Voici la suite et fin, écrite par Gwenetsi ! Merci à tous ceux qui ont lu cette courte histoire. Et merci à toi, Gwen, pour avoir continué ce que je considérais comme bouclé !

Bonne lecture !


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Ziva jette sur la table basse le courrier du jour. Sa mine est sombre. Malgré leurs efforts, les Reynosa continuent d'être une menace. Elle se laisse tomber dans le canapé. Elle aimerait être tranquille aujourd'hui, ne pas avoir d'appel du NCIS. Elle voudrait simplement profiter de sa journée de repos sans qu'un nouveau problème surgisse.

Elle s'empare de son courrier : publicités, factures, rien de bien intéressant. Et puis une lettre retient son attention. Elle a le bord hachuré rouge et bleu par un autocollant, un tampon de Tel Aviv, un timbre d'Israël... C'est une lettre de son père. Elle reconnaît son écriture. Elle la tourne dans ses mains sans comprendre. Pourquoi lui aurait-il envoyé une lettre? Pourquoi lui aurait-il envoyé quoi que se soit d'ailleurs?

Décidée à avoir des réponses, elle ouvre l'enveloppe et en retire ce qu'elle contient. Sa surprise est grande quand elle en sort une autre. Elle a soudain l'impression de jouer avec des matriochkas. Sauf qu'Israël n'est pas la Russie et que son père n'est pas adepte des poupées russes.

Elle inspecte sa trouvaille. C'est son adresse à Tel Aviv qui est indiquée. Cela explique sans doute pourquoi son père lui a envoyé. Elle ne le pensait pas si charitable. Quoique... elle a été ouverte.

Elle la retourne pour savoir qui est l'expéditeur. Elle fronce les sourcils en ne voyant rien. Cette face est abîmée. Elle n'a pas été protégé comme l'autre du passage du temps. Il ne pleut peut-être pas souvent dans son pays natal, mais cela arrive tout de même, comme la neige est apparue là-bas depuis quelques hivers. Même si l'enveloppe était dans sa boite, comme elle s'en doute, le changement de température ou l'humidité ont eu un impact sur elle. Pour cette raison, l'adresse s'est effacée. Du moins, elle préfère croire à cette hypothèse qu'à son absence.

Elle incline le papier pour la vérifier. À la lumière du soleil, les lettres lui apparaissent en filigrane. Elle pâlit, Tony!

Elle n'a plus très envie de regarder à l'intérieur à présent, surtout quand elle voit la date à laquelle elle est arrivée en Israël. Cela fait près d'un an. Cependant, la curiosité est la plus forte. Elle l'emporte sur le reste. Elle attrape la lettre légèrement froissée qu'elle contient et la déplie.

Dès les premiers mots, elle se dit qu'elle devrait arrêter sa lecture, que la suite ne va pas lui plaire d'une manière ou d'une autre. Seulement son père a lu la lettre, il le lui a envoyée. Rien que pour ça, elle persévère. Certaines phrases s'impriment sur sa rétine plus efficacement qu'un aimant se colle un à un morceau de métal. Chaque paragraphe lui fait comprendre ce qu'il a ressenti lui, ce à quoi elle n'avait encore jamais voulu prêter attention.

Il y a d'abord son sentiment de culpabilité et la certitude qu'elle ne se soucie pas de lui. C'était vrai dans un sens. À l'époque, elle ne voulait plus entendre parler de lui. Puis vient la raison de l'existence de la lettre bien après ce qu'il s'est passé, le fait qu'il ait besoin de faire partager ce qu'il ressent.

Finalement, il était bien jaloux. Il lui écrit « j'aurais dû », mais ce n'est pas ce qui changera le passé. Les deux ennemis qu'ils étaient depuis le début comprenaient l'autre mieux que personne, mieux qu'elle. Son cœur se serre en lisant ces mots là. Elle a été aveugle et sourde contrairement à eux, mais lui a été idiot. Croire qu'elle lui tomberait dans les bras après l'avoir tué? Oui, ça n'aurait pas pu être pire.

Elle ne le croyait pas. Elle a décidé de rester en Israël, chez elle. Elle lui a fait mal. Juste retour des choses, après ce qu'il venait de lui faire. Inconsciemment, elle voulait qu'il souffre comme il la faisait souffrir. Et ça a marché. Personne n'a vu qu'il allait mal. Pour autant, en est-elle satisfaite?

Revenir? Il la suppliait de revenir? Revenir parce qu'elle lui manquait? Elle avait une espérance de vie en Amérique, mais pas en Israël? Être au Mossad, c'est se condamner à mort? Elle se crispe. Il ne sait rien. Comment peut-il juger que son père est le pire salopard de la Terre sans connaître toute l'histoire? Qu'il se sert seulement d'elle? Que personne ne tient à elle là-bas? Et vivre auprès de lui après ce qu'il venait de se passer, c'était mieux peut-être? Égoïste!

Voilà qu'il écrit maintenant qu'elle va sans doute se moquer de lui parce qu'elle lui manque et que ça lui fait du mal. N'importe quoi. Sa déchéance est du passé. Elle ne veut pas y penser. Elle a eu tellement de mal avec sa propre souffrance, alors gérer la sienne... c'est au-dessus de ses forces, même si c'était il y a un an. Pourtant, ses mots l'atteignent malgré elle. Le souvenir de cette soirée, ce qu'il s'est passé dans son appartement lui revient en pleine figure. Les souvenirs reprennent leur place comme si cela venait juste de se produire. Oui, elle a tenté de le sauver. Pourquoi l'aurait-elle laissé mourir? Pourquoi ne lui en aurait-elle pas voulu de ce qu'il venait de faire? À ce moment là, elle ne pouvait agir autrement.

Le paragraphe suivant lui coupe le souffle. Il s'en veut de ce qu'il a fait. Il regrette, ça et de ne pas lui avoir dit. Il ne supporte plus la vie sans elle. Il l'aime. Trois mots qui résument tout ce qu'il a écrit auparavant. Une lettre interminable, continue-t-il, le courage qui lui manquera toujours pour lui avouer cela de vive voix, qu'il a eu seulement pour cette lettre. Il lui fait part de la faciliter de faire part de ses sentiments à travers les mots tracés sur une feuille de papier, de son incertitude quant à sa réception.

Il lui a dit toute la vérité. Elle peut revenir maintenant, non? Il a besoin d'elle. Les mots sonnent encore avec une teinte égoïste, mais si sincères qu'elle ne peut lui en vouloir. Revenir à Washington, c'est ce qu'il lui demande. Revenir et oublier tout ce qu'elle vient de lire. Oublier les trois mots qui ont guider ces actes.

Voilà, elle a tout lu. Et maintenant ?

Sa lettre et ses aveux l'ont remuée. Son appel à l'aide à travers toutes ses vérités, que doit-elle en faire? Son comportement égoïste uniquement dicté par ses sentiments n'a pas été des meilleurs, pas toujours. Pourtant, si elle y réfléchit bien, c'est pour elle qu'il a fait ça. « Je t'aime. ». Ces mots tournent en boucle dans sa tête, éclipsent les autres.

Après un dernier regard pour la feuille de papier, elle l'a plie et la range dans sa poche. Elle attrape ensuite ses clés, sa veste et quitte son appartement.


Plutôt que sonner, elle frappe à sa porte. Elle attend fébrilement qu'il vienne ouvrir, une main serrée sur sa lettre dans sa poche.
Après ce qui lui semble une éternité, la porte s'entrebâille. Son visage apparaît.

- Ziva? s'étonne-t-il.

D'autorité, elle pousse la porte et entre. Il referme derrière elle sans comprendre.
Il ouvre la bouche pour parler et quémander des explications. Elle le coupe.

- Tu m'aimes?

L'impact de sa question est impressionnant. Elle ne s'attarde pourtant pas à détailler sa réaction. Elle sort la lettre de sa poche, la lui tend. Il s'en empare et la déplie. Voyant de quoi il s'agit, il lui jette un regard suppliant.

- Tu m'aimes? répète-t-elle.

Il ne répond pas.

- Dis-moi la vérité.

Il baisse la tête.

- Tu l'as lue, murmure-t-il. Tu sais.
- Je veux te l'entendre dire, rétorque-t-elle.

En proie à un profond débat intérieur, le jeune homme hésite.

- Tony, appelle-t-elle plus doucement, dis-moi la vérité. S'il-te-plaît.

Il redresse la tête.

- Oui, souffle-t-il l'air profondément perdu.

Elle le regarde dubitative.

- Oui, reprend-il, je t'aime.

Satisfaite, elle récupère la lettre. Sous ses yeux interdits, elle la range, puis le regarde avec un doux sourire.

- Tu vois, dit-elle, tu en as eu le courage.

Elle s'approche de lui, pose une main sur sa joue.

- Je t'ai pardonné Tony. J'ai eu tout le temps de réfléchir en Somalie.

Un voile passe devant ses yeux en prononçant cette dernière phrase. Pourtant, son sourire ne quitte pas ses lèvres.

- Tu sais, continue-t-elle, moi non plus je ne pensais pas que j'en aurais le courage.
- Le courage de quoi? demande-t-il sans comprendre.
- De ça, répond-elle en déposant un baiser sur ses lèvres.

Elle se détache de lui sans que leurs regards se décrochent.

- Je t'aime, souffle-t-elle.

Un magnifique sourire apparaît sur le visage du jeune homme. Il effleure la joue de sa compagne du bout des doigts. Elle ferme les yeux.

- Ne me quitte pas, demande-t-il à son oreille.
- Jamais, assure-t-elle en se coulant dans ses bras.


Assis à son bureau, Eli David consulte des dossiers. Le téléphone de son bureau sonne. D'un geste devenu automatique avec le temps, il porte le combiné à son oreille.

- Papa? entend-il avant d'avoir pu donner son nom.
- Ziva, souffle-t-il surpris et heureux d'entendre sa fille..
- Je ne sais pas pourquoi tu as fait ça, lui dit-elle, mais... merci.

Après un court silence et avec un sourire, le directeur raccroche. Il n'a pas répondu, mais il sait qu'elle n'attendait pas qu'il le fasse.

Il abandonne ses dossiers pour ouvrir un tiroir de son bureau. Sous une liasse de documents confidentiels, il attrape une enveloppe. Elle ressemble en bien des points à celle qu'il a renvoyé aux États-Unis il y a peu, mais le prénom de la destinataire, son adresse et l'expéditeur sont différents. Ses doigts passent sur les mots indiquant que la personne n'habite plus à cette adresse. Il soupire puis range la lettre dans le tiroir, à la place qu'elle ne quitte pas depuis des années.

On peut lui faire tous les reproches de la Terre si l'on veut, une chose ne changera jamais. Il aime sa fille. Peut-être pas comme il le faudrait c'est vrai, mais il l'aime. Pour son bonheur, pour celui auquel il n'a pas eu droit et qui l'a rendu comme il est maintenant, il est heureux d'avoir envoyé la lettre. Il ne le regrette pas et si c'était à refaire, il le referait sans hésitation.

Il aurait aimé qu'à l'époque quelqu'un fasse pour lui ce qu'il a fait aujourd'hui. Il aurait voulu qu'elle ait sa lettre. Peut-être qu'alors il aurait pu avoir une autre chance avec elle, la seule femme qu'il ait jamais aimée, la mère de ses filles. Oui, peut-être...