Allez avouez ... Vous avez bien cru qu'il n'arriverait jamais ce chapitre hein ?! Vous avez cru que j'avais disparu de la surface de la terre. Ouai moi aussi des fois j'ai l'impression de vivre dans une autre galaxie mais j'ai réussi à revenir de temps en temps pour écrire tout ça.

Le chapitre le plus long des Prétendants à ce jour ! J'espère qu'il vous plaira !

Sans plus tarder, je remercie toutes les personnes qui ont laissé des reviews au précédent chapitre et je vous laisse lire ! Merci de votre patience et de votre fidélité.

Et comme toujours tout est sur le BLOG !


Twilight et ses personnages appartiennent à Stephenie Meyer. Cette histoire et les modifications apportées au sujet d'origine sont entièrement miennes.


Les Prétendants

Par Pichou1490

- septième partie -

- Philadelphie, fin mai 1865 -

Une quinzaine s'était quasiment écoulée depuis l'attaque du jeune Tyler mais personne n'avait reporté quoi que ce soit au sujet James de Wittelsbach. A croire qu'il s'était évaporé dans la nature, qu'il n'avait jamais existé.

Un télégramme était même arrivé de Bavière, signalant qu'à la lecture de la lettre de Renée, la tante Augusta s'était sentie mal et était plongée depuis dans une profonde déprime qui inquiétait ses proches et ses médecins. James demeurait son petit protégé, son enfant préféré, et elle ne se remettait pas de ce qu'il avait pu faire. Il l'avait profondément déçue, mais Augusta s'était persuadée que c'était la mauvaise influence de l'Amérique qui l'avait poussé à agir ainsi. Il devait rentrer en Bavière et elle le remettrait dans le droit chemin.

Charles Swan s'était même plié à cette idée, si seulement il pouvait mettre la main sur le bougre et le renvoyer chez lui … il se contenterait de le savoir loin. Mais rien.

Cela faisait presque deux mois que la guerre avait pris fin, et les célébrations commençaient à s'essouffler. Le temps était à la reconstruction et autres affaires marchandes. Seul rester le pique-nique organisé par les Stanley qui avaient attendu que toutes les fêtes soient passées pour essayer de faire mieux que les autres. Orgueilleux, certes, mais c'était là le fonctionnement habituel de madame Stanley, donc personne ne fut surpris de recevoir son carton d'invitation. La plupart étaient même pressés de pouvoir s'amuser au premier pique-nique de la saison. Car avec l'approche de l'été, le beau temps se faisait de plus en plus persistent, ce qui ne pouvait que réjouir Isabella qui avait ainsi l'opportunité de monter à cheval plus souvent.

C'était justement ce qu'elle devait faire ce jour là. Elle avait déjà revêtu son amazone noire et n'attendait plus que son père qui achevait la rédaction d'une lettre dans son bureau.

Lorsqu'elle arriva au pied de l'escalier, elle fut surprise d'entendre raisonner une mélodie jouée au piano. Dans la maison, seule Alice était douée avec cet instrument -Renée, elle, préférait la harpe, le violon et la flute traversière- hors, son amie et sa mère étaient toutes deux absentes ce matin là.

Menée par sa curiosité, Isabella se dirigea vers le grand salon où se trouvait le piano. La porte demeurait entre-ouverte et elle put donc pénétrer dans la pièce sans alerter le musicien. A sa grande surprise, elle trouva là monsieur Masen qui jouait magnifiquement ce qu'elle reconnu être du Schubert, même si elle n'aurait jamais pu donner le nom du morceau.

Silencieusement, elle rejoignit un fauteuil et s'installa, l'écoutant jouer jusqu'à la dernière note. Lorsqu'il conclu, il sembla revenir à la réalité et se rendit compte de la présence de la jeune fille. Précipitamment, il se leva et s'inclina pour la saluer. Elle quitta elle aussi son fauteuil et lui rendit son salue d'une élégante révérence.

« Mademoiselle Swan. Pardonnez-moi je ne vous avais pas entendue. » Dit-il simplement, jetant un coup d'œil vers la porte toujours entre-ouverte.

Il n'était pas totalement convenable que les deux jeunes gens se retrouvent seuls dans une pièce fermée, même s'ils ne faisaient rien d'autre que parler.

« Tel était mon dessein, monsieur Masen. » Répondit-elle en souriant. « J'espère ne pas avoir outrepassé mes limites en venant vous écouter à votre insu. Le son était si envoutant que je n'ai pu rester à l'écart. » Continua-t-elle, ce qui le fit rougir. « J'ignorais que vous jouiez, monsieur. Tout autant que j'ignorais que vous étiez présent. » Plaisanta-t-elle.

« Je venais m'entretenir avec le Général Swan mais on m'a dit que je devais patienter quelques minutes. Monsieur et madame Cullen ne possèdent pas de piano et je n'ai pu résister en voyant un si bel instrument. J'espère ne pas avoir outrepassé mes limites en m'installant pour jouer. »

« L'instrument est en fait celui de mademoiselle Brandon, car je n'ai moi-même aucun talent pour la musique, au plus grand désespoir de ma mère. A-t-on jamais vu une demoiselle qui ne maitrise aucun instrument ! » S'exclama-t-elle en tentant d'imiter la voix outrée de sa mère, ce qui fit rire le jeune homme.

« Mais si l'on en croit de nombreuses personnes, vous compensez ce manque par vos autres atouts. Particulièrement vos talents de cavalière. » Continua-t-il en désignant d'un geste de main son amazone. « Allez-vous monter aujourd'hui ? » Demanda-t-il.

« Non, c'est simplement un de mes plaisirs cachés de déambuler en amazone toute la journée. De plus, c'est une autre de mes habitudes que ma mère ne peut supporter. » Ironisa-t-elle.

« La réponse était si évidente que la question en devenait stupide. » Se fustigea-t-il, regardant le bout de ses chaussures.

« Pas du tout. » Le rassura-t-elle, se sentant un peu coupable. « Ou juste un peu, je l'admet. Mais je tire aussi beaucoup de plaisir à taquiner mon entourage, le docteur Cullen pourra vous le dire. »

« J'ai cru le comprendre, en effet. » Sourit-il. « Mais si vous devez monter ce matin, peut-être devrais-je revenir plus tard pour m'entretenir avec votre père. Je ne souhaiterai pas retarder votre sortie. » S'excusa-t-il, ramassant sa paire de gants et son chapeau.

« Voilà qui est absurde ! Vous pourriez vous joindre à nous, et ainsi réaliser cette promenade dont nous avions parlé auparavant ! » Proposa-t-elle. « Oh mais je suis … votre conversation avec mon père ne me regarde surement pas ! » Se fustigea-t-elle, se sentant rougir de son impolitesse.

« Du tout ! Il n'y a rien qui interdisse que vous en soyez témoin. Je crains seulement que cela ne vous ennui. » Se précipita-t-il de la rassurer. « De plus, l'affaire devrait être rapidement réglée et ce serait pour moi un plaisir de vous accompagner. Il y a trop longtemps que je n'ai pas profité d'une véritable promenade à cheval. »

« Dois-je demander à ce qu'on vous scelle un cheval ? » Sourit-elle simplement en réponse.

« Ce ne sera pas nécessaire car j'ai emprunté un des chevaux du docteur Cullen pour venir jusqu'ici. » Sourit-il à son tour.

« Isabella ! » Appela la voix de Charles Swan depuis le hall d'entrée.

« Au salon papa ! » Répondit-elle en criant à son tour. « Pardonnez mon manque de manières, monsieur Masen, et par pitié n'allait pas vous en plaindre à ma mère. » Plaisanta-t-elle de nouveau.

« Mes lèvres sont scellées. »

« J'espère que tu ne t'es pas impatientée. » Lança la voix de Charles depuis le couloir. « Cette fois-ci nous pouvons y aller, mon courrier est par…ti … Monsieur Masen ! J'ignorais que vous étiez présent. » Continua-t-il lorsqu'il arriva dans le salon.

« Je suis navré qu'on ne vous ait pas prévenu, monsieur. »

« Albert a probablement voulu vous le dire papa, mais vous l'aurez, encore une fois, chassé pour ne pas être dérangé. » Taquina Isabella. « Monsieur Masen souhaite s'entretenir avec vous. Il m'a assuré que l'affaire serait rapidement exposée, bien que profondément ennuyeuse, alors je l'ai invité à se joindre à nous. J'espère que vous n'y voyez pas d'opposition, papa ? » Questionna-t-elle en riant, bien qu'elle ait déjà pris sa décision.

« Aucune. »

« Parfait ! Alors nous pouvons y aller avant qu'un autre empêchement se présente à nous. » Plaisanta-t-elle.

Lorsqu'ils sortirent tous trois de la maison, Tyler tenait les brides de Toscane et du cheval du Général. La monture de monsieur Masen était attachée un peu plus loin, à l'emplacement réservé à cet effet.

Isabella laissa son père l'assister pour monter en scelle, puis elle ajusta sa jupe en attendant que les deux hommes soient prêts. Enfin, ils partirent tous en direction de Fairmount Park, Isabella légèrement en retrait pour plus de discrétion, laissant converser les deux hommes, bien qu'elle puisse toujours entendre tout ce qui était dit.

« Quelle affaire vous amène à moi monsieur Masen ? » Demanda sans détour le Général Swan.

« Monsieur, croyez bien que je suis embêté de devoir vous demander votre aide. J'aurai préféré régler l'histoire seul, mais malgré tous mes efforts, je suis arrivé à un point où ce n'est, hélas, plus possible. » Commença Edward Masen.

« Je vous suis redevable de l'aide que vous avez apportée à Isabella. Ne soyez pas gêné et laissez moi vous aider dans votre affaire. » Répliqua Charles.

« Encore une fois, monsieur, je n'attends rien en retour de ce que j'estime être tout naturel. » Dit-il humblement avant de commencer son récit. « Mon affaire concerne le Major Kurkland. »

« Je le connais. Quel démêlé vous oppose ? Avez-vous des problèmes avec l'armée monsieur Masen ? » Demanda Charles, les sourcils froncés.

« Normalement aucun, Général. » Se précipita de répondre Edward. « Il y a près d'un an, le Major Kurkland m'a, pour ainsi dire, sauvé la vie en m'évitant d'aller au camp d'Andersonville. »

« En effet, ce n'est pas rien. » Commenta Charles qui connaissait la réputation du lieu, contrairement à Isabella qui écoutait la conversation sans vraiment comprendre l'importance de la chose.

« Bien sur, nous étions nombreux dans mon cas et je ne m'attendais pas à ce que cette histoire me rattrape une fois la guerre terminée. » Poursuivit le jeune homme. « Général, j'ai servi mon pays, et j'escomptais maintenant mener ma vie librement. Or, le Major Kurkland ne l'entend pas de cette oreille et il souhaite que je me réengage dans l'armée et serve sous ses ordres. Il estime que je lui suis redevable. Je lui ai écris afin de lui exposer que je ne souhaitais pas poursuivre une carrière militaire mais … »

« Poursuivre une carrière militaire ? » L'interrompit Charles Swan. « J'ignorais totalement que vous en aviez commencé une ! »

« J'ai servi comme second lieutenant sous les ordres du Capitaine Whitlock, à présent Major Whitlock, monsieur. »

« Pourquoi nous l'avoir caché ? » Questionna Isabella qui parlait pour la première fois depuis qu'ils avaient quitté la maison.

Elle savait que la conversation ne la concernait en rien et qu'elle devait rester à sa place, mais apprendre qu'une connaissance leur avait caché quelque chose … elle ne pouvait rester silencieuse.

« J'ai combattu car c'était mon devoir envers mon pays. Je ne souhaitais pas continuer dans ce milieu, je ne voyais donc pas de raison de me vanter de mes faits d'armes. » Expliqua-t-il. « Je n'ai pas honte d'être militaire, monsieur. » S'empressa-t-il d'ajouter pour le Général. « Mais, et ce malgré toutes les bonnes raisons que nous avions, je ne suis pas non plus fier d'avoir combattu mes compatriotes. »

« Je comprends, monsieur Masen. » Le rassura Charles. « Continuez votre histoire je vous prie. »

« Je disais donc que j'ai écris au Major Kurkland, mais il ne veut pas prendre en compte mon désir de retourner à la vie civile. Dans son dernier courrier, il me menace même de m'expédier devant le tribunal militaire si je ne me présente pas à lui. »

« Mais il n'a pas le droit ! » S'exclama Isabella. « Papa ! Il ne peut pas faire ça ! N'est-ce pas ? »

« Bien sur que non. Avez-vous gardé des traces de cette correspondance monsieur Masen ? »

« J'ai encore toutes ses lettres et j'ai également fait une copie des miennes avant de les lui envoyer. »

« Etrange décision. »

« Une habitude de mon père lorsqu'il conduit ses affaires. » Expliqua Edward. « Pouvez-vous m'aider Général ? »

« Cela va sans dire. Je vais m'occuper de tout cette histoire au plus vite et faire mener une enquête. D'autres sont peut-être dans votre cas. »

« Je ne sais pas comment vous remercier Général Swan, je ne … »

« Allons ! » L'interrompit de nouveau Charles. « Je vous dois encore beaucoup, alors n'en parlons plus. » Conclu-t-il.

« Je vous remercie, monsieur. Et vous avez raison ! Nous ferions mieux d'arrêter là cette conversation avant d'ennuyer mademoiselle Swan. » Sourit-il.

Isabella était loin d'être ennuyée. Elle en avait appris beaucoup sur monsieur Masen et elle mourrait d'envie de lui poser tout un tas de questions. Il faudrait d'abord qu'elle remette ses idées en place. Peut-être à leur prochaine rencontre aurait-t-elle l'occasion de nourrir un peu plus sa curiosité.

Mais toutes ses interrogations s'évanouirent vite lorsqu'ils arrivèrent à Fairmount Park. Bien que le lieu soit de plus en plus fréquenté dû à une météo plus que clémente, l'espace était assez grand pour permettre aux cavaliers de s'adonner à leur passion. Aussi, Isabella n'attendit pas plus longtemps et lança Toscane au galop, immédiatement suivie par son père et le jeune monsieur Masen.

Celui-ci fut étonné de la voir pousser sa jument à une telle vitesse. Habituellement les demoiselles qui montaient à cheval se contentaient d'un trot élevé. Elle, semblait ne rien craindre, ni la vitesse, ni les obstacles ; et il pouvait ressentir un vif esprit de compétition. Lorsqu'il arrivait à se placer à ses côtés, elle repartait de plus belle, voulant garder la tête.

Non seulement il n'avait jamais vu aussi bonne cavalière, mais il la trouvait également meilleure que certains hommes qui avaient appartenus à sa compagnie. Et de toute évidence, aucun de ceux-là n'auraient étés capables de monter aussi bien en amazone.

« Alors qu'en pensez-vous, monsieur Masen ? » Questionna Charles en riant lorsqu'ils s'arrêtèrent finalement pour laisser reposer les bêtes. « Isabella aurait-elle pu charger les Confédérés à vos côtés ? »

« Il n'existe aucun doute. » Sourit-il. « Mais je ne pense pas qu'un officier commandant aurait accepté de sacrifier tant de grâce et de beauté. »

« Voilà une manière bien galante de dire qu'elle n'avait pas sa place sur un champ de bataille. » Commenta Charles. « Cela vous convient-il Isabella ? »

« Ne soyez pas absurde, papa ! » Se renfrogna-t-elle faussement. « A aucun moment n'ai-je pensé que ma place était là-bas. J'étais bien contente loin des combats ! Mais je persiste dans mon idée que des femmes ayant suivi un entrainement similaire à celui des hommes, sont tout à fait capables de combattre aux côtés de ceux-ci. Cela a déjà été réalisé alors n'insistez pas, je n'en démordrai pas ! » Déclara-t-elle.

« Quel entêtement ! » S'esclaffa son père. « Mais rien d'inhabituel … Je suis bien content que vous ayez été loin ces dernières années. Dieu seul sait ce que vous seriez devenue si vous étiez restée à Philadelphie. »

La promenade ne dura pas beaucoup plus longtemps. Le Général souhaitait régler au plus vite l'histoire dont Edward Masen lui avait fait part, et pour cela il devait envoyer des courriers dans les plus brefs délais.

Tous se rendirent chez les Cullen où monsieur Masen avait gardé les traces de sa correspondance avec le Major Kurkland. Esmé, ravie de la courte visite de son amie, en profita pour transmettre à la famille Swan et à leur pupille, une invitation à dîner pour la fin de semaine. Invitation qui fut évidemment acceptée avec joie.

Peut-être d'ici là, Isabella aurait-elle le temps de remettre de l'ordre dans ses idées, elle pourrait alors interroger monsieur Masen et assouvir sa curiosité sur le jeune homme.

Mais ce fut bien plus tôt que prévu que leurs chemins se croisèrent à nouveau. En effet, le lendemain soir, la famille Swan de sortie au théâtre rencontra les deux invités des Cullen. Le Général avait demandé à sa fille de ne pas ébruiter la situation d'Edward Masen. S'il ne souhaitait pas divulguer son passé de militaire, ils devaient entant qu'amis respecter son désir et n'en parler à personne. La jeune fille n'avait même pas pu en discuter avec son amie Alice et ne possédait donc pas plus de réponses à ses interrogations que la veille.

Les trois dames de la famille avaient revêtu de splendides tenues d'été dignes d'une sortie à l'opéra. Maintenant que la guerre était finie depuis près de deux mois, on trouvait de plus en plus aisément de belles toilettes en ville, il fallait donc redoubler d'efforts pour continuer à être les reines du bal. C'était un point sur lequel Renée Swan n'acceptait aucune discussion. Les deux jeunes filles étaient en âge de paraitre en société et elle ferait en sorte qu'elles soient courtisées par les meilleurs partis ! Quoi qu'en disent le Général et sa fille !

« Ne serait-ce pas monsieur Masen et le Major Whitlock qui discutent là-bas avec les Wilander ? » Demanda Alice en observant les occupants du hall du Walnut Street Theater.

« Je crois bien que tu as raison. » Lui répondit son amie, apercevant une pointe de jalousie dans le regard d'Alice lorsque Penelope Wilander s'appuya au bras du Major Whitlock alors qu'ils échangeaient un moment d'hilarité complice.

« Ils semblent occupés. » Dit-elle froidement. « Autant ne pas les déranger et trouver nos sièges. » Continua-t-elle en tournant le dos à la scène.

« Enfin, Alice ! Nous connaissons le chemin jusqu'à la loge. Le temps est aux mondanités ! » Lui lança Renée.

« Je préfère passer mon tour et accompagner le Général à la loge. Je me mêlerai à la foule lors de l'entracte. » Ajouta-t-elle voyant que l'épouse de son tuteur allait répliquer.

« Soit. M'abandonnes-tu également Isabella ? » Demanda-t-elle à sa fille.

Isabella hésita une seconde à accompagner son amie et tenter de lui remonter le moral, mais elle connaissait Alice et savait qu'il lui fallait un peu de temps pour digérer l'information avant de partager ses sentiments. De plus, en restant avec sa mère, elle lui ferait grandement plaisir.

« Papa aurait beaucoup de mal à nous escorter toutes les deux au milieu de cette foule. » Sourit-elle.

Charles tendit alors son bras à Alice et tous deux avancèrent en direction de la loge des Swan, saluant brièvement quelques connaissances au passage mais ne s'attardant pas.

« C'est inhabituel de la part d'Alice de ne pas se mêler aux mondanités d'arrivée. » Remarqua Renée. « J'espère qu'elle n'est pas souffrante. Il ne serait pas raisonnable de manquer les réceptions à venir. »

« Je pense qu'elle est juste un peu las, maman, mais de quelles réceptions parlez-vous ? »

« Le diner chez les Cullen, pour commencer, et le pique-nique des Stanley. Le premier de la saison, Isabella ! »

« Vous savez combien Alice adore les pique-nique, maman. Elle ne manquerait cela sous aucun prétexte. » Rassura Isabella.

« Monsieur Masen ! » S'exclama sa mère pour toute réponse, tendant la main au jeune homme qui venait de les approcher.

« Madame Swan, mademoiselle. C'est une surprise de vous voir ici ce soir. Madame Cullen nous a caché que vous seriez présentes. » Salua-t-il, faisant un baisemain à la mère puis à la fille.

« Madame Cullen ne sait pas tout de notre emploi du temps. » Plaisanta Isabella. « Mais permettez-moi d'être surprise de vous trouver ici. J'ignorais que vous aimiez les ballets. »

« Qu'y a-t-il à ne pas aimer ?! D'autant plus que cela fait plusieurs années que je n'ai pu assister à ce genre de représentation. » Répondit-il.

« Il est vrai que les distractions ont manqué ces dernières années. » Approuva Renée. « Et êtes-vous venu seul, monsieur Masen, ou nos amis sont-ils avec vous ? »

« Juste le Major Whitlock, madame. Nous avons estimé qu'il était de notre devoir de laisser quelques soirées de repos à nos hôtes. » Sourit-il.

« Voilà qui est admirable de votre part. Et où se trouve le jeune Major ? »

« Oh … quelque part par-là. » Répondit Edward avec hésitation, lançant un bref coup d'œil à Isabella. « J'ai perdu sa trace au milieu des convives. » Plaisanta-t-il.

La jeune fille savait pourtant qu'ils étaient ensembles quelques minutes plus tôt, lorsqu'Alice les avait aperçus avec les Wilander. Mais elle n'eut pas le temps de souligner ce point car on annonça qu'il était temps de s'installer.

« Nous nous retrouverons à l'entracte, monsieur Masen. » Salua la femme du Général avant de s'éloigner avec sa fille pour rejoindre leurs places.

Le ballet qui était donné ce soir là était La Sylphide de Fillipo Taglioni. Isabella avait déjà eu l'occasion d'assister à une de ses représentations mais c'était il y a plusieurs années de cela et elle avait hâte de voir si ses souvenirs ne l'avaient pas trahie. Et puis elle aimait profondément les ballets et les opéras, alors elle savait qu'une bonne soirée s'annonçait … du moins si son amie retrouvait le sourire.

Le visage d'Alice était sans expression alors qu'elle balayait la salle du regard à l'aide de ses jumelles. Isabella n'eut pas besoin de lui demander ce qu'elle cherchait car elle connaissait déjà la réponse. Ce qui l'étonnait pourtant, c'était l'intérêt que son amie portait aux affaires de monsieur Whitlock. Jusque là, elle avait fait en sorte de cacher toute préférence pour le jeune homme, mais ce soir, ses sentiments la trahissaient.

Alice sembla abandonner sa recherche et porta son attention sur la scène, alors qu'Isabella trouvai finalement Edward Masen assis seul au milieu des spectateurs. Son attention à lui semblait être sur les danseuses, mais si on l'observait assez longtemps, on pouvait le voir se tourner et chercher lui aussi quelque chose. Ou plutôt quelqu'un. De toute évidence, son ami l'avait laissé tomber.

Isabella eut le pressentiment que si elle avait pu regarder vers la loge des Wilander, elle y aurait trouvé le soldat manquant à l'appel. C'était une chance qu'ils soient tous hors de portée de vue.

A l'entracte, comme il était de coutume, les spectateurs se rendirent dans les couloirs pour converser. Edward Masen ne tarda pas à les retrouver. Son ami l'ayant abandonné, les Swan étaient les plus proches connaissances qu'il avait dans l'assistance. Après l'avoir salué, Alice se détourna de lui pour bavarder avec les occupants de la loge voisine, lui en voulant pour le comportement de son ami, même si cela était injuste pour le jeune homme.

« Toujours aucune nouvelle du Major ? » Lui demanda Isabella.

« Il semble avoir disparu. Peut-être l'a-t-on enlevé ?! » Tenta-t-il de plaisanter.

« Je crois que si vous cherchiez dans une des loges qui se trouvent au-dessus de la notre, vous découvririez rapidement les coupables de ce crime. » Répondit Isabelle sans un sourire.

« Mademoiselle Swan. » Commença doucement Edward après quelques secondes de silence. « Je crois avoir compris que l'attitude de mon ami a … heurté les sentiments mademoiselle Brandon ; mais j'ose espérer que cela ne changera rien à l'entente cordiale que nous partageons. »

« Vous avez raison, monsieur Masen. Ce n'est pas à vous de subir notre froideur. Veuillez m'excuser pour ce manque de tact. »

« Je comprend tout à fait, mademoiselle Swan, et vous êtes entièrement excusée. Votre amitié pour mademoiselle Brandon est sincère et vous défendez donc au mieux ses intérêts. » Déclara le jeune homme. « Il en va de même pour le Major Whitlock et moi, c'est pourquoi je me permets de vous rappeler que … rien n'a été promis. Monsieur Whitlock n'a passé aucun engagement avec mademoiselle Brandon … Je suis gêné de souligner ce point mais c'est peut-être mieux pour votre amie de se rappeler de cela. »

« Encore une fois vous avez raison. » Soupira la jeune fille. « Mais il m'avait pourtant semblé que le Major portait de l'intérêt à mon amie Alice. »

« Peut-on réellement lui en vouloir ? Après des années de guerre il est entouré de demoiselles plus charmantes les unes que les autres. » Défendit Edward.

« Est-ce pour autant une raison pour papillonner de l'une à l'autre sans retenue ? » Demanda-t-elle d'un ton glacial. « Vous-même ne vous comportez pas de la sorte et je crois avoir compris que vous étiez ensembles ces dernières années. » Chuchota-t-elle.

Edward Masen soupira. Elle avait raison. Bien que Jasper soit heureux de retrouver la compagnie d'une si charmante société, il serait préférable qu'il mesure ses ardeurs et ses tendances au flirt.

« Je lui en toucherai un mot … Bien que rien ne l'oblige à m'écouter. » Abdiqua Edward.

« J'espère que votre ami a été attentif au ballet de ce soir, monsieur Masen. A trop disperser son attention on fini par tout perdre. Qu'il porte de l'intérêt ou non à mon amie ne changera rien à cela. » Conclu-t-elle.

« Le Major est un homme de bon sens, honnête et loyal. Je peux vous assurer qu'une fois qu'il aura prit conscience de la situation, il rétablira les choses au plus vite. »

« Je l'espère, monsieur Masen. Je l'espère. » Soupira Isabella.

Elle n'était pas seulement inquiète pour Alice, mais aussi pour le Major. Il lui avait semblé être un vrai gentilhomme lors de leurs dernières rencontres et elle ne souhaitait pas le voir se retrouver dans une situation inconfortable. Pourtant il s'aventurait en eaux troubles avec Penelope Wilander car la jeune fille était quasiment fiancée au fils d'un haut politicien de Pennsylvanie. Isabella n'en avait rien dit pour que le jeune homme ne soit pas influencé dans ses interactions avec Alice. Elle voulait voir ce que déciderait Jasper Whitlock.

Après tout, elle ne voulait que le meilleur pour sa plus chère amie.

Lorsque la fin de semaine arriva, annonçant le dîner chez les Cullen, Alice n'avait reçu aucune nouvelle du Major Whitlock. Isabella n'avait pas plus d'informations qu'elle et espérait simplement que la soirée se passerait bien. Elle savait son amie sensible et ne voulait pas la voir attristée si le jeune homme décidait de l'ignorer.

Ne sachant pas qui serait présent au diner, et Alice souhaitant faire bonne impression même si elle n'en disait rien, de belles toilettes de diner furent sorties pour l'occasion. Charles quant à lui porta son habituel uniforme de parade.

Lorsqu'ils arrivèrent en calèche chez les Cullen, ils furent accueillis par le docteur qui les accompagna ensuite jusqu'au salon où Esmé tenait compagnie au cousin de son mari et à monsieur Masen. Des salutations polies furent échangées et les conversations s'installèrent au sein du groupe. L'ambiance n'était pourtant pas aussi joyeuse qu'à l'habitude, aussi Esmé Cullen se renseigna auprès d'Isabella qui était assise à ses côtés.

« Y aurait-il une affaire dont personne ne m'aurait mise au courant ? » Demanda-t-elle.

« Un non-dit plutôt qu'une affaire. » Chuchota Isabella. « Je suspecte notre Alice d'être plus attachée au Major que ce qu'elle veut bien avouer. Aussi, son comportement envers Penelope Wilander lors de notre soirée au théâtre l'aura blessée. »

« Pauvre chérie. » Compatit Esmé. « Que s'est-il passé exactement ? Je croyais que notre Jasper était un homme droit. De quel comportement parlez-vous ? »

« Rien d'horrible ! » La rassura-t-elle précipitamment. « Il a passé la soirée avec la jeune fille, ne prenant même pas la peine de venir nous saluer. Cela a rendu Alice jalouse. »

« C'est étonnant qu'il ne soit pas venu vous voir ! »

« Je pense qu'il était trop obnubilé par sa conversation pour se rendre compte de notre présence. Elle me fait tant de peine. Elle n'est plus elle-même depuis quelque jour, pleine de tristesse. » Soupira Isabella en regardant sa meilleure amie qui arborait un sourire de façade qui n'atteignait pas ses yeux.

« Que pouvons-nous faire ? »

« Hélas rien. Comme me l'a souligné monsieur Masen, aucun arrangement n'a été prit entre eux. On ne peut pas en vouloir à monsieur Whitlock de ne pas lui porter les mêmes sentiments que ceux qu'elle lui porte. J'espère néanmoins qu'il ne se jouera pas d'elle, Alice est trop fragile. » Conclu-t-elle et Esmé acquiesça.

Elles savaient l'une comme l'autre que leur amie se montrait extravertie et enjouée afin de masquer une profonde insécurité. Alice, depuis qu'elle était orpheline, était regardée de haut par certains membres de leur société. Parfois, elle ne se sentait pas à sa place mais faisait bonne figure pour ne pas faciliter la tâche de ses détracteurs, mais lorsqu'une situation comme celle-ci se présentait, la petite mademoiselle Brandon sans famille et sans fortune reprenait le dessus. Que monsieur Whitlock lui préfère la riche et jolie Penelope Wilander devait la faire se sentir insignifiante.

« Mademoiselle Brandon ! » Lança Edward Masen, ramenant l'attention des deux jeunes femmes sur le reste des convives. « J'ai appris que vous étiez une pianiste de talent. »

« Je me demande bien qui a pu vous mentir pareillement. » Lui répondit-elle en fustigeant Isabella du regard. Ça ne pouvait être qu'elle.

« La modestie est un trait qui ne vous sciait guerre. » La taquina le docteur Cullen. « D'autant plus que nous pouvons presque tous ici gager de votre talent. »

« Quel dommage que nous n'ayons pas d'instrument ici. » Se désola madame Cullen.

« Monsieur Masen et Alice auraient puent jouer en duo. Je suis certaine qu'ils nous auraient tous régalés ! » S'exclama Isabella.

« Vous jouez ? » S'étonna Renée Swan.

« Je ne peux vous mentir sur ce point maintenant que votre fille a trahit mon secret. »

« A aucun moment ne m'avez-vous dit qu'il s'agissait d'un secret, sans quoi j'aurai gardé mes lèvres scellées. » Se défendit Isabella.

« Est-ce là la solution pour vous faire garder le silence ? » S'enquit le docteur. « Il suffit de vous demander de garder le secret. Ma parole si j'avais su cela plus tôt ! » Dit-il, provoquant les rires de ses invités.

« Moquez-vous donc ! Vous seriez bien vexé si je ne vous adressais plus la parole. » Bouda Isabella.

« Et si nous passions à table avant qu'une querelle n'éclate ? » Proposa Esmé à qui une domestique venait de signaler que le repas était prêt.

Tous se levèrent de leurs fauteuils et se dirigèrent vers la salle à manger. Le couple Cullen s'installa en têtes de table, Charles entouré de sa femme et de sa pupille d'un côté, Isabella et les deux jeunes hommes de l'autre. Alice et Jasper Whitlock étaient installés en diagonale, rendant toute conversation impossible ce qui rassura légèrement Isabella. Peut-être pourrait-elle se renseigner discrètement auprès de son voisin de table au cours du repas.

Comme toujours, les plats servis furent excellents et la conversation animée, rendant les intermèdes privés impossibles. Mais une fois le dessert débarrassé, les hommes choisirent de ne pas s'isoler entre eux et de rejoindre directement le salon. Le Major Whitlock saisit cette occasion pour escorter Isabella et c'est lui qui entama la conversation qu'elle attendait depuis des jours.

« Mademoiselle Swan, puis-je m'entretenir avec vous d'une affaire … relativement privée ? » Lui demanda-t-il doucement pour ne pas attirer l'attention des autres convives.

« C'est-à-dire qu'il nous est impossible de nous retirer seuls … » Commença Isabella.

« Une partie d'échec dans un coin du salon nous apporterait l'isolement nécessaire. » La rassura-t-il.

« Alors soit, bien que je n'ai jamais su maîtriser la moindre technique dans ce jeu. C'est une cuisante défaite et un désagréable moment qui m'attendent là. »

« Je vous laisserai gagner. » Promit-il en tirant la chaise pour qu'elle s'installe à l'échiquier.

Après quelques minutes de moqueries venant du docteur Cullen, ils furent laissés seuls à leur partie et le Major Whitlock se décida à parler.

« J'ai cru comprendre, grâce à l'aide de mon ami, que mon comportement de l'autre soir avait froissé mademoiselle Brandon. » Commença-t-il doucement.

« Qu'entendez-vous par froisser ? » S'enquit Isabella, ne voulant pas vendre la mèche sur les sentiments de celle qui était comme sa sœur.

« Et bien, son comportement de ce soir est un indice suffisant de sa colère envers moi. » Grimaça-t-il.

« Je ne suis pas certaine que ce soit de la colère, monsieur Whitlock, mais davantage de la retenue. » Corrigea Isabella en avançant un pion qu'elle se fit prendre immédiatement.

« Je ne crois pas avoir vu mademoiselle Brandon faire part d'autant de retenue auparavant. Et ce serait de ma faute ? » Dit-il pour lui-même. « Monsieur Masen a mentionné qu'une … dispersion … de ma part serait à l'origine de tels sentiments. » Ajouta-t-il avec incertitude.

« Que vous a-t-il dit d'autre ? »

« Vos questions ne m'aident pas beaucoup, mademoiselle, je préférerai de loin des réponses claires. »

« Mais alors cela serait vous faciliter la tâche. » Rétorqua Isabella. « Et je trahirai un peu mon amie en vous livrant aussi aisément des informations sur son caractère. Mes confidences se méritent, Major. »

« Je n'éprouve aucune attirance pour mademoiselle Wilander. » Lâcha-t-il de but en blanc et la jeune fille retint un soupir de soulagement en pensant à son amie.

« C'est une chance puisque mademoiselle Wilander est presque fiancée. » Souligna Isabella en feignant le désintéressement. « Mais que me vaut cette confidence ? »

« Ne vous moquez pas. Nous savons tous les deux de quoi monsieur Masen et vous avez conversé au Walnut Street Theater. » Contra-t-il avec sérieux.

« Alors dites-moi ce que vous pensez de cela et peut-être pourrais-je vous aider. Je ne sais pas encore ce que je peux vous confier. »

Cette remarque fut suivie d'un court silence durant lequel le Major réfléchit à ce qu'il pouvait bien dire. Il n'était pas dans ses habitudes de parler de ses sentiments. Il avait eut du mal face à son ami mais cela serait pire avec la jeune femme.

« J'ignorai que mademoiselle Brandon pouvait avoir pour moi des sentiments de quelque nature que ce soit. Elle a toujours fait part d'une politesse parfaite et d'un comportement amical. Je croyais même à son indifférence la plus totale jusqu'à ce que mon ami me parle de son changement d'attitude. »

« Et que pensez-vous maintenant ? »

« Que peut-être j'ai une chance à saisir ? » Dit-il incertain. « Si elle a réagit de la sorte alors c'est qu'elle me porte de l'intérêt. Et alors je pourrais la courtiser comme je le souhaitais depuis notre rencontre. Pensez-vous la chose possible ? » Questionna-t-il impatiemment.

« Je trouve l'idée tout à fait réalisable et je vous y encourage grandement. » Lui répondit-elle en souriant après quelques longues secondes de silence. « Mais comme je l'ai souligné à monsieur Masen, j'espère que vous vous montrerez droit et fidèle dans votre entreprise. Peu de gens sont capables de voir qu'Alice est une jeune femme fort sensible et fragile. Mal vous en coûterait de vous moquer d'elle, je vous en fais le serment. » Le mit-elle en garde.

« Je peux vous assurer que mes intentions sont sincères, et je ne cesserai qu'à la demande de mademoiselle Brandon. » Promit-il en lui adressant un magnifique sourire auquel la jeune fille répondit sans effort.

Isabella était grandement rassurée. Les choses s'arrangeaient pour son amie et elle se plaisait à penser qu'elle enverrait surement ses vœux à madame Whitlock pour la prochaine nouvelle année.

Alors qu'ils finissaient leur partie en riant du piètre jeu d'Isabella, aucun d'entre eux ne vit les regards déchirés que posait sur eux Alice Brandon depuis l'autre bout du salon.


Et voilà ! Qu'en pensez-vous ?