Bonjour à tous ! Ceci est ma première traduction pour le site, alors j'espère que vous saurez vous montrer indulgents !

Disclaimer : Je ne possède rien. Les personnages sont à J.K. Rowling, et l'histoire à la fabuleuse Hannah-1888, qui a écrit la fiction originale, The Diary of a Nobody ! Le titre VO vient d'un livre de Charles Pooter jamais traduit, aussi ai-je emprunté le titre français à Cocteau.

Ajoutons que cette fiction prend en compte tous les livres, à l'exception de l'épilogue et de ses dix-neuf ans plus tard. Et que j'ai fait de mon mieux mais si vous trouvez que certains passages ont besoin d'être retravaillés n'hésitez pas, toute critique constructive est bonne à prendre !

Bonne lecture !


Journal d'un inconnu

Pourquoi ne pourrais-je pas publier mon journal ? J'ai souvent vu des gens dont je n'avais jamais entendu parler raconter leurs souvenirs,

et je ne vois pas pourquoi - simplement parce que personne ne me connaît - mon journal ne serait pas intéressant. Mon seul regret est de ne pas l'avoir commencé dans ma jeunesse.

Charles Pooter, The Diary of a Nobody (1892).

Lundi 27 Décembre

Ai reçu ce journal pour Noël de la part de Minerva. Pourquoi elle s'est mis en tête que j'apprécierais un tel cadeau, je n'en ai absolument aucune idée.

Néanmoins, l'idée d'écrire ses pensées ne me semble pas entièrement aberrante. Cela pourrait même être d'une certaine utilité pour cataloguer les événements d'une journée, je suppose.

Considère l'idée d'écrire dedans, malgré rejet initial dudit journal. Cela ne peut faire aucun mal, après tout. Personne ne le lira ; pas s'ils accordent une valeur quelconque à leur santé en tout cas.

C'est décidé ; je commence dès à présent.

15:00

Aujourd'hui je me suis rendu au Chemin de Traverse et ai fait l'achat de parchemin ainsi que de nouvelles plumes. A mon retour, j'ai décidé de lire -

Oublions ça ; je m'ennuie déjà moi-même à mourir.

Samedi 1er Janvier

Eh bien, c'est une nouvelle année, après tout - peut-être devrais-je donner une nouvelle chance à ce journal. Peut-être pourrais-je décider d'une période d'essai à l'issue de laquelle je verrais bien si je souhaite continuer l'expérience ? Je suspecte qu'à un moment ou à un autre je finirais par faire quelque chose digne d'être noté, et il se pourrait que le transcrire en mots se révèle un procédé intéressant.

Pour l'instant, cependant...

Ai replanté mes plantes aujourd'hui. Branchiflore semble grandir très bien, mais commence à être un peu inquiet de la couleur de mes herbes. Devrais garder un oeil sur elles les prochains jours.

Souffre d'un profond ennui, ceci mis à part. Peut-être même au point d'être pressé de retourner travailler la semaine prochaine.

Dimanche 2 Janvier

Ai commencé à préparer la Potion Tue-Loup aujourd'hui - juste parce que j'en suis capable.

Après cela, j'ai pris un bain et ai entrepris de polir mes flacons -

En y repensant, peut-être n'ai-je pas réellement besoin de consigner chaque détail de chaque jour. Autrement, en relisant mes comptes-rendus précédents, suis sûr d'être frappé par la complète inutilité de mon existence et pourrais être tenté de mettre fin à mes jours. Décidé que le prochain compte-rendu devra être ne serait-ce qu'un minimum plus captivant. Devrait aider qu'à partir de demain je ne serais plus coincé à la maison, mais de retour au travail.

Mercredi 5 Janvier

10:00 — Mon Bureau.

Déteste être de retour au travail. Déteste la stupide boîte à chaussures qui me sert de bureau. Et surtout, déteste mon travail stupide et avilissant. Certains ne le considèreraient peut-être pas avilissant, mais pour moi, il s'accompagne d'une cruelle et douloureuse ironie.

Je suis responsable d'évaluer et d'obtenir des renseignements sur les recrues qui ont pour choix de carrière la vie secrète des Langues-de-plomb. Je suis la première étape pour déterminer lesquels d'entre eux ont les capacités requises pour occuper l'un des postes les plus prestigieux et admirés dans les couloirs du pouvoir. D'aucuns pourraient plaider qu'il s'agit là d'une importante responsabilité.

L'ironie, cependant, repose dans le fait que j'ignore ce pour quoi je prépare les candidats. J'ai autant de renseignements sur ce en quoi consistent les occupations d'une Langue-de-plomb que le premier quidam venu.

Apparemment, ce niveau de non-savoir est tout ce avec quoi l'on veut bien me faire confiance. L'on a pris soin de m'informer que mes précédentes allégeances et motivations à caractère douteux ne pouvaient pas être ignorées.

J'ai hésité à demander ce que foutaient les Langues-de-plomb quand Voldemort avait entrepris de décimer la population magique. Et ce qu'ils foutaient quand, non seulement une bande de Mangemorts, mais également Potter et sa troupe déambulaient joyeusement dans le Département et se divertissaient avec les prophéties comme si elles leur appartenaient !

Sérieusement, ces gens ridicules, à quoi servent-ils en vérité ? Le fait qu'ils refusent de divulguer la nature de leur travail me suggère qu'ils ne fichent absolument rien. Ils se voient comme une sorte de Services Secrets Moldus, n'est-ce pas ? Ils prennent leur supposé travail bien trop au sérieux. Les idiots.

Donc, oui, l'on m'envoie chaque prétendant au trône, que je suis supposé évaluer à l'aide d'un test prédéterminé. S'ensuit une période d'entraînement, et, si je décrète leurs résultats suffisamment satisfaisants, ils sont pour ainsi dire envoyés à "l'étage au-dessus".

Ce qui se passe là-haut, à nouveau, je l'ignore.

Il convient au Ministère de me garder à la fois dans le doute et à portée de main. Cela me convient, malheureusement, car j'ignore si l'on m'engagerait ailleurs. Je ne peux vraiment pas les blâmer, à dire vrai. On ne les appelle pas Impardonnables pour rien.

Je fais avec. C'est à peu près tout ce qu'on peut en dire. J'ai une certaine marge de manoeuvre (quoique pas littéralement ; ce bureau est une vraie boîte à gants) dans le sens où je sais certainement comment peser de tout mon poids et m'en sortir quand même. L'essentiel étant que je suis bon dans mon domaine et qu'ils le savent. Merlin sait que j'ai élevé le repérage des cornichons au rang d'art.

Ces derniers temps, je me demande tout de même, à mesure que le temps passe, si je ne devrais pas essayer de sortir de cette impasse. Peut-être cette année devrais-je sérieusement considérer l'idée.

Ugh. Ai accidentellement ouvert journal quelques pages plus loin, ce qui m'a rappelé imminence d'événement annuel tant redouté. Déteste Janvier.

En aparté, suis plutôt satisfait de ce compte-rendu.

Dimanche 9 Janvier

Midi. Mon Lit.

Viens juste de réussir à me réveiller à la suite d'une nuit de débauche infligée par nul autre que moi-même.

Dans l'ensemble, cela ne fut pas une nuit très réussie. Ma tête pourrait bien être sujette très bientôt à un cas rare de combustion spontanée, et ces huit shots de vodka n'ont visiblement pas fait leur travail, puisque je me souviens douloureusement la raison pour laquelle j'ai choisi la débauche en premier lieu. Anniversaire. Quarante-cinquième anniversaire, pour être précis. Suis maintenant non plus seulement un ancien Mangemort, ancien espion, ancien Maître de Potions, ancien Professeur de Défense Contre les Forces du Mal, et actuel fonctionnaire-laissé-pour-compte de peu d'importance, mais un ancien Mangemort, ancien espion, ancien Maître de Potions, ancien Professeur de Défense Contre les Forces du Mal, et actuel fonctionnaire-laissé-pour-compte de peu d'importance de quarante-cinq ans.

La seule aubaine, si l'on prend la peine de creuser suffisamment, est que mon anniversaire a l'avantage de tomber en début d'année. Lorsque le brouillard chimiquement induit se sera dissipé, et cela finira par être le cas, je pourrais oublier l'inévitable et déprimant croche-pied d'anniversaire et me concentrer sur mes objectifs pour l'année à venir.

Oui, même moi j'ai des objectifs. Ou en tout cas, je l'ai décidé hier soir.

Je sais que je les ai écrits à un moment donné, quand j'étais encore capable de tenir une plume, et je les ai laissés quelque part... Ah les voilà, sous les couvertures, collés à ma jambe.

Objectifs personnels pour l'année à venir (sans ordre précis) :

1. Boire moins.

2. Me lancer dans une nouvelle carrière et trouver un emploi a) qui me plaise; b) pour lequel je ne suis pas sur-qualifié ; et c) dans lequel on m'apprécierait à ma juste valeur.

3. Trouver une femme.

Hmm... Trouver une femme ? Voilà une chose à laquelle je ne m'étais jamais décidé... à l'exception d'une certaine aberration de notoriété publique, évidement...

Mais, après tout, tous les autres semblent avoir un partenaire alors pourquoi ne le pourrais-je pas ?

Je ne peux sûrement pas être entièrement repoussant à l'égard du sexe opposé si ? Il doit bien se trouver quelqu'un, quelque part, qui voudrait de moi ? Ne dois pas me considérer fatalement antipathique. Dois penser positif.

Ce peut être le numéro quatre : Penserais positif.

Je mérité quelques miettes de bonheur après toute la fange dans laquelle j'ai pataugé pour arriver jusqu'ici.

Suis Severus Tobias Snape, assez jeune homme dont la renommée n'est plus à faire. Ai trompé la mort aux mains du plus Noir de tous les Mages, nom de Dieu ! Ai maîtrisé les plus difficiles potions connues des sorciers ! Ai un Ordre de Merlin ! Ai vécu une vie qui ferait dresser les cheveux sur la tête du premier idiot pêché dans la rue !

Possède des cheveux résolument raides, merci beaucoup.

Me trouver une femme devrait, en théorie, être une foutue croisière avec mes références. Je peux -

12:30

Bordel.

Une enveloppe vient de sauter de la cheminée. Contenait un message de Minerva, me rappelant ma promesse de me rendre à la fête célébrant ses quatre-vingt années de services passées à modeler de jeunes esprits. Ne suis pas certain de comment j'en suis arrivé à accepter de me prêter à une chose aussi détestable, et spécialement quand ma réponse initiale avait été de l'envoyer au Diable.

Apparemment, suis maintenant sous la menace imminente d'un Imperium si je refuse d'exaucer son souhait. Cela qui me convient. Libre à elle de passer le reste de sa vie à Azkaban, si cela la tente. Quelle glorieuse fin de carrière ce serait. Je pourrais peut-être même l'y encourager.

A présent, maintenant que ma potion de Gueule de bois commence à faire effet et que le sang a cessé de battre dans mes tempes à chacune de mes tentatives de me tenir debout, il me faut y aller et arroser mes plantes.

Lundi 10 Janvier

17:30

Ai considéré la possibilité de la présence de boissons gratuites à la fête. Possibilité fort possible, en effet. Devrais diminuer ma consommation, surtout après la soirée gratuit-pour-tous d'hier, mais...

Je n'en boirais qu'un verre ou deux, de toute façon.

Peux toujours commencer ma vie de totale sobriété au matin, quand j'y pense.

Je m'y rendrais donc ce soir. Ne tiens pas vraiment à voir Minerva pourrir à Azkaban, à la réflexion.

Minuit. A la maison.

Quelle soirée merdique !

En résumé : ne devrais jamais y être allé.

Suis arrivé légèrement en retard à Poudlard, pour trouver Minerva occupée à faire les cent pas dans le Hall d'Entrée.

'Vous voilà !' a-t-elle rugi violemment en me voyant arriver. Elle s'est précipitée pour m'enlever mon manteau, claquant la langue de désapprobation en voyant que je n'avais fait aucun effort spécial avec ma tenue. Qu'espérait-elle me voir porter ? De la soie ? Des broderies ? Des froufrous ?

'Montez-moi ces marches' ordonna-t-elle, me poussant dans la bonne direction.

'Voulez-vous cesser ?' grondai-je avec colère.

Elle m'ignora. 'Tout le monde est là' expliqua-t-elle en me guidant vers la Grande Salle. 'Je voulais -'

'Allez vous faire pendre, Minerva ; Je ne rentre pas là-dedans par la grande porte.'

Elle secoua la tête d'un air las et nous fîmes le tour jusqu'à la porte située au fond de la salle. Personne ne remarqua notre arrivée, ce dont je fus extrêmement reconnaissant. J'étais tout prêt à saisir le verre le plus proche et à me retrancher dans un coin, mais à peine la première partie du plan effectuée Minerva se mit à murmurer : 'A qui pouvons-nous bien vous présenter ?'

Je suis certain d'avoir pâli. J'ai peut-être l'intention de me trouver une compagne, mais je ne veux certainement pas qu'une troisième personne soit impliquée dans cette recherche. Plutôt crever.

'Minerva -'

'Tiens, voilà Hermione ! Vous vous rappelez Hermione Granger, n'est-ce pas, Severus ?'

Je la fixai d'un air stupide. Comment pourrais-je jamais oublier Hermione "Bien-meilleure-que-vous-tous" Granger ? J'avais toujours de terribles flashbacks à son sujet à l'occasion.

'En plein divorce' continua vivement Minerva. 'Le sujet est un peu sensible, je crois. Elle est devenue l'une des juristes les mieux considérés du mo -'

'Honnêtement, je n'en ai strictement rien à carrer, Minerva.'

Hermione Granger était apparemment à portée de voix, si l'on en juge par l'air pincé sur son visage. Minerva se dirigea vers elle, imperturbable.

'Hermione, vous vous souvenez du Professeur Snape ? Juste Severus à présent, évidemment.'

"Just Severus" ; Enfoncez le foutu couteau encore un peu plus dans la plaie surtout, Minerva !

Hermione Granger esquissa un petit sourire qui n'atteignit pas ses yeux. 'Comment pourrais-je oublier ?' répondit-elle avec raideur.

Je me perdis dans la contemplation de mon verre, maudissant silencieusement Minerva et son absurdité.

'Eh bien, voilà, je dois retourner auprès de mes invités' annonça Minerva dans un effort pathétique de se montrer subtile, mais plus transparente à mes yeux qu'un Poufsouffle de première année.

Une fois Minerva envolée dans un tourbillon de tissu écossais, Hermione Granger resta devant moi, l'air aussi mal à l'aise que je me sentais moi-même. Je n'avais même jamais eu l'inestimable plaisir de poser les yeux sur elle depuis l'après-guerre. Je remarquai qu'elle m'étudiait du regard, et eus l'impression qu'elle n'aimait pas ce qu'elle voyait.

De quel droit me regardait-elle de haut en bas comme ça ! Prétentieuse donzelle.

'Alors' me dit-elle avec désintéressement. 'Que faites-vous maintenant, donc ? Quelque chose dans le Bureau des Aurors, n'est-ce pas ?'

J'avalai mon whisky d'un trait. 'Non, ce n'est pas. Je travaille au Département des Mystères.'

Elle hocha la tête avec compréhension. Elle savait aussi bien que moi qu'un certain type de gens seulement était admis dans ce domaine spécialisé, l'explication étant que leurs responsabilités n'impliquaient pas d'histoires de cape-et-d'épée et ne leur vaudraient donc pas la Une des journaux.

Elle sirotait son vin avec précaution, un contraste frappant avec la quasi-inhalation réservée à mon propre verre. Ses yeux se posaient sur à peu près tout sauf sur moi et je devinais qu'elle cherchait un moyen de s'échapper. Je ne pouvais pas vraiment l'en blâmer car il ne semblait plus y avoir rien à dire. Je me tins un moment sans rien dire, mon esprit aussi vide qu'un trou noir, et, considérant le nombre restreint d'options disponibles, me contentai de m'éloigner sans ajouter un mot. Honnêtement, que pouvais-je bien avoir à dire à une femme telle que celle-là ?

Malheureusement, cela ne devait pas être ma dernière rencontre avec elle. Plus tard dans la soirée, je l'entendis admonester Minerva pour l'avoir mise dans une telle situation.

'Pitié, Minerva, je n'ai pas besoin d'avoir des hommes qui paradent sous mon nez comme cela. Et spécialement pas des hommes qui se trouvent être un ancien professeur désagréable et assez vieux pour être mon père !'

L'effrontée.

Comme si je voulais voir d'anciennes Miss Je-Sais-Tout d'élèves aux cheveux broussailleux parader sous mon nez ! Et spécialement celles assez vieilles pour être ma... fille.

Oh, seigneur.

En relatant cette mésaventure je viens de réaliser une nouvelle fois que je suis vieux.

Je distille les années qu'il me reste au compte-goutte. Je suis seul. J'ai un boulot horrible. Aucun avenir. Aucun...

Où est la bouteille de brandy ? Pas besoin de m'embêter avec un verre...

Mardi 11 Janvier

13:00 — Déjeuner. Cantine du Ministère.

De loin le meilleur moment de la journée.

Me sens toujours un peu nauséeux à cause du brandy d'hier soir. Cependant, ai le sentiment qu'un repas copieux devrait restaurer mon équilibre.

Aimerais avoir assez d'argent pour acheter un elfe de maison. N'ai ni la patience ni l'envie de cuisiner moi-même à la maison. Par conséquent, le déjeuner est généralement le seul vrai repas de ma journée.

Aimerais pouvoir -

Aargh !

13:45

C'était Potter.

L'inconvénient de l'heure du déjeuner est qu'elle augmente le risque de tomber sur d'anciens élèves, ennemis, 'amis', collègues, n'importe qui en fait. Il me vient à l'esprit, cependant, que je n'ai jamais vu Hermione Granger manger ici.

Quel sot je fais ; à quoi pensais-je ? Comme si une juriste de haute volée allait manger à la cantine avec le personnel ! Ils ont probablement un restaurant cinq étoiles situé près du Magenmagot.

Potter s'assoit régulièrement à mes côté tandis que nous farcissons nos panses de nourriture. Je suppose que Ginevra n'a pas hérité des capacités culinaires de Molly. Soit cela, soit Potter est le porc le plus radin du monde magique.

'C'va, Snape ?' demande-t-il toujours avant de se mettre à mastiquer.

Il est rare que je réponde quoi que ce soit, mais je l'ai fait aujourd'hui. J'ai dit : 'J'ai vu votre amie à une fête hier soir.'

'Qu'est-ce que vous faisiez à une fête, vous ?'

Hmm. Pas sûr d'apprécier son incrédulité. Potter aime probablement à penser que je passe mes soirées à fixer une photo de sa mère. Pas l'occupation la plus gratifiante qui soit - j'ai essayé.

'J'ai vu Granger à Poudlard. Merlin, que s'est-il passé ?'

'Hein ?'

'Elle est restée là toute la soirée comme si elle s'était assise sur un balai ; comme si sa seule présence exhalait la condescendance.'

L'expression de Potter se voila brièvement. 'Elle vit une période difficile, avec le divorce et tout...'

Il ne me semblait pas entièrement convaincu, confirmant ma suspicion qu'Hermione Granger était devenue une mégère bouffie d'arrogance.

'Weasley en a eu assez de son air renfrogné ?'

'Je préférerais ne pas en parler, Snape. La rupture m'a mise dans une situation impossible, je peux vous le dire.'

Je reniflai. 'La loyauté, hein ? Quelle malédiction.'

'C'est une gentille fille, Hermione. Je vois que vous n'êtes pas très juste envers elle.'

Je roulai les yeux face à sa prévisibilité, en pensant, allez donc voir au Bureau des Aurors si j'y suis, Potter.

Il finit par partir, et à présent il me faut à mon tour retourner à la décharge à ordures qui me sert de bureau. Au moins n'ai-je plus autant l'impression d'avoir subi un accident de voiture que ce matin. Je pourrais peut-être même réussir à bosser cet après-midi.

Non pas que cela fasse la moindre différence.

Lundi 17 Janvier

10:00 — Bureau.

Premier cobaye - stagiaire - de l'année à évaluer.

Bien évidemment, je n'utilise pas les tests d'orientation approuvés par le Ministère. Ai développé mes propres critères afin de juger la valeur des candidats. Arrogant de ma part, peut-être, d'agir comme si je m'y connaissais mieux que les bureaucrates, mais à dire vrai, c'est probablement le cas.

Midi

Ai trouvé face à moi un jeune homme de vingt-cinq ans à l'air convenablement terrifié. Je ne l'en blâmerais pas. A dire vrai, les candidats possèdent encore moins d'informations que moi-même. C'est si vague et énigmatique que je ne suis pas sûr si cela vaut la peine d'en parler.

Quoiqu'il en soit, Mr. Kyffin Armstrong, c'est son nom, nous vient de... Je vérifie son dossier...

Oh, Merlin. Alerte au cornichon déclenchée.

Il vient du Département des Jeux et des Sports Magiques.

Malheureusement, il me faut prouver la cornichonnerie à mon supérieur, Mr. Archibald Wilson. Il s'agit de l'un des ignorants de première classe du Ministère, par ailleurs.

Je le suspecte d'avoir peur de moi, ce qui fait de chacune de nos rencontres un véritable plaisir.

Mercredi 19 Janvier

14:00 — Bureau.

Suis convaincu que Mr. Armstrong n'a rien à faire ici. Viens de le surprendre en train d'écrire 'ciseaux' avec deux 's'. Mon évaluation n'a même pas encore commencé.

16:00

A présent fermement convaincu.

Ai présenté à Armstrong un puzzle de logique basique emprunté dans un livre Moldu, et il s'est pratiquement décomposé sous mes yeux. Lorsqu'il eut presque achevé d'arracher méthodiquement tous ses cheveux de son crâne, je lui ai simplement demandé de partir.

Où trouvent-ils ces imbéciles heureux ?

Où ?

Jeudi 20 Janvier

Je crois que j'apprécie l'écriture de cette farce. Viens juste de relire certains de mes compte-rendus et apprécie mon style d'écriture. Je semble avoir pris le coup de main. Me suis même fait rire moi-même en plusieurs occasions.

J'ai toujours trouvé la vanité vulgaire, mais personne n'a besoin de savoir combien je peux être secrètement vulgaire, n'est-ce pas ?

Samedi 22 Janvier

N'ai pas bu d'alcool durant plusieurs jours de suite. Mérite quelques verres pour célébrer ça ! A quoi d'autre servent les week-ends ? Par ailleurs, je ne souhaite pas devenir complètement sobre, maintenant que j'y pense. Buveur occasionnel suffira.

Tout est dans la modération - l'une des meilleures maximes à laquelle adhérer.

En outre, dois penser à l'endroit où je pourrais rencontrer une compagne potentielle. Le pub est ma seule option, je pense. C'est là le seul endroit où je me rends régulièrement, à l'exception du Ministère.

Suis déterminé à creuser plus avant cette notion de relation amoureuse. Ai payé de nombreuses dettes dans ma vie. Ce n'est pas trop demander que d'avoir droit à un peu de compagnie, n'est-ce pas ? Si Lucius Malfoy est capable de vivre un mariage heureux, alors par Merlin, je le suis aussi. Même ma conscience est plus tranquille que la sienne.

Enfoiré. Foutu enfoiré blond et suffisant.

19:00

Viens de réaliser que je n'ai pas réfléchi à ce que je recherche chez une femme.

Hmm... Ne suis pas désespéré au point de ne pas avoir de critères... Peut-être devrais-je commencer une liste ?

Nous y voilà :

1. Être dans une tranche d'âge acceptable. Ne veux pas être accusé de quoi que ce soit de fâcheux.

2. Pas de cheveux roux.

3. Pas d'yeux verts.

4. Cerveau en état de marche.

5. Sorcière/Moldue ?

Choisir une Moldue pourrait tourner à mon avantage, puisqu'elle n'aurait aucune idée préconcue à mon sujet. D'un autre côté... Peut-être devrais-je laisser ce détail au destin...

6. Être célibataire. N'ai aucun désir de me retrouver impliqué dans une quelconque épreuve de force avec des maris ou des petits amis jaloux.

Continuerais d'y réfléchir et modifierais la liste en conséquence.

Dois cesser d'écrire pour jeter des sorts de Nettoyage sur la maison - me suis presque fait asphyxier par un nuage de poussière ce matin en prenant un livre sur l'étagère.

20:00 — Pub.

Suis arrivé au pub seulement pour me rendre compte que je n'ai aucune idée de la façon d'éveiller l'intérêt de qui que ce soit, et encore moins celui d'une femme.

21:00 — A la Maison.

Une bouteille d'Ogden's suffira à combler mon besoin de compagnie pour l'instant.

Mardi 25 Janvier

17:00

Une journée passablement plaisante.

Ladite journée a commencé avec moi tempêtant le long des corridors du Ministère jusqu'au bureau de Mr. Archibald Wilson. A mon arrivée, je n'ai pas frappé, je me suis contenté d'ouvrir la porte à la volée et de pénétrer à grands pas à l'intérieur.

'Snape !' s'est exclamé le petit homme, ses rouflaquettes toutes frémissantes. 'Que fait -'

Lui jetant un rouleau de parchemins, je déclarai : 'Combien de cornichons m'avez-vous envoyé jusqu'ici, Wilson ?'

Wilson regardait le rouleau avec curiosité. 'Je -'

'Vous contentez-vous de ramasser le premier idiot venu dans la rue ? Je vous préviens, il est hors de question que j'accepte cela plus longtemps.'

'J'en déduis que notre dernière recrue n'a pas fait l'affaire ?' Wilson ramassa le rouleau et entreprit de le dérouler en fronçant les sourcils. 'Nous savons de source sûre qu'il était un étudiant modèle à Poudlard.'

Je reniflai.

'N'importe qui peut être un étudiant modèle à Poudlard. Aucun de ses professeurs ne se souvenait probablement de lui lorsque vous êtes allés vous renseigner ! Si vous prêtiez plus d'attention à vos objectifs, au lieu de vous appuyer sur des résultats d'examens, je n'aurais pas à perdre à la fois mon temps et les ressources du département avec des idiots fainéants, immatures et bornés ! Et vous, Wilson, vous n'auriez pas vos supérieurs sur le dos !'

Wilson releva la tête brusquement. 'Comment savez-vous -'

'Il y a peu de choses que j'ignore, Wilson ; souvenez-vous-en.'

En disant cela, je pivotai et sortis d'un air furieux. Je me dirigeai d'un pas vif jusqu'à mon bureau et claquai la porte avec un frisson de satisfaction. Puis, je me tins immobile durant quelques instants afin d'absorber la gratification que je tirais de cet incident.

Malgré ma performance, je n'avais aucun doute que ma prochaine recrue serait tout aussi inadéquate que la dernière.

Je suspecte cependant que la journée de demain sera loin d'être aussi plaisante.

Ugh.

Mercredi 26 Janvier

18:00 — Yorkshire. East Riding.

Arrivé au milieu d'une rafale. Pouvais entendre la mer s'écraser contre les falaises. Dans cette partie du pays, il ne peut jamais y avoir autre chose qu'un temps vaguement menaçant. Ai marché jusqu'à la petite maison qui se trouvait devant moi, et dès que j'en eus passé le seuil, une voix retentit depuis l'étage.

'Sev'rus ? appelait la voix. 'C'toi ?'

Levant les yeux au plafond, je fis la grimace. 'Oui' répondis-je sinistrement. 'C'est moi.'

Il s'aventurait rarement au rez-de-chaussée - ne pouvant presque pas marcher. Je montai l'escalier à pas lourds et ralentis en arrivant sur le palier. La chambre était obscure, la lumière du jour ayant depuis longtemps été bannie de la pièce - seule une lampe de chevet éclairait la pièce. Il était assis dans son lit, visiblement dans l'un de ses bons jours, ceux où, presque lucide, il se souvenait facilement de qui j'étais.

'Père' le saluai-je simplement.

'Veux-t'y m'passer la t'lécommande, hein, Severus ?'

'V'là un bon gars' dit-il d'une voix rauque lorsque je lui tendis l'objet après l'avoir ramassé sur le sol, où il avait atterri.

La télévision revint à la vie et il ne se préoccupa plus de moi. Il y avait de nombreuses années que j'avais cessé d'être offensé par ses actions. A vrai dire, il m'était plus simple de ne pas avoir à le regarder ; même si je venais le visiter régulièrement depuis près de trois ans. Jusqu'alors je ne l'avais pas revu depuis presque vingt ans.

Notre éloignement n'avait pas été le résultat d'un incident particulier. Je n'avais simplement jamais apprécié mes parents - aucun des deux. Ils me toléraient à peine. C'est l'impression qu'ils donnaient, en tout cas. Malgré tout, le sang est plus épais que l'eau, et tout le boniment. Qu'étais-je supposé faire d'autre lorsque j'avais été mis face à l'épave qu'il était devenu ?

L'infirmière du district vient le voir la plupart du temps. Les soirées que je passe ici impliquent généralement de regarder la télévision sans but précis. Il lui arrive de parler - pour ne rien dire en général - mais le reste du temps son esprit se perd dans le dernier programme sans intérêt qu'il regarde. Je ne dis rien ; je me contente de lire ou de m'occuper à une quelconque activité. Parfois, il me semble qu'il ne réalise même pas que je suis là.

Ce qui me convient.

Certaines fois, il ne se souvient plus de qui je suis. Ce qui n'est pas sa faute, bien sûr ; c'est comme ça c'est tout.

Ce qui me convient également. Je suppose qu'une partie de moi est navrée de l'admettre, mais je ne m'attarde pas sur le fait - que d'autres jugeraient assez triste - que je ne ressens nullement de peine lors de ces occasions où mon père m'ignore. Vraiment, cela dit tout ce qu'il y a à savoir sur notre relation - la vérité vraie à son sujet. Je ne vois aucune raison pour moi de prétendre que les choses sont autrement que ce qu'elles sont.

Et tout cela... me convient.

Cela a toujours été le cas et ce le sera toujours.