Disclaimer: Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si!

Couple: Pansy / Hermione.

Rating: T.

En ce 15 mars, anniversaire de cette charmante Fleur de Lisse pour qui j'ai écrit cette histoire, je poste le tout dernier chapitre. Merci à ceux qui m'ont lue, qui m'ont laissé de gentils mots, et à la prochaine !

Bonne lecture !


Chapitre 5

Le bonheur se trouvait souvent là où on ne l'attendait pas. C'était ce que lui disait Tracey, parfois. Il fallait dire qu'elle en avait eu, des aventures, avant de trouver un peu d'amour dans les bras d'une fille un peu étrange mais qui lui faisait voir les étoiles. Pansy, elle, était persuadée que leur histoire ne durerait pas. Tracey avait beau dire, cette fois-ci, c'était la bonne, son amie savait très bien qu'elle se lasserait vite, et que sa relation durerait aussi longtemps que celles de Pansy.

Elle n'avait pas oublié Lavande Brown, et pourtant, celle-ci semblait filer le parfait amour avec Weasley. De là à dire qu'ils étaient fou amoureux et qu'ils allaient se marier, peut-être pas, non, mais manifestement, la jeune femme avait décidé de rester de l'autre côté de la clôture, alors que Tracey l'attendait désespérément…

C'était plutôt triste à voir, mais Pansy en avait assez de lui répéter qu'il fallait l'oublier. C'était difficile de tirer un trait sur une personne qu'on avait tant chéri, et en qui on avait placé tant d'espoir, mais Tracey devait se faire une raison. Pansy, elle, avait réussi. Difficilement. Mais elle avait réussi.

Cela faisait un an et demi et qu'elle avait quitté Poudlard, son diplôme en poche et peu d'argent dans sa bourse. Elle s'était dégotée un studio dans un quartier calme du Londres moldu, travaillait dans une librairie à temps partiel et s'était rasé les cheveux. Ca évite de perdre du temps à les laver et les coiffer, qu'elle disait à Draco, qui avait haussé un sourcil aristocratique en voyant la nouvelle coupe à la garçonne de son amie.

Elle avait besoin de changer. Alors elle avait tout rasé, histoire de repartir à zéro, sur de nouvelles bases. La vie s'ouvrait devant elle, elle ne voulait pas repenser au passé. De toute façon, ses études de droit et son travail à côté l'empêchaient de beaucoup réfléchir. Et quand elle avait du temps libre, elle passait du temps avec ses amis, qui lui faisaient oublier le monde de merde dans lequel elle vivait…

En fait, elle passait beaucoup de temps avec Harry. Ils s'étaient énormément rapprochés depuis Poudlard, à la plus grande stupeur de la principale concernée. Pourtant, c'était dire comme elle pouvait le détester, ce crétin de binoclard, avec ses paparazzis et ses coffres remplis d'or. Mais les choses avaient changé…

En en quelques minutes, les choses avaient changé…

Sa rupture avec Hermione avait été un profond traumatisme. Jamais elle n'aurait cru que casser avec elle ferait aussi mal et l'atteindrait autant. Objectivement, cela ne faisait pas si longtemps que cela qu'elles se fréquentaient, et encore moins qu'elles avaient atteint un certain degré d'intimité. Mais elle l'avait tellement aimé, tellement chérie, que la regarder à nouveau de loin, avec un autre, lui avait mal comme jamais elle n'avait souffert de sa vie.

Le pire n'était sans doute pas de la voir avec un autre, mais c'était surtout de savoir qu'elle partirait, loin d'elle, et qu'ils feraient leur vie ensemble…

C'était insupportable. Insupportable de les savoir en train de s'embrasser, dans un coin, de se prendre dans les bras, et peut-être même de refaire l'amour… De savoir qu'il aurait tout ce qu'elle avait eue, tout ce qu'elle lui avait donné et appris…

Il lui avait laissé une fille brisée qu'elle avait réparée, et il la lui avait reprise…

Et il la briserait…

Encore…

Draco avait été là. Il avait été… gentil. Plus qu'elle ne l'aurait cru. Il l'avait protégée, à sa façon, coupant tout lien avec Blaise après une dispute bénigne dont il se servit comme prétexte. Ses copines furent là, aussi. Elles savaient. Et la soutinrent, sans jamais révéler son aventure. Elle avait bien assez mal comme ça…

Et il ne fallait pas qu'ils sachent…

Elle avait beau souffrir, regarder celle qu'elle aimait avec un autre, personne ne devait savoir.

Même si ça faisait mal.

Elle se l'était jurée.

C'était un secret.

Leur secret…

Et elle savait, depuis le début, que ça ne marcherait jamais…

Un jour, alors qu'elle revenait de la bibliothèque, elle avait croisé Potter. Ils étaient seuls, dans un couloir. Le temps qu'elle réalise qu'elle allait l'affronter, lui et sa morale de merde, il avait déjà prononcé quelques mots.

« J'ai appris, pour toi et Hermione. Je suis désolé. »

Ce fut comme si, à nouveau, ça s'effondrait, en elle. Il la regardait d'un air… peiné. Presque déçu. Elle avait essayé de reprendre contenance, faire sa fière, lui prouver que ça allait bien, alors que tout partait en vrille dans sa vie…

« C'est dommage. Vous alliez bien ensemble. »

Potter réussit, en quelques mots, à casser les barrages et les larmes lui montèrent aux yeux sans qu'elle ne put les retenir. Elle pleura dans les bras de ce salopard, à genoux, cachant son visage dans une de ses mains, l'autre tenant fermement un bouquin qu'elle agrippait comme s'il était son seul repaire dans ce monde. Elle pleura comme une enfant, gémissant dans son cou.

Ils étaient devenus amis. Elle ne savait pas trop comment, mais ils s'étaient rapprochés, et ils étaient devenus amis.

Draco était un peu soulagé, même s'il avait essayé de le cacher, pour la forme. Cela lui évitait de jongler entre ses études, son copain et son amie. Ils ne vivaient pas ensemble, leur relation demeurait cachée, mais Harry avait refusé de faire une colocation avec Ron, de façon à être plus libre de ses mouvements et de découcher quand il le souhaitait. Et, accessoirement, il pouvait inviter Pansy chez lui sans que personne ne lui prenne la tête. C'était si petit chez elle qu'il lui était difficile de recevoir du monde… et, autant être honnête, elle passait beaucoup de temps chez Potter, au point qu'il avait fini par lui laisser une clé.

Ils parlaient rarement d'Hermione. Ce n'était pas vraiment un tabou, même si Pansy avait dû se reconstruire après leur rupture. En fait, il n'y avait pas grand-chose à dire…

Elle s'était installée avec Blaise dans une maison dont il avait hérité et suivait des études de médicomagie. Harry la voyait de temps en temps, quand elle parvenait à lui accorder une après-midi ou une soirée, trouvant peu de temps pour s'amuser, avec ses études très intenses. Elle semblait ne pas aller trop mal, mais elle lui parlait peu de Blaise et de leur vie commune.

Pas envie de parler de ça, pas avec lui.

Alors elle demeurait évasive. Et, de toute façon, Harry préférait ne pas savoir… Il appréciait bien peu Blaise et Pansy savait, même s'il ne le lui avait jamais dit, qu'il aurait largement préféré qu'elle reste sa petite amie. Il y avait bien cette phrase qui l'avait bouleversée jusqu'aux tripes, à Poudlard, mais à ce moment-là, il ne la connaissait pas encore, et il ne connaissait pas sa valeur ni la puissance de son amour.

Depuis le temps, il avait appris à mater son mauvais caractère, lire entre les lignes et la prendre sans ses bras quand son regard se brouillait alors que son visage restait de marbre. Oh oui, il avait appris à connaître ce petit bout de femme, si fier et parfois si cru, qui cachait en elle une certaine sensibilité et une tendresse qu'elle avait du mal à montrer… Car oui, elle était tendre avec lui, parfois. Sans doute plus tendre qu'avec Draco, trop réservé et si peu tactile, aimant se blottir dans les bras de Harry quand ça n'allait pas et lui parler de ses peines de cœur, n'étant pas capable d'affronter l'avis si tranché du blond sur ses aventures.

Et puis… dans un sens, être amie avec Harry, c'était se raccrocher encor eu un peu à Elle.

Oui, dans le fond, Pansy était lâche.

Et elle le savait.

Mais ça l'aidait à avancer…

OoO

Tu n'étais pas prêt à changer.

C'était ce qu'elle lui avait dit, avant de partir, le matin même.

Il ne s'était rien passé de particulier, pourtant, la veille, ou même avant. Ils ne s'étaient engueulés, et il n'y avait pas de tensions entre eux. Même que, avant de se coucher, ils s'étaient câlinés tendrement, s'étaient embrassés, et puis ils s'étaient endormis l'un contre l'autre…

Ils n'avaient pas fait l'amour. Blaise se fit cette réflexion, puis se dit que, de toute façon, ça n'aurait rien changé et ça n'aurait rien voulu dire. Depuis qu'ils s'étaient remis ensemble, ils ne le faisaient pas très régulièrement. Déjà avant, Hermione n'était pas accro au sexe, et elle n'était pas spécialement douée, ce qui n'arrangeait rien. Mais… les choses avaient changé. Après leur séparation, elle était devenue plus sûre d'elle… Pas franchement plus douée, mais son assurance changeait beaucoup de choses, et rendaient leurs parties de jambes en l'air plus amusantes.

Quelque chose avait changé, oui. Peut-être avait-elle eu quelqu'un, mais ça, elle refusait de lui en parler, lui assurant qu'il n'y avait jamais eu personne, alors que pour Blaise, il était évident que quelqu'un était passé par là. Hermione ne complexait plus comme avant et ne cherchait plus du tout à l'attirer vers elle, d'un point de vue sexuel. Avant, elle avait de petites attentions, elle avait la volonté de le séduire, et de bien faire… et elle avait acquis alors une certaine indifférence, presque vexante, qui lui faisait regarder l'amour charnel avec un certain détachement.

Non, vraiment, ce n'était pas ce détail qui aurait pu changer les choses. Quoique… ça faisait un an et demi qu'ils vivaient ensemble, partageant leur quotidien, dans une maison où ils étaient libres d'agir sans personne pour les juger ou les surveiller. Leur vie avait changé, leurs objectifs aussi.

Blaise avait essayé de changer.

Pour elle.

Pour eux.

Un an et demi…

Un an et demi d'amour. Merlin, oui, il l'aimait, cette fille… Il l'aimait comme un dingue, en dépit de son acharnement au travail, ses tenues pas franchement recherchées et sa maladresse en amour.

Et il aurait voulu que ça dure.

Vraiment.

Mais il avait laissé couler beaucoup de choses. Il pensait que ce n'était rien, et en regardant derrière lui, il voyait bien que c'était tous ces petits détails qui l'avaient poussée à s'en aller…

Il aurait dû comprendre. Blaise la connaissait bien, pourtant. Il n'avait pas réagi quand elle avait cessé d'entretenir ses cheveux, qui, petit à petit, reprirent leur aspect touffu, emmêlé, tordus dans tous les sens. Elle se maquillait de moins en moins, ne faisait aucun effort vestimentaire le week-end, mettait de moins en moins ses petites nuisettes en satin qu'il lui offrait régulièrement, sortait de plus en plus le soir boire un verre avec ses amis… Elle s'était éloignée de lui, petit à petit, l'air de rien. Sans le vouloir, sans doute. Ca s'était fait naturellement…

Et ils n'avaient rien vu venir.

Blaise encore moins.

Il s'était fait à ses cheveux hérissés, à ses fringues, ses sorties de plus en plus régulières, dues notamment à un certain relâchement, vu qu'elle avait obtenu haut la main sa première année en médicomagie… Ca lui manquait, l'époque où elle se pouponnait, mais il l'aimait…

Pas assez.

Pas comme il faut.

Car, comme elle lui avait dit, ce matin-là, « tu n'es pas prêt à changer ».

Elle était debout devant la cafetière, en train de préparer le petit-déjeuner. Nous étions samedi. Elle était déjà habillée, ce qui l'avait un peu étonné, mais ça arrivait, quand elle devait aller bosser à la bibliothèque avec ses amis étudiants. La lumière du matin inondait la cuisine et se perdait dans ses cheveux broussailleux qui auréolaient sa tête. Elle lui tournait le dos…

Jamais il n'oublierait cette vision, elle, avec son pull préféré rayé noir et gris, son jean qui moulait un peu ses jambes, et ses cheveux indomptables.

Il n'oublierait sans doute jamais ce petit-déjeuner, si paisible, avant qu'elle lui dise, un léger sourire aux lèvres, comme si elle lui parlait de quelque chose de peu important, qu'elle s'en allait.

Son corps, à lui, s'était tendu comme jamais, et il l'avait écoutée. Elle lui disait que ça ne pouvait pas marcher, que ça faisait un an et demi qu'ils avaient emménagés dans cette maison, presque deux ans qu'ils étaient ensemble, mais que ça ne pouvait plus durer. Ils avaient pris un nouveau départ, en tirant un trait sur le passé. Elle lui avait pardonné. Mais elle était fatiguée…

Tu n'es pas prêt à changer, Blaise…

Tu n'es pas prêt à m'aimer correctement.

Blaise n'avait jamais su qui était la putain de salope qui avait révélé à Hermione les détails sur ses infidélités. Il avait cherché, pourtant, mais n'avait jamais su. Un temps, il avait pensé à Pansy, qui ne l'aimait pas particulièrement et qui aurait pu être au courant, mais il savait aussi que, si elle avait su quelque chose sur lui, toutes ses copines auraient été au courant, et n'importe laquelle aurait pu balancer ou le répéter. Et puis, elle n'était pas comme ça. C'était pas une balance. Draco non plus.

Qui avait bien pu lui parler de ses nouvelles infidélités, alors ? Qui avait pu lui révéler ses erreurs, ses dérapages… Comment avait-elle su ? Il n'avait pas osé demander.

Il lui avait juste dit qu'il l'aimait. Qu'elle était tout pour elle. Qu'il avait fait des erreurs, qu'il était désolé, et qu'il ne recommencerait plus…

Non, en fait, il s'était effondré. Il avait pleuré, s'était agenouillé devant elle, et l'avait suppliée de rester. Il l'aimait comme un dingue, son petit rat de bibliothèque, et oui, il avait fait des erreurs, oui, il n'avait pas pu s'en empêcher, et pourtant il avait lutté… Non, ce n'était pas parce qu'au lit c'est pas un feu d'artifice, ça n'avait rien à voir, pitié Hermione, reste avec moi, ne m'abandonne pas…

Et elle était partie. Avec les yeux douloureux, et ce putain de sourire…

Elle avait l'air sereine, alors qu'en elle, ça devait faire mal.

Elle lui avait redonné sa chance, et il avait tout gâché.

Tout.

Il n'était qu'un pourri. Il lui avait fait du mal, plus que n'importe quel autre homme. Et il se haïssait, pour ça… Pour l'avait déçue, encore, pour avoir gâché ces presque deux ans de relation, pour n'avait pas su être l'homme qu'elle aurait aimé avoir…

Il n'était pas parfait.

Elle non plus.

Mais elle, elle était belle, et pure.

Lui…

Rien de plus qu'une ordure…

OoO

Elle avait passé la journée dans son lit. Son petit studio ne lui permettait pas le luxe d'installer un vrai lit mais plutôt un canapé clic-clac, qui restait la majeure partie du temps ouvert, au milieu de la pièce en bordel. Si elle avait vécu dans un quartier sorcier, elle aurait pu négocier avec le propriétaire et faire agrandir magiquement l'espace, mais elle était chez les moldus, et au moindre sortilège de ce genre, elle avait une armada d'agent au garde-à-vous devant sa porte. Cependant, les studios du côté moldu étaient malheureusement moins chers que ceux du côté sorciers, donc elle avait dû se résoudre à vivre dans ce modeste logement.

Ce jour-là, exceptionnellement, elle ne travaillait pas. Elle avait bossé un peu ses cours le matin, puis elle avait glandé devant la télévision, invention moldue découverte chez Harry et qui lui faisait le plus grand bien, quand elle était toute seule. D'ailleurs, elle avait pensé un temps à squatter chez lui : il avait fait la fête la veille avec ses amis et comptait passer le reste de son week-end chez lui. Puis, elle s'était dit que Draco irait surement le voir, précisément parce que Harry serait disponible ces deux jours-là.

Bien que cela fasse un an et demi qu'elle avait commencé ses études supérieurs, ses amis se comptaient sur les doigts d'une seule de ses mains. Il y avait bien quelques étudiants qu'elle fréquentait à l'université, voire même à l'extérieur, mais quasiment aucun n'était assez proche d'elle pour qu'elle lui ouvre la porte de son cœur et de son intimé. Il n'y avait guère que Draco et Harry qui pouvaient y pénétrer, l'un parce qu'il était sans conteste son meilleur ami et qu'il la soutenait dans toutes ses démarches, bien plus que quand ils étaient ensemble à l'école, et l'autre parce qu'il était son journal intime sur pattes.

Parfois, il y avait bien ses petites copines. Il y avait eu les coups d'un soir, parce que ça faisait un bien fou de se taper une nana sans se prendre la tête, et puis il y avait eu les petites amies, qui n'étaient jamais restées longtemps dans sa vie, mais qui avaient su réchauffer son cœur. Un peu.

Un temps, elle avait pensé à sortir avec Tracey. Elle ne s'était jamais remise de sa rupture avec Brown, qui continua à sortir avec Weasley, sans doute parce qu'ils n'avaient pas vraiment de raisons de se séparer. A la voir si malheureuse, comme elle-même l'était parfois, Pansy avait songé à lui céder. Elle était en manque d'amour, de sexe, de câlins. Elle était en manque de celle qu'elle avait aimé passionnément et elle avait envie d'oublier, de passer à autre chose, de vivre une vraie relation avec une femme.

Harry n'approuvait pas tellement, il n'avait jamais rencontré Tracey mais ne pensait pas que ce serait une bonne idée, elles se feraient du mal mutuellement, ça, Pansy le savait parfaitement. Elle le mit en colère quand elle lui avoua, un jour, qu'elles avaient commencé à entretenir une relation purement sexuelle. Même le fait que ça lui fasse du bien n'avait pas su l'apaiser. Le voir ainsi lui avait fait du mal, autant elle se fichait maintenant de l'avis de Draco quand il n'était pas du sien, autant décevoir Harry était comme une déchirure. Il avait été tellement là pour elle que c'était comme si elle décevait une sorte de grand frère, d'ange gardien. Il était certainement celui qui se faisait le plus de souci pour elle en ce bas monde.

Et il avait raison, de se faire du souci. Il avait raison sur toute la ligne, le Potty. Pour Draco, Tracey était juste une conne trop fière et trop sentimentale. Pour Harry, c'était un fille vicieuse et malhonnête, comme tous les Serpentard. Autant dire que son copain piqua une crise en entendant ces mots, lui maintenant qu'ils n'étaient pas tous mauvais, sinon pourquoi sortirait-il avec lui ? Et puis elles étaient amies depuis longtemps, jamais Tracey ne lui ferait de mal volontairement. Harry, lui, était resté campé sur ses positions. Et il avait eu raison.

Potty, il avait toujours raison.

Les Serpentard n'étaient pas polygames. C'était pour ça que Tracey avait tout arrêté avec Brown, quand il devint officiel qu'elle sortait avec Ron, et qu'elle le choisissait. C'était pour ça qu'elle devait se résoudre à vivre sans elle, car visiblement, jamais cette fille ne l'aimerait vraiment. C'était pour ça que ça faisait mal, qu'elle s'était réfugiée auprès de Pansy et avait essayé de combler un peu le manque.

Mais Tracey était vicieuse et malhonnête. Amoureuse, aussi. Alors elle devint polygame.

Ce fut peut-être à partir de ce moment-là que Pansy cessa réellement de fréquenter longuement des filles. Jusque là, elle avait réussi à entretenir quelques relations, jamais longues certes, mais cela faisait presque un an qu'elle avait quitté Poudlard et elle avait déjà vécu deux relations longues, d'un à deux mois, et avait même gardé contact avec ses ex. Tracey n'avait rien détruit en elle, mais avait rouvert des blessures à peine cicatrisées. Impunément. Et quand Pansy la quitta, le cœur en morceaux, sa copine ne réagit même pas : elle avait retrouvé Brown, et c'était tout ce qui comptait.

Par Merlin, qu'est-ce qu'elle avait pu pleurer dans les bras de Harry… Sa patience d'ange fut mise à rude épreuve, d'autant plus que cela tomba un jour où il devait passer sa soirée avec Draco, et ce dernier, atterré de la voir dans un état pareil pour une histoire de cul, sans sentiments, avait erré autour d'eux comme un vautour, ne sachant comme arranger la situation. Pansy pleurait, pleurait, pleurait… Et Harry la câlinait, lui parlait, l'embrassait dans les cheveux.

Avoir à nouveau confiance en quelqu'un fut plus compliqué. Elle perdit son amie et des tensions apparurent entre Brown et Harry, que ce dernier était plus ou moins forcé de fréquenter vu qu'elle sortait avec son meilleur ami. Par Draco, elle sut que le brun avait fait comprendre à la jeune femme qu'il était au courant de la relation lesbienne qu'elle entretenait avec Davis et qu'il était loin d'approuver la situation. Pansy ne savait pas vraiment ce qu'elle aurait préféré : que Brown soit largué par Weasley, qu'elle coupe les ponts avec Tracey ou qu'elles finissent ensemble, pour quelques jours, quelques semaines, quelques mois, jusqu'à ce que Brown revienne dans le droit chemin. Parce que c'était forcément ce qu'elle ferait.

La situation devint extrêmement tendue quand Harry se rendit à une cérémonie organisée en son honneur pour fêter la fin de la guerre, qui s'était terminée quelques années plus tôt. L'année précédente, il y était allé seul, et cette fois-ci, il s'y rendit en compagnie de Draco. Ce fut un véritable coup de tonnerre. Personne n'était au courant de leur relation et Draco lui-même ne savait même pas que son copain comptait officialiser la chose ce soir-là : Harry lui avait demandé de l'accompagner, mais seulement à titre d'ami, donc il rentrerait avant lui et l'attendrait dans la salle, comme c'était déjà arrivé, leur relative amitié n'étant depuis un an plus un secret pour personne.

Après cette cérémonie, riche en émotions, où Draco devint le compagnon officiel de leur Sauveur, ce qui ne le rendait pas peu fier, autant le dire, Brown mit fin à sa relation avec Tracey. Elle avait enfin compris d'où Harry tenait ses informations et pensait qu'il finirait par avouer la vérité à Ron, ce qu'elle ne pourrait tolérer. Au bord du gouffre, Tracey fit tout pour récupérer celle qu'elle aimait et elles se firent surprendre par le rouquin. Qui mit fin à toute relation avec Lavande.

Et ce fut tendu. En quelque sorte, Pansy était responsable de tout ce qui s'était passé. Enfermée dans son petit studio, n'étant pas conviée à cette cérémonie et refusant de toute façon d'y mettre les pieds, elle y avait passé toute la journée, sans se douter du raz-de-marée que son ami avait provoqué, parce qu'il ne supporterait plus tous ces tabous entourant les relations homosexuelles, cette hypocrisie et ces tromperies qu'elles engendraient et la souffrance de Pansy, incapable de vivre une vraie relation sans s'écorcher le cœur. Draco, c'était différent, il s'était fait à tout ce secret et, autant l'avouer, Harry faisait tout pour qu'il soit le plus libre possible pour l'aimer. Il avait la clé de son appartement, pouvait s'y rendre quand il le souhaitait, ils se téléphonaient presque tous les jours et se prouvaient par mille attentions qu'ils tenaient l'un à l'autre. Pour Draco, c'était plus une preuve d'amour qu'une volonté de faire avancer les choses.

La vie n'était pas toujours très joyeuse. Seule dans son studio, blottie dans son lit devant sa télévision, elle avait pensé un peu à Tracey. Ca lui arrivait de temps en temps. Depuis sa rupture et l'homosexualité révélée de Brown, elle était très malheureuse et avant manqué plus d'une fois de faire une bêtise. Dans cette relation malsaine, elle avait beaucoup perdu, à la fois l'affection de celle qu'elle aimait et sa confiance. Soudain plus libre de ses mouvements et devant gérer son nouveau statut de lesbienne dépravée, Brown avait décidé de profiter de la vie et sortait depuis un mois avec une fille, à la plus grande horreur de Tracey. Elle ne comprenait pas. Elle ne voyait pas où elle avait fauté, ce que cette nana avait de plus qu'elle, et pourquoi Lavande ne l'aimait plus.

C'était compliqué, et un peu triste. C'était la vie. Pansy en était ressortie fragilisée, mais plus forte, aussi. Elle ne faisait plus confiance, mais parvenait à mieux gérer ses émotions. Dans un sens, elle se sentait mieux dans sa peau et parvenait à mieux percevoir son avenir. Elle savait qu'elle finirait comme Brown, qu'un jour tous sauraient qu'elle aimait les minous. Contrairement à ce que Lavande avait pensé faire, elle ne se marierait pas avec un homme pour faire bonne figure ou ne vivrait pas seule toute sa vie pour cacher l'amour qu'elle éprouverait pour une fille, dont elle rêvait de partager la vie et le logis. Mais elle avait des gens sur qui compter, qui ne la laisserait pas tomber. Elle aurait toujours Harry et Draco, leur amour, leurs chamailleries, leurs moments de complicité, et tout ce qui allait avec.

Un léger sourire étira ses lèvres. Heureusement qu'ils étaient là, ces deux là. La vie serait trop dure et trop triste, sinon. Elle se demanda vaguement quand est-ce qu'ils se décideraient à vivre ensemble. Draco lui avait dit que tant que Harry ne le lui proposerait pas, il n'en serait pas question. Il n'en ferait pas la démarche, il craignait trop d'essuyer un refus, alors que Pansy se doutait que, dans le fond, Harry n'attendait que ça, qu'il le lui propose. Elle avait essayé de convaincre Draco de lui en parler, mais vu l'hésitation qu'elle avait lue dans ses yeux, elle ne savait pas vraiment s'il se lancerait aujourd'hui. Il pouvait être si timide, parfois…

C'était ça, d'être amoureux.

D'être amoureux de quelqu'un trop bien pour soi.

OoO

La veille, elle s'était bourrée la gueule avec Draco devant un match de rugby. Depuis qu'ils avaient découvert la télévision chez Harry, ils étaient tombés amoureux de ce sport et ne manquaient quasiment aucun match de l'Angleterre, ce qui engendrait des soirées alcoolisées où le brun faisait le service, étant le seul à peu près sobre. Résultat, le lendemain, elle accusait une sévère gueule-de-bois et sa journée, entre boulot et études, avait été des plus compliquées. Mais pas insurmontable, elle avait fait bien pire que ça.

Par chance, elle finissait sa journée assez tôt : il était à peine seize heures quand elle atteignit sa rue, après avoir pris le métro pour rentrer chez elle après les quelques heures passées dans la boutique moldue où elle travaillait pour payer son loyer. Elle était juste fatiguée, avec une cruelle envie de dormir, mais il fallait qu'elle bosse ses cours. Elle avait beau avoir de l'avance, il ne fallait pas se relâcher. Les études, c'était tout ce qui lui restait, tout ce qui lui permettait de tenir la route.

Mentalement, Pansy calcula les semaines qui lui restaient avant ses prochaines vacances, soit un mois plus tard, fin février. Elle se sentit soudain fatiguée, sachant déjà que ces vacances lui serviraient à bosser davantage pour s'assurer un peu plus de confort financier. La jeune femme en profiterait quand même pour sortir un peu, histoire de faire de nouvelles rencontres. Une fille, par exemple. Une jolie fille qui réchaufferait un peu sa peau, qui lui ferait des bisous, des câlins, qui comblerait le vide affectif qu'elle trainait depuis presque deux ans.

Je suis vraiment en manque, se dit-elle en marchant, les yeux baissés vers le sol qui commençait à se recouvrir de neige. Un rideau de flocons l'avait accueillie à la sortie du métro, alors elle avait rabattu sa capuche sur sa tête, déjà couverte d'un bonnet, dont ne s'échappait aucune mèche noire, tant ses cheveux étaient courts et bien glissés sous la laine tricotée.

Elle l'aimait bien, elle, sa coupe à la garçonne. Ca lui donnait un côté un peu masculin, ce qu'elle avait toujours trouvé peu sexy, mais elle aimait le reflet que le miroir lui renvoyait : elle avait l'air plus sûre d'elle, plus mature. Presque plus femme, paradoxalement. Rien à voir avec la Pansy qu'elle avait été, avec sa coupe au carré. Un peu ronde, aussi, avec quelques formes, parce qu'elle ne faisait pas attention à sa ligne et s'acceptait telle qu'elle était. Avec son rythme de vie, elle avait un peu mincie. Elle avait encore de quoi bouffer sur elle, mais sa taille s'était affinée, au fil des mois, la rendant un peu plus élancée.

Plus jolie, presque.

Presque.

Tout en marchant dans cette neige qui commençait à recouvrir les trottoirs d'un épais manteau blanc, Pansy poussa un soupir à fendre l'âme. Elle rêva de Poudlard, du parc enneigé, de ces mythiques batailles de boules de neige et ces bonhommes qu'ils fabriquaient tous ensemble, quels que soient leurs âges. Elle se dit qu'elle passerait surement voir Harry dans la soirée, elle se sentait nostalgique, et en général, ce n'était pas une bonne chose. Elle en profiterait pour botter un peu le derrière de Draco s'il ne se décidait pas à demander à Harry de partager son appartement. Un léger sourire fleurit sur ses lèvres, en imaginant son meilleur ami grogner, tourner autour du pot, sans que Harry ne comprenne ce qui le tourmentait.

Elle était presque arrivée chez elle. Farfouillant dans sa besace pour attraper ses clés, elle leva le nez vers la porte d'entrée. Et eut comme un blocage.

Pansy en avait rêvé pendant des mois. Elle en avait tant rêvé qu'elle avait fini par se dire qu'elle se faisait du mal pour rien, car ce qu'elle aurait souhaité ne se passerait jamais. Car, justement, ce n'était qu'un rêve. Jamais personne ne l'attendrait, là, devant la porte de son immeuble, planté devant ou assis à même le perron. Jamais personne ne viendrait sonner à sa porte, à l'improviste. Jamais elle ne reviendrait, tout simplement. Ce n'était qu'un rêve, qu'elle avait nourri malgré elle des mois durant, jusqu'à se faire une raison.

Cette rupture, elle ne l'avait pas rêvée ou cauchemardée. Elle l'avait prise entre quatre yeux et avait tiré un trait sur leur histoire trop courte, sans mensonges et tromperies. Elle avait été honnête. D'une cruelle honnêteté. Qui lui avait certes évité des souffrances inutiles, mais qui ne lui avait pas permis d'oublier.

Mais là…

Là…

C'était comme un rêve. Il y avait ce rideau de neige, tout autour d'elle, et elle, plantée devant la porte de l'immeuble, regardant ce qui semblait être un papier entre ses mains, comme si elle n'était pas certaine d'être à la bonne adresse.

Et Pansy eut envie de s'enfuir.

Elle eut envie de tourner le dos à ce rêve éveillé, faire tout le tour de la rue, aller boire un café dans le bar non loin de là et attendre des heures et des heures, le temps que Harry rentre chez lui et qu'elle puisse hurler dans ses bras.

Parce qu'elle avait une vie de merde, parce qu'elle se détestait, de l'avoir laissée partir, alors qu'elle l'aimait comme elle n'avait jamais aimé personne, parce qu'elle l'aimait comme jamais personne n'aurait été capable de la chérir. Parce qu'elle avait été assez lâche pour la regarder partir avec un autre, qui ne la rendrait jamais heureuse, alors que, elle, elle aimait.

Parce qu'elle était une femme, parce qu'elle ne valait pas un homme, parce qu'elle ne serait jamais assez bien pour elle aux yeux de la société…

Parce qu'elle l'aimait juste trop.

Mais elle n'en eut pas le temps, car, perdue, elle tourna la tête pour chercher de l'aide et ses yeux tombèrent sur sa petite personne frigorifiée et au bord du gouffre. Et le temps sembla se suspendre autour d'elle, des flocons de neige continuant à recouvrir le sol bétonné, effleurant leurs visages et venant se nicher dans ses cheveux broussailleux qu'elle n'entretenait plus depuis longtemps.

Elle était belle.

Tellement belle, dans ce long manteau marron un peu vieillot qui l'enveloppait chaudement, son jean noir un peu ample, car elle n'aimait pas être moulée, de peur que tous ses défauts ressortent, et ses petites bottines noires. Une écharpe épaisse rouge et jaune enserrait son cou, s'échappant du col de son manteau, et ses cheveux frisés partaient dans tous les sens. Comme avant.

Elle était comme avant.

Cet espèce de rat de bibliothèque qui se fichait bien de son physique, de ce que les autres pensaient d'elle, qui ne savait pas se maquiller et qui de toute façon n'en voyait pas l'intérêt. Elle était redevenue cette adolescente qui ne prenait pas soin d'elle, si nature et authentique…

Si belle…

Quelque chose se bloqua dans sa gorge, alors que ces longs mois passés sans elle lui revenaient pleine face, avec leur vide, leurs souffrances, toutes ces larmes qu'elle avait versées, ces trahisons en chaîne et ce déni qui avait accompagné son quotidien…

Elle eut envie de pleurer.

De tomber à genoux, dans la neige, et de pleurer.

Pourquoi tout le monde avait le droit de l'avoir, sauf elle ?

« Bonjour, Pansy. »

Elle ne le savait, mais elle venaitt d'anéantir quelque chose, en elle. Ce mur qu'elle avait érigé autour de son cœur pour tenter de survivre, de s'en sortir, ses deux mots suffirent pour le balayer. Un raz-de-marée était en train de la ravager, de tout détruire sur son passage. Et Pansy sut, en entendant ces mots et en voyant ce léger sourire sur son visage, que sa vie était terminée. Que cette indépendance durement acquise ne serait plus qu'un lointain souvenir.

Plus jamais, elle ne la laisserait partir. Elle ferait tout pour la garder près d'elle, quitte à devenir sa maîtresse et vivre avec l'idée qu'un homme la pénétrait quand ce n'était pas elle qui la caressait, que du jour au lendemain, elle pourrait avoir un enfant et la quitter définitivement, parce qu'il ne serait pas d'elle et parce que cette situation n'avait que trop duré.

Elle vivrait avec ça.

Elle le supporterait.

Parce qu'elle l'aimait encore et ne pourrait définitivement vivre sans revoir son visage…

« Ca fait longtemps.

- Ouais. »

Ce mot lui avait couté plus qu'elle ne l'aurait cru. Il lui écorcha les lèvres.

Sais-tu combien de temps je t'ai attendu ? Sais-tu ce que cela a représenté pour moi ? Peux-tu ne serait-ce que l'imaginer ?

Pansy s'avança vers elle, essayant de reprendre contenance. Elle ne savait pas de quoi avait l'air son visage, mais elle l'espérait le plus neutre possible. Au moins, s'il était plus pâle que la normale, elle pourrait mettre cela sur le compte du froid.

« Je… Je voulais… Je sais que c'est assez soudain, mais…

- Abrège, Granger. Il fait un froid de chien.

- J'ai quitté Blaise. »

Plutôt que de ressentir une joie intense et l'envie de lui poser tout un tas de question, ce ne fut qu'une grande douleur qui lui malmena les entrailles. Alors, c'était ça ? Après tout ce temps passé avec lui, après cette nouvelle chance qu'elle lui avait accordée, elle revenait vers elle, parce que ça n'avait pas marché, alors pourquoi pas reprendre là où elles s'étaient arrêtées ?

Avant même que Hermione n'aille plus loin, Pansy savait qu'elle rejetterait tout en bloc avant d'accepter comme la pauvre conne désespérée qu'elle était devenue en l'espace de quelques secondes.

« Ah. Ca n'a pas marché ?

- Ca n'a jamais marché.

- Pourquoi t'es resté avec alors ?

- L'espoir, sans doute. L'espoir que ça redevienne un peu comme avant. Et puis, je n'avais pas de raison de le quitter.

- Comment ça ? Par Pitié Hermione, ne me sors pas tout ce baratin… Tu vas me dire quoi ? Que t'avais envie de revenir vers moi mais que t'osais pas, que t'avais rien de mieux à disposition ? Tu sais ce que tu vaux et tu sais que t'as du charme, et…

- Si je suis venue te voir, c'était pour te demander pardon. »

Ça y est, elle était en train de l'achever. Pansy s'était trompée. Elle n'était pas là pour la récupérer, mais…

« Je suis désolée pour le mal que je t'ai fait, à Poudlard. Tu m'avais demandée de te quitter plutôt que de te tromper, et je l'ai fait pour revenir vers Blaise, un salaud de première. Je savais que ça ne marcherait pas, parce qu'il ne m'a jamais aimée comme il faut, et il n'en sera jamais capable, qu'importe ses efforts. »

Ne me regarde pas avec ces yeux-là, avec ce visage si paisible…

« Pourtant, tu…

- Je suis désolée, Pansy. J'ai été lâche. Je ne t'ai pas quittée parce que je l'aimais, même si c'est vrai que j'avais encore quelques sentiments pour lui. Je t'ai quittée parce que je n'assumais pas ce que j'étais en train de devenir. »

Qu'on l'achève.

Par pitié, qu'on l'achève…

« J'ai quitté Blaise il y a quelques jours et je suis retournée vivre chez mes parents. J'ai parlé avec eux, de ce que je ressentais. Ils m'ont dit que si un jour je leur présentais une fille, ils l'accepteraient. Alors je suis partie, je l'ai quitté. Je suis venue te voir parce que les choses auraient pu être beaucoup plus simples et beaucoup plus belles si j'avais eu le courage de vivre cette aventure avec toi jusqu'au bout. Aujourd'hui, j'ai décidé d'assumer ce que j'étais. Et je voudrais te remercier pour ça. Même si à tes yeux, je dois être la pire salope qui soit, vu ce que je t'ai fait et ce que j'ose t'imposer aujourd'hui. »

Elle souriait. Doucement. Presque tendrement. Les coins de sa bouche tendaient à descendre vers le bas, comme si elle luttait pou le garder sur son visage.

Pansy eut envie de hurler. De s'enfuir.

Ces mots sonnaient comme un adieu.

Merci pour tout, et au revoir…

Pourquoi tout le monde a le droit de l'avoir, sauf moi ?

« Ok. Ravie d'avoir pu t'éclairer sur ta sexualité. Je te souhaite bon courage pour trouver une gonzesse à ta hauteur et qui t'aidera à supporter les rejets que tu subiras toute ta vie. »

Son sourire demeura sur son visage, douloureux, alors que ses yeux se baissaient vers le sol. Elle aurait pu être plus méchante que ça. Beaucoup plus méchante que ça. Mais elle ne pouvait pas. Pansy n'était pas capable de la traiter de tous les noms, alors que son cœur saignait dans sa poitrine, alors qu'elle avait envie de se jeter à ses genoux et de la supplier de la reprendre.

« Je ne demande pas la lune. Juste quelqu'un pour prendre soin de moi, comme tu savais si bien le faire avant.

- Essaie de trouver plus joli.

- Tu n'es pas moche, Pansy.

- T'as de la merde dans les yeux.

- C'est toi qui en as. J'ai toujours pensé que tu étais une jolie fille.

- Arrête, sérieux…

- Qu'est-ce qui va pas, chez toi ? Ton visage, tes cheveux, ton corps ? Si tu vas par là, avec mes gros cheveux, moi aussi je suis moche ! »

Elle venait de saisir sa masse touffue de cheveux châtains, pour former deux couettes entre ses poings. Deux couettes affreusement ridicules, qui lui donnaient à côté gamine, malmenant un peu plus son cœur.

Qui ne voudrait pas d'elle, franchement ? Qui ne voudrait pas de ce petit bout de femme, si plein d'amour ?

« T'as jamais été moche. T'étais la plus belle de Poudlard. »

Pansy réalisa trop tard qu'elle venait dire tout haut ce qu'elle pensait depuis qu'elle était adolescente, et pour son plus grand malheur, Hermione venait d'entendre ses mots et son visage se figea. Elle tenait toujours ses cheveux et ses joues rosirent, alors que son sourire disparaissait de son visage.

« Ah oui ?

- Ouais.

- Avant que tu me forces à lisser mes cheveux ou après ?

- Bien avant. T'as toujours été plus jolie avec tes gros cheveux. »

Ses joues rougirent un peu plus, alors que le cœur de Pansy battait plus fort dans sa poitrine. Le monde semblait à nouveau tourner autour d'elles.

« Blaise me préférait avec les cheveux lisses.

- Blaise était un abruti.

- Toutes les filles que j'ai rencontrées m'ont toujours dit que…

- Elles avaient pas de goût. Tu sortais avec ?

- Non.

- Elles n'avaient définitivement pas de goût. »

Un sourire fleurit sur ses lèvres, et Pansy sentit quelque chose se réchauffer en elle. C'était un peu comme si le monde s'éclairait à nouveau autour d'elle. Elle l'avait fait sourire avec un petit compliment, comme avant. Elle souriait d'un rien, avant.

Elle était tellement plus jolie, avant…

« Tu as quelqu'un dans ta vie ?

- Nan, personne. Déjà que le carré, ça plaisait pas des masses à Poudlard, mais alors les cheveux courts…

- Courts ?

- Ouais. »

Pansy retira sa capuche puis son bonnet, révélant sa courte chevelure noire qui métamorphosait son visage. Elle accusa le coup quand le visage de son ex s'éclaira de surprise.

« Ah oui, ça change. Ca te va mieux.

- T'es sérieuse ?

- Ca te rend masculine mais ça te va bien.

- Je les ai coupés quand je suis sortie de Poudlard. »

Il y eut un silence.

« Et ils n'ont plus jamais repoussé ?

- Nan. »

Nouveau silence.

« T'aimerais qu'ils repoussent, un jour ?

- Je sais pas. J'ai personne, donc j'ai pas à me faire chier à les entretenir. »

Elle acquiesça lentement. Puis, au bord de la rupture, Pansy prit son courage à deux mains et se lança.

« Hey, Granger… Si je t'embrasse, là, tout de suite, tu vas m'envoyer dans la neige ? »

Sur le coup, Hermione ne réagit pas tout de suite, puis elle piqua un fard monstrueux et ses poings semblèrent se resserrer autour de ses cheveux.

« Non.

- Et si je te propose de monter chez moi pour boire un thé, tu vas refuser ?

- Non.

- Et si je mets mes mains sur ton ventre parce qu'elles sont gelées, tu vas me laisser faire ou tu vas te barrer ?

- Elles sont si gelées que ça, tes mains ?

- J'ai tout le corps qui est gelé.

- C'est un bain que tu dois prendre pour te réchauffer…

- J'ai pas de baignoire chez moi.

- Mets-toi sous ta couette alors.

- J'ai quasi pas de chauffage, chez moi, donc tu sais…

- Alors j'accepte de servir de chauffage. »

Hermione dut voir les larmes qui commençaient à lui monter aux yeux et sa bouche qui grimaçait désagréablement. Elle relâcha ses cheveux, mit ses mains derrière son dos, s'avança de quelques pas vers elle et se mit sur la pointe des pieds pour déposer sa bouche contre la sienne. Et alors les vannes s'ouvrirent, en grand… Tellement grand qu'elle sentit bientôt les mains toutes aussi gelées que les siennes de Hermione se poser ses joues tendrement pour les sécher un peu, du bout des doigts.

Ses bras enserrèrent le corps de la jeune femme, comme un étau. Son odeur explosa dans ses narines alors que sa bouche la brûlait, ses larmes dévalant ses joues. Son cœur lui faisait mal, tellement mal qu'elle avait l'impression d'être dans un rêve. Peut-être était-elle dans son lit, la couette sur les hanches et le haut du corps gelé, et qu'elle rêvait ce moment intense de tendresse et d'amour.

« T'en vas plus. T'en vas plus jamais… »

Elle était lâche, elle se faisait pitié, de la récupérer ainsi, à l'arrache, de récupérer ce qu'elle lui accordait, en ce jour où elle était apparue comme une fleur.

« Me laisse plus partir… Je voulais que tu me retiennes, que tu me montres que tu m'aimais… »

Ses bras autour d'elle se resserrèrent, encore plus, alors que son cœur lui faisait mal à exploser.

« J'osais pas revenir, je pensais que tu me détestais, que tu voudrais plus de moi… J'étais pas assez bien pour que tu essaies de me garder… »

Et ses larmes n'en finissait plus de couler, quand elle voyait tout ce temps perdu, ces souffrances inutiles…

« Je t'aime. Je t'aimais tellement… tellement fort… que je voulais pas que tu gâches ta vie… Je voulais juste que tu sois… heureuse… et si c'était avec lui… »

L'amour, c'était toujours compliqué, surtout quand on pensait à l'autre plutôt qu'à soi. Pansy avait pensé qu'imposer des règles rendraient les choses plus faciles, moins douloureuses. Mais être abandonné par la personne qu'on aime pour une autre qu'on hait, quelle qu'elle soit, ne rendait pas la rupture plus facile à encaisser et à panser.

Elles avaient eu peur. Toutes les deux.

Elles avaient agi comme deux jeunes adultes qui ont peu de souffrir et d'être différentes.

Le chemin serait long, difficile, sinueux. Ce serait compliqué de d'aimer, de vivre ensemble, d'affronter le monde extérieur. Il y aurait la famille, les amis, ceux qui resteraient et ceux auxquels il faudrait renoncer, et le travail, aussi, ces collègues qui cracheraient dans leur dos et ceux qui tolèreraient juste leur présence…

La vie serait compliquée pour ces deux filles, qui ne savaient pas trop où elles allaient ni comment elles allaient s'y prendre.

Tout ce qu'elles savaient, là, enlacées sous la neige, dans une petite rue d'un quartier moldu de Londres, c'était que ce chemin, elles en feraient un bon bout ensemble.

Parce qu'elles étaient prêtes à changer.

FIN


Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !