En petites foulées, tout le monde rejoignit l'entrée de la salle du trésor, derrière laquelle les tigres feulaient de façon assez peu rassurante.

- A présent, il va vous falloir être rapides et concentrés, dit Olivier Minne, car dès que toutes les clés seront dans les serrures au dessus de moi, le temps commencera à défiler.

Il attendit que Tatsumi traduise ses paroles, puis donna un cartouche à Tatsuya, un à Kame et le dernier à Koki. Le moment approchant, chacun se plaça près d'un engin permettant de les ouvrir, puis leva les yeux. La dernière clé venait d'être introduite dans sa serrure, déclenchant le mécanisme de la porte. Celle-ci commença à s'ouvrir lentement et Félindra fit rentrer les tigres dans leur cage, tanfis que Ueda se précipitait pour ouvrir le tube, puis déroulait rapidement le parchemin.

- Harmonie, annonça-t-il, pendant que Koki l'imitait.

- Portée, fit celui-ci alors qu'à son tour, le leader s'occupait du sien.

- Récital.

Ils lâchèrent le tout, puis, après la traduction, commencèrent à réfléchir à toute vitesse.

- Un truc commun à « harmonie », « portée » et « récital », résuma Junno pour qu'ils y voient plus clair.

Il y eut un très court silence.

- La musique, non ? hasarda Tanaka. Un récital, c'est de la musique une portée c'est pour écrire les notes de musique et la musique c'est des notes assemblées de façon harmonieuse.

- Ouais, ça doit être ça ! s'exclama Kame. Bon, on se répartit les lettres, ajouta-t-il alors que la porte atteignait le haut de la grille. M. U. S. I. Q. U. E.

Chaque lettre désigna tout à tour Taguchi, Tanaka, Nakamaru, Ueda et lui-même et ils se précipitèrent tous dans la salle, vers le damier géant. Ils perdirent quelques précieuses secondes à identifier les lettres avant que chacun rejoigne la sienne, puis il revint à Kazuya, le dernier placé, de poser les boulets sur le U et le E.

- Félindra ! Tête de tigre ! cria l'animateur de sa place.

L'interpellée fit alors pivoter une tête de tigre rouillée par l'air marin, placée près de la cage des fauves et tous retinrent leur souffle. S'ils s'étaient plantés, ce serait la loose intégrale.

Il y eut un bruit mécanique, qui sembla durer une éternité, puis le bruit joyeux de centaines de pièces tombant en cascade dans la fontaine aux Boyards et tous cinq se mirent alors à courir t Kamenashi eut une idée :

- Taguchi ! Porte Ueda, on va mettre les pièces sur lui, comme ça on en aura plus !

Aussitôt dit, aussitôt fait, le plus grand et lourd du groupe attrapa son ami bien plus léger sous les genoux et les aisselles et le souleva, le calant contre lui avant de s'approcher de la fontaine. Passant les mains à travers les barreaux rouillés, les trois autres commencèrent à déposer aussi rapidement que possible sur Tatsuya, toutes les poignées et brassées de pièces qu'ils pouvaient, le tas de Boyards augmentant rapidement.

- La porte ! les prévint soudain Minne par l'intermédiaire de Tatsumi, alors que celle-ci amorçait sa descente.

- On a encore quelques secondes ! fit Koki bien qu'il soit conscient que Junno, malgré ses muscles, ne pourrait plus tenir très longtemps comme ça.

En effet, leur ami était le plus léger de tous, mais entre son poids et celui des Boyards accumulés…

- Vite ! cria encore Minne par la bouche du traducteur.

Alors, Junno se mit à courir en direction de la porte en prenant garde à la fois de ne pas tomber et de ne pas lâcher son ami cramponné à son cou, tandis que Kame, Maru et Koki essayaient encore de grappiller quelques pièces. Le plus grand franchit rapidement les quatre marches et se courba un peu pour passer, avant d'aller vider son chargement doré dans un chaudron en cuivre. A bout de force, il le posa sur le sol et souffla, alors que les trois autres rampaient presque pour passer sous la porte, faisant tomber quelques pièces au passage. La porte se referma totalement, un fouet claqua et les tigres reprirent possession de la salle du trésor désertée, alors que tous cinq ramassaient ce qui était à terre pour le déposer dans le récipient.

- Félicitations, vous avez réussi, fit Minne. Ca n'a pas toujours été facile, mais vous vous en êtes sortis. Mais avant de découvrir le montant de vos gains, nous allons laisser votre ami emprisonné nous retrouver.

Après quelques instants, un Jin somnolent d'ennui et totalement aphone à force d'avoir braillé pendant si longtemps, les rejoignit, poussé par un La Boule ravi d'être enfin débarrassé de lui.

- Alors, Bakanishi, c'était sympa la prison ? demanda un Tanaka fatigué mais hilare.

Un grognement indistinct lui répondit.

- Bah alors, t'as perdu ta langue ? demanda Tatsuya.

En grognant de nouveau, Jin montra sa gorge, puis croisa les mains devant lui.

- Attend, me dis pas que… commença Kazuya.

- T'es aphone ? termina Junno.

Le malheureux hochant la tête en guise de confirmation, les cinq autres éclatèrent de rire.

- Sacré Bakanishi, fit Yuichi.

- Je me demande comment tu as fais, renchérit Ueda.

Un toussotement discret attira leur attention et ils tournèrent la tête vers le français.

- Connaitre le montant de vos gains vous intéresse ou vous préférez vous moquer de votre ami ?

Les membres du groupe se turent après la traduction de Tatsumi et regardèrent les deux nains porter le chaudron jusqu'à une balance, puis y verser son contenu. Il y eut un flottement de quelques secondes, avant qu'un chiffre ne s'inscrive sur l'écran.

- Cent quarante sept mille huit cent cinquante deux euros, annonça l'animateur. Joli.

- Heu… Et en yens, ça fait combien ? demanda Kazuya.

- Un peu plus de vingt millions deux cent cinquante mille yens, répondit Tatsumi.

- Uwah ! Génial ! s'exclama Koki.

- Franchement, on a géré ! fit Junno.

- Alors, les gars, franchement, c'était pas plus excitant de faire ça que « Takeshi » ? demanda Tanaka.

- Si, mais plus ja-mais ! répondirent les autres en chœur.