Reviens-Moi
Par Tango Dancer
Bonjour tout le monde! Une nouvelle histoire pour un scénario qui me trotte dans la tête sous différentes versions... Peut-être que je vais finir par en faire une série^^! Je vais publier le chapitre 5 de Mensonges juste après, ne vous alarmez pas^^!
Je posterai la suite d'ici quinze jours, je pense, car je pars aux Etats-Unis après-demain, donc pas d'internet pour moi...
Résumé: Il l'avait jetée à la porte, piétiné leurs années ensemble, leur amour, sans même lui laisser une chance de prouver son innocence. Enceinte et seule, elle avait dû reconstruire sa vie loin de son enfant et de l'homme qu'elle aimait. Aujourd'hui, presque 16 ans plus tard, la vérité a éclaté, et ils se rencontrent à nouveau.
Couple: HP/LV
Avertissements: #UA massif. Harry est une fille, renommée Aleana. Voldemort a gagné la guerre et règne sur le monde magique. Inversion des rôles: la « Lumière » étaient les méchants, et les « Ténèbres » les gentils.
#Régulus Black est en vie (même si ça n'a pas beaucoup d'importance).
#Langage dans certains chapitres. Mention de viol dans le chapitre 2.
#Cette fic ne fera que trois chapitres. J'ai essayé de l'écrire en tenant compte des sentiments des personnages qui avaient vécu les événements que j'ai instaurés comme toile de fond. Les réactions sont donc toutes étudiées et mûrement réfléchies dans le but d'être un minimum réalistes. J'espère y avoir réussi.
#J'accepte les critiques constructives, c'est-à-dire comme celles de Manga Reader 125: qui expriment une interrogation ou une critique tout en la panachant de quelque chose de positif. En d'autres termes, une critique n'est pas constructive si l'on ne met pas à côté quelque chose pour encourager l'auteur et lui dire ce qu'on a aimé dans l'histoire. Personnellement, recevoir un roman comme quoi mon chapitre est nul (oui, c'est arrivé, et et je remercie le ciel que quarante personnes m'aient affirmé le contraire), ça ne me sert à rien sauf à me déprimer...
#Voili voilou... Je crois que j'ai tout dit... Enjoy!
« Nouvelle?
La jeune fille, brune, âgée d'une douzaine d'années, se retourna et lui sourit.
-Ma mère préférait me garder près d'elle.
-En désaccord avec le régime?
Elle leva les yeux au ciel.
-Ça m'étonnerait. Elle travaille comme Tisseuse de Sortilèges de Protection.
-Pour le gouvernement?
-Pas la moindre idée. Avoua-t-elle en haussant les épaules. On évite de parler boulot.
-Mmm...
Il l'examina quelques secondes. Elle n'était pas encore très grande, un mètre cinquante, de longs cheveux bruns tombant en vagues douces jusqu'au milieu de son dos, des yeux bleu clairs et des traits fins, témoins d'un sang aristocratique, elle était déjà plus que jolie, et il tendit la main.
-Altaïr Riddle, enchanté.
Une lueur indéchiffrable étincela brièvement dans les yeux de la jeune fille, mais disparut si vite que le garçon ne put que se demander s'il avait rêvé.
-Serene Peverell.
Ils échangèrent une brève poignée de main.
-Alors comme ça, tu es le fameux fils du Seigneur des Ténèbres? Reprit Serene en se tournant vers les livres.
-C'est ça, oui. Tu n'as pas l'air très impressionnée.
Elle lui jeta un regard en coin.
-Je pense que tu as suffisamment de fans et d'anti-fans hystériques sans que j'en rajoute. Assena-t-elle.
Bouche-bée, il ne put que la dévisager alors qu'elle feuilletait distraitement un manuel de Métamorphose.
-C'est bien la première fois qu'on me dit ça.
Elle sourit sans lever les yeux.
-Pas habitué à tant d'indifférence, hein?
-Mm, non, pas vraiment, je dois l'avouer.
Le sourire se fit rictus.
-Eh bien il y a un commencement à tout. »
C'était le commencement d'une amitié.
o-O-o
3 ans plus tard.
« Serene.
-Milord. Comment allez-vous?
-Comme d'habitude, j'imagine. Altaïr est dans le grand salon avec tous ses amis. Ils t'attendent.
-Merci Milord. »
Elle détala sans demander son reste, sans voir le regard amusé et nostalgique à la fois du Seigneur des Ténèbres, qui la suivit à pas lents. Qui aurait cru, trois ans auparavant, qu'Altaïr intégrerait à son petit groupe une parfaite inconnue de dix-huit mois sa cadette? Mais la jeune fille avait su le conquérir. Contrairement à la majorité des personnes qui le connaissaient, elle ne lui avait fait preuve d'aucun traitement spécial, que ce soit de la haine ou du désir. Sa position faisait du garçon une proie de choix pour n'importe qui: en plus d'être le fils unique du Seigneur du Monde Magique, il était riche, beau, charismatique, intelligent et d'une gentillesse à toute épreuve. Un trait de caractère que Tom s'était efforcé d'effacer, mais qui avait perduré malgré tout. Et aujourd'hui, alors que la vérité sur la mère de son héritier avait enfin éclaté au grand jour, le Seigneur des Ténèbres se félicitait d'avoir échoué à supprimer l'une des rares choses qui lui restent d'elle.
Hormis son apparence, bien sûr. Altaïr, s'il avait la carrure et le charisme de son père, avait les cheveux noirs de jais et les inoubliables yeux couleur d'émeraude de sa mère.
Tom soupira en le regardant s'éloigner vers le Terrain de Quidditch. Aleana lui manquait. Elle lui manquait terriblement, et il ne pouvait blâmer que lui-même. C'était lui, après tout, qui l'avait jetée dehors un soir, sans lui laisser le temps de s'expliquer, sans lui laisser une chance de réfuter les horribles accusations qu'il lui avait jetées à la figure, et sans rien d'autre sur elle que ses vêtements. C'était lui qui l'avait bannie de sa vue, et refusait d'en entendre parler depuis. Penser que la femme à qui il avait ouvert son cœur et son lit et qu'il était sur le point de demander en mariage l'avait trompé non pas une fois mais plusieurs avec des hommes comme avec des femmes lui avait été insoutenable, et il avait déversé sa colère sur elle sans même lui donner une seconde pour réfuter ces horreurs. Et maintenant qu'il revoyait plus clairement la scène, maintenant qu'il savait qu'elle était innocente, l'image de ses traits tordus par la douleur, le chagrin, l'incrédulité et la trahison lui brisait le cœur et lui prouvait à quel point son emportement avait eu raison de sa logique, et à quel point il avait dérapé.
S'il l'avait écoutée, s'il avait cru en elle, s'il avait été plus sûr de lui et d'elle...
Et maintenant, cela allait faire seize ans qu'Altaïr grandissait avec le spectre d'une mère toujours physiquement absente et pourtant présente dans la mémoire de tous ceux qui vivaient au manoir, ou connaissaient un peu d'histoire. Aleana Liliane Potter, fille des célèbres Aurors Lily et James Potter, le bébé qui avait réussi à réduire le Seigneur des Ténèbres à l'état de spectre. Tout le monde connaissait son nom. Soit comme une sorte de Messie, soit comme Celle-Qui-Avait-Survécu-Pour -Passer-à-l'Ennemi, la maîtresse du Seigneur des Ténèbres et la mère de son fils, et, dans un cercle restreint, comme une catin. Pour certains. D'autres continuaient de croire, en silence, bien entendu, qu'elle n'avait jamais couché avec qui que ce soit d'autre que celui qu'elle considérait comme l'homme de sa vie, presque un époux, plus qu'un amant.
Ce jour-là, il lui avait montré la bague, et l'avait rageusement détruite, en même temps que tout ce qu'elle lui avait jamais offert. Il avait piétiné son cœur, et tout ce qu'il avait reçu en réponse, c'était un visage défiguré par la souffrance, des larmes qu'elle se refusait à laisser couler, et un silence qu'il avait interprété comme un aveu. Mais aujourd'hui, il lui paraissait évident qu'il s'était trompé. Son silence était un silence de fierté blessée, d'horreur à l'idée qu'il la croie coupable d'un tel acte, de confiance trahie, d'amour bafoué. Le silence d'un cœur que l'on brise et qui sait qu'il n'y a pas d'espoir, que quoi qu'il fasse, tout est déjà perdu.
Et lorsqu'il l'avait chassée de chez lui, dans la honte et l'infamie, elle n'avait rien dit. Elle était partie la tête haute, sans faire d'histoires, et avait disparu de sa vie pour toujours. Quinze ans et demi déjà qu'Altaïr n'avait pas de mère, trois ans que toutes ses convictions avaient été bouleversées lorsqu'ils avaient capturé un membre de la résistance et appris que toute l'affaire n'était qu'un coup-monté pour se venger de la jeune femme. Trois ans que son fils savait qu'il avait perdu sa mère pour un complot. Trois ans que Tom se rongeait les sangs et essayait par tous les moyens de la retrouver. Trois longues années d'échec et d'angoisse croissante à l'idée qu'elle soit morte ou ait renoncé à la magie, qu'elle ne revienne pas, qu'ils ne la revoient jamais.
Altaïr avait eu son petit groupe d'amis pour le soutenir. Selene Malfoy, qui s'entendait particulièrement bien avec sa presque-homonyme, Kyrian Lestrange, Alphard Black, Ezekiel Prince et finalement, la dernière addition à la bande, Serene Peverell, dont le nom prestigieux restait néanmoins entouré de mystère. Trois ans auparavant, quelques mois après leur rencontre, Altaïr avait abordé le sujet de la famille. La jeune fille s'était instantanément fermée, et avait juste lâché d'un ton pincé qu'elle vivait seule avec sa mère, qui avait énormément souffert et se méfiait beaucoup des étrangers, en conséquence de quoi aucun d'entre eux ne l'avait jamais rencontrée. Ils savaient juste que c'était une sorcière des plus brillantes qui tissait des sortilèges de protection, que ce soit pour des domaines ou des personnes; le dernier cas étant plutôt rare.
Tom soupira. Il y avait une montagne de paperasse sur son bureau, et elle ne se remplirait pas toute seule. Autrefois, il aurait pu compter sur Ali pour l'aider. Elle savait deviner sa fatigue, remplir les formulaires, traiter les affaires avec le doigté que donnent des années dans la politique. Elle savait exactement ce que lui ferait dans chaque cas, et maîtrisait tout avec une perfection déroutante. Le Seigneur des Ténèbres secoua la tête. Il s'était lui-même privé de cet appui, de sa présence réconfortante. A lui d'y remédier et d'assumer les conséquences de sa propre stupidité.
o-O-o
« Je suis rentrée! »
Pas de réponse. Keliane Peverell ignora le pincement au cœur que lui causa l'absence inhabituelle de sa fille, et posa son sac au pied de la table de l'entrée, avant de déposer ses clés dans la boîte prévue à cet effet, et de se déchausser. Les règles étaient strictes chez elle: pas de chaussures sales dans la maison. Ce n'était pas parce qu'il y avait des elfes de maison pour nettoyer qu'elle allait permettre à sa fille de se comporter en gosse de riche pourrie-gâtée et incapable de faire quoi que ce soit de ses dix doigts.
En conséquence, Serene, à presque seize ans, était parfaitement capable de se servir d'appareils moldus, de faire la cuisine et le ménage. De toutes manières, elle avait dû se résoudre à apprendre lorsque sa mère était à l'étranger pour une commande, et que les elfes prenaient leur jour de congé. Car Keliane Peverell, aussi étrange que cela paraisse, ordonnait à ses elfes de prendre un jour de congé par semaine.
Elle s'arrêta une seconde devant le miroir qui surplombait la table, et se trouva l'air fatigué. Ses courts cheveux noirs avaient été artistiquement ébouriffés de manière à former des pointes vers l'arrière de sa tête, et ses yeux verts émeraude étaient rehaussés d'une épaisse ligne de crayon noir. Elle portait un long manteau de cuir noir lui tombant jusqu'aux chevilles, de lourds bottillons de combat en cuir de dragon, un haut souple à manches courtes la collant comme une seconde peau et un pantalon noir de la même matière, mais plus lâche de manière à lui laisse une grande liberté de mouvement. Sa poitrine et ses avants bras étaient protégés par des protections en cuir de dragon, et elle portait des bracelets de force; celui de son poignet droit était par ailleurs relié à une mitaine.
Un étroit collier de cuir noir d'où pendait une petite croix en argent ornée d'un rubis en son centre lui enserrait la gorge, et ses boucles d'oreilles en forme de dague pendaient doucement de chaque côté de son visage aux traits fins mais amaigris, et marqués par les cernes et la fatigue. En d'autres termes, une gothique d'une trentaine d'années, qui aurait pu être séduisante (et recevait nombre de propositions toujours déclinées) si elle n'avait pas été rongée par quelque fantôme que personne n'avait jamais réussi à exorciser.
Keliane Peverell était hantée, hantée par un passé sombre dont elle refusait catégoriquement de parler à qui que ce soit, et qui la tourmentait sans cesse depuis plus de quinze ans.
o-O-o
« Maman!
La jeune femme sursauta. Elle s'était endormie sur le canapé face à la cheminée, un verre à la main, en attendant sa fille. La tête de Serene flottait dans la cheminée, roulant des yeux paniqués, et Keliane s'accroupit face à elle.
-Qu'est-ce qu'il y a? Qu'est-ce qu'il se passe? Tu vas bien?
-Oui, je... Maman, j'ai besoin de ton aide.
Kellie fronça les sourcils.
-Pourquoi?
-J'étais chez Altaïr, aujourd'hui, et il... il s'est fait attaquer. On s'est fait attaquer, en fait.
Les yeux émeraude s'élargirent de frayeur.
-Tu n'es pas blessée, au moins?
-Non, non, ça va, rassure-toi, je vais bien. Tes leçons ont porté leurs fruits. S'empressa-t-elle de rassurer sa mère.
-Alors?
-Son père est sens dessus-dessous, il refuse de laisser quiconque approcher d'Altaïr à part ses amis proches et quelques personnes triées sur le volet.
-Et alors?
-Il ne fait confiance à aucun Guérisseur. Maman, il faut que tu m'aides. Je sais que tu as une Maîtrise en Guérison, et tu pourrais vérifier et renforcer les Sortilèges de Protection juste après. Il a bien fallu qu'ils trouvent un endroit pour s'introduire dans la propriété, c'est une véritable forteresse, d'habitude.
-Il ne me connaît pas. Qu'est-ce qui te fait croire qu'il me laissera m'occuper de son fils? Objecta Keliane.
Serene haussa les épaules.
-Tu es ma mère. Lâcha-t-elle comme si ça expliquait tout.
La jeune femme soupira et se frotta les yeux.
-Serene, je...
-Maman, s'il te plaît! Si tu ne viens pas, il va mourir!
Les yeux suppliants et mouillés de larmes de sa fille eurent raison de son hésitation, et elle hocha la tête avec lassitude.
-Très bien. Attends-moi un instant, je vais chercher ce qu'il me faut.
-Dépêche-toi.
Ignorant l'ordre à la limite de l'insolence, elle se redressa et partit récupérer son manteau, ses clés, et les malles qu'elle consacrait à ses différentes aires de travail, avant de revenir vers la cheminée. Serene était carrément revenue, et lui prit la main avant de l'entraîner dans les flammes. Elles disparurent dans un tourbillon de vert silencieux; crier sa destination, en temps de guerre, n'était pas une bonne idée, et Kellie avait appris à sa fille comment voyager le plus silencieusement possible.
o-O-o
Elles atterrirent dans une pièce relativement sombre, aux murs nus, mais ne s'attardèrent pas. Kellie suivit Serene dans les couloirs, étouffant le terrible pressentiment qui l'étouffait alors que chaque pas qu'elle faisait la menait plus loin dans un dédale de corridors tous plus familiers les uns que les autres, et qui appartenaient tous à un passé qu'elle s'était efforcée de considérer comme révolu. Et pourtant, lorsqu'elles s'arrêtèrent devant les portes de ce qui ne pouvait être qu'une suite, elle sentit tout le sang se retirer de son visage.
Car ces portes gravées de motifs tous magnifiques, elle les avait franchies des dizaines de fois, le sourire aux lèvres, les larmes aux yeux, silencieuse ou animée, porteuse de bonnes ou de mauvaises nouvelles, et elle y avait connu les plaisirs de l'amour et les délices d'une soirée d'hiver au coin du feu dans les bras de celui qu'elle pensait alors (qu'elle pensait toujours) être l'homme de sa vie. Plus de quinze ans auparavant, elle les avait passées pour la dernière fois, le cœur en mille morceaux, le ventre plein d'une vie qui grandirait sans père, les larmes aux yeux et le sanglot aux lèvres, sous les injures et la haine de celui qu'elle aimait plus que tout.
Et voilà qu'aujourd'hui, elle allait pénétrer à nouveau dans cette chambre, pour soigner celui qui était sans nul doute son fils, sous les yeux de l'homme qui l'avait bannie de sa vue, et l'attaquerait probablement avant même qu'elle réussisse à faire un pas en direction de l'enfant qu'elle avait perdu.
Les portes s'ouvrirent.
Sans un mot, le visage dépourvu de toute expression, elle entra d'un pas décidé, se dirigeant vers le lit sans prêter attention aux autres occupants de la pièce, dont elle pouvait sentir les regards insistants, stupéfaits, incrédules, haineux, colériques, etc. Elle n'accorda pas un coup d'œil au Seigneur des Ténèbres, qui s'était redressé en la voyant, et la fixait à présent avec une intensité qui l'aurait fait rougir toutes ces années auparavant. Elle se força à ignorer ceux qui avaient combattu à ses côtés pendant la guerre, et qu'elle avait, à une époque, appelés des amis.
Tout ce qui lui importait, c'était le corps inerte sur le lit, le corps qu'elle devinait bien découplé, mince mais puissant, tout en muscles, avec ses cheveux noirs de jais, et, elle le savait, les mêmes yeux qu'elle. Altaïr Riddle. Serene s'était bien gardée de mentionner son nom, celui de son père ou de ses amis. Et au lieu d'aller chercher quelqu'un d'autre, elle s'était précipitée voir la mère dont elle connaissait la terrible histoire pour la forcer à se confronter à son père et son frère. Ses traits se durcirent, elle pinça les lèvres. Elle aurait une petite discussion avec sa fille en rentrant, juste avant de déménager.
Mais ce n'était pas le moment. Elle eut un hochement de tête approbateur en voyant que Severus avait déjà administré plusieurs potions, et eut tôt fait de retirer son t-shirt au jeune homme, dévoilant un torse hâlé et musclé par le Quidditch et l'entraînement. Elle retint un grondement lorsque le tissu révéla une longue plaie béante, qui saignait abondamment malgré tous les efforts des adultes présents, et sortit sa baguette tout en rendant sa taille normale à la malle exclusivement dédiée à ses « outils » de Guérisseuse. Un regard significatif en direction de sa fille suffit pour que Serene dise aux autres de ne pas faire de bruit, et elle ferma les yeux, se focalisa uniquement sur la blessure sous elle, les tissus déchirés, le sang qui coulait, les dégâts à réparer.
o-O-o
La première chose qu'il vit en ouvrant les yeux fut ceux, plus verts encore que les siens, de la femme penchée sur lui. Elle était très belle, toute vêtue de noir, avec une nette tendance au style gothique, et elle avait de courts cheveux noirs artistiquement coiffés de manière à être ébouriffés vers l'arrière de sa tête.
« Comment vous sentez-vous? S'enquit-elle d'un ton neutre, le visage dépourvu de toute expression. Mais il y avait quelque chose dans ses yeux, une étincelle indescriptible qui le mit mal à l'aise. C'était comme une sorte d'avidité, mais tempérée de méfiance et... était-ce de l'amour? Et quelque chose qui ressemblait trop à du chagrin pour être naturel.
-Ça va. Qui êtes-vous?
Une pause.
-Keliane Peverell.
Il y eut une série d'exclamations, et ce n'est qu'alors que le jeune homme s'aperçut qu'ils n'étaient pas seuls, loin de là, en fait, que la tension dans la pièce était à son comble, et que tous n'avaient d'yeux que pour la femme.
-La mère de Serene.
C'était plus une affirmation qu'une question.
-C'est ça.
-La tienne aussi, Altaïr.
La femme se raidit brutalement en entendant la voix du Seigneur des Ténèbres, tandis qu'Altaïr, lui, se tournait vers son père avec incrédulité.
-Pardon?
-Keliane, ou plutôt Aleana, est ta mère. »
Il en resta bouche-bée, se retourna vers elle, et se gifla mentalement en voyant les évidentes similitudes. Personne d'autre qu'eux n'avait de tels yeux, après tout! Il ouvrit la bouche pour lui demander... quelque chose, il ne savait trop quoi, mais elle se redressa sans lui en laisser le temps; fit face au sorcier.
« Donc maintenant je suis sa mère?
Tom se leva également du fauteuil qu'il avait tiré au chevet de son fils.
-Évidemment. A moins que tu aies perdu la mémoire?
Le sarcasme était apparemment la mauvaise approche, car elle se raidit encore plus qu'elle ne l'était déjà, et ses yeux s'assombrirent.
-Absolument pas. En revanche, je me rappelle aussi très clairement de quelqu'un me disant d'aller « élever mon bâtard dans un bordel et de laisser l'enfant légitime avec son père. » avant d'ajouter que désormais, cet enfant n'avait pas de mère. On dirait que vous avez oublié... Mon Seigneur.
Tom grimaça en entendant ses paroles inconsidérées.
-Disons que j'ai eu... le temps de réfléchir depuis.
-Tu mens. La vérité, c'est que tu as fait prisonnier le salaud qui a fait ça, hein? (Elle eut un rire amer en le regardant dans les yeux.) Oui, c'est plutôt ça. Tu aurais continué de me traîner plus bas que terre et de me vouer aux Gémonies si tu n'avais pas eu de preuves.
Elle cracha presque le dernier mot.
-Devine quoi, Marvolo? C'est loin d'être suffisant. Elle se tourna vers sa fille. Serene, viens. On y va.
La jeune fille commença à suivre sa mère, mais s'arrêta à la porte.
-Est-ce que... est-ce que tu ne pourrais pas lui donner une seconde chance?
Kellie se figea.
-Je te demande pardon?
-Tu m'as entendue. »
L'adolescente redressa le menton en voyant sa mère se retourner lentement, et soutint son regard glacial. Elle retint un frisson. Jamais Kellie n'avait dirigé une telle expression contre elle. Mais la situation la dépassait complètement, elle avait l'impression de se noyer, et elle ne pouvait que se débattre contre le flot déchaîné des événements et de ses émotions.
« Et pourquoi devrais-je faire ça?
Un temps.
-Parce que je veux mon père et mon frère.
Il y eut un silence assourdissant. Kellie recula comme si on venait de la gifler. Mais Serene poursuivit:
-J'en ai marre de vivre avec une mère célibataire qui n'est jamais là. J'en ai marre de côtoyer mon père et mon frère sans leur dire la vérité, marre de devoir me cacher, marre de devoir te cacher. J'ai presque seize ans, je devrais pouvoir avoir une vie normale avec une famille normale, pas un tiers de famille. C'est peut-être égoïste, mais c'est comme ça.
Les prunelles de sa mère s'étaient assombries au fur et à mesure de son discours, mais elle tint bon jusqu'au bout.
-Je veux rester ici. Reprendre la place qui me revient, et apprendre à les connaître vraiment, en tant que ma famille. Une vraie famille. Avec des amis de la famille, des proches, des moins proches, et de bonnes engueulades de temps en temps. Je ne rentre pas à la maison.
A présent, la jeune femme était si pâle, qu'on avait l'impression qu'elle allait s'évanouir d'un instant à l'autre. La dernière lueur de vie qui éclairait ces orbes autrefois d'un vert étincelant vacilla et s'éteignit. Serene frissonna lorsque deux émeraudes complètement vides se posèrent sur elle après avoir fait le tour de la pièce. Sa mère semblait lutter contre un ennemi invisible, muscles bandés et doigts crispés sur la poignée de la porte. De longues minutes s'écoulèrent dans un silence insoutenable avant qu'elle ne réponde.
-Très bien.
La jeune fille sourit à Altaïr, qui lui rendit son sourire, quoique un peu hésitant, encore choqué par la révélation que sa mère se tenait dans la pièce, mais leur soulagement à tous se dissipa aussi vite qu'il était apparu avec les mots suivants.
-La maison est à toi. Amuse-toi bien avec ton père. Je suis sûre que lui ne te cachera pas, et que tu auras plein d'amis. Après tout, il sait maintenant que tu es tout ce qu'il y a de plus légitime, il va vouloir te reconnaître.
Elle ne put retenir un hoquet interloqué, et fit un pas en arrière.
-Maman, mais qu'est-ce que tu...?
-Je t'ai suffi pendant quinze ans et huit mois. Mais il est vrai que j'étais seule. En combinant père et frère, tu devrais obtenir une trentaine d'années de vie familiale paradisiaque avant de te marier et d'avoir des enfants. Je te souhaite de longues années de bonheur.
Les paroles étaient dures, impitoyables, mais, étrangement, dépourvues du moindre fiel ou de dépit, de colère ou d'acide. Non, Kellie semblait juste énoncer des faits neutres. Serene, elle, peinait à comprendre en voyant sa mère ouvrir la porte et disparaître au coin du couloir dans un silence stupéfait.
-Maman! Elle se rua à sa suite, la rattrapa au détour d'un corridor. Attends! Qu'est-ce que tu fais? Bien sûr, que je te veux avec moi! Je voulais juste qu'on revienne toutes les deux, c'est tout! Pourquoi tu fais ça? Pourquoi tu m'abandonnes?
Elle avait les yeux pleins de larmes, à présent, et des perles d'eau salée roulaient le long de ses joues à son insu. Kellie les essuya d'un geste du pouce.
-C'est quelque chose que je suis incapable de faire, Serene. Elle fit un pas en avant. J'ai aimé ton père, je l'aime toujours, et je crois que je n'arrêterai jamais. Mais il m'a trahi de la pire des manières. Je lui avais tout donné, mon corps, mon cœur, mon âme, tout. J'étais prête à tout pour lui. Et il m'a rejetée, m'a traitée de tous les noms, m'a mise dehors alors que je portais son enfant, ce qu'il savait, et m'a bannie de sa vue sans même me laisser une chance de m'expliquer, de lui prouver qu'il avait tort et que j'étais innocente. S'il m'avait aimée, il aurait cru en moi. Il a préféré piétiner tous mes témoignages d'amour. Je refuse de revenir après quinze ans. Je ne suis pas un animal de compagnie égaré qui revient malgré tous les coups. J'ai aussi ma fierté.
-Alors c'est une question de fierté! Hurla Serene, à bout de nerfs en écartant la main qui lui caressait la joue d'un geste rageur. Tout ça parce que tu ne te remets pas d'une petite humiliation? J'en ai marre! Qu'est-ce que ta fierté à côté d'une vie de famille! Ça fait trois ans qu'il te cherche, par Merlin, alors tu pourrais pas prendre un peu sur toi et faire un effort, non?
-Serene...
-Non! J'en ai par-dessus la tête de tes lubies! J'en ai marre! Tu peux partir à l'autre bout du monde pour ce que ça m'importe, j'en ai rien à faire! Rien! Disparais! Toi et ton égoïsme! Tu me dégoûtes! »
Elle était injuste, elle le savait. Kellie l'avait toujours fait passer en premier en toutes circonstances, travaillait d'arrache-pied certains jours pour pouvoir se libérer le week-end et pour son anniversaire, payait des sommes folles pour lui offrir les derniers balais et les meilleurs tuteurs avant son entrée à Poudlard. Elle n'avait jamais eu à se plaindre: sa mère s'occupait toujours de tout, même si cela lui faisait perdre des heures de sommeil supplémentaires. Mais elle n'en pouvait plus de la voir en deuil chaque jour de l'année, de l'entendre pleurer la nuit et hurler dans son sommeil, d'entendre son pas chancelant et sa respiration erratique quand elle descendait vider une bouteille de Whisky Pur-Feu à quatre heures du matin après l'un des cauchemars qui la tourmentaient depuis quinze ans.
Sauf qu'elle était incapable de lui dire ça. Parce que là, Serene était en colère, elle voulait une vraie famille, elle voulait voir sa mère sourire doucement au visage attentionné de son père, elle voulait un petit frère ou une petite sœur ou même les deux, et elle voulait pouvoir recevoir une étreinte de son père en se disant que c'était vraiment un câlin paternel, et de son frère comme témoignage d'amour fraternel.
Keliane, malheureusement, ne pouvait pas savoir ça. Elle fit deux pas secs en arrière, chancelante, et retira sa main comme si elle s'était brûlée.
« Si c'est vraiment ce que tu penses de moi... »
Elle se détourna, et reprit son chemin vers la cheminée, le visage fermé, tout son être tendu vers une seule destination, la maison. Elle avait besoin d'être seule, loin des regards, loin de l'homme qui lui avait tout pris, loin du fils qu'elle n'avait jamais vu grandir, loin de la fille qui la quittait aujourd'hui. Elle disparut sans se retourner, ignorant les cris de son nom derrière elle.
Alors, qu'en avez-vous pensé?
La suite dans quinze jours! Bonnes vacances à tous!
Bisoux et... une 'tite review pour une auteure affamée? *fait la belle*
Hum... Je ne pense pas qu'il y ait d'horreurs de style, d'orthographe ou de grammaire... Mais je ne me rappelle plus si je me suis relue *sourire gêné*... Alors je compte sur vous pour me le dire^^!