Bonjour à tous, me revoilà avec une nouvelle histoire !
Tentons de rédiger une petite introduction. Pour changer un peu, j'ai commencé à rédiger le premier paragraphe sur un coup de tête, sans vraiment savoir ce que j'allais en faire (en fait je ne pensais rien en faire pour être honnête). Un peu noir et tragique, d'ailleurs ce paragraphe, n'est-ce pas ? Ensuite, j'ai décidé d'écrire une nouvelle à partir de ça, et je me suis lancée avec le retour d'une nouvelle Hermione à exploiter. Mais au bout de quelques pages, je me suis rendue compte que j'avais de quoi en faire une fic complète en plusieurs chapitres et que beaucoup d'idées me traversaient. So, this is it.
Le titre de l'histoire « For the heart I once had » est le titre d'une chanson de Nightwish, on peut le traduire par « pour le coeur que j'avais autrefois ». C'est assez important pour moi de choisir un titre définitif avant de vraiment débuter l'histoire, pour pouvoir me permettre de savoir où je veux aller. Je ne sais pas encore exactement combien il y aura de chapitres, une petite quinzaine je pense. Si vous voulez des bonus de backstage, le titre provisoire était « not for me » et je comptais partir vers une tout autre fin, mais j'ai changé mes plans après avoir terminé ma précédente histoire « In Light, In Darkness », pour ceux qui l'aurait lu aussi, sachez que ça n'aura pas grand chose à voir. Et que c'est volontaire, d'où le changement de titre. Je veux essayer de faire en sorte que ces histoires ne se ressemblent pas, même si elles emploient les même personnages. C'est assez difficile d'ailleurs, après avoir travaillé et forgé un caractère et une histoire de repartir de zero sur une autre voie, mais je vais essayer de faire de mon mieux ! L'ambiance sera totalement différence, j'espère que vous apprécierais quand même.
J'ai mis un rating T pour le moment, je ne sais pas si ça va changer ou non.
J'espère que ça vous plaira, je vous souhaite une bonne lecture ! :D
Chapitre 1 : Au croisement de nos vies
Music mood : Frozen – Within Temptation
L'homme renversa tout ce qu'il y avait sur son bureau en hurlant. Les encriers se brisèrent sur le sol dans un fracas de verre, tachant les parchemins. Les livres s'ouvrirent et fracturèrent leurs reliures tandis que leur bourreau s'avançait vers sa bibliothèque. Il lança au sol d'autres ouvrages avec rage, saisissant une statuette en bronze pour l'envoyer briser un des vitraux du bureau. Il perdait le contrôle de tout, c'était fini, il cédait. Pour la première fois en vingts ans, il n'avait plus aucune prise sur lui-même. Le légendaire masque de glace se fracturait dans tous les sens. Severus Snape ne pouvait plus rien faire pour combattre la fureur qui l'envahissait. Il hurlait littéralement, réduisant à néant tout ce qui se trouvait à porté de mains, il se mit à frapper le meuble en bois qui lui servait de secrétaire, sentant toute sa fureur s'arquer dans ses muscles.
Il ouvrit soudainement un des tiroirs de son feu bureau et en tira un long poignard en métal. Il fallait qu'il ressente la douleur, qu'elle s'insinue en lui jusqu'au plus profond. Sa plus fidèle compagne, sa seule compagne, la seule chose assez forte pour exorciser tout le reste. Il remonta rageusement la manche de sa chemise et mordit sa chair de la lame, sentant le liquide chaud et poisseux couler sur sa peau, accompagné de cette sensation tellement familière. Il avait mal, il se vidait de son sang. Mais ça ne lui faisait plus rien, ce n'était pas assez. Plus assez. Rien ne chassait ce gouffre noir au fond de lui qui lui rongeait les entrailles. Alors il recommença, encore et encore, transforma son bras en lambeaux de chair. Mais bientôt, il ne sentit plus rien. Il renversa la dernière chaise encore debout d'un coup de pied et s'effondra au sol la seconde d'après, se vidant de son sang. Ça ne partait pas. Toujours ce même regard.
Cette petite garce, cette sale pute ! Comment osait-elle ? Pourquoi le regardait-elle avec ce regard immonde visé sur le visage ? Il n'avait pas besoin de ça, il n'avait pas besoin d'elle. Une sale gamine impétueuse, la fidèle alliée de Potter. Non, il n'avait pas besoin de voir ça dans ses yeux à elle.
Soudain la porte de son bureau s'ouvrit. Et elle recommença à lui hurler dessus, comme elle le faisait toujours. Il aurait voulu l'étrangler, la voir suffoquer entre ses doigts. Mais il n'y voyait déjà plus assez clair pour ça à mesure que le sang se répandait sur le sol de pierre. Des mains s'approchèrent de lui. Il lui saisit le bras en hurlant quelque chose et la repoussa violemment, elle tomba au sol en gémissant. Il s'en moquait. Il la haïssait.
Elle se releva malgré tout et réussit à lui agripper fermement le bras. Il vit alors la forme d'une baguette pointée sur lui. De son bras libre et valide il la saisit alors, sentant une peau froide sous ses doigts. Il se moquait de savoir quoi ni comment, il allait la tuer. Ne plus revoir son regard, ne plus entendre ses paroles ignobles, ne plus sentir ça. Il resserra ses doigts sur sa gorge. Elle lui sourit et posa une main douce sur sa joue. Puis les doigts de Snape se refermèrent sur du vide et sa vision de la jeune femme disparut. Il comprit, il comprit à nouveau. Parce qu'elle ne reviendrait jamais. Parce qu'elle était déjà morte. Pour lui. Son esprit s'écroula une nouvelle fois.
- 5 mois plus tôt -
Hermione courrait dans les couloirs de l'hôpital, c'était la folie. Les blessés affluaient de partout. Elle ignorait encore en détail ce qui s'était passé, on les avait informé très sommairement qu'un incident avait eu lieu avant de voir débarquer des sorciers par dizaines. Des cris emplissaient le couloir des urgences de Sainte Mangouste, elle avait du sang sur sa blouse et le cerveau complétement anesthésié, mais elle ne pouvait pas faillir. Elle était là pour ça, c'était son métier. Être médicomage n'avait jamais été sa vocation première, non, ça c'était évident. Parce qu'ici, ça n'avait rien à voir avec les livres, avec la théorie, avec les actions prévisibles et calculées. C'était la réalité. Et il lui avait fallut revenir à la réalité pour éviter de se perdre après la défaire de Voldemort.
Elle avait cru que tout irait pour le mieux, jusqu'au dernier moment. Mais elle s'était trompée. Ça ne finit pas toujours bien. Et il n'y avait pas un seul jour sans qu'elle se rappelle les gens qu'elle avait perdu parce que personne n'avait pu les sauver. Ici, elle pouvait sauver des vies, et c'est ce qu'elle faisait avec le plus d'ardeur.
Le monde des sorciers était toujours dans le plus profond des chaos, même avec la chute du plus terrible mage noir. Parce que les choses n'avaient pas prévue que le sauveur ne survivrait pas. Harry Potter, le garçon qui aurait pu faire la différence n'était plus là. Crise économique, crise politique, un gouvernement instable, des Mangemorts en fuite et un pays à la dérive. Mais malgré ça, elle, elle employait le temps qui lui restait à essayer de faire quelque chose de concret. Elle lui devait bien ça.
Une infirmière l'appela alors qu'elle passait dans le couloir en direction de la porte des admissions, ils étaient tous débordés et en sous effectif. Elle courut dans sa direction et se pencha sur le patient. Mais il était déjà à moitié mort, il n'y avait rien qu'elle ne puisse plus faire, même la magie ne peut faire des miracle.
- Stade noir, dit-elle en secourant la tête.
Elle marcha entre les brancards, s'arrêta sur les patients les plus graves, pratiquant les premiers gestes dans certains cas, criant presque ses directives à son équipe médicale. Ils avaient confiance en elle, elle avait confiance en eux, ils étaient une famille, ils se serraient les coudes.
Soudain, elle commença à tomber de plus en plus sur des visages familiers. Des membres du bureau des Aurors, des gens qu'elle avait connu durant la guerre... Elle voulait savoir ce qui s'était passé. Elle se précipita sur un nouvel arrivant. Un homme d'une trentaine d'année, partiellement brulé et la jambe droite sectionnée.
- Stade rouge ! Emmenez-le, salle une, faites descendre un mage spécialiste de la reconstruction tissulaire. Trouvez-moi des potions de régénérations sanguine et par pitié faites sortir ce cadavre de cette salle ! Dicta-t-elle aux deux autres médicomages avec elle.
Elle allait disparaître dans la salle pour s'occuper du patient quand on la héla de l'autre bout du couloir surchargé. Une autre équipe de secouristes venait de débarquer. Ils étaient deux, portant à bout de bras le corps de quelqu'un. Elle ne savait pas d'où ils revenaient, mais visiblement, le champ de bataille avait été rude. Elle laissa l'homme brûlé aux deux sorciers et s'approcha des secouristes. Elle était la seule responsable de service aujourd'hui, c'était à elle d'assurer le triage. Pas questions de laisser passer quelque chose.
- Mettez-le là ! Dit-elle en désignant un brancard vide qui trainait contre un mur. Des constantes ?
- Pouls faible et filant, énonça une des secouristes, grande perte de sang, on n'avait plus de potion de régénération sur place. Une plaie profonde sur le visage et de nombreuses sur le torse. J'ai tenté de...
- Ça fait longtemps que nous sommes en service, l'aida son partenaire.
Hermione hocha la tête. C'était une sort complexe, et fatiguant.
- Bon travail, Lisa, dit-elle en se pencha pour examiner plus attentivement le patient.
Soudain, elle sursauta.
- Merde !
Elle se retourna vers les deux secouristes, qui la regardaient sans comprendre. Ils n'avaient pas dû le reconnaître avec tout ce sang sur le visage. Et ils ne le connaissaient surement pas aussi bien qu'elle. Mais c'était... Depuis toutes ces années, elle n'avait jamais plus entendu parler de lui.
- Vous le connaissez ? Demanda Lisa.
- Oui. C'est Severus Snape.
Il y eut un vague flottement dans l'air, comme si elle venait d'annoncer la fin du monde. Mais elle reprit rapidement ses esprits, se concentrant sur son métier pour refouler la multitude de questions qui lui venait à l'esprit. Plus tard. Toujours plus tard. De toute façon, il n'y avait rien de décisif en jeu, à part la vie de ses patients. Hermione se contenta donc de prendre en charge un patient de plus, sans divulguer son identité aux personnes qui travaillaient avec elle. Après tout, ils ne l'auraient pas fait pour un autre. D'abord ils soignaient, ensuite ils cherchaient à savoir ceux qu'ils sauvaient. Ils étaient dans un hôpital, tout le monde à la même enseigne. Personne n'avait le droit de décider qui devait vivre ou qui devait mourir, eux pas plus que les autres. Pourtant des fois la tentation était grande. Mais ils avaient un devoir à faire, l'ignorance aidant.
Au fil des heures, la jeune femme continua à voir une masse incalculable de gens. Et bien qu'elle n'oubliait pas un certain détail de la journée, les choses furent reléguées à un second plan pour quelques temps. Il avait été soigné efficacement, ses jours n'étaient plus en danger. Enfin, du moins, ils lui avaient permis de survivre à ses blessures présentement. Elle ignorait quoi faire. Quelque part au fond d'elle même, elle aurait eu envie de faire comme si de rien n'était, de le laisser se remettre sans qu'il ne la croise, de ne pas poser de question et de ne pas le voir partir, sans rien chercher d'autre. Mais pourtant, étrangement, elle voulait savoir.
Elle avait des tas de questions. Où était-il ? Que s'était-il passé ? Elle voulait peut être se raccrocher à ce qui lui restait comme repère, aussi tordu que cela puisse paraître, elle l'avait côtoyé pendant presque 8 ans, durant toute son adolescence. Maintenant, Harry n'était plus là, Dumbledore n'était plus là, tellement de gens n'étaient plus là.
- Granger ?
Elle sortit brusquement de ses pensées et redressa la tête. Elle s'était laissée choir sur le canapé dans la salle de repos du personnelle. Un médicomage venait de la tirer de ses pensées et lui tendit un petit paquet de feuilles reliées dont elle se saisit.
- C'est le traitement pour le patient à la jambe amputée, tu peux contre-signer ?
Elle parcourut rapidement des yeux les lignes. Il s'en était tiré. S'il répondait bien, ses brûlures disparaitraient à long terme, pour la jambe en revanche... Elle signa le dossier et le rendit à son collègue.
- Dure journée, hein ?
- Oui. On n'attend plus de patients graves ?
- Pas pour le moment non, l'équipe de nuit ne vas pas tarder à arriver, tu devrais y aller.
- Oui, dans un moment, j'ai des dossiers à finir.
- Tu as une sale tête.
- Merci beaucoup, charmant, plaisanta-t-elle. Je vais y aller, promis. Et mon patient avec les lacérations au visage ?
- Il a était transféré en soins intensifs il me semble, il a une salle cicatrice sur la figure, je ne sais pas si on pourra lui rendre la même apparence. Il va falloir que les ecchymoses disparaissent avant de l'identifier.
Pendant une seconde, elle ouvrit la bouche pour dire qu'elle savait de qui il s'agissait. Puis elle se ravisa, sans trop savoir pourquoi.
- D'accord, merci.
Son collègue lui fit un signe de tête et sortit de la pièce. Elle soupira longuement et prit son courage à deux mains en s'asseyant devant la pile de dossier qu'elle avait à remplir. Les urgences magiques de Sainte Mangouste n'avaient pas à se plaindre du manque de travail. L'ennuie avec la magie, c'est qu'on ne sait jamais sur quoi on peut tomber. Heureusement pour eux, ils avaient un très bon département de recherches en soins magiques, un excellent centre anti-poison et des sorciers qualifiés derrières eux. La jeune femme remplit consciencieusement la paperasse en retard, ne se souciant pas vraiment qu'elle avait fini sa garde depuis plus de trois heures. De toute façon, personne ne l'attendait chez elle. Personne ne l'attendrait ailleurs non plus.
La porte de la salle de repos s'ouvrit de temps à autre sur le personnel, qu'elle salua gentiment. Ils étaient habitués à la voir même quand elle ne travaillait plus officiellement. Lorsqu'elle releva la tête il était minuit passé, elle songea qu'elle devait quand même rentrer dormir un peu. Elle était de repos le lendemain, mais elle avait une conférence à suivre dans l'après-midi. Elle rangea donc les dossiers dans un coin de la pièce, retira sa robe verte de médicomage et récupéra sa cape dans son casier. Elle passa devant l'accueil des admissions, salua ses collègues et prit l'ascenseur. Les urgences étaient situées en sous-sol par rapport au niveau de la rue et s'ouvraient sur un parking réservé au transplanage d'urgence, elle préférait sortir par le rez-de-chaussé en passant par le service administratif de l'hôpital. Bizarrement, ses doigts appuyèrent d'eux même sur le bouton du quatrième étage.
- Lundi 5 septembre, 00h20 -
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur le service de pathologie des sortilèges. Des soins intensifs magiques étaient prodigués aux patients après avoir survécu à leur arrivée aux urgences.
Hermione fit un pas dans le couloir et passa devant le standard pour consulter le tableau accroché dans le couloir principale. Personne ne l'ennuya, on la connaissait assez bien depuis le temps qu'elle travaillait ici pour ne plus lui demander son identité. Elle repéra son nom dans la colonne des médecins référant et chercha le patient qui l'intéressait. Chambre 227. La jeune femme noua ses cheveux bouclés pendant qu'elle marchait à travers les couloirs autrement plus silencieux que ceux des urgences. Elle approcha et ralentit le pas pour chercher le numéro sur les portes qui défilaient. Puis elle s'arrêta enfin devant la bonne, et soudain, son courage lui manqua.
Depuis combien de temps exactement attendait-elle ce moment ? Elle pensait qu'il n'arriverait jamais. Aujourd'hui, elle avait l'occasion de remercier en personne l'homme à qui elle devait d'être encore en vie. Ça, personne ne le saurait jamais, mais elle, elle n'oublierait pas. Plusieurs fois, elle avait eu envie d'exposer une vérité toute autre à la face du monde, d'expliquer les actions de Snape et de Dumbledore, et celles de Harry également. De se dresser contre l'injustice de l'opinion publique qui accusait avec tous les autres l'homme, disparu à l'époque. Mais elle ne l'avait pas fait, parce qu'elle n'en avait pas eu le courage, d'être seule contre tous. Et pour quoi au juste ? Il avait disparu, il s'était enfui sans dire un mot. Et il n'était jamais réapparu. Alors elle s'était convaincue qu'elle avait rêvé, qu'il était mort et qu'elle ne le reverrait jamais.
Jusqu'à ce soir. Elle ne tournerait pas les talons encore une fois face à sa conscience.
Elle entra dans la petite chambre. Il y avait deux lits, un seul des deux étaient occupé par une grande silhouette allongée, recouverte d'un drap blanc. Les rideaux étaient tirés et seul une maigre lumière provenait d'une lampe à huile sur la table de chevet. Elle s'approcha lentement sans faire de bruit, et scruta la respiration lente et bruyante du patient. Des bandages lui barraient la moitié du visage, et l'autre moitié était tuméfiée. Mais elle savait que c'était lui.
Elle resta un moment immobile, sans savoir vraiment quoi faire, à le regarder sommeiller. Sa présence ne servait à rien, elle aurait mieux fait de partir et de rentrer chez elle pour dormir un peu. Mais elle était comme hypnotisée. Une foule de souvenirs l'assaillait en même temps. S'il avait été conscient de sa présence, il l'aurait congédié sur le champ avec son mépris habituel. Cette pensée la fit sourire malgré elle. Elle s'approcha du lit, elle aurait voulu dire quelque chose, s'il avait entendu malgré son état de demi-conscience. Mais elle comprit qu'elle était ridicule et tourna le dos dans l'intention de quitter le bâtiment.
Un grognement l'arrêta. Elle se retourna et resta pétrifiée.
- Qui est là ? Articula lentement une voix dure.
Elle attendit un moment que son rythme cardiaque redescende. Il ne l'avait pas reconnue, une chance. Évidement, il faisait sombre, il avait un œil bandé et l'autre à la paupière tellement gonflée qu'il ne devait pas y voir grand chose. Comment aurait-il réagi si elle lui avait dit que c'était elle ? Elle n'avait pas le courage de le savoir après tout. Elle continuerait à fuir.
- Je suis votre médicomage, dit-elle d'une voix qu'elle espérait qu'il ne reconnaisse pas. Comment vous sentez-vous ?
- Depuis combien de temps suis-je là ?
Il aurait pu demandé ce qu'il avait, si c'était grave, s'il allait mourir. C'était ce que la plupart des gens disaient à leur réveil. Ou bien ils demandaient où étaient leur famille, mais dans le cas présent, elle voyait mal qui il aurait aimé faire venir à son chevet. Non, il se contenta de demander s'il avait été inconscient longtemps. Elle ne savait pas si ça devait la désespérer ou la rassurer.
- Vous êtes arrivé dans l'après-midi. Il est bientôt 1h du matin.
- Aucune blessure mortelle ?
- Vous êtes hors de danger, vous allez vous rétablir.
- Dommage.
Elle sentit son coeur se serrer dans sa poitrine pour ce simple mot et partit comme une voleuse avant de se trahir. Elle sortit rapidement de la chambre et traversa les couloirs comme si elle fuyait le diable en personne. Il avait toujours la même voix froide et impersonnelle. Toujours aussi détaché et inexpressif. Combien de fois avait-elle entendu cette voix lui répéter la même chose ? Dans ses souvenirs ? Elle sortit de l'hôpital presque en courant, se mélangeant à la foule londonienne pour rentrer chez elle le plus vite possible. Elle prit le metro, elle aimait bien revenir dans le monde moldu à la fin de sa journée et laisser toutes les abominations que la magie pouvait commettre derrière elle. Elle ne passait pas inaperçue avec sa cape noire, mais il y avait assez de gens bizarres à Londres pour que personne ne s'en offusque plus que de raison. Elle descendit deux stations après. Elle habitait relativement près de son lieu de travail, dans une petit immeuble résidentielle dans un coin tranquille, avec des voisins moldus. Elle devait avoir une petite réputation, la jeune fille bizarre, la jeune fille au hibou, mais la plupart des autres résidents trouvaient ça amusant.
Elle grimpa les trois étages au pas de course, se força à ne pas utiliser l'ascenseur et tourna les clefs dans sa serrure. Elle entra et laissa trainer sa cape sur le porte manteau, passa dans sa chambre sans demander son reste et se laissa tomber sur son lit dans un soupir de soulagement.
Mais le sommeil ne venait pas malgré son épuisement physique, seulement les questions, les reproches et la culpabilité.
- Mais qu'est-ce que tu fais, Hermione ? Murmura-t-elle en regardant le plafond.
- Mardi 6 septembre, 15h32 -
Hermione était assise au deuxième rang, dans un amphithéâtre aux murs recouverts de bois sombres, au dernier étage de l'hôpital. Elle assistait à une conférence sur les dernières découvertes à ce jour dans le domaine complexe des potions. Il était important que les médicomages prennent connaissance des nouveaux poisons qu'ils pouvaient rencontrer, tout autant que les nouveaux traitements qui existaient. Et pour illustrer ces propos, un Maitre de potions était là. Un certain Damien Levinski, un sorcier hautement respecté dans le milieu dont les travaux étaient très productifs. La conférence touchait à sa fin, mais contrairement à ses habitudes Hermione n'avait pas été très attentive.
Elle se rendit à peine compte que le conférencier rassemblait ses affaires et que les sorciers commençaient à se lever et à quitter la pièce. Lorsqu'elle en fit de même pour se diriger elle aussi vers la sortie, elle vit le Maitre de potions l'interpeller en venant vers elle. Il la salua et elle lui serra poliment la main, ne sachant trop comment il la connaissait.
- Miss Granger, permettez-moi de vous voler quelques minutes de votre temps.
Elle fit un signe de tête et ils s'écartèrent de la file des sortants. Elle regarda plus attentivement son interlocuteur. Il n'était plus de la première jeunesse et abordait une paire de lunettes rectangulaires noire. Il portait un costume gris impeccable et ses cheveux grisonnant étaient tirés en arrière. Son apparence lui donnait l'air d'une personne avenante et cultivée.
- Je suis ravie que vous soyez venue assister à cette conférence.
- Je vous en prie, c'était très intéressant, se força-t-elle à répondre.
- Je ne vais pas y aller par quatre chemins. J'ai appris par mes relations que vous travaillez toujours aux urgences de l'hôpital.
- En effet.
- Je vous avoue que j'en suis assez surpris, depuis le temps que vous avez été diplômée médicomage... Je ne pensais pas que vous choisiriez ce service. J'ai entendu dire que vous avez toujours été une sorcière brillante. Vous avez fait vos classes au service de potiologie ?
- Naturellement, j'ai étudié un temps dans ce service pour ma formation.
- Vous n'avez pas songé à y travailler à plein temps, en tant que chercheur ?
- Eh bien... J'aime mon travail actuel pour tout vous dire.
- Hermione, vous êtes une sorcière remarquable, je ne vous cache pas que vous savoir en train de travailler dans un laboratoire nous serait d'une grande aide. Nous manquons de gens doués. Je suis en passe de prendre la succession de ce service, et j'aurais aimé vous compter parmi les nouveaux éléments.
- Vraiment ? Je l'ignorais, félicitation, nous aurons l'occasion de nous voir plus souvent, sourit-elle.
- Réfléchissez à ma proposition, dit-il.
- Je suis flattée que vous pensiez à moi, j'y réfléchirais. Mais je ne vous cache pas que pour le moment je ne pensais pas changer de plan de carrière.
- Vous savez ou me joindre.
Il la salua une dernière fois et la laissa s'en aller. Elle quitta les lieux en repensant à la discussion. Non, elle n'avait pas pensé à changer de service pour le moment. Elle était bien aux urgences, l'action l'empêchait de réfléchir. Elle avait le sentiment de faire quelque chose d'utile. Bien sur, elle aimait les potions et les recherches, mais supporterait-elle d'être seule avec sa conscience pendant de longues heures ? Pire encore, elle ne pouvait pas mettre les pieds dans un laboratoire sans être assaillie de nombreux souvenirs dont elle se serait volontiers passé.