Auteur : Lomonaaeren
Traductrice : ReachingforHeaven
Disclaimer : J.K. Rowling et ses divers associés possèdent tous les droits sur ces personnages. Je n'ai écrit cette histoire que pour m'amuser, et non pour en tirer un quelconque profit.
Résumé : Laissons donc les autres se jeter sur Harry ; laissons-les lui faire mauvaise impression et baver d'admiration devant lui. Draco avait compris que le meilleur moyen pour gagner la première place dans le cœur d'Harry Potter était de commencer par être son ami, et ce avec tant de subtilité que cet imbécile n'allait même pas s'en rendre compte.
Warnings : EWE (NdlT : Epilogue ? What Epilogue ?, c'est-à-dire que l'auteur ne prend pas l'épilogue en compte), jurons, sexe (gay), mentions de couples hétéros.
Notes de l'auteur : Le titre vient de la fable avec le lièvre et la tortue, et, bien sûr, la tortue dit « Rien ne sert de courir, il faut partir à point ». Cette histoire sera très courte, seulement trois chapitres.
Note de la traductrice : Alors. Je suppose que pas mal de gens sont en vacances maintenant ; mais ayons une petite pensée émue pour tous ceux qui ont un job d'été, ou qui bossent d'ailleurs - COURAGE ! Et surtout courage pour ceux qui, comme moi, ont passé la nuit dernière à pleurer toutes les larmes de leur corps après avoir été à l'avant première des Deathly Hallows. Et oui, « the end of an era » quoi… Quoi, vous voulez un petit avant-goût du film ? Alors, voilà ce qui m'a fait le plus marrer : les répliques de Ron :D (« Nan mais ça va, il nous reste Bogrod… » FWWWWOOOOOOOOSH. « Ah bah non, en fait. »)
Je ne peux donc que vous offrir cette nouvelle traduction en guise de réconfort... Merci encore à mon adorable beta-pokémon, et bonne lecture à tous ! Ah, et la suite d'ici deux/trois jours, comme d'habitude !
Said the Tortoise to the Hare
La porte claqua.
Draco haussa un sourcil et se renfonça dans son siège. Il devait admettre que claquer la porte n'avait rien d'inhabituel pour Harry lorsqu'il avait une de ses crises de colère, mais le fait qu'il fasse les cent pas près de ladite porte en jurant et en donnant des coups de pieds dans le mur - cela sortait de l'ordinaire. Le blond attendit que le mur ait pris un coup ou deux - il n'avait jamais particulièrement aimé cette couleur de peinture - avant de demander innocemment, « Il y a quelque chose dont tu veux me parler ? »
« Oui. » Harry se laissa tomber dans le fauteuil derrière son propre bureau si violemment que le bois trembla, et un craquement assez inquiétant se fit entendre. Draco entretenait un pari avec lui-même à propos de la date à laquelle le siège en question finirait par se casser. Mais apparemment, ce ne serait pas pour aujourd'hui, parce que le brun ne s'effondra pas brusquement par terre ; en fait, il se pencha en avant et frappa impatiemment de ses doigts contre son bureau, et ce avec assez de force pour se casser un ongle. « Ginny a rompu avec moi. »
Draco se figea, serrant si fort la plume qu'il tenait entre ses doigts qu'il faillit la casser.
Mais il ne serait pas très opportun pour lui de montrer maintenant le vif intérêt ou le soudain désir ardent qui venaient d'embraser sa poitrine, alors il s'accorda un instant pour reprendre ses esprits - un instant trop court pour que quelqu'un comme Harry puisse le remarquer - et dit avec douceur, « Je suis désolé de l'entendre. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »
« Elle a dit que je passais trop de temps loin d'elle. » Il devait s'agir d'une journée spéciale 'mouvements rapides', apparemment ; Harry se releva brusquement de son bureau et se remit à arpenter la pièce, agitant les bras d'un air furieux. Cette fois, il était trop loin du mur pour le frapper - une situation assez décevante du point de vue de Draco. « Comme si elle ne savait pas que ça allait arriver quand j'ai signé pour être un Auror ! Elle était d'accord ! Elle le savait ! »
« Et ce n'est pas comme si elle ne passait pas beaucoup de temps loin de toi, elle aussi, vue la façon dont voyage son équipe de Quidditch » murmura Draco.
« Exactement ! » Harry fit volte-face et le pointa du doigt. L'ancien Serpentard fut obligé de baisser la tête pour cacher son sourire ; son attitude lui rappelait un musicien qu'il avait vu dans un de ces spectacles à la télévision, quand son coéquipier l'avait entraîné dans un quartier moldu de Londres à la recherche d'un cadeau d'anniversaire pour Granger. « Mais quand je lui en ai parlé, qu'est-ce que tu penses qu'elle m'a dit ? »
« Eh bien, de toute évidence, elle ne s'est pas jetée à tes pieds et ses regrets ne l'ont pas poussée à fondre en larmes. » Draco se redressa et essaya de ne pas montrer à quel point il s'amusait.
« Eh bien, non. De toute évidence. » Harry cessa de faire les cent pas et se tourna vers lui, haussant un sourcil. « Ah, si seulement tu pouvais faire preuve des mêmes capacités avancées de déduction quand on bosse sur les affaires qu'on nous envoie, plutôt que t'en servir uniquement quand je te raconte ma vie sentimentale. »
Mais ta vie sentimentale est tellement plus intéressante - oh, mais cela, Draco ne pourrait jamais le lui dire. Il se contenta de hausser un sourcil à son tour. « Tu ne sais que te servir de tes yeux, Potter ; tu es incapable de faire quoi que ce soit qui nécessite plus d'efforts. Je ne voudrais pas te priver de ce plaisir. »
Harry ricana ; mais au moins, maintenant son visage était animé par autre chose qu'une simple colère. Le blond lui adressa un sourire - c'était le seul signe trahissant la joie qu'il ressentait à la vue du visage de son ami s'éclairant que Draco pouvait se permettre de montrer. Je peux lui offrir quelque chose qui ne sera jamais à la portée de Weasley. Quand ils se parlent tous les deux, leurs conversations ne sont pas aussi distrayantes que les nôtres.
« Mais permets-moi de pousser encore un peu plus ma réflexion. » L'ancien Serpentard croisa les bras, et baissa la voix jusqu'à ce qu'elle atteigne le ton hautain que son père avait l'habitude d'utiliser quand il voulait impressionner l'une ou l'autre de ses relations au Ministère. « En fait, tu es plus vexé qu'énervé. Tu t'attendais, peut-être, à pousser un peu plus ta relation avec Wesley - ce qui ne risquait pas d'arriver, de toute façon. Tu es furieux parce qu'elle a rompu avec toi avant que tu n'aies pu toi-même le faire. »
Harry soupira ; il laissa retomber sa tête contre le bois de son bureau, cette fois. Cet homme était sans nul doute la personne la plus agitée que Draco ait jamais rencontrée. D'habitude, ce type de comportement l'aurait dérangé ; il avait été élevé dans une atmosphère de calme constant quand il était enfant, après tout. Mais les mouvements incessants du brun ne faisaient que montrer au reste du monde à quel point il était élégant, agile et rapide. Et en vérité, Draco aimait bien que les gens regardent et admirent la personne que lui-même désirait obtenir, surtout quand il pouvait lui-même profiter de la vue ; la seule chose qu'il n'appréciait pas, c'était que l'on touche à ce qui lui appartenait.
« Ouais, t'as sûrement raison. Je suis énervé, mais je ne suis pas en train de me défouler sur le mur à coups de sortilèges - ce que j'aurais fait si on avait rompu l'année dernière. Il manquait quelque chose entre nous. » Il tourna la tête et adressa un sourire un peu fatigué à son coéquipier. « C'est assez étrange de voir à quel point tu me connais. »
Le blond dut se mordre la langue. Evidemment, il n'allait pas encore révéler les espoirs qu'il entretenait au sujet d'Harry maintenant ; ce dernier venait juste de rompre avec celle qui avait été sa petite amie pendant six ans, par Merlin, et le brun lui en voudrait. Mais n'empêche, cela aurait été l'occasion parfait pour lui dire, Oh, ce n'est pas si étrange, si tu prends en compte le fait que tu es la personne la plus agréable à regarder que je connaisse. Il allait devoir se faire à l'idée qu'une telle réplique ne soit pas pour tout de suite.
« Pas si étrange que ça » s'autorisa-t-il à murmurer ; puis il sourit quand il vit qu'Harry se relevait et s'emparait de sa cape. « Maintenant tu vas aller au Chaudron Baveur et tu vas te saouler » ajouta-t-il, toujours sur le même ton hautain qu'il avait précédemment utilisé.
« Ouais. » Harry hésita un instant avant d'ouvrir la porte.
Draco doutait du fait qu'il ait remarqué sa propre hésitation, mais lui l'avait fait, et il savait exactement ce qu'elle signifiait - étant donné qu'il connaissait tant de choses au sujet d'Harry. Ce dernier se demandait sûrement s'il devait le laisser seul pour s'occuper de tous leurs dossiers (bien que le brun soit de toute façon complètement inutile, vu l'état de confusion sentimentale dans lequel il était), et il se demandait également s'il ne devait pas proposer à son collègue de venir avec lui.
Mais Draco n'avait pas l'intention de l'accompagner. Harry voulait se retrouver seul à ce moment précis, aller s'assoir à une table au fond du Chaudron Baveur, prendre une mine renfrognée et boire autant qu'il le pouvait ; il allait d'ailleurs probablement jeter un maléfice à quiconque lui poserait trop de questions sur sa situation. C'était à peu près ce qu'il avait fait chacune des fois où il s'était disputé avec ses amis ou sa petite amie.
Et l'ancien Serpentard ne voulait certainement pas donner à Harry une raison de s'énerver contre lui. Pas maintenant, pas quand les graines d'espoir qu'il avait toujours gardées cachées au plus profond de son cœur avaient plus de chances que jamais de pouvoir s'épanouir.
« Vas-y », dit-il, et il fit un signe de la main dans la direction de l'autre homme. « Quelqu'un t'a déjà forcément entendu hurler, de toute façon, vu comment les murs sont minces ici - et quelqu'un est sûrement déjà en train d'envoyer un rapport à Kingsley. »
Harry eut un petit rire amer. « Mais on n'autoriserait personne d'autre à partir plus tôt de son boulot juste à cause d'un problème comme le mien », murmura-t-il. « J'aimerais bien qu'ils me traitent comme un employé comme les autres. »
Espèce d'idiot… Est-ce qu'on traite un faucon gerfaut de la même façon qu'une crécerelle ? Mais Draco savait que son coéquipier ne comprendrait pas cette référence ; il n'avait jamais appris l'art de la fauconnerie, ce pauvre crétin. « Tu n'as pas mal travaillé, ces derniers temps », dit-il. « Je suis sûr que Kingsley peut te pardonner d'abandonner le Département, surtout étant donné qu'Ernest Whistlebone n'est plus là pour nous surcharger de travail. »
Harry frissonna. « Bah. C'était une affaire horrible. »
Le Serpentard hocha la tête. Whistlebone avait été un Auror jusqu'à très récemment ; il avait réussi pendant assez longtemps à faire accuser d'autres suspects pour les meurtres atroces qu'il avait commis, et ce sans trop de difficultés. Cela avait pris plus longtemps à ses collègues pour le confondre que cela n'aurait dû, en vérité. Mais il n'aimait pas l'expression ombrageuse qu'arborait Harry maintenant. Ce dernier n'allait pas tarder à recommencer à penser qu'il aurait dû arrêter Whistlebone plus vite, puis il allait songer qu'il y avait peut-être encore d'autres cas semblables dans la pile de dossiers qui l'attendait sur son bureau - et il finirait par rester, réfrénant ses sentiments concernant la situation avec Weasley au lieu d'aller se détendre et de s'en débarasser une bonne fois pour toutes. Et peut-être même qu'il allait finir par décider qu'il ferait mieux de retourner avec sa petite-amie.
Non, ça n'allait pas du tout.
« Je peux te promettre que nous n'avons aucune affaire aussi épineuse en ce moment », dit-il. « J'ai jeté un coup d'œil à tous les dossiers. »
Il fit exprès de prendre un ton aussi vertueux et consciencieux que possible, et ses efforts furent récompensés quand Harry éclata de rire - de ce rire profond qui plissait le coin de ses yeux. Draco poussa un soupir, et il pouvait déjà se sentir à moitié excité - par un foutu rire. Plus d'une fois, il avait été reconnaissant envers les longues robes des uniformes des Aurors, ou le bureau massif qu'il possédait ; deux des éléments qui lui avaient permis jusqu'à maintenant de ne pas se trahir devant l'ancien Gryffondor avec lequel il travaillait.
« Oui, je suis sûr que c'est-ce que tu as fait, imbécile. » Harry traversa rapidement la pièce et donna une tape amicale sur l'épaule de Draco, comme il lui arrivait souvent de le faire avec Ron Weasley. Le blond dut lutter pour s'empêcher de fermer les yeux. « Bon, très bien alors. Je m'en vais. »
Il sortit de la pièce, et claqua la porte derrière lui.
Draco jeta un sortilège de Tempus qui l'avertirait dans deux minutes, puis il se réinstalla contre le dossier de sa chaise, croisa les mains derrière sa tête, et eut un grand sourire tout en regardant le plafond.
Oh oui, il désirait Harry. Mais il avait accepté depuis longtemps que ce dernier allait probablement se marier avec la Weasley femelle, alors il avait essayé de réfréner son désir et il était sorti avec d'autres personnes. Pourquoi devrait-il se laisser aller à se languir en vain ?
Mais maintenant…
Mais maintenant.
Draco doutait du fait qu'on puisse lui reprocher d'avoir encouragé les… inclinations premières de son coéquipier - et après tout, il semblerait bien que ce soit les inclinations de la Weasley femelle qui soient à l'origine de leur séparation en fin de compte. On ne pouvait certainement pas non plus lui reprocher maintenant de vouloir élaborer un plan pour se rapprocher d'Harry, un plan qui prenait en compte le fait que de nombreuses personnes intéressées avant tout par sa célébrité allaient se jeter sur l'ancien Gryffondor dès qu'on apprendrait qu'il était célibataire.
Il allait remporter les faveurs d'Harry de la seule façon possible, le seul moyen de s'assurer son affection de manière permanente : en étant un ami compréhensif et sympathique. Vraiment, si Ron Weasley et Hermione Granger n'avaient pas été à ce point intéressés l'un par l'autre, Draco aurait pensé qu'un des deux aurait commencé à sortir avec Potter depuis longtemps. L'amitié était à la base de toutes les relations vraiment sérieuses qu'avait ce dernier.
Et Draco n'avait vraiment aucune intention de laisser quelqu'un comme Harry lui échapper. Pourquoi le devrait-il ? Il méritait le meilleur, après tout.
Le sortilège de Tempus sonna, et le blond se remit au travail. Une des raisons pour lesquelles Harry et lui étaient devenus amis à la base était qu'il traitait toujours avec diligence la part des dossiers qui lui revenait.
« Je ne sais pas ce qu'ils me veulent tous ! »
Draco cacha son rire derrière sa manche quand il aperçut l'expression incrédule d'Harry. Enfin, ce dernier avait tout à fait le droit d'être consterné : son bureau était couvert de roses, de débris de cartes qui chantaient toutes seules, d'une immonde bouillie jaunâtre (des bonbons qu'on lui avait offerts et qui avaient fondus dans leur colis), et d'une boule de plumes ébouriffées ; cela dit, ce que le brun venait de dire était ridicule. « Tu sais ce qu'ils te veulent » lui dit-il donc.
Harry émit un grognement de frustration et ouvrit une autre enveloppe. La carte qui se trouvait à l'intérieur eut à peine le temps de faire entendre trois notes avant que l'Auror ne la froisse rageusement et la jette contre le mur. « Ca fait seulement une semaine qu'on s'est séparés, Ginny et moi » murmura-t-il, se passant la main dans les cheveux. « Ils ne peuvent pas me laisser un peu tranquille ? »
Ils le feraient s'ils avaient un peu de bon sens. Le blond fit disparaître la bouillie jaunâtre d'un coup de baguette, et son coéquipier lui adressa un sourire. Après tout, Harry aurait pu s'en occuper lui-même, mais de toute évidence il appréciait la sollicitude de Draco.
Draco lui retourna son sourire ; il se détourna avant que son regard ne puisse vraiment s'attarder - et donc le trahir. Il ne pourrait jamais se le pardonner si jamais il ruinait ses chances maintenant, comme tous ces idiots d'admirateurs.
« Je ne sais pas quoi faire » fit l'ancien Gryffondor. « Je ne veux pas mettre en place un de ces boucliers qui empêcherait les lettres de passer, parce que Charlie et Bill m'envoient des hiboux de temps en temps… Et je n'ai pas encore trouvé de moyen pour permettre à certaines chouettes en particulier de passer outre ce genre de sort, et de toute façon je pense que Ron ne va pas tarder à s'acheter bientôt un nouveau hibou - »
Draco ricana. « Je suis sûr que tu pourrais trouvé un moyen d'altérer ce genre de sortilèges, si tu le voulais vraiment » dit-il. « Ce que tu espères, c'est avoir des nouvelles de Weasley. »
« Bien sûr » s'exclama Harry ; il rouvrit les yeux, qu'il avait fermés avec lassitude un peu plus tôt. « Ron me donne tout le temps de ses nouvelles, et je viens juste de te le dire, son nouveau hibou - »
« Je parlais de sa sœur, et tu le sais. » Le blond se pencha vers lui.
Harry détourna les yeux vers les cartes postales qu'il avait reçues ; mais il n'était pas très doué pour le mensonge, tout comme pour prétendre être soudainement intéressé par quelque chose, et il respectait suffisamment l'intelligence de Draco pour ne même pas essayer de faire semblant. Il poussa un soupir. « Je suis transparent à ce point ? »
« Tu veux qu'elle revienne » dit l'ancien Serpentard ; il avait conscience qu'il lui fallait choisir ses mots avec soin. Son objectif était de réconforter Harry et de découvrir si la Weasley-femelle pouvait potentiellement être un problème dans un avenir proche - et il devait trouver un moyen de faire les deux à la fois. « C'est naturel, tu sais. Mais je pense que tu dois affronter la réalité en face : est-ce qu'il est vraisemblable qu'elle revienne ? Ou est-ce que tu qu'en t'obstinant, tu ne risques pas d'avoir encore plus mal ? »
Très bien joué, Draco, pensa-t-il, alors que son vis-à-vis se passait à nouveau la main dans les cheveux. Ca le force à en parler et à évacuer un peu de la peine qu'il doit ressentir, mais aussi à dire la vérité. Harry est toujours honnête.
« Je ne pense pas qu'elle va revenir, non » dit le brun avec lenteur. « La semaine dernière, elle m'a dit qu'elle m'en voulait depuis longtemps. Mais elle ne pensait pas qu'elle pourrait m'en parler, parce qu'on s'était dit au début de notre relation que je devrais passer pas mal de temps loin d'elle pendant mon entraînement d'Auror, et après pour le travail. Elle a essayé de trouver comment elle pourrait concilier cette décision et la tristesse qu'elle ressentait, et puis elle a découvert qu'elle ne pouvait pas. Et être heureuse était apparemment plus important pour elle. »
Draco hocha la tête, satisfait. Il n'avait pas besoin d'entendre l'amertume que son coéquipier éprouvait envers la Weasley-femelle ; il voulait juste être sûr qu'Harry n'allait pas revenir vers elle, une fois qu'il sortirait avec lui.
« Et être heureux devrait être plus important pour toi aussi », dit-il, le fixant droit dans les yeux avec fermeté. « Alors cesse donc de l'attendre, si tu penses qu'elle ne reviendra pas. »
Harry lui sourit. Puis il regarda à nouveau la pagaille sur son bureau, et poussa un soupir. « Je serais assez content de pouvoir faire ça », murmura-t-il, « mais comment est-ce que suis censé savoir qui pourrait me rendre heureux, alors que la plupart des gens se comporte comme ça ? » Une des cartes musicales tressauta, et récita un vers qui ressemblait à « Harry Potter, aussi doux qu'un Niffleur ». L'objet de la poésie en question se hâta de faire brûler la carte, l'air sinistre. « J'ai jamais été sûr de savoir si les gens étaient agréables avec moi parce qu'ils m'appréciaient, ou si c'était juste à cause de cette foutue cicatrice. »
Il se frotta le front d'un geste mécanique. Draco haussa les yeux au ciel ; il avait toujours trouvé que la frange de son coéquipier, que ce dernier mettait un point d'honneur à garder assez longue pour qu'elle cache sa cicatrice, faisait affreusement plébéien. Les gens continueraient à le fixer même s'il ne l'avait pas ; pourquoi ne pas arrêter de la cacher et essayer d'en tirer profit ?
« Et j'ai aucun moyen de savoir qui finirait par se lasser de moi, et risquerait d'aller tout raconter dans les journaux après. » Il ajouta soudainement, « Je me demande si c'est pour ça que je suis resté si longtemps avec Ginny. » Il fixa ses mains croisées devant lui d'un air sombre. « Je la connaissais bien. Je lui faisais assez confiance pour ne pas me trahir. Sa famille n'allait pas essayer de m'utiliser, non plus. C'était - c'était plus important pour moi que mon bonheur je crois, et depuis assez longtemps. »
« Ca n'aurait pas dû être le cas. » Draco se releva et il fit quelques pas vers le bureau d'Harry, laissant sa main s'attarder un instant sur l'épaule de son collègue. C'était le seul réconfort qu'il pouvait lui offrir pour le moment, et cela suffisait apparemment : il pouvait voir le visage du brun s'éclaircir. « Et concernant la personne qui pourrait te rendre heureux, eh bien, tu as juste besoin de chercher, non ? Même si je comprends bien à quel point ça doit être difficile pour toi. »
Le blond ramassa la boule de plumes blanches, qui se dirigeait avec détermination vers le bord de la table, et la leva jusque devant ses yeux. La chose en question essaya presque immédiatement de lui mordre le nez ; Draco sourit quand il reconnut le bec acéré d'un rapace. « Pendant ce temps, je vais te prendre ce cadeau-là, que tu n'as de toute évidence pas la capacité d'apprécier à sa juste mesure. »
« C'est quoi, cette chose ? » Harry se leva et regarda par-dessus l'épaule de Draco, et ce dernier pouvait sentir le souffle de son coéquipier sur sa nuque. Il sourit à nouveau - et laissons-le penser que c'est à cause de l'oiseau.
Le rapace en question émit un son aigu quand il aperçut Harry et il sautilla sur la paume de Draco, essayant de prendre appui sur ses doigts pour pouvoir atteindre les cheveux du brun et les mordiller. Le Serpentard éloigna adroitement sa main. « Une espèce de faucon » dit-il. « Je n'en sais pas assez sur eux pour pouvoir en reconnaître avec exactitude un si jeune. » Il haussa un sourcil quand il remarqua des taches noires sous les plumes blanches. « Mais je devrais bientôt pouvoir le savoir. »
« Je te le donne avec plaisir, alors. » Harry mit ses doigts hors de portée du faucon. « Je sais pas exactement ce que c'est comme foutu oiseau, et j'ai pas vraiment envie de le découvrir. » Il se saisit de sa cape qui se trouvait sur le dossier de sa chaise. « Je crois que j'ai encore besoin d'aller boire un coup au Chaudron. Tu viens ? »
Draco le dévisagea avec attention pendant un instant. Harry écarquillait un peu les yeux ; pourtant, il n'avait pas l'air de douter de lui - comme s'il pensait que le blond serait tout à fait capable de quitter leur bureau, même avec l'oiseau dans sa main. Il lui fit un petit signe de la main gauche comme pour l'inviter à le suivre, puis resta immobile.
Je serais vraiment stupide de rester ici quand il veut que je vienne. Le Serpentard leva sa baguette et fit apparaître une cage pour le faucon ; puis il appela l'un de ses elfes de maison, Tibby, pour qu'il apporte des morceaux de viande et nourrisse son nouvel animal. Moins d'une minute plus tard, il avait mis sa propre cape et il accompagnait Harry dans le couloir.
« Merci », lui dit son coéquipier. « C'est juste - c'est plus agréable quand quelqu'un vient avec moi. »
Draco eut un sourire - c'était évidemment un mensonge - mais continua à regarder droit devant lui.
« Hé, Malfoy ! Je veux te demander quelque chose ! »
Le blond cligna des yeux et tourna la tête. Weasley se ruait vers l'ascenceur dans lequel il se trouvait, et dont les portes étaient déjà en train de se refermer. Avec un soupir, Draco tendit la main et arrêta la fermeture des grilles. Weasley entra une seconde plus tard, le souffle court, et hocha la tête ; puis il se contenta de se tenir à côté de lui, se passant la main sur le front d'un air fatigué, alors que l'ascenceur montait vers le premier étage.
« La question, Weasley ? » l'interrogea Draco, quand ils eurent passé trois étages dans le silence le plus complet. Il appuya l'épaule contre le mur et fit de son mieux pour prendre un air ennuyé ; il supposait qu'il allait bentôt entendre un conseil au sujet d'Harry, ou apprendre des informations sur Weasley-Femelle.
« Ouais » fit le rouquin, apparemment tiré de son état de transe - en effet, il devait être tellement fascinant de contempler ses propres gouttes de sueur tomber sur le sol. Le blond réussit à s'empêcher de lever les yeux au ciel. Il ignorait la raison pour laquelle Harry était devenu avec ce crétin, mais il supposait que son coéquipier avait besoin que tous les aspects de sa personnalité soient stimulés - les plus simples, comme les plus complexes. « Je veux savoir ce que tu fabriques avec Harry. »
« Tellement de choses », fit le Serpentard d'une voix condescendante, et Weasley recula d'un pas. « On est coéquipiers. On signe des rapports ensemble. On discute des actions de certains criminels. On parle de - »
« Je sais tout ça ! » s'exclama l'autre homme, irrité. « Ce que je veux savoir, c'est ce que tu lui as dit qui fait qu'il n'a plus envie de retourner avec Ginny. On attend tous qu'il le fasse, mais à chaque fois il a l'air vaguement mal à l'aise et il change de sujet. » Il se rapprocha d'un pas, menaçant ; Draco s'empêcha une fois de plus de lever les yeux au ciel - il imagina plutôt Harry étendu sur son bureau, les jambes ouvertes et le souffle haletant. « Et je sais que ça a quelque chose à voir avec toi, parce qu'il a l'air encore plus mal à l'aise à propos de ça quand il revient du boulot. »
Le Gryffondor lui avait en effet expliqué qu'il était retourné habiter chez Weasley quinze jours auparavant. Draco poussa un soupir. Les pires aveugles sont ceux qui ne voient pas les bénédictions qui leur sont accordées. Il serait bien plus poli, lui, s'il vivait avec Harry ; il serait tellement heureux, en fait, qu'il ne pourrait pas s'empêcher d'être plus poli.
« Il se trouve que je l'ai laissé partir plus tôt du bureau et aller boire un verre au Chaudron Baveur, parce que c'était ce dont il avait besoin » dit-il. « Parfois, je l'aide. Et quand Harry est d'humeur, on se moque des gens qui lui envoient des cadeaux. » Il sourit un peu. Le faucon blanc, qu'il avait nommé Gamaliel, était la seule chose potable de toute la marée de présents désespérés que son ami avait reçus. « Je ne lui ai pas dit qu'il devait continuer à sortir avec ta sœur, ni qu'il devait arrêter. J'ai juste compati. »
Weasley fronça les sourcils, perplexe - son cerveau n'arrivait probablement pas à comprendre le mot « compatir » -, puis il recula à nouveau d'un pas et racla le sol de l'ascenceur à la manière d'un taureau furieux. « Si je découvres que tu mens, Malfoy… »
« Tu peux toujours demander à Harry » suggéra Draco alors qu'ils atteignaient le Département de la Justice Magique et que les portes s'ouvraient. « A moins que tu ne penses que ton meilleur ami puisse te mentir. »
« Il n'a jamais été raisonnable quand quelque chose te concerne », murmura l'autre homme, sortant de l'ascenceur.
« Eh bien, demande à ta sœur ce qu'elle fait pour qu'Harry revienne vers elle alors », lui rétorqua le blond sur un ton ennuyé - bien qu'il soit loin de ressentir un tel désintérêt. Je devrais pouvoir obtenir quelques informations. « Peut-être qu'il n'a pas très envie d'essayer de reconquérir une femme qui a rompu avec lui. »
Weasley croisa les bras, et fronça les sourcils. « Elle ne fait rien du tout », dit-il d'un ton sec. « Elle est trop confiante, et elle croit qu'Harry va revenir tout seul… Alors elle profite de sa liberté et fait exprès de croiser Harry ''accidentellement'' quand elle est avec ses nouveaux petits copains. »
Draco ravala un éclat de rire victorieux. Soit elle n'est plus intéressée, soit elle a tellement confiance en elle qu'elle ne va même pas remarquer quand quelqu'un d'autre va prendre sa place dans le cœur d'Harry. Les deux solutions sont de bonnes nouvelles pour moi, de toute façon. « Très bien, alors », fit-il, assez neutre. « Parle-lui à elle, pas à moi. » Il dépassa Weasley et se dirigea vers son bureau.
Le rouquin continua à lui lancer des menaces stupides, mais l'Auror ne vit aucune raison de se retourner. Il ouvrit la porte de son bureau, et la referma bien vite derrière lui. Harry n'était pas encore là, et il s'en réjouit ; il ne voulait pas que quelqu'un d'autre puisse voir le grand sourire machiavélique qui étirait ses lèvres.
La Weasley-Femelle a passé six ans avec lui, et n'a jamais eu aucun rival - en tout cas, c'est ce que tout le monde a supposé. J'ai passé trois ans avec Harry, et je suis bien plus déterminé et intelligent qu'elle. On va voir lequel de nous deux va gagner la partie !
C'était les moments comme celui-ci qui rappelaient à Draco pourquoi il était tombé amoureux de Harry - les éclairs éblouissants des sortilèges qui passaient au-dessus de leur tête, et son coéquipier qui les évitait avec la grâce d'un acrobate.
Le blond lança un Charme du Bouclier, avant de jeter un sortilège qui fit se dresser une barrière d'électricité scintillante pour contrer le maléfice de Magie Noire qui venait de détruire son bouclier dans une pluie d'étincelles. Puis il évita avec adresse les éclairs des sorts qu'on lançait en tous sens autour de lui et visa son attaquant ; le sort qu'il lui envoya avait pour but de perturber son rythme cardiaque. L'homme en face de lui poussa un gémissement de douleur et tomba à terre ; Draco s'empressa de le Stupéfixier et de l'attacher à l'aide d'un Incarcerem.
Harry donnait l'impression de danser alors qu'il s'efforçait d'éviter les maléfices de trois autres sorcières, un peu plus loin. Leurs opposants étaient en fait une bande de contrebandiers qui capturaient des créatures magiques de toutes sortes, avec l'intention de les tuer et de s'en servir comme ingrédients pours les potions. L'ancien Gryffondor, avec trois baguettes dirigées droit sur lui, aurait dû être blessé ou essoufflé - mais seules les pointes de ses cheveux bruns fumaient un peu ; un maléfice Cuisant avait dû le frôler d'un peu trop près. Il leva sa baguette à trois reprises, coup sur coup, et deux des sorcières furent projetées contre un mur ; la troisième poussa un hurlement de douleur et tituba, une blessure sanguinolente au bras droit.
Il était tombé amoureux de Harry parce que le brun pouvait se battre comme ça ; il se jetait dans la bataille comme si rien d'autre ne comptait pour lui, mais il parvenait toujours à s'en sortir et se comportait comme s'il ne s'était rien passé - comme s'il était un homme normal. En fait, il avait le comportement le plus sensé par rapport au combat que Draco ait jamais vu. Il voulait survivre, et il était focalisé sur cet objectif quand il menait un duel ; puis il cessait d'y penser une fois la bataille achevée.
Draco évita un Sortilège de Découpage lancé en direction de ses genoux, et répliqua par un violent Confringo ! L'autre homme qu'il atteignit tomba sur le sol ; le blond put entendre le bruit de ses os qui se broyaient, puis il vit que son assaillant ne bougeait plus.
Peut-être qu'il n'était pas tombé amoureux d'Harry durant leur entraînement en tant qu'Aurors, quand le brun ne faisait que se plaindre à voix basse, et passait beaucoup de temps tout seul - il faut dire qu'alors il se battait avec un syndrome post-traumatique, hérité de la guerre contre Voldemort. Et peut-être que certaines personnes disaient qu'encore maintenant, il n'était pas tout à fait sain d'esprit - qu'il était mieux de ne pas compartimenter les différents aspects de sa vie, de séparer le combat du reste.
Le sorcier qu'il venait juste de faire tomber essayait de se relever. Draco se hâta de lui lancer coup sur coup un Impedimenta, un Stupéfix et un Expelliarmus.
Mais Draco ne pensait pas la même chose. Il savait comment fonctionnait Harry, il pouvait apprécier la part d'ombre qu'il portait toujours en lui - comme la lumière qui se dégageait même des aspects les plus sombres de sa personnalité. Il acceptait cette fureur de vivre, cet exceptionnel état d'esprit.
Harry fit un dernier tour sur lui-même. Il lança cinq sortilèges, tous différents ; le Serpentard put reconnaître un Sortilège du Saucisson et un Sort de Désarmement, mais il ne put identifier les autres assez rapidement. Mais cela importait peu de toute façon ; leurs ennemis restants furent tous projetés violemment en arrière, et retombèrent immobiles sur le sol.
Le brun s'arrêta, essoufflé, et lui lança un sourire.
Pour obtenir un autre sourire comme celui-ci, Draco était prêt à patienter des mois - des années s'il le fallait. Il avait déjà attendu deux mois, et Harry n'était sorti avec personne d'autre - bien qu'il n'ait pas cessé de recevoir tous ces stupides cadeaux.
Et le pousser un peu ne coûtait rien, après tout - alors Draco prit soin de lui retourner son sourire, lentement et d'un air satisfait. Son coéquipier le fixa pendant une brève seconde, puis se détourna rapidement, les joues à peine rougissantes.
Draco sifflotait à voix basse alors qu'ils se dirigeaient vers les sorciers à terre pour les amener au Ministère.