand il privilégiait l'un, l'autre pâtissait. Et le besoin d'argent se faisant toujours plus pressant, il avait dû choisir le plus rentable. Et la nourriture de l'esprit ne l'était pas.
« Non… Cela vous pose-t-il problème ? Je veux juste travailler. Je suis sérieux, vous verrez. »
Urahara, car c'était le nom de l'homme, sembla réfléchir un moment et déclara finalement :
« Très bien ! Vous commencez demain à huit heures. Pour toutes autres informations, Tessai se fera un plaisir de vous expliquer ! A demain~ »
Quand il quitta le magasin, Ichigo était soulagé. Il allait pouvoir aider un peu plus sa famille. Il monta dans le bus pour rentrer chez lui, pensif. La situation n'était pas alarmante, mais elle était difficile, il devait l'avouer. Le seul point positif pour ses sœurs, c'était que le déménagement ne les avaient pas obligées à changer d'école.
Il soupira en descendant, trois arrêts plus loin et entra dans l'immeuble. Ils habitaient au sixième maintenant. Il y avait un ascenseur mais il était souvent en panne. Ichigo avisa qu'aujourd'hui était un de ces jours où on n'a envie de rien, et il dut prendre les escaliers.
Arrivé tout en haut, il lança un regard méfiant à la porte du voisin d'en face. C'était un homme au regard de malade et aux penchants sexuels étranges. Il avait décidé d'échanger sa chambre avec celle de ses sœurs quand il avait entendu les bruits à travers la cloison mince. Il s'appelait Kuro... quelque chose. Kurotsuchi peut-être. Ichigo ne l'aimait pas et s'en méfiait profondément, il regardait ses sœurs avec un air trop dangereux.
Seul sur le palier, l'ex-étudiant ouvrit la porte et entra enfin. Il avisa ses sœurs dans la salle à manger, qui servait aussi de salon et de cuisine. Elles faisaient leur devoir. Il alla les saluer en les embrassant et en affichant un sourire plein d'amour.
« Comment allez-vous ?
-Bien, Ichi-nii ! Regarde, j'ai eu mon bulletin ! »
Ichigo sourit et prit le bulletin de Yuzu. Il le lut attentivement et ouvrit de grands yeux.
« Wow ! Je suis fier de toi, Yuzu ! Tu es un petit génie !
-Merci, Ichi-nii ! Je suis la première de ma classe ! »
Le grand frère lui frotta affectueusement les cheveux, cachant son malaise. Il avait jeté un coup d'œil aux finances de son père. Au début, il n'avait rien compris, mais il avait imprimé plusieurs feuilles et les avaient montré à Ishida, un de ses amis, étudiant en finances. La situation ne pourrait qu'aller en decrescendo si aucun apport d'argent était rapidement fait.
Et comme cela ne risquait pas d'arriver de sitôt, on supprimerait d'abord ce qui coûtait cher. Et l'école où allaient Karin et Yuzu…
« Tu sais quand Papa va rentrer ? demanda Karin.
-Hm, non. Mais il a dit qu'il rentrerait tard non ?
-Je crois. »
Ichigo était fatigué. Il commençait à sentir le poids de tous ces problèmes et il s'inquiétait quand il comprenait que ce n'était que le début.
« Avez-vous besoin d'aide pour vos devoirs ? Aujourd'hui, c'est mon dernier jour de liberté ! Demain je travaille.
-C'est génial ! S'exclama Yuzu. Tu es un adulte maintenant, Ichi-nii !
-Oui, c'est ça…
-Et tu travailles où ?
-C'est à trois pâtés de maison, une droguerie qui attire assez de gens.
-Oh…
-Alors, besoin d'aide ?
-Je veux bien, je pige pas cet exo. »
Ichigo prit une chaise et s'assit à côté de Karin. Il lut l'énoncé et regarda un peu tout avant de commencer à expliquer. C'était un exercice de grammaire assez difficile, mais c'était son domaine : maîtriser les langues, jouer avec, tourner les mots… Il se sentait bien quand il faisait ça. Mais il devait se rendre à l'évidence, il ne le ferait plus avant longtemps.
Mais il ne se serait jamais dit que 'longtemps' se compterait en année.
Ichigo se réveilla en sursaut. Il regarda tout autour, affolé. Heureusement, son employeur ne l'avait pas vu dormir. Il ne fallait surtout pas qu'il se fasse virer. Urahara était sympathique et le payait assez bien pour son âge et le travail qu'il faisait. Ce n'était pas comme l'autre patron qu'il avait. Quand il finissait son travail à 18 heures, au magasin, il allait directement faire serveur dans un petit bar où on avait besoin d'un serveur supplémentaire pour les heures de rush. Il rentrait vers 21 heures et aidait ses sœurs pour leur travail.
Elles avaient dû changer d'école et, régulièrement, il devait consoler Yuzu qui trouvait l'endroit triste et trop éloigné de la maison de sa Maman. Après, il devait soigner les bleus que Karin se faisait à répondre aux provocations. Généralement, il était rarement couché avant 23 heures, et souvent, il ne pouvait dormir avant 1 heure à cause du fou furieux de voisin qui faisait des trucs louches. Le matin, il se levait à cinq heures pour faire les lessive et éviter à Yuzu de se faire du mouron pour le plus éreintant des tâches ménagères, vers six heures trente, il les réveillait pour qu'elles se préparent et il les accompagnait jusqu'à l'école avant d'aller travailler.
Chaque jour était ainsi. Et pendant ce temps, Isshin tentait désespérément de garder la clinique à flot en faisant des heures supplémentaires ou en tentant n'importe quelle action qui pouvait l'aider… L'argent qu'Ichigo ramenait ne suffisait pas à sauver la clinique, il servait simplement à payer le loyer, les charges, la nourriture… Il leur servait juste à survivre. Et à quel prix.
« Jeune homme ? »
Ichigo fit volte-face. Un client ?
« Veuillez m'excuser, Monsieur, puis-je vous être utile ? »
L'homme en question était agréable à regarder. Il avait des cheveux d'un brun chocolat, très chaud. Son visage était engageant et les lunettes qu'il portait ne le rendaient que plus sympathique. Il allait expliquer au vendeur ce qu'il désirait quand Urahara débarqua.
« Aizen ? Que fais-tu là ?
-Allons, je suis venu saluer une connaissance, quel mal à cela ?
-Tu passes en ville ?
-Pour trois jours, oui. Je cherchais juste quelques personnes pour tenir mon nouveau bar et je me suis dit que tu aurais peut-être des idées ? »
Ichigo allait s'immiscer dans la conversation, y voyant une nouvelle opportunité, mais Urahara rétorqua sèchement :
« Non. Je n'ai personne à t'adresser.
-Quel dommage… »
Le dénommé Aizen semblait à peine déçu. Comme s'il jouait. Ichigo hocha la tête et le regarda tourner les talons. Cet homme semblait riche, cela se voyait à son costume griffé 'made in Italy', est-ce que son offre d'emploi pourrait lui permettre d'aider un peu mieux son père ?
Mais le jeune homme n'eut pas le temps de se dire quoique ce soit de plus qu'Aizen était parti.
« Ne va surtout pas le voir, Kurosaki-kun. »
Ils étaient devenus plus proches.
« Pourquoi ? Il a l'air gentil, Urahara-san, non ?
-C'est un démon. Il te détruira si tu le suis.
-Que voulez-vous dire ?
-Rien de plus que ce que ça veut dire. Ne l'approche pas, Ichigo, il est très dangereux. »
Le jeune homme regarda la porte, les poings serrés de frustration. L'appel de l'argent était si fort. S'il pouvait avoir plus… son père serait plus serein avec ses affaires, Yuzu ne pleurerait plus, Karin ne se battrait plus, ils vivraient de nouveau dans la maison de leur mère, dans leur quartier, et pas dans un appartement pourri, cernés par des malades mentaux…
S'ils avaient plus d'argent, ils seraient à nouveau heureux.
Quand Ichigo finit son service ce soir-là, il ne se sentait vraiment pas d'attaque pour aller dans le bar où il faisait serveur. Il était éreinté et mourait d'envie de dormir depuis 21 heures jusqu'à 6 heures du matin. Mais cela était sans doute trop demander…
« Kurosaki-san ? »
Ichigo sursauta, surpris. Il fit volte-face et tomba nez-à-nez avec un homme qui présentait vraiment bien. Vêtu d'un costume qu'il jurait avoir vu dans la vitrine d'un grand magasin, il semblait sorti d'un film où les escrocs ont un style qui vous poussent à les aimer bien que sachant ce qu'ils vont vous faire.
« De la part… ?
-Je me présente, Yumichika Ayasegawa. Je travaille pour Monsieur Aizen Sôsuke. Il me charge de vous transmettre cette lettre et espère ardemment pouvoir vous rencontrer.
-Me… rencontrer ?
-Vous n'êtes pas sans ignorer que Monsieur Aizen possède la quasi-totalité des clubs et bars les plus huppés de la région. De ce que j'ai pu voir, il semblerait que vous rentriez dans les critères.
-Les critères ?
-Je vous laisse prendre connaissance de cela vous-même à travers cette lettre, Kurosaki-san. Si votre avis s'avère favorable, je serais ravi de vous accompagner ce soir.
-C'est que… je dois aller travailler…
-Monsieur Aizen s'attendait à cela et évoque cela dans sa lettre. »
Ichigo écarquillait les yeux. Qui était cet Aizen pour qu'il ait tout prévu ainsi ? C'était impressionnant. Il ouvrit la lettre et la survola. Le style était exquis. Etudiant en lettres, il ne pouvait le nier. Aizen était un homme cultivé et raffiné à en voir non seulement son écriture mais sa manière de parler. Mais c'était assez différent de la personne qu'il avait vue. C'était plus raffiné dans un sens froid. Dans sa lettre, l'homme évoquait la possibilité d'une offre d'emploi et…
« Quoi ? »
Ichigo manqua de s'étouffer en voyant le montant du salaire de l'emploi qu'il pourrait exercer. Il ne savait pas exactement quel était ce travail, mais il payait deux fois plus que ce qu'il se tuait à amasser !
Et Aizen offrait même de lui payer son salaire pour la soirée de travail qu'il allait manquer au bar. Le jeune homme fronça les sourcils, se demandant vraiment quel genre d'homme lui tombait dessus. Il releva les yeux vers Yumichika qui souriait largement.
« Dois-je comprendre que vous me suivez, Kurosaki-san ? »
Ichigo hésita un instant. Essayer ne lui coûterait rien.
« Oui, je vous suis. »
Quelques minutes plus tard, Ichigo était assis à l'arrière d'une berline noire. La voiture était extrêmement confortable, à tel point que le jeune homme se demanda s'il n'était pas tombé sur un parrain d'une quelconque mafia. Il espérait juste que cela ne se finisse pas mal. Et si l'emploi consistait en des choses sûres, il accepterait sûrement…
« Nous sommes arrivés. »
Yumichika était debout à côté de la porte ouverte. Ichigo sursauta et sortit d'un bond, se figeant devant l'immense maison qui se dressait devant lui. C'était une maison typiquement japonaise, avec des jardins.
« Suivez-moi je vous prie. »
Le jeune homme hocha la tête, subjugué. Il finissait vraiment par avoir un mauvais pressentiment. Qu'est-ce qui pouvait intéresser un homme tel qu'Aizen chez lui ? Il n'était que le fils d'un chirurgien au chômage, sans argent. Pourquoi s'intéresserait-on autant à lui ?
« Monsieur Aizen est actuellement en fin de rendez-vous, il vous fera entrer dès qu'il pourra.
-Euh… Oui…
-Je vous laisse ici, Kurosaki-san, mon collègue vous emmènera jusqu'à son bureau. »
Ichigo acquiesça d'un hochement de tête. Une fois seul dans le petit salon, il observa tout autour. Les sièges étaient très confortables… Ichigo regarda mieux et pâlit en avisant d'où il venait. L'extérieur était japonais mais l'intérieur faisait penser à un château européen.
Il eut du mal à observer le reste sans pâlir plus encore. Il avisa un tableau.
« C'est pas un Monet ça ? murmura-t-il.
-Exactement ! »
Ichigo sursauta et se retourna d'un bond. Aizen s'avança.
« Je l'ai acheté à une vente aux enchères. Cette œuvre est magnifique.
-O-Oui… C'est… »
Ichigo ne savait pas quoi dire. En plus, cet homme avait des originaux de Monet qui décoraient son petit salon ? Mais où était-il tombé ?
« Ne soyez pas si tendu, Kurosaki, je ne vous mangerai pas. »
Le jeune homme avait du mal à y croire, puis, clignant des yeux, il se reprit un peu. Aizen n'avait plus cette paire de lunettes qui le faisait ressembler à une sorte de gentil geek. Il avait les cheveux tirés en arrière, à l'exception d'une mèche qui ondulait sur son visage. Ichigo ne put s'empêcher de trouver que l'homme était beau. Son apparence s'accordait à la perfection avec son écriture : raffinement et stabilité.
« Venez, nous allons discuter dans mon bureau. »
Ichigo suivit Aizen sans un mot. Quand on lui présenta un siège, il s'assit sans broncher. Aizen lui tendit une enveloppe.
« C'est votre salaire pour la soirée que vous manquez.
-Oh, euh, merci à vous, Aizen-san… Mais comment savez-vous combien je gagne ?
-J'ai simplement demandé le renseignement.
-Simplement ?
-Je gère tous les jours ce genre de choses, je sais m'y prendre.
-Si vous le dites… »
Aizen s'était assis dans un large fauteuil. Il avait les coudes sur la vitre qui servait de sous-main et son menton reposait délicatement sur ses doigts fins emmêlés.
« Je vous ai vu cet après-midi chez Urahara. J'ai cru voir que vous seriez intéressé malgré ce que votre supérieur en a pu dire.
-Oui, j'ai besoin d'un travail qui rapporte plus. »
Le plus âgé esquissa un sourire.
« J'aime votre franchise. Malheureusement, les places ont déjà été prises, cependant… Il y aurait un autre travail que je pourrais vous proposer.
-Pourquoi n'en venez-vous pas au fait ? »
Aizen affichait un sourire qui mettait Ichigo mal à l'aise.
« Voyez-vous, mes clubs sont très chics et j'attache beaucoup d'importance au divertissement de mes clients. »
Ichigo fronça les sourcils.
« Vous êtes très beau, Ichigo. Vous avez un physique très charmant qui pourrait vous être bien utile. »
Le concerné écarquilla les yeux. La proposition n'était pas conventionnelle et le passage à l'usage de son nom ne faisait que le choquer un peu plus.
« Attendez… Vous voulez que je me prostitue pour vous ? »
Aizen éclata de rire.
« Allons allons, Ichigo. Je n'ai jamais dit ça. Surtout que la prostitution est illégale. Je vous propose simplement de danser pour divertir mes clients. Bien entendu, mes clubs ne sont pas des repères d'ivrogne, la population est triée sur le volet.
-Ce qui veut dire… ?
-Cela signifie que vous ne serez pas harcelé par des porcs qui ne veulent que vous sauter. Pour parler crument, j'entends. Votre travail consisterait uniquement à danser sur une estrade, seul ou accompagné. Bien entendu, l'on vous demandera de montrer un minimum de sensualité et vous dévêtir quelque peu ne manquera pas d'effet. »
Ichigo avait du mal à en revenir.
« Mais… je suis un homme. Je croyais que c'était plutôt…
-Certains de mes clubs sont pour la population gay. Si vous acceptez, vous travaillerez là-bas.
-Mais je ne le suis pas.
-Cela n'a aucune importance, Ichigo. Tout ce qu'on vous demande, c'est de leur faire plaisir. Plus le client est content, plus de fois nous le reverrons.
-Je vois le genre…
-Avez-vous fait votre choix ? Le salaire que je vous propose est susceptible d'augmenter au vu de votre service. »
Le jeune homme déglutit. Il ne pouvait nier que cela le soulagerait, mais comment accepter ? C'était vendre son corps malgré ce qu'en disait Aizen. Et c'était un milieu dangereux. Ichigo était conscient des risques. Il voulait aider sa famille, mais si c'était pour se retrouver perdu…
« Si vous avez peur des réactions de votre entourage, sachez que le bar en question se trouve à Tokyo. »
Ichigo crispa ses poings. Il soupira finalement et fixa Aizen droit dans les yeux.
« Je refuse, Monsieur.
-Pourtant, j'ai cru comprendre que vous étiez dans le besoin ?
-Cela ne veut pas dire que je suis prêt à tout.
-Je vois. Hé bien vous m'en voyez désolé. Je suis sûr que vous auriez beaucoup de succès.
-Si vous le dites… Mais je dois décliner votre offre.
-Au cas où vous changez d'avis, voici ma carte. Appelez au premier numéro. »
Ichigo prit quand même le carton, incertain, et s'en alla. Toujours dans son bureau, Aizen esquissa un sourire et prit son portable.
« Syazel ?
-Aizen-sama ?
-Tu peux passer à la phase suivante.
-Bien, mais comment puis-je évincer les donateurs d'Isshin ?
-Propose-leur plus ou tue-les.
-Bien, Aizen-sama.
-Vite, je veux le fils rapidement.
-Bien, Aizen-sama, je m'en occupe maintenant. »
Aizen sourit, sachant déjà qu'il allait gagner. Depuis qu'il avait croisé le regard du jeune homme dans la boutique d'Urahara, il ne pouvait sortir son image de sa tête. Et quelle surprise de découvrir que l'hôpital central qu'il dirigeait dans l'ombre était en froid avec la clinique de son père. Quelle surprise…
« Quoi ? Mais tu avais dit que tu avais des donateurs fiables ! »
Ichigo était debout dans le salon, à crier après son père. Karin et Yuzu étaient recroquevillées l'une contre l'autre dans leur chaise.
« J'ai abandonné mes études, je travaille depuis cinq heures jusqu'à 23 heures, je peux pas faire plus pour t'apporter de l'argent ! Pourquoi ça n'a pas marché ?
-Ichigo, calme-toi ! Ils ont… simplement dit non. Ils disent que la clinique coulait déjà avant, qu'ils ne peuvent rien en faire. »
Le jeune homme serra les poings et tapa sur la table. Ils fonçaient droit vers le pire ! Cette solution aurait pu les sauver pour quelque mois mais maintenant, ça signifiait qu'il fallait réduire encore les dépenses ! Comment pouvaient-ils faire ?
« Je… suis désolé, les enfants. J'ai fait tout ce que j'ai pu. Mais je vais encore chercher du travail. Je vous promets. »
Ichigo serrait les dents, tentant de retenir sa colère, puis, il quitta la pièce et alla s'enfermer dans sa chambre. Il la partageait avec son père mais ce dernier ne se coucha pas ce soir-là.
« Ichi-nii !
-Ichi-nii, réveille-toi ! »
Ichigo grogna dans son sommeil et reconnut les voix de ses sœurs. Il sursauta et avisa l'heure. Trois heures du matin.
« Qu'y a-t-il ?
-Papa a disparu !
-Quoi ?
-Il est parti après que tu sois allé dans ta chambre et il est pas revenu. »
Ichigo se redressa d'un bon et attrapa des habits. Il passa un jean par-dessus son bas de pyjama, se fichant de l'apparence, et il passa une veste en cuir sur son haut.
« Restez ici surtout, je vais le chercher. Et fermez bien la porte ! »
A peine cela dit, le jeune homme filait droit dans la rue. Il n'y avait plus beaucoup de bars ouverts à cette heure-là, et il s'en voulut un peu de croire que son père pourrait être en train de boire jusqu'au coma éthylique. Pourtant, quand il entra dans le seul bar ouvert, il eut un coup au cœur avant de laisser la colère l'envahir.
« Crétin ! »
Il se rua sur son père et le secoua.
« C'est là que tu viens chercher des solutions ? T'es lamentable ! »
Isshin ne répondait rien, il était complètement saoul.
« Combien il a dépensé ? »
Ichigo regarda le barman. Il se liquéfia en entendant la somme.
« Bordel ! On a plus un rond mais tu trouves le moyen de tout claquer ? T'as rien dans l'crâne ma parole ? »
Le jeune homme était furieux. Il paya le barman, la mort dans l'âme, et traîna son père jusqu'à l'extérieur.
« Tu pourrais faire un effort pour marcher ! Karin et Yuzu sont mortes d'inquiétude pour toi ! J'vais leur dire quoi quand j'te ramènerai ivre à la maison ! J'vais leur dire quoi, hein ? »
Ichigo se tut en entendant les murmures de son père. Il afficha un air blessé en le voyant pleurer.
« Masaki… aurait si honte… Elle aurait si honte… »
Le fils aîné se retint de crier et de pleurer. Tout allait si mal, et quand il croyait que rien ne pouvait être pire, ils faisaient un pas de plus vers les abysses. Combien de temps encore tomberaient-ils avant de toucher le fond ?
Quand ils rentrèrent, Isshin avait commencé à décuver un peu. Karin et Yuzu étaient toujours aussi inquiètes, mais il les rassura un peu en leur disant que ça ne se reproduirait plus. Elles n'y crurent pas tellement mais acquiescèrent en voyant l'air désespéré de leur grand frère.
Une fois la maison calme, Ichigo avisa l'heure. Cinq heures du matin. Il était temps pour lui de se lever. Il commença à faire la lessive silencieusement et, les choses finies, il remarqua tout à coup son sac de cours dans l'entrée. Il voulut prendre un instant pour se rappeler les cours de lettres. C'était si intéressant. Il ouvrit son classeur et tomba sur un exemplaire d'un poème. Il lut le premier quatrain et sentit sa gorge se nouer.
Il n'avait plus tellement de solution… Il prit la carte de visite dans sa poche et la regarda fixement, puis, il prit son téléphone.
« Aizen Sôsuke, je vous écoute.
-Bonjour… c'est Ichigo Kurosaki.
-Oh ! Bonjour Ichigo, que me vaut l'honneur de cet appel ? »
Ichigo baissa les yeux, les mots lui étaient difficiles.
« Votre proposition… tient-elle toujours ?
-Bien entendu. Puis-je en conclure que vous acceptez ?
-Oui…
-Bien, venez chez moi à neuf heures, nous discuterons des termes de votre contrat.
-Je… Je dois aussi prévenir ma famille, si je pars. Est-ce que…
-Vous aurez quelques jours avant de commencer à travailler pour les prévenir et leur dire la vérité. Ou peut-être voudrez-vous leur mentir, cela ne me concerne pas.
-Bien…
-Je vous attends donc à neuf heures, un de mes hommes viendra vous chercher à 8 heures 30.
-D'accord… A bientôt, Aizen-san.
-A bientôt oui. »
Et la ligne se coupa. Ichigo serra sa main sur le téléphone et se retint de crier. Il savait que c'était le début d'une longue descente aux enfers, il savait que cela se retournerait contre lui, il savait qu'il mettait les pieds dans un gouffre dont il ne pourrait réchapper, mais il n'avait pas le choix.
En acceptant, Ichigo s'était dit qu'il ne reverrait pas sa vraie vie avant longtemps. Il s'était dit qu'il ne pourrait pas retourner à sa vie étudiante avant longtemps, il savait qu'il ne reverrait ni ses sœurs ni son père avant longtemps. En clair, il savait que rien ne reviendrait à la normale avant longtemps.
Mais il n'aurait jamais dit que 'longtemps' se compterait en années.
Voilà ! J'espère que ce début vous aura emballées ! J'espère qu'il ne reste pas trop de fautes!
Et n'oubliez pas la nourriture de l'auteur :3
A bientôt !