Auteur : Ariani Lee

Bêta-lecture : Lyly (u)

Fandom : Kingdom Hearts

Pairing: Axel/Demyx

Rating: 15+

Genre: Frienship/Erotic

Nous sommes le 9 août! Joyeux AkuDem Day à tous!

Le jeu du chat et de la souris

Beau, c'est si beau !
Ton corps glissant sur ma peau
Chaud, que c'est chaud !
Ta bouche soufflant sur mes mots
Long… Oh, c'est long !
Le temps du dernier frisson
Froid, qu'il est froid
Ce silence qui grelotte en moi…

(Mylène Farmer, « au bout de la nuit »)

Les membres de l'Ordre évitaient soigneusement la salle d'entraînement quand Axel et Demyx s'y trouvaient.

L'exercice était, sinon obligatoire, vivement recommandé pour les Simili. Il y avait presque toujours quelqu'un dedans. Les groupes s'étaient faits au feeling longtemps auparavant. Xigbar s'entraînait pas mal avec Luxord et Xaldin, Roxas aimait s'exercer contre Xaldin, Larxène et Xigbar également, car ils le forçaient à travailler ses compétences d'esquive qui constituaient un des ses plus grands avantages. Son agilité en faisait un adversaire de choix pour des membres comme Zexion, du temps où il était encore là, car le Conspirateur Ténébreux avait un style de combat particulier qui demandait une précision extrême. Roxas aimait aussi beaucoup se battre avec Axel car il était aussi vif que lui et ils s'étaient fait tout un jeu du lancer de chakrams que le Numéro XIII renvoyait à grands coups de Keyblade, un peu comme au baseball. Marluxia était assez polyvalent, malgré son allure peu redoutable, et aimait beaucoup s'exercer contre Larxène et Saïx, la portée de sa faux lui permettant de parer les coups titanesques du Devin Lunaire. Ce dernier, ainsi que Xigbar, étaient les seuls à jouter avec le Supérieur en personne. Pour des raisons logiques, il était recommandé aux membres qui avaient des problèmes entre eux de régler leurs contentieux dans l'arène, aussi y voyait-on régulièrement Xigbar – dont la tendance à faire des blagues de mauvais goût avait tendance à lui attirer des ennuis – et Saïx qui semblait avoir tout le temps envie de matraquer Roxas et Axel (le premier pour des raisons qui lui étaient parfaitement obscures, ce qui n'était pas le cas du second). Parfois, d'autres membres venaient assister aux duels et, pour certains, encourager leurs favoris.

Mais jamais quand Axel et Demyx s'entraînaient.

Ils se battaient à mains nues, toujours, uniquement en se servant de leur magie, et toujours torse nu pour des raisons que vous n'allez pas tarder à comprendre. Les autres membres évitaient l'endroit qui se transformait alors en un véritable hammam, la pièce s'emplissant d'une vapeur compacte et brûlante, si dense qu'elle en était opaque. Tout était détrempé, et personne n'avait envie de rester là à suer pour assister à un spectacle invisible. Aussi étaient-ils seuls.

Ce jour-là, ils entrèrent dans la grande pièce vide ensemble, un sourire malin accroché au coin des lèvres et l'air railleur. Ils se poussaient l'un l'autre en ricanant, tandis qu'Axel refermait la porte derrière eux.

Tous deux se défirent de leurs manteaux et de leurs chemises et les abandonnèrent sur un gradin, puis ils allèrent se placer au centre de l'arène où ils restèrent immobiles un instant, semblant se jauger du regard. Le sourire du maître de l'Eau se fit narquois tandis qu'il levait une main distraite, une bulle d'eau se formant au bout de ses doigts. Axel fit apparaître une boule de feu et tous deux restèrent ainsi un instant, attendant que l'autre fasse le premier pas.

Contrairement aux idées reçues et à l'opinion générale du reste de l'Organisation, Demyx était tout sauf faible. Au contraire, sa maîtrise sur l'eau en faisait un adversaire redoutable. Le problème tenait plutôt au fait qu'il n'aimait pas les vrais combats, il préférait de loin laisser le sale boulot à ses clones, qui étaient à des lieues d'être suffisamment efficaces pour éliminer autre chose que des Sans-cœurs. Lors de ses séances d'entraînement avec Axel, il donnait toute la mesure de son talent, et s'il avait fait ça durant ses missions, il n'aurait pas passé le plus clair de son temps à glander dans la Zone Grise parce que Saïx le croyait trop incapable pour lui confier un travail. Le Numéro IX ne s'en plaignait guère, il n'aimait pas se fatiguer. Il adorait les entraînements, mais les missions le barbaient. Où était le fun, là-dedans ?

Finalement, Axel ouvrit les hostilités en envoyant à son opposant un mur de flammes auquel Demyx répliqua, rapide comme l'éclair, par une trombe aquatique.

- Danse, Eau, danse ~ !

Les flammes rencontrèrent l'eau et cela explosa dans un énorme nuage de vapeur. Comme si cette première attaque avait été un signal de départ, tous deux se précipitèrent l'un vers l'autre en se jetant des rafales d'eau et de flammes qui s'annulaient en se rencontrant, emplissant la pièce d'une buée chaude qui opacifiait l'air. Les deux Simili bougeaient à une vitesse surprenante, filant l'un vers l'autre puis se rejetant en arrière et courant autour de la salle sans cesser de se lancer des jets d'eau et de feu. Le dut était d'« attraper » l'attaque de l'autre pour l'annuler et créer encore plus de vapeur, jusqu'à ce que la salle devienne si embrumée qu'ils n'y voyaient plus à trente centimètres. Alors le vrai jeu pouvait commencer. Cela ne tardait jamais.

Demyx s'arrêta de courir et s'immobilisa, s'efforçant de taire le bruit de son souffle court. Tout son corps figé dans sa concentration, il tendait l'oreille pour tenter de percevoir un bruit, un souffle qui aurait trahi la localisation d'Axel. Le Numéro VIII avait cette manière de se déplacer si souple et fluide, parfaitement silencieuse, qui le rendait extrêmement difficile à débusquer où à entendre arriver. Ce n'était pas tant un jeu de cache-cache que celui du chat et de la souris, et Demyx se retrouvait rarement dans le rôle du prédateur…

Un goutte de sueur perla sur sa nuque et roula au creux de son échine. Sa coiffure n'était plus qu'un souvenir, ses cheveux mouillés collaient à son visage et dans son cou. Il avait chaud et pas le moindre signe d'Axel dans la brume ouatée. Se pourrait-il que pour une fois les rôles soient inversés ? Demyx imagina que l'assassin l'attendait quelque part, tapi dans le brouillard, guettant ses pas, aux aguets, et son sourire s'étira. Il fit un pas en avant, aussi silencieusement que possible…

… Et une main se referma sur son poignet.

Il retint une exclamation – rire et surprise – et fut tiré en arrière. Axel apparut dans son champ de vision, un bref instant, avant que deux bras ne se referment sur lui et ne le plaquent contre un corps dur à la peau humide et brûlante. Réflexivement, il jeta ses bras autour du cou d'Axel tandis que leurs lèvres se trouvaient dans la brume. Ils s'embrassèrent avec quelque chose qui ressemblait à de la passion, leurs bouches avides et brûlantes. Axel mordit la lèvre du Numéro IX, tirant légèrement, et Demyx gémit doucement.

- Touché, murmura l'assassin en souriant. Chat…

Il fit mine de s'écarter mais le musicien le retint et se plaqua contre lui, peau trempée contre peau brûlante, et à son tour s'empara de sa bouche, sans ménagement, avant de le relâcher.

- Chat, répondit-il d'une fois enrouée, c'est toi le chat.

- Tricheur, l'accusa Axel en faisant glisser ses mains sur la peau mouillée du maître de l'eau, suivant sa colonne vertébrale, se moulant au creux de ses reins, se serrant sur ses hanches. Demyx laissa ses doigts descendre entre eux, sur le torse du Numéro VIII.

- Boucle-la et embrasse-moi !

- Si c'est si gentiment demandé…

Un instant plus tard, le musicien se retrouvait plaqué brutalement contre un mur. Axel le souleva et il enroula ses jambes autour de ses hanches, leurs ventres collés l'un à l'autre. Il sentait son dos glisser contre le mur lisse, chaud et mouillé, le visage du Numéro VIII enfoui dans son cou tandis que sa bouche, toute langue et dents, parcourait un chemin familier le long de sa clavicule. La tête rejetée en arrière, il haletait lourdement, crispant ses doigts sur les muscles bandés du dos du roux, ses ongles laissant des sillons pâles dans la chair luisante de sueur.

Demyx adorait leur jeu du chat et de la souris, parce qu'il lui donnait la sensation d'être en vie. Parce que même s'il n'avait pas de cœur battant dans la poitrine, le sang courait à toute vitesse dans ses veines tandis que leurs corps brûlants et glissants d'humidité se pressaient l'un contre l'autre. Parce que même s'il n'était pas amoureux d'Axel – même s'il n'avait pas de cœur pour l'aimer, même si c'était tant mieux comme ça parce qu'Axel, lui, n'avait pas besoin de cœur pour en aimer un autre que lui – sa bouche sur la sienne, sa langue et ses mains, la chaleur sulfureuse de sa peau et de son souffle et son regard de braise lui provoquaient des frissons et de la chair de poule, le faisaient trembler jusqu'aux os. Parce que même s'il n'avait pas de cœur, pas de sentiments, les mains d'Axel épousaient l'épousaient à la perfection, fermaient ses yeux et ouvraient son corps comme une fleur.

Et pendant qu'il éclosait, à moitié délirant de chaleur et de plaisir, le neuvième membre de l'Organisation avait l'impression que le gouffre en lui se remplissait, se comblait, et il se sentait presque… humain.

AkuDem